Fiction: Lilas

Des pertes et des séparations, Sakura en a connu, plus qu'elle n'en aurait souhaité, plus violentes qu'elle ne croit pouvoir le supporter. Mais lorsque dix ans après le départ de Sasuke, Naruto se met en tête d'aller le chercher, et que l'Akatsuki se met à menacer la paix, Sakura n'a plus d'autre choix que de s'allier à Shikamaru et aux militaires du Pays du Feu. Peut-être pourra-t-elle ainsi retrouver Naruto et Sasuke... UA
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hane-chan (Féminin), le 27/07/2019
Un chapitre où on part enfin à l'aventure ! Je l'ai sous le coude depuis un petit moment mais j'hésitais à le poster. Mais bon, je voyais que je n'aurais pas pu faire beaucoup mieux.
J'espère qu'il vous plaira, que l'histoire vous intéresse toujours !
Bonne lecture !




Chapitre 6: Terra Incognita



Dans quoi s'était-elle au juste embourbée ? Observant le paysage défiler au travers de la vitre sans teint renforcée du 4x4 militaire, Sakura sentit l'accablement la gagner, et l'espoir de retrouver Naruto s'éloigner. Elle aurait souhaité que Shikamaru lui prenne la main pour la rassurer, mais elle le voyait du coin de l’œil adoptant sa posture concentrée, échangeant des messes basses avec Kakashi. Combien de mensonges encore ponctuaient donc sa vie ?

Hyûga Neji, assis face à elle, les bras croisés sur son casque, la dévisageait froidement sans la moindre pudeur. L'ironie lui arracha une grimace entre sourire et dégoût lorsqu'elle songea qu'au moins, elle n'était plus la seule à se considérer fautive du départ précipité de Naruto. Et si sa cousine ne semblait pas lui en tenir rigueur - mais comment savoir, puisqu'elle n'était jamais retournée la voir ? - Neji pour sa part ne s'en privait pas.

- Tu ferais mieux de dormir un peu, Sakura, lui lança Kakashi. Tu auras tout le temps d'être sur tes gardes à la frontière.

Facile à dire, mais elle se sentait déjà en terrain hostile, sous le regard assassin de Neji, et les yeux des trois autres qui faisaient l'avion entre lui et elle. Personne n'avait pris la peine de lui présenter sa garde rapprochée, aux allures de gardiens de prison. Ils n'étaient pas tous effrayants, mais les mines sérieuses et les accoutrements impressionnants lui intimait un respect mêlé de frayeur. Elle n'avait jamais côtoyé de gens armés jusqu'aux dents, prêts au combat, et c'était la raison principale qui l'empêchait de se tourner vers l'ancien tuteur de ses amis, et voir l'image tranquille de son ancien professeur s'évanouir au profit de la panoplie du parfait soldat. La vision lui était, à quelque chose près, insoutenable.

Une envie folle de lui gueuler au visage " Menteur ! Pourquoi t'as laissé Naruto partir, pourquoi t'étais prêt à me laisser y aller ? Si t'étais vraiment un pisteur renommé des forces spéciales, pourquoi c'est pas toi qui est parti chercher Sasuke ? " Elle ravala son invective avec ses larmes, et se concentra de nouveau sur la route.

Sentant que le trajet allait s'étirer en longueur et la rendre folle si elle ne s'occupait pas, elle sortit de son sac un des nombreux livres récupérés à la va-vite chez elle avant le départ. Sans avoir examiné Kankurô, elle ne pourrait rien en tirer de concret, mais se rafraîchir la mémoire ne lui ferait pas de mal. Sa mémoire, pourtant ne lui faisait jamais défaut, encore moins lorsqu'il s'agissait de médecine. Elle constata une fois de plus l'évidence, une pointe de fierté réchauffant son cœur, tandis qu'elle refermait l'encyclopédie quasiment aussitôt après l'avoir ouverte.

- Tu n'étudies pas un peu plus ? lui demanda Neji d'un ton neutre.

Sa question avait beau être pleine de mépris et l'accuser d'être une mauvaise élève, voire un mauvais médecin, elle eut le mérite de briser la glace ; et le silence.

- Je les ai plus embarqués comme soutien psychologique, fit-elle en désignant les livres, leur présence me rassure. Mais les cas comme celui de Kankurô sont rarement des cas d'école. Le reste c'est là-dedans, conclut-elle en tapotant son crâne.
- Wahou ! s'exclama l'un d'eux en lui offrant un sourire éblouissant. Tu étais donc destinée à être médecin ?
- Destinée, je ne sais pas. Disons que j'ai bien poussé le destin. C'est mon rêve depuis petite, ajouta-t-elle lorsque monsieur Sourire lui lança un regard interloqué. Un bon médecin, c'est avant tout un bon diagnostic. Pour ça, il faut être attentif à tout, ne pas avoir d'a priori, seulement des intuitions, et ne pas les laisser donner de conclusion hâtive. Une mémoire d'éléphant, ça aide aussi. Et puis, forcément, un dévouement sans failles.

Dévouement qu'elle avait failli perdre pourtant, en témoignait les vacances forcées de Tsunade. Qui cependant, dans une bienveillance qu'elle accordait peu, n'avait pas soufflé un mot de son égarement. Mais lorsque l'on était à la lisière d'une guerre ouverte, les petits problèmes personnels n'avaient plus à rentrer en ligne de compte. C'était risible. Il avait fallu attendre qu'elle soit presque forcée de coopérer pour empêcher une guerre d'éclater, pour que Sakura retrouve le médecin intraitable en elle, celui qui faisait passer la vie de ses patients avant toute autre chose.

Sakura fut tirée de ses pensée brumeuses par une énergique poignée de main. L'homme au sourire éclatant se présenta finalement :

- Rock Lee, enchanté, demoiselle !

Roulement de yeux de la part de ses collègues, qui suivirent pourtant son exemple. Associant les visages aux noms de Tenten et Kiba, elle fit l'air de rien quand Neji se présenta à son tour.

- Sakura, enchantée aussi. C'est vrai que ça sera mieux que de s'appeler " Hé, toi ! " tout le long, sans savoir à qui il s'adresse.

Sa répartie arracha quelques sourires francs, et elle se sentit instantanément plus détendue.

Finalement, après deux bonnes heures de route, elle contempla avec étonnement le panneau immense annonçant Grand pont Naruto.

- Je croyais qu'on devait traverser le pays de la Rivière...
- Ses frontières sont hermétiques au pays du Vent. Ils n'ont pas signé de traité de paix.
- Mais... entama-t-elle en se tournant vers Shikamaru.

Il esquivait son regard, refusant de répondre à la question qu'il devinait sur le bout de ses lèvres. Un accès de compréhension figea Sakura, qui se laissa retomber contre le siège. Alors c'était ça, le fameux accord secret... Une route maritime secrète et bien gardée jusqu'au pays du Vent sans restriction pour le pays du Feu ? Elle tourna le dos à Shikamaru, peinée. Combien de secrets encore, combien ?

Mais pouvait-elle décemment lui en vouloir alors qu'elle avait ses propres secrets, ses propres mensonges ? Les pires de tous, ceux à l'origine de cette histoire. Ou du moins, d'une partie, bien refoulée, emmitouflée dans les attaques terroristes, les conflits armés et autres jeux politiques.

Ils ne mirent pas pied à terre une fois parvenus de l'autre côté du pont, ni même lorsqu'ils parvinrent de l'autre côté de l'île. Le conducteur, dont les multiples cicatrices au visage laissait présager des nombreux combats qu'il avait dû mener, abaissa sa vitre devant l'entrée bien gardée du port. Il déclina son matricule et son ordre de mission, et le militaire en faction fit signe à un autre d'actionner la levée du portail.

- Les nouvelles ?
- Alarmantes. Des rumeurs circulent à propos du retour de Zabuza.
- Impossible, il est mort.
- Alors il avait un apprenti. Parce que son épée, elle, a bel et bien été aperçue.

Un silence tendu s'installa dans le 4x4, finalement rompu par le conducteur.

- On va avoir besoin de renforts. On est pas équipés contre la piraterie.

Sakura, dont la peur grandissait et grondait méchamment dans son ventre, se redressa pourtant pour s'approcher de la banquette avant, alors qu'on la tirait brusquement en arrière. Elle se débattit violemment, fut plaquée contre son siège, et hurla malgré tout :

- On n'a pas le temps d'attendre des renforts ! Kankurô ne tiendra pas !

La certitude glaçante la tenaillait depuis l'instant-même où elle avait compris qu'ils iraient par la terre. C'était une course contre la montre, dans laquelle il partaient déjà avec une balle dans le pied. Elle ne savait pas depuis combien de temps Kankurô était empoisonné lorsqu'il était reparu à Suna, ni même combien de temps les tentatives échouées des médecins locaux avaient duré. Elle savait en revanche que pas loin de six heures s'étaient écoulées depuis l'appel de Temari, et qu'il leur faudrait encore à la louche quatre bonnes heures pour atteindre à leur tour Suna. Après l'avoir ausculté, de combien d'heures pourrait-elle encore disposer pour concocter un remède au poison qu'on lui avait administré, sans en connaître la formule chimique ?

Chaque seconde passée à tergiverser était une seconde perdue, qui approchait dangereusement Kankurô de sa mort.

- C'est trop risqué, madame.
- Plus risqué que la mort du frère de Sabaku no Gaara, déjà en danger de mort, selon certains pour une connerie du Pays du Feu ? Que voulez-vous, une guerre ? Ou bien affronter les eaux vos couilles à la main, votre expertise en bandoulière, et faire ce pour quoi vous avez été dépêché : nous protéger, et faire en sorte qu'on arrive en un seul morceau de l'autre côté où nous attend l'ambassadrice ? Parce que je vais vous le dire, moi, si vous refusez de risquer nos vies en risquant la mort de Kankurô, Temari, elle, ne se gênera pas pour venir faire notre peau, et avec les honneurs !

Sakura chercha son souffle, le rouge aux joues, de colère, de hargne, remarquant à peine qu'on ne la ceinturait plus. Six paires de yeux écarquillés la dévisageaient lourdement, et elle ne sut plus où se mettre. Le silence religieux qui accueillit sa sortie leur permirent tous d'entendre distinctement le conducteur bougonner " Vos couilles en bandoulières, vos couilles en bandoulières... J't'en mettrai des coups de couille à assommer un pirate ! " Personne n'osa rire, mais de petits sourires pincés firent leur apparition sur les visages ronds d'ébahissement.

- S'il y a bien une chose dont je n'ai jamais douté, entama Kakashi sans plus pouvoir se retenir, c'est de ta force de caractère.

La traversée s'annonçait des plus mouvementées. un arrêt fut décrété à l'armurerie. S'ils n'attendaient pas les renforts, alors il faudrait qu'ils se les procurent sous la forme de munitions, d'armes de poing et d'armes de jet, et surtout de bons fusils longue portée, ou ce qui sembla l'être à l’œil novice de Sakura. De ce qu'on assura à Sakura, alors qu'elle enfilait un gilet de sauvetage par-dessus son gilet pare-balles - si l'un crevait, l'autre la maintiendrait normalement suffisamment longtemps en vie pour que quelqu'un puisse la repêcher - le bateau qui les attendait avait la coque blindée. Finalement, la mise à l'eau approcha, et le conducteur du 4x4, qui s'avéra aussi être celui du bateau, scanda ses derniers ordres.

- À aucun moment vos véritables noms ne doivent être prononcés jusqu'à notre arrivée à Suna, Pour cette mission, vos noms d'emprunt seront ceux notés sur la feuille que je vais vous passer. Mémorisez bien le vôtre comme celui de vos coéquipiers. Le premier manquement, ajouta-t-il spécifiquement à l'adresse de Sakura, pourrait révéler une information de première nécessité à l'ennemi, et fortement compromettre notre survie immédiate ou future.

Puis, l'homme qui se ferait momentanément appeler Daisuke, de son vrai nom Morino Ibiki, brûla la feuille, et laissa les cendres s'échouer dans l'océan.

Ils naviguèrent sans incident notable pendant deux heures, sous des conditions météorologiques plus que favorables pour ce qui était connu des alentours du pays des Vagues. Ils n'avaient pas dérivé une fois de cap, et maintenaient une vitesse moyenne des plus respectables, lorsque Shikamaru rejoignit Sakura sur le pont, alerte.

- Bateau à l'horizon, vas te mettre à l'abri.

Tout l'équipage s'arma, et se mit en position. Elle était toujours vulnérable, en pleine ligne de mire, à la pointe du fer de lance qu'ils formaient désormais.

- J'ai dit : vas te mettre à l'abri.

Il lui attrapait déjà son poignet pour la traîner dans son sillage. Sonnée par le ton sans appel qu'il employa, Sakura se laissa embarquer à sa suite dans la minuscule cabine où Ibiki maniait le gouvernail d'une main de fer. Personne ne loupa une miette de cet échange. Muette de surprise et d'appréhension, incapable de faire cesser les tremblements de ses mains d'une fermeté à toute épreuve lorsqu'elle maniait un scalpel, Sakura se tourna vers Shikamaru, tendu à l'extrême, fixant la voile noire qui flottait au mât du bateau approchant.

- Et merde !

Il fonçait droit sur eux, leur vitesse de pointe bien plus élevée que la leur, les forçant à virer de bord, tenter de deviner leur prochain angle d'attaque pour amorcer un changement de cap à l'avance. La maniabilité du bateau qui les transportait n'était pas non plus son point fort, et ils ne durent leur fuite qu'à l'incroyable dextérité d'Ibiki. Aucun coup de feu n'avait encore été tiré, et Sakura pria pour que cela s'arrête là. Une énorme secousse ébranla le bateau qui failli chavirer, et un grincement retentissant leur annonça la vérité : on les poussait droit sur les récifs.

- Ne me fais pas regretter d'avoir accepté ! s'insurgea Ibiki, qui maintenait du mieux qu'il le pouvait la barre, jusqu'à ce qu'il n'ait plus d'autre solution que de les faire accoster sur l'île qui leur faisait face.

Le silence se fit, l'équipage à l'affût, mais bientôt l'évidence s'imposa : les pirates ne les suivaient pas. Prudemment, ils sortirent de la cabine, couverts par le mur que formaient maintenant les six militaires.

- RAS, capitaine, lança finalement Neji, encore sur ses gardes.
- Nous ne sommes pas à l'abri qu'ils reviennent nous harponner. L'hélice est flinguée, on ne fera pas mieux avec cette bestiole. Notre seul espoir, c'est de trouver un autre foutu bateau.

L'annonce jeta un froid dans l'assemblée, qui tentait désespérément de ne pas perdre son calme. Sakura, qui prenait sur elle la faute de leur naufrage, et de leur échec cuisant, hésita longuement avant de demander faiblement :

- Où sommes-nous ?
- Ici, c'est l'île à la jonction entre le pays du Thé et le pays du Vent. Elle se situe pile à l'orée du canal que l'on devait emprunter, et surtout en plein centre de cette mer convoitée par la piraterie. Clairement, c'est une zone de non-droit. Autant dire qu'ici, c'est Terra Incognita.



C'est vraiment avec ce chapitre que je commence à axer l'histoire sur le côté tactique et aventure, mais c'est quelque chose que je n'avais encore jamais vraiment écrit, donc j'espère que ça se lit bien, et que la suite vous plaira. Ce chapitre et les suivants sont écrits depuis près d'un an, mais je rechignais à les poster, j'avais l'impression qu'il manquait quelque chose, mais à un moment, il faut se jeter à l'eau.



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