Fiction: Fog. (terminée)

Il veut la mort, elle refuse de la lui accorder, mais comment tenir tête au plus puissant des Uchiwa quand on n’est qu’une simple Anbu à demi-morte et plongée jusqu’au cou dans la brume d’un Genjutsu ? Couple Hanoko/Itachi.
Drame / Romance | Mots: 2255 | Comments: 8 | Favs: 14
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Fubuyuki (Féminin), le 26/06/2008
Fog = Brouillard. One shot très court sur Hanoko et Itachi, il est du même genre que ma précédente fiction « Memories » mais en moins triste tout de même.



Chapitre 1: Fog.



« Je suis là, face à elle. Aucun obstacle, aucune barrière, comme tout paraît si simple, si comique tout à coup ».

Il y eut un grognement sourd en provenance du ciel, un léger changement d’atmosphère, et bientôt une pluie torrentielle s’abattit lourdement sur les toits lisses du palais des Hokage. Conservant son éternel masque d’impassibilité, Itachi Uchiwa leva progressivement la tête vers la voûte céleste désormais teintée de gris. Il n’en fallut pas plus aux lourdes gouttes glacées pour chuter violemment contre le beau visage du nukenin et s’y écraser, se mêlant à sa sueur. Comique… Vraiment étrange comme propos, avec tout le sang qu’il avait sur les mains, toutes les horreurs dont il avait été témoin, tous les cadavres qu’il avait froidement abandonnés derrière lui en proie aux rats, insectes et autres charognards putrides, destiné depuis la naissance au « sale boulot », tous les sacrifices qu’il avait acceptés sans la moindre hésitation, fidèle à son destin de shinobi, il trouvait quand même le moyen de considérer sa situation comme comique ? Son pied buta maladroitement sur une forme sombre : un cadavre. Il promena mécaniquement ses yeux glacés sur le corps inerte définitivement privé de vie qui gisait à ses pieds et éclata de rire.

À quelques mètres de là, Hanoko Gekko, respectable Anbu du village caché de la feuille, malgré son niveau en baisse constante, ressentit une désagréable sensation de froid qui n’avait strictement rien à voir avec la pluie parcourant son dos. Comment diable une voix d’origine pourtant si calme pouvait-elle constituer les notes d’un rire aussi meurtrier ? Et comment un être humain pouvait-il témoigner aussi peu d’intérêt, autant d’indifférence à la vie humaine ? Il existait donc beaucoup plus d’hommes de ce genre sur Terre qu’elle ne le croyait ? Peu de choses effrayaient la belle Anbu de Konoha, peut être même rien, mais un simple rire provenant de la bouche d’Itachi suffisait à lui nouer l’estomac. Au fur et à mesure que l’héritier, désormais ex-héritier, ricanait, elle sentait l’angoisse gagner du terrain et l’emporter progressivement sur son sang-froid, bientôt, elle ne serait plus maîtresse d’elle-même. Elle commençait déjà à perdre tout contrôle sur son corps, combien de temps lui restait-il face à un ninja aussi démoniaque ? Au prix d’un immense effort, elle réussit à s’emparer d’un shuriken resté coincé dans sa poche, malheureusement pour elle, Itachi choisit précisément ce moment pour se calmer et reprendre la situation en main. Il se retrouva d’un bond aux côtés de la jeune fille aux cheveux mauves et envoya valser son misérable moyen de défense dans les airs d’un coup de pied bien appliqué. Elle se mordit les lèvres, poussa quelques soupirs de frustrations accélérés par une mauvaise respiration mais ne cria pas. Elle se devait tout de même de conserver sa fierté et son honneur de kunoichi jusqu’au bout. Elle jeta un dernier regard au shuriken pourtant hors de toute portée avant d’abandonner toute tentative de rébellion. De toute façon, elle n’allait pas s’en sortir, elle l’avait senti depuis le début, dès que les yeux écarlates du bel Uchiwa s’étaient posés sur elle avec cette intensité terrifiante. Dommage, elle qui s’était promis de ne pas mourir avant d’avoir vengé l’assassinat d’Hayate. Le beau nukenin fit un pas de côté et se saisit d’un long katana à demi planté dans le corps d’une autre Anbu, dont la longue chevelure noire baignait dans une marre de liquide pourpre encore chaud. Il revint ensuite s’agenouiller face à celle qui fut, à une autre époque, sa coéquipière.

- Je ne veux pas de carnage inutile, Hanoko-san, d’autant plus que vous avez travaillé avec moi par le passé, dites moi simplement ce que je veux savoir et je vous laisserai la vie sauve.

La kunoichi au masque toussota faiblement, cracha un mince filet de sang, ses lèvres s’élargirent sur un semblant de sourire.

- Les vrais assassins ne connaissent pas la pitié, rétorqua-t-elle avec fermeté. Et du reste, je ne te révélerai rien.

Itachi resta de marbre devant cette provocation directe, après tout, il s’attendait bien à ce genre de réaction héroïque. Hanoko avait toujours été une kunoichi fière, très attachée à ses convictions et entièrement dévouée à son village. Cependant, Gekko, dont les yeux entrouverts avaient conservé une bonne vision, perçut très clairement le léger tremblement qui animait la main de l’Uchiwa. Ce n’était pas de l’hésitation, c’était de la colère pure et dure. Un semblant de regret effleura l’Anbu, tout bien considéré, elle aurait peut-être mieux fait de la boucler sur ce coup-ci ? Itachi la saisit par son bandeau frontal sans faire preuve de la moindre petite once de délicatesse et l’obligea à le regarder bien en face, son visage à dix centimètres du sien. La jeune femme s’efforça de ne pas baisser les yeux, malgré le regard cruellement perçant d’Itachi qui consumait lentement ce qu’il lui restait de dignité.

- Ce n’est pas de la pitié, lui souffla-t-il d’une voix onctueuse, qui n’avait pourtant rien de rassurant. Vous savez où se trouve Sasuke, je vous ai vu mettre votre nez dans les archives secrètes d’Hokage-sama (chose que vous n’auriez certainement pas dû faire), et c’est l’unique raison pour laquelle vous êtes encore en vie, Gekko-san…

- Je ne te dirai rien, Itachi, l’interrompit-elle le plus sèchement qu’elle put.

Itachi leva brusquement le bras et Hanoko crut sa dernière heure arrivée. Mais au lieu du choc dur et douloureux qu’elle redoutait, il se passa une chose des plus inconcevables. L’Uchiwa s’était recroquevillée, sa tête cachée dans ses genoux et pleurait à chaudes larmes. Itachi Uchiwa, criminel recherché du village caché de la feuille, réputé pour son extrême cruauté, pleurait. Il pleurait réellement, rejetant tous ces secrets horribles qu’il avait gardés enfouis dans sa mémoire. L’Anbu osait à peine respirer de peur qu’il reprenne conscience et achève ce qu’il avait commencé. Sa voix glacée de criminel lui parvint à travers ce spectacle intrigant.

- Pourquoi ne veux-tu pas m’aider, Hanoko ? J’aurais pourtant cru que toi… Plus que quiconque.
- Il fut un temps où je voulais vraiment t’aider, Itachi-san… Je le voulais vraiment, mais tu as refusé et maintenant il est trop tard.

Il la sonda d’un regard terrifiant, son chagrin semblait avoir fait place à une fureur muette pratiquement incontrôlable. Une fois de plus, la jeune femme regretta d’avoir osé lui parler de cette manière. Pourquoi fallait-il toujours qu’elle l’ouvre, même en situation extrême ?

- Et que voulais-tu que je fasse ? Depuis le massacre de ma famille, j’ai toujours agi seul, tu comprends ça, Hanoko ? J’ai sacrifié mon clan au risque de me faire haïr du village entier, j’ai sali mon honneur de ninja pour protéger Konoha. Et pourquoi ? Parce que je me suis dit qu’au lieu de servir la soif de pouvoir d’un clan honteux, je pouvais au moins faire une chose bien dans ma vie.

Hanoko déglutit péniblement, il lui inspirait une terreur telle que si elle avait eu les moyens de se suicider à l’instant même, elle l’aurait fait sans la moindre hésitation. De cette manière, elle n’aurait plus à supporter ce regard assassin.

- Tu étais la seule personne à comprendre… à comprendre le vide total qui m’imprégnait, tu savais que je ne pouvais plus supporter cette vie d’automate et pourtant, tu as fini par m’abandonner, toi aussi.
- Je... Non, c’est faux.

Elle tentait de dominer les sanglots qui commençaient à animer son corps, cette boule coincée dans sa gorge et les larmes qui lui piquaient déjà les yeux. Hanoko était une femme forte, endurcie au cours de ces missions où la mort de ses collègues représentait presque un dogme, elle supportait les réprimandes de ses supérieurs sans montrer le moindre signe de faiblesse ou même de gêne, mais venant d’Itachi, c’était autre chose. Du temps où il était son supérieur, un seul reproche suffisait à la décourager… Sans doute parce qu’elle tenait trop à l’estime du bel Uchiwa. Et pourtant il s’était attaché à elle, à cette nouvelle Anbu légèrement maladroite et introvertie. Il en avait fait son amie, sa confidente, et peut être même plus. Il lui racontait la dureté de son père envers ses fils, la naïveté profonde mais touchante de son petit frère et son enfance volée où il avait sans doute grandi trop vite. Il soupira légèrement et se radoucit, voyant les larmes de la jeune femme.

- Hanoko… Tu l’as sans doute remarqué, je ne suis plus le même qu’autrefois, j’ai fait des choses moches, tu sais ? J’ai sacrifié beaucoup de vies, mais pas la tienne… Je ne le veux pas, alors s’il te plaît, dis moi ce que tu as à me dire.

Hanoko releva péniblement la tête, il la dominait de toute sa hauteur, le regard flamboyant de colère, toute sa vie de ninja robot se reflétant dans ses yeux sombres. Et maintenant, que devait-elle faire ?

- Tu n’étais pas obligé d’accepter cette mission, Itachi-san.
- Vraiment ? Et qui aurait pu l’accomplir ? Toi, peut-être ?
- Si tu as eu le cran d’épargner ton petit frère, tu aurais tout aussi bien pu…
- Idiote !

Il fronça les sourcils, s’approcha encore. Hanoko baissa instinctivement les yeux, la vue du sharingan lui était donc si insupportable que ça ? Itachi lui releva le menton, l’obligeant à le regarder bien en face.

- Et puisque j’ai eu le cran de les tuer tous, je pourrais tout aussi bien te tuer toi, n’est ce pas, Gekko-san ?
- Je… Je…
- Tu fais moins la fière, pas vrai ? J’ai fait preuve avec toi de plus de patience que je ne l’aurais fait de ma vie. Vu ta position d’extrême faiblesse, tu ne devrais pas en mener bien large, Hanoko.
- …
- Alors maintenant, tu vas être une gentille fille et me dire où se trouve Sasuke. Sinon, je vais devoir employer des moyens encore plus atroces que tu ne pourrais l’imaginer.

Il marqua une pause et Hanoko reconsidéra le problème. Ce n’était plus une demande mais un avertissement, il n’en pouvait plus. Seulement, il ne comprenait pas, il n’avait pas compris les vraies raisons qui intimaient l’Anbu au silence. Les larmes qu’elle avait retenues jusque là glissèrent lentement sur ses joues pâles.

- Si je te le dis… Tu mourras, n’est-ce pas ? Demanda-t-elle d’une voix brisée.
- Certainement, répondit simplement Itachi.

Elle baissa la tête. Itachi voulait faire face à son destin, autrement dit la mort. Depuis la massacre de son clan, il s’était définitivement engagé dans un pacte sanglant et noir dont beaucoup d’innocents avaient souffert. Et il ne s’arrêterait pas avant d’avoir retrouvé son frère, avant d’être mort de ses mains. Hanoko comprit enfin qu’il s’agissait de son unique moyen de rédemption. Itachi rangea le katana dans un étui fixé sur son dos, sortit un kunaï et arbora un sourire des plus malsains.

- Maintenant, si tu préfères garder le silence, j’aime mieux te couper la langue, comme ça, au moins, tu auras une bonne raison pour vous taire, siffla-t-il en se penchant à nouveau vers l’Anbu.

Cette dernière menace fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase. Elle s’était jurée de tenir, de se taire, même au prix d’une souffrance insupportable. Mais cet homme lui inspirait une telle angoisse. Tsunade-sama, Godaime de Konoha, lui avait fait jurer sur son honneur de ninja de ne rien révéler à l’héritier. Mais si elle ne se décidait pas vite, il était tout à fait capable de mettre sa menace à exécution. Et inutile de mentir. Il le verrait immédiatement par son sharingan. Elle poussa un profond soupir, comment descendre aussi bas ? Diriger la personne qu’on aimait vers une mort certaine. Mais elle ne voulait ni ne pouvait plus lui résister, Hayate l’aurait compris, lui. Elle aurait mieux fait d’oublier complètement Itachi dans ses bras. Elle lui fit un signe de l’index, il se pencha encore pour mieux écouter. Un mot suffit pour tout expliquer. L’Uchiwa sourit, puis saisit Hanoko par le col et posa un baiser froid sur ses lèvres.

- Je te remercie, Hanoko-san.

Merci ? Franchement magnifique comme adieux. Il la posa délicatement au sol et s’en alla rapidement. Puis tout s’éclaira. Comme la lumière du jour s’infiltrant soudainement dans une pièce sombre. Hanoko écarquilla ses paupières : Les corps des Anbus, le sang, les armes, tout était en train de disparaitre, de se dissoudre dans l’air. La pluie cessa immédiatement pour faire place à un beau soleil d’été. Même le décor, un terrain brumeux et marécageux, changea et une magnifique forêt s’offrit à la vue du Jounin. C’était comme sous un…

- Genjutsu ! Réalisa soudain l’Anbu.

Elle pouvait bouger à présent, la douleur aigüe qui ponctuait chacun de ses mouvements avait disparu. Elle jeta un coup d’œil autour d’elle, rien à faire, Itachi avait pris soin de ne laisser aucune trace. Pendant tout ce temps, elle avait été soumise à une intense illusion. Elle ne put retenir un sourire emplit d’admiration, son supérieur était toujours aussi fort. Elle entendit des bruits de pas, un ninja masqué courrait dans sa direction.

- Hanoko, est-ce que ça va ? Pourquoi as-tu quitté ton poste ?

Elle ne répondit pas directement mais se releva avec vigueur, personne ne devait savoir qu’elle avait revu Itachi. Cette dernière rencontre, elle voulait la garder pour elle seule. Kakashi eut beau l’examiner attentivement, il ne vit aucun signe de malaise chez l’Anbu, ni aucune blessure. Elle ramassa son masque et lui sourit.

- Tout va bien, Kakashi-san, tout va bien…



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