Fiction: Mon Pays s'appelait Or

Il y a très longtemps, à l'Est, l'Or a été vaincu par l'Acier. Le sang a coulé, la terre a brûlé. Cent ont survécu. Bien des printemps après, ils sont vingt à peine, et arrivent à Konoha. Un seul ne craint pas encore la Mort. Voici l'histoire d'Atari Hanano.
Général | Mots: 3974 | Comments: 9 | Favs: 3
Version imprimable
Aller au
Atari Hanano (Masculin), le 26/07/2006




Chapitre 1: Sagesse est Victime de Jalousie



Il y a de cela quelques siècles, dans une lointaine contrée, si loin à l’Est qu’on se demande si elle existe encore, un homme est né. Cet homme, il ne le savait pas étant enfant, pas plus qu’il ne l’a su après, allait donner, plusieurs années plus tard, son nom à tout un peuple. Et ce nom allait migrer vers l’est quelques siècles après sa mort, et raconter son histoire à qui voudrait bien l’entendre. Cet homme s’appelait Gabil, et il était prêtre.

Dans le Temple, dédié au Guerrier Sage, le Dieu Hanano, Gabil était chargé de célébrer les Verbes, sortes de messes en l’honneur de la Connaissance. Chacun y avait droit de parole, qu’il soit croyant ou non, et chaque information était soigneusement retranscrite dans un livre relatif au sujet qu’elle abordait, puis était prudemment classée à l’abri de son support parcheminé sur une des étagères de l’immense bibliothèque attenante au Temple. Car si Hanano était un Dieu, il n’avait pas de culte, ou en tout cas le culte ne lui était pas dédié. Il était présenté dans les textes comme un gardien, pas comme Le créateur. Il était celui qui fait grandir la création et veille sur sa progéniture.

Lorsque trois mille personnes se réunissent deux fois par semaine en une même salle, pour mener de pacifiques et constructifs débats dirigés par un homme nommé Gabil, on dit souvent que l’homme nommé Gabil est un homme respecté, puissant et craint. Mais Gabil, même s’il dirigeait l’une des communautés les plus influentes du Pays de l’Or, de par sa fonction de Gardien de l’Autel, était non point craint, mais apprécié par ses fidèles comme par les Seigneurs Dorés.

Le Pays de l’Or était un pays riche et prospère, une contrée sublime où il faisait bon vivre et où tous étaient accueillis, natifs ou étrangers, résidents ou voyageurs, tant qu’ils ne causaient pas de troubles. Une armée régulière forte de ses chevaliers, eux-mêmes lourds du métal de leurs armures, et de quelques mercenaires ninja triés sur le volet, constituait l’impressionnante mais peu inquiétée Défense Dorée. C’était un pays, en théorie du moins, qui possédait une grande puissance militaire, afin de parer à l’éventuelle attaque d’un pays limitrophe, attiré par l’appât du gain. Mais c’était aussi un pays où la religion s’appelait Sagesse, et dont Hanano, et par lui Gabil, était le dépositaire.

Un jour, un étranger se présenta au temple, et commença à discuter avec le Gardien de l’Autel. Même s’il parlait très bien, il avait un fort accent, que Gabil supposa digne d’un habitant du Pays de la Rose. Il était très intéressé par la religion que représentait l’homme de foi mais, l’ayant mal compris, il l’appela Altar, ce qui en sa langue signifiait Autel. Lorsqu’il retourna en sa contrée, l’étranger nomma ainsi le templier, et bientôt il fut connu et apprécié par nombre d’étrangers qui venaient au Temple, ne serait-ce que pour apercevoir cet homme, ce Dieu vivant qui arrivait à libérer les esprits et charmer les cœurs.

Cependant, toute bonne chose a une fin, ou tout du moins, à chaque bien, son mal. Et le succès de Gabil auprès d’une innombrable communauté de sympathisants attisa la jalousie des uns, et la fureur des autres. Le Pays de l’Or, se dégageant officiellement de toute implication dans la réussite de son citoyen le plus célèbre, ne fit qu’annoncer, sans le savoir, sa chute.

