Fiction: Shinobi un jour, Shinobi pour toujours...

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Kakashi frappa légèrement à la porte du bureau de l’Hokage-sama. Une voix forte lui ordonna d’entrer. Il entra avec une sorte de sourire qui voulait dire : « Désolé pour le retard, j’ai pas fait attention à l’heure ! ». Bien sûr, Tsunade avait l’habitude de ses retards fréquents et de ses excuses bidons et donc elle ne lui demandait pas de se justifier pour ça. Shizune leva les yeux au ciel et foudroya Kakashi du regard. Le sourire béat de ce dernier s’effaça et laissa place à une grande confusion.

- Kakashi ! S’exclama la medic-nin. Tu es encore en retard ! Ça fait une heure que l’on t’attendait !

Si tu ne trouves pas une excuse très vite, tu vas te faire botter le cul, cette fois, mon pauvre vieux… Se dit Kakashi.

- Désolé, j’ai croisé une grosse vache qui bloquait le passage et j’ai dû faire un petit détour, expliqua le shinobi en se passant une main derrière la nuque.

Shizune le regarda en fronçant les sourcils alors que son maître lâcha un soupir las.

- Bon, Kakashi, tu es promu !

Kakashi la regarda avec étonnement. Étrangement, il n’aimait pas son regard. Il posa une main sur sa hanche en regardant son Hokage avec un mélange de crainte et de curiosité.

- Une promotion ? Dites-moi un peu…
- Tu remplaceras Jiraiya en plus de tes missions.
- Que ?!

Kakashi resta bouche-bée. Il essaya de parler mais même lui, il n’arrivait pas à en placer une.
Elle veut me tuer ou quoi ?

- Hokage-sama, intervint Shizune. Il a déjà deux missions de rang S prévues, ce n’est pas trop pour une seule personne ?
- Tu ne m’as pas bien comprise, Shizune. Ce ne sera que pour une fois, tu n’as pas à t’inquiéter, Kakashi.

Le ninja copieur leva les yeux au plafond avant de se gratter la tête.

- Que voulez-vous que je fasse ?
- Je te charge de surveiller les agissements de Sasuke.

Kakashi fronça les sourcils, prenant un air sérieux. Cela faisait plus de trois ans qu’il ne l’avait pas vu. Il avait essayé de le raisonner, pensant qu’il allait revenir à la raison, mais il s’était trompé. C’était un Uchiwa, ils ne lâchent pas facilement prise. Mais pourquoi Tsunade s’inquiétait pour Sasuke ? Elle ne s’était jamais préoccupée de lui, pas même lorsqu’il était entre les griffes d’Orochimaru. Il devait y avoir une bonne raison qui expliquait tout cela. Le jounin baissa légèrement la tête en fermant les yeux. Après quelques secondes, il les rouvrit.

- Sasuke, commença t-il, vous savez quelque chose ?
- Oui. Il a été aperçu avec son groupe en train de massacrer des avant-postes de Konoha.
- Quoi ?!

Kakashi n’y croyait pas. Non, il ne pouvait pas y croire, elle devait certainement se tromper. Mais si elle le disait, c’est que c’était certainement la vérité.

- Godaime-sama, vous devez me cacher la vérité, pas vrai ? Dites-moi tout ce que vous savez.

Tsunade regarda attentivement Kakashi avant de reprendre :

- Il se trouve qu’il a tué son frère.

Le ninja copieur déglutit. Il lâcha un soupir avant de se passer une main dans les cheveux, incapable de prononcer une simple parole. Sasuke était devenu très fort, trop fort pour Konoha et pour lui. Il devenait un véritable danger. Mais quelque chose n’était pas clair dans sa tête. Pourquoi voulait-il s’en prendre à Konoha ?

- Je ne vois pas le rapport avec Konoha, Tsunade-sama, déclara Kakashi. Qu’est-ce que ce village lui a fait ?

La Hokage se leva sans prendre soin de remettre son fauteuil en place, avant de se tourner vers la fenêtre, qui offrait une vue sur le village.

- Même moi, je n’en ai aucune idée, répondit-elle. D’ailleurs le fait qu’Itachi ait assassiné tous les membres de son clan est illogique. Et le fait qu’il ait épargné son petit frère l’est encore plus. En tout cas, d’après les renseignements de l’époque, les autorités ne se sont pas attardées sur cette histoire. Je pense même que le gouvernement de l’époque a un rapport avec ce massacre.

L’unique œil visible de Kakashi se fronça. Il laissa une dizaine de secondes s’écouler avant d’avoir le courage de continuer.

- Vous voulez dire que Sandaime et les conseillers y sont pour quelque chose ? C’est insensé ! Pourquoi feraient-ils une chose pareille ? Sacrifier des gosses, des vieillards, des vies humaines !
- Calme-toi, Kakashi ! Tu sais aussi bien que moi que le village est la chose la plus importante, que même de simples vies humaines peuvent être sacrifiées quand il s’agit de l’intérêt du village.

Le ninja copieur soupira. C’était vrai que sacrifier des vies humaines était « acceptable » lorsque Konoha était en jeu. Mais il devait y avoir des raisons valables pour faire ce genre de choses. Godaime se tourna vers son interlocuteur. Son regard était tout sauf agressif.

- Je pense que tu as une chance de le ramener à la raison, tu étais son maître, après tout, peut-être qu’il t’écoutera, toi.

Kakashi esquissa un sourire derrière son masque puis ferma un seconde les yeux avant de les rouvrir.

- Je l’étais, répondit Kakashi. Et puis, c’est une tête brûlée, il ne m’écoutera pas. Quand est-ce que je suis autorisé à partir ?
- Tout de suite.
- Parfait !

Le jounin fit un grand sourire avant de se retourner pour partir. Tsunade l’interpella.

- Attends !
- Qu’y-a-t-il ? Fit le shinobi, un peu surpris tout de même.
- Tu ne vas pas y aller seul, j’ai…

La porte s’ouvrit et le ninja de niveau supérieur faillit se la prendre en plein dans la figure. Il recula d’un pas pour laisser passer la personne qui se tenait devant lui. Il la regarda d’un air hébété. C’était un kunoichi avec une veste jounin. Mais pourtant, il la connaissait.

- Rin ? Demanda Kakashi.

La dénommée Rin lui fit un grand sourire.

- Ça faisait longtemps, non ? Dit-elle de sa voix douce.
- Euh… C’est exact, dit le shinobi en lui adressant un grand sourire.

Kakashi passa une main derrière sa tête. Cela faisait longtemps qu’il ne l’avait pas revue. Au moins depuis la mort de leur senseï, il y avait une quinzaine d’années.

•

Kakashi attacha rapidement sa sacoche marron derrière son dos. Il était en retard, très en retard…

Merde, grouille-toi un peu ! Tu sais très bien qu’il ne faut pas faire attendre les filles, bon sang !

Le jounin pensait déjà à l’excuse qui justifierait son retard… Pour une fois il n’en avait aucune. Il mit quelques kunaïs dans son étui flambant neuf (il avait usé le dernier en moins d’une semaine lors d’une mission de rang S) et prit une dizaine de shurikens et de parchemins explosifs. Alors qu’il s’apprêtait à emporter une trousse de premiers secours, il s’arrêta. Non, il y avait Rin, bien sûr. Il la reposa à sa place avec précaution avant de rajouter à la place d’autres kunaïs, avec des parchemins prêts à l’emploi.

•

Kakashi apparut juste devant l’entrée principale, qui était grande ouverte. Rin l’attendait et laissa échapper un soupir de frustration lorsqu’elle l’aperçut.

- Yo, Rin-chan ! Désolé, j’ai voulu fermer les volets avant de partir et j’ai pas fait gaffe ! J’ai coincé un pauvre pigeon au passage. Du coup, j’ai dû…

- Tu as dû le décoincer et comme tu n’avais pas d’échelle, tu as dû demander au voisin qui n’en avait pas et tu as dû aller à l’autre bout du village pour en acheter une, dit-elle avec un grand sourire. C’est gentil à toi d’aider les pauvres pigeons.

Kakashi soupira avant de s’approcher d’elle, les mains dans les poches, d’un air peu enthousiaste. Rin le regardait s’approcher d’elle en rougissant de plus en plus. C’était vrai que la dernière fois qu’ils s’étaient vus remontait à l’époque où ils avaient l’âge de quinze ans, mais Kakashi n’avait pas changé. Il avait toujours ses cheveux argentés ébouriffés et ce masque qui le séparait du monde extérieur. C’était logique en le voyant : Kakashi avait toujours vécu dans son propre monde avec ses propres pensées, gardées au plus profond de lui. Même elle n’avait jamais su comment déchiffrer ses attitudes, à part ses sourires sincères, qui cachaient une grande tristesse. Lorsqu’il fut assez proche d’elle pour qu’elle puisse l’entendre, il s’arrêta puis la regarda dans les yeux d’un air sérieux.

- On ne va pas parler du « plan A » ici, c’est trop risqué (il jeta un regard de coin vers la porte), on va faire ça dans la forêt environnante. Qu’en penses-tu ?
- Compris.
- Bien, suis-moi, il faut s’y mettre au plus vite si on veut avoir une chance de toucher au but.

Il lui fit un sourire rapide avant de réajuster son bandeau frontal sur son œil gauche. Sur son Sharingan, plus précisément. Le jounin avança vers la porte principale en compagnie de sa coéquipière. Elle semblait inquiète et elle rougissait. Kakashi la regarda un instant.

Ne t’inquiète pas, Rin, plus jamais je ne te laisserai tomber.

Il y a quatorze ans…

Rin était accoudée contre l’accoudoir du pont qui rattachait les deux rives de Konoha. C’était un temps ensoleillé et de canicule, normal, c’était l’été. Cela faisait un an que Kyuubi avait été scellé en un garçon appelé Naruto, le fils de leur senseï, qui était mort à la suite de cet acte qui sauva le village. Un voix retentit derrière son dos.

- Salut, Rin-chan !

C’était une voix assez grave mais douce et rassurante. C’était celle de Kakashi. Elle se retourna pour le voir et vit qu’il portait l’habit typique des jounins. Il avait comme à son habitude les mains dans les poches et la regardait d’un air évasif. La medic-nin lui fit un grand sourire.

- Kakashi-kun !

Le nommé s’appuya contre la rambarde, face à elle, toujours les mains dans les poches.

- Content de te voir, lui dit-il. Je pensais que tu étais à l’hosto en train de soigner les malades et les ninjas handicapés à vie par Kyuubi d’il y a un an. Mais bon, je me suis dit que tu ferai une pause et comme tu aimes bien cet endroit, je me suis dis que tu viendrais peut-être ici pour y faire ta pause matinale…

Il était perspicace pour son âge et plein de bonne volonté quand il s’agissait d’aider les autres. C’était ce qu’avait dit Yondaime juste avant de mourir. Rin sourit de plus belle.

- Oui, tu te rappelles, c’était là que tu avais poussé Obito dans le lac parce qu’il était arrivé avec plus de six heures de retard !

À la grande stupéfaction de Rin, Kakashi ne sourit pas de son air bienfaiteur mais ce fut un maigre sourire qui put se lire dans ses yeux. Le sourire de la kunoichi s’effaça.

- Quelque chose ne va pas ? Demanda-t-elle, inquiète.

Kakashi s’éloigna du bord, lui montrant son dos. Il baissa la tête avant de s’appuyer contre la rambarde d’en face.

- À partir de demain, je ne serai plus Hatake Kakashi.
- Quoi ?!

Rin avait les yeux grands ouverts. Non, il ne pouvait pas…

- Ne me dis pas que tu vas…
- Intégrer l’Anbu. Désolé, Rin, mais je ne trouve plus ma place ici. Oublie-moi.

Les membres de l’Anbu étaient connus pour ne pas avoir de contacts sociaux avec la population. Ils renonçaient à tous : parents, sœurs, frères, amis ne les revoyaient plus. Ils n’avaient pas le droit d’aimer. Toutes leurs pensées étaient exclusivement consacrées à leur mission : protéger Konoha à tout prix. Rin se laissa aller aux larmes. Kakashi aussi l’avait senti. Il s’approcha d’elle et enleva sa main droite de sa poche pour la poser sur sa joue humide. Il essuya les larmes d’un geste avant de dire :

- Je ne mérite pas que tu m’aimes, Rin.

Depuis ce jour, plus jamais ils ne s’étaient revus.



Voilà pour le deuxième chapitre^^

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