Fiction: Shinobis. (terminée)

Japon, XVIIème siècle, sous le shogunat des Tokugawa. Histoire de Konoha démystifiée sur fond politique.
Classé: -12D | Général / Suspens | Mots: 16163 | Comments: 18 | Favs: 19
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aka oni (Masculin), le 22/05/2008
Gnaa, v'là le troisième.



Chapitre 3: Piégés.



Chacun avait beau savoir que c’était une demande classique, le malaise était tout de même profond. La perte de trois éléments au sein d’un petit village comme Konoha, et surtout de deux éléments si prometteurs…

-Le chef de Kategu ne sait donc pas réfléchir ? Il est plutôt stupide pour un chef de village. Il demande à des… Pas à des alliés, mais nous servons Koda tous deux ! Et il demande une chose pareille sans enquêter ?
-Le chef de Kategu n’est pas stupide du tout. C’est un stratège accompli, en vérité, ajouta plus bas le vieil homme.
-Alors il veut nous affaiblir, dit Shikamaru. Il veut nous affaiblir parce qu’il nous sent comme une menace. Reste à savoir pourquoi, interrogea du regard le jeune stratège son père, au courant des affaires les plus secrètes du village.
-Cela fait cinq ans que nous n’avons traité aucune affaire approchant, de près ou de loin, Kategu.
-…

Chacun réfléchissait. Genma finit par dire :

-Nous n’avons pas le choix. Un refus entraînerait une guerre, non ? Pas l’idéal.
-Oui, je sais bien. Mais nous n’allons pas leur donner exactement ce qu’ils veulent. Nous allons prétendre qu’il n’y avait qu’un seul ninja.
-Quoi ? Mais ils ne goberont jamais une chose pareille ! Un seul ninja, tuer quatre des leurs ?
-Ils n’étaient pas très forts, coupa Sasuke. Sans doute de jeunes ninjas, ou même d’autres apprentis…
-Dans ce cas… Dit Genma, la voix brisée. Dans ce cas, c’est plus plausible que ce soit moi, non ?
-Effectivement. Nous te remercions de ton sacrifice. Ton nom ne sera pas oublié.
-Merci. Que ce soit rap…

Genma n’avait pas terminé sa phrase que sa tête roulait au sol. Shikaku l’avait décapité d’un seul coup, avec un katana décoratif, du moins en apparence : aucune des armes à prétention décorative n’était factice dans la demeure de Sarutobi. Sans un mot, Sarutobi congédia Uchiwa et Uzumaki. Restait aux deux Nara à embaumer la tête et l’envoyer.

-Merde, ça craint. Genma était un ninja vraiment bon…
-Hn. Les jeux politiques, répliqua Sasuke. Vaut mieux ça qu’une guerre.
-Je suppose, dit Naruto, avant de repartir vers sa chère fosse septique.

Le trajet jusqu’à Kategu prenait environ une journée. C’est trois jours plus tard qu’ils reçurent un envoyé de Kategu. Apparemment, ceux-ci avaient mis une journée entière à décider de la conduite à tenir. Sarutobi le reçut, tendu. Le messager rentra rapidement, et sans s’asseoir déclama d’une voix monocorde :

-Le maître de Kategu vous remercie du geste accompli. Il considère l’ardoise comme effacée. La paix entre nos deux villages est… Restaurée.

Sur ces mots, le messager sortit et quitta rapidement le village. L’Hokage soupira de soulagement. La crise politique avait été évitée. Shikaku se contenta d’hocher la tête. Le chef de Kategu n’avait pas été dupe, mais lui aussi avait sans doute préféré se contenter d’une tête. Restait à comprendre les motivations de Kategu. Et peut-être celle de Koda aussi. Shikaku osa à peine penser à cela.
La vie reprit normalement. Genma avait été remplacé, et deux mois se passèrent encore sans encombre. Les missions se raréfiaient grandement : en deux mois, un enlèvement, une élimination et deux cambriolages minables. C’était particulièrement pauvre. Heureusement, les activités agricoles de couverture servaient aussi à sauver le village de la famine. C’est alors que Koda refit son apparition. Encore plus agité que la dernière fois. Et son garde du corps le serrait de près, mais toujours aussi nonchalant. Un type vraiment bizarre.
Koda s’assit en face de l’Hokage sans y avoir été invité. Il semblait vraiment dans un état nerveux déplorable.

-Maître Koda… Bonne surprise. Je n’espérais plus vous revoir depuis que vous avez refusé mon invitation, commença sèchement Sarutobi.
-Je sais… Je sais. Écoutez, je sais ce qui s’est passé, hein. Oui, je le sais. Vous n’avez pas à connaître les ramifications sous jacentes à ce…

Sarutobi s’éclaircit la gorge. Bruyamment.

-Bref, voici votre nouvelle mission. Tuez… Eliminez Kategu, termina Koda, dont la nervosité était fondée, pour le coup.
-…Pardon ? Demanda Shikaku, incrédule.
-Ils sont… Sortis de ma… Enfin, ce sont des traîtres. C’est votre mission. J’ose espérer que vous n’allez pas envoyer des étudiants, ce coup ci, rajouta Koda d’un air narquois.
-Très bien.

La réponse de Sarutobi avait claqué comme un fouet. Comprenant que d’autres palabres n’étaient pas requis, Koda se leva et quitta le village en toute hâte. Chez l’Hokage, c’était la consternation. Shikaku et Shikamaru se demandaient le pourquoi du comment. Sarutobi resta calme.

-Bon. Inutile de tergiverser, nous avons reçu un ordre.
-Et qu’allons nous faire ? Charger Kategu ?
-Allons… Tue le chef d’un village ninja et il n’y a plus de village ninja.
-C’est aussi simple que ça, ironisa Shikaku.
-Fais appeler… Kurenai, Kakashi, Izumo, Choze, et… Asuma.
-Pas d’apprentis ?
-Bien sûr que non. Pas pour ça !

Les cinq ninjas étaient tous des vétérans, formés au terrain. Des adversaires redoutables. Kurenai était une kunoichi que l’infiltration n’avait jamais beaucoup intéressé. Redoutable au combat. Comme Kakashi, qui avait perdu un œil dans un combat contre trois ninjas. Il en était sorti victorieux. Choze, lui, était un ninja dont la forte corpulence l’avait orienté vers la lutte au corps à corps ; une machine à tuer. Izumo était un vétéran lui aussi. Quant à Asuma, vétéran lui aussi, il était le petit fils de Sarutobi. La mission leur fut expliquée rapidement. Sans poser de questions, ils préparèrent leurs affaires.

-Alors on l’a, la guerre…
-Seulement s’ils échouent, grinça Sarutobi.

Le groupe de choc partit une heure après. La marche allait être longue. Une journée entière. Il leur faudrait être frais et dispos en arrivant.
Quelques heures plus tard, les cinq ninjas campèrent sur le haut d’un rocher. Ils ne parlèrent pas.

Ce fut le lendemain qu’ils parvinrent à Kategu. Ce village ninja était encore plus perdu que Konoha : aucune grande ville à proximité. On pouvait comprendre pourquoi ils n’avaient pas les activités mercenaires qu’ils méprisaient tant : il n’y en avait pas, tout simplement. Quand les personnages importants de la province voulaient avoir recours à des ninjas, ils se tournaient vers Konoha, plus accessible. Un trop grand anonymat pouvait nuire.
Les cinq vétérans attendirent la nuit tombée. Il ne s’agissait pas d’une infiltration de quelque fonctionnaire véreux, grassouillet, avec pour toute protection quelques vieux gardes fatigués ; les ninjas étaient toujours aux aguets. S’ils voulaient passer inaperçus, mieux valait se faire le plus discret possible. Bien sûr, la nuit, la plupart se reposait des travaux diurnes, mais le moindre bruit serait fatal à leur entreprise. Sarutobi ouvrit la marche. Tous craignaient pour Choze, mais celui-ci n’avait aucun mal à se déplacer silencieusement : il n’aurait pas été un ninja vétéran sinon. Tous traversèrent le village sans encombre ; personne en vue, et eux ne faisaient pas le moindre bruit. Le bâtiment fut vite localisé : le plus grand et le plus riche du village. Les cinq bondirent sur le toit. Une petite lucarne fut vite découverte. La grille qui la protégeait était rouillée, mal fixée. Le problème était de l’enlever silencieusement. Kurenai s’en chargea. L’opération prit dix minutes, mais elle ne fit pas un seul bruit. Tous se coulèrent dans l’ouverture, l’un après l’autre. Elle débouchait sur une sorte d’étage, un petit grenier désaffecté sans doute. La trappe était totalement scellée. Kakashi commença à la desceller à l’aide d’un kunaï. Encore vingt minutes. Quand cela fut fait, il la souleva très délicatement. Ils se tenaient juste au dessus d’une silhouette assoupie, un ouvrage à la main. Et vêtu de telle façon que cela ne pouvait être que le chef de Kategu. Izumo sortit un metsubushi, un œuf évidé et rempli de poudre, qui produisait une fumée aveuglante.

-Dites… Commença Asuma, c’est pas un peu facile… Pour l’assassinat d’un chef de village ninja ?
-Comment ça, marmonna Kakashi, toute son attention portée sur Izumo.
-Bah… On trouve directement une ouverture, pas protégée, qui donne sur la cible… Et… Y’avait pas un seul garde.

Kakashi baissa les yeux sur ses chaussures qui le dérangeaient. Elles semblaient collantes. Effectivement, elles étaient poisseuses. Poisseuses d’une sorte de colle étrange. Celle dont on se servait pour sceller les fenêtres ou les trappes. Et elle était fraîche. Ce fut le déclic. Kakashi se tourna vers les autres, près à hurler la retraite, mais Izumo plongea à ce moment. Le metsubushi explosa dans un nuage de fumée, et Izumo tomba tout de suite sur le chef de Kategu. Qui se sépara en plusieurs morceaux. Des sacs. Un mannequin. Izumo n’eut pas le temps de comprendre que dix flèches se plantaient dans son torse.

Les quatre autres, sans discuter, partirent en courant vers la lucarne. Bouchée. Et vu la fumée qui envahissait les combles, c’était mal barré. Chaque ninja prépara sa dose de poison, pour se suicider avant la capture. Choze commença à asséner de véritables coups de bélier dans la lucarne. Inutile de tester le chemin du bas, le corps d’Izumo indiquait clairement une voie sans issue.
La lucarne finit par craquer sous les coups de boutoirs. Les ninjas sortirent dans la nuit. Les silhouettes grouillaient aux alentours.

-Un piège… ? Demanda Kakashi, incrédule. Retraite ! Hurla-t-il en se ressaisissant. Tout le monde, retraite !

Les quatre survivants commencèrent leur course éperdue. Plus besoin de se cacher… Chacun tira un ninja-tô, près à sabrer un adversaire trop imprudent. Les shurikens volaient, mais les dégâts occasionnés par ceux-ci étaient négligeables. Kurenai en prit un dans l’épaule, mais elle ne broncha pas, se contentant de le retirer et le renvoyer à son adversaire. Soudain, Kakashi sentit une masse lui tomber dessus. Il n’avait qu’une marge de quelques secondes. Au prix d’un effort surhumain, il se retourna pour avoir le visage de son adversaire en face de lui. Il cracha sa fukumibari, ces petites fléchettes cachées dans la bouche. Elle éborgna proprement son adversaire, qui lâcha Kakashi sous l’effet de la douleur. Il reprit sa fuite. La sortie était proche, et une fois dans la forêt leurs chances étaient doublées. Il enregistra l’image du cadavre de Choze, à côté de cinq ninjas de Kategu, démembrés. Le reste ne fut plus qu’un tourbillon d’image. Il bloqua dans la jambe deux shurikens, mais continua à courir éperdument. La forêt, enfin. Il sauta dans l’arbre le plus proche. Il était dans son élément. Il pouvait les semer. La fuite dura plusieurs heures. Combien, Kakashi n’aurait su le dire. Il avait été rattrapé plusieurs fois, avait échappé à la mort autant de fois.
Une fois certain qu’il était hors de danger, il entreprit de retourner à Konoha. Il retrouva la route, retourna au village, prenant toutes les précautions nécessaires pour être sûr de n’être pas suivi. Enfin, la porte de Konoha fut en vue. Apparemment, il n’était pas le premier à être rentré : le village était en effervescence, des gardes à la porte. Ceux-ci reconnurent Kakashi.

-Asuma est revenu. Tu es le deuxième.
-Kurenai ?
-… Aucune nouvelle.

Kakashi se dirigea en courant vers le bâtiment de l’Hokage. Il entra en trombe, pour trouver Shikaku, Shikamaru, Sarutobi et Asuma, blessé d’après le sang qui maculait sa tunique, en pleine discussion. Son arrivée jeta un grand silence. Kakashi le rompit :

-Alors… ? Et maintenant ?



Gnnaaa, c'tait l'troisième.



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