Fiction: Shinobis. (terminée)

Japon, XVIIème siècle, sous le shogunat des Tokugawa. Histoire de Konoha démystifiée sur fond politique.
Classé: -12D | Général / Suspens | Mots: 16163 | Comments: 18 | Favs: 19
Version imprimable
Aller au
aka oni (Masculin), le 02/06/2008
Mba, mba.



Chapitre 7: Nouveau départ.



L’homme pénétra dans la taverne. La seule taverne de ce petit village paysan. Elle aurait dû être vétuste mais la guerre l’ayant ravagée, elle avait été entièrement reconstruite. Pourtant, en pénétrant dans la bâtisse, après être passé sous les fanaux annonçant Repas pour un ryô, l’homme, dissimulé sous un large chapeau et une robe de voyageur sale, se retrouva dans une salle poussiéreuse, occupée par deux ou trois habitués, les ivrognes du village, dont l’un était écroulé devant sa fiole de saké ; on aurait pu croire qu’elle avait cent ans. Cependant, l’homme ne prêta pas attention à cela, pas plus qu’au patron des lieux, qui le regarda se diriger vers le fond de la salle, sans même lui demander ce qu’il désirait à boire. Deux autres personnages, elles aussi dissimulées dans leurs vêtements, se tenaient devant un verre de saké auquel ils n’avaient pas touché. Le troisième homme les rejoignit. Il leur fit un signe de tête rapide.

-Les autres ?
-Il manque encore Lee, Hinata et Neji. Tous les autres sont dans les environs, dans la forêt ou la montagne. Shikamaru est à l’auberge du coin.
-Bien, dit-il. Sortons et allons le voir. Tant pis pour les trois autres.

Tous trois se levèrent sans un mot de plus et sortirent, laissant une pièce de cuivre sur la table. Le tavernier ne les vit même pas sortir tant ils se firent discrets.

Inoichi, Gaï et Asuma arrivèrent devant la petite auberge du village, située un peu à l’écart, sur la route, pour achalander le maximum de voyageurs. C’était d’ailleurs la seule raison qui eut pu pousser les voyageurs à stopper, car elle avait un air assez miteux. Les trois ninjas pénétrèrent dans l’auberge, crasseuse et délabrée. Une vieille femme, courbée par l’âge, et peut-être la crasse de son kimono, qui devait dater de l’empereur Kammu, se dirigea vers eux et demanda, d’une voix éraillée et maussade, s’ils désiraient passer la nuit ici. Asuma laissa tomber un ryô dans la main de la vieille. Celle-ci n’insista pas et se retira. Les trois montèrent à l’étage et rentrèrent dans la pièce qu’Inoichi indiqua. Shikamaru, penché sur un ouvrage de stratégie militaire, leur fit un geste bref, les invitant à s’asseoir. Il avait déjà le comportement d’un Hokage. Y compris dans un tel moment critique. Il releva la tête et Asuma entama la conversation.

-Bon, et à présent… ?
-Nous ne pouvons plus attendre les trois manquants. Disons, jusqu’à ce soir, rectifia-t-il, car nous partons ce soir.
-Nous ne pouvons rester sur place, acquiesça Gaï.
-Pour où ? Demanda tristement Inoichi. Nous n’avons nulle part où aller, plus de seigneur…
-Les ninjas de Fukyan vont nous traquer, contra Asuma. Pour l’instant, peu importe où nous allons, l’important est de s’éloigner.
-Je ne pense pas, dit lentement Shikamaru. Une fois qu’ils auront appris que Koda est mort, vont-ils retourner à leur village ou tenter de terminer la mission ? Aucun intérêt à la terminer, non ? Des pertes humaines et temporelles en vue, le temps de nous retrouver, pour un objectif inutile, car il n’y aura pas de récompense, mais en plus, s’il a prétexté notre trahison envers Koda, et que ce dernier est mort… Enfin, c’est surtout parce qu’il n’y aura pas de récompense qu’ils sont sans doute déjà repartis, sourit Shikamaru.

Les trois autres réfléchirent un instant, puis se rendirent aux conclusions de Shikamaru.