Le Temple du Dieu Hanano était situé dans la principale ville du pays. A Phary, on ne parlait, on ne jurait plus que par Gabil. Mais un matin, on recommença à proférer de vrais jurons, car aux portes de la cité se massait une foule innombrable, attentive, silencieuse. Soudain, un son, comme un cri. Et alors tous se lancèrent à l’assaut des murailles, grimpant comme des acrobates. Les ninja ne tardèrent pas à pénétrer au plus profond de la cité, n’ayant pour mot d’ordre que de verser autant de sang que possible. Tous y passèrent, ou presque, car dans sa grande sagesse, Gabil avait invité tous ceux qui le souhaitaient à disparaître dans les souterrains que Hanano lui-même, selon la légende, avait aménagé sous la ville pour que les plus fervents de ses fidèles accomplissent les quêtes que quelques livres de contes évoquent de temps à autres.

Alors que la capitale, doucement, cessait de vivre, partout dans le pays la guerre faisait rage. Mais l’armée Dorée, réputée si puissante, ne pouvait rivaliser avec cette déferlante de Jutsus tous plus meurtriers les uns que les autres. L’une des civilisations les plus éclairées de l’histoire, sans doute, était en train de vivre ses derniers moments. Tout ça pour une poignée d’or…

A la frontière entre le Pays du Bois et le Pays de l’Or, au petit matin, une centaine de personnes sortaient d’un tunnel alors qu’à plusieurs kilomètres de là, une étoile trop basse flamboyait en lieu et place de la si belle cité de Phary. Les larmes coulaient le long des joues des quelques survivants, et venaient mouiller le sol à leurs pieds. Gabil était avec eux. Il avait voulu rester défendre la porte du Temple, avec les gardes, mais ses plus proches fidèles l’en avaient empêché et mené de force dans le dédale souterrain, tout comme il les avait obligé à fuir, dans l’espoir de préserver un morceau de l’histoire de leur pays.

Les survivants formèrent une caravane, errant sans cesse vers le levant, cherchant une terre d’asile. Car les Altari, comme ils avaient décidé de s’appeler, n’avaient plus de terres, plus d’attaches, mais seulement le souvenir d’un passé glorieux qui les avait menés vers la fin de leur monde, lorsque l’or avait été vaincu par l’acier des kunais et la puissance des Jutsus. Cependant, avec à leurs côtés Gabil, ils sentaient, et ils savaient, qu’un jour, que ce soit eux ou leurs descendants, ils verraient le Pays de l’Or renaître, sinon matériellement, au moins spirituellement.

Extrait de « Mon Pays s’appelait Or », par Atari Mikal.




Le Soleil se lève enfin sur Konoha, alors que le jeune Uzumaki Naruto se protège encore de l’astre du jour grâce au phoque qui lui sert de bonnet. Les timides rayons osent agresser la fragile rosée qui, pendant la nuit, a profité de la fraîcheur pour installer ses régiments sur chaque feuille abritée par les remparts du village caché. Ce matin, Naruto sait qu’il a le droit de dormir, mais il est temps de s’entraîner ! Car le jour est proche où un vieux pervers, armé d’un crapaud géant et d’un pustule nasal viendra lui dire « Allez petit, cette fois, on y va ! » Et alors ils partiront combattre l’Akatsuki comme deux dragons furieux incendieraient une forêt de brindilles. Et enfin, après avoir écarté cette première menace, dans quoi ? Un an ? Maximum ! Enfin, alors ils pourraient s’en prendre à ce diable d’Orochimaru et ramener Sasuke dans la lumière du droit chemin. « Enfin… Il ne faut pas y penser. Ces jours viendront, alors il faut être prêt ! » Et au jeune Naruto qui ouvre fébrilement les yeux, s’offre la plus sublime des visions.

« Sa… Sakura…
- Mais qu’est-ce qui t’as pris ? Tu as vu dans quel état tu t’es mis ? Un de ces jours tu vas vraiment y passer ! Idiot !
- Sa… Sakura ! De quoi parles-tu ?
- Mais de ta dernière escapade ! Idiot ! T’en as pas marre de vivre déguisé en momie ? De passer ton temps allongé sur ce lit d’hopital, de… »

Et alors que la jeune fille continue d’asséner son sermon à notre intrépide héro, ce dernier commence à recoller quelques fragments de sa mémoire morcelée. Sa virée en forêt, sa rencontre avec ce Kizo, rendu totalement fou par une drogue à base de coquelicot, ce combat au cours duquel il avait eu le déplaisir de sentir deux kunais le traverser de part en part, un pour chaque épaule, un pour la droite, et un pour la gauche, et il avait du venir à bout de l’agresseur à la seule aide de ses jambes, courant, sautant, frappant, courant, sautant, frappant à nouveau, encore et encore, s’épuisant vainement contre cet adversaire trop malin ou trop chanceux, il ne savait pas, privé de ses Jutsus, sentant son corps faiblir alors que son chakra bouillonnait en lui, et c’est là que le démon renard s’était abaissé à encore une fois lui sauver la mise, réparant les dégâts, l’enveloppant d’un halo couleur sang, lui prêtant sa force, le guidant, le ramenant peu à peu à l’état sauvage jusqu’à ce qu’il saute à la gorge de ce damné Kizo, toutes canines dehors, prêt à lui…

« Le plus bizarre dans tout ça, tu sais, c’est qu’on a retrouvé dans ta bouche un sang qui n’était pas le tiens. Tu étais trop flemmard pour cuire ta viande, quand tu campais ?
- Oh ! Mon dieu je l’ai… Une bassine ! Viiiiiiiiiiiiiiiiiiiite ! »

Naruto ne savait pas très bien où il en était. Ces derniers temps, il avait eu vraiment trop souvent recours à son démoniaque compagnon d’infortune. Il avait souvent mal au ventre, il en souffrait énormément, et surtout, ses combats devenaient de plus en plus sanglants. Il ne comprenait pas très bien ce qu’il en était, mais il percevait comme une présence, une influence qui s’exerçait sur lui et sur la façon dont il gérait le chakra de Kyuubi.

« Bon… euh… Je te laisse ! A plus ! »

Et avant qu’il ait eu le temps de répondre, sa belle avait disparu.



Notre Dieu nous a tout donné. Comme un père offre un jouet à son enfant, il nous a donné toute sa sagesse. Et comme tous les enfants, nous avons joué avec ce cadeau, mais nous n’avons pas su le préserver. Le temps, nous avons su le combattre, mais la convoitise a eu raison de nous. Comme un enfant qui amène son jouet à l’école, jalousé par ses camarades non contents de ce qu’ils possèdent déjà, nos voisins ont eu envie de s’approprier le cadeau que Hanano nous avait fait. Ils ont détruit notre pays mais, alors qu’un enfant, qui préfère ne plus avoir son jouet que de le voir détruit, nous avons brûlé toutes nos archives, et avec, toute la connaissance contenue dans l’héritage que nous avions reçu de nos parents et que nous destinions à nos enfants. Cependant, ce savoir est en nous, nous qui avons abandonné notre pays sous l’influence de celui qui est notre chef. Non pas parce que nous avions peur, mais parce qu’il le fallait. Il était nécessaire de garder en vie notre peuple par le biais de ce qui le distinguait des autres. Sa connaissance. La connaissance.

Comme un enfant exhibe son jouet, je le répète, nous avons osé partager notre connaissance et notre sagesse avec tous ceux qui en émettaient le désir. Mais quelques années auront suffit pour que ceux qui nous appréciaient, nous admiraient, en viennent à nous haïr, à désirer notre connaissance, à vouloir nous en déposséder, pour l’exploiter sans partage, sans concession.

C’est terrible à dire, mais s’il y a eu faute, elle vient de nous. Notre Dieu nous a donné un jouet, il nous a donné l’écrin dans lequel le ranger. Mais nous avons été naïfs, et des jaloux ont brûlé cet écrin.

A nous désormais de trouver un nouveau réceptacle, avant que la mort ait eu raison de nous tous.

Extrait de « Mon Pays s’appelait Or », par Atari Mikal.




Sakura se promenait au bord de la rivière qui les avait vu pour la première fois tous les trois ensemble. Elle repensait à ce défi que Kakashi leur avait lancé, agitant deux clochettes. Elle se rappelait du beau et mystérieux regard de ce survivant du massacre du clan Uchiha, et de cet idiot qui ne cessait de lui tourner autour. Tant de temps avait passé… Regardant son reflet dans la surface agitée de la rivière, elle retrouva celle qui n’avait d’yeux que pour Sasuke, qui ne pensait qu’à son apparence et à sa réussite, tout ça pour attirer Sasuke dans ses filets. Quelle existence futile… Désormais, il était parti, et elle, elle était là, à suivre l’enseignement de Tsunade, afin de préparer son retour au bercail, afin de les rattraper, ces deux frères ennemis, Sasuke et… Naruto. Tant de pensées s’entrechoquaient dans son esprit, dans de douloureux souvenirs. Comme Tsunade, et même si cette dernière refusait de l’avouer, Sakura le savait, comme Tsunade, elle était déchirée entre le bon et le truand. Et elle, elle était la brute ? La Team 7 n’avait pas su rester unie, tout comme l’équipe dirigée par Sarutobi. Tant de ressemblances ne pouvaient que réduire ses espoirs de voir un jour tout redevenir normal.

Perdue dans le flot de ses pensées, il fallut un cri pour la ramener à la réalité. Non pas un cri de douleur, ou de colère, juste un cri.

« Mademoiselle ! Aidez-les ! »

Un jeune garçon, qui ne devait pas avoir beaucoup plus que son âge, et avec un étrange tatouage sur le côté gauche du visage, la regardait, suppliant, avec ses grands yeux aux reflets dorés. Quelques mètres derrière lui, une vingtaine de personnes étaient entassées tant bien que mal dans une charrette. Elle pouvait voir et sentir leur sang ruisseler le long de leurs corps meurtris.

« Mais… Qu’est il arri…
- Aidez les ! Je vous en supplie ! Je vous raconterai tout ! »


« Vous serez enviés, haïs et tués si vous ne protégez pas par le plus grand secret ce cadeau que je vous ai offert. C’est une épée à double tranchant. Aujourd’hui, elle tranche dans le voile de l’ignorance pour vous montrer le chemin, mais demain, qui sait si ce n’est de votre sang que la lame sera recouverte ? Alors naîtra mon fils, et sans être Dieu, il sera porteur de salut et de vérité. »

Ainsi parla-t-il lorsqu’il remit son présent au premier de nos prêtres, avant de disparaître à jamais de notre sphère d’existence.

Extrait de « Mon Pays s’appelait Or », par Atari Mikal.



Quelques heures plus tard, à l’Hopital de Konoha, un jeune garçon anxieux, accompagné d’une intrépide demoiselle aux cheveux roses, attendait en salle d’attente. Ses compagnons avaient tous besoin de soins intensifs selon l’Hokage, et longs seraient ces soins. Mais il n’avait nulle part où aller, et Sakura s’était résolue à lui tenir compagnie le temps qu’il faudrait.

« Alors, comment t’appelles-tu ? Et comment es-tu arrivé jusqu’ici ?
- Atari Hanano. Je viens du levant, là où la terre a brûlé. »



Voilà pour l'introduction, la prochaine fois on passe aux choses sérieuses !



Chapitres: [ 1 ] 2 Chapitre Suivante »



Veuillez vous identifier ou vous inscrire:
Pseudo: Mot de Passe: