Fiction: Simplement de l'art

Il savait qu'il allait mourir, mais il s'en foutait pas mal. Il savait qu'il l'aimait tant que ça devenait malsain, mais il ne pourrait jamais arrêter. Pouvoir mourrir à ses côtés lui suffisait. Après tout, elle était son chef d'oeuvre.
Classé: -12I | Drame / Romance | Mots: 4989 | Comments: 10 | Favs: 7
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Alya (Féminin), le 24/06/2008
Bon, alors je me lance finalement en fic. Ma première fic =O Le fait que je vois ma colocataire pendue au clavier 1 heure tous les samedis m'a en effet influencée.

Euh... 5000 mots. Un truc assez triste. Mais après plusieurs tentatives, je trouvais qu'un happy-end était vraiment trop bizarre.

Bonne lecture ^^ Et laissez des reviews, ça fait toujours plaisir!




Chapitre 1: Chef d'oeuvre.



« L’art est un mensonge qui nous fait réaliser la vérité. »

- Picasso




Qu’est-ce que l’art?

La réponse était terriblement évidente.

L’art durait l’espace d’un instant. C’était temporaire. C’était une beauté malicieuse, le calme avant la tempête. C’était un témoin de l’espoir, avant que celui-ci ne soit déchiré pour toujours. C’était un mensonge qui permettait d’accepter plus facilement l’inévitable vérité.

C’était le salut.

Il étouffa une remarque narquoise. Le salut? Il trouvait décevant que lui, un artiste, n’y avait pas droit. Il n’avait aucune chance d’échapper à ça. L’espoir lui manquait. Il lui avait été arraché la seconde où il avait perdu son art pour toujours; son argile, disparue, et ses mains, silencieuses. Mais encore, il ne savait pas pourquoi il était si surpris. Lui-même n’avait jamais cru que l’art pouvait durer éternellement. Cela avait d’ailleurs été un des sujets de dispute entre lui et son ancien partenaire.

(Un mensonge.)

Il sourit amèrement. La vie, le monde, étaient si ironiques, n’est-ce pas? De ce qu’on lui avait dit hier, il avait compris que Sasori allait avoir le dernier mot. L’art du marionnettiste aurait triomphé à la fin. À cause de (ou grâce à, il ne savait plus) son ancien partenaire, il allait mourir.

« Une version améliorée du poison le plus mortel de Sasori te sera injectée. On m’a ordonné de le renforcer et
d’accélérer son action. J’ai simplement ajouté quelques catalyseurs, une fois le motif trouvé. Ce poison sera
directement versé dans ton sang et l’effet sera immédiat. Au mieux, tu résisteras deux minutes. »

Il ricana. Elle était une petite fille si intelligente, trouvant le secret des toxines de Sasori-danna. C’était déjà impressionnant qu’elle se souvienne de cela après toutes ces années. Mais il aurait dû le savoir. Même ici-bas, on avait entendu parler d’elle : elle était une prodige.

Deidara souhaita qu’il y ait une fenêtre quelque part. Il ne se rappelait plus à quoi ressemblait le ciel, l’odeur si familière du désert, la pureté de la lune. Combien de temps s’était-il écoulé depuis sa dernière rencontre avec les rayons du soleil? Tout ce qu’il lui restait était de simples chandelles, lumières artificielles. Le jour existait-il encore?

Il voulut demander l’heure, mais se ravisa immédiatement. Il était un prisonnier. Et les prisonniers n’avaient pas droit à ce luxe. Même si on lui accordait une chance de revoir le ciel, Deidara était sûr qu’il en serait aveuglé.

Depuis trop longtemps. Combien de temps encore? Combien de jours, voire de semaines et d'années encore avant que le temps lui-même ne soit plus un problème?

Il pensait qu’il pouvait le supporter. Il avait vécu toute sa courte vie sans avoir peur de la mort, même lorsqu’il avait rejoint l’Akatsuki. Jamais eu peur de la mort. Jamais eu peur de mourir. Jusqu’à tout récemment, il avait même pensé que ces deux choses étaient complètement différentes. Il pensait qu’il avait gagné. Il pensait qu’il leur avait montré que les menaces ne fonctionneraient pas. Que les membres d’Akatsuki ne perdaient jamais de leur sang froid impérial.

Il était horrifié, dégoûté par lui-même. S’il ne possédait pas ce légendaire contrôle de soi, il se serait suicidé il y a bien longtemps. Mourir par sa propre main… C’était soit la meilleure mort possible, soit la plus humiliante. Mieux que de se faire tuer par ces salopards de bourreaux. Il était effrayé, oui, effrayé de rendre l’âme et disparaitre du monde pour toujours, laissant seulement un souvenir brouillé de lui, maudit de tous.

Ils auraient dû le tuer il y a des siècles. Il n’aurait pas été plus effrayé s’ils l’avaient fait dès sa capture. Il n’aurait pas plus de regrets s’ils ne l’avaient pas laissé vivre un an de plus. Il n’aurait pas été si terrifié de la laisser ici. Dans ce bas monde.

Mais à quoi pensait-il? Pourquoi songer à elle? Il se mentait, bien sûr. Pourquoi se sentirait-elle seule après sa mort? Elle avait sa foule de patients. Elle avait des amis et une famille qui comptait plus que tout pour elle. Elle avait un village entier à protéger. Elle ne se préoccupait pas du tout de lui. Il avait des tas d’autres hommes qui pourraient lui convenir parfaitement, qui pourraient la rendre heureuse. Parce que même s’il pouvait survivre un peu plus longtemps, le bonheur était quelque chose qu’il ne pourrait jamais lui offrir.

« Deidara-kun. »

Il ouvrit lentement les yeux, déterminé à étirer le plus possible ses derniers moments. Il cligna plusieurs fois. Ils lui avaient confisqué la sorte de lunette qui mettait sur son œil et il ne s’était jamais habitué à regarder la lumière sans elle, même si c’était l’infime lueur de la chandelle qu’elle tenait. Et il la vit, à travers les barres d’un quelconque métal qui l’emprisonnaient. La voilà. Son chef d’œuvre. Elle était la seule autre personne qu’il avait vue durant son année d’emprisonnement. Excepté Morino Ibiki, pour les interrogatoires, bien sûr, mais lui ne pouvait vraiment pas être considéré comme une pièce d’art. Elle était son échappatoire. Elle était l’Art. Elle était le seul rayon de beauté qui perçait son éternel monde des ténèbres, la noirceur de sa cellule.

(Son chef d’œuvre)

La lumière n’avait pas besoin d’être très forte pour qu’il puisse la reconnaître. Il n’avait pas besoin de son chakra pour savoir que c’était bien elle, même si elle avait bien utilisé un henge durant les premiers mois, juste au cas où. Ce n’était pas si difficile d’identifier la femme qu’on aimait.

« Quoi? » Il sourit ironiquement. « C’est déjà l’heure? »

Elle ne lui retourna pas son sourire, se contentant de le regarder, de l’autre côté des barres d’acier. Le déserteur redevint soudain sérieux. Il n’aimait pas la voir comme ça, même si d’habitude - presque toujours, en fait - lorsqu’elle avait été en sa présence, l’inquiétude l’emportait sur la joie. Et il s’était habitué. Il s’était toujours moqué de sa mine renfrognée, mais aujourd’hui, il n’y avait pas de temps pour les plaisanteries.

(Du temps)

Elle ne dit rien. Son regard s’égara et elle fouilla longtemps dans les plis de ses vêtements pour la clé de la cellule. Quelques secondes plus tard, il y eut un seul cliquetis, et la clé avait disparu dans sa poche pour une dernière fois.

Le temps s’écoulait lentement pour Deidara, mais il ne s’en plaignit pas. Ses sandales claquèrent sur le pavé, ses pas non-pressés et calmes, en apparence. En se basant sur son hésitation, il comprit que c’était la première fois qu’on lui demandait de tuer un prisonnier.

Lorsqu’elle rejoignit finalement la forme effondrée contre le mur, elle déposa la lanterne avec soin, s’agenouillant devant lui. Le silence, ce connard obstiné, régnait toujours. Elle ne bougea même pas. Et il ne s’en plaignit pas. Il aimait se trouver à une telle proximité d’elle, et c’était un soulagement de pouvoir l’être sans une conversation pour tout chambouler. Si la situation avait été un peu différente, s’il ignorait qu’elle ne l’aimait pas – ne l’aimerait jamais, il aurait peut-être cru qu’elle prenait son temps pour lui.

Mais ce n’était pas pour lui. Elle cherchait à gagner du temps parce qu’elle était nerveuse à l’idée de tuer un détenu; et non parce qu’elle ne voulait pas qu’il meure, lui. Oui, elle voulait qu’il rende l’âme, ils le voulaient tous. Son amour pour elle ne pouvait pas être réciproque. Impossible.

« Vais-je te manquer, mm? » Il détestait le vide dans son regard, et était déterminé à alléger ce moment, dans leur intérêt à tous les deux. La mort s’approchait de plus en plus et il n’en n’avait jamais été aussi effrayé. Son corps était si près du sien, et il ne l’avait jamais aimée autant qu’il l’aimait à ce moment-là, plus que hier et moins que demain – s’il y avait un lendemain.

Et malheureusement, il allait crever bientôt.

« Pourquoi me manquerais-tu? » Elle se retourna. « Grâce à toi, je n’ai pas eu une seule mission décente depuis des mois, et à l’hôpital, Tsunade-sama ne m’a pas laissée faire autre chose que des examens standards. Sais-tu à quel point c’est difficile de payer mon loyer lorsque mon seul travail, c’est de surveiller un déserteur têtu de rang S qui ne veut rien révéler à Morino-san? »

Deidara regardait sa bouche parfaite remuer, prenant son temps pour lui répondre. « C’est une bonne chose alors, qu’aujourd’hui soit ta dernière journée de travail, Sakura-chan. » Il la laissa sans voix. Elle refusa de le regarder en face. « N’en sois pas triste, mm. »

Elle plissa les yeux. « Je ne suis pas triste pour toi, Deidara-kun. Je suis un med-nin. Même si je suis une kunoichi, mes mains n’ont pas été faites pour tuer. Même des gens comme toi. »

Il le savait déjà, bien sûr, mais la connaissance n’empêcha pas la douleur dans le fond de sa poitrine de se manifester. C’était bien ce genre de commentaire qui lui donnait le pouvoir de briser son cœur en morceaux. Ses mots, des explosifs qui fracassaient son cœur en millions de rouges morceaux ensanglantés. Elle était brutale. Il avait jeté son cœur à ses pieds, mais elle ne l’avait toujours pas vu, gisant sur le sol, et c’était si facile pour elle de marcher dessus et de l’écraser.

Il ne trouva rien d’autre à dire. Il se décevait. Même s’il ne pourrait jamais lui déclarer toute la dévotion qu’il avait envers elle, il ne voulait pas gaspiller leurs derniers moments ensemble. Il ne pouvait plus encaisser de coups. Cela le tuerait sûrement avant même l’aiguille empoisonnée.

Les minutes s’écoulèrent, toujours baignées de silence. Sakura fixait ses mains, ses doigts enchevêtrés, et Deidara la regardait faiblement – oh, si faiblement. Il n’avait pas mangé depuis presqu’un jour entier, depuis que Sakura lui avait parlé de sa peine capitale. Il se doutait bien que Konoha n’avait pas de nourriture à gaspiller pour un condamné à mort.

« Pourquoi tu ne me tues pas? » Il rassembla enfin assez de courage pour lui demander. « Pourquoi est-ce que tu restes assise, hm? »

Elle tressaillit légèrement. « Je suis venue un peu plus tôt, c’est tout. Tu ne mourras que dans quinze minutes. »

Ses yeux s’écarquillèrent un peu. « Alors pourquoi tu – »

« Je ne vois pas comment ça pourrait t’intéresser. »

« Bien sûr que si. » murmura-t-il doucement. « Je pensais que ma vue t’écœurait. »

Elle reporta de nouveau son attention sur ses mains, qu’elle tordait. Il savait qu’elle ne pourrait jamais oublier ce qui s’était passé hier. Même si l’horreur de la mort l’approchait lentement à chaque instant qui passait, il ne put s’empêcher de se rappeler tous les détails. Il avait rejoué la scène dans sa tête d’innombrables fois depuis son départ de sa cellule, la veille. Et il emporterait ce souvenir dans son tombeau.

S’il se concentrait assez, il pouvait vraiment sentir les douces mains de la rose sur sa peau. Il pouvait sentir ses doigts qui se terraient entre ses longs cheveux détachés, la caresse de son souffle nerveux alors qu’elle se penchait sur lui. Son contact était doux et lent, traçant sa peau et laissant des tressaillements dans son sillon. Il avait essayé – de toutes ses forces – de garder ses bras sur le long de son corps et son visage stoïque, mais avait lamentablement échoué.

(C’était si facile pour elle de marcher dessus et de l’écraser)

Il n’avait pas pu s’en empêcher. Il se souvenait de ses lèvres pincées, de ses joues légèrement rosées. Elle était véritablement un chef d’œuvre.

Sa bouche avait été la première à le trahir. Il n’avait jamais ressentit autant de passion auparavant, et ses lèvres s’entrouvrirent alors qu’il cherchait désespérément son souffle. Ses yeux furent les prochains. Il les avait sentit se fermer en papillonnant avec cette extase que Sakura n’avait probablement pas remarquée. Mais ensuite, il avait perdu le contrôle de ses mains, ses mains qui mordaient, qui rongeaient. Ses mains qui avaient goûté si peu en une année. Elles n’avaient presque rien fait, se levant seulement pour tracer sa fine taille, mais c’était déjà trop.

Elle s’était mise en colère. Elle lui avait hurlé au visage, criant qu’il n’avait aucun droit de la toucher comme ça après tout ce qu’elle avait fait pour persuader l’Hokage de le laisser prendre un dernier bain avant sa mort.

Elle avait raison, bien sûr. Deidara savait qu’il s’était emporté. Elle était une med-nin, et elle avait dû baigner un nombre incalculable de patients, mais alors qu’elle lavait son corps fatigué et retirait la poussière de ses cheveux noueux, il s’était demandé ce qu’il se serait passé, si cela avait été dans d’autres circonstances.

Quand même, elle l’avait touché volontairement. Il avait senti sa chair sur la sienne, même si ce n’était pas dans un contexte romantique. Et cette extase avait duré pendant qu’il s’excusait, prenant brusquement fin lorsqu’elle lui avait dit combien elle le trouvait dégoûtant.

Elle était l’incarnation de l’art, mais en peu de temps, elle avait explosé. Elle avait quitté sa cellule immédiatement.

« Est-ce pour ça que tu es venue plus tôt, mm? » murmura-t-il doucement. « Si c’est pour le bain, tu n’as pas à t’excuser. C’était entièrement de ma faute, Sakura-chan. »

Elle fronça les sourcils et émit un sifflement moqueur. « Tch, ce n’est pas pour ça que je suis ici. Ne sois pas ridicule. » Il vit son expression s’adoucir à la faible lumière de la lanterne. « Mais puisque tu en parles, je devrais probablement. Si je ne m’excuse pas maintenant, je le regretterai dès que – »

« Dès que je serai mort? »

Elle l’ignora. « Je ne le dirai qu’une seule fois, alors écoute bien. » Elle prit une profonde respiration, comme si c’était beaucoup plus difficile que ce l’était. Deidara remua légèrement. Elle prenait tout son temps pour s’excuser, temps qui s’écoulait pour lui. « Gomen nasai. Je ne voulais pas t’exploser dessus comme ça. »

Exploser.

Il se sourit. Il trouvait prometteur le fait qu’il avait encore son sens de l’humour, surtout lorsqu’il n’était qu’à quelques minutes de sa noire mort.

« C’est assez, Sakura-chan. » marmonna-t-il, les coins de sa bouche se soulevèrent. « Si je n’en savais pas autant, j’assumerais que tu es en train d’essayer de gonfler l’estime que j’ai de moi-même. »

Elle le fixa, son regard glacial et mal à l’aise. « Tu ne pourrais pas être modeste pour quelques secondes? Si tu continues à te croire si malin, tu peux oublier mes excuses! »

Il fronça les sourcils à son hostilité. Il l’avait laissée s’excuser, n’était-ce pas assez? Quelle sorte de réaction avait-elle attendu de lui? Qu’aurait-il pu dire pour l’empêcher de se mettre en colère contre lui de nouveau? Il ne comprendrait jamais les femmes.

