Fiction: La prophétie des Fûma (changement de titre)

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Kaoru était glacé. Bien qu'habitué au climat rude de l'hiver, ayant grandi en Sibérie, il ne sentait pratiquement plus ses extrémités et ses dents claquaient de plus en plus fort. En dépit de ses épais habits de laine blanche et de sa grosse écharpe, son corps était manifestement en phase de cryogénisation. "On va me retrouver crevé et desséché dans trois mille ans si ça continue...". Mais il n'était toutefois pas en reste, car la personne à côté de lui n'était pas en meilleur état. Le vent glacial lui faisait plier les yeux dont les sourcils commençaient à se transformer en stalactites. Emmitouflé dans une épaisse pèlerine en laine, un passe montagne blanc et un bonnet de même couleur dont dépassaient ses cheveux blonds, il tenait entre ses mains tremblantes un objet qu'il saisissait pour la première fois et à travers lequel il observait une petite route qui menait à une forêt. "Comment des gens peuvent se déplacer par un temps pareil ?" se dit Kaoru en se forçant du mieux qu'il pouvait à arrêter ses tremblements incontrôlables. Ils attendaient depuis déjà trois heures sur cette falaise située à environ un kilomètre de la route qu'ils surveillaient, et tous deux étaient presque entièrement engourdis lorsque Kaoru entendu ce qui sembla être une libération.
"Ils arrivent.
-Enfin, c'est pas trop tôt, soupira-t-il de soulagement. Je n'arrive presque plus à bouger mes doigts, ce qui risque d'être un léger problème en ce qui me concerne.
-Je vais enfin voir comment marche ton truc. Comment tu dis déjà ?
-Snaiperskaia Vintovka Dragunova. Fusil de tireur d'élite Dragunov. T'as du mal avec les langues j'ai l'impression, Naruto.
-Ouais, mais t'as vu à quoi elle ressemble aussi, ta langue ? Bouda le blond en tremblant de tout son corps. En plus, j'ai un peu de mal à utiliser tes jumeru.
-Mes jumelles tu veux dire ? Essaya de sourire Kaoru, le visage paralysé par le froid.
-Ouais voilà. Bon, allez. Au boulot. Plus vite ce sera fait, plus vite je pourrais me réchauffer et arrêter de me geler les miches.
-Je t'écoute, fais comme je t'ai dit.
-T'en fais pas va, je suis pas aussi bête que j'en ai l'air. Ca y est, je l'ai. Cible à mille cinquante cinq mètres, se déplaçant à environ quatre kilomètre par heure."

Un bruit de molette se fit entendre, grinçant. Kaoru eut en effet quelques difficultés à tourner le réticule bloqué par le givre.

"Vitesse du vent ?
-Dix noeuds, nord-est.
-Paré à tirer.
-Vas-y."

Kaoru prit une longue inspiration, faisant affluer son chakra dans ses membres pour ralentir momentanément l'activité de son corps. Il sentit alors que son coeur se mettait à ralentir, lentement, et concentra son chakra dans son oeil de visée, afin d'être aussi précis que possible, cherchant à anticiper les mouvements de sa cible. Et quelle cible !

FLASH BACK

Cela faisait presque six mois que Kaoru était à Konoha, depuis le jour où lui et son unité avait atterri dans la forêt. Presque six mois depuis sa première mission avec l'équipe sept au complet. Presque six mois qu'il suivait l'entraînement de Sasuke. Tsunade l'avait mis sous la coupe de Kakashi pendant une semaine, puis Sasuke s'était arrangé avec son maître pour qu'ils échangent leurs positions quelques temps, car le brun voulait former lui même son apprenti, pour la raison qu'il devait tout connaître de celui qui l'accompagnerait, dans de dangereuses missions où il devait être capable de prévoir les réactions et de connaître par coeur les capacités de chacun. Le hokage avait accédé à sa requête et depuis ce jour, Kaoru avait découvert les sens cachés des mots "effort" et "douleur". Pourtant habitué à en baver depuis l'armée, la souffrance qu'il avait ressentie pendant ces six mois était au delà de tout ce qu'il pouvait imaginer. Le chakra était quelque chose de formidable, qui pouvait donner un immense pouvoir, mais il y avait des inconvénients. Combien de fois n'était-il pas tombé dans les pommes à cause des brûlures insoutenables qui traversaient ses méridiens ? Combien de fois n'en avait-il pas vomi de douleur ? Combien de fois ne pouvait-il même plus tenir des baguettes tellement il avait mal ? Il était même resté inconscient pendant trois jours suite à un entraînement titanesque que lui avait fait subir son maître. Ce dernier, en effet, était sans pitié, n'accordant que peu de repos à son élève et le soumettant à des efforts toujours plus importants. Grâce à cet entraînement pour le moins spartiate, le jeune homme avait considérablement progressé et avait intégré la police de Konoha, le temps de devenir suffisamment fort pour faire partie de l'équipe de son maître. Limité à des missions de rang B au grand maximum, vers le douze treize janvier, Tsunade fit exception.

"Je vous ai fait venir tous les trois car j'ai une mission très particulière à confier à Sasuke et Naruto, dit elle avec le plus grand sérieux. Elle se déroulera assez loin et devrait durer environ une semaine, trajet compris. Je t'informe donc que ton maître sera indisponible pendant cette période, ajouta-t-elle à l'adresse de Kaoru.
-De quoi s'agit-il ? demanda Sasuke.
-Il s'agit d'une mission d'assassinat.
-Vous savez ce que j'en pense, dit le brun avec un air sous entendu.
-Oui, je sais que tu détestes tuer. Mais là, le village a besoin de fonds assez rapidement, alors j'envoie tous ceux qui en ont les capacités sur des missions importantes.
-Mais ça ne veut pas dire que j'ai envie d'y aller pour autant.
-Tu n'as pas le choix, dit-elle d'un ton autoritaire. L'éthique a malheureusement une place très réduite dans le monde des shinobis.
-Dans ce cas laissez moi y aller à sa place, intervint Kaoru.
-C'est gentil de te proposer mais tu n'as pas le niveau, lui répondit Tsunade. Les missions d'assassinat sont toujours classées niveau A minimum, en raison de leur caractère spécifique. Et nous sommes déjà bien gentils de te laisser des missions de rang B alors que tu n'es que genin.
-Est ce que cette personne traversera un endroit dégagé et visible de loin ? Continua Kaoru sans se démonter.
-Euh, oui mais je ne vois pas le rapport.
-Rendez moi mon fusil, juste pour cette fois. Mettez Sasuke-sensei sur une autre mission et j'irai avec Naruto.
-J'ai interdit l'usage de ces armes, tu le sais.
-Faites exception pour cette fois-ci. Le temps que je puisse avoir le grade requis pour faire ce genre de mission à mains nues. Et contrairement à mon maître, je me fiche pas mal de tuer, même si je me plie aussi souvent que possible à ses préceptes non violents. Et je ne rate jamais ma cible avec mon fusil. De plus, je me mettrai suffisamment loin pour qu'ils ne sachent même pas ce qui s'est passé, et si jamais ils font des recherches, nous aurons déjà une sacrée longueur d'avance sur eux. Et de toutes façons, Naruto veillera sur moi.
-Hmmmmmm...
-Pensez au taux de réussite de la mission.
-.... Très bien, accepta-t-elle à contre coeur. Mais ce ne sera que provisoire, nous sommes bien d'accord ?
-C'est tout à fait clair, maître.
-Alors ça va. Tu as de la chance Sasuke. Tu iras donc escorter l'ambassadeur de Suna jusqu'ici. Tu pars demain. Je te ferai livrer ton équipement chez toi dès ce soir, Kaoru. Vous partirez demain matin. Maintenant, je vais vous détailler la mission."

