Fiction: Vendetta

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Trois jours.

C'est le temps que passa Sasuke à l'hôpital suite à sa crise de larme dans les bras de Naruto.

Trois jours dans le mutisme le plus complet, n'adressant la parole à personne, se laissant faire comme un automate, mangeant et dormant quand il le devait. Plongé dans une sorte de coma éveillé duquel il refusait de sortir.

Les médecins avaient bien essayé de communiquer avec lui en lui demandant simplement de répondre à leurs questions en clignant des yeux une fois pour "oui" ou deux fois pour "non". Mais Sasuke évitait désormais tout contact visuel. Les médecins avaient alors abandonné cette idée et décidé de ne soigner que son corps pour le moment... Il en avait passablement besoins d'ailleurs; l'épée de Tobi avait causé de sérieux dégâts dans son organisme.

Mais Sasuke n'était pas absent, ou du moins pas entièrement comme tous les docteurs le pensaient. Il avait parfaitement conscience de tout ce qui l'entourait: les pas des infirmières dans le couloir, l'oiseau qui venait de se poser sur le rebord de sa fenêtre, le goût fade de la nourriture dans sa bouche, le va-et-vient constant de son médecin toute les heures qui venaient constater qu'il n'y avait aucune amélioration, Naruto, toujours assis en silence sur une chaise à sa gauche...

Il se souvenait d'ailleurs parfaitement de la discussion qu'il avait entendue entre le garçon blond et une femme qui s'était présentée comme étant psychologue lors de son deuxième jour de silence :

- L'état de Sasuke Uchiwa est en partie explicable, avait-elle annoncé à Naruto de sa voix douce, enfin c'est plutôt une hypothèse, en prenant en compte les événements survenus dans sa vie, vous savez, - sa voix avait baissé d'un ton - le massacre de la famille par son frère aîné et tout ça...

Sasuke avait à peine entendu le vague grognement qu'avait émis Naruto en guise de réponse.

- Et bien, poursuivit la psy, pour faire simple il vit ce que l'on appelle un " processus de deuil ", c'est à dire qu'il doit passer par différents stades: choc, colère... afin de surmonter ce traumatisme.

- Mm, et il serait dans lequel à présent ?

- La dépression, c'est une sorte de prise de conscience de notre impuissance vis-à-vis du décès des personnes aimées, chaque personne vit ce stade à sa manière: certains pleurent fréquemment, d'autres ressentent un énorme vide... Dans le cas de Sasuke je dirais qu'il se renferme sur lui-même. C'est plutôt extrême comme réaction bien sûr, mais le choc et son hospitalisation suite à sa blessure en sont peut-être la cause.

S'ensuivit un cours silence pendant lequel Naruto devait être en train mesurer et analyser les propos de la psychologue, en bon ninja qu'il était.

- Hum, et qu'est-ce qui fait qu'on passe d'un stade à l'autre ? Demanda finalement Naruto d'un voix calme de laquelle transparaissait clairement une pointe de scepticisme, je veux dire, cela fait quand même un moment que ses parents et sa famille sont décédés... Ce ne serait pas plutôt autre chose qui l'aurait plongé dans cet état végétatif ?

- Il est vrai, reprit toujours de sa voix mesurée la doctoresse, que ce processus ne prend pas autant de temps ordinairement, mais vu l'importance du drame qu'il a du traverser... Enfin, nous n'avons pas vraiment de point de comparaison...

- Je vois...

- Mais rassurez-vous, le stade suivant est l'acceptation. Théoriquement, il reprendra connaissance quand il se sentira prêt et pourra enfin vivre avec ce fardeau !

Après, Sasuke avait cessé d'écouter ce tissus d'inepties débité par cette voix sucrée, mais il imaginait sans mal le sourire ironique que devait afficher Naruto. Lui non-plus ne devait pas croire à ces conneries d'acceptation et de deuil; théorie humaine élaborée dans la seule fonction de rassurer les hommes sur leur faiblesse et leurs réactions incohérentes face à la mort.

