Fiction: Mon Pays s'appelait Or

Il y a très longtemps, à l'Est, l'Or a été vaincu par l'Acier. Le sang a coulé, la terre a brûlé. Cent ont survécu. Bien des printemps après, ils sont vingt à peine, et arrivent à Konoha. Un seul ne craint pas encore la Mort. Voici l'histoire d'Atari Hanano.
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Atari Hanano (Masculin), le 26/07/2006




Chapitre 2: Méfiance est Mère d'Agressivité.



« Je ne suis PAS un monstre ! »

Déployant ses grandes ailes, l’individu s’envole à plusieurs mètres de hauteur. Ses plumes blanches semblent caresser les airs, irrisées par les reflets de l’astre solaire. Surplombant l’assemblée, il regarde ceux qui l’insultent avec toute la peine du monde dans les yeux. De chaudes larmes ruissellent le long de ses joues, puis sur son corps marqué par l’Ange symbolisant l’Eglise du Culte de la Sagesse. Il pleure tout son soul, tant il est meurtri par les mots que viennent de prononcer ces habitants du Pays de la Pierre. Il est en rage.

Au sol, la vingtaine de « vagabonds » fait face aux autochtones. Ils doivent affronter des regards emprunts de peur, et de haine. En ce jour, ils sont invités à se rappeler que l’ignorance engendre la méfiance, la méfiance entraîne la peur, et la peur provoque la haine, comme la réminiscence d'un lourd passé, comme une épreuve imposée par une instance supérieure. Les étrangers voient leurs vis-à-vis dégaîner haches et massues, et bien vitent conviennent d’accepter leur sort, de succomber à la fatalité d’une rencontre imprévue et indésirable. Mais au dessus d’eux, quelqu’un ne l’entend pas ainsi.

Alors que la mêlée fait rage, et que le premier sang est versé, celui qui a tout d’un ange émet un sifflement, qui se transforme en cri, puis en hurlement. Ses tatouages noirs virent au jaune, puis adoptent des reflets dorés. Les rayons de lumière semblent tous converger vers lui. Un halo lumineux l’enveloppe alors qu’il se lance à l’assaut des attaquants. Puis, alors qu’il arrive au contact, après un temps qui lui a semblé infiniment long, quelque chose se produit.



« Nous nous promenions dans le pays de la Pierre, lorsque nous avons été attaqués par des vagabonds. Ils ne nous ont laissé aucun choix. Il fallait combattre. »



Une gerbe de lumière pure s’échappe de son corps, frappe ses ennemis, et rien que ses ennemis, même au sein de la mêlée, renverse ces derniers et les projette une vingtaine de pas en arrière, puis la lumière devient feu, et s’abat comme un bracelet divin autour du groupe des voyageurs, les séparant de leurs bourreaux comme du reste du monde, ce qui mécontente les gens « normaux » qui insultent, qui jurent, qui parjurent et jurent encore, maudissent, menacent, montrent du doigt et insultent à nouveau, avant de brandir leurs armes et de les jeter par dessus le mur de flammes, qui s’élève et brûle les projectiles, les réduisant en cendres sous les regards effarés des simples d’esprits, ces félons incompréhensifs, ces chauvins qui croient encore en la notion de race et se permettent de les classer par ordre de préférence et qui, alors qu’ils s’échangent des histoires et se racontent des légendes relatant les faits extraordinaires de héros non moins extraordinaires, originaires de leur propre pays, capables d’allonger leurs bras, de disparaître sous terre sans même avoir besoin de creuser, lorsque ledit héro n’est pas un concitoyen, un patriote, un enfant du pays, même un idiot du village, comme eux, se munissent arbitrairement d’un permis de tuer pour protéger le prestige de la patrie et l’exclusivité nationale des faits d’armes les plus étranges, irrationnels et incompréhensibles, ce tas d’attardés trop attachés à une notion de race qui n’a aucune raison concrète d’exister s’étonne de subir le courroux du héros étranger alors qu’il vient de s’en prendre, le tas, à une cargaison de vieilles branches enfermées dans des sacs de bure et qui errent depuis des éons sur des terres qui ne leur appartiennent pas, en espérant un jour renconter l’hospitalité, et non la crainte, qui en ont marre de croiser le fer, surtout que là ils viennent de se prendre une belle râclée, et qui, enfin, malheureusement pour le tas, possèdent depuis quoi, cinq minutes, un atout majeur, un ange de lumière qui crache du feu et qui n’a vraiment pas l’air content du tout, un ange qui s’appelle…


« Ils m’ont demandé de me cacher, ils se sont battus pour se préserver et pour me préserver, moi, le dernier enfant du clan Atari, mais ils ont perdu et ont été laissés pour morts. »



Atari Hanano. Contraîrement à ses agresseurs, il n’est pas un monstre, et c’est pour ça qu’il les laisse en vie. Mais comme il est malheureux. A chaque fois qu’il se sent pousser des ailes, cela finit en pujilat, en escarmouche, en bataille rangée ou en massacre, et à chaque fois, ses compagnons lui demandent de se cacher, sont laissés pour morts, lorsqu’ils ne sont pas morts, et séjournent plusieurs semaines dans un hopital, avant d’en sortir. Alors ils essayent sur place de s’intégrer à la société, de s’adapter à l’ordre établi. Ils partagent leurs connaissances avec qui le veut, puis Hanano se transforme, et ça part en eau de boudin. Est-ce sa faute s’il est né avec des ailes, ce qui lui a d’ailleurs valu le prénom qu’il porte. Et encore heureux qu’en grandissant ses ailes aient disparu, pour ne réapparaître qu’en de rares occasions.



« Voilà, vous connaissez toute l’histoire…
- Tu sais, à peu de choses près, on a le même âge, alors tu peux me tutoyer…
- D’accord euh… Co… Quel est ton nom déjà ?
- Sakura ! Genin du Village Caché de Konoha ! »

Pour lui changer les idées, Sakura avait proposé à Hanano de lui faire visiter le village, avant de se rendre au rendez-vous que leur avait imposé Tsunade afin de mieux connaître ses nouveaux invités. Des visages granitiques des précédents Hokages aux plus anonymes des ruelles sombres, elle lui fit tout visiter, ou au moins tout ce qu’elle connaissait, lui servant sur un plateau de sympathie des cours magistraux d’histoire, de géographie et de politique, ainsi que des potins, des ragôts et les dernières nouvelles importantes, jusqu’au coucher du Soleil, prélude à la rencontre avec Hokagesama, qui jugerait par elle-même du degré de prudence qu’il faudrait adopter à l’encontre de ces étrangers.

« Voilà, vous savez tout ce que je sais…, acheva Sakura.
- Hum… Hanano ? Sakura est-elle une bonne conteuse ?
- Euh… Ah ! Oui, très ! Seuls mes aînés pourront vous en dire plus.
- Bien… Je ne vais pas vous retenir plus longtemps… Sakura !
- Oui ?
- Tu as pour mission d’héberger, de protéger et de guider notre nouvel invité !
- Bien ! Hokage Sama !
- Allez, du vent !, conclut Tsunade. »

La nuit était désormais noire sur le paisible village de Konoha. Sakura et Hanano descendaient les marches du Palais du Kage, lorsqu’un éclair jaune les bouscula, pour disparaître dans la nuit, vers le Bureau de la plus forte guerrière du village, et réapparaître aussi sec devant eux, muni d’une assez immonde grimace.

« Narutooo…
- Hein quoi ? C’est qui lui ? Hein ? Hein ?
- Bonsoir ! Atari Hanano., répondit le jeune éphèbe.
- Hein ? Et qu’est-ce que tu fais avec lui, Sakura ?
- Il vient habiter chez moi quelques temps…
- Ah d’accord… Hein ? QUOI ? Maudiiiiiiiiiit… Yaaaaaaaaaarh ! »

Et à Naruto de se jeter sur le nouveau venu, paré d’une cuirasse d’agressivité, percé d’une flèche dans son cœur gonflé d’amour mais frappé comme une piñata par l’élue de son cœur dès qu’elle en avait l’occasion. Bien-sûr, au dernier moment, celui où le poing de Naruto allait déchausser quelques dents à la machoire du jeune garçon terrifié qui jouait aux statues de cire devant lui, une puissante main saisit son col et le jeta vers le haut de l’escalier.

« Et ne t’avise pas de recommencer, idiot ! »

Alors que le nouvel éclair jaune de Konoha, tant sa bêtise était fulgurante, se dirigeait, la mort dans l’âme, l'amour au cœur, vers le bureau du Kage, la jeune et fraîche Sakura menait le bel inconnu vers la maison de ses parents. Sur le chemin, ils discutèrent de tout et de rien, comme de vieux amis. Elle réussit même à lui arracher quelques rires, faibles mais bien présents. Cet étranger aux yeux de braise, à la peau si pâle et au tatouage si particulier qui recouvrait la moitié de son visage, lui faisait presque, dans l’euphorie du moment, oublier Sasuke. Elle apprit ainsi que le tatouage que ses compagnons et lui possédaient était un signe d’appartenance à un clan qu’à eux vingt ils représentaient intégralement, le clan Atari, et qu’ils venaient de l’ouest le plus lointain, qui finalement n’était pas si loin à l’est. Ils apprirent beaucoup l’un de l’autre. Elle avait besoin de ça, pour oublier. Et lui aussi. Puis une question vint à l’esprit de Sakura.

« Comment es-tu arrivé ici ? C’est un village caché… »



« Mon fils guidera ceux qui croient en moi vers une terre d’asile. Une terre qui ne sera pas la leur, mais sur laquelle ils seront accueuillis et intégrés, et qu’ils arriveront à aimer comme la leur. Alors ils disparaîtront dans la masse, mais la masse ne fera pas disparaître les enseignements qu’ils lui auront apportés. Car mes fidèles, mes enfants, sont voués à servir de gardiens, de garants du savoir, cette lumière qui éclaire le chemin des vivants. »

Extrait de « Mon Pays s’appelait Or », par Atari Mikal.




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