Fiction: La Légende (terminée)

"L'histoire devint légende, la légende devint un mythe..."
Classé: -12D | Fantasie | Mots: 15228 | Comments: 23 | Favs: 12
Version imprimable
Aller au
Darkom (Masculin), le 24/08/2006
Voici cette grande histoire qui commence...



Chapitre 2: Le départ



Ils étaient partis depuis une semaine déjà sans savoir vraiment quel genre d’aventure ils pourraient bien trouver à faire pour nourrir chacun leur "légende personnelle" et voilà qu’il se retrouvaient maintenant chacun à faire une croix en bas d’un papier daté du 20 Novembre 1894 du Premier Age stipulant qu’ils étaient à présent engagés dans la Garnison de Sinya. Evidemment, ils étaient bien obligés de croire qu’un milicien ne pouvait être escroc, puisque aucun d’entre eux ne savait lire, n’ayant eut d’autre éducation dans leur enfance que celle des paysans qui les avaient tous trois recueillis alors qu’ils n’étaient encore que des enfants.
Chacun avait un vague souvenir, ou peut-être n'était-ce qu'un rêve, de leurs vrais parents qui les auraient laissés dans cette bourgade après une longue fuite. Ils avaient posé moult questions à ceux du village, autant aux plus jeunes qu’aux plus anciens, mais ils ne trouvèrent réponse. Alors c’est ayant atteint chacun l’âge mûr qu’ils décidèrent de partir ensemble de par le monde pour vivre des tas d’aventures et construire leur propre "légende personnelle" (comme leur avait raconté le vieil homme qui vivait de l’autre côté de la plaine, à l’orée d’une forêt).
Le premier de ces trois jeunes hommes se nommait Raziel (je dis premier car il semblait avoir bien un an d’avance sur le deuxième qui lui-même était plus mature que le dernier de deux ans au moins – car bien qu’on leur dit leurs noms, ils ne purent connaître leurs âges véritables et c’est pourquoi ils décidèrent de partir à l’âge de vingt ans, du moins cela faisait vingt ans qu’ils avaient grandi ensemble dans ce village). Il était élancé et avait le pas léger, et s’amusant à traquer les petites bêtes, il avait développé une vue perçante et une ouïe fine et s’entraîna alors à tirer à l’arc et à manier l’épée (bien que les seules armes qu’ils trouvèrent chez les paysans étaient en fait d’anciens héritages de famille usés, voire rouillés). A écouter le vieil ermite, il avait également appris quelques rudiments d’herbologie et comment soigner une blessure, songeant que cela pourrait s’avérer fort utile par la suite. Le deuxième de ces aventureux jeunes hommes était de courte et large stature et se nommait Kartum. Il possédait une grande force physique qui décuplait effroyablement lorsqu’il s’énervait tel Khador le Barbare et s’amusa alors à manier une lourde hache. Il aimait également à boire de la bière et fumer la pipe en mangeant de la bonne viande dont le jus coulait et collait dans sa barbe déjà fortement poussée pour son âge apparent. Le troisième personnage, plus jeune (semblait-il), aimait tantôt à s’entraîner à la hache avec Kartum et tantôt aller s’instruire auprès du sage avec Raziel. C’est ainsi qu’il appris à écouter la forêt, les arbres, les bêtes et même les éléments. Il passa nombres heures à errer souvent seul dans la forêt en écoutant, si bien qu’il comprit le langage de la nature (si l’on peut exprimer cela ainsi) et développa un pouvoir que les paysans nomment par "magie". C’est ainsi qu’il en arriva à même de créer du feu, du vent, de l’eau ou de la terre entre ses mains, et même à façonner ces éléments à son grès. Mais il ne pouvait encore faire grande quantité de "magie" et s’intéressant aussi fortement aux bêtes, il s’amusait parfois à se comporter comme l’une d’entre elles. Mais alors qu’un jour il découvrait une grotte tapie sous les feuillages il sentit comme une bestialité sauvage s’emparer de lui et lorsqu’il sortit légèrement sonné après de longues heures, il découvrit qu’il pouvait à présent matérialiser une partie de son pouvoir et de ses capacités sous forme d’un petit animal tel un rat, un écureuil, une chauve-souris ou même un renard.

C’est donc le jour du vingtième anniversaire de leur arrivée en ce village qu’ils le quittèrent devant les yeux mouillés de tous ces braves paysans qui leur avaient fourni à chacun vivres, couvertures, outre, silex et amadou dans des sacs de cuir solide ainsi que d’autres affaires de première nécessité. Et bien qu’ils ne se dirent rien pendant les premiers jours de marche, ils pensaient tous à ces beaux moments qu’ils avaient vécu ensemble avec ces gens-là. Mais très vite, leur tristesse les quitta, laissant place à un espoir et à un rêve de grandes aventures là-bas, au Nord, dont ils discutèrent ensemble durant les longues heures de marche. Et mis à part une meute de loups blancs descendant du Nord avec qui ils esquivèrent de peu le combat par je ne sais quel hasard, le voyage se déroula sans encombres.

Et c’est ainsi qu’ils arrivèrent en fin d’après-midi après une semaine à une ville nommée Sinya. Décidant alors de se rendre à la milice, – de leur point de vue le meilleur endroit pour se renseigner – ils y demandèrent où pouvaient-ils gagner un peu d’argent afin de se procurer quelque pitance et partir vers les grandes aventures qui les attendaient. Le Chef de Garde les regarda avec un petit sourire et leur demanda :
- « Vous voulez gagner de l’argent et vivre de grandes aventures ? »
- « Pour sûr M’sieur ! » lui répondirent-ils en chœur
- « Vous voulez porter les armes et combattre les créatures de l’Ennemi ? »
A cela ils répondirent de même, les yeux brillants, et le milicien leur annonça qu’alors, rien de plus simple, ils leur suffisaient de s’engager ici dans les troupes qui allaient partir vers le Nord où la menace est présente. Et il leur tendit à chacun un papier plein d’écriture et leur dit de signer alors en bas pour aller accomplir ces grandes aventures qui les attendaient. Chacun s’empressa alors de faire une croix à l’endroit indiqué, mais lorsque le papier leur fut remit entre les mains et qu’ils se retrouvèrent dans une cour où nombre gens s’entraînaient, ils doutèrent un moment et restèrent plantés là à regarder les combats et à se demander ce qu’il allait advenir.

C’est alors qu’un homme encapuchonné dans de sombres vêtements les accosta et leur dit :
- « Hé ! Vous êtes nouveaux ici ? Commencez donc par aller voir l’intendant dans la salle que vous voyez là-bas (il leur désigna une porte entrouverte de l’autre côté de la cour) et présentez-lui chacun votre papier. Précisez que vous voulez rester ensemble et que vous n’avez rien à perdre pour accomplir les missions sinon vous resterez toujours dans ce lot de barbares ivrognes ! » Il avait dit cela en lançant un regard aux personnes qui se battaient et à ces mots, Kartum laissa paraître une légère irritation sur son visage. Evidemment, il n’aimait pas comme cet arrogant étranger, ainsi qu'il pensa, pouvait se permettre de parler ainsi de "barbares ivrognes" sans connaître l’Honneur Barbare qu’initia le grand Khador et la récompense de l’alcool après les combats durement méritée. Mais Adel pris la parole pour remercier cet étrange arrivant et dit à ces deux amis d’aller voir avec lui l’intendant tout de suite. Il y avait un chemin dallé et protégé de la pluie par un auvent le long des murs, d'où l’on pouvait voir plusieurs autres portes, certaines entrouvertes, d'autres fermées, avec ou sans écriteau ou affiche. Ils empruntèrent cette voie et arrivés à l’endroit indiqué tantôt, ils toquèrent avant de pousser la porte pour entrer. C’était un homme grand et robuste ceint d’une large épée, un registre à la main, qui avança vers eux en leur demandant leurs contrats. Ils tendirent alors leurs papiers et après les avoir balayés du regard, l’homme les inséra entre deux pages de son registre et prit la plume qui trempait dans l’encrier posé sur la table.
- « Noms et âges ? » leur demanda-t-il rapidement.
- « Raziel, Kartum et Adel. 20 ans. »
C’était encore Adel qui avait parlé et après un cours instant pendant lequel le milicien griffonna sur son registre il ajouta d’une voix un peu indécise :
- « Nous aimerions rester ensemble tous trois si c’est possible afin d’effectuer des missions. »
L’homme releva la tête rapidement et le dévisagea pendant un temps, puis passa son regard sur ceux de Raziel et de Kartum avant de dire :
- « Vous ne craignez rien vous ! Bon, allez donc avec cette fiche (il leur tendit un papier) à la réserve. »
On aurait dit qu’il y avait dans sa voix un léger ton de moquerie et les trois jeunes gens sortirent de la salle le papier en main en remerciant l’intendant et en se demandant bien à ce qu’il avait voulu insinuer par ce « vous ne craignez rien vous ! ». Ils virent l’homme encapuchonné, celui-ci même qui les avait accosté en premier, appuyé dans l’encadrement d’une porte sur leur gauche et bien que cela ne les inspirait guère, ils préféraient aller lui demander où se trouvait la réserve plutôt que de déranger ces gens qui se battaient ou à nouveau l’intendant. Mais lorsqu’ils s’avancèrent, il entra dans la pièce et la porte se referma derrière lui. Ils allèrent alors jusqu’à cette porte et purent y voir un écriteau plaqué dessus. Se décidant à y toqué, ils virent un homme ouvrant grand la porte et sortir tout affairé d’armes et amures plein les bras. Les aventureux jeunes hommes entrevirent une autre personne à l’intérieur et le hélèrent pour lui demander où se trouvait la réserve. Il leur rétorqua d’un air blasé qu’ils ne savaient pas lire l’écriteau et leur demanda ce qu’ils y voulaient faire. Un peu honteux en avouant ne pas savoir lire et entrant dans la pièce, il furent rassurés lorsque l’homme se plaint que les guerriers étaient tous pareils, sans éducation, et qu’ils virent là entassées quantité d’armes et d’armures de toutes sorte bien que principalement des épées ou des haches simples, des boucliers en bois ou en fer rond ainsi que des armures de cuir rapiécées de morceaux de métal. Mais ils s’étonnèrent grandement lorsqu’ils s’aperçurent que l’homme encapuchonné ne s’y trouvait pas. Devant l’attente de cet homme à la large moustache et habillé de cuir léger, ils lui tendirent le papier de l’intendant. Ce dernier leur demanda alors quel type d’arme ils maniaient et après leurs réponses leur sortit différents équipements. Kartum choisit une large hache et un casque de fer. Raziel, quant à lui, préféra une simple épée accompagnée d’une armure complète de cuir. Adel, choisit à son tour une hache, légère mais solide et tranchante, ainsi qu’une armure complète de cuir et de fer, mais lorsqu’il enfila cette dernière, il sentit comme un poids qui s’effondrait sur son corps et son renard frémit. Il l’ôta et toute cette oppression cessa. Il comprit alors qu’il ne pouvait porter d’armure pour continuer à faire vivre sa "magie" et vit sur le visage du milicien se dessiner une expression de compréhension. Ce dernier lui dit :
- « Ainsi donc tu es l’un de ces magiciens ? On dit qu’ils ne peuvent supporter d’armure mais qu’ils se fabriquent des habits magiques exprès pour eux. Mais on les trouve très cher dans le commerce et je n’en possède ici. Tu devras te contenter de cette hache. »
Adel acquiesça et tous trois s’en furent de la réserve en remerciant leur fournisseur d’armes.

Ne sachant que faire maintenant, ils furent presque heureux d’entendre derrière eux l’inconnu de noir vêtu leur annoncer qu’un grand chef d’expédition partait le lendemain matin et qu’ils avaient été sélectionnés pour partir avec lui. Il les conduisit en dehors de la caserne après quelques mots échangés avec les gardes et les mena à une taverne. Là ils furent enchantés (surtout Kartum) de voir cette bonne chair chaude et cette bière qui passait entre les tables et s’assirent à l’une d’elle à la suite de l’encapuchonné. C’est alors qu’il virent entrer et s’asseoir à leur tablée un personnage de stature élancé portant un blason sur la poitrine de son armure étincelante et une épée finement décoré pendant à sa ceinture. Ce devait être pour sûr une de ces "nobles gens" comme les appelait le vieux sage dans ses histoires et tous lui firent un profond salut mis à part l’homme qui les avait conduit jusqu’ici qui se contenta de sourire en enlevant son capuchon. Ce grand personnage maintenant attablé avec eux lança un appelle à l’aubergiste et commanda quatre repas chauds ainsi que cinq pintes de bière bien fraîche. Les bières arrivèrent tout de suite, au grand contentement de Kartum, et les insignes du blason de l’homme brillèrent un moment à la lueur du feu lorsqu'il se présenta :
- « Je m’appelle Matharor, "le guerrier-aigle" comme le laisse paraître mes armoiries. Je suis dorénavant votre chef pour un moment. Vous vous êtes tous quatre inscrit sous mon commandement pour partir en mission d’exploration au pied des Montagnes Sombres vers l’Est du campement de l’armée, à deux jours de marche au Nord d’ici. Nous partirons demain à l’aube, je serais devant l’auberge à vous y attendre. Vous dormirez dans une chambre ici ce soir. Vous demanderez demain à l’aubergiste des vivres. Ne vous souciez de rien d’autre, tout est déjà payé, sauf si vous désirez aller faire quelques emplettes à votre propre compte ce soir. Avez-vous des questions ? Non ? Bon très bien, voici les repas qui arrivent, mangez bien et à demain. »
Sur ce, il reposa sa pinte vide et s’en fut les laissant dégustant sans mot dire leur repas. Ce n’est qu’après avoir demandé à l’aubergiste la chambre qui leur était réservée et y s’y être installés qu’ils commencèrent à discuter de ce puissant personnage qui allait être leur chef et leur faire vivre de belles aventures. Mais à part le nom de cet homme qui les avait mené jusque là, Thanatos, ils n’eurent de lui d’autre réponse à leurs questions et se couchèrent excités bien que songeurs.



Chapitres: 1 [ 2 ] 3 4 5 6 7 Chapitre Suivante »



Veuillez vous identifier ou vous inscrire:
Pseudo: Mot de Passe: