Fiction: L'entretien d'embauche (terminée)

Ce matin-là a lieu l'entretien le plus important pour Sakura. Elle n'espère qu'une chose : se faire embaucher. Seulement, ce matin-là, elle s'est réveillée avec un fièvre de cheval. Il va falloir composer avec, mais peut-être bien que la gentillesse d'un jeune homme pourrait l'aider.
Classé: -12I | Général / Romance | Mots: 18199 | Comments: 1 | Favs: 1
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hane-chan (Féminin), le 03/07/2020
Un chapitre qui pour une fois se passe en dehors du bureau.
Le titre fait référence à deux choses, j'espère que vous aurez compris en finissant le chapitre. Sinon, c'est que je suis vraiment nulle pour choisir des titres.




Chapitre 4: Envol



Appuyée sur son coude, la joue posée contre sa main, Ino feuilletait le dernier numéro du Konoha News d'un air rêveur.

- C'est vrai qu'il est canon... Je comprends que tu aies été amoureuse de lui.

Sakura pouffa.

- Mais c'est aussi un parfait connard. Il m'a traitée comme une moins que rien toute mon adolescence, et ça n'a pas changé durant l'interview.

Elles échangèrent un sourire. Qu'il le veuille ou non, Sasuke venait de faire exploser les ventes du journal, et de propulser la carrière de Sakura. Son article était beaucoup recherché sur le net. Le tout premier article qu'elle écrivait seule de A à Z ! Bon elle avait au passage fait exploser la côte de popularité de son ancien ami. Lui qui ne voulait pas être associé à son nom... Il devrait vite admettre que l'article avait été profitable pour eux deux. D'ailleurs, Orochimaru n'avait pas osé porter plainte pour diffamation, ni pour n'importe quel motif crapuleux.

- Alors ça y est, c'est la dernière semaine avant de choisir ton affectation ?

Sakura soupira, s'installa en parfait miroir d'Ino, croisa les jambes. Il n'y avait pas foule à la cafétéria ce midi. Les vacances d'été venaient de commencer, et bon nombre de leurs collègues avaient posé leurs congés pour passer du temps avec leurs progénitures.

- Avec l'été, je ne sais pas si mon choix d'affectation sera vraiment impactant.
- On a de la chance d'avoir une ligne éditoriale très variée, la versatilité du journal en fait un très recherché en cette période. Il va falloir mettre les bouchées doubles, pour combler l'absence de tout ce beau monde.

Ino se leva prestement en lissant sa robe.

- Je ne sais pas comment tu arrives à passer ton temps dans ton costume trois pièces avec cette chaleur ! Fais-moi penser à te ramener une jupe que tu pourras mettre avec ta chemise, demain, histoire que tu ne fasses pas une insolation interne !

Sakura éclata de rire, fit un signe d'au revoir à son amie qui s'éloignait déjà en galopant. Ino se retourna brusquement :

- Et pense à libérer ton vendredi soir !

Vendredi soir, Sakura fixait sa penderie, enroulée dans sa serviette de toilette. C'était la première fois qu'elle sortait boire un verre avec Ino en dehors du travail, et elle ne savait pas trop quoi mettre. Décontracté ? Chic ? Elle n'avait pas pensé à demander à son amie quel style vestimentaire serait de rigueur.

Elle opta finalement pour une robe d'été bohème qu'elle avait trouvée par hasard au marché aux puces le week-end d'avant. Blanche au motif fleurs de cerisiers, elle s'était dit que ça irait parfaitement avec sa nouvelle couleur de cheveux. Légère et vaporeuse, s'arrêtant à mi-cuisse, elle était d'un agréable à porter qui ne lui avait pas fait regretter son achat. Elle l'accompagna d'une petite sacoche à lanière et de sandales à lacets, tourna sur elle-même devant le miroir pour apprécier le mouvement ample de la robe, et acquiesça d'un air satisfait.

Son sourire se crispa à l'adresse du bar que venait de lui envoyer Ino par texto. C'était celui-là même où Kiba l'avait plantée. Priant pour qu'il n'y soit pas, elle se mit en route. La chaleur étouffante du métro lui fit apprécier d'autant plus la fraîcheur de la soirée, mais elle regretta de ne pas s'être prévu de gilet pour le retour.

Elle repéra Ino à une table du fond, grande perche blonde et voluptueuse qui lui faisait de grands signes de la main. Lee, Tenten - qui s'occupait de la rédaction historique - et Chöji de la rédaction cuisine, étaient attablés avec elle et lui lançaient de grands sourires. Et, revenant du comptoir avec deux bières à la main, le président Nara et son éternel costume. Perplexe, Sakura s'approcha d'eux.

- Surprise ! s'exclama Ino. Avec un peu de retard, voici ton pot de bienvenue. Mais puisque tu attaques officiellement lundi dans la section de ton choix... On n'est pas trop en retard ! Désolée pour l'effectif réduit, ajouta-t-elle à l'oreille de Sakura lorsqu'elle prit place à ses côtés.

Loin de s'en formaliser, Sakura écarta la remarque d'un signe de la main. Ceux qui étaient rassemblés ici étaient ceux qui lui avaient réservé un accueil chaleureux sans s'occuper des messes basses de bureau. Elle restait néanmoins étonnée de la présence du président. Il posait d'ailleurs une bière devant Chôji, et l'autre devant lui. Captant son regard, il s'excusa :

- J'ai pas eu le temps de me changer.
- Vous avez laissé tomber la cravate, observa-t-elle. Ça fera suffisamment détendu.

Shikamaru lui adressa un sourire, et héla le serveur. C'est à ce moment qu'ils aperçurent Kiba, flanqué d'une mignonne petite brune. Si Kiba tentait de faire comme s'il ne les avait pas vus, la jeune femme, ingénue, salua Sakura de la main, avant que Kiba ne se mette à tirer sur son bras pour l'éloigner. La bouche ronde, Sakura les suivit du regard, trop choquée pour réagir. Son cœur se serra imperceptiblement, et elle cligna des yeux. Shikamaru la fixait.

- Vous la connaissez ?
- C'est une de ses collègues.

Personne ne perdit une miette de cet échange, encore moins Ino, qui finit par faire le rapprochement. Fronçant les sourcils, elle s'apprêtait à faire une réflexion, lorsque Shikamaru partit d'un rire désabusé. Sakura baissa les yeux sur la table. Il était parvenu à la même conclusion qu'elle.

- Je vais me fumer une cigarette. Voulez-vous m'accompagner ? On pourra commander votre verre au passage.

Sakura accepta, soulagée. L'ambiance de la tablée s'était ternie de cette rencontre indésirable, et elle s'en voulait que ses histoires de cœur viennent gâcher la soirée qu'on lui dédiait. Prendre l'air ne lui ferait pas de mal, le temps de se recomposer. Sa bière à la main, elle le suivit jusqu'au petit muret où il s'assit. Il alluma sa cigarette, ferma les yeux de délice.

- Désolée.
- Ce n'est pas à vous de vous excuser. Je n'y ai pas pensé lorsqu'Ino a choisi le bar. C'est le plus sympathique aux alentours du journal, donc souvent notre choix par défaut, mais... Veuillez pardonner mon indélicatesse.

Il la regardait maintenant franchement, et elle dut détourner les yeux. Ses joues rosissaient. Elle but une gorgée de bière pour se donner contenance. Ino les rejoignit à cet instant, les mains sur les hanches, pour se planter face à Sakura.

- C'était lui, hein ? C'était Kiba ? Paradant avec sa nouvelle copine ? elle se pencha vers Shikamaru, et ajouta, accusatrice : Et toi, comment ça se fait que t'étais au courant ?

Shikamaru souffla la fumée de sa cigarette, échappa un " Galère ! ", et partit dans la contemplation des nuages. Ino s'énervait, fixait tour à tour ses deux amis d'un air trahi.

- Le président Nara m'a sortie d'un mauvais pas...
- Président Nara, président Nara...! Je t'avais dit de pas prêter attention aux rumeurs, mais quoi ? J'aurais dû être moins naïve ?
- Il n'y a rien à cacher. Je buvais un verre avec le maire, j'ai malencontreusement assisté à sa rupture, j'en ai eu marre de l'entendre se faire insulter, alors j'ai renversé mon verre sur cet abruti, point.

Ino en perdit le fil de sa dispute. Les yeux ronds comme des billes, elle laissa ses bras retomber le long de son corps, et referma la bouche pour ravaler ce qu'elle s'apprêtait à dire. Shikamaru jeta son mégot dans le cendrier, poussa la porte du bar, et la maintint pour que les deux jeunes femmes se décident à rentrer. Entre-temps, Chôji avait commandé la totalité des amuse-gueule de la carte. Ino éclata de rire, et vint lisser affectueusement les cheveux de son collègue.

- Pas de gaspillage, hein ?
- T'inquiètes pas pour ça, vas. Dans une demi-heure y en aura plus !

La soirée allait bon train, lorsque Tenten finit par poser la question qui les taraudait tous.

- Alors, t'as choisi quelle section ?
- Littérature ! Il fallait bien ça, puisque Kakashi Hatake n'a pas été embauché...

Ils éclatèrent de rire, et trinquèrent à sa nouvelle - et définitive - affectation. Les alcools forts avaient peu à peu remplacé les timides bières, les esprits s'échauffaient. Ils se mirent à parler plus fort. Ino fila aux toilettes. Elle ne marchait plus très droit sur ses talons hauts, mais attirait encore les regards de convoitise. Lee, qui ne résistait pas à l'alcool, était bourré depuis sa première bière, et les arrosait d'anecdotes toutes plus hilarantes les unes que les autres, mais qui, connaissant le personnage, ne pouvaient être que vraies.

- Maître Gaï m'a toujours dit que le secret d'un bon journaliste sportif, c'était de comprendre le sport, de le vivre. Le week-end, on partait en randonnée, et le but c'était de faire le plus de distance possible sur les mains.

Tenten enchaîna :

- Et donc, le pauvre me voit affûter les lames, les lancer sur la cible et bim ! en plein dans le mille ! Il est devenu tout blanc. J'ai eu beau lui expliquer que c'était pour mon article sur le cirque au XIXè siècle, il n'a plus voulu m'approcher ! Journaliste historique et séduction, ça ne fait pas toujours bon ménage...

Ino revint juste à temps pour raconter la fois où un mannequin lui avait fait une démonstration de ses penchants exhibitionnistes en plein interview, la forçant à devoir appeler la sécurité. Sakura s'esclaffa dans ses mains, essuya les larmes au coin de ses yeux. Elle se sentait rouge, cherchait son souffle. Elle s'éventa, et finit par décréter qu'elle avait trop chaud. Une cigarette à la main, Shikamaru la suivit dehors. Le corps encore secoué de rire, Sakura peinait à retrouver son sérieux. L'image d'Ino, paniquée devant un mannequin nu comme un ver venait de l'achever. Elle pouffa.

- Vous avez un...

Sakura se tourna vers Shikamaru qui l'observait, ses lèvres étirées dans un sourire irrépressible. Elle repoussa ses cheveux derrière son oreille.

- C'est bon ?
- Non, votre maquillage...
- Oh !

Elle se frotta le coin des yeux, observa son doigt noir de mascara. L'amusement de Shikamaru était de plus en plus évident.

- Attendez.

Il approcha sa main de son visage, et frotta du bout de son pouce la trace noire qu'elle n'avait fait qu'étaler.

- Voilà, c'est mieux !

Mais sa main était toujours posée sur sa joue, irradiant de chaleur. Il y avait quelque chose de profondément doux dans son geste, mais de suffisamment intime pour que Sakura se sente mal à l'aise. Elle aurait voulu reculer, mais ses jambes s'étaient statufiées. Elle fit l'erreur de lever les yeux sur lui. Des mèches folles s'échappaient de sa queue de cheval, couvrant son regard sans parvenir à camoufler son intensité. Son sourire s'était dissipé en une question, et il lui sembla que son visage était plus proche.

L'instant d'après, il l'embrassait follement, les doigts entremêlés dans ses cheveux, murmurant contre sa bouche :

- Que vous êtes belle, Sakura, dieu que vous êtes belle !

Et elle s'accrochait à sa veste, à sa nuque, le frôlait de ses hanches, le suivit lorsqu'il recula jusqu'à buter sur le muret, sans jamais lâcher ses lèvres. La main de Shikamaru glissa sous sa robe, empoigna sa cuisse.

C'est le bruit d'un verre brisé qui les ramena à la réalité. Effarée, échevelée, Sakura dévisagea Shikamaru tout aussi choqué qu'elle. Ils se tournèrent brusquement pour apercevoir à quelques pas d'eux Kiba qui les fixait sans parvenir à s'en remettre. Sakura voulut se relever, incapable de se souvenir à quel moment elle avait fini à califourchon sur son patron, mais la main qu'il avait encore dans son dos la maintenait collée à lui. Troublée, paniquée, Sakura se recoiffa prestement. Sa poitrine se soulevait par à-coups rapides et irréguliers.

- Bah quoi ? Tu l'as trompée, tu l'as quittée, viens pas pleurer !

Kiba s'enfuit sans demander son reste. Ce n'est qu'après qu'il ait disparu à l'intérieur du bar que Shikamaru soupira, enleva ses mains du corps de Sakura et la laissa s'échapper de sa prise. Elle rajusta sa robe, les yeux écarquillés voguant de son patron à la porte, répétant inlassablement " Mon dieu, mon dieu, mon dieu...".Shikamaru empoigna sa tête, fixant le sol où s'était échouée la cigarette piétinée qu'il n'avait même pas allumée. Sakura se retourna d'un coup vers lui :

- C'est l'alcool, d'accord ? On va dire que c'est l'alcool.

Et elle le planta là avec sa cigarette, après une dernière vérification à son reflet sur la porte en verre. Son corps la brûlait toujours du contact de Shikamaru, et si l'alcool l'avait fait déraper - elle ne pouvait accepter que cette excuse pour avoir embrassé sauvagement son patron - il lui en faudrait une bonne rasade pour se remettre de ses émotions. Elle s'arrêta au comptoir, remarqua ses doigts tremblants sur le bois, sa respiration hachée. Il fallait qu'elle se reprenne. Elle commanda un whisky sec, qu'elle but d'une traite, avant d'en commander un autre sur le champ. Dans tous les cas, ils buvaient aux frais de l'entreprise aujourd'hui.

Quand elle se rassit auprès des autres, Lee dormait béatement à même la table, Chôji s'était éclipsé et Shikamaru n'était toujours pas revenu. Tenten et Ino échangeaient tranquillement sur les nombreuses mais courtes expériences amoureuses et sexuelles qu'elles avaient eues depuis qu'elles étaient embauchées au Konoha News. Shikamaru reparut à ce moment. Il avait refait sa queue de cheval. Sakura se tendit imperceptiblement, et décala sa chaise, avant de déclarer :

- Je crois que je vais rentrer. L'alcool me monte à la tête.
- Pas étonnant vu comment t'as sifflé ton dernier verre !

Et au sourire entendu d'Ino, elle était prête à parier qu'elle l'avait vue au comptoir, et qu'elle avait deviné qu'il y avait anguille sous roche.

- Je vais nous appeler un taxi. Je crois qu'on a tous besoin de rentrer.

Ino et Tenten prirent le premier, laissant Sakura et Shikamaru aux prises avec le poids mort de Lee qui dormait debout, affalé contre l'épaule de son patron. Sakura pesta en son fort intérieur contre son amie. Elle était sûre qu'elle l'avait fait exprès. Le silence perdura jusqu'à l'arrivée du taxi, et l'instant où il fallut décider de l'adresse à donner au chauffeur. Finalement, résignée, Sakura déclara :

- Bon écoutez, venez chez moi, je vais pas vous laisser avec Lee sur les bras. J'ai un canapé-lit dans mon salon et si vous voulez vous changer demain, il doit me rester quelques affaires de Kiba qui traînent.

Shikamaru abdiqua. La proposition de Sakura prit tout son sens lorsqu'il fallut gravir les escaliers. À deux, ils n'étaient pas de trop pour forcer Lee à monter les marches, l'encourager pour qu'il lève un pied après l'autre, voire simplement le soulever. Éreintés, en nage, ils laissèrent Lee choir sur le canapé sans même s'embarrasser pour le déplier. Shikamaru sortait déjà une cigarette de son paquet, désignant le balcon, et Sakura acquiesça. Elle leur servit deux grands verres d'eau, sûre qu'avec l'alcool ingurgité, ça ne serait pas une mauvaise idée, et le rejoignit.

- Tenez.
- Merci.

Shikamaru recracha sa fumée. Ils observèrent en silence les étoiles, les bâtiments au loin, les lumières de la ville qu'ils surplombaient. Un frisson parcourut soudain Sakura, qui frictionna ses bras. Shikamaru, déjà, lui tendait sa veste de costume. Elle hésita, mais finit par accepter. Elle s'était imprégnée de son odeur, ce qui n'était pas désagréable. Troublée, Sakura songeait : " Je porte la veste du président Nara, le président Nara est chez moi, j'ai embrassé le président Nara ! " en une litanie sans fin, comme une alarme d'incendie dans sa tête.

L'alcool redescendait, mais le désir, lui, avait bien du mal.

- Désolé pour tout à l'heure. Kiba me tapait sur le système, j'avais envie de le coiffer au poteau.

Sakura rabattit les pans de la veste contre elle. Il ne s'excusait pas pour le baiser. En tirait-elle du soulagement ? Ses sentiments, confus, ne s'accordaient pas.

- Je n'en ai pas la force...
- De quoi ?
- Coiffer au poteau Kiba. Le confronter. Lui balancer tout le mal qu'il m'a fait. J'ai encore pleins d'affaires à lui, mais je ne peux pas...

Shikamaru souffla la fumée de sa cigarette, toujours tourné vers le ciel.

- Votre séparation est encore récente, Sakura.

Elle ignorait s'il lui faisait un conseil, ou s'il tentait de le graver dans son esprit. Il jeta son mégot dans le pot de fleurs fanées qui ornait la balustrade, sous l'indication de son hôte. Lee dormait comme une tombe sur le canapé, ronflant bruyamment. Alors que Shikamaru s'apprêtait à tenter de le réveiller pour installer le lit, Sakura le saisit par le bras.

- Faîtes-moi oublier...

Shikamaru la dévisagea franchement.

- Vous me plaisez, Sakura. Beaucoup. Mais je veux m'assurer que vous en avez envie aussi. Vraiment. Pas juste à cause de Kiba. Surtout avec la situation dans laquelle on est.

Sakura grimaça, mais dut admettre qu'il n'avait pas tort. Elle ne pouvait pas lui en vouloir de la repousser. Alors elle fit un pas en avant. Se délesta de sa veste. Ficha son regard dans celui, trouble, de Shikamaru. Caressa sa joue. Posa ses mains sur sa mâchoire, se mit sur la pointe des pieds, et déposa un baiser sur ses lèvres comme une invitation.

Dans un brusque sursaut, Lee se retourna. Ils se tendirent, attendirent, pour rire doucement lorsqu'il se remit à ronfler.

Alors Shikamaru l'attira à lui, et l'embrassa à en perdre haleine. Elle le guida à l'aveuglette jusqu'à la chambre, tâtonna pour refermer la porte, et le poussa sur le lit. Il l'aida à défaire sa robe, elle sa chemise. Ils prirent le temps, de se découvrir, de se laisser le temps de changer d'avis. Sakura trouva un certain plaisir à détacher les cheveux de Shikamaru, à les voir cascader sur ses épaules. Elle caressa longuement ses cheveux, jusqu'à ce qu'il lui embrasse la poitrine, le cou, les lèvres.

L'alcool n'avait plus rien à voir avec le moindre de leur geste.

Au petit matin, Sakura éprouva un émerveillement certain à se réveiller lovée contre Shikamaru, à sentir ses cheveux chatouiller ses oreilles, ses joues, sa nuque. Elle observa leurs mains nouées, son bras qui la ramenait à lui. Son cœur battait fort dans sa poitrine. Un rire résonna contre elle, et Shikamaru lui murmura à l'oreille :

- Je ne suis pas sûr que Lee dorme encore.

Il lui embrassa la tempe, et sortit du lit pour repêcher ses vêtements. Emmitouflée dans les draps, Sakura l'observa faire, suivant du regard la courbe de ses fesses, de son dos, jusqu'à tomber sur le sourire amusé qu'il lui adressait. Il lui jeta sa robe au visage, étouffant son rire au passage.

La sonnette retentit soudainement. Ils retinrent leur respiration, évitèrent de faire le moindre bruit. Dans le salon, ils n'entendirent pas Lee s'activer. La personne qui avait sonné finit par s'impatienter et abandonner. Timidement, enroulée dans le drap, Sakura passa la tête par la porte. Lee n'était plus là, et aucun son ne parvenait de la salle de bains. Elle s'aventura précautionneusement, pour trouver sur la table du salon un petit mot rédigé de la main de son collègue.

Je suis parti tôt. J'ai reconnu la veste et les chaussures du président Nara, mais ne vous inquiétez pas, je ne suis au courant de rien. Le jeune homme du bar est passé, je lui ai fait comprendre que tu ne te réveillerais pas avant plusieurs heures. Ça devrait te faire gagner du temps.

Bises,

Lee.


Elle passa la note à Shikamaru, à demi-soulagée. Lee faisait partie de ces gens sur qui elle savait qu'elle pouvait compter. Elle opina à la question muette de Shikamaru, soucieux. Dorénavant, il leur faudrait faire attention. Réfléchir sur ce qu'ils devaient faire, ce qu'ils souhaitaient, poser des limites, en discuter. Mais Sakura n'avait pas envie de penser au bureau, aux rumeurs qui seraient désormais fondées, à l'attitude à adopter. Elle laissa tomber le drap, s'éloigna d'une démarche chaloupée, pour s'arrêter jeter un regard espiègle à Shikamaru, jusqu'à ce qu'il ne se décide à la suivre.

Shikamaru la couvrait de baisers, respirait sa peau, lui murmurait des " Vous êtes magnifique " qui lui donnait la chair de poule. Elle se cambrait, réclamait " Embrassez-moi ", se perdait à nouveau. Le temps s'effilochait, disparaissait. Ils finissaient par se lever, affamés, pour commander en livraison, et se recoucher. Ils n'étaient jamais rassasiés l'un de l'autre.

L'interphone sonna de nouveau, le soir venu. Sakura reconnut Ino sur la petite image, tapota le bras de Shikamaru pour attirer son attention.

- Galère ! Ouvrez-lui, ou elle ne va jamais nous laisser tranquilles.

Elle s'exécuta, avant de s'habiller prestement. Le nez plissé par l'odeur fauve de la chambre, elle ouvrit en grand la fenêtre, alla se brosser les cheveux. Elle n'avait pas eu le temps de se laver. Gênée à cette idée, elle tendit la brosse à Shikamaru et se mit une pointe de parfum. Ino toqua à la porte à l'instant où Shikamaru finissait d'attacher ses cheveux.

- Je le savais ! s'exclama-t-elle en pointant d'un doigt accusateur son ami au fond de la pièce.

Shikamaru s'affala d'un air désabusé sur le canapé. Ino entra d'un pas rageur, dépassant Sakura sans dire un mot. Sakura ferma la porte, servit un café à Shikamaru, observa Ino, décida qu'un verre de rosé lui conviendrait mieux. Elle hésita, revint avec un verre d'eau, s'assit sur le rebord d'une chaise. Ino finit par s'installer sur le canapé à côté de Shikamaru, et laissa tomber sa tête dans ses mains.

- Mais qu'est-ce que vous me faites, tous les deux ?

Elle se redressa, fixa tour à tour Shikamaru et Sakura, haussa les épaules d'un air déconfit, et but une grande gorgée de vin.

- C'était pas prévu.
- Il ne s'est rien passé avant hier soir.

Ils avaient parlé en même temps, et soudains gênés, gauches et patauds en présence l'un de l'autre, se lançaient des " Allez-y, vous avez commencé " et des " Vous la première, je vous ai coupée ", si incongrus après les événements de la veille et de la journée qu'Ino en éclata de rire.

- Les aventures au bureau, c'est pas rare, mais là je dois admettre que vous avez fait fort ! La nouvelle sur qui ça jazz et le directeur ! Chapeau bas, les amis, vous forcez mon respect. Mais si vous aviez été moins stupides, vous auriez attendu que les rumeurs se tassent, et que Sakura gagne un peu d'ancienneté. Shika, je suppose que tu n'as pas regardé ta boîte mail ?

Il se rassit correctement, soudain sérieux.

- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Ta secrétaire m'a appelée, paniquée, parce qu'elle n'arrivait pas à te joindre. Tu as reçu ceci.

Elle montra l'écran de son téléphone à Shikamaru qui blanchit instantanément, puis à Sakura qui s'était approchée avec appréhension. Une photo. Une photo d'elle, à califourchon sur le président Nara, à l'embrasser furieusement, avec la main du président qui s'échappait sous sa robe. Parfait. Elle déglutit. Se redressa. Alla chercher la bouteille de rosé, et deux autres verres.

- Ça peut pas être Kiba...
- Non, c'est Orochimaru. Il vous a fait suivre. Il vous fait du chantage.
- Mais il sait que mon article a été bénéfique pour Sasuke !
- Peut-être, mais c'est le genre de personnes qui n'apprécient pas un " non ". Il veut faire passer le refus de Shikamaru à sa demande pour de l'incompétence et du favoritisme. Et s'il peut au passage raser ta carrière qui décolle à peine...
- Mais s'il publie la photo, on part en procès. Et avec l'enregistrement, il ne peut pas être gagnant.
- Avec la photo, si, peut-être. Même si elle a été acquise de manière sournoise, elle ternirait suffisamment votre réputation, et tous vos beaux discours sur le professionnalisme n'auront aucun effet. Et il pourrait être gagnant sur tous les tableaux. Avec un tel procès, on ne ferait que parler de lui, et Sasuke gagnerait encore en popularité. Vos années collège-lycée seront exploitées, et toi, bafouée. Et avec un tel scandale, Shika n'aura plus qu'à rendre son tablier.

Sakura se laissa tomber sur le tapis devant eux. Elle saisit son verre de rosé, en but une bonne rasade, et le reposa sur la table basse.

- Je ne comprends pas. Pourquoi à ce moment-là, envoyer la photo au président Nara avant ? Que cherche-t-il à obtenir ?
- Il attend ma démission. Pourquoi, ou pour qui, ça, je ne sais pas, mais il veut que je démissionne.



Grosse accélération dans ce chapitre, la relation entre Sakura et Shikamaru commence enfin vraiment, et le petit retournement de situation qui fait que ça ne va pas se passer sans difficultés. Orochimaru ne peut pas rester tranquille.

J'ai beaucoup aimé écrire cette partie en dehors du journal !




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