Fiction: La Légende (terminée)

"L'histoire devint légende, la légende devint un mythe..."
Classé: -12D | Fantasie | Mots: 15228 | Comments: 23 | Favs: 12
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Darkom (Masculin), le 05/09/2006




Chapitre 4: La découverte des ennemis, mais aussi d'un ami



Ils entendirent alors des paroles de menaces (dans un langage proche du leur mais avec un horrible accent empli de haine) qui leur ordonnaient de poser leurs armes, leur or et toutes leurs affaires. Mais Matharor souffla doucement à sa troupe :
- « Ils sont tapis dans les buissons de gauche, préparez vous à leur sauter dessus... »
Et tirant son épée il bondit dans les fourrés d’où l’on entendit des cris de douleur et d’étonnement s’échapper. Les cinq novices eurent à peine le temps de s’y jeter derrière lui pour esquiver les flèches qui filaient vers eux et tombèrent sur une dizaine de Maraudeurs avec lesquels Matharor était déjà en train de s’expliquer à coup de tranchant.
Les Maraudeurs, ainsi qu’on les nommait, était en fait de petites gens sales et bourrus avec les ongles et le nez crochus qui pillaient les villages et attaquaient les marchands, mais on savait qu’ils servaient l’Ennemi et c’est à se demander s’ils avaient encore un soupçon d’humanité en eux. Ils se déplaçaient toujours à moitié courbés (et même d’aucuns à quatre pattes), maniaient de courte lances, épées ou arcs et revêtaient un cuir sale rapiécé de métal rouillé. On raconte même que parfois on peut en rencontrer sur le dos de ces grands loups blancs descendant du Nord.
Nos amis eurent tôt fait de se débarrasser de leurs oppresseurs sans blessure aucune et continuèrent leur route vers l’Est sans plus s’attarder. C’est alors que peu après, ils trouvèrent en travers de leur chemin nombres arbres arrachés et jetés à terre, traçant une grande voix en ligne droite depuis les Montagnes Sombres (visibles depuis cette route) jusqu’à un genre de bastion que l’on distinguait quelque peu au Sud. Le groupe resta un moment fort étonné de cette route cruellement façonnée mais s’en retourna vite sous le couvert des arbres pour observer le défilé d’une cinquantaine de Ghors arrivants droit vers le bastion.
Les Ghors étaient semblables aux Maraudeurs et servaient aussi l’Ennemi mais de plus droite et grande et forte stature étaient-ils. Connus également pour leur cruauté et leur acharnement au combat, ils étaient réputés de ne jamais abandonner leurs proies ou fuir devant leurs ennemis, quel que soit leur nombre (contrairement aux Maraudeurs qui, en nombre inférieur, se débinaient à toutes jambes).
Tout en restant distants et camouflés, Matharor et sa troupe d’expédition suivirent les Ghors jusqu’à leur camp où ils purent en dénombrer au moins une centaine de plus mais après quelque réflexion, ils repartirent vers le Nord sous un ordre de leur chef. Depuis le bastion des Ghors et en direction des Montagnes Sombres, ils comptèrent un jour entier de marche jusqu’à l’orée de la forêt, où la route disparaissait et laissait place à un piétinement délaissé par les troupes Ghors à travers ces landes stériles dominées par l’ombre des montagnes, lesquelles ils suivirent encore durant tout une journée pour arriver au pied des pentes escarpées. Ici, ils y distinguèrent un sentier qui y grimpait mais le prenant, ils s’aperçurent qu’il s’évanouissait subitement.
Mais s’apercevant qu’ils avaient déjà mangé plus de la moitié de leurs vivres depuis le départ en expédition, Matharor les ramena en ligne droite jusqu’au camp où ils se reposèrent un moment pendant qu’il informait de la position et du contenu de cette nouvelle place forte ennemie. Et c’est au lendemain d’une nuit réparatrice qu’à nouveau chargés de pains, d’un morceau de porc salé et de fruits ils repartirent mais cette fois-ci directement au Nord-Est pour retrouver ce sentier qui disparaissait étrangement. Ils y arrivèrent donc le soir du jour suivant et c’est alors que Raziel, pendant son tour de garde de nuit, entraperçu un défilé de torches emprunter le sentier qui gravissait la montagne. Réveillant tout de suite son chef et ses amis il partit avec eux à la poursuite des lumières mais voici qu’elles disparurent les unes après les autres à l’endroit même où le sentier s’effaçait. A la pâle lueur de la Lune, ils fouillèrent à cet endroit et s’aperçurent qu’il y avait une crevasse couverte de buissons épineux sur la paroi rocheuse et qu’on pouvait s’y faufiler un par un. Mais à leur grand étonnement, voici que sortis de la fissure par l’autre côté ils se retrouvèrent en face de cinq Ghors armés gardant un tunnel qui tournait sur la droite un peu plus loin. En deux temps et trois mouvements, le corps à corps était enchaîné et pendant que tous se battaient avec leurs armes, Lankou s’était, quant à lui, reculé quelque peu et prononça d’étranges paroles accompagnées de grands gestes ; et c’est alors que le sol de terre et de cailloux se fendit et en sortit des squelettes serviles qui se ruèrent sur les Ghors et ainsi ces derniers furent défaits.
Après avoir fouiller leurs corps afin de trouver un quelconque indice, le groupe suivit le tunnel et tourna à droite pour tomber, à leur grand étonnement, sur un cul-de-sac. Mais alors qu’ils tâtonnaient la paroi, ils entendirent des bruits venir comme de l’autre côté par au-dessus d’eux et levant les yeux ils virent un mince espace où passait l’air entre ce mur et le plafond. Thanatos escalada alors tant bien que mal et vit de l’autre côté une centaine de Ghors tout en armes près d’une sorte de levier que le premier d’entre eux (sûrement le chef) actionna. Le mur alors s’entrouvrit et après la chute de Thanatos (qui fut bien obligé de lâcher prise pour ne pas se faire broyer les os), chacun se figea un instant découvrant leurs ennemis puis les uns s’élancèrent à la poursuite des autres. Juste à la sortie de la passe, tous parmi le groupe eurent le réflexe de se glisser de côté et monter au dessus pour se cacher sauf Kartum qui déboula la rocaille avec les Ghors à ses talons dont nombres d’entres eux se génèrent et dévalèrent la pente sans dessus dessous en fauchant le petit homme au passage. Le voyant émerger au milieu des ennemis, Matharor commença à décocher quelques flèches pour en abattre et Thanatos l’aida de ses javelots pendant qu’un vent violent entoura Adel qui appelait à lui le pouvoir des éléments. Il se rua ainsi au milieu des oppresseurs qui tombèrent faces contre terre pour arriver jusqu’à son ami qu’il attrapa au moment où les vents se dissipaient et ils remontèrent ensemble, tombant plusieurs fois par les mains des Ghors qui s’agrippaient à eux, mais couvert par les traits de Matharor et Thanatos. D’aucuns des squelettes serviles ne s’étaient fait piétinés et Lankou les envoya alors à l’encontre de ces cruelles créatures pour permettre ainsi à la troupe de s’en retourner se cacher dans les rochers de la montagne, plus en hauteur. Ils observèrent d’ici les quelques Ghors qui remontèrent en scrutant la pente puis qui revinrent avec leurs confrères, lesquelles avaient déjà dépouillé ceux d’entre eux qui s’étaient brisé les os dans la chute. Mais voici que ces infâmes créatures se divisèrent en deux groupes dont l’un (les trois quarts) partit en direction de la route au Sud et l’autre en direction de l’Ouest, longeant les montagnes. Supposant alors que la majorité s’en allait rejoindre leur camp, l’expédition de Matharor s’en alla vers l’Ouest en prenant garde de rester cachée entre les rochers tout en se rapprochant des Ghors.
C’est alors qu’arrivés au-dessus d’eux, ils s’élancèrent sur leur dos en brandissant leurs armes en avant et un furieux combat s’engagea. Le sang noir des Ghors gicla et bientôt leurs corps tombèrent inertes sur le sol, mais ils firent hélas quelques dégâts avant de choir. En effet, Kartum s’est vu arraché son casque d’un coup violent et une profonde entaille à la tête laissait maintenant s’échapper le sang, Lankou eut un bras tailladé et les autres ne s’en sortirent qu’avec bleus et égratignures. Raziel et Matharor utilisèrent quelques plantes médecinales qu’ils trouvèrent un peu plus loin et firent des pansements après avoir laver les plaies. Ils repartirent vers leur camp après avoir fouillé les cadavres sans rien trouver d’intéressant et arrivés là-bas, ils reçurent de meilleurs soins et même alors pour Kartum, un médecin "magicien" fut mandé et ses blessures disparurent sous les mains de la femme qui arriva en réponse.

Cette fois-ci, le camp leur sembla bien vide car en vérité nombreux étaient ceux partis tout en armes à l’assaut du bastion des viles créatures. Néanmoins ils surent trouver un maître d’arme pour leur enseigner et s’entraîner plus au combat durant les quelques jours qu’ils restèrent ici à attendre le retour de leur chef qui était partit tantôt ne laissant d’autre information que leur attente à son égard. Lorsqu’il revint, ce fut avec les troupes de l’assaut blessées mais on pouvait lire sur leurs visages la joie de la victoire. On annonça alors que le campement allait être en partie déplacé vers un puissant avant poste fortifié utilisant le bastion Ghor. D’aucuns se choquèrent de vivre dans une place infesté de saletés laissées par ces créatures mais ce bastion donnait effectivement une bonne protection à qui le défendrait et peut-être d’autres troupes Ghors arriveraient de la montagne car il n’y eut pour eux aucun survivant capable d’aller rapporter cela à leur maître et alors il serait facile de les prendre par surprise. Matharor mena ses "apprentis" à cette nouvelle place forte en prenant tout le matériel qu’ils pouvaient transporter et arrivé là-bas, une fois déchargés puis chargés de nouvelles vivres, la troupe repartit en expédition à la passe des Montagnes Sombres.

De nouveaux à la crevasse, seuls Raziel et Thanatos furent désignés pour y pénétrer discrètement et revinrent peu de temps après pour annoncer qu’il n’y avait que six sentinelles armées cette fois-ci. Les appelant alors, Adel et Kartum furent placés dans l’entrée de sorte qu’ils les combattirent sans mal et les firent tomber une à une grâce à l’étroitesse du passage. Entrant ensuite, chacun son tour passa tant bien que mal par la petite ouverture qui dominait cette lourde porte-mur. Un long tunnel faiblement éclairé par quelques torches parsemées s’offrit alors devant eux et c’est après une bonne heure dans cette semie obscurité qu’ils débouchèrent sur un spectacle affreux : il y avait à droite et à gauche de la sortie des corps mutilés pendouillant à des arbres décharnés et au pieds des montagnes ne se dessinaient que de grandes landes stériles où coulaient quelques ruisseaux d’eau trouble et où l’on apercevait quelques feux allumés ça et là. Bien qu’ils étaient partis sous une aube peu lumineuse, ici le ciel était recouvert de nuages à l’allure bien plus sombres et sinistres mais abandonnés de toute pluie. Un sentier partait à droite et une route à gauche jusqu’à une sorte de tour de guet qu’ils décidèrent d’aller visiter de plus près avant de repartir. Cachés derrière des buissons épineux (car en vérité il n’y avait que cela qui poussait en ces régions désolées) ils progressèrent jusqu’au pied de la tour et tuant alors les gardes de ses flèches, Matharor enjoint à sa troupe d’y pénétrer avec lui. Un escalier grossier les mena à la plateforme tout en haut où brûlait un feu et ils furent surpris de tomber sur d’autres sentinelles en plein "sale boulot". Alors que les autres s’occupèrent à faire taire les cris de ces deux cruelles créatures en les perforant de leurs lames, Raziel se pencha sur la personne inconsciente qui gisait là : c’était pour sûr un humain. Inspectant alors en vitesse les traces de fouet et les autres blessures, il enveloppa le corps nu de sa couverture et lui tapota doucement la joue en l’appelant. Matharor se tourna soudainement vers lui à l’entente de sa voix et ne put retenir un cri d’effroi lorsqu’il vit le corps faible et lacéré de son meilleur ami ! Il lui prodigua tout de suite quelques soins sur ses blessures les plus profondes et lui ayant donné quelque chose sorti de son sac, il ordonna aux autres d’aller immédiatement en avant-coureurs vérifier la route jusqu’au tunnel pendant qu’il aidait son ami à se relever et commençait à marcher. Allant aussi vite qu’ils le purent en surveillant les alentours et leur blessé, ils pénétrèrent enfin dans la passe et arrivés à l’autre bout ils en sortirent après avoir actionné le levier une nouvelle fois afin que la porte se referme derrière eux. Ici alors l’homme fut étendu et de meilleurs soins lui furent prodigués par son ami qui raconta en même temps son histoire :

Il s’appelait Jimodo Hatake et venait de ces pays qui existent loin à l’Est après les Terres Sauvages et les Déserts c’est pourquoi il était de plus courte stature et avait les yeux fins. Il y a longtemps déjà qu’il arriva, après un dur et long voyage, toquant à la demeure de Matharor pour demander l’hospitalité. Les deux hommes se lièrent d’amitié dès leur première discussion malgré le fait qu’ils eurent un peu de mal à comprendre chacun la langue de l’autre et Matharor proposa alors à Jimodo de rester chez lui pour un temps car celui-ci n’avait en vérité pas d’idée précise de ce qu’il pourrait faire ici. Il s’avéra par la suite qu’on eut besoin de Matharor comme capitaine à la tête d’une horde de guerriers qui allaient couper la route aux Pillards du Sud. Ce dernier invita donc son compagnon à se joindre à lui car ils s’étaient déjà entraînés ensemble et Jimodo l’avait vaincu plus d’une fois grâce aux armes étranges de son pays qu’il maniait (à savoir l’arc et le katana) et à ses techniques particulières que l’on pourrait qualifier de magiques mais dont il disait qu’il utilisait pour cela son "chakra".
Dans son pays, on enseignait à "malaxer" ce chakra afin d’obtenir de puissantes techniques, certaines connues de tous et d’autres personnelles ou spéciales d’un clan ou d’une famille. Il avait suivi tout un apprentissage pour devenir un "ninja" mais à la suite d’évènements qu’il refusa de raconter à quiconque (pas même à Matharor), il eut des problèmes avec sa famille et fut condamné à l’exil jusqu’à ce qu’il se rende digne de revenir accomplir sa tâche. C’est donc en compagnie de Matharor qu’il découvrit le pays et les ennemis de l’Ouest mais voilà plus d’un mois qu’alors il était repartit seul vers l’Est.
Ayant repris forces et souffle, Jimodo continua lui-même son aventure et expliqua qu’à peine avait-il traversé la Forêt Emeraude qu’une créature à l’aspect ignoble et gigantesque lui apparu telle une invocation ou un démon. Il ne se souvint de cette image que par les yeux emplis de malice et de haine qui le tétanisèrent et de longs cauchemars dont il ne vaut mieux pas en raconter le contenu s’ensuivirent jusqu’à ce que cette troupe de héros (tel fut le mot qu’il employa pour les remercier grandement) lui vint en aide.

Après avoir repris quelques forces, tous les sept se remirent en route en direction du bastion qui était leur à présent. Arrivés là-bas ils allèrent sous la tente d’infirmerie mais alors que Jimodo se faisait ausculter, le médecin prit un air grave et leur annonça qu’ils devaient tous être examinés sur le champ car voici qu’une purulente maladie connue pour être transportée par les Ghors et autres créatures de l’Ennemi fut découverte chez le ninja. On lui prescrit moult soins mais surtout un repos total d’un mois, ainsi qu’à Adel fut prescrit une semaine et à Thanatos deux. Matharor décida donc l’arrêt des expéditions de sa troupe durant ces deux semaines au moins et alors Kartum, Lankou et Raziel furent libres de s’entraîner ou de déambuler, de rôder dans le camp. Mais ces derniers passèrent leurs journées également à aider tant ils pouvaient ceux qui le leur demandaient et à rester au chevet de leurs amis.



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