-Dans ce cas, inutile de partir ?
-Hum. Tous les suspects vont être traqués comme des bêtes avec la mort de Koda. J’ai appris qu’ils avaient emprisonné la plupart des étrangers à Sodoka. Pour éviter qu’ils ne se fassent lyncher, comme c’est arrivé à l’un d’eux, grimaça Gaï.
-Exact, sourit Shikamaru.
-Mais où, alors ? Demanda Asuma. En plus, nous restons un groupe suspect… On pourrait se présenter comme une troupe de travailleurs, ajouta-t-il, une fois que nous serons à bonne distance d’ici, naturellement.
-De la main d’œuvre ambulante, oui, il y en a, appuya Inoichi.
-Je n’avais pas pensé à un autre camouflage, dit Shikamaru en inclinant la tête.
-Bien, nous avons le camouflage. Et le but ?
-Edo, lâcha Shikamaru.

Sarutobi eut-il passé la porte de la chambrée inconfortable, nu et interprétant une pièce de Nô, les trois autres n’eurent pas été plus surpris. Même pour des shinobis, la nouvelle était pour le moins abasourdissante.

-Mais…Pour… Balbutia Gaï.
-Ne me dis pas que tu veux aller voir Tokugawa, se reprit Asuma.

Shikamaru semblait plongé dans ses pensées.

-C’est la meilleure solution, pourtant…
-Tu es complètement fou, cria Inoichi. Tu ne sais pas que Tokugawa est protégé comme… Comme un Shogun, termina-t-il, incapable de trouver un point de comparaison. Il vit dans un château immense, protégé par des centaines de samouraïs dévolus à sa cause, pas des gardes de quartier, des vétérans de Sekigahara ! Sans compter sa propre unité de ninja, les neuf assassins, dirigés par leur chef, Hanzô Hattori ! Ils nous massacreraient sans un effort.

Le silence suivit la diatribe d’Inoichi.

-Pourquoi donc Tokugawa veut-il détruire les ninjas alors qu’ils sont à son service… Surtout s’il possède cette fameuse unité, si efficace…
-C’est mystérieux, accorda Inoichi. Pas une raison pour aller lui demander !
-Alors quoi ! Tu veux vivre comme un paysan le reste de ta vie ? Cria Shikamaru.

Ses emportements étaient rares, et celui-ci ramena le silence. Au bout d’un moment, il reprit la parole.

-Nous sommes complètement cernés… Piégés. On ne peut rien faire. Ni reconstruire un village ninja, ni rester… Et Edo semble être une destination prohibée, soupira Shikamaru.
-Hum. Edo, oui, mais Tokugawa, non, pensa Asuma à voix haute.
-Quoi ?
-Heu… Je pensais que si, à son château d’Edo, les défenses étaient infranchissables, lorsqu’il est en déplacement, en revanche…
-Il se déplace seul, ironisa Inoichi. Mais enfin, il est protégé par des dizaines de samouraïs…
-Ça fait toujours moins que des centaines, réfléchit Shikamaru. Et surtout, ils ne s’attendront pas à un assaut ! Oui, si toutes nos troupes ciblent un samouraï…
-Nous ne sommes pas assez nombreux, interrompit Gaï.
-Je ne parle pas d’une bataille, grogna Shikamaru. Si nous restons à couvert, avec des projectiles empoisonnés…
-Vous oubliez Hanzô et sa troupe, vouvoya Inoichi, reconnaissant implicitement mais définitivement la place de Shikamaru en tant qu’Hokage.
-Je ne pense pas qu’ils se déplacent tous… Deux, pas plus, je pense.
-C’est assez pour nous, grinça Inoichi. Ce sont de véritables démons.
-Pas si nous profitons de l’effet de surprise, sourit Shikamaru. Avec une lame sur la gorge de Tokugawa, ils seront moins enclins à nous attaquer.

Le blasphème était de taille. Parler ainsi de leur Shogun il y a trois jours les aurait conduits à une exécution sommaire. Pourtant, il était l’ennemi, et personne ne releva.

-Un déplacement de prévu ?
-Tokugawa se déplace très peu en dehors d’Edo, dit amèrement Asuma. Il est connu pour cela. En fait, si on veut avoir la plus petite chance, il nous faut au moins aller dans le Kantô.
-C’est probablement là que la répression contre les ninjas est la plus forte.
-Nous irons en tant que groupe de paysans, dit Shikamaru en haussant les épaules. Il y en a plein le Japon, pourquoi pas dans le Kantô ?
-Ça fait loin, le Kantô. Et puis c’est grand, surtout. Où ça, dans le Kantô ?
-…Urawa. C’est une petite ville non loin d’Edo. On aura les nouvelles du Shogun à temps. Espérons qu’il y ait du travail, ajouta Shikamaru en souriant.

Les quatre hommes se levèrent et quittèrent l’auberge, sous l’œil suspicieux de la vieille femme, occupée à compter des piécettes sur une petite table basse, dans un état aussi déplorable que le reste de l’auberge. Une fois à l’air libre, les quatre hommes se dirigèrent vers la forêt, pour faire part de la décision de leur chef aux autres. Ils arrivèrent là où les ninjas campaient ; il fallait avoir un œil réellement exercé pour deviner que des gens campaient là : tout juste l’herbe était-elle quelque peu retournée à quelques endroits, et il n’y avait aucun déchet de quelque sorte que ce soit. Pourtant, dès que Shikamaru apparut, une dizaine de formes sombres tombèrent des arbres.

-Maître ! Dit un des shinobis, Lee est sauf, il n’est pas blessé.
-Très bien, dit Shikamaru, nous allons avoir besoin de toutes les troupes dont nous disposons.

Puis, grimpant sur une vieille souche vermoulue, il informa les autres ninjas de sa décision. Chaque ninja, effaré, hocha néanmoins la tête en signe d’assentiment.

-Nous partons ce soir, conclut-il.

Les ninjas acquiescèrent silencieusement, puis partirent chercher les quelques armes qu’ils avaient emportées dans leur fuite. Peu. Ils étaient clairement sous équipés, mais au moins, chaque ninja possédait une arme.
Le soir arriva rapidement. Trop rapidement pour certains, en tous cas. Les ninjas étaient tous sur le point de partir quand des voix leur parvinrent. Hinata et Neji, blessés, épuisés, leur tunique noire déchirée en plusieurs endroits, surgirent devant la troupe de ninjas. Shikamaru sourit. Finalement, la fuite avait été un réel succès. Mais les deux en face de lui avaient besoin d’un peu de repos et de soins. Il cria :
-Nous reportons le départ d’une heure. En attendant, Gaï, viens !

Gaï, surpris, s’approcha de Shikamaru, qui lui chuchota quelque chose. Gaï hocha la tête, puis partit vers le village.

La vieille femme grommela encore. Ses créanciers n’auraient pas ce qu’ils voulaient, encore une fois, les affaires avaient été vraiment mauvaises. Mis à part ce jeune blanc-bec, qui avait, d’ailleurs, reçu pas mal de visites pour son âge, il n’y avait eu aucun client. Bizarre, ce jeune. La vieille se dit que, peut-être, il s’agissait d’un criminel en fuite. Si elle le dénonçait, elle pourrait enfin payer ses dettes. Elle se leva lourdement, sentit comme un courant d’air sur son cou, puis une pression immense sur sa nuque. Puis plus rien.
Gaï traîna le cadavre dans la cave de la vieille, derrière des caisses, vides depuis longtemps. Puis il ferma la porte de l’auberge et marqua, en souriant : fermé pour rénovations.. Après quoi, il ressortit par la fenêtre et retourna silencieusement dans la forêt. Là, Neji et Hinata, soignés, mais encore faibles, avaient néanmoins, d’une même voix, affirmé qu’ils étaient prêts à partir. Ils se déplaceraient en tant que ninja, à toute vitesse, jusqu’au matin ; après quoi, ils emprunteraient l’identité d’une troupe de paysans à la recherche de travail. Shikamaru refit le compte : tout le monde était là.

-Très bien… Murmura-t-il. Puis, à voix haute, il cria : direction, Urawa, au nord !

En un instant, tous les ninjas avaient disparu du bois. Le silence se réinstalla dans la forêt.



La fic est déjà terminée, mais vous n'aurez le 8 que quand j'en aurai envie... Juste comme ça.



Chapitres: 1 2 3 4 5 6 [ 7 ] 8 9 Chapitre Suivante »



Veuillez vous identifier ou vous inscrire:
Pseudo: Mot de Passe: