Fiction: Lilas

Des pertes et des séparations, Sakura en a connu, plus qu'elle n'en aurait souhaité, plus violentes qu'elle ne croit pouvoir le supporter. Mais lorsque dix ans après le départ de Sasuke, Naruto se met en tête d'aller le chercher, et que l'Akatsuki se met à menacer la paix, Sakura n'a plus d'autre choix que de s'allier à Shikamaru et aux militaires du Pays du Feu. Peut-être pourra-t-elle ainsi retrouver Naruto et Sasuke... UA
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hane-chan (Féminin), le 28/07/2019
Le chapitre est un peu court, mais il me sert de transition.
Et puis, c'est bien d'avoir un peu une pause de l'action pour mieux reprendre !




Chapitre 8: Le prisonnier



À quel moment la présence de l'autre était devenue si vitale pour eux ? Elle était incapable de le dire, mais quand elle ouvrit les yeux, Sakura était une fois de plus appuyée contre Shikamaru.

Le convoi militaire qui les transportait formait une file indienne dans le désert, et prenait des airs de procession funèbre. Dans l'un des 4x4 les trois corps se côtoyaient sans distinction de clan. Il avait fallu un temps fou pour parvenir à convaincre Tenten de laisser la dépouille de Neji avec celle de l'homme responsable de sa mort, et de l'archère qu'ils avaient retrouvée à terre, une balle en pleine tête. Leur prisonnier, solidement harnaché, se trouvait aussi quelque part, encadré par des soldats du pays du Vent, ainsi qu'Ibiki et Kakashi, les deux plus à même de ne pas se laisser envahir par leurs émotions.

Temari avait tenu à les accompagner, pour deux raisons évidentes : récolter des informations, et éviter Shikamaru et Sakura.

Et, au vu de sa position à son réveil, Sakura ne pouvait pas lui en vouloir. Elle l'en aurait probablement même remercié, si cela n'avait pas été si malvenu. L'heure n'était pas à la confrontation personnelle. Harassée d'être constamment sur le qui-vive, Sakura ne rêvait que de fermer un instant les yeux, et elle n'aurait jamais pu le faire en l'absence de Shikamaru, encore moins en présence de Temari.

Remarquant son éveil, Lee lui jeta un sourire piteux. Le bras et le deuil en écharpe, il perdait de son éclat. Elle aurait voulu prononcer des mots de réconfort, mais rien ne vint.

Au dehors, de violentes bourrasques malmenaient le sable, rendant la visibilité quasiment nulle. Sakura comprit instantanément pourquoi aucun hélicoptère ou avion ne se risquait à survoler le pays. Comment la population faisait-elle pour retrouver son chemin demeurait un épais mystère qu'elle n'avait aucune envie de résoudre.

Sasuke. C'était Sasuke qu'elle avait vu entre les feuillages, abandonnant ses camarades sans la moindre hésitation. Elle aurait aimé prévenir Shikamaru, mais les oreilles indiscrètes la braquaient. Des milliers de questions s'accumulaient à l'orée de son esprit, mais aucune ne parvenait à franchir son hébétement. Au visage sombre de Sasuke qui se reflétait sur la vitre se superposa celui, resplendissant, de Naruto. Une prière, intense mais brève, perfora sa carapace : faites qu'il soit en vie.

Les contours de Suna se dessinèrent finalement au travers du pare-brise, haute muraille de pierre érodée entourant la cité faite de bâtiments à l'abri relatif du vent.

Sakura pénétra dans la chambre spartiate qu'on lui avait mise à disposition. La journée avait été des plus longues, et sentant désormais que Kankurô vivrait, elle s'effondra sur le lit. Avant de quitter l'hôpital, elle avait ordonné à l'équipe médicale de produire en quantité l'anti-poison qu'elle avait concocté pour le frère de Temari, dans le cas terrible où d'autres empoisonnement aient lieu. En première ligne de mire dans son esprit, Gaara. La semaine à venir ne serait pas de tout repos non plus, puisqu'elle avait décrété qu'elle prêterait main forte au corps médical de Suna, les assistant et les formant du mieux qu'elle pourrait.

Deux jours plus tard, elle put fièrement annoncer à Temari que Kankurô avait repris connaissance et demandait à la voir. Souriant, elle suivit la jeune femme des yeux, alors qu'elle filait au chevet de son frère. Une main dans la poche de sa blouse, l'autre tenant un café, elle se dirigea finalement vers la sortie, réclamant une pause bien méritée. Il n'y avait pas meilleure satisfaction que de savoir un patient hors de danger.

Elle repensa à Neji, à Ino, et son cœur se serra imperceptiblement.

C'est dans cet état d'esprit mitigé qu'elle tomba sur Shikamaru, adossé au mur, fumant une cigarette. Ils se s'étaient pas reparlé depuis leur arrivée, et les mots, soudain, leur manquaient. Il lui tendit son paquet et son briquet, qu'elle accepta d'un geste. La première bouffée lui donna le vertige.

- Où en sont les recherches ? finit-elle par briser le silence.
- Ils pensent avoir trouvé la planque de l'Akatsuki. Mais ils souhaitent mieux préparer l'assaut cette fois. Le précédent a déjà coûté trop de vies. Ton remède sera de la partie. Au fait, ajouta-t-il en tirant sur sa cigarette, j'ai pensé que ça pouvait t'intéresser.

Il sortit un journal froissé de la poche arrière de son pantalon, qu'il déplia à son intention. Sakura fixa l'article en première page, incrédule. Une chirurgienne renommée de Konoha sauve l'hôpital de Suna, annonçait le titre, et elle battit des paupières, émue et mal à l'aise.

- M'est avis que tu viens de sauver la paix.

Shikamaru lui souriait franchement, et elle s'appuya à son tour contre le mur. Ils restèrent ainsi un moment, ni trop près, ni trop loin, à fixer l'horizon sans un mot. Lorsqu'elle regagna l'effervescence de l'hôpital, son cœur débordait toujours d'une gratitude sincère, qu'elle savait devoir aux deux ambassadeurs.

Le soir-même, assise sur le petit lit de sa chambre de fortune, le vent faisant claquer ses volets, Sakura se mit à réfléchir. Sa mission à Suna ne pouvait signifier qu'une chose : le retour du médecin en elle, et par extension, la fin de ses congés. Mais c'était aussi sa seule chance de parvenir à ramener ses amis, et elle n'avait jamais été aussi près de Sasuke ces dix dernières années. Son expression s'était durcie, depuis la dernière fois où elle l'avait vu, et ses traits s'étaient marqués de tout ce qu'il avait vécu. Il avait tué, immanquablement, et cette certitude la glaçait d'effroi. Elle ne l'en avait jamais douté incapable, depuis ce fameux jour, mais elle aurait souhaité que cela n'arrive jamais. Lui dont l'âme d'enfant était percluse de douleur d'avoir perdu l'intégralité de sa famille, comment pouvait-il ôter si sobrement la vie d'autrui ?

Était-ce encore possible de le ramener, de le raisonner ? Était-ce seulement raisonnable ?

Elle ferma les yeux, et revit les siens, traversés d'une fulgurante surprise. Il l'avait reconnue, à n'en pas douter. Et ce brusque rappel du passé avait, l'espace d'un instant, fissuré son masque, ce que la mort de ses camarades n'avait pas su faire. " Tu étais la plus à même de le retenir " lui avait confié Kakashi du bout des lèvres, le soir où elle lui avait rendu visite. Elle n'y était pourtant pas parvenue, n'avait pas sauvé la part d'humanité en lui. Pire, elle avait scellé Naruto à une promesse impossible, dans laquelle il s'était jeté à corps perdu des années après, pour de maladroites et maladives paroles de sa part. N'avait-elle donc pas causé un désastre plus grand encore ?

Sakura se releva d'un bond, décidée à avouer sa découverte. La main sur la poignée de la porte, elle hésita cependant. À qui donc pouvait-elle en parler ? Sasuke faisait partie de l'équipage qui les avait attaqués, et si son intuition visait juste, en était même à la tête. L'embuscade entraînant la mort de Neji, avec à la clé un but obscur qu'ils n'avaient de toute évidence pas atteint, était un motif suffisant d'arrestation, et elle n'osait imaginer les chefs d'accusation qui pourraient peser contre lui. Après tout, s'il s'était lancé dans la piraterie, rien ne lui indiquait qu'il ne soit pas déjà recherché pour d'autres crimes.

Kakashi, de toute sa formation de soldat, ne serait probablement pas enclin à l'écouter. Il n'avait déjà jamais cherché à retrouver Sasuke auparavant. S'il devait un jour s'y mettre, les motivations et résultats ne seraient pas pour plaire à Sakura. Shikamaru quant à lui, était-il toujours son allié ? La réponse, compliquée, ne lui apparaissait pas clairement. Elle n'était cependant pas sûre qu'il continue de supporter son entreprise à la lumière des nouveaux paramètres.

Ne lui restait qu'une solution : interroger elle-même l'homme qu'ils avaient capturé.

Elle attendit que la nuit tombe pour se faufiler dans les rues fraîches de la ville, un panier à la main, dans lesquels des choux à la crème fourrés aux somnifères devrait lui permettre de déjouer l'attention des gardes. Elle n'eut cependant pas besoin d'avoir recours à cette extrémité, puisque le soldat posté devant l'entrée de la prison s'avança d'un pas décidé vers elle, la lorgnant avec admiration.

- Vous êtes le docteur Haruno, n'est-ce pas ? C'est bien vous, hein ? Merci pour ce que vous avez fait pour le cap'taine Kankurô !

Elle acquiesça en silence, alors qu'il lui secouait vivement la main, impressionné et ému.

- Wahou, quand je vais raconter ça à ma femme ! Je pourrais avoir un autographe ?

Sakura se fendit d'un sourire aimable, poussant un peu plus la situation à son avantage. L'idée ne lui plaisait pas, mais elle ne voyait pas d'autre solution. Si elle pouvait déjà s'en sortir sans devoir endormir les gardes, et risquer d'encourir des conséquences bien pires, potentiellement même briser la paix et la confiance gagnée par les efforts conjoints des deux ambassadeurs, et par extension les siens, ne lui restait plus qu'à enfoncer le clou de la manipulation.

- Voyons, je suis médecin, pas actrice. Je ne vais quand même pas vous signer un autographe ! Pourquoi ne pas, disons... boire un verre en votre compagnie et celle de votre charmante épouse, à la place ?
- Ah, vous en feriez, des heureux, moi je vous dis ! Mais au fait, que faites-vous ici à une heure si tardive ?

Sakura désigna son panier d'un geste, avant de poursuivre, se composant une expression apprêtée qu'elle souhaita convaincante.

- On m'a dit que le capitaine Morino était toujours ici.
- Vous pensez vraiment à tout le monde, hein ? Mais c'est que, le cap'taine, l'est toujours en plein interrogatoire. Mais, venez, s'empressa-t-il de dire lorsqu'elle affecta un air de déception, je peux sûrement vous faire patienter devant !

La porte de la salle d'interrogatoire s'ouvrit à la volée au moment où ils arrivèrent devant, la stature massive d'Ibiki à contre-jour le parant d'une aura redoutable. Le panier de Sakura s'écrasa au sol, envoyant valser son contenu.

- Oh là là, quelle bourde, pardon ! J'aurais dû me douter que ça serait trop dur pour vous !

Derrière l'ombre immense du capitaine, le corps chiffonné du prisonnier rougeoyait de multiples blessures à la lueur flageolante de la lampe nue pendue au plafond. Elle courut jusqu'à lui, sans qu'Ibiki, paralysé de stupeur, ne cherche à l'arrêter. Et, alors que ses réflexes la poussaient à chercher ses signes vitaux, il lui agrippa le bras, la faisant glapir.

- Je sais qui tu es.



Je savais déjà comment je voulais finir ce chapitre, mais j'ai eu un peu de mal à l'amener.
Je ne suis pas totalement satisfaite de l'incursion de Sakura dans la prison. Quelque chose me paraissait sonner faux, peut-être parce que même poussée à l'extrême, j'ai du mal à imaginer Sakura minauder pour s'infiltrer.
Mais je n'ai pas réussi à faire mieux, donc j'espère que ça ne vous a pas trop dérangé.




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