Fiction: Le Temps d'une Seconde...

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- D’après ce que tu me racontes, cette porte t’est apparue alors que tu repoussais un mur de ta conscience, n’est-ce pas ?

- En effet. confirma Naruto à mi-voix.

- Et bien, c’est par cette porte que tu sortiras. Emerger d’un Genjutsu, ce n’est pas une tâche simple, surtout pour un Genjutsu de cette ampleur. Cependant, il faut dans tous les cas, une concentration suffisante de chakra, révéla le crapaud avant de poursuivre. Mais cette concentration varie selon le niveau de la technique : un Genjutsu d’un ninja tel qu’Itachi, bien que très puissant, demandera moins de chakra qu’une illusion de Madara. Tu devras amasser par conséquent une masse colossale de chakra pour ouvrir cette porte, mais après ça, tu regagneras ton monde, c’est indéniable.

- Enfin… souffla Naruto, ému.

- Allez ! Nous n’avons plus que 27 jours, au travail ! l’haranga la grenouille avant de lui frapper l’arrière du crâne à l’aide de son gourdin.

- Aïeuh. gémit le blond.

- Plus vite jeune homme ! Et sans discuter !

- Oui, oui, j’arrive…

La semaine qui suivit fut éreintante et épuisante pour Naruto. Il n’eut droit à aucun répit. Suivant le rythme du soleil, il passait ses journées, de l’aube au crépuscule, aux sommets des pics rocheux et acérés de Myoboku, là-même où il avait appris la maîtrise du Senjutsu par le passé. Il y travaillait son esprit. En effet, avant d’ouvrir cette porte, il fallait d’abord la trouver. Car même si chaque matin il exécutait la Décontamination de l’Esprit, tel que lui avait montré Kurama pendant que celui-ci le protégeait des mauvais rêves, il ne la retrouvait pas parmi les méandres de son esprit. Mais le fait d’avoir pris l’habitude de s’établir aux sommets des pics aiguisait sa concentration, favorisant ses chances de retrouver la porte.

Loin d’abandonner, au contraire, Naruto était fortement agacé : le peu de fois où il arrivait à visualiser la porte, celle-ci ne restait pas. Il ne parvenait pas à la maintenir. Et tout cela en une semaine, alors comment ferait-il pour l’ouvrir ? Chaque jour lui était compté, et il lui en restait 20. 20 jours avant que Pain ne ravage Konoha. Pourquoi cela lui importait tant de partir avant ? Parce qu’il savait pertinemment qu’il ne pourrait s’empêcher de voler au secours de ses habitants. Et bien qu’il ait acquis une immense puissance ainsi qu’une solide expérience depuis, il ne souhaitait en rien revivre cette journée : à présent qu’il connaissait l’histoire du trio d' me, il ne pouvait les affronter sans ressentir de la pitié et quand bien même, Konan et Nagato lui avaient confié leurs rêves il ne pouvait…

Stop. Il se gifla violemment les joues dans un claquement sonore qui lui arracha une grimace. Un jour, son altruisme le perdra, il le savait. Mais au moins, cette volonté de quitter ce monde avant l’attaque le motivait encore davantage.

Contrairement au Senjutsu où il devait ressentir tout ce qui l’entourait, il devait se recentrer sur lui-même, entendre son corps et la moindre de ses pensées, visualiser son esprit et le modeler à sa guise. Lors de cette expérience, il tombait souvent dans son subconscient dans la pièce où Kurama résidait, sans pour autant réussir à trouver ce qu’il cherchait.

Les jours passaient, mais Naruto ne perdait pas espoir. De son côté, Kurama s’inquiétait du temps que mettait son protégé à trouver une solution. Aussi souhaitait-il l’aider.

Une nuit, tandis que son protégé dormait paisiblement, à l'abri des cauchemars de Madara, Kurama lui insuffla un rêve. Il espérait que celui-ci inspirerait Naruto. Mais il fallait bien admettre que ce rêve n’avait rien de plaisant…

Naruto ouvrit les yeux dans une pièce faiblement éclairée. Elle ressemblait trop à une cellule pour lui. Cerné par quatre murs et accompagné d’un petit tabouret, seule la lueur qui passait au travers de la petite lucarne l’éclairait. Cette petite lucarne séparait l’extérieur de la pièce à l’aide d’une multitude de barreaux.

Le ninja entendit du bruit et des explosions à l’extérieur de sa “cellule”. Curieux, il poussa le tabouret contre le mur que la fenêtre ornait et s’y hissa, se risquant à jeter un coup d'œil à l’extérieur.

Fait qu’il regretta aussitôt.

Dehors, seul le chaos régnait. Jubi s’était réveillé et une scène qu’il espérait ne jamais connaître se déroula sous ses yeux impuissants.

Obito et Madara se dressaient face à ses amis. Sasuke, Sakura, Saï, Shino, Kiba, Hinata, Shikamaru, Ino, Choji, Tenten, Lee, Neji, Kakashi et Gaï les affrontaient avec ardeur.

Son cœur battant la chamade, Naruto sentit la frayeur s’emparer de lui. Une voix en lui prédisait l’issue tragique de ce combat, et cette issue ne lui plaisait absolument pas. Et pourtant, c’est bien ce qu’il se passerait s’il ne les aidait pas. Ne parvenant pas à distinguer le réel du rêve, la panique s’installa : il allait être le spectateur de la mort de ses amis. Il commença à secouer les barreaux doucement puis avec frénésie. Il hurla leurs noms mais aucun ne semblait l’entendre. Puis l’hécatombe commença…

Shikamaru fut le premier à tomber. Alors que les deux maîtres assistés de Sasuke s’attaquaient aux deux Uchiha, les onze autres s’en prirent au démon. Le Nara avait déployé ses ombres pour immobiliser Jubi, un temps soit peu. Mais le démon, n’étant pas dupe, lui envoya une épine de la taille d’une lance. Celle-ci empala le manipulateur d’ombre qui tomba aussitôt au sol. Ino courut l’assister mais tous savaient qu’il était trop tard pour lui.

Ne pouvant s’accorder une seule seconde de répit, ravalant avec efforts leurs larmes, ses compagnons poursuivirent le combat, la rage aux lèvres, bien décidés à venger leur compagnons. Sakura, protégée par le Tourbillon Divin d’Hinata, frappa le sol non loin d’une des pattes de Jubi. Celle-ci s’affaissa mais ce ne suffit pas à déstabiliser le démon dont l’une des queues l’envoya au loin. La jeune médecin n’y survécut pas. L’ignorant, Hinata partit la secourir.

Naruto quant à lui, assistait au massacre, impuissant. Ses joues ruisselaient de larmes. Il hurla le nom de ses amis, leur suppliant d’abandonner et de fuir. Mais aucun ne l’entendait. Il tenta de briser les barreaux en vain. Puis il s’attaqua aux murs le séparant de l’extérieur à l’aide du Rasengan, sans résultat.

Lee et Neji combinèrent la Fleur du Lotus Verso du premier au Tourbillon Divin du second pendant que Kiba et Akamaru exécutaient les Hommes-Bêtes Enragés puis les trois ninjas attaquèrent simultanément. Mais avant même que leurs attaques n’atteignent Jubi, celui-ci les envoya dans le lointain, leur ôtant la vie par la même occasion.

Hinata était revenu avec leur corps inanimé et défiguré de Sakura dans les bras. Les yeux rouges et les joues ruisselantes, elle rejoignit ses compagnons anéantis tout comme Ino qui avait abandonné l’idée de soigner son compagnon, celui ayant déjà rejoint l’autre-monde. Celle-ci se trouvait dans le même état que la Hyuga.

Les six ninjas se réorganisèrent. Tenten, Choji, Saï, Hinata et Shino tentaient une diversion pendant qu’Ino exécutait une technique de transposition de la bête. Mais son esprit fut brisé par la malfaisance de l’esprit du démon : l’esprit d’Ino ne regagna jamais son corps.

Tenten se trouva à court d’armes et dut improviser, chose dont on ne pouvait se permettre face à un démon et qui lui coûta la vie. Choji luttait déjà depuis quelques minutes avec cinq de ses queues à l’aide d’un décuplement total et se trouva à court de chakra. Shino prit le relais. Ses insectes fondirent sur le démon. Celui-ci agita ses queues pour les disperser, balayant le jeune Aburame par la même occasion. Hinata se fit frapper par une longue épine dans le seul angle mort que lui présentait le Byakugan. Saï, seul rescapé, tentait des assauts désespérés avec ses monstres d’encre mais partit vite rejoindre ses compagnons sur le banc des défunts.

Voilà comment s’acheva la vie de ces onze ninjas. Naruto semblait pétrifié. Les yeux exorbités, il tremblait de tous ses membres d’horreur, de douleur, de peur et de rage. La lucarne s’était agrandie au fur et à mesure que le combat à sens unique avançait : il pouvait désormais voir de l’autre côté sans grimper sur son tabouret.

- Non… Non c’est impossible... murmura-t-il la gorge nouée.

Il se laissa glisser le long du mur face à la fenêtre, les joues ruisselantes de ses larmes, le cœur déchiqueté.

De leur côté, Sasuke, Gaï et Kakashi luttaient comme des lions. Mais leur tour arriva. Gaï avait déjà ouvert les sept premières Portes Célestes et affrontait Madara. Mais celui-ci jouait avec le maître de l’équipe 11, le poussant à ouvrir la huitième et dernière porte. Malgré cette croissance de puissance, il ne put prendre le dessus sur Madara et il se fit dévorer par la Porte de la Mort.

Kakashi, quant à lui, affrontait son ancien compagnon, Obito, mut d’une volonté neuve, en partie due au massacre des perles de la nouvelle génération à laquelle il avait assisté avec impuissance. Il se devait de les venger, tous ces ninjas partis bien trop tôt devaient-être venger.

Le ninja copieur parvint à prendre le dessus sur son vieil ami. Un genou sur le torse de celui-ci, au sol, Kakashi exécuta une série de mudras, formant son chidori.

- Je suis désolé, Obito. souffla-t-il avant d’enfoncer sa main dans la poitrine du vaincu.

Mais celui-ci disparut en une nuée de corbeaux : un clone. Kakashi comprit rapidement la situation mais il était trop tard. Il se retourna et vit l’Uchiha surgir du néant. Celui-ci avait copié la technique de son vieux rival : Kakashi succomba sous les coups de sa propre technique. Quelle ironie : le ninja copieur tué par sa propre technique copiée par un autre.

Sasuke était le dernier debout.

Naruto hurlait son désespoir à travers ses poings, martelant les murs, espérant que l’un d’eux s’affaisse sous ses coups, en vain.

Le plus jeune des trois Uchiha attaqua les deux autres à l’aide de son katana qu’il avait vêtu de raïton. Il tint bon pendant quelques minutes, mais relâcha son attention un quart de seconde. Madara en profita pour transpercer leur cadet avec son katana. Un sourire malsain aux lèvres, il tourna son katana dans la plaie avec un bruit de succion. Le plus jeune cracha du sang, ses mains autour de l’arme de Madara, tentant de la retirer, mais il commença déjà à perdre le fil de ses pensées. L'aîné le lâcha, laissant Sasuke tomber sur le côté, le corps agité de soubresauts. Les deux Uchiha se retirèrent. Et au même instant, Naruto réussit à briser l’un des murs. Alerte, il se jeta à l’extérieur. Il créa une quinzaine de clones afin de porter assistance aux blessés, ou plutôt, aux défunts.

Pendant ce temps, l’original se précipita vers son ami tombé en dernier, le cœur fébrile. Il s’agenouilla à ses côtés, surélevant légèrement son buste.

- Sasuke ! Sasuke, par pitié réponds moi… le supplia le blond, penché vers lui.

Le mourant ouvrit les yeux faiblement et les plongea dans ceux azurs de Naruto. Lorsqu’il reconnut le blond, ses yeux se firent glacial. Il saisit fermement le poignet du vif.

- Tu… Tu n’étais… pas là… Naruto… Tu aurais pu… nous… nous… sauver… Tout est… de… ta faute…accusa l’Uchiha, d’une voix faible mais sèche et pleine de ressentiment.

Ses mots eurent l’effet d’une lame plongée dans le cœur de Naruto, redoublant ses larmes. Ils martelaient fermement son esprit. Tout est de ta faute… ta faute… ta faute…

L’emprise qu’avait Sasuke sur le poignet de Naruto faiblit.

- Non ! Sasuke, reste avec moi ! implora Naruto d’une voix étranglée.

Les yeux de son ami se teintèrent alors d’une couleur pâle et sa tête retomba sur le côté. Mort.

Une voix nasillarde et moqueuse retentit dans son dos.

- Alors Naruto, dis moi quel effet cela fait de voir tous ses amis mourir sous ses yeux en étant impuissant ?

Le sang tambourinait à ses tempes. Sasuke toujours dans ses bras, il le serra une dernière fois avant de le poser doucement et de se lever. Il sentait une fureur incontrôlable s’emparer de lui. Cette fureur ne lui était pas inconnue mais il ne la connaissait pas sous cet angle. Cette fureur, il la connaissait lorsqu’il voyait ses compagnons de Konoha en danger, ou même lorsque le village de Konoha l’était. La Volonté du Feu.

- Madara...Je te jure sur mon honneur et sur la Volonté du Feu que je t’anéantirai… Je les vengerai tous. Tu auras beau me torturer, me blesser, me tuer, peux m’importe. En revanche, je t’interdis de toucher à un seul des cheveux de mes amis sans en subir les conséquences. clama-t-il d’une voix dénuée de chaleur et de compassion.

A ses mots, l’espace s’ouvrit devant lui, laissant passer l’image d’une porte. Ça y est, il l'avait trouvé.

~~~

Naruto se réveilla en sursaut. Les cheveux étaient tout ébouriffés par son sommeil agité. Il cacha son visage derrière ses mains, troublé. Il sentit que ses joues étaient humides, tout comme ses yeux. Il avait pleuré. Sa respiration s’affola. Un rêve. Ce n’était qu’un rêve…

Une douce brise lui caressa le visage. Il tourna sa tête vers la fenêtre entrouverte. La lune était à son apogée.

Il songea à la porte. Il avait réussi à la retrouver grâce à ce cauchemar mais tout de même… Il se souvint de la fureur qu’il avait ressenti à l’écoute de la voix de Madara. Son poing s’accrocha à son tee-shirt, au niveau de son cœur. Un rêve… Ce n’était qu’un rêve.

C’était donc ce sentiment qui le laissait entrevoir la porte. Seule la volonté de défendre et de protéger ses amis propre aux ninjas de Konoha, connue sous le nom de Volonté du Feu, pouvait la trouver.

- Bravo tu as trouvé. le félicita gravement son renard.

- C’est toi qui m’a fait voir ce rêve, n’est-ce pas ? devina son hôte d’un ton réprobateur teinté d’amertume.

- Oui. assuma Kurama. Seule une vision d’horreur t'aurait fait prendre conscience que c’était votre volonté à vous, ninjas de Konoha, qui t’aiderait à sortir.

- Et bien, tu as vu juste. Mais ne t’avise plus jamais de refaire cela. le mit-il en garde, d’une voix glaciale.

- Je te le promets Naruto. Tu n’auras plus à vivre cette horreur. lui promit le démon.

Rassuré, le ninja de la feuille revint à lui. Puis, déterminé à tester la véritable capacité de cette volonté, il plongea dans les limbes de son esprit. Celui-ci était parcouru par des dizaines de voiles. Naruto constata avec tristesse que son esprit avait de lui-même décidé de protéger certains de ses souvenirs, trop dangereux pour la santé mentale de celui qui les possédait.

Armé de sa volonté qu’il représenta sous forme de kunaï, il trancha tous ces voiles qui le soustrayaient à la froide et dure réalité. Une flopée de souvenirs, tous plus tristes et moroses les uns que les autres, lui revinrent en mémoire. Plus il s’avançait dans son propre royaume psychique, plus ces voiles devenaient sombres et épais.

Alors qu’il s'apprêtait à déchirer un énième voile, une lumière aveuglante l’éblouit. Un sourire franc et sincère comme il en avait des rares ces temps-ci s’afficha sur son visage : il avait la porte sous ses yeux.

Il l’avait trouvé.

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