Fiction: Toi ou rien

C'est l'histoire d'une rencontre parmi tant d'autres. Celle de Tenten et de Neji. L'adorable Tenten et le froid Neji. La petite Tenten et le grand Neji. Tout commença lorsque cet homme avait levé les yeux vers elle et qu'il lui avait dévoilé ses yeux blancs. Tout commença lorsqu'elle lui proposa "Voulez-vous prendre un thé ?" Tout commença lorsqu'il la choisit.r
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Tanial (Féminin), le 19/12/2017




Chapitre 1: Introduction



À travers ses mèches brunes, elle aperçut « Chemin bleu». Elle soupira. Ce soupir devint un hoquet, et ses yeux s’embuèrent. Tenten avait vraiment passé une sