Fiction: La Légende (terminée)

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Reprenant leurs affaires et un petit approvisionnement supplémentaire en nourriture, tous les cinq repartirent du village de ces Ghâns en direction de l’Est, afin de remonter ensuite quelque peu au Nord pour essayer de trouver la pierre, cœur de la forêt. Cette fois-ci, en raison de la couche de neige qui s’était déposée sur le sol, ils n’eurent pas grand mal à percevoir d’où provenait la clarté verdâtre qui les entourait et c’est au quatrième jour de leur marche, aux alentours de la mi-journée, qu’ils débouchèrent devant un cercle de verdure où la neige ne s’était déposée, comme par magie. Adel sentait déjà depuis quelques jours qu’ils s’approchaient de la pierre et maintenant tous la voyaient flottant au centre de ce cercle immaculé du moindre léger flocon. Mais bien qu’il entendait son appel murmurant, par une crainte ou par méfiance, il ramassa une boule de neige et la lança à l’intérieur du cercle. A peine l'avait-elle pénétré qu'elle fondu et ne se déposa sur l’herbe fraîche qu'en de fines gouttelettes. Le druide s’assit alors pour méditer, sentant ce murmure grandissant en lui, mais Lankou sentait, quant à lui, une tout autre magie émanant de cette pierre et après s’être concentré à son tour, il annonça qu’il percevait non pas de la magie naturelle mais un semblant tissé de magie noire : la pierre avait été maudite ! En entendant ce mot, Adel se releva lentement et regardant ses compagnons avec quelque tristesse dissimulée au fond de ses yeux confirma les dires du nécromancien : la véritable "magie vivante" a presque entièrement quitté cette forêt et il ne reste en cette pierre qu’une malédiction se nourrissant des pouvoirs de la Nature. Il poursuivit en disant que pour permettre à l’Esprit de cette forêt de continuer à exister, il leur fallait détruire cette pierre et ainsi la malédiction. Mais comment faire cela, il ne le savait. D’après Kartum, un bon coup de hache dans le joyau et l’affaire serait réglée, mais les deux magiciens de retinrent tout de suite car on ne savait ce que cela pouvait déclencher. Adel se proposa de pénétrer seul ce cercle afin d’aller "communiquer" avec la pierre mais les autres lui enjoignirent d’inspecter encore quelque peu cette étrange zone immaculée afin de prévenir un quelconque danger. Thanatos ramassa alors une pierre et la jeta en direction de l’émeraude avant même que les autres purent l’en empêcher. Mais le caillou arriva au niveau du halo de lumière qu’elle dégageait et là il disparu, comme absorbé par cet éclat. Stupéfiés par cela, les compagnons s’avancèrent quelque peu mais arrivant alors en limite du cercle, ils sentirent comme une force qui les retenaient à l’extérieur. Le magicien élémentariste tenta alors quelque chose : il prononça des paroles secrètes et voici que de puissantes racines sortirent de la terre juste au dessous de la pierre magique et certaines l’enlacèrent avec force pendant que les autres s’élargissaient toujours d’avantage autour et formèrent un dôme, une cloche enfermant le tout. Alors tout devint sombre car la lumière de l’Emeraude était maintenant emprisonnée et il se fit un silence de mort. Mais Adel était également crispé et on pouvait lire sur son visage comme un état de combat interne car des grosses gouttes de sueur venaient lui couler depuis les tempes jusqu’aux joues. Chacun pouvait entendre son propre cœur battre violemment en lui et leurs respirations haletantes trahirent leur angoisse. Soudain leur ami druide chancela et se retenant contre un arbre eut la respiration coupée et se courba sous la douleur de ses muscles redevenus mous. S’avançant vers lui, ses quatre compagnons virent la cloche de lianes se ternir et s’effondrer pour disparaître dans la verte lumière à nouveau jaillissante depuis la pierre. Après avoir reprit son souffle, Adel se releva et donnant son sac à dos à Raziel, commença à s’avancer jusqu’au bord même du cercle, puis y entra en forçant comme une bulle invisible en disant : « je dois y aller ! ». S’approchant de la pierre dans la zone de forte lumière dense, poussé par on ne sait quelle pulsion, il empoigna l’Emeraude. Hurlant son nom, Raziel, Kartum et Lankou furent affolés de le voir s’effacer dans la verte nimbe grandissante et ne sachant que faire, ils restèrent consternés durant un long moment. Mais voici qu’un arbre de bien cinq mètres de hauteur poussa à toute allure sous leurs yeux stupéfiés à l’intérieur même du cercle, leur masquant ainsi la vue de la pierre magique. Cependant, les deux énormes branches qui sortaient de chaque côté se mirent à bouger, la base du tronc de fendit en deux et des trous se créèrent sur l’écorce au sommet de l’arbre, dessinant comme un visage. Soudainement ce fut tout l’arbre qui se mit à bouger, ou plutôt l’homme-arbre (car en vérité ils se rendaient bien compte à présent qu’il avait un aspect humanoïde), et il étendit ce que l’on distinguait être ses jambes pour sortir du cercle d’un pas lourd vers eux. Une de ses deux énormes branches se balança soudainement et Kartum fut projeté à quelques mètres de là. Fuyant alors devant ce géant de la forêt, Raziel et Thanatos furent arrêté par Lankou qui s’écria qu’il leur fallait abattre ce monstre car il sentait qu’à l’intérieur se trouvait prisonnier leur ami. Kartum se releva et les deux autres firent volte-face et esquivant du mieux qu’ils le purent les énormes bras de bois qui s’abattaient sur eux, ils s’acharnèrent à taillader de leurs armes les jambes de la créature. Ce n’est qu’après qu’ils eurent craché leur sang à cause des violentes attaques de l’homme-arbre qu’ils essuyèrent que ce dernier s’effondra, entraînant dans sa chute celle d’autres arbres.
S’empressant alors d’arracher l’écorce du tronc, les compagnons furent affligés de trouver à l’intérieur leur ami inconscient et la chair ouverte des mêmes blessures qu’ils infligèrent tantôt au géant de bois. Raziel lui prodigua les quelques premiers soins qu’il put en bandant les plaies avec des bandes de tissus déchirées de ses vêtements. Lankou se redressa et ordonna aux trois autres de l’emmener tout de suite chez les Ghâns pendant que lui resterait ici à préparer quelque sortilège de désenchantement et de désinvocation du Mal. Mais ils craignirent que pareille chose lui arrivât et lui dirent de venir avec eux et ne cédèrent à sa volonté que lorsque il leur assura qu’il ne risquait rien s’il prenait le temps suffisant.

Le chef des Ghâns était maintenant en train de réciter d’étranges suites de mots en soufflant de la fumée sur Adel dont les blessures avaient été lavées puis recouvertes avec une bouillie de plantes bizarres. Ce dernier n’avait eut d’infection ni de fièvre pendant le trajet et son rétablissement semblait certain. Quand le vénérable sylvestre eut finit, il annonça à Raziel que son ami serait entièrement sur pied d’ici quelques jours mais que s’il se sentait faible à certains moments avant, il devait manger ces plantes qu’il lui tendait. Mais ils leur fallaient à présent le laisser ici pour repartir afin de retrouver Lankou car ils était inquiets pour ce dernier. A peine avaient-ils repris leur marche depuis un jour qu’ils le trouvèrent revenant lentement vers le village. Il avait l’air extrêmement épuisé mais relevant la tête il leur annonça : « ça y est, c’est fini... j’ai réussi... » puis s’écroula dans leurs bras. Thanatos ne voulut cependant croire cela que par ses propres yeux et décréta qu’il allait simplement vérifier puis reviendrait immédiatement après pendant que les autres ramenaient Lankou chez les Ghâns. Mais Adel était maintenant remit sur pied, ainsi que Lankou, et Thanatos ne revint que plusieurs jours après se contentant de d’affirmer la destruction de la pierre en précisant que quelques ternes morceaux gisaient encore sur le sol, à l’intérieur du cercle redevenu sauvage et boueux comme les alentours du fait de la neige fondue.

Avant cela, et dès qu’il le put en vérité, Raziel s’en était allé trouver seul le vieux Ghân afin de discuter à propos de cette forêt et ce dernier semblait triste en disant que le pouvoir de la forêt n’avait à présent plus rien d’exceptionnel et que son peuple ira en vieillissant et en diminuant toujours d’avantage jusqu’à disparaître. Mais si la "Pierre Essence" était embrumée de sombre magie noire, alors c’était une bonne chose que de l’avoir détruite même si sa lumière et son pouvoir en furent également brisés. Et son peuple sauvage devait se réjouir que le Mal soit écarté de leur voie, c’est pourquoi une sorte de fête fut organisée le soir et là hommes, femmes et enfants dansèrent et chantèrent en tapant des rythmes sur des morceaux de bois creux autour d’un feu d’où s’échappait des volutes de fumée lorsque le chef y laissait tomber quelque poudre étincelante. Et grâce à sa longue pipe bourrée de divers tabacs mélangés à ses plantes, il soufflait également grande quantité de fumées fortement odorantes et à les respirer on se sentait l’esprit tranquille et le corps léger, n’ayant d’autre préoccupation que de savourer la joie présente.

La troupe d’expédition resta un long moment auprès de ses créatures sauvages si bien qu’ils finirent presque par faire partie également du village. Ils avaient vite appris leur mode de vie et le vieux chef leur enseigna également quelques secrets sur ses plantes aux propriétés diverses et magiques. A cela Adel et Raziel y furent les plus intéressés et l’écoutèrent attentivement sur la façon de les utiliser et de les trouver dans la nature mais Kartum, quant à lui, s’intéressa aux fruits et racines qu’ils mangeaient ainsi qu’à leur conservation, songeant que cela pourrait se révéler utile par la suite s’ils avaient à faire un long voyage en terre hostile où ils ne survivraient qu’avec ce qu’ils pourraient trouver en route. Ainsi ils restèrent à s’entraîner et apprendre à chacun leur manière durant plusieurs mois. Mais voici, les cercles que décrivait la Soleil avait recommencé de monter dans le ciel et toujours plus croissants étaient-ils jusqu’à qu’ils furent obscurcis par les nuages qui apportaient la douce pluie printanière, venant gonfler les fins ruisseaux que la neige fondue avait depuis longtemps engendrés. Il était donc du devoir des amis de retourner auprès de leurs frères d’armes et de leur chef car beaucoup de choses avaient pu se passer durant cet hiver et c’est après avoir reçu quelques présents de la part du vieux chef Ghân et de son peuple qu’ils s’en allèrent. Adel et Raziel s’étaient vu offrir un lot de plantes spéciales des Ghâns aux propriétés magiques pour certaines en supplément des racines qui furent données à chacun. Le vieil homme sauvage leur avait expliqué que ces racines se gardaient très bien pendant de nombreuses et longues saisons et ne devaient donc être mangées qu’en cas de nécessité absolue, si un jour les simples vivres qu’ils auraient leur faisaient défaut et qu’il n’y eut aux alentours aucun moyen de renouveler la pitance en chassant ou cueillant.

La Soleil réchauffait le sol humide lorsqu’ils revinrent à leur campement mais d’abord celui-ci leur parut ne pas être le même car de taille beaucoup plus grande et bien plus nombreux étaient les guerriers attendant maintenant ici. Cependant, ils n’eurent de mal à retrouver la tente de leur chef Matharor au même endroit qu’auparavant et celui-ci sortit à leur rencontre accompagné de Jimodo dès qu’ils lui furent annoncés. Les faisant alors entrer il les pria de s’asseoir et de déposer leur affaires afin de lui conter tout ce qu’ils avaient accompli durant ces quelques mois. Cela les étonna grandement de voir un chef d’armée être aussi courtois devant quelques uns de ses hommes, d’autant qu’il leur tendit également à chacun une chope pleine où ils purent rafraîchir leurs lèvres sèches et narrer tranquillement leur histoire. A vrai dire, c’était presque comme s’il les considérait comme des amis et non ses simples subordonnés. Après qu’ils eurent tout raconté et vidé chacun leur chopine, Matharor semblait content et fier d’eux et les félicita grandement lorsqu’il sortit d’un sac des objets étincelants qu’il leur tendit. Kartum reçut une pierre d’une blancheur et d’une luminescence extrême et Matharor lui annonça qu’elle possédait des propriétés magiques qui pouvaient être révélées par de grands forgerons-joailliers. A Adel fut donnée une robe magique lui conférant comme une armure sur tout le corps, ainsi qu’à Lankou une semblable mais de couleur noire. Thanatos eut droit à un kukri finement achevé et enfin, Raziel obtint de leur chef une longue et large épée qu’il pouvait utiliser à une seule main comme à deux. Après leurs profonds saluts et remerciements, Matharor leur averti de profiter de ce 31 mars ensoleillé pour se reposer car il les conduirait dès le lendemain matin rejoindre le pied des Montagnes Sombres afin de partir explorer encore plus loin au Nord-Est. En vérité cette exploration avait pour but de les endurcir mais également d’essayer de trouver un quelconque autre passage que les serviteurs de l’Ennemi, comme ces Pillards venus des Déserts du Sud, pourraient emprunter pour se rendre en ces terres maudites du Chaos, car la passe par laquelle les Ghors étaient passés auparavant avait été maintenant bouchée et bien surveillée sans lourde perte aucune. Les rumeurs couraient partout (et en vérité les plus nobles et les plus sages cœurs le sentaient) que les Seigneurs Démons étaient bientôt prêt à lancer une grande offensive sur les terres des peuples libres pour s’en emparer en déferlant leurs armées qu’ils finissaient à présent de réunir. Voilà pourquoi grande quantité de guerriers et autres combattants avaient été appelés à venir grossir ces campements d’armées.

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