FIN FLASH BACK

Elle leur avait expliqué qu'il s'agissait d'un homme politique du village caché de la Cascade, Taki no kuni. Il faisait partie d'un mouvement radical dont le leitmotiv était de développer leur pays par une économie basée sur la guerre. Jugé dangereux en raison de son statut de premier ministre et donc de son influence, Iwa et Kusa, souhaitant conserver la stabilité de la région et de leurs intérêts commerciaux, avaient envoyé une commande d'assassinat à Konoha où se trouvent les meilleurs ninja. La cible devait se rendre à Oto via Yuki no kuni, à la frontière duquel se trouvaient à présent Naruto et son complice. Comme prévu, son équipement lui avait été livré le soir même, et il avait dû apprendre à Naruto comment utiliser les jumelles, ayant besoin d'un observateur pour un tir aussi long. En effet, en observant la carte, il avait repéré une surélévation à environ un kilomètre de l'itinéraire emprunté par la cible et qui donnait directement sur ce dernier. Naruto ne croyait pas du tout que l'on puisse atteindre une cible aussi loin avec une arme de jet, mais il s'était laissé convaincre par son équipier quand celui-ci lui avait exposé un plan B au cas où. Ils étaient partis le lendemain, Naruto étant passé chercher son ami à l'appartement que celui-ci louait depuis environ trois mois grâce à son argent durement gagné. Kaoru économisait toujours pour aller à la bibliothèque de Yuki no kuni, attendant d'avoir suffisamment de côté pour ne pas être limité dans ses recherches une fois sur place. En ce début d'année, l'hiver avait recouvert le paysage de son froid manteau blanc, et le trajet jusque là où ils étaient avaient été plus difficile que prévu, car il s'enfonçaient parfois dans trois mètres de neige, et les arbres étaient impraticables car le gel avait trop fragilisé les branches. Une fois sur place, ils s'étaient mis en planque après avoir choisi le meilleur endroit pour tirer. Il leur avait fallu attendre trois heures dans un froid mordant pour qu'enfin ils puissent passer à l'action. Kaoru voyait l'homme qu'il devait tuer dans son viseur, son visage mauvais mais élégant enroulé dans une écharpe en soie. Il était assis dans une sorte de calèche, tirée par deux chevaux, et semblait pensif, ne se doutant pas de ce qui allait lui arriver. Kaoru expira lentement tandis que son rythme cardiaque continuait à ralentir. Son doigt appuyait progressivement sur la détente, attendant patiemment le bon moment. Pendant une seconde, son coeur sembla alors s'arrêter, et son doigt se contracta légèrement. Un bruit sourd transperça l'air et moins de deux secondes plus tard, la cervelle de l'homme assis dans la calèche explosa contre la vitre tandis que son cadavre s'écroulait sur lui même comme une chiffe molle. Le bruit de l'impact avait attiré l'attention de ses gardes du corps qui regardaient à présent frénétiquement autour d'eux.

"Tu me crois maintenant ?
-Ouah ! C'est trop fort ce truc ! Elle est géniale ton arme ! Atteindre une cible d'aussi loin !
-C'est peut être pour ça que la vieille m'a interdit de m'en servir: trop dangereuse et déloyale. De toutes façons, je n'aurais jamais assez de munitions pour m'en servir bien longtemps.
-Toutes ces considérations sont fort intéressantes, mais si on se barrait maintenant ? Sinon notre distance ne nous servira bientôt à plus rien.
-Ouais, t'as raison, on se tire."

Joignant le geste à la parole, les deux compères se levèrent tant bien que mal et laissèrent tout deux échapper un léger gémissement de douleur, leurs articulations craquant violemment après des heures couchées dans la neige. Faisant disparaître toute trace de leur présence, Kaoru ramassant sa douille et Naruto nivelant la neige pour qu'on ne puisse voir les traces des corps, ils rangèrent leur barda et se remirent en route, usant de leur chakra pour "flotter" sur la neige et ne pas laisser leurs empreintes. Se hâtant autant que possible, l'avance qu'ils avaient gagnée sur leurs éventuels poursuivants grâce à ce tir longue distance leur fut profitable, car six heures plus tard, il n'avait toujours pas perçu la moindre présence des poursuivant. Traversant une forêt de pins rachitiques et ployant sous le poids de la neige, Naruto repéra une clairière et proposa à son équipier de faire une halte pour la nuit.

"Tu n'y penses pas ! On doit être revenu dans trois jours ! Si on a du retard, la vieille va nous péter une durite ! Je te rappelle que je ne suis sur cette mission qu'exceptionnellement, et j'ai pas envie qu'elle vienne à l'hosto pour examiner les côtes qu'elle m'aura pétées !
-Relax ! Tant qu'à faire des exceptions, autant aller jusqu'au bout. Et faut bien qu'on reprenne des forces. Elle sera encore plus énervée si on rentre dans un état lamentable. Parce qu'à mon avis, à peine rentrés, on va avoir droit à un nouveau tour gratuit, vu qu'en ce moment le village commence à être un peu à la dèche. Et si on est pas en état de bouger, elle va tellement criser qu'elle sera capable de nous achever elle même, acheva-t-il en déglutissant difficilement.
-.... Je crois que tu n'as pas entièrement tord... Allez, c'est jour de fête, reposons nous un peu. Ca ne peut que nous faire du bien", concéda Kaoru en posant ses affaires contre une souche d'arbre.

Suivant l'exemple de son ami, le jeune homme blond se débarrassa avec plaisir et soulagement de son gros sac qui lui meurtrissait les reins depuis deux heures. Soupirant d'aise, il se laissa glisser au sol et ferma les yeux quelques instants, savourant cet instant de repos. La tension s'éleva d'un seul coup, et bien qu'ils ne firent aucun mouvement, chacun de leurs sens était en alerte. Un changement dans l'atmosphère les avait fait tiquer. Seuls les hurlements du vent hivernal et les craquements des arbres venaient troubler le silence glacial qui s'était soudain abattu sur la forêt, et bien que cela eut pu paraître normal par un temps pareil, cette région était connue par les touristes pour les chants de loup que l'on pouvait y entendre régulièrement. Or, le cri des dieux de la forêt s'était éteint, comme une étincelle soufflée par le vent. Et quand une zone sauvage et bruyante se tait, cela ne signifie généralement qu'une seule chose.

"Naruto...
-Ouais. Ils ont fait vite."

Ils bondirent sur leurs jambes, Naruto saisissant un kunai sorti de sa manche et Kaoru s'emparant du tachi qu'il avait dans le dos de sa ceinture, exposant la lame noire à la fureur de l'hyperborée. Aussitôt, trois hommes apparurent dans la clairière, tels des volutes de fumée noire prenant forme humaine. Tous vêtus d'une grande pèlerine blanche, leur visage était dissimulé derrière des masques ronds de même couleur, sans aucun dessin, sans expression, gravés d'une cascade. Capuche sur la tête, des mains gantées sortirent des manteaux, empoignant chacune un jitte.

"Des oi-nin, des chasseurs de déserteurs. On pouvait pas tomber mieux, dit ironiquement Naruto.
-Facile, la dernière fois que je me suis frotté à un membre de l'Anbu, c'était lors d'un entraînement, et j'ai fini cloué sur un lit d'hôpital pendant une semaine, ajouta Kaoru en transpirant légèrement. On ne les a même pas senti arriver. Ces types sont forts. Ils devaient nous suivre depuis quelques heures.
-T'as vu leurs armes ? Lui notifia Naruto en se mettant dos à dos avec son ami.
-Des jitte, mon tachi ne sera d'aucune utilité ici, répondit-il en rengainant son arme.
-Tu connais la formation numéro deux ? S’enquit le blond avec un semblant d'espoir.
-Négatif, Sasuke-san doit me l'apprendre la semaine prochaine.
-Super, on est mal barré.
-C'est Konoha qui vous envoie n'est ce pas ? Leur demanda l'un des trois types. Nous avons quelques questions à vous poser.
-T'as deviné juste tête de poulpe, lui dit Naruto. Et malheureusement pour toi, je peux pas te laisser repartir vivant maintenant que tu le sais."

Tout se mit en mouvement à une vitesse hallucinante. Les trois chasseurs de Taki no kuni bougeaient avec vélocité et souplesse, attaquant de toute part sans jamais laisser aucun répit à leurs adversaires. Naruto esquivait tant bien que mal, cherchant une ouverture pendant que Kaoru subissait leurs assauts comme il pouvait. Chaque fois qu'il parait l'un de leurs coups avec un kunai, il sentait son bras vibrer douloureusement, car leurs armes étaient faites de manière à créer des ondes de choc à chaque impact, ce qui expliquait leurs protège poignets en cuir lourd, pour les préserver des effets de leur propre technique. "Si ça continue comme ça, mes os vont finir par se briser comme du cristal à cause des vibrations... Il faut que je me débarrasse de leurs saloperies de jitte..." Il se baissa juste à temps pour éviter un autre coup et lança une demi douzaine de shuriken que son adversaire esquiva avec facilité. A trois contre deux, ils étaient désavantagés, surtout face à des ninja d'élite. Soudain, il entendit Naruto crier de douleur. Jetant brièvement un coup d'oeil, il vit que le bras du blond formait un angle très étrange. "Il lui ont pété un bras ! On est foutu !" Alors que son adversaire allait l'achever, un éclair rouge jaillit du corps de Naruto, et l'oi-nin fut légèrement blessé au bras. Il s'apprêtait à relancer l'offensive lorsqu'il s'arrêta net dans son élan. Une étrange sensation emplit l'atmosphère, la rendant très opaque, très lourde, irrespirable. Kaoru se sentait oppressé et particulièrement mal à l'aise, se demandant avec appréhension ce qui allait se passer. Il avait l'impression de danser dans la paume d'un démon, prête à se refermer sur lui et l'écraser comme un moucheron. Ses cheveux se dressèrent sur sa tête et son coeur faillit manquer un battement. "Qu'est ce que... ?!" Une aura malsaine et incroyablement mauvaise, de couleur sang, émanait du corps de Naruto, l'enveloppant comme un manteau. Ses cheveux se hérissèrent, ses dents et ses ongles s'allongèrent et ses pupilles se fendirent en un regard bestial. "Oh, merde... Kyûbi..." Les trois hommes en blanc étaient comme fascinés par le spectacle qui se déroulait sous leurs yeux, et cela n'échappa pas à Kaoru. "C'est ma chance !" Profitant de cette opportunité inespérée, il plongea son kunai dans le coeur de son adversaire et dégaina son sabre, espérant avoir suffisamment de temps avant qu'ils ne réagissent. Mais il avait oublié un détail: il avait à faire à l'élite, et les deux hommes restant se jetèrent sur lui et le désarmèrent sans difficulté grâce à leurs étranges matraques. C'est alors que Naruto s'interposa entre eux, une sphère lumineuse brillant dans sa main droite, et son bras, cassé quelques instants plus tôt, était comme ressuscité. Avec un cri de rage, il enfonça le tourbillon dans la poitrine du premier shinobi.

"Rasengan !!"

Son équipier ne put que regarder impuissant son camarade se mettre à hurler en tournoyant sur lui même, emporté par la tornade d'énergie enfermée dans la sphère et projeté contre un arbre sur lequel il s'empala, le sang souillant abondamment la blancheur immaculée de la neige. Le dernier survivant fit un bond en arrière en composant des signes à une vitesse surhumaine.

"Suiton ! Kihodan !" (le canon à eau)

Un puissant jet d'eau transperça le sol et fonça vers Naruto. Celui ci poussa un hurlement bestial et l'eau se brisa sur son chakra comme la mer sur les rochers. Puis il bondit en avant, disparaissant du champ de vision de son ami, qui ne vit que les sillons laissés par le passage du démon renard. Naruto réapparut dans le dos de l'Anbu, qui eut à peine le temps de se retourner qu'une avalanche de coups s'abattait sur lui, comme s'il était bombardé de rochers. Ses os se brisaient les uns après les autres, la douleur brisait ses nerfs et envahissait son corps tandis que sa vie le quittait petit à petit. Il était à peine conscient quand son corps fut projeté en l'air et qu'une tornade de chakra rouge démolit ce qu'il en restait, envoyant son corps contre un arbre ou sa cervelle explosa contre le bois, éclaboussant les environs de sang et de morceaux de crâne mêlés de la matière grise.

"Kyûbi rangeki !! Shaaaaaa !!"

L'homme était déjà mort lorsque son corps retoucha le sol. Naruto reprit sa forme normale et alla vérifier qu'ils étaient tous bien morts. Il se retourna alors vers Kaoru qui ramassait on sabre et lui fit un grand sourire.

"Je te sauve la vie bien souvent en ce moment, dit-il avec un regard moqueur.
-Oh lui ! Tout de suite l'exagération ! Ca fait seulement deux fois que tu me sauves la vie ! Et encore la première compte même pas, c'était quand j'ai faillit me vautrer d'un toit il y a six mois !
-N'empêche, tu serais mort si je t'avais pas rattrapé !
-Si tu veux. Merci en tout cas, j'ai vraiment eu chaud sur ce coup là...
-Pas de quoi, t'aurais fait la même chose pour moi. Bon, on fait disparaître les corps et on se tire. On se reposera une fois la frontière passée."

N'ayant pas le temps d'enterrer les corps, ils décidèrent d'un commun accord de cribler la zone de parchemins explosifs très puissants inventés par Tenten quelques semaines plus tôt, avant de courir se mettre à l'abri quand Kaoru alluma la mèche. Quelques secondes plus tard, une déflagration d'une incroyable violence fit trembler la terre et même à cent mètres de là, le souffle de l'explosion les aplatît au sol. "La vache ! Elle s'est pas foutue de notre gueule sur ce coup là Tenten ! Il doit plus rester grand chose à part un gros trou là bas..." Ils se relevèrent en vitesse et accélérèrent le pas. L'explosion allait attirer tous les ninja de la région sur place et ils devaient atteindre la frontière avant de se faire encercler. Kaoru fit alors déferler tout le chakra qui lui restait dans ses jambes et sa vitesse de course atteignit un niveau tel que le paysage semblait se déformer autour de lui. Afin de se repérer dans ce flou artistique le plus total, il suivait le halo rouge de Naruto qui était juste devant lui. Mais comme pour toute chose, cet accès de force avait un prix, et il se sentit s'épuiser rapidement et remarqua d'ailleurs que Naruto commençait à faiblir également. Heureusement pour eux, la frontière apparut au bout d'une petite heure, durant laquelle ils avaient avalé les soixante kilomètres qui les séparaient du pays du feu grâce à leur soudaine vélocité. Courant à en perdre haleine, ils bondirent par dessus les barbelés qui séparaient les deux pays comme s'ils étaient poursuivis par le diable en personne. Ce ne fut que vingt minutes et quinze kilomètres plus loin qu'ils se décidèrent à faire une pause, à l'abri dans une grotte. A peine eurent-ils posé bagages dans l'aspérité qu'ils s'effondrèrent, suant comme des boeufs et haletant bruyamment. Leurs poumons les faisaient souffrir, et leur tête ainsi que leurs jambes étaient en feu tandis que leur coeur semblait sur le point d'exploser. Kaoru avait des difficultés à respirer, ses tempes battaient douloureusement, comme s'il se faisait frapper à coup de cailloux, et il se sentait incapable de faire le moindre mouvement pendant au moins une demi heure tellement son corps était fatigué. Ce fut d'ailleurs le cas, car ce n'est que trois quarts d'heure plus tard qu'ils réussirent à se lever et à préparer un feu à l'entrée de leur abri.

"Pfiou ! Quelle course, dit Naruto en esquissant un léger sourire.
-Tu l'as dit bouffi ! Je sens plus mes jambes... J'espère que ma prochaine mission sera d'aller récupérer un chat perdu, sinon je vais crever d'épuisement.
-J'ai presque envie de dire moi aussi, concéda Naruto. Je suis vidé, j'ai froid et j'ai trop la dalle ! Ils nous reste quoi à manger ?
-De quoi faire des ramen pour une semaine... C'était vraiment nécessaire d'emmener tout ça ? demanda Kaoru avec dépit face aux sachets de nouilles qui envahissaient la moitié de son sac à dos.
-Un peu que c'était nécessaire ! Il nous reste une journée de marche, et ça me suffira jamais ces trois pauv' nouilles qui se battent en duel !
-"Mais comment il fait pour bouffer autant ?" En tout cas, on a de quoi manger, même si c'est pas très varié...
-Il paraît que t'as reçu une lettre de Suna ces temps-ci, dit Naruto en mettant de l'eau à chauffer sur le feu.
-Ouais, c'est les membres de mon unité qui m'ont écrit la semaine dernière. Ils sont en formation à l'académie de Suna. Sergei est souvent malade, car il n'a jamais supporté la chaleur, mais sinon ça va. Apparemment, ils ont pas à se plaindre. La bouffe est bonne et le gîte agréable. Je devrais pouvoir aller les voir d'ici peu, si jamais on me laisse une petite semaine de congés.
-Rêve pas trop. On est pas prêt d'être en vacances c'est moi qui te le dit. Essaye plutôt de te démerder pour avoir une mission sur Suna.
-C'est pas bête.
-Et comment ça se passe avec Hinabi ?
-Euh, comment ça ? sursauta-t-il, pris au dépourvu.
-Fais pas l'innocent, petit cachottier, renchérit Naruto d'un air espiègle.
-Mais... Je... Je vois pas le rapport. J'ai la conscience tranquille. J'ai rien à cacher, se défendit maladroitement Kaoru en essayant de prendre un air dégagé. Jamais l'eau d'une casserole n'avait semblé aussi intéressante jusque là.
-Je suis pas si bête que ça, je sais de source sure que vous voyez assez souvent en ce moment. Tu l'as même invitée au restau la semaine dernière.
-Mais ! Tu m'espionnes ou quoi ?! s'exclama Kaoru, surpris que son ami en sache autant.
-Pas du tout, mais je sais où je peux savoir ce que je veux, lui répondit le blond avec un grand sourire triomphant.
-Je crois que je vais couper la langue de ces pipelettes si je les retrouve... bouda le jeune homme aux cheveux blancs.
-Tu l'as déjà embrassée ? demanda le blond d'un air lubrique.
-Hein ?! Rougit violemment son ami. Euh, je... Son père serait déjà furax qu'un type ordinaire comme moi, qui suis à peine genin, voit sa fille, alors t'imagines si je sortais avec elle...
-Tu sais, c'était pareil pour moi avec Hinata, mais il a fini par laisser tomber. Je te donnerai des astuces pour arriver à tes fins si tu veux, dit-il le plus naturellement du monde.
-Non merci ! Si c'est du même genre que le torche-cul de Jiraya-sama que maître Kakashi m'a fait lire, c'est pas la peine.
-Ce vieux pervers me fait honte des fois, maugréa Naruto. Mais je suis pas sénile moi, mes conseils sont bien plus...
-Ah ! L'eau bout, ça va être prêt. "Ouf ! Sauvé par le gong !"
-Miaaaaaaaaam.... bava Naruto en sentant l'odeur des ramen au boeuf qui montait de leur bol. Ittadakimasu !!"

Ils mangèrent avec appétit, tous deux ayant un grand besoin de reprendre leurs forces après leur folle cavalcade. Puis, complètement épuisés, ils allèrent se coucher immédiatement autour du feu, sans même monter la garde.

...

Le lendemain, le soleil était déjà haut dans le ciel quand ils se réveillèrent. Prenant conscience de la situation, ils bondirent sur leurs jambes et nettoyèrent l'endroit à la vitesse de l'éclair avant de se précipiter dehors et de courir aussi vite qu'ils le pouvaient, passant outre les courbatures douloureuses de leurs jambes, dues à leur sprint de la veille. Ils savaient qu'ils arriveraient à la bourre à Konoha quoi qu'ils fissent, mais ils se hâtaient car ils savaient aussi que la colère de Tsunade augmenterait de manière exponentielle avec le temps de retard qu'ils auraient. Et la perspective d'un séjour forcé à l'hôpital ou d'un mois entier à récurer les toilettes publiques à la brosse à dents leur donnait bizarrement des ailes. Lorsque, trois jours plus tard, soit avec une demi journée de retard, ils arrivèrent devant le bureau du cinquième Hokage, leurs visages étaient livides et sans expression. Ils attendaient nerveusement leur sentence quand Shizune les fit entrer. Quand ils virent le visage grave de Tsunade, Kaoru manqua de s'évanouir de peur. Mais ils étaient loin de se douter de ce qui allait se passer.

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