Fiction: L'entretien d'embauche (terminée)

Ce matin-là a lieu l'entretien le plus important pour Sakura. Elle n'espère qu'une chose : se faire embaucher. Seulement, ce matin-là, elle s'est réveillée avec un fièvre de cheval. Il va falloir composer avec, mais peut-être bien que la gentillesse d'un jeune homme pourrait l'aider.
Classé: -12I | Général / Romance | Mots: 18199 | Comments: 1 | Favs: 1
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hane-chan (Féminin), le 24/11/2019
Un petit one-shot qui m'est venu en tête en bossant sur ma fiction Lilas.
Pour l'instant pas de suite prévue, je pense qu'il se suffit à lui-même.
J'espère qu'il vous plaira !




Chapitre 1: L'entretien d'embauche



Sakura se réveilla avec une fièvre de cheval. Elle eut beau prendre un médicament, une douche quasiment glacée pour faire baisser la température, rien n'y fit. Dire que ce n'était pas le jour pour tomber malade ! Dans moins de deux heures, elle avait un entretien d'embauche. Le genre de ceux qu'on n'a pas envie de rater, sur lequel on mise tous nos espoirs, et à la fin duquel la seule réponse acceptable est " Lundi, huit heures tapantes. Ne soyez pas en retard. "

Elle avait une fièvre à faire tomber un cheval raide, et le stressomètre à fond.

C'est avec délicatesse qu'elle sortit la veste et le pantalon de costume noirs qu'elle avait prévu de mettre, ainsi que sa chemise blanche, tous repassés de la veille, trônant fièrement sur un cintre. Elle s'inspecta dans le miroir, vérifia que l'on ne voyait pas son soutien-gorge par transparence, avant de s'attaquer à son plus gros défi de la matinée : son visage d'une pâleur extrême, et ses yeux luisants, cerclés de poches d'un violet soutenu. Décidément, elle avait une sale tête. Elle soupira, attrapa sa trousse à maquillage, et masqua du mieux qu'elle put ses cernes. Elle attacha ses cheveux, avant de se raviser. Ses cheveux détachés camoufleraient peut-être l'étendue des dégâts.

Elle vérifia au moins deux fois son attaché-case, contenant son CV, sa lettre de motivation et ses notes, ses précieuses notes où elle s'était amusée à imaginer le jeu de questions-réponses de son futur - l'espérait-elle - employeur. Puis, enfin, elle sortit.

Le trajet en métro fut une véritable horreur. Trop de monde, trop chaud, trop de bruit. Son crâne tambourinait à ses oreilles comme pour lui répéter dans une litanie sans fin : " De l'air, de l'air. " Le trajet à pied, au plus grand étonnement de Sakura, fut pire. Son GPS lui indiquait une route qui lui paraissait floue, tordue. Ses jambes se dérobaient, elle tanguait comme un navire sur les vagues, les escaliers la narguaient. Elle dut se retenir à quelques reprises aux poteaux, rambardes et autres obstacles qui parsemaient sa route.

Elle arriva finalement à destination, et ce fut presque un mystère pour elle d'y être parvenue. Seule sa volonté la maintenait encore debout, lui permettait de faire un pas devant l'autre. Elle avait trop bataillé pour baisser les bras, et ce n'était certainement pas une pauvre fièvre qui allait la mettre hors jeu.

Sakura avait encore une bonne demi-heure devant elle. Elle se serait bien assise quelque part pour parcourir ses notes une dernière fois, s'assurer qu'elle les connaissait par cœur et pouvait les ressortir à l'envi, les manipuler, les varier au besoin. Elle s'annonça à l'accueil.

- Vous pouvez vous installer au niveau des canapés, ou bien dans le jardin intérieur. On vous appellera lorsque ça sera votre tour.

Elle acquiesça, et s'éloigna de quelques pas qu'elle savait chancelants mais souhaitait déterminés. Raté. Alors, pour ne plus sentir le regard étrange que lui lançait la standardiste, Sakura se rendit dans le jardin.

C'était une petite court toute mignonne, dans laquelle de nombreuses plantes s'épanouissaient un peu follement, agencée de telle façon que chaque personne puisse y conserver son intimité, se croire un instant dans une minuscule forêt. Une fontaine bruissait doucement. Elle se dirigea à l'oreille, se laissa tomber sur le banc qui la côtoyait plus qu'elle ne s'assit dessus. Elle se pencha pour ouvrir son casier lorsque la tête lui tourna subitement. Elle prit appui sur le banc pour ne pas tomber, toucha son front brûlant, reposa son visage entre ses mains, ses coudes sur ses cuisses. Cette maudite fièvre allait la rendre folle.

- Vous allez bien ?

Sakura se redressa subitement, peut-être un peu trop vite. Les traits du visage de l'homme qui venait de lui parler mirent un instant à s'accorder sur leur place. Il était jeune, peut-être de son âge, pas déplaisant à regarder, engoncé dans un costard, tirant sur sa cravate pour la desserrer, ses cheveux noirs attachés en une queue de cheval haute. Un concurrent pour le poste ?

- Non, c'est rien, ne vous inquiétez pas, assura-t-elle en priant pour qu'il la laisse tranquille.
- Vous n'avez pas la tête de quelqu'un qui va bien.

Elle avala sa salive, retint une remarque cinglante sur sa tête à lui, qui semblait clairement dire qu'il aurait préféré être dans son lit plutôt qu'ici. Il soupira, et Sakura crut entendre quelque chose qui se rapprochait de " Galère ! " avant qu'il ne file d'un coup elle ne savait où. Il reparut, moins d'une minute plus tard, lui tendant vaguement une canette de coca. Sakura hésita avant d'attraper la canette et de le remercier. L'homme sembla s'attarder, aussi dégagea-t-elle ses affaires pour lui faire de la place sur le banc. Parti comme c'était, elle n'aurait pas l'occasion de relire ses notes.

L'homme s'assit, jambes écartées, penché en avant, les mains croisées, le visage tourné vers elle, comme pour lui signifier qu'elle avait toute son attention.

- Qu'est-ce qu'il vous arrive ?

Sakura ne parvenait pas à trancher si elle devait ou non être honnête avec lui. Mais il avait eu la gentillesse de lui ramener à boire - et elle se retenait de plaquer la canette fraîche contre son front.

- Juste un peu de fièvre, ça finira par passer.
- Un peu ?

Elle eut un petit sourire contrit, peu décidée à avouer à quel point la situation était critique pour elle. S'il ne sembla pas dupe, il n'insista pas. Comme le silence s'éternisait, Sakura lança :

- Vous aussi, vous êtes là pour l'entretien d'embauche ?
- Oui. Mais ne vous inquiétez pas, ajouta-t-il en souriant, je ne souhaite pas décrocher le poste.
- Alors pourquoi venir ?

Sakura se mordit la lèvre, gênée de sa franche brusquerie. La fièvre l'empêchait de distinguer ce qui était à dire et ce qui ne l'était pas. Restait à espérer que ça ne lui joue pas des tours durant l'entretien. Mais l'homme ne s'en formalisa pas, et répondit honnêtement, dans un soupir qu'il semblait avoir du mal à retenir.

- Parce qu'on m'a fait comprendre que j'avais tout intérêt à être là.

Elle l'imagina un instant se faire tirer les oreilles par sa petite-amie, à moins qu'il ne s'agisse d'un parent. Vivait-il encore chez ses parents ? Sans travail, cela aurait pu tout à fait être possible. À moins qu'il ne sorte tout juste des études, comme elle. Mais poser la question relevait totalement de l'indiscrétion, aussi se tut-elle.

- Et vous ? s'enquit-il. Pourquoi venir avec une telle fièvre ?

Si elle avait été en pleine possession de ses capacités, Sakura se serait probablement enflammée, énervée. Mais elle ne retint qu'une chose : son état ne passait pas inaperçu, peu importait à quel point elle tentait de le cacher. Ses épaules s'affaissèrent, et elle répliqua lentement :

- Parce que je souhaite cet emploi plus que tout. Si vous-même ne le convoitez pas, peut-être cela vous a-t-il échappé, mais le journal qu'ils publient est un des meilleurs. À mes yeux, même, le meilleur. Ils présentent des sujets toujours intéressants, creusent leurs enquêtes, ont des sources fiables, font preuve de neutralité. Ça devient rare dans l'ère du temps, où les ragots et le putaclic ont remplacé l'information. Plus intéressant encore, ils sont accessibles, pour le grand public, et rendent accessible l'information.
- Vous cherchez l'enrichissement ?

Sa phrase sonnait comme une question, mais elle n'était pas sûre que ça en soit vraiment une. Elle prit cependant le temps de répondre.

- Venir au bureau tous les jours pour un boulot où j'aurais juste à exécuter bêtement, chercher le sensationnel pour du sensationnel, très peu pour moi. Je me sentirai dépérir, et j'aurais l'impression de trahir les lecteurs.

L'homme s'affala contre le dossier du banc, fixant le carré de ciel au-dessus de sa tête. Sakura en profita pour jeter un coup d’œil rapide à sa montre. Un quart d'heure. Il lui restait encore un quart d'heure avant l'entretien. Ses mains devenaient moites, elle craignait déjà la poignée de main formelle. Le temps qu'elle se tourne de nouveau vers son interlocuteur, une cigarette était apparue au coin de sa bouche, et il tendait le paquet vers elle, les yeux à demi ouverts.

- Non, merci, je ne fume pas.

Il rangea le paquet sans mots. La tête de nouveau penchée en arrière, il observait les volutes de fumée s'envoler paisiblement, avant de franchement fermer les yeux. N'y tenant plus, Sakura profita de l'interlude pour poser son coca à peine entamé contre ses joues, puis son front.

- Vous allez tenir le coup ?

Elle sursauta, décolla légèrement la canette de sa peau, rougissant de s'être faite attraper sur le fait, mais remit la canette contre son front. Après tout, il l'avait déjà vue faire, elle n'était plus à ça près.

- Il faudra bien. C'est une chance sur toute une vie.
- C'est encore trop tôt pour le dire.

Elle secoua la tête d'un air accablé, et regretta automatiquement son geste au sang qui battit en sourdine contre son crâne en feu. Elle venait tout juste de finir ses études, et sa candidature avait été appuyée par un de ses professeurs qui avait trouvé une de ses rédactions impressionnante. Pas sûr qu'elle puisse bénéficier une seconde fois d'une telle recommandation. Et ses chances s'amenuisaient à chaque minute qui passait sans qu'elle ne puisse consulter ses notes. Elle pria pour que sa mémoire ne lui fasse pas défaut sous le coup du stress.

- Vous devriez vous reposer un peu.
- Je ne peux pas me le permettre. Mon entretien est dans - elle leva son bras - dix minutes.
- Allez-y, fermez les yeux, je vous appellerai si vous vous endormez.

Elle fit la moue, jaugea un instant à quel point elle pouvait faire confiance à cet inconnu. Il avait bien dit qu'il ne voulait pas le poste, mais qu'est-ce qui lui assurait la véracité de ses dires ? Il pouvait tout aussi bien faire ça pour endormir sa vigilance aussi, et la laisser dormir là, pour filer ensuite à son entretien, et lui voler le travail. Légèrement méfiante, elle contra par une demi-vérité :

- Si je me pose, vraiment, je serai incapable de me lever après.

Les sourcils de l'homme se froncèrent d'un air qui lui sembla inquiet, et Sakura sentit une vague de honte la traverser à douter ainsi de lui. Mais la compétition est forte dans ce genre de milieu, et tous les coups bas étaient autorisés. Si elle se faisait avoir, maintenant qui plus est, elle ne s'en remettrait pas. Elle s'en voudrait à vie, et plus encore.

- Dans ce cas, je peux vous aider, si vous voulez. Je sais où se trouve la salle pour l'entretien. Le temps d'y arriver, ça sera l'heure.

Sakura tergiversa un instant, avant d'acquiescer. L'homme se décolla du fond du banc, comme si cela lui coûtait, ébouriffa ses cheveux, et se releva finalement. Il attendit qu'elle referme son attaché-case, lui prit sa canette désormais vide, la jeta dans la poubelle la plus proche, et lui tendit le bras en parfait gentleman. L'étonnement agrandit les yeux de Sakura. Dans sa dégaine nonchalante, malgré son costume, le jeune homme ne paraissait pas remplir la case comportement chevaleresque.

Force était de constater qu'elle se trompait.

Il l'accompagna tout du long, sous le regard surpris de la standardiste, l'empêcha de tanguer lorsqu'ils attendirent l'ascenseur, la laissa se caler contre le mur du couloir à côté de la porte de la salle de réunion. Il l'observa un instant, alors qu'elle cherchait un point fixe auquel s'accrocher avant de tomber à la renverse. Elle croisa enfin ses yeux, rassérénée de voir qu'elle tenait encore debout. Elle s'apprêtait à le remercier chaudement lorsqu'il fit soudain claquer deux paumes sur ses joues.

- Respirez un bon coup, et ça va bien se passer. Ne vous inquiétez pas : vous êtes prête !

Et il partit en sifflotant dans le sens inverse d'où ils venaient, lui laissant le loisir d'observer d'un air perplexe son sourire chenapan. Elle n'eut pas l'occasion de penser plus longtemps à cet étrange jeune homme : la porte s'ouvrit finalement. Elle se redressa, tendit une main au premier recruteur qui lui fit signe d'entrer. Il lui fallut combattre la fièvre qui rendait encore son pas chancelant, pour s'avancer vers les autres recruteurs présents et leur serrer la main.

Elle s'arrêta soudain, la main suspendue en l'air. Devant elle, le jeune homme qui lui avait tenu compagnie - agréable compagnie, même. Il lui sourit de toutes ses dents, lui fit une énergique poignée de main, comme si le jeune homme peu motivé de dehors avait disparu. Le badge flottant sur sa poche de veston indiquait " Président Nara ".

- Félicitations, Haruno Sakura ; vous êtes engagée !

Sous le choc, Sakura recula de quelques pas, avant de se laisser tomber sur la chaise derrière elle. Les autres recruteurs se tournaient déjà d'un air perturbé vers le jeune homme, bafouillant.

- M-Mais Président, on ne peut pas l'engager comme ça ! Et les différents entretiens ? Les délibérations ?
- J'ai jeté un coup d’œil à tous les CV. J'ai aussi lu l'article qui a valu sa recommandation à Haruno, ainsi que les ébauches que nous ont fourni les autres candidats. Vous vouliez que je sois là, vous vouliez mon avis ? poursuivit-il sans en démordre. C'est elle qu'il nous faut.

Sakura ne savait plus si elle devait éclater de rire, pleurer ou rougir que le président affirme avec tant de conviction qu'elle était la plus méritante. Jamais en se préparant pour cet entretien elle ne se serait dit qu'elle n'aurait même pas à se défendre ; mieux, que ça serait le président même qui défendrait son dossier avec hargne. Mais elle se sentait flouée, d'une certaine façon, et la fièvre la rendait drôlement émotive. Elle battit des paupières, chassa ses larmes avant qu'elles ne se décident à rouler sur ses joues et saccager son maquillage en traînées noirâtres pitoyables.

- Mais P-Président !... bégaya encore un recruteur.
- Galère !

Il desserra de nouveau sa cravate qu'il avait renouée entre-temps.

- Bon, on va arrêter les guignoleries un instant. C'est elle que je veux.

Puis il se tourna vers Sakura, qui n'en revenait toujours pas. Il arborait une expression déterminée, loin de sa touchante sollicitude dans le jardin. Sakura se redressa, tenta de faire bonne figure.

- Haruno, je veux vous voir dans les jours qui viennent dans la salle de rédaction. Un seul impératif : soignez-moi cette fièvre avant de venir.

Le jeune homme, qu'elle avait encore du mal à appeler président Nara, s'en alla finalement par la porte du fond. Les autres recruteurs, aussi déboussolés qu'elle, se levèrent, rassemblèrent leurs affaires, et s'éloignèrent sans demander leur reste. Bien vite, elle se retrouva seule, pauvrement échouée sur sa chaise, son casier à ses pieds. Il lui fallut encore quelques minutes pour rassembler son courage et se mettre debout. Elle parvint finalement jusqu'à l'ascenseur, en longeant le mur du couloir sur lequel elle s'appuya de nombreuses fois.

La joie n'avait pas encore percé son hébétude. Ce n'est qu'arrivée au rez-de-chaussée, face à l'accueil spacieux, qu'une pensée fulgurante la traversa : " Je vais voir cette entrée tous les jours. " Une bouffée de chaleur qui n'avait rien à voir avec la fièvre gonfla dans sa poitrine.

- Haruno !

Elle se retourna vers le jeune homme qui la rattrapait en grandes enjambées, un papier à la main.

- Je vous ai appelé un taxi. Ne vous inquiétez pas de la note. Considérez ça comme un cadeau de bienvenue.

Sakura le dévisagea. Il portait encore son masque professionnel, mais elle décelait dans son regard une excuse pour l'avoir menée en bateau. Elle acquiesça donc, sans mots ; elle ne savait plus comment se comporter avec lui.

- Tenez, votre contrat. Lisez-le attentivement le temps qu'il arrive.

Ils s'installèrent dans un canapé de l'accueil. Sakura leva un œil curieux vers son nouveau patron, qui croisait les bras, les yeux perdus elle ne savait où, en attendant qu'elle ait fini.

- Qu'est-ce qui vous a décidé à m'embaucher ?

La question traversa ses lèvres avant qu'elle ne puisse la retenir. Foutue fièvre. Elle pinça ses lèvres, l'observa tourner lentement la tête vers elle, réfléchissant avec soin à ses mots.

- Déjà, votre article. Vous avez une belle plume, acérée avec style, et l'on ressent déjà l'envie d'aller au fond des choses. Puis votre détermination et votre éthique. Et bien sûr, votre journal préféré, c'est le nôtre. Argument marketing imparable.

Ils échangèrent un sourire, nerveux et timide d'un côté, franchement amusé de l'autre. Puis il récupéra le contrat dûment signé. Et, au moment de partir, il ajouta :

- Je vous aime bien, Haruno. Et j'aime bien quand se confirment mes premières impressions. Continuez à ne pas me décevoir.



Je crois que j'ai un problème avec Sakura et Shikamaru, j'adore les faire interagir ! La romance est en sous-texte, et probablement pas à l'ordre du jour, mais j'aimais beaucoup l'idée de les voir développer cet aspect dans leur relation. Après, libre à vous d'imaginer que ça se passe ou non.

Pour ce one-shot, j'avoue avoir hésité à mettre le point final après la phrase de Shikamaru qui annonce à Sakura qu'elle est embauchée, mais j'ai trouvé ça finalement un peu abrupte.

N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires, avis, impressions en commentaire !




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