Fiction: Le chant du renard, les larmes du loup.

Envahie par le Pays du Feu, la ville fortifiée de Konoha, dissimulée dans les montagnes, s'apprête à recevoir un nouvel habitant. Celui-ci n'a que dix ans, et pourtant le massacre de sa famille en fait déjà un lord. Dans cette même ville, un enfant blond aux yeux clairs, paria parmis les habitants et leurs domestiques, l'attend sans même le savoir. De cette rencontre naîtra une amitié bien vite interrompue, mais lorsque la légende les réunira six ans plus tard, rien ne sera plus jamais pareil..
Classé: -16D | Action/Aventure / Drame / Romance | Mots: 1097 | Comments: 6 | Favs: 17
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Romeowyn (Féminin), le 31/05/2007
J'ai écrit le premier chapitre il ya très longtemps, mais n'ai jamais eu le courage de le continuer. C'est chose faite ! ^^



Chapitre 1: Légende



Prologue : Légende :

Il y a mille et mille vies d’homme, lorsque la forêt couvrait encore le pays du sable, lorsque ni la brume, ni le son, ni les montagnes, ni les océans n’existaient, le monde était dominé non pas par les humains mais par les démons. Ceux-ci étaient dignes et puissants, mais leur fin, comme celle de toute chose, fut causée par la rivalité. Après des siècles de querelles acharnées, d’alliances et de trahisons, deux puissances émergèrent du commun des immortels. La Terre étaient gouvernée par deux Titans : Kyuubi, le renard flamboyant, et Ôkami, un loup titanesque dont on dit que les yeux pleuraient les larmes du sang de ses ennemis.

Comprenant que la poursuite de cette querelle les condamnerait, le loup et le renard choisirent l’assaut frontal. Kyuubi, grâce à sa fourrure brûlante, transforma le pelage glacé du loup en eau, qui en coulant forma les rivières et les océans. Le désert du pays des sables marque l’emplacement de ce combat, qui réduisit les plaines vertes et fertiles en mer de sable stérile. Affaibli par l’affrontement, Kyuubi chancela et s’effondra dans l’océan, formant la brume, et de son chant, le son fut créé. Le corps d’Ôkami forma les montagnes noires, la neige restante de son pelage leurs glaciers. Les dernières larmes qu’il versa étaient claires, transparentes et salées, et vinrent rejoindre les mers, leur donnant leur saveur bien connue.

Chapitre 1 : Fin et commencement

Fin et commencement

Je courais. Le soleil tapait dans le haut de mon dos, mes pieds frappaient régulièrement le sol rocailleux, endurcis par des années de jeux et de vagabondages au bord des falaises. De temps à autre, je tournais la tête pour jeter un coup d’œil derrière moi et m’assurer que j’étais toujours à bonne distance devant mes soeurs. Arrivé au surplomb de notre crique, je m’autorisais une pause et admirai l’océan, penché en avant, les mains calées sur les genoux. L’ odeur de la mer, des plantes grasses tiédies par la chaleur et de la résine de pin m’atteignaient par vagues. Mais est-on conscient de la beauté du monde lorsqu’on a huit ans ? Mon esprit d’alors était entièrement tendu vers la perspective du bain de mer qui suivait nos courses, mais plus encore vers la satisfaction que je ressentis en observant encore une fois leurs mines défaites, rageuses et vaguement envieuses d’avoir été battues. Puis nous jetions nos vêtements dans les rochers et nous élancions dans l’eau. Nous nagions dans les vagues jusqu’au crépuscule, et c’est donc affamés que nous entamions le chemin du retour, en coupant par habitude par la pinède où nous jouions à nous renverser mutuellement sur le tapis de brindilles et d’épines, si bien que nous émergions du bosquet grimaçants et hérissés de minuscules pointes vertes et odoriférantes.

Ce jour-là, l’odeur des sablés à la figue fut plus forte que d’ordinaire, mais je ne le remarquai pas. Nous nous chamaillions, plus par habitude que par envie et nous arrivions en retard, le repas prêt. Les doigts de mon père s’abattaient par saccades sur le bois de la table, seul élément exprimant son agacement vis-à-vis de nos éternels retards dont il croyait qu’ils étaient immuables, aussi inaltérables que notre quiétude ou mon incapacité à danser. Il se trompait.
Ce soir-là, mes gâteaux préférés n’étaient pas sur le bord de la fenêtre en train de refroidir. Ils gisaient sur le sol, parfois entiers, parfois en miettes, souvent piétinés, leur farce épaisse, noire et granuleuse étalée sur la terre cuite rugueuse du carrelage de la cuisine. L’encre et les parchemins auxquels ma mère tenait tant avaient glissé du bureau fracassé, l’une maculant les autres, détruisant de jours de travail. La lyre avec laquelle mon père essayait vainement de m’apprendre les pas traditionnels de notre île natale avait été emportée ou jetée du haut de la falaise comme tant d’autres choses.
Cette nuit-là, notre maison blanche fut pillée, souillée et vidée de ses biens, mais elle n’était pas vide.

Lorsque j’arrivais enfin sur le seuil de la porte, je sus enfin quelle était la senteur qui m’avait accompagné cette nuit-là, en rentrant chez moi. Ce n’était pas l’odeur des sablés, ni celle des épineux alentour, ni même celle de ma propre sueur. C’était l’odeur du changement. Et cette odeur si intense présageait une série de mutations si brutales et précipitées qu’elle emprunta ses senteurs à celles du sang. J’entrai et je la vis. Je crois que ma soeur cria, mais mon souvenir n’a gardé de clair que cette image. Ma mère gisait, recroquevillée, baignant dans un liquide sombre et poisseux que plus tard j’identifiais comme du sang. Ses cheveux blonds étaient étalés sur sa peau pâle, la même peau qui contrastait si vivement avec le teint mat et les cheveux corbeau de mon père. Ses yeux clairs dont je n’avais pas eu la chance d’hériter étaient ternis par la poussière qui se soulevait doucement sous mes pas. J’eus le temps de noter chaque détail de son visage, en essayant vainement d’oublier le filet de sang qui avait coulé par son nez et la commissure de ses lèvres, la peau violacée et gonflée de la tempe et menton.

Je m’agenouillais et touchai sa joue. Je ramenai ma main à moi comme si je m’étais brûlé. La froideur et la rigidité naissante de la chair me firent penser à celle des pigeons que je plumais parfois, après les avoir abattus avec une fronde. Je ne voulais pas me souvenir de ma mère ainsi, dans cet état plus proche de la nourriture que d’un être aimé. Je me levai, ramassai la nappe qui traînait par terre et, malgré les taches la maculant, en couvrit le cadavre. Machinalement, j’avais reproduit les gestes que j’avais vu faire pour un mort, ou afin de protéger un plat de viande entamé.

Je ne me souviens pas précisément de ce qui s’ensuivit. Je me souviens m’être demandé où était Itachi. Peut-être est-ce cette succession d’images trop forte pour un garçon de huit ans, ou peut-être est-ce le coup qui s’abattit sur ma tête. Toujours est-il que je ne me rappelle ni d’être tombé, ni de sensation de douleur, mais ce que je vis en ouvrant les yeux est resté aussi limpide qu’à l’instant où mes paupières se soulevèrent.
Un homme me portait sur son épaule, et j’aperçus son brassard portant un symbole étrange et pourtant familier, présent également entre ses omoplates. Nous nous éloignions de la pinède et je vis à la lueur de la lune, sortant de l’ombre projetée par les arbres, deux paires de petits pieds nus reposant dans les aiguilles.



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