Sasuke n'avait jamais eu besoins d'explication pour saisir ce que voulait dire mourir ou expliquer les sentiments violents qui naissent dans les cœurs à l'annonce de la mort d'une personne. Né dans une famille de ninja il n'avait jamais cru les adultes quand ceux-ci lui racontait que la mort était un profond sommeil ou un voyage dans un autre monde. Non, il savait que la mort n'était pas comme ça, qu'elle n'avait rien de romantique ou de poétique. Elle était sale, elle était moche. Point final.

Et on ne pourrait jamais rien y changer.

En réalité, Sasuke pensait. Il repensait aux paroles de Tobi, à son énigme du pourquoi, au doute qui l'avait envahit, à Itachi, à tout ce qu'il avait accompli jusque là... Et pour cela il avait besoins de toute sa concentration. C'est pourquoi il refusait d'adresser la parole à qui que ce soit ou à regarder les gens dans les yeux - fenêtres trop transparentes de leur esprit- car il savait que leurs paroles influenceraient son raisonnement, ils lui poseraient des question sur ce qui s'était passé et il n'avait pas envie d'y répondre.

Il ne voulait pas de l'avis des autres, de leurs paroles, trop de personnes avaient déjà suffisamment pensé pour lui dans le passé. Il voulait se forger sa propre opinion des paroles de Tobi et prendre sa propre décision quand à la stratégie qu'il adopterait ensuite.

Mais un mot ne cessait de l'obnubiler, une pensée qui revenait sans cesse, plus claire et plus forte que les autres : vengeance.

Même si Itachi avait agi poussé par quelqu'un d'autre, son crime n'était pas pardonnable pour autant et ça aurait été à lui, Sasuke Uchiwa de le punir pour cela. Il ressentait toujours cette même haine et rancœur vis-à-vis de Naruto. Il allait payer.

Il irait jusqu'au bout de la destruction de Naruto.

C'est la première conclusion à laquelle il arriva.

La seconde était que l'autre personne devait aussi payer, et pour cela il devait se renseigner sur certains points, à commencer par son identité, aux archives de Konoha comme lui l'avait recommandé Tobi...

Ainsi, le troisième jours, Naruto découvrit Sasuke vêtu de ses habits de shinobi, ses affaires prêtes et l'air déterminé.

- On y va, déclara simplement Sasuke.

C'est ainsi qu'ils reprirent la route en sens inverse en direction de Konoha, malgré les craintes et les réticences du corps médical vis-à-vis de l'état de Sasuke. Ils ne coururent pas d'arbres en arbres comme lors de leur premier trajet, Tsunade leur ayant fait parvenir un message leur indiquant que la situation n'avait rien d'urgente et qu'ils ne devaient rien faire qui puisse aggraver la blessure de Sasuke pourtant en phase avancée de guérison. Alors ils marchèrent; Sasuke devant, porté par l'envie de connaître enfin la vérité et la hâte d'arriver à Konoha et Naruto, suivant le rythme derrière lui. Sasuke pouvait sentir son regard inquiet sur lui, à l'affut du moindre signe de fatigue de sa part. Il lui brûlait la nuque, c'était insupportable.

Enfin, ils décidèrent de s'arrêter pour la nuit et montèrent un campement de fortune au milieu duquel ronflait un feu. Mais Sasuke n'était pas fatigué, aussi s'occupait-t-il comme il pouvait: allant ramasser du bois mort pour alimenter le feu, accomplissant quelques étirements ou essayant de se distraire en lançant son kunaï contre une souche morte.

Il ignorait la douleur qui fleurissait au sein de sa poitrine, tout cela sous le regard réprobateur de Naruto qui l'observait, appuyé contre un rocher à côté des flammes.

- Sasuke, je crois que tu devrais te ménager un peu.

Il s'y attendait. Sa mâchoire se contracta, à vrai dire il l'avait inconsciemment cherché, juste pour avoir un prétexte pour se défouler sur Naruto qui n'avait pas cessé de le materner depuis sa crise de faiblesse, juste après son arrivée à hôpital. Il détestait ça, surtout venant de sa part.

- Je ne suis pas fatigué, je ne vois même pas pourquoi on devrait camper ici, c'est une perte de temps, siffla hargneusement Sasuke sans la regarder, ramassant toujours du bois; malgré qu'il ait déjà amasser une réserve conséquente à quelques pas du feu.

- Les médecins ont dit de ne pas trop forcé et là je vois bien que tu as mal ! C'est stupide, soupira Naruto en levant les yeux au ciel.

Sasuke se retourna avec un regard mauvais, la douleur l'élançait par vague jusqu'à son bras droit mais il préférait souffrir en silence plutôt que faire ce que le blond suggérait et donc de lui donner raison. Ce n'était pas très mature, il s'en rendait bien compte mais le voyage trop lent ajouté à sa douleur et son empressement pesaient sur son jugement. Il toisât le blond avec colère.

- Je n'ai pas besoins qu'on me materne et je connais mes limites, répliqua Sasuke en fusillant Naruto du regard.

- Je disais ça pour toi.

Sasuke grinça des dents. Quelque part, un oiseau laissa échapper un unique cri perçant, seul bruit dans la forêt qui les entourait. Naruto et lui s'observèrent en silence, même si Sasuke ne distinguait que le reflet des flammes à la place des iris bleus de Naruto. Il se détourna finalement et continua sa quête, chargeant ses bras déjà bien encombré de bois lourd. Qu'est-ce qu'il s'ennuyait !

Et cette douleur qui ne cessait de tisonner son cœur.

- Je n'ai pas besoins que l'on s'occupe de moi, compris ? Lança Sasuke, surtout pas toi ! Je te l'ai dit Naruto : je...

- " Je te hais ", oui j'ai compris, l'interrompit abruptement Naruto, tu me hais et tu veux me détruire, je sais. Tu parles beaucoup Sasuke, mais pour l'instant je n'ai pas vu beaucoup d'actes !

Sasuke s'apprêtait à lui répondre, quand une pulsation de douleur le foudroya sur place. Il lâcha son chargement qui s'écrasa à ses pieds dans d'horribles craquements. Bruits sinistres dans cet atmosphère calme.

Il entendit à peine Naruto l'appeler et lui demander qu'est-ce qui se passait car il cru que son cœur venait d'exploser dans sa poitrine, pulvérisant sa cage thoracique. Il allait mourir, il jurait qu'il sentait son sangs lui remonter à la tête comme un raz de marée. Un voile rouge passa devant ses yeux et il ne ressentit bientôt plus que la douleur.

Titubant et tentant de se retenir à quelques branches basses, Sasuke se mordit la lèvre inférieure pour ne pas hurler.

La seconde d'après, il était à genoux sur le sol recouvert d'humus, le corps parcouru de sursauts et vomissant du sang. Les larmes lui montèrent aux yeux et son œsophage était en feu, il sentit à peine les mains de Naruto lui écarter les mèches de ses cheveux mi-longs qui lui collaient aux tempes par la transpiration et lui recouvraient ses yeux.

Ce fut horrible.

Quand il fut certain qu'il n'avait plus rien à rendre et que la douleur était redevenue suffisamment supportable, il repoussa sans ménagement Naruto de la main et se remis debout. La forêt oscilla un moment avant que son esprit retrouve le sens de l'équilibre. Il tituba jusqu'au campement et se laissa tomber à coter du feu. Il avait si froid. Naruto le rejoint bientôt, silencieux, il lui tendit une gourde remplie d'eau que Sasuke lui arracha des mains.

Tendis que Sasuke buvait, Naruto fouilla dans leurs paquetages et sortit une de leurs couvertures de voyage.

- Tiens, dit-il en la lui passant autour des épaule.

Sasuke tourna son visage vers lui, ses sourcils froncés par l'étonnement qui se lisait clairement sur son visage. Cette réaction infligea une gifle mentale à Naruto qui n'avait pourtant pas pensé à l'interprétation que pourrait se faire Sasuke vis-à-vis de ce geste. D'ailleurs celui-ci semblait en colère.

- Avec tout le sang que tu as vomi c'est normal que tu aies froid, Tsunade serait furieuse si je te ramenais en mauvais état, ajouta Naruto pour se justifier, va pas penser pas que j'en aie quoique se soit à faire de toi.

Sasuke ricana. Ce rire lui fit mal à sa gorge irritée.

- Tu as encore du sang au coin de la bouche, ne put s'empêcher de lui faire remarquer Naruto d'un ai détaché.

Sasuke porta sa main à la commissure de ses lèvres et essuya la bile et le sang qui s'y trouvait d'un revers de manche. Le sangs sur le tissus était d'un beau rouge foncé à la lumière des flammes, même si un peu de salive venait en ternir l'éclat.

Le sang avait toujours eu quelque chose d'érotique pour Sasuke, mais pas dans le sens pornographique du terme où celui-ci était représenté bestialement et grossièrement. Non, c'était quelque chose de plus intime, de plus poétique encore plus que n'importe quel autre fluide corporelle humain. Il était l'essence de la personne, le goût de l'autre.

C'est alors qu'une idée tordue lui vint l'esprit.

C'était vraiment malsain, pervers et risqué. Mais tellement tentant...

- Naruto... L'appela-t-il avec son plus beau sourire tout en se tournant vers le garçon blond.

Ce dernier se tourna vers lui avec méfiance, le ton était trop doux et la lueur qu'il voyait danser dans les prunelles de Sasuke ne lui inspirait nulle confiance. Le sourire sardonique de Sasuke s'agrandit, découvrant une lignée de dents blanches parfaitement alignées.

- Naruto, répéta-t-il, tout à l'heure te me parlais d'acte, en voici un qui te donnera un avant goût de ce qui t'attend.

Sasuke se pencha en avant et posa délicatement ses lèvres contre celles de Naruto, qui, abasourdi, perçut instinctivement ses muscles se crisper à ce contact chaud et humide. Sentant que Naruto n'allait pas tarder à le repousser, Sasuke passa sa langue contre les lèvres soudées du blond et se retira aussi vite qu'il s'était avancé. Comme deviné par Sasuke, Naruto se recula vivement, les yeux grands ouverts et sans quitter Sasuke du regard. Le brun lui adressa un dernier sourire empli de menaces silencieuses et s'allongea sur le sol, dos à lui.

Choqué, Naruto observa un moment le dos de sons ancien coéquipier se soulever doucement au rythme de sa respiration avant de se coucher à son tour, l'estomac serré. S'interrogeant sur la signification de cet acte et de ses conséquences.

Il mit long à trouver le sommeil, toutes les positions lui étaient insupportables et la présence silencieuse à sa gauche ne faisait rien pour arranger les choses. Et surtout il avait cet arrière goût amer sur les lèvres dont il n'arrivait pas à se débarrasser. Métallique.

Un avant goût de ce qui l'attendait.

Le lendemain, Naruto fit comme si rien ne s'était passé et, fort heureusement pour lui, Sasuke calqua son attitude sur la sienne.

Les derniers kilomètres qu'ils parcoururent furent les plus rapides et les plus lourds qu'ils aient jamais parcourus jusqu'alors, et cette fois-ci, pour son plus grand plaisir, Sasuke ne sentit plus le regarde de Naruto sur sa nuque.

Enfin, Konoha apparut à l'horizon et quelques minutes plus tard ils se tenaient tout deux devant Tsunade, leurs affaires encore sur le dos. Sasuke écouta d'une oreille distraite Naruto relater leur périple à l'Hokage, se gardant bien de garder pour lui l'épisode du campement mais signalant néanmoins son état de santé. Tsunade congédia donc Sasuke en lui ordonnant d'aller se faire examiner à l'hôpital.

Sasuke la salua et quitta la pièce.

Mais il ne se rendit pas à l'hôpital, endroit qu'il avait l'impression de beaucoup trop fréquenté ces temps, et prit le chemin de la bibliothèque de Konohoa. Il franchit les grandes portes de l'imposent édifices, tendis que l'odeur désormais familière de vieux papier et de poussière lui rappela les jours où il venait triller les archives en compagnie de sa garde rapprochée. Et dire qu'à présent il allait y retourner de son plein gré !

Après avoir demandé le pass à la petite grand-mère qui les avait accueilli lors de son premier jour et ignorant son regard méfiant de cette dernière, il retrouva la clarté artificielle de l'étage des archives avec une certaine nostalgie, l'odeur du vieux papier et de la poussière y était encore plus présente qu'à l'étage.

Les archives étaient classée par année. Itachi avait été au service de Konoha durant 6 ans... Sasuke ne perdit pas de temps et s'attela à sa fastidieuse tâche.

Les premières années de la vie de shinobi d'Itachi n'étaient pas très passionnante. Les rapports de missions de cette époque le concernant étaient rédigés par des mains autres que la sienne; sûrement ses coéquipiers de missions. Il y était souvent mentionné pour souligner ses capacités extraordinaires ou son zèle particulier, même si la plupart des missions étaient loin d'être passionnante, un cran au-dessus de celle qu'on leur confiait autrefois à Naruto, Sakura et lui-même à leurs débuts, elles ne lui semblaient pas être spécialement importantes pour sa recherche.

Mais rapidement le rythme s'accéléra. Aux simples missions d'escorte plus ou moins sans danger, se succédèrent les rapports d'espionnage de douteux personnages et les confirmations de la mort d'un tel ou d'une telle. Et cette fois c'était bien la petite écriture liée et serrée de son frère qui noircissait le papier.

Sasuke parcouru un à un tout ces rapports de missions, il redécouvrait la vie professionnelle de son frère : parfaite. Il n'y avait aucune bavure dans aucune de ses missions, pas le moindre petit anicroche qui eut pu ternir l'éclat de fierté qu'il avait fréquemment vu briller dans les yeux de son père en observant son frère.

Un sentiment de jalousie s'insinua malgré lui dans l'esprit de Sasuke. Itachi avait 9 ans où il en était dans ses recherches.... Quand lui-même avait cet âge, il était encore à l'académie en train de s'entraîner à viser avec des shurikens ! Il grimaça, l'enfant qu'il était autrefois ne pouvait s'empêcher d'éprouver encore de l'admiration pour son frère aîné...

Il reposa les documents à leur place et se dirigea avec résignation vers la rangée de l'année suivante.

Il avait déjà noté plus tôt que si les étagères étaient poussiéreuses et les documents inchangés de leur place depuis qu'on les y avait stockés, ceux couvrant les registres d'Itachi étaient recouverts d'une couverture de poussière nettement moins épaisse. Quelqu'un les avaient consulté. Sasuke garda cette observation en tête au cas où, mais cela datait certainement d'après le massacre de son clan; des gens cherchant comme lui une raison à cet acte insensé de la part d'un adolescent de 13 ans.

A moins que, beaucoup plus inconfortable pour Sasuke, se ne soit Tobi qui les ait consultés.

Mais pour l'instant peut lui importait la raison qui avait poussé cette personne à faire ces recherches, le temps s'écoulait et il n'était toujours pas plus avancé dans les siennes et il s'attendait à tout moment à entendre les petits pas de la vieille dame résonner dans l'étroit escalier qui conduisait aux archives venant lui demander de quitter les lieux. Sa quête était d'autant plus ardue qu'il devait parcourir absolument tous les documents, triant ceux qui avaient trait à Itachi d'une quelconque façon des autres. Pour l'heure, la seule solution qu'il avait trouvé pour gagner du temps était de se concentrer sur les missions de rang A, B et S ( quoique encore très rares durant les 9 ans d'Itachi ).

Il venait d'achever cette rangée, quand un léger toussotement dans son dos l'interpela. Michiyo-baasan se tenait entre deux rayons, le dos courbé par l'âge, elle lui indiqua calmement qu'il était temps de quitter son sanctuaire. A contre-cœur, Sasuke acquiesça et suivit la petite femme à l'étage supérieure, puis quitta la bibliothèque après l'avoir saluée.

Le ciel de Konoha était strié d'orange et de rose foncés, la nuit n'allait pas tarder à tomber mais Sasuke ne se sentait nullement l'envie de retrouver son petit appartement vide. De toute façon, se dit-il, sa tête bourdonnait tellement d'information à présent qu'il ne trouverait pas le sommeil. Aussi préféra-t-il prendre la direction des quartiers nocturnes du village où l'ambiance et de nouvelles connaissances l'aideraient sans doute à se distraire.

Le bar dans lequel il trouva refuge était un établissement connu et fréquenté par de nombreux ninjas venus se changer les idées après une journée bien remplie. Dés qu'il pénétra dans la grande pièce enfumée, Sasuke balaya la clientèle du regard, croisant quelque prunelles fixées sur lui et de nombreux coup d'œil curieux avant quand deux pupilles fendues ne retiennent son attention.

Les yeux de Kiba affichèrent un instant de la surprise avant de se plisser de malice. D'un geste de la main, il invita Sasuke à se joindre au petit groupe présent avec lui à sa table.

- Et ben ça alors ! S'exclama-t-il à l'adresse de Sasuke lorsque celui l'eut enfin rejoint, c'est vraiment le dernier endroit dans tout Konoha où je m'attendait à te voir !

- Je ne peux pas dire la même chose pour toi, répliqua d'un air amusé Sasuke en se glissant à la place que Kiba venait de lui faire à sa droite.

Les autres personnes présentes à la table l'observaient à présent avec une curiosité polie et amicale. Sasuke ne connaissait aucune d'elles, aussi Kiba s'empressa-t-il de faire de rapides présentations. Tous semblèrent très heureux de faire sa connaissance, après tout n'était-il pas le fils prodige de retour à la maison ? Son titre de héros qui lui avait été attribué suite à l'épisode du poison d'Orochimaru jouait décidément en sa faveur. Sasuke se montra poli et amical avec chacune des personnes, restant tout de même assez réservé, répondant à leurs questions de manière succincte et participant vaguement à la conversation générale. Mais il se retrouva bien vite exclusivement pris dans une conversation avec Kiba.

Il n'avait jamais été spécialement proche avec le jeune Inuzuka qu'il avait à peine redécouvert durant sa garde rapprochée, aussi fut-il surpris de trouver une personnalité bien plus intéressante que celle qu'il s'était attendue à rencontrer. Kiba avait un charisme naturel évident, il n'était jamais à cours de discussion et possédait le fort caractère commun à son clan. Abordant toujours un éternel sourire arrogant qui dévoilait ses canines pointues et faisait son charme, il avait tout du type qu'on aimait à détester et à aimer à la fois. Un peu grande gueule, il possédait un humour cinglant parfois au limite du politiquement correct et maîtrisait à merveille l'art des sous-entendus.

Sa personnalité plut tout de suite à Sasuke.

La soirée avançait et il était de plus en plus évident que plus personne ne leur prêtait aucune attention, aussi Kiba se pencha vers Sasuke pour se faire entendre à travers le brouhaha général,

- Ça te dit de bouger de là ? Je connais un endroit beaucoup mieux !

- Okay !

Sans même prendre la peine de dire au revoir aux autres, ils se glissèrent au-dehors de l'atmosphère étouffante et bruyante du bar pour rejoindre la fraîcheur de la rue éclairées par d'innombrables lampions colorés.

- Ah on s'entendait plus ! Déclara Kiba en étirant ses bras au-dessus de sa têtek, puis ajouta en tournant le dos à Sasuke, ça fait du bien !

- Alors où est ce fameux endroit ? Demanda Sasuke en rejoignant Kiba.

- Suis-moi, c'est pas loin.

Le dokuyaku (1) était un petit bar à l'est de Konoha où l'alcool à défaut d'être de bonne qualité était fort à bon marché, comme l'expliqua Kiba à Sasuke durant le trajet.

Quand ils y pénétrèrent, le contraste avec le bar qu'il venait de quitter était flagrant. La pièce était au moins deux fois plus petite et sombre, les murs étaient recouverts de soie bleue claire et de petites lampes voilées suspendues au plafond donnaient à la pièce une atmosphère douce et enfumée. Quant à la clientèle, elle était bien plus hétérogène, les ninjas se mêlaient tout aussi bien aux simples villageois qu'à d'autres badauds.

Ils prirent place au bar et Kiba commanda deux verres d'un liquide vert menthe que Sasuke se contenta de goûter du bout des lèvres. Il n'avait encore rien bu de la soirée et ne comptait pas commencer maintenant. Il devait garder son esprit alerte et éviter la gueule de bois le lendemain pour se consacrer entièrement à ses recherches. Kiba quant à lui, lui adressa un sourire carnassier et vida son verre d'une traite.

Au fur et à mesure que la soirée se poursuivait et que les verres vides s'empilaient, Sasuke constata que Kiba n'avait pas menti en lui disant que l'alcool était fort à cet endroit. Ce dernier parlait de plus en plus fort et son regard perçant devenait brumeux. Au bout du 8 ème shot, Sasuke décida pour lui que ça suffisait pour se soir et l'obligea à sortir.

Kiba tituba dans l'allée et se retint contre le mur de briques froides, emplissant ses poumons d'air frais pour contenir la nausée qu'il ressentait.

- Je comprends maintenant pourquoi cet endroit s'appelle comme ça, grimaça-t-il en posant une main sur son ventre, un verre de plus et j'étais mort !

Il se détacha du mur et se tourna vers Sasuke qui l'observait à quelques mètre de lui, les bras croisés sur sa poitrine.

Kiba avait retrouvé son air sur de lui et l'observait aussi. La lueur de la lune accentuaient les marques triangulaires sur ses joues, lui donnant un air encore plus animal que d'ordinaire, ses cheveux qui n'était plus retenus par son bandeau de ninja lui tombaient en mèches devant les yeux et se dressaient en piques sur sa tête, cachant partiellement son regard pénétrant.

- On fait quoi maintenant ? Demanda-t-il sans le quitter des yeux.

Sasuke arqua un sourcil, la question de Kiba était des plus anodine mais il avait très bien compris où il voulait en venir. Il se permit un sourire amusé.

- Je ne sais pas si tu es encore capable de faire quoi que ce soit dans ton état.

- Tu me sous-estime.

Rejoignant Sasuke en quelques foulées, il plaqua une main sur sa nuque et l'embrassa fougueusement. Se laissant faire, Sasuke posa ses mains sur les hanches pour l'attirer plus contre lui. Il laissa la langue de Kiba explorer sa bouche, répondant au baiser. Ils se livrèrent longuement à une lutte silencieuse, avant que Kiba ne capitule et lui laisse le contrôle de la situation.

Quand Sasuke mit fin au baiser, Kiba émit un grognement de protestation mais retrouva rapidement sa contenance. Sasuke passa une main sous le tissus de l'uniforme de Kiba, le faisant frissonner.

- Pourquoi tu fais ça ? Lui demanda le plus sérieusement du monde Sasuke.

Il ne faisait aucun doute que Kiba aimait les femmes, son attitude et leurs précédentes discussions en était la preuve. Même si Sasuke n'était pas contre la proposition qu'il lui faisait, il était quand même curieux de connaître ses motivation. L'alcool n'en étant visiblement pas la cause.

Kiba haussa les épaules.

- Pourquoi pas ? Je me suis toujours demandé comment c'était, mais je n'avais jamais eu l'occasion d'essayer jusqu'à maintenant.

- Et pourquoi moi ?

- Parce que j'ai du goût, sourit Kiba en mordant doucement la lèvre inférieure de Sasuke avec un air provoquant.

Sasuke sourit.

- Chez toi ou chez moi ?

Bien que n'ayant aucune expérience en la matière, Kiba s'avéra un excellant amant, sachant anticiper et se montrer soumis quand il le fallait. C'en était presque dommage qu'il préférât les femmes. Un vrai gâchis.

Une autre de ses qualités était que le lendemain matin il ne protesta pas quand Sasuke le réveilla et s'en alla de son propre chef; non sans l'avoir embrassé une dernière fois. Ils quittèrent l'appartement de Sasuke ensemble, et se séparèrent quand Sasuke prit le chemin de la bibliothèque du village.

Poussant un soupir en retrouvant la pièce souterraine, il entreprit de reprendre ses recherches où il les avaient laissées: les 10 ans d'Itachi.

Les heures se succédèrent et Sasuke commençaient à ressentir la fatigue de la nuit précédente ainsi qu'un certain agacement devant le manque de résultats. Il commençait à croire que Tobi l'avait mené sur une fausse piste et s'était bien foutu de lui. Les années défilaient entre ses mains et pour l'instant la seule confirmation qu'Itachi avait vraiment été promis à un avenir radieux lui était apparue.

11 ans.

12 ans.

Il approchait de la fin de ses recherches de la sixième année de loyauté envers le village caché de la feuille de son frère lorsqu'une note en bas du rapport qu'il lisait attira son attention.

"Je n'ai pas trouvé le document

engageant les deux clans rivaux à

tenir leur engagement les contraignant

a ne pas se battre entre eux.

Impossible de faire parler le

meneur du groupe, il s'est donné la mort avant qu'on ne l'interroge

en se faisant

hara-kiri"

Itachi avait l'habitude d'écrire ses rapports de façon claire et concise, aussi cette note était-elle inutile car il avait déjà mentionné plus haut la mort du chef du groupe de ninjas rebelles. Et Itachi n'avait jamais fait de note auparavant.

Il plia soigneusement le document qu'il glissa sous son uniforme afin de pouvoir l'étudier en détail plus tard.

Ses soupçons se confirmèrent en parcourant les rapports suivants, Itachi ajoutait de plus en plus de notes en bas de page et la plupart était inutiles ou manquaient vraiment de sens, comme si elles avaient été rajoutées dans un autre but que de rapporter la mission. Le cœur de Sasuke s'accéléra dans sa poitrine au fur et à mesure de ses découvertes. Il ne pouvait pas emporter tous les rapports ayant des notes en bas de page, mais il mémorisa consciencieusement toute les dates de celles qui en avaient.

Quand la gérante de la bibliothèque vint lui signaler qu'il était temps de partir, c'est dans un profond état d'excitation mentale qu'il la suivit jusqu'à l'extérieure. Cette fois, il prit directement le chemin de son appartement, trop pressé d'étudier le précieux document qu'il sentait contre sa peau.

Mais il eut la surprise de découvrir devant sa porte la dernière personne qu'il s'attendait à voir là.

Naruto l'observa arriver et afficha une moue réprobatrice quand il aperçut les marques et Kiba lui avaient faites durant la nuit précédente. Visiblement, il n'aimait pas les suçons et les morsures.

- Je vois que je ne suis pas le seul qui ait eu l'honneur de t'embrasser, déclara Naruto lorsque Sasuke arriva devant lui.

- Jaloux ?

(1) Poison en français



Tadaaaaaaaaaaaaaa !!

Enfin ! I did it ! J'en ai bavé pour l'écrire ( c'est ce qui arrive quand on fait des nœuds impossibles dans sa propres fic... ) et j'ai du en réécrire une bonne partie tellement j'avais l'impression de ne plus savoir écrire.

Aimé ? Pas aimé ? J'ferais mieux de me trouver une autre activité que la fanfic ? A vos claviers !

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