« Dis-moi, Sakura-chan. » Il changea brusquement de sujet. « Que pensais-tu accomplir en venant ici si tôt? »

« De quoi parles-tu? Moi-même, je ne sais pas. »

« Je n’ai pas le temps de m’encombrer de mensonges, ouais. »

Elle le fusilla du regard. « Je ne mens pas! »

Deidara la fixa, essayant de l’intimider. Et ça marchait. Sakura trembla sous son regard de marbre, un impressionnant exploit puisqu’elle était un ninja et qu’elle avait été spécialement entraînée pour ne pas baisser sa garde. Ses yeux étourdis errèrent jusqu’à ses mains, les longs doigts de Sakura se fléchissaient maintenant dans un mouvement semblable à celui d’un éventail. Même si elle avait le contrôle absolu sur son visage de joueur de poker, elle n’avait toujours pas appris à empêcher ses mains de tiquer lorsqu’elle mentait. Il était surpris que personne, ni même elle, n’eût remarqué ce minuscule défaut.

« Si tu veux absolument savoir… » cracha-t-elle d’un ton hésitant. « J’ai pensé que tu te sentirais seul. » Ses traits tirés se détendirent en une moitié de sourire, mais elle se reprit, et remit son masque d’austérité. « C’est probablement le médecin en moi. Je me sens toujours si mal lorsqu’un patient meurt tout seul. Une infirmière entre dans la chambre et trouve le cadavre, et il n’y a rien d’autre qu’on puisse faire. Mais parfois… Je ne sais pas. Personne ne mérite ça. Je ne pense pas... »

Deidara ne pouvait que la regarder. Qu’était-il supposé répondre à ça? Ses doigts se pliaient toujours, mais pas aussi rapidement qu’avant. « Qu’est-ce que c’est sensible de ta part, mm. » Que représentait-il pour elle, juste un autre patient? Il n’était pas un type qui devait subir une opération vouée à l’échec ou même une personne atteinte d’une maladie incurable. Il était quelqu’un qui adorait faire exploser des trucs, de temps à autre. Et il était quelqu’un qui était amoureux de la fille qui allait de le tuer. Qu’était-il supposé dire? « Tu peux t’asseoir si tu veux, ouais. »

Stupide, stupide, stupide!

Un membre d’Akatsuki, transformé en un idiot, tout ça à cause d’une stupide fille aux stupides cheveux roses, qui le faisait dire de stupides choses sans aucun sens, sur son lit de mort, en plus. Il ne l’avait jamais laissé paraître, mais il s’était toujours senti extrêmement ridicule lorsqu’il était à côté d’elle.

« Non merci. J’aime mieux rester debout. » Mais pendant qu’elle articulait ces mots, elle s’accroupissait déjà près de lui.

Deidara ne savait pas pourquoi il lui avait proposé de s’asseoir. Il avait laissé échapper la première pensée cohérente qui avait traversé son esprit, mais maintenant qu’elle était à côté de lui, sur le froid sol de béton de la cellule, il ne pouvait pas se concentrer. Comme toutes les autres fois où elle s’était trop approchée de lui.

Il avait perdu le contrôle de lui-même la veille, durant le bain, toutes ses émotions pour elle débordant et le faisant agir sans réfléchir. Et la voilà encore, si près de lui, ils se touchaient presque.

(Car le temps manquait)

Il pouvait sentir son corps irradier de la chaleur et réchauffer le sien. Il rougit, même si c’était contre sa nature. Une tache de rose se répandit sur ses joues, mais il était sûr qu’elle n’avait rien vu, tant la pièce était sombre. Il remua faiblement, appuyant sa tête contre le mur pour reprendre son souffle. Il dut détourner légèrement la tête, bouleversé par sa présence. Il y eut un silence maladroit alors qu’il se tortillait. Ou du moins, un silence qu’il crut maladroit. En ce qui le concernait, lorsqu’une personne était mal à l’aise, tout le monde l’était. Il ne sut pas combien de temps dura le silence, une chose malheureuse, puisqu’il ne restait que quelques minutes à sa vie.

Un son étranglé émergea de sa gorge, et même si le bruit lui semblait aussi bruyant qu’un rugissement, il était aussi conscient du fait que le son était silencieux. Sakura ne le remarqua pas. Rien de tout cela.

« Comment te sens-tu? » demanda-t-elle nerveusement.

« Effrayé. »

La main gauche de Deidara, la plus près de lui, se leva anxieusement pour repousser les mèches roses qui tombaient sur le front de Sakura. Manifestement, elle avait mal calculé la distance qui les séparait - puisque ses yeux ne s’étaient pas adaptés aux ténèbres- parce qu’elle tressaillit et le repoussa d’une main sur son épaule. « Effrayé par quoi? La mort? »

J’ai peur de te perdre. « Ouais, peut-être. »

Il savait qu’elle cherchait désespérément quelque chose à dire. Et lorsque cela arrivait aux gens, ils commençaient à jouer au psychiatre. C’était une habitude qu’avaient tous les humains, une habitude qu’il trouvait franchement énervante, sauf lorsque c’était elle.

« À part la peur, que ressens-tu d’autre? »

Il ferma les yeux pour cinq secondes et entreprit de faire le ménage dans son esprit. Il pensa à l’endroit où il se trouvait présentement, une prison froide et humide. Mais plus il y pensait, plus le décor disparaissait. Il pensa à ce qu’il allait ressentir en mourant. Bientôt, cela disparut aussi. Il pensa à la faim qui le tenaillait, les cheveux qui chatouillaient son visage, la douleur dans son dos pour s’être appuyé trop longtemps contre le mur de pierre. Puis, ces sentiments s’envolèrent eux aussi.

Il pensa aussi à Sakura. À la façon dont elle s’asseyait, les jambes croisées devant elle. À la façon dont elle mordillait sa lèvre inférieure, attendant une réponse. À la façon dont sa seule présence le rassurait, sa poitrine brûlant d’un désir qui ne sera jamais assouvi. Elle ne pourra jamais lui appartenir, mais cela n’empêcha pas son cœur de battre la chamade. Il rouvrit les yeux et tourna la tête pour regarder son joli visage, si innocent, les traits familiers qui l’avaient hanté pendant des mois.

« Au chaud. »

Elle se raidit, surprise, levant la tête vers lui. Et si elle avait remarqué la tendresse dans ses yeux, elle n’émit pas de commentaire. « Je ne comprends pas. »

« Heh, moi non plus. » croassa-t-il sèchement. « Mais c’est agréable, hm. »

Elle détourna le regard et le reposa sur les mains qu’il tenait entre ses genoux levés, pieds plantés au sol. Elle fronça mignonnement les sourcils, mais ne parla que lorsque Deidara lui demanda ce qu’il n’allait pas. « Tes mains, » dit-elle. « Ça t’a fait mal lorsqu’ils les ont soudées? »

Il baissa lui aussi les yeux sur ses paumes, les retournant un peu pour mieux voir la cicatrice. Les points de suture étaient encore serrés sur sa peau, et le chakra infusé rendait impossible toute tentative de libération. Les bouches étaient calmes, elles l’avaient été depuis l’opération. Elles - en plus de l’immense ouverture sur sa poitrine – étaient mortes le jour où les med-nins de Konoha les avaient permanemment fermées.

« Je pense que ce qu’il m’a fait le plus mal est le fait que… » répondit-il solennellement, « … je ne pourrai plus jamais faire exploser des trucs. »

Sakura éclata d’un rire sans joie. « Comme c’est morbide. » Son faux sourire s’estompa, laissant place à un autre, plein d’empathie. « Tout de même, tu as toujours eu une personnalité axée sur l’art. Cela a dû être difficile, de savoir que tu ne feras plus jamais ce que tu aimes. Comme Lee et le taijutsu, mais ça, ça s’est passé il y a si longtemps. »

Le froncement des sourcils de Deidara gagna légèrement en profondeur. Elle lui avait parlé de Lee auparavant, elle lui avait parlé de tous ses amis, mais lui ne voulait plus entendre parler des autres personnes qui composaient sa vie. Tout ce qui lui importait était lui et elle, juste Deidara et Sakura. Tous les autres humains sur la Terre étaient insignifiants.

« Pourrais-je les voir? » demanda-t-elle silencieusement, tendant sa main vers la sienne.

« T’es sûre, hm? Même si elles sont fermées, elles sont plutôt bizarres. »

L’attitude qu’elle avait plus tôt résonna dans sa voix. « Je veux les voir. » dit-elle un peu plus violemment qu’elle ne l’aurait voulu. Elle sembla prête à s’excuser, mais c’était toujours dur pour elle de décider comment agir.

Il ne savait pas quoi dire. Il leva sa main droite et la tint devant le visage de Sakura. Il la surveillait pendant qu’elle examinait les points de suture, ressentant une brûlure cuisante sur sa peau dès qu’elle posait les yeux dessus, comme si elle avait le pouvoir de déclencher les flammes d’un seul regard. Le rougissement sur son visage ne disparaissait pas tout à fait.

Elle plia les jambes sur le côté, soutenant tout son corps par sa main gauche, et se pencha un peu plus pour mieux voir. Le souffle de Deidara fut emprisonné dans sa gorge; elle était déjà si proche avant qu’elle ne bouge. Elle approcha lentement sa main droite de la sienne; le bout de ses doigts effleurant doucement les lèvres closes, comme si elle avait peur que les bouches la mordraient.

Les vibrations de ses doigts avaient allumés un fusible à l’intérieur de lui. Il sentit un frisson lui parcourir la colonne vertébrale et ses yeux ne voulaient pas la quitter même si elle ne lui rendait pas son regard. Dans le feu de l’excitation, sa main tiqua et elle recula vivement.

« Je suis désolée. » dit-elle frénétiquement. « Je t’ai fait mal? »

« Non! » brailla-t-il, incapable de penser sérieusement. La seule pensée qui traversait son esprit, son corps entier, était qu’il voulait qu’elle le touche encore. Sa main partit en flèche et agrippa celle de la rose, et elle sursauta.

Mais elle ne se débattit pas. À ce moment-là, c’était tout ce qui importait à Deidara.

« Deidara-kun! » chuchota-t-elle. Ses yeux s’étaient écarquillés sous le choc, mais il remarqua qu’elle n’était pas aussi surprise qu’elle l’aurait dû être.

Il emprisonna sa main dans la sienne et, sans rompre le contact visuel, il la posa sur son visage. Ses yeux bleus devinrent vitreux au contact de sa peau, sa chaleur se répandant dans tout son corps. Il remarqua à peine combien il était proche d’elle, plus que quelques centimètres séparaient son visage du sien.

« Deidara-kun, » murmura-t-elle encore. « Je ne comprends pas. »

« Il n’y a rien à comprendre, ouais. » Son ton était tout aussi doux et affectueux. « Après tout ce temps, tu dois savoir ce que je ressens. »

Je t’aime. Je t’aime.

« Oui, » Elle hocha la tête, ses yeux brillant dans la noirceur. « Oui, je sais. Peut-être ai-je toujours su. »

Je t’aime, Sakura. Il n’arrivait pas à le dire à haute voix, mais il ne pensait pas être obligé de le faire. Elle comprenait.

« Sakura-chan. » Il se pencha soudainement vers l’avant, voulant plus que tout l’embrasser, juste une fois. Surprise par son mouvement, elle recula automatiquement.

« S’il te plait, Sakura-chan. » supplia-t-il. Elle était si près de lui. Son corps réagit au sien, brûlant de désir pour que l’espace entre eux soit le plus restreint possible. Rien d’autre qu’elle et la façon dont elle le faisait tressaillir ne lui importait. Tout ce qu’il vit était ses yeux verts plongés qui le fixaient, ses cheveux roses étendus comme de la soie sur la courbe gracieuse de son épaule, ses joues à présent blêmes qui se coloraient de nouveau.

« Deidara-kun. » fit-elle une troisième fois, à défaut de savoir quoi dire.

Il se pencha sur sa main, toujours entourée de la sienne. « Ces mains… Elles aiment l’art, ouais. On les a privées de ça pour si longtemps et bientôt, elles ne pourront plus jamais en faire l’expérience. S’il te plait. S’il te plait, Sakura-chan. Laisse mes mains sentir un véritable chef d’œuvre… Juste une dernière fois. »

Elle resta muette. Il prit son silence pour une réponse positive et, timidement, rapprocha son visage. Cette fois, elle ne fit aucun geste de recul.

Il avait rêvé de ce moment pendant des mois, depuis qu’il avait réalisé qu’il l’aimait, mais même son imagination folle d’artiste ne l’avait pas préparé pour ça. Elle goûtait si sucré, une saveur qui lui appartenait. Combiné avec le contact de son corps dans ses bras, ses lèvres bougeant si parfaitement contre les siennes, il ne pouvait même pas songer à la laisser partir.

Les baisers étaient tendres et lents, inondés de désir et d’inévitabilité. Deidara enchevêtra sa main dans ses cheveux roses, la rapprochant le plus possible de lui, même si ce ne serait jamais assez près. Il pencha sa tête pour approfondir leurs baisers, ses oreilles n’entendant qu’un faible gémissement. À qui appartenaient-ils? Il ne le saura jamais. Pas une seule fois ne s’attarda-t-il sur les raisons pourquoi Sakura lui rendait ses baisers. Le faisait-elle par pitié pour lui? Ou était-ce possible, était-ce possible que ses sentiments étaient réciproques? Peu importe la vraie réponse, il s’en foutait. Il vivait intensément le moment.

Comme il vivait pour l’explosion.

Son esprit était tout embrouillé, son cœur battant trop vite pour lui. Si absorbé dans l’étreinte passionnée qu’il partageait avec la femme qu’il aimait, le déserteur baissa sa garde. La douceur de sa bouche, sa petite poitrine effleurant son torse maigrelet, c’en était trop pour lui. Le frais parfum qu’était simplement Sakura avait obstrué ses sens. Il ne vit jamais le coup arriver.

Parmi la douche de baisers de la part de sa ravissante kunoichi, il sentit soudain une douleur atroce sur son flanc. Il essaya de l’ignorer, mais bientôt, il fut presque trop engourdi pour bouger. Sakura sépara leurs lèvres, mais il perdit vite tout contrôle sur ses membres et fut incapable de la suivre.

(C’était si facile pour elle de marcher dessus et de l’écraser)

« Je suis si désolée, Deidara-kun. » chuchota-t-elle. « Ton temps s’est écoulé. »

Il sentit une autre piqûre, sur l’autre flanc, cette fois, mais il était incapable de baisser la tête pour voir ce que c’était. Il pouvait seulement la regarder. Deidara voulut parler, lui demander ce qui lui arrivait, mais lorsqu’elle brandit la seringue qui avait injecté le poison dans son sang, il sut.

Il voulut rire, mais était trop faible pour le faire.

« L’effet sera immédiat. Au mieux, tu résisteras deux minutes. »

Tout était brouillé. Tout sauf elle.

Quoi, qu’est-ce que l’art?

La réponse était terriblement évidente.

L’art durait l’espace d’un instant. C’était temporaire. C’était une beauté malicieuse, le calme avant la tempête. C’était un témoin de l’espoir, avant que celui-ci ne soit déchiré pour toujours. C’était un mensonge qui permettait d’accepter plus facilement l’inévitable vérité.

C’était le salut.

C’était elle.

Deidara sourit une dernière fois. Ses lèvres étaient engourdies et picotaient. Était-ce dû aux baisers ou au poison? Il ne le saura jamais. Il ne referma pas les yeux, même pas pour un clignement momentané, pendant que le poison de Sasori le gagnait.

C’était dommage. Il avait toujours voulu mourir dans une magnifique explosion.

Mais voir son visage alors qu’il poussait son dernier soupir… C’était une alternative acceptable.




« L’art est un mensonge qui nous fait réaliser la vérité. »





Et voilà, fin. Si vous voulez connaitre les pensées de Sakura sur tout ceci, utilisez votre imagination. Moi seule connaitrais la réponse =D

Oui, j’ai lu les scans. Oui, j’ai vu Deidara mourir dans une immense explosion-suicide face à SasuxX. Et non, je ne suis pas satisfaite de sa fin. N’est-ce pas l’utilité de la fanfiction? Au moins, j’ai pu lui donner une mort quelque peu honorable.

Dites-moi donc ce que vous en pensez, quelques critiques constructives seraient la bienvenue.




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