Fiction: Portsall (terminée)

Il y a trois choses que Tayuya déteste par-dessus tout : le froid, le bruit, les gens. Lorsqu'elle se retrouve contrainte de s'ajouter à un groupe d'ados à problèmes pour un stage de voile, c'est donc un peu comme si on lui avançait son apocalypse personnelle sur un plateau d'argent. [ Attention, mise à jour du 1er chapitre pas encore validée par les modérateurs, d'où incohérences ! ]
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NeN (Masculin), le 30/03/2008
Attention! Cette fiction est un peu différente de celles que l'on peu trouver habituellement! Elle a été écrite dans une perspective plus "profonde" qu'une simple fanfiction...et tiendra donc plus du roman, c'est-à-dire qu'elle comprendra des passages SANS dialogues...Si je précise cela, c'est parce qu'il est parfois agréable de lire des fictions faites avec une majorité de dialogues: on ne se fatigue pas trop pour comprendre, et c'est amusant...mais ma fic sera plus dense.

J'éspère malgré ça que quelqu'un aura la patience de me lire, et de me dire ce qu'il pense de tout ce bazar...




Chapitre 1: TER 1024



Tayuya arriva enfin en haut des escaliers aux marches recouvertes d’un lino sale et usé. Elle posa son sac de toile à ses pieds et regarda autour d’elle. Le quai fourmillait d’un monde pressé ; le bruit assourdissant d’un train au départ couvrit l’annonce électronique informant les aimables voyageurs de la prochaine arrivée du TER 1024, en provenance de Besançon.

- Veuillez vous éloigner de la bordure du quai, ajouta la voix synthétique, tandis qu’un groupe de touristes disparaissait dans les escaliers de lino, emportant valises et glacières.

Tayuya jeta un coup d’oeil à son billet. Sa place était dans le tout dernier wagon. Pestant contre le destin qui ne tenait jamais compte de sa personne, elle saisi la sangle de son sac, l’accrocha sur son épaule et parcourut la centaine de mètres la séparant de l’extrémité du quai, qui se vidait petit à petit. Evidemment, personne n’avait, comme elle, l’obligation de monter dans un vieux TER grinçant, pour se rendre dans un village paumé de Bretagne où rien ne prévoyait qu’elle y passerait du bon temps. Tayuya jeta au passage un regard noir à un homme d’affaire en complet veston tout à fait innocent.

Un sifflement strident se fit soudain entendre, et le train 1024 apparut au détour d’un virage; l’appel d’air fit voler les mèches indisciplinées de la jeune fille. Elle s’arrêta pour attendre qu’il s’immobilise, et fourra les mains dans ses poches, rentrant le menton dans le col de son pull trop grand. Le dernier wagon ralentit, et sa porte s’ouvrit juste devant Tayuya. Elle fronça les sourcils. Quoi, en plus de tout le reste, de la provocation?

Quelques étudiants passèrent sans prêter la moindre attention à l’adolescente en jean et tennis défraîchis, elle ne les regarda d’ailleurs pas davantage. Il lui fallait se résigner. Elle repensa au soir où ses parents lui avaient annoncé son départ : ils en avaient discuté un long moment, paraît-il, avec le principal de son lycée, et naturellement, n’avaient rien trouvé de mieux que de l’envoyer passer trois semaines sur une mer glaciale. Comme si un stupide stage de voile pouvait "apaiser son caractère virulent"!

- Fichue génération, grommela Tayuya en sortant les mains de ses poches.

Elle enfonça davantage son bonnet sur ses cheveux en pagaille et reprit ses bagages. Le marchepied de métal semblait la narguer ; elle grimpa dans le train en l’écrasant sous ses semelles, modeste vengeance, et la porte se referma presque aussitôt dans son dos. Tayuya baissa la tête pour ne pas se prendre les pieds dans la rainure du sas menant aux étagères à bagages, et ne la releva que pour se faire rentrer dedans par un garçon aux cheveux ébouriffés qui sortait du compartiment.

- Hé, fit il avec visiblement l’intention d’ajouter quelque chose, mais Tayuya avait déjà réagit.

- Hey! s’exclama-t-elle vivement. Fais gaffe où tu marches, boulet!

Il la regarda, légèrement surpris. Elle était plus petite que lui, mais ses yeux noisette le regardaient furieusement de part et d’autre de la mèche qui lui traversait le visage.

- Holà, du calme, dit-il avec un petit sourire (la fille était mignonne, malgré tout), mais elle le bouscula d’un coup d’épaule pour pouvoir entrer dans le compartiment 5, remarquant au vol qu’il avait deux marques sur les joues, semblables à des peintures tribales. "Encore un taré", pensa-t-elle. Le jeune homme la laissa s’éloigner et haussa les épaules, avant de rejoindre le wagon-restaurant.

Traînant impitoyablement son vieux sac par la sangle, Tayuya marcha entre les rangs de fauteuils moquettés, à la recherche de sa place. Avec une pointe d’agacement, elle vit qu’il s’agissait de ces sièges placés par quatre autour d’un semblant de table pliante : elle aurait bien aimé être seule, même si pour l’instant il ne s’y trouvait qu’une personne. Elle jeta le sac dans le range bagage situé en hauteur, s’attirant une exclamation désapprobatrice de la part de la femme entre deux âges assise à côté de son emplacement. N’y prêtant pas la moindre attention, Tayuya se laissa tomber dans le siège à côté de la fenêtre et mit un pied sur le rebord de la tablette, un coude sur son genou, regardant d’un air indifférent au-dehors. Le train s’ébranla dans un crissement de roues et sortit de la gare en une longue courbe. Il prit de la vitesse, et bientôt la ville grise et polluée s’éloigna pour disparaître tout à fait aux yeux de Tayuya. Le visage toujours renfrogné, elle ressenti malgré tout un certain soulagement. Elle détestait cette agglomération, où tout était sale et moche; elle détestait ses habitants qui n’étaient pas fichus de laisser en paix ceux qui ne demandaient rien que du silence. La vitre de la fenêtre vibrait légèrement dans son joint. Tayuya soupira imperceptiblement et se laissa aller contre le dossier de son fauteuil, la tête appuyée contre le rideau gris fixé sur la paroi. Elle fixa son regard sur le siège d’en face, vide, et se laissa bercer par la course du train sur ses rails.

Kiba reposa sa canette de soda sur le comptoir, produisant un petit bruit métallique. Accoudé, il observait les personnes occupant le wagon restaurant. Il avait déjà repéré la famille en vacances, qui avait oublié le pique-nique des enfants sur la table de la cuisine, et se voyait donc forcée de dîner ici, ce qui crevait le budget prévu pour ce voyage. Kiba reprit sa boisson et en but une gorgée. Il était vrai que tout était hors de prix, dans les TER. A l’autre bout du wagon se tenait un groupe d’étudiants qui s’enfilaient des bières achetées dans la dernière supérette rencontrée à Orléans; eux, au moins, avaient prévu le coup. La nuit tombait doucement, obscurcissant les fenêtres. Le voyage durerait encore longtemps... Brusquement lassé de l’inaction qui régnait dans la pièce, Kiba termina d’un trait son coca et se détacha du comptoir. Il marcha nonchalamment vers la sortie en écrasant la canette entre ses doigts, mit une main dans sa poche et jeta au passage le morceau de métal devenu difforme dans la poubelle en plastique sponsorisant une marque de glace dégoûtante.
Les mouvements du train se firent plus brusques, et il dû utiliser ses deux mains pour arriver à sa place sans trébucher. Sa sinistre compagne de voyage, montée à Dijon, jeta un regard crispé vers ses peintures faciales avant de se concentrer plus que nécessaire sur son tricot. Kiba sourit sous cape en s’asseyant, et s’aperçu alors de la présence d’une personne sur le siège face à lui. Dérangée par le bruit qu’il fit en dépliant sa tablette, elle redressa la tête et Kiba reconnu la fille qu’il avait accrochée au tout début du voyage. Elle dû le reconnaître également, car son visage se ferma et elle s’enfonça davantage dans le creux de son siège. Il lui envoya un clin d’oeil, auquel elle répondit par un regard méprisant. Kiba s’installa confortablement, sorti un livre de sa poche et l’ouvrit, souriant toujours pour lui-même. Ce voyage ne sera peut-être pas si ennuyeux, finalement.

Pourquoi la voile? Pourquoi une activité qui nécessitait de rester des heures au froid, à essayer de ne pas s’envoyer à la baille? Tayuya ne pouvait pas imaginer pire. Et pour couronner le tout, elle venait de s’apercevoir qu’elle avait oublié ses cigarettes sous son lit, ce qui constituait en soi un double problème : de un, sa mère, qui profiterais de son absence pour ranger sa chambre (bordélique au possible), les retrouverai et lui passera un énième sermon sur le tabac nocif à la santé, qui détruirait sa voix et ternirait son teint (comme si elle y attachait la moindre importance); et de deux, elle ne tiendrait pas longtemps sans sa dose quotidienne. Elle fouilla dans sa poche à la recherche de monnaie, et sentit sous ses doigts son dernier billet de 10 euros. Au moins, elle pourra acheter un paquet à la prochaine gare. La jeune fille enfouit ses mains dans les manches trop longues de son pull bleu. Kiba, qui avait reposé son livre depuis longtemps, décida d’aller se chercher un second coca. Il se leva.

- Tu veux boire quelque chose? demanda-t-il tout à fait charitablement à Tayuya.

- Dégage, fut sa réponse.

- OK, dit le jeune homme sans se démonter.

Et il s’assit, se laissant aller contre le dossier de son siège. Tayuya resta imperturbable. Il se foutait d’elle. Très bien, si ça l’amusait. Elle serait ravie d’avoir un prétexte pour lui démolir le portrait, ça évacuerait l’irritation qu’elle ressentait à la perspective du stage ; malheureusement, il n’ajouta rien.

- Le train arrivera dans quelques instants au Mans. Trois minutes d’arrêt.

La femme au chignon s’anima soudain, rassemblant ses affaires, arrangeant ses vêtements. Tayuya l’observa fermer son sac à main et le poser sur ses genoux, les deux mains fermées comme des pinces sur les anses, puis elle détourna les yeux et croisa ceux du sale type assis en face d’elle. Ils s’affrontèrent du regard, elle flegmatique, comme à son habitude, lui amusé. Le train commença à ralentir, et les lumières de la ville se rapprochèrent.

- T’as vraiment l’air con, avec ton bonnet, dit soudain Kiba.

- Beaucoup moins que toi et ta gueule de clown, répliqua Tayuya du tac au tac.

- Wow, une phrase entière!

- Y manque le verbe, Bozo. Va réviser ta grammaire et fout-moi la paix, j’aime pas les gens qui font du bruit.

- Dommage pour toi, moi, j’adore ça.

- La ferme.

Kiba croisa ses doigts derrière la tête.

- Tu fais pitié, dit-il.

Tayuya se redressa lentement. Elle sentait la colère monter en elle. La femme en gris resserra sa prise sur son sac, regardant ailleurs, priant sans doute pour que le TER s’arrête bientôt. Kiba avait un petit sourire sarcastique sur le visage.

- Tu cherches vraiment les coups? Je te prends quand tu veux !

- On est dans un train, ma chérie. Ça veut dire qu’il n’y a pas un centimètre carré de libre pour jouer.

- Tu crois que t’assures, Bozo, mais t’a rien dans le ventre, jeta Tayuya.

Leur voisine commençait à transpirer. Elle passa un doigt entre le col de son chemisier blanc et son cou, comme s’il était soudain devenu trop étroit, et se leva avec soulagement pour descendre du train lorsqu’il se fut immobilisé. Elle parti précipitamment, sans jeter un regard en arrière, laissant les deux jeunes gens en face à face.

- Me fait pas croire que tu peux faire quelque chose de tes petits poings, caïd, lança Kiba.

Il ne l’attaquait pas par méchanceté, mais par provocation. Pour s’amuser. Pour voir. Kiba n’était pas du genre prétentieux ou hautain, mais aimait qu’on le croie ; sa grande assurance l’aidait dans cette grande entreprise. En vérité, cette fille lui plaisait, avec son air voyou et sa frimousse en colère.

- Démonstration ? dit Tayuya avec un sourire carnassier.

Alors seulement, Kiba hésita. L’expression qu’elle venait de prendre lui était horriblement familière. Il cherchait une réplique qui tardait trop à venir quand un contrôleur apparut soudain entre eux deux.

- Billets, siouplaît !

Il leur jeta un coup d’oeil en prenant leurs tickets.

- Vous êtes mineurs ? demanda-t-il. Alors, il me faut aussi une pièce d’identité.

Les deux adolescents, interrompus à l’instant où la dispute devenait intéressante, cherchèrent leurs passeports, et Tayuya dû farfouiller dans les profondeurs de son sac pour le retrouver (corné). Le contrôleur les regarda à peine et poinçonna les billets sans plus tarder, pressé de rejoindre son gobelet de café.

- C’était bien la peine, marmonna Tayuya en fourrant son maudit passeport dans le sac qu’elle jeta sur la place vide à côté d’elle.

- Tayuya, c’est pourtant joli, comme prénom, dit Kiba d’un air pensif.

- T’as vu mon nom sur mon passeport ?!

- Ben quoi, c’est interdit ? Tu veux savoir le mien ?

- M’en fout !

- C’est Kiba. Ça veut dire "beau gosse".

- Va jouer sur les rails, gueule de clown !

Le train s’ébranla à nouveau et repartit. Avec ça, Tayuya avait oublié de descendre chercher des cigarettes.


* Tuuut!*

- Rennes, un quart d’heure d’arrêt !

Le bonnet de travers et la bouche pâteuse, Tayuya émergea de son assoupissement. Elle bailla et se leva.

- Tu descends ici ? demanda Kiba en mimant l’espoir.

- Nan, répondit-elle en s’étirant.

- Tu vas où, alors ?

- Ça te regarde ?

Elle commença à partir, puis rebroussa chemin.

- Des fois, tu saurais pas où j’pourrais trouver des clopes à c’t’heure-ci ?



Tayuya ressortit du tabac ouvert 24h/24 avec le précieux paquet à la main. Kiba attrapa un Twix, jeta la monnaie au gérant et la rejoignit. Elle avait déjà allumé une cigarette et tirait une bouffée avec délectation.

- T’es accroc au point de ne pas pouvoir attendre de tomber sur un endroit moins cher? demanda-t-il en ouvrant sa confiserie avec les dents.

- Pas fumé depuis c’matin, dit Tayuya en fermant les yeux.

- Eh ben... dit Kiba en la regardant souffler un épais nuage de fumée grise.

Ils marchèrent vers la gare, lui avalant son Twix en deux bouchées, elle en s’enfilant cigarette sur cigarette.

- Garde-en pour plus tard ! Conseilla Kiba alors qu’elle allumait la quatrième.

- Ta gueule, faut que je tienne jusqu’à Portsall à cause de cette foutue loi qui interdit de fumer dans les trains !

- Non... Tu vas à Portsall ? s’exclama le jeune homme en réprimant un rire.

Tayuya arrêta son geste, sa cigarette à quelques centimètres de ses lèvres, puis tourna lentement la tête.

- Me dis pas que t’y va aussi, où je te démonte sur place.

- Désolée, ma vieille, mais j’ai un stage de voile d’un mois qui m’attends là-bas !

- QUOI ?! REPETES ?!

Kiba recula prudemment d’un pas.

- Ah, toi aussi ? dit-il, un brin inquiet.

- Je vais devoir te supporter un mois ?! Grinça Tayuya en faisant craquer ses jointures.

- Euh...

Heureusement pour Kiba, un sifflement sonore la stoppa dans son élan, et ils durent courir comme des dératés pour monter à temps dans leur train. Essoufflés, ils s’effondrèrent contre les étagères à bagages du sas de jonction tandis que le TER prenait de la vitesse.

- Bon sang... articula Tayuya. On a failli... le rater...

- Eh, si tu ne fumais pas, tu n’aurais pas la respiration massacrée et tu serais allée plus vite !

- Tu nous as retardés avec tes questions à la con !

- Dis donc, je t’ai trouvé des clopes, et c’est comme ça que tu me remercies ?

- Je t’ai pas demandée de venir avec moi !

- Excusez-moi, les jeunes, mais vous gênez...

Ils s’écartèrent pour laisser passer un homme et son attaché-case. Renonçant à se battre, Tayuya et Kiba entrèrent dans le compartiment et regagnèrent leurs sièges, où les attendaient un autre problème: deux garçons en jean et une fille brune vêtue de rose les occupaient.

- Dégage de ma place, lança Tayuya à la fille, assise près de la fenêtre.

Ils la regardèrent tous.

- Pardon ?

- J’ai dit : dégage de là, répéta Tayuya du même ton nonchalant.

La fille, loin de paraître choquée par ce manque total de civilité, sourit d’un air méprisant.

- Tu te prends pour qui, gamine ? dit-elle sans avoir la moindre intention de partir. On ne t’a jamais appris à dire "s’il te plaît"?

Kiba se crispa, craignant une explosion de la fumeuse au bonnet.

- Dégage de là, "s’il te plaît".

Surpris, il rouvrit les yeux. Tayuya restait dressée devant les trois personnes. La fille en rose sourit davantage et retourna à la lecture de son magazine, la dédaignant ouvertement.

Elle n’aurait pas pu faire pire. Tayuya se glissa entre les sièges et la table et saisi la malchanceuse par le col de son délicat pull en cachemire. Les deux garçons, qui n’avaient pas réagit jusque là, se redressèrent.

- On t’as jamais appris qu’il fallait pas faire chier les autres ? dit Tayuya entre ses dents.

La fille ne souriait plus.

- Lâche-moi, tu vas déformer mon pull !

- Le mot magique ?

Cette fois, elle fut vraiment furieuse et jeta un regard à ses amis.

- Alors, on n’aide pas sa petite copine ? Leur jeta Tayuya sans lâcher prise. Je vous préviens, si vous ne faites rien, elle va avoir un p’tit problème.

- LACHE MOI, sale garce ! Protesta la fille en rose en agrippant les poings de Tayuya, et en désespoir de cause, ou pour ne pas perdre la face devant les autres, elle lui cracha au visage.

Kiba sa cacha la tête dans ses bras. La voyageuse rose était morte, cette fois. Tayuya la souleva légèrement d’une main.

- T’as épuisé mon crédit d’indulgence, poulette.

Et elle lui décocha une magnifique droite qui l’envoya contre la vitre. Les deux types en jean se levèrent enfin en hurlant.

- Eh, ça ne va pas ?!

- Tu es complètement folle, ou quoi ?!

Heureusement pour eux, il n’y avait personne dans ce coin du compartiment, pensa Kiba. Du sang coulait abondamment du nez de la fille, ruinant définitivement son cachemire. Tayuya leva une seconde fois le poing.

- Vous en voulez aussi ? dit-elle à l’adresse des "copains" de sa victime qui n"étaient pas fichus de prendre sa défense. Récupérez ça et dé-ga-gez.

Contre toute attente, ils obéirent, en pestant, mais obéissant quand même. Il fallait dire, aussi, qu’il n’avaient pas vraiment le choix: la fille avait un besoin urgent de trouver de l’eau et du coton. Ils partirent en leur promettant des représailles, remarque que Tayuya ignora superbement. Elle s’assit à sa place et croisa les pieds sur la table le plus tranquillement du monde.

- OK, dit Kiba en s’asseyant à son tour, tu sais te battre. Mais on va se faire éjecter du train.

- Non. Ils n’oseront pas avouer qu’ils se sont faits virer du wagon par une gamine.

Kiba réfléchit quelques instants.

- Ouais, c’est pas faux.

Il ressorti son livre.

- Tu vas vraiment au stage de voile de Portsall ?

- ... ouais.

- Eh ben, on va rigoler... dit-il en souriant, le nez dans son livre.

Tayuya ne releva pas et se contenta d’appuyer sa tête contre la fenêtre, et la redressa aussitôt.

- Passe-moi le truc qui pend à ton cou, gueule de clown !

- Pour quoi faire ?

Tayuya ne répondit pas et saisit l’écharpe qu’elle roula en boule, puis entreprit de nettoyer avec le sang répandu sur la vitre. Kiba, qui croyait qu’elle voulait s’en faire un oreiller (ce qui l’aurait étonné, d’ailleurs), récupéra aussitôt son bien en traitant l’adolescente de tous les noms. Elle lui montra tout l’intérêt qu’elle portait à ses propos en s’endormant. En l’entendant ronfler, Kiba resta perplexe quelques instants. Au début du voyage, c’était lui qui mettait ses nerfs à l’épreuve. A présent, c’était l’inverse. Il regarda ses mèches fauves en désordre sur son visage et, finalement, sourit. Au moins, c’était une fille intéressante !



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