Fiction: Lilas

Des pertes et des séparations, Sakura en a connu, plus qu'elle n'en aurait souhaité, plus violentes qu'elle ne croit pouvoir le supporter. Mais lorsque dix ans après le départ de Sasuke, Naruto se met en tête d'aller le chercher, et que l'Akatsuki se met à menacer la paix, Sakura n'a plus d'autre choix que de s'allier à Shikamaru et aux militaires du Pays du Feu. Peut-être pourra-t-elle ainsi retrouver Naruto et Sasuke... UA
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hane-chan (Féminin), le 26/07/2019
Un chapitre beaucoup plus court que les précédents, mais que je me voyais mal gonfler inutilement. L'action principale se met en place, tout comme les interactions entre les personnages, et malgré sa petite taille, c'est un chapitre que j'affectionne particulièrement.
Bonne lecture !




Chapitre 5: Cauchemar



La douleur. Elle ne se rappelait que de la douleur. Ses joues, ses côtes, ses poignets la lançaient. On lui tirait les cheveux en arrière, la peau de son crâne se soulevait. Un rire hystérique lui perçait les tympans. Elle pleurait. Sa chair tailladée boursouflait, saignait, et elle faillit vomir en apercevant un morceau blanc perler de sa jambe au sol. Le gras entre sa peau et son muscle. Il tombait. S'échappait dans les fougères. Elle posa brusquement ses mains sur sa cuisse, comme si cela pouvait retenir les pellicules graisseuses à l'intérieur. On la traîna d'un coup sec sur ses cheveux, raclant son dos, ses fesses et ses mollets sur la terre rocailleuse. Une soif de vivre la prit à bras-le-corps, lui fit remonter la bile à sa gorge, et elle porta sa main à sa ceinture. Elle roula à terre, le plus loin possible de ce rire strident. Son couteau s'était planté dans son épaule durant sa roulade, elle avait mal, mais elle était libre. Et il fallait qu'elle se lève ; et qu'elle coure. Elle arracha le couteau de son biceps, faisant gicler une rasade de sang, tandis qu'elle se relevait en titubant, menaçant de s'effondrer à nouveau. Elle le plaça entre elle et la fille ébahie qui tenait encore dans sa main une poignée de cheveux roses.

Sakura se réveilla en sursaut, son cœur battant la chamade, lui crevant la cage thoracique à l'obliger à chercher comme une forcenée de l'air. Shikamaru ouvrit les yeux droit sur elle, alerte, la respiration saccadée.

- Un cauchemar. Juste un cauchemar. Désolée de t'avoir réveillé.
- Ça va ?

Elle acquiesça sans un mot, lui fit un pauvre sourire, et lui dit de se rendormir. Mais non, ça n'allait pas. Un frisson parcourut son corps, et elle eut un mal fou à retenir le relent qui remontait le long de son œsophage. Shikamaru rouvrit un œil sceptique sur elle, tandis qu'elle marchait à pas délicats et asymétriques vers la salle de bain, où elle s'aspergea allègrement d'eau froide le visage. Soufflant lentement pour bloquer la crise d'angoisse qui refluait, elle prit appui sur le rebord du lavabo.

Dans ses oreilles résonnait encore le rire hystérique et l'horrible craquement, et ce cri, ce terrible cri. Elle revoyait la chute, les bras qui formaient un angle impossible, le choc.

À ses yeux d'adolescente, elle avait cru, réellement cru, assister à la mort. Elle avait dix-sept ans, était persuadée qu'elle aurait pu mourir ce jour-là, et que le destin avait envoyé un ange, un ange noir sur sa route pour retourner la situation. Elle avait vingt-sept ans, et les détails de la scène lui revenaient peu à peu, avec une sauvage minutie, une immonde précision. Et pourtant, quelques minutes de flou demeuraient encore entre l'instant où elle avait levé son couteau à destination d'un autre être humain, elle qui se voulait médecin, et celui où elle avait vu la marionnette décharnée de son agresseur rouler étrangement jusqu'au fond du ravin.

L'ange noir, déferlant de colère sourde ne pouvait avoir qu'un seul visage. Et si elle le connaissait, elle ne parvenait plus à recomposer l'expression qu'il arborait à cet instant précis où il l'avait trouvée, en sang, tenant à peine debout, face à une fille qu'ils avaient un jour considérée comme une camarade de classe. Quel visage montrait-il quand il avait déjanté, quand Sakura s'était interposée, qu'il s'apprêtait à effectuer le pire péché, duquel il ne pourrait plus jamais revenir ? Elle ne se rappelait pas, au travers de ces larmes qui coulaient abondamment, si elle l'avait vu. Mais elle se souvenait de son corps bouillant de rage qu'elle avait serré dans ses bras alors que chaque mouvement lui faisait un mal fou qui manquait de la faire s'évanouir, et de la litanie de " Ça va aller, je suis en vie, je suis en vie, Sasuke, je suis là ".

Quelque part au fond d'elle, une voix lui murmurait que son agression avait été l'élément déclencheur.

Elle tremblait encore énormément, lorsqu'elle remarqua Shikamaru sur le chambranle de la porte, la mine inquiète, mais refusant de s'imposer à elle.

- Tu viens te recoucher ?

Elle secoua la tête. Elle était incapable de regagner le sommeil. Shikamaru fit demi-tour jusqu'à la chambre, la laissant seule. Elle apprécia le geste, bien qu'elle se doutait qu'il ne l'avait pas fait pour elle. Se calant en tailleur sur le canapé, sa tasse fumante à la main, elle observa le tableau empli de l'écriture en pattes de mouche de Shikamaru. Elle attrapa l'ordinateur sur lequel un post-it lui indiquait le mot de passe, qu'elle gratifia d'un sourire.

Le pays des Vagues, le pays des Vagues... Dans ses souvenirs lointains du lycée, où elle n'avait jamais particulièrement brillé en géographie, ni particulièrement échoué, le pays des Vagues ressemblait à une minuscule île coincée entre deux ramifications du pays du Feu. Qualifier le Grand pont Naruto de plaque tournante de l'économie lui paraissait alors d'une aberrante exagération. Que Shikamaru n'ait pas relevé cette dissonance l'étonnait d'autant plus qu'il était censé être incollable sur le sujet. Mais tout occupé qu'il était à incriminer à tout prix l'Akatsuki, peut-être n'y avait pas songé. Au moins s'accorda-t-elle avec lui sur un point : quoi que cela puisse être, il y avait forcément un accord se cachant là-dessous.

Lui revint en mémoire la rapidité avec laquelle les deux membres de l'Akatsuki avaient été aperçus à la frontière de Suna, en plein dans le désert du pays du Vent. Gaara avait-il été vu avec, ou n'étaient-il présents uniquement pour détourner l'attention ? Où se trouvait donc Gaara lorsqu'on l'avait enlevé ? Elle ne tarda pas à trouver l'information. En mission diplomatique dans son pays natal pour le compte du pays du Feu duquel il s'était fait nationaliser dans sa course à la présidentielle, après des années passées en temps que réfugié politique. Le pays du Vent, balayé de nombreux conflits internes, ne s'était stabilisé en une paix relative que récemment. Que deux des cinq plus grandes puissances mondiales, et les deux les plus importantes, cherchent à s'allier était des plus logiques, après pas loin de trente ans à être sur ses gardes, craignant que la guerre civile ne s'expatrie à son tour.

Mais la rancœur accumulée s'était-elle vraiment évanouie ? Le retour de Gaara dans le pays qui l'avait vu naître, s'il était vu par certains comme le retour d'un roi, n'était-il pas aux yeux d'autres comme le retour du fils de celui qui les avait opprimés tant d'années ? Pire encore, sa fuite à Konoha avait-elle été perçue comme un abandon flagrant ? En ce cas... Les services de l'Akatsuki auraient très bien pu avoir été requis de l'intérieur.

La trahison appelle la trahison.

Elle entra en trombe dans la chambre pour faire part de ses découvertes. Shikamaru se redressa à demi, fronçant des sourcils, et pris d'une illumination, s'exclama :

- Je le savais... Ils vont exécuter Gaara sur la place publique !

L'instant d'après, Shikamaru était pendu au téléphone, sillonnant le salon d'une démarche furieuse, sa main libre passant de son visage à ses cheveux. Sa voix, ses paroles criaient une assurance maîtrisée et implacable qu'il était loin de ressentir. Sakura n'eut aucun mal à comprendre son émoi lorsqu'elle reconnut la voix à l'autre bout du fil. Acquiesçant durement, Shikamaru tendit finalement le combiné à Sakura, qui sursauta, les mains soudain moites.

- Sakura.... C'est Temari. Les circonstances....

Son visage se ferma alors que son interlocutrice laissait sa phrase en suspend. Elle ne savait pas auxquelles elle faisait référence, mais sur tous les plans, les circonstances étaient pour le moins malvenues.

- Toujours est-il que... j'ai besoin de toi. En qualité de médecin. On est dépassés, ici, et j'ai conf...

Là non plus elle n'acheva pas sa phrase. Dur de dire qu'on a confiance en l'autre lorsque l'on vient de découvrir que son ex-amie est en présence de son ex-mari à quatre heures du matin.

- J'ai confiance en tes capacités, se reprit-elle à la place.

Inspirant pour reprendre son masque neutre de médecin, Sakura lui demanda des précisions sur le patient.

- Il s'agit de mon frère. Kankurô, ajouta-t-elle rapidement pour effacer la méprise. Il était à la tête d'une division en reconnaissance, pour retrouver Gaara, et... il n'en a fait qu'à sa tête, je suppose. Ils sont tombés sur Sasori.
- Il a été empoisonné, comprit Sakura, glacée.
- Ça dépasse la compétence des médecins de Suna. Même Chiyô n'a rien pu faire. Tu es...tu es mon seul espoir.

Sakura n'hésita pas une seconde. Elle enfilait déjà son jean, le téléphone coincé entre son oreille et son épaule, listant tout le matériel qu'il lui faudrait, afin de rayer de sa liste mentale tout ce dont elle n'avait pas besoin de s'encombrer pour le trajet.

- Une dernière précision, reprit Termari. On est sur le fil du rasoir, ici. Quelques débordements qu'on a pu contenir, mais tu risques d'arriver en terrain hostile. Certains rejettent la faute de l'enlèvement sur le pays du Feu. Selon eux, la protection allouée à Gaara n'était pas suffisante. Si tu me permets, tu ne passes pas vraiment inaperçue. J'ai pris des mesures préventives. Tu seras accompagnée de Shikamaru en sa qualité d'ambassadeur de Konoha, et une division de l'armée assurera votre sécurité. Je viendrai vous accueillir, au port Sud.

Raccrochant, Sakura se retourna vers Shikamaru, prête à l'engueuler, mais se ravisa. L'urgence de la situation ne laissait pas de place aux disputes de couple. À la place, elle articula :

- Ambassadeur ? Tu comptais me le dire quand ?

Voyant qu'il ne répondait pas, elle poursuivit, la colère montant peu à peu.

- Alors, ton boulot de prof, c'est du chiqué ?
- Disons que l'un ne va pas sans l'autre, ici.

Sakura se figea, prenant de plein fouet la révélation. Le mariage de Shikamaru et Temari, que personne n'avait vu venir, parce que personne ne savait d'où venait la jolie petite tête blonde. Kakashi, partant en quatrième vitesse effectuer un remplacement dans une autre ville. Et Asuma, le gentil professeur à la clope au bec, mourant tragiquement de la main de l'Akatsuki par un terrible concours de circonstances. Les circonstances, encore et toujours.

- C'est une longue tradition, n'est-ce pas ?

Shikamaru lui adressa un sourire piteux en refermant son sac de voyage.

Débarquant à l'improviste, fendant la foule d'un pas pressé, Shikamaru sur les talons, Sakura ne fit pas grand cas de Shizune qui tentait de la retenir, et ouvrit la porte du bureau de Tsunade à la volée. Elle ne s'attendait pas à un accueil en grandes pompes, et freina subitement face à Kakashi, encadré de deux jeunes au maintien militaire. Visiblement, eux l'attendaient.

- Ma retraite vient d'être repoussée, résuma-t-il simplement.



N'hésitez pas à me dire en commentaire ce que vous avez pensé de ce chapitre, du caractère des personnages et de l'histoire que j'amène au fur et à mesure !



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