Fiction: Shinobis. (terminée)

Japon, XVIIème siècle, sous le shogunat des Tokugawa. Histoire de Konoha démystifiée sur fond politique.
Classé: -12D | Général / Suspens | Mots: 16163 | Comments: 18 | Favs: 19
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aka oni (Masculin), le 16/07/2008
Voici l'avant-dernier chapitre de cette fic, donc. Et, heu... Voilà.

Petit rectificatif : j'ai appris qu'en réalité, les ninjas avaient disparu à cette époque, exterminés quelques années avant (pas d'bol) par le prédécesseur du prédécesseur de Ieyasu Tokugawa, en l'occurrence le célèbre Nobunaga Oda.




Chapitre 8: Ultime renaissance



Le soleil se couchait, dardant ses derniers rayons sur le champ de céréales, en pleine récolte. Naruto se redressa, en essuyant la sueur qui perlait sur son front. Autour de lui, les autres paysans faisaient de même. Nimbés des rayons orangés du soleil, on eut pu croire une scène de film. Naruto accrocha sa faucille à la ceinture qui maintenait le vieux pantalon d’étoffe brune qu’il portait comme unique vêtement, puis se dirigea, comme les autres, vers les grandes fermes qui bordaient les champs. Il rejoignit Sasuke et lui adressa un signe de tête fatigué, auquel l’autre ne répondit que par un clignement d’œil appuyé.

Cela faisait maintenant deux mois qu’ils étaient arrivés ici. Après un voyage de près de six mois, durant lequel les ninjas déguisés en paysans avaient dû faire de fréquentes haltes pour travailler dans les champs et surtout dans les rizières, afin de subsister tout autant qu’accréditer leur rôle, ils étaient enfin arrivés dans le Kantô. Un mois supplémentaire avait été nécessaire pour arriver à Urawa. Ils n’avaient pas trouvé de travail sur place mais dans un petit complexe agricole, à quelques heures de marche. Et pas plus d’une journée d’Edo, en pressant le pas. Durant deux mois, les ninjas s’étaient fondus dans le décor, travaillant d’arrache-pied, d’autant que la période des récoltes était arrivée et qu’elle n’offrait que peu de repos. Shikamaru, pressentant que cet arrêt serait le dernier avant l’entrevue avec Tokugawa – il avait d’ailleurs dû préciser à quelques fidèles acharnés qu’il ne s’agissait en aucun cas d’un assassinat –, avait ordonné de camoufler les quelques armes emportées ; les armes ninjas étant dérivées des outils paysans, il n’avait été nécessaire de camoufler que les tegakis de Naruto, ainsi que les shurikens, kunaïs et metsubushis restants. La Kusarigama de Shikamaru, une fois séparée de sa chaîne, n’était qu’une faucille paysanne parmi d’autres ; les Jô des bâtons. Bref, les shinobis de Konoha étaient totalement anonymes. Personne n’aurait pu suspecter un groupe de paysans aussi commun.
Hélas, Tokugawa ne semblait pas vouloir coopérer. Cloîtré dans son château, il dirigeait les affaires du pays brillamment, mais pas physiquement. Pourtant, les derniers partisans d’Ishida et consorts avaient depuis longtemps été éliminés ou ralliés, mais Tokugawa ne semblait pas vouloir visiter le monde extérieur… Puis, au bout de deux mois, une rumeur commença de circuler chez les paysans d’Urawa. Tokugawa se rendait en Echigo, pour des affaires personnelles. La nouvelle se répandait comme une traînée de poudre et les shinobis mesurèrent la sagesse de Shikamaru ; malgré la vitesse de diffusion de l’information, les villages alentours ne seraient au courant que le jour suivant. Or, Tokugawa quittait le château le soir même. La sortie était secrète ; la fuite avait sans doute pour cause un excès de saké de l’un des gardes. Shikamaru, mis au courant, réunit en toute hâte le groupe des survivants de Konoha derrière un silo. La célérité de Tokugawa les empêchait de partir en prétextant chercher du travail ailleurs ; il fallait agir, seulement agir. Shikamaru distribua ses ordres à toute vitesse.

-Vous prenez vos outils, vous récupérez ce que nous avons caché dans les caisses, et vous êtes tous à onze heures à la limite nord des champs. En tunique.

Tous hochèrent brièvement la tête et partirent exécuter les ordres de Shikamaru. Ce dernier se dirigea vers un amoncellement de planches de bois et détritus en tous genres, et sortit discrètement une chaîne d’acier de dessous l’amas. Il fixa sa faucille dessus, replia la chaîne de sa Kusarigama et la camoufla sous sa tunique. Naruto, lui, s’éloigna un peu vers un bâtiment plus marginal ; il creusa rapidement et déterra les tegakis sur lesquelles le sang, en séchant, avait imprimé des motifs sombres.


Le champ de céréales bruissait doucement. Le vent nocturne, frais, agitait délicatement les pousses mûres. Ou bien peut-être était-ce le shinobi qui venait de surgir des épis. Rapidement suivi d’autres. En une minute, tous les ninjas de Konoha, se fondant parfaitement dans la nuit dans leur tunique noire, surgirent à leur tour du champ et se réunirent autour du ninja à la Kusarigama. Shikamaru murmura rapidement :

-Après une petite enquête, je sais qu’il n’y aura que deux ninjas du groupe des Neuf gardes de Tokugawa qui l’escorteront. Plus une petite armée de samouraïs, bien sûr. On ne l’attaquera évidemment pas aux alentours d’Edo. On attendra la campagne. En attendant, on suit le convoi. À distance, les deux ninjas qui l’accompagnent sont sans aucun doute plutôt habiles et sur leurs gardes. Tokugawa est sorti d’Edo il y a une demi-heure environ, ils doivent avoir emprunté la grand-route du nord. Nous le suivons.

Sans un mot de plus, les vingt silhouettes s’éloignèrent furtivement de la mer bruissante de céréales. En peu de temps, ils rejoignirent une route plus grande que les autres, sans doute très fréquentée dans la journée : elle était creusée d’ornières en tous genres, depuis les traces de pas des voyageurs aux profondes marques boueuses laissées par les convois de marchandises. Shizune, la seule kunoichi à avoir survécu, avec Hinata, se pencha sur la route : c’était la meilleure pisteuse. Elle ne tarda pas à repérer des traces plus récentes que les autres. Elle murmura :

-Trois chariots. Tous chargés également, mais l’un est un peu plus léger, je pense. Troupes à cheval : je dirais trente cavaliers, peut-être plus. Une cinquantaine de fantassins.

Shikamaru médita un peu. L’escorte était importante mais relativement faible comparé à ce qu’il avait entendu sur Tokugawa. Les trois chariots… L’un, le plus léger, devait transporter le Shogun ; un devait transporter sans doute des vivres et des armes, le voyage étant long vers Echigo. Le troisième… D’autres vivres, ou des troupes. Il devait faire le même poids que le chariot de vivres s’il n’était pas trop plein. D’après les dimensions des chariots, en admettant qu’il ne soit pas plein… Une dizaine de soldats en plus… Près de cents adversaires en tout, donc. Il faudrait les prendre par surprise. Si les ninjas de Tokugawa étaient pris par surprise, ils pourraient effrayer une partie des soldats grâce aux fameuses incantations ninjas, accompagnées des signes cabalistiques, qui, s’ils pouvaient passer pour ridicule pour le profane, avaient, au fil des années et du mystère ninja s’épaississant dans la culture populaire, pris une telle importance que la plupart des gens du peuple croyaient en la force démoniaque de ces gestes. Il suffisait de les exécuter pour faire fuir les soldats trop crédules… Même si, évidemment, tous n’étaient pas aussi couards. Shikamaru évaluait leurs chances de vaincre l’adversaire à 10%. En comptant sur l’effet de surprise. Il releva la tête et fit un signe. Chacun suivit le mouvement et les ninjas partirent sur la route.

Ce n’est qu’une demi-heure plus tard que Shikamaru se rendit compte du peu de chances qu’ils avaient de seulement parvenir à organiser l’attaque. Les zones traversées par la route étaient plus ou moins urbanisées, mais il y avait toujours des habitations à proximité. Quand le jour se lèverait, la route serait parcourue dans les deux sens par une foule de quidams. En analysant les traces, Shizune avait déterminé être à une distance suffisante de la carriole pour la rattraper en un quart d’heure, en allant à fond de train. Plus proche aurait été une erreur.

-Ils vont nous voir arriver… Souffla Asuma.
-Quoi ? Demanda Shikamaru.
-Si on leur court après pour les rattraper, ils vont nous voir de suite ! Pas d’effet de surprise…

Shikamaru ne répondit rien. Il s’était rendu compte de la situation depuis quelques temps déjà, et s’invectivait pour ne pas avoir pensé à quelque chose d’aussi évident !

-On coupe par les bois, marmonna-t-il en désignant la forêt bordant la route à cet endroit.

Les autres suivirent sans poser de question. D’après sa carte, la route tournait. Un peu. Par là, plus ou moins. Un coup de poker…
Pourtant, en une demi-heure, les ninjas, qui avaient pressé le pas au maximum de leurs capacités, rejoignirent la route. Shikamaru vit immédiatement que Tokugawa ne les avait pas devancé. Cependant, des fermes bordaient la route. Shikamaru intima l’ordre de continuer à avancer. Enfin, une zone lui sembla plus calme que les autres ; seule une petite maison, éloignée de la route, était visible. Tout de suite, les ninjas se mirent à préparer l’embuscade. Ils disposèrent leurs makibishis sur la route ; ces sortes de clous à plusieurs pointes étaient faites pour ralentir des poursuivants et ne blessaient jamais profondément, mais, dans une attaque surprise, ils ajoutaient à la confusion de manière admirable… L’ennemi, assailli par un ennemi inconnu, ressentait une douleur aux pieds, était distrait et fatalement abattu. Mais sur une aussi nombreuse troupe, cela ne suffirait évidemment pas. Ensuite vint le tour d’une fosse ; n’ayant pas le temps de creuser assez profond pour enterrer une carriole, ils creusèrent de quoi l’immobiliser, voire la renverser. Pendant que des shinobis camouflaient le piège, Inoichi déposa une mine, consistant en une planche de carton creuse remplie de poudre à canon, améliorée pour être très instable. Lorsqu’on marchait dessus, on avait environ deux chances sur trois d’exploser. Une fois recouverte d’un camouflage adéquat, elle était parfaitement invisible, comme les deux autres placées à côté. Néanmoins, si les ninjas de Tokugawa surveillaient les avants plutôt que les arrières, c’était foutu. En même temps, ils ne s’attendaient pas à une attaque. Une lumière vacillante apparut, crevant la nuit au lointain. Les shinobis se retirèrent dans les bois, immédiatement. Ils devinrent invisibles en quelques secondes. Le silence regagna le bois, succédant à l’agitation des ninjas. Il fut rompu une dizaine de minutes plus tard, par le bruit croissant des roues du convoi. Il avançait tranquillement, les soldats au pas, les cavaliers aussi. Tout ce petit monde semblait assoupi, presque endormi. Apparemment, Tokugawa voulait rallier sa destination sans aucune halte, donc, elle n’était pas loin. Ils auraient dû arriver au matin à destination, sans doute, et Tokugawa n’était pas du genre à traîner s’il était possible de faire le trajet d’une traite. D’ailleurs, les soldats étaient tous fatigués. Un avantage.
Trois carrioles, comme prévu. Marquées aux armes de Tokugawa. Shikamaru observa le reste du convoi. Les ninjas avaient, semblait-il, décidé de surveiller les arrières de Tokugawa. La première carriole semblait contenir les vivres, apparemment. La deuxième était riche et fermée totalement ; Tokugawa, sans doute. Enfin, la troisième, semblable à la première, charriaient des soldats, à n’en pas douter d’après les piques qui dépassaient de l’ouverture.

Tout bascula en l’espace de quelques instants. Les chevaux tirant la carriole de tête tombèrent brusquement en avant, se brisant les genoux. Le conducteur fut tiré de son semi sommeil mais ne put rien faire ; la carriole versa à la suite des chevaux, écrasant ceux-ci. Le conducteur s’en sortit et remonta le trou, d’une profondeur modeste, en jurant. Les autres avaient tous été réveillés, et se demandaient ce qu’il se passait. Un cavalier quitta sa formation et vint contourner la fosse. Le sabot de son cheval enfonça une mine. Tous les shinobis de feue Konoha virent le sabot frapper avec brutalité l’emplacement de la mine, au ralenti… Rien… Puis la déflagration survint. Elle éventra le cheval et balaya le cavalier. Aussitôt, les vingt shinobis lancèrent l’assaut. Cinq d’entre eux étaient équipés d’arcs, fabriqués sur place ; peu efficace, avec une réserve de flèches plus que minime, environ six par ninjas ; cependant, tirées avec précision, elles transpercèrent les cavaliers du flanc. Kunaïs et shurikens volèrent, se plantant sans pitié dans la chair des ennemis. Quelques metsubushis, fabriqués au complexe agricole deux jours plus tôt, éclatèrent dans les rangs ennemis, semant encore plus la panique. Une seconde mine explosa, tuant nets trois soldats. Les ennemis ne savaient où donner de la tête, la confusion était totale. Puis les makibishis montrèrent leur efficacité ; la plupart des soldats, au lieu de repérer le lieu d’origine de l’attaque, hurlèrent de douleur quand les points acérées pénétrèrent leurs pieds. Certains se laissèrent tomber pour les enlever – et chutèrent sur d’autres. Les shinobis allaient arriver à court de projectile quand un officier rallia tant bien que mal les troupes et hurla l’ordre d’attaquer en pointant le lieu approximatif de leurs cachettes. Sur les trente cavaliers et les cinquante fantassins, seuls dix cavaliers et une trentaine de fantassins avaient survécu ; une vraie victoire, mais c’était sans compter les troupes de renfort qui arrivaient de la troisième carriole ; une petite quinzaine de fantassins. Ils étaient encore largement plus nombreux. Shikamaru nota qu’aucun ninja de Tokugawa n’avait fait son apparition, pas plus que Tokugawa lui-même ; rien ne bougeait dans la carriole du milieu, bien qu’une dizaine de lanciers l’aient entourée. Shikamaru lança un ordre bref. Il se saisit de sa Kusarigama tandis que ses compagnons empoignaient leurs armes de combat au corps à corps. Le vrai combat commençait.



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