Fiction: Le temps des dragons

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Chapitre 8


Sakura dormit mal cette nuit-là.

Les prédictions d’Ino tournaient dans sa tête, telle une valse endiablée.

Ajoutée à ses inquiétudes, elle revit la jeune elfe, prisonnière, lui demandant son aide, des plaies sur tout le corps.

Et enfin elle rêva du jeune blondinet, Naruto, qui invoquait des esprits étranges, surgissant de l’ombre tels des fantômes.



La rose s’éveilla difficilement, engourdie, et se dirigea vers la petite salle d’eau jouxtant sa chambre.

L’eau coulant sur son corps lui fit un bien fou.

Après s’être rapidement rhabillée, elle retrouva Asuma et Sasuke dans la salle de restauration.

Ceux-ci, semblaient en grande discussion, et ils s’interrompirent brusquement en la voyant arriver.

Epuisée par sa nuit agitée, elle ne prit pas de gants et leur dit sèchement :

- Et bien, oui je suis là, mais maintenant continuez votre discussion ou je vais très mal le prendre.



Sasuke sourit, nullement intimidé, et lui demanda suavement :

- Tu as passé une mauvaise nuit, Princesse ?



La rose soupira. Le jeune mercenaire la nommait ainsi depuis sa frayeur devant les mendiants, et cela l’agaçait, mais elle ne releva pas, jugeant que ça lui ferait trop plaisir.

Elle haussa les épaules, et se tourna vers Asuma :

- Alors ? Questionna-t-elle.

- Je dois parler à un ami de longue date, déclara lentement le vieux forgeron choisissant ses mots, il peut nous donner des informations intéressantes sur ta mystérieuse captive, et sur l’Empire. Mais le peu de personnes sachant où il se trouve sont, le plus souvent, dans des endroits peu recommandables, comme des bars, ou tu n’as pas ta place.



La colère submergea une fois de plus la dragonnière. On l’évinçait. En utilisant comme prétexte le fait que se soit une femme.

Asuma aussi pensait qu’elle n’était pas à la hauteur ?

Ecoeurée, elle se leva, et remonta dans sa chambre pour ne pas exploser de fureur.

Elle resta un long moment, prostrée, assise à même le sol, sa tête dans les mains.

La rose n’entendit pas la porte s’ouvrir. Elle sursauta en sentant une main se poser sur son épaule.

En se retournant, elle vit Sasuke.

Sans un mot, il la prit par les épaules, la releva de terre, et sécha les larmes qui avaient inconsciemment coulées le long de ses joues.

- Tu as une mission, dit-il, je le sais et je peux comprendre que ce soit dur. Mais, pourquoi porter tout ce que tu subis comme un fardeau, alors que tu peux en faire une force. Regarde autour de toi, et fais-toi ta propre opinion de l’Empire et des ennemis à abattre. Ils ne sont peut être pas ceux que tu penses.



Sakura resta silencieuse, étonnée qu’il est si facilement mis à jours ses tourments intérieurs.

Mais, ses paroles énigmatiques la troublaient encore plus. En le voyant partir, elle agrippa son bras afin de le retenir, et formula difficilement, la voix hachée par l’émotion :

- Tu sembles tout connaître de moi. Mais, je ne sait rien de toi, moi. Ni tes sentiments, ni tes désirs, ni ton passé. Comment savoir si je peux te faire confiance ?



Le mercenaire se dégagea de l’étau de la jeune fille, et ouvrit la porte, mais au moment de la refermer il déclara froidement :

- Tu ne peux pas savoir.



Puis il ajouta, un sourire taquin fleurissant sur son visage :

- Et tu veux connaître mes désirs Princesse ? Ce sont ceux d’un homme. Et, je t’en ai déjà fait part, non ?



Il lui jeta un dernier regard éloquent, avant de sortir.

La dragonnière rougit à sa dernière remarque. Ce goujat lui faisait des avances quand ses hormones le travaillaient, et elle avait parfois du mal à rester impassible face au charme du jeune homme.

Mais, avant de retrouver ses manières de mercenaire moqueur, il l’avait fait réfléchir.

L’Empereur était-t-il réellement si mauvais ?

Avait-il des excuses pour justifier ses actes ?

La dragonnière avait grandit avec la haine contre l’Empire, et contre celui qui le dirigeait, mais était-ce si simple ?

Sakura ne savait plus que penser, alors malgré ses réticences, elle décida de retourner voir Ino. Elle seule saurait dissiper le brouillard qui planait autour de la fleur.



Résignée. Elle marchait rapidement en direction de la boutique de l’herboriste.

La porte était grande ouverte, avec une légère appréhension, elle pénétra à l’intérieur de la boutique.

Rien n’avait changé, tout était comme hier, les os de dragons étaient restés éparpillés sur la table basse en bois.

Elle déambula parmi les étagères, profitant de la lumière du jour pour approfondir son inspection.

Il y avait là des pierres, des piles de parchemins, des machines bizarres, et d’autres objets dont elle ignorait l’utilité.

Derrière le comptoir, qu’elle n’avait pas vu la dernière fois, un meuble, aussi haut que la pièce, qui contenait des tiroirs de toutes tailles, certains, assez vaste pour contenir un tonneau.

L’un deux ouvert attira son attention.

A l’intérieur, se trouvait une épée.

Mais la lame avait une couleur rouge sang et son pommeau était incrusté de rubis.

Un éclat étrange parcourut le métal, quand elle tendit la main pour toucher la lame. Surprise, elle ne suspendit pas son geste pour autant, fascinée par l’objet.

Quand, elle sentit une présence s’introduire dans son esprit.

Froide, calculatrice et indifférente aux monde des vulgaires mortels.

La jeune fille se retourna d’un bloc, le souffle court, et se calma en s’apercevant qu’il n’y avait qu’un chat, visiblement en colère.

Son corps était mince mais musclé ; ses griffes paraissaient énormes. Une crinière en broussaille auréolait une truffe anguleuse. Ses oreilles étaient piquetées de touffes noires et on devinait une mâchoire puissante sous son pelage doré.

Ses yeux violets étaient plongés dans les siens.

Elle s’approcha pour le calmer, mais ça n’eut aucun effet. Alors qu’elle essayait de comprendre quelle était la cause de son agressivité, elle entendit clairement quelqu’un lui conseiller.



« Te fatigue pas. »



Sakura regarda autour d’elle, étonnée.

Il n’y avait que le félin, qui se léchait maintenant la patte, en l’ignorant ostensiblement.

La jeune fille tenta :



« Saphira ? »



Pas de réponse. Logique. Celle-ci devait être à l’abri, dans les monts Sinaë en attendant leur retour. Loin de la ville, pour ne pas se faire repérer par les sbires de l’Empereur. La dragonne était trop loin pour avoir le moindre contact télépathique avec elle.

Mais qui était-ce alors ?

Effrayée, elle se rapprocha de l’épée pour pouvoir se défendre.



« Mauvaise idée… »



La jeune dragonnière cria alors :

- Mais qui est là ?



Le chat sauta souplement sur le sol et la regarda droit dans les yeux :



« Tu n’es pas très maligne pour une dragonnière »



La rose fut stupéfaite :



« C’est toi qui me parle ? Mais tu n’es qu’un chat, les animaux comme toi ne peuvent pas communiquer par la pensée, c’est impossible ! »



Le chat grogna et montra les dents :



« Ai-je l’air d’un chat comme les autres ? »



Sakura hocha négativement la tête rapidement.



« Alors qu’est-ce qui te fais croire que j’en suis un ? Je suis un chat-garou, petite. »



Un chat-garou.

Une créature mystique vivant plus longtemps que les hommes, et en sachant beaucoup plus que se qu’il ne veux l’avouer.

Il apparaît, parfois, pour donner des conseils à quelques personnes à la destinée hors du commun.

Il allait partir, quand la jeune fille eut le courage de lancer :



« Quel est ton nom ? »



Le chat-garou la jaugea pour savoir si elle était digne de cette information. Apparemment oui.



« On m’as donné beaucoup de noms. Si tu veux trouver celui qui m’est propre, il te faudra chercher. Mais tu peux cependant m’appeler Solembum. »



Une main amicale se posa sur son épaule, interrompant le dialogue télépathique.

Ino se trouvait devant elle en souriant :

- Je vois que tu connais Solembum. Il vient de me dire que vous avez parlé ensemble.

- Il est à vous ? demanda timidement Sakura.



Ino rit :

- Je ne pense pas qu’il apprécie ? si jamais tu lui poses cette question. Les chats-garou n’appartiennent à personne. Si il reste avec moi c’est parce qu’il le veut bien.

- Désolé.

- Ce n’est pas grave, s’exclama Ino, mais si tu es revenue ici c’est que tu as quelque chose à me demander, je me trompe ?

- Non vous avez raison.

- Arrête de me vouvoyer, je ne suis pas plus âgée que toi, confia la blonde, alors ?

- Tu sais qui je suis, alors, que dois-je faire ? Tu as prédit mon avenir, mais je ne sais toujours pas quelle voie prendre. Dois-je m’allier aux rebelles ? Quelle cause est-elle juste ?



Ino eut un sourire triste et compatissant :

- Tu dois choisir seule, Sakura, tu as la chance, ou la malchance de ne pas avoir de chaînes. Ton destin, c’est toi qui le traces, grâce à tes choix et à tes actions. Mais pour savoir quelle cause est la juste, il faut uniquement écouter son cœur.



L’herboriste la serra tendrement dans ses bras et souffla :

- Chaque être humain fait ce qu’il pense être le mieux. Toi aussi tu feras comme eux. Mais tâche de réussir ce que tu entreprends.



La laissant perdue dans ses pensées, Ino déballa les plantes qu’elle avait cueillit.

Les mêmes questions tournoyaient, encore, et encore.

Solembum se frotta contre les jambes de Sakura, et elle entendit :



« Ce ne sont pas nos raisons qui révèlent qui nous sommes, ce sont nos actes »



Soudain, elle comprit.

Toutes les meilleures raisons du monde ne pouvaient excuser la tyrannie de l’Empire.

Elle revoyait l’image de l’elfe torturée dans les geôles de Dareth.

Celle des hommes, arrachés à leur famille, et enrôlés de force dans l’armée Impériale.

Celle des enfants emmenés dans les mines de cuivre, que l’on ne revoyait jamais.

Et toutes les humiliations publiques afin de faire régner l’ordre.

Ceux capables de faire des choses pareilles, même pour des bonnes raisons, ne pouvaient faire partie du bon camp.



Déterminée une lueur farouche dans ses yeux émeraude, elle assura :

- Je me battrais pour tout ceux qui souffrent sous le joug de l’Empire.

- Alors, déclara Ino, je peux te donner ceci.



Sa fine main blanche tenait à présent l’épée rougeoyante, que Sakura avait admirée dans le tiroir du meuble.

La dragonnière jeta un léger coup d’œil au chat-garou, allongé sur un coussin moelleux bleu, les yeux clos, et dévoila :

- Solembum ne voulait pas que j’y touche.

- C’est normal, tant qu’on ne savait pas contre quel camp tu combattrais.



Elle sourit et lui tendit l’arme.

Sakura la prit et la lame fut parcourue d’une lumière rouge.

- Son nom est Zar’roc, lui apprit Ino, ça signifie souffrance, désormais elle t’appartient. Son passé est sombre et obscur, mais elle ne peut être qu’à un dragonnier. Utilise-la mieux que son prédécesseur.



La jeune femme, éblouie, sentait Zar’roc vibrer au creux de sa paume.

Non.

Elle ne pourrait pas perdre.

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