Fiction: Sur le front

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Ibiki jeta un oeil sur Anko et Lin. Leur poitrine se soulevait doucement au gré de leur respiration. Cela faisait bientôt trois heures qu'il veillait sur elles. Le jour commençait à baisser, mais il préférait patienter encore un peu, sachant que la forêt s'assombrirait plus rapidement qu'un lieu découvert. Pendant que ses deux coéquipières dormaient, il avait établi un plan d'attaque.

Leur maître leur avait demandé de récupérer les documents détaillants les stratégies offensives ennemies. D'après ses informations, les portes d'Iwa avaient été fermées, et de là, le kage commandait ses troupes. Les combats faisaient rage sur les territoires neutres adjacents à Iwa, Suna et Konoha. D'ici quelques temps, Ibiki savait qu'ils approcheraient les frontières du pays des roches. Le problème serait alors de trouver comment les passer sans se faire repérer par les troupes qui y montaient la garde en permanence.

Ibiki pensait rester dans la forêt, qui se prolongeait jusque sur le territoire ennemi. C'était un terrain suffisamment accidenté pour leur permettre d'établir rapidement une stratégie de défense en cas de complications. S'ils parvenaient à mener à bien leur mission, Konoha serait alors en mesure de contrer, voire de faire tomber un des cinq grands pays engagés dans la guerre, ce qui lui permettrait de combattre sur trois fronts au lieu de quatre.

Ibiki plissa les paupières. Ses yeux s'étaient habitués au peu de lumière dont ils disposaient, et il était maintenant capable de distinguer les environs sans aucune difficulté. Satisfait, il prit Anko par l'épaule et la secoua doucement.

La jeune fille se réveilla en sursaut. Ibiki mit un doigt sur ses lèvres.

- Doucement, chuchota-t-il, ce n'est que moi. Réveille Lin pendant que je rassemble nos affaires. On se remet en route...

Pendant qu'Anko obéissait, il se hâta de rassembler les sacs et d'effacer grossièrement les traces de leur passage.

Leur départ se fit dans le silence le plus absolu. Jusqu'à présent, ils n'avaient voyagé que de jour, et l'angoisse de se déplacer dans l'obscurité leur tenaillait le ventre. Chacun pouvait sentir la tension des autres, cela entamant considérablement leur concentration. Ils avançaient le plus vite qu'ils pouvaient, en file indienne, Ibiki ouvrant la marche et Anko la fermant.

Les ombres des arbres, projetées par les rares rayons de lune qui filtraient à travers les feuillages, prenaient souvent des formes de cauchemar, anguleuses et crochues, semblant aux aguêts du moindre visiteur qui passerait à proximité.

Coincée entre ses deux camarades, Lin n'en menait pas large. Elle savait que la même peur les tenait tous, mais elle savait également qu'elle était celle qui maîtrisait le moins bien ses émotions. Son coeur battait à tout rompre, produisant des battements sourds dans ses oreilles. Ses membres étaient moites et glacés. Elle retint de justesse un cri quand la poigne d'Anko se fit sentir sur son épaule. Sans que la jeune med-nin puisse comprendre ce qui se passait, , une main se plaqua sur sa bouche, et l'attira violemment contre un tronc d'arbre.

Les pensées partant dans tous les sens, Lin cru mourir de terreur lorsqu'elle entendit des bruits d pas étouffés, tous proches. Elle sentait le souffle court d'Anko dans son cou, et vit Ibiki, sur sa gauche, qui lui faisait de grands gestes désespérés pour lui faire comprendre de ne bouger sous aucun prétexte. Elle hocha doucement la tête et attendit, les muscles raidis. Des voix se rapprochèrent. Les intrus étaient vraisemblablement deux, et très probablement des hommes. Amis ? Ennemis ?

Le dos contre son arbre, Ibiki sentait l'écorce lui écorcher le dos. Anko de son côté, n'osait pas lâcher Lin de peur de se faire repérer, et les crampes commençaient à l'élancer dangereusement. Installée de travers, elle tenta maladroitement de faire passer son poids sur sa jambe gauche. Mal lui en prit. Quelque chose se brisa bruyamment dans son sac, sans doute une fiole en verre.

Pour les trois ninjas, le temps sembla s'arrêter. Les voix s'étaient tues brusquement. Lin retint son souffle. Tous avaient l'impression qu'ils faisaient un bruit du tonnerre.

- T'as entendu ?

Silence. Chuchotements.

Ibiki n'eut que le temps de se jeter à terre. Un katana siffla à quelques centimètres de sa tête et se ficha dans un tronc, faisant voler des éclats d'écorce. Sans prendre le temps de se relever, il dégaina un kunaï et frappa au hasard. Un hurlement strident lui apprit qu'il avait touché quelque chose. Une masse sombre s'affala près de lui. L'ennemi ne semblait pas l'avoir remarqué et luis tournait le dos, penché sur son mollet blessé.

Tant pis pour lui, pensa-t-il. Dégainant un second kunaï, le jeune ninja se redressa franchement, tira le visage du ninja en arrière et sans une once d'hésitation, imprima un mouvement de droite à gauche sur la gorge aennemie. Le sang éclaboussa les alentours. Anko hurla quand elle sentit contact du liquide chaud sur son visage. Lin, tombée au sol, n'attendit pas que l'on vienne la chercher. Elle avait vu l'autre ninja d'Iwa se jeter dans un buisson. Essayant d'apaiser les battements affolés de sa poitrine, elle concentra son chakra dans sa main et s'élança vers son adversaire, qu'elle atteignit au visage.

Un bref cri s'éleva, qui se mua finalement en gargouillis. Un choc sourd se fit entendre quand le corps toucha terre. Ibiki et Anko se précipitèrent vers elle, les yeux brillants, et l'aidèrent à se relever.

- On se remet en route sans attendre, murmura Ibiki. Avec le raffut qu'on a fait, ça m'étonnerait qu'une autre patrouille ne nous ait pas entendus.

- Attends, intervint Anko presqu'en criant. Lin est en état de choc. Son rôle est de soigner, pas de se battre.

- Je te rappelle quand même qu'elle a aussi été formée pour le combat, s'énerva Ibiki. Si on reste ici, on nous découvrira tôt ou tard. On ne peut pas se permettre de perdre du temps en cachant les corps. Nos ennemis vont se rendre compte que des personnes se sont introduites sur leur territoire, et se mettre à notre recherche immédiatement. Nous devons profiter du peu de temps qu'il nous reste avant l'aube pour mettre un maximum de distance entre eux et nous. Nous allons commencer par sortir de la forêt – puisque c'est là qu'il nous chercheront d'abord – même si ça complique les choses, et nous allons nous diriger droit sur Iwa. Ils ne s'attendront sûrement pas à ce que nous fuyions vers l'intérieur de leurs terres plutôt que vers l'extérieur.

Ibiki se tut et disparu dans les feuillages. Malgré son air renfrogné, Anko dû se rendre à l'évidence : ils devaient partir d'ici au plus vite. D'un regard elle s'assura que Lin suivait, puis se lança sur les traces d'Ibiki. S'ils étaient encore dans la forêt quand le jour se lèverait, alors ils pourraient s'attendre à de sérieux ennuis.



A suivre...

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