Fiction: Deuxième vie.

Version imprimable




Il faisait froid. Il faisait sombre. La prison était bien loin de l'ancien refuge d'Akatsuki, et bien sûr ce n'était pas aussi rassurant et confortable. Face à elle, des centaines de cellules renfermaient divers criminels, des plus inoffensifs aux plus dangereux – dont elle faisait maintenant partie intégrante. Assise contre la paroi rocheuse, le regard vide et l'esprit brisé, elle observait sans vie ce lieu qu'elle avait souvent vu durant sa formation avec Tsunade. Celui qu'elle devrait supporter durant un peu plus d'une semaine, le temps qu'elle soit jugée et envoyée dans une cellule pareille à celle-ci, à moins qu'elle ne subisse la peine capitale. Elle savait que ses jours étaient comptés, et que le peu de temps qu'il lui restait était précieux, mais elle ne parvenait plus à faire le moindre sourire devant cette scène ironique.

Chaque jour, il venait pour elle. Elle ne savait pas pourquoi, ni comment, mais il venait. Ses visites fréquentes étaient longues, ils restaient tous deux face à face durant des heures, sans un mot ni un bruit, juste un échange de regard. Ce silence apaisant était dû à son mutisme, celui dans lequel elle s'était enfermée depuis ce fameux jour. Elle ne pouvait plus rien dire, tous les mots qu'elle voulait prononcer restaient en elle, elle devenait muette peu à peu. Il était son seul espoir, bien qu'elle sache qu'il ne tenterait rien pour la sortir de là. Bien sûr, il voulait devenir Hokage, et ce n'était pas en délivrant une déserteuse qu'il ferait bonne figure.

La matinée s'était déjà écoulée, doucement, et elle entendait à présent les pas du blond. Il revenait, mais cette fois-ci, il était accompagné. Elle ne savait pas encore de qui, mais elle entendait d'ici leurs éclats de voix et leurs pas irréguliers sur le sol carrelé du couloir.

" Vous ne pouvez pas faire ça ! Hokage-sama !
- Nous le devons. Il reste des membres de l'Organisation en liberté et nous ne pouvons pas encourir le risque qu'ils s'échappent.
- Juste quelques jours ! Elle ne vous répondra pas, laissez-moi l'aider, juste quelques jours."

C'était déjà le moment de l'interrogatoire. Celui auquel elle ne répondrait pas, en aucune façon. Elle tenait trop à Hinata et Deidara pour sacrifier leurs derniers instants de vie. Elle ne parlerait pas, et ça, Naruto l'avait bien compris. À quelques mètres seulement d'elle, les pas se stoppèrent et la discussion s'acheva.

" Très bien, mais je reviendrai dans deux jours, pas plus.
- Bien, Tsunade-sama."

Elle l'entendit soupirer de soulagement, puis le vit passer la porte de fer. Il entra et s'assit en face d'elle, plongeant ses yeux d'azur dans ses yeux d'émeraude. Il prit un air plus que sérieux – presque dramatique – et tenta d'expliquer ce qu'elle allait endurer d'un ton grave.

" Sakura, je sais que tu ne parleras pas à l'interrogatoire, mais ils fouilleront tes pensées et ton esprit jusqu'à trouver ce qu'ils cherchent. Donc..."

Il n'eut pas le temps de terminer, qu'elle avait déjà deviné ce qu'il allait dire. Avouer ?! Jamais elle ne le ferait ! Elle baissa la tête et refusa, catégorique. Il en était sûr, il l'aurait parié. À ce moment, une lueur de tristesse passa dans ses yeux, il savait qu'il ne pouvait plus rien pour elle. Il se releva, la salua et quitta la cellule, une larme perlant au coin de son œil. Demain, il reviendrait. Et demain, ce serait sûrement le dernier jour qu'il la verrait comme elle était.


*****


Une légère tempête de sable commençait à se lever tandis qu'elle parcourait le désert, fatiguée et vidée de ses forces. Elle sentait que ses jambes lâchaient, peu à peu, et que le sommeil s'emparait d'elle. Seulement, les dunes s'étalaient encore sur des kilomètres, et elle ne pouvait abandonner maintenant. Pour Sasori, pour Sakura, pour Deidara et surtout pour l'Akatsuki, elle continuerait et atteindrait Suna. Plus déterminée que jamais, elle accéléra avec courage le rythme qu'elle soutenait depuis maintenant deux heures.

Des heures et des heures de course acharnée passèrent, et heureusement ses efforts ne furent pas vains : elle entrevoyait Suna et sa forteresse de l'endroit où elle était. Plus elle allait s'approcher, plus elle verrait de personnes, ou plutôt plus de personnes la verraient. Elle devait donc se faire discrète... mais comment faire avec la cape Akatsukienne sur le dos ? Il n'y avait rien de plus visible et reconnaissable ! De même, elle ne pouvait se résigner à l'abandonner... Elle la retira finalement avec regrets et l'abandonna au sable, qui eut vite fait de la recouvrir finement.

Elle jeta un dernier coup d'œil en arrière et passa son chemin, maintenant habillée comme n'importe quel ninja, le bandeau frontal rayé en plus. Elle rangea d'ailleurs ce dernier dans sa poche de panta-court, et s'arrêta soudainement. Elle était enfin arrivée, et avait enlevé la preuve de sa traîtrise à temps. En effet, deux gardes étaient placés à l'entrée et examinaient patiemment chaque personne entrante et sortante de Suna. Le pays du sable était bien méfiant depuis l'enlèvement du Kazekage Gaara, puisqu'avant on pouvait y entrer comme dans un moulin...

Tant mieux pour eux, ainsi ils se feraient moins attaquer. Elle exécuta rapidement une transformation et prit l'apparence d'une jeune fille au visage semblable à celui de Tsunade, accompagné de longs cheveux blonds attachés et d'yeux noirs en amande. La démarche droite et la tête haute, elle s'avança et se plaça devant les gardes, attendant une quelconque réaction.

Sans attendre une seconde, ils l'observèrent minutieusement du regard, et l'un des deux l'interrogea brièvement sur sa situation :

" Nom, prénom ?
- Rin. Rin Saïki.
- Profession ?
- Négociatrice de Suwa.
- La raison de votre venue ?
- Je souhaite faire part au Kazekage de Suna, Sabaku no Gaara, d'une alliance avec mon petit pays.
- Comment se nomme-t-il ?
- Suwa no Kuni.
- Bien, tout est en ordre, entrez."

Ils pourraient quand même avoir un brin d'amabilité, si ce n'était pas trop demander ! Maintenant qu'ils la considéraient comme normale, ils pourraient au moins avoir la gentillesse d'esquisser un simple sourire... Soupirant, elle entra dans le village du sable sans demander son reste.

Seulement, elle n'eut pas le temps de faire quelques mètres qu'elle resta éblouie. Éblouie par la beauté du paysage et son authenticité. Les maisons alignées étaient entièrement faites de sables fin, les ruelles couvertes du même sable et le ciel bleu tranchait le tout avec vitalité. Elle se promena alors dans le quartier, s'amusant des enfants qui courraient en s'arrêtant à chaque échoppe pour admirer les produits frais que celles-ci proposaient. Elle se sentait chez elle, et semblait oublier peu à peu sa situation dans cette idylle qu'elle avait toujours voulu vivre... aux côtés de Sasori.

La situation, elle pouvait l'oublier, mais lui... jamais. Elle s'assit sur un banc, face à une bande d'enfants jouant au ballon, et reconstitua son visage intérieurement. Ses cheveux rouges virevoltant au vent, ses yeux marrons rivés sur elle et son sourire quasi-imperceptible qu'elle seule devinait à travers son visage inexpressif. Sans qu'elle le veuille, une larme transparente s'écoula le long de sa joue pour terminer son chemin à terre.

Perdue, elle ne ressentit même pas l'aura de celui qui se trouvait pourtant si proche d'elle. Ce fut lorsqu'elle entendit le son de sa voix qu'elle sursauta et se retourna violemment.

" Vous aussi, vous aimez les enfants ? Je suis heureux de les voir, mais eux, ainsi que leurs parents, me fuient comme la peste..."


*****


L'endroit où il était avait beau être fréquenté par le même type de gens qu'eux, il était bien différent. Peut-être trop, même, tellement qu'il ne se reconnaissait plus à travers ses propres faits et gestes. Il entrait fièrement dans le bar, déployant toute son aura au lieu de la cacher, commandait une bière plutôt que l'une des nombreuses boissons alcoolisées qu'il buvait habituellement accompagné d'Hidan, Sasori et Kisame, et pour finir il restait seul, isolé, plutôt que d'aborder les personnes présentes avec ces blagues qui ne faisaient rire que lui.

Tout avait changé à présent, il était seul à Kiri, entouré de multiples brigands aux meurtres répétitifs et à l'humour inexistant. Ils n'étaient pas plus puissants, presque inoffensifs pour son niveau, mais à grand nombre... Ce pourrait devenir assez dangereux. De plus, il n'avait pas besoin de se battre, mais de calme et de repos. Tous les évènements s'enchaînaient trop vite à son goût, ainsi, quel était le prochain ? Il avala d'une traite le liquide jaunâtre, paya rapidement et ressortit du bar. Ici, il le savait, il fallait savoir se faire respecter. La cape Akatsukienne aidait à beaucoup dans ce but...

Il parcourut calmement les rues de Kiri, parsemées de pauvres enfants sans maison ni famille pour la plupart. Il devait pourtant fermer les yeux avec cruauté et passer son chemin l'air de rien, pour sa propre survie. Il les regarda pourtant une dernière fois de l'arrière, eux qui mendiaient autant dans la misère avec courage et persévérance. Il rentra dans une auberge où il avait loué une chambre, et y monta avec culpabilité.

Manque de chance, sûrement... de son studio, il avait vue sur la rue, et sur eux. Il ne put se détacher de leur vision et les détailla donc un peu plus. Il s'agissait d'un petit garçon et d'une adolescente. L'enfant, âgé d'environ huit ans et habillé d'une chemise déchirée, possédait de magnifiques yeux gris et de longs cheveux blonds tombant sur sa nuque. La jeune fille, probablement sa sœur, était modestement vêtue d'une robe rouge décolorée et possédait les mêmes yeux et les mêmes cheveux que son frère, bien que les siens tombent droitement le long de ses genoux coupés.

Penché à la fenêtre, il voulait les aider, il voulait donner un nouveau tournant à leur vie. Cette fois... il ne resterait pas les bras croisés devant le feu de sa cheminée, il les sauverait au moins quelques temps du monde qui les punissait injustement. Il descendit à toute vitesse les quelques étages qui le séparait du sol, et sans même regarder à droite et à gauche l'approche d'un malfrat, il prit l'enfant dans ses bras et tira l'adolescente par la main. D'abord grandement étonnée, elle esquissa un léger sourire, sûrement l'un des premiers depuis bien longtemps...



Un peu court, j'en suis désolée, mais j'ai un mal fou avec les premiers chapitres ! Le troisième sera un peu plus long je pense, et ce s'allongera au fur et à mesure... enfin, un commentaite pour une p'tite auteuz' ? x]

Veuillez vous identifier ou vous inscrire:
Pseudo: Mot de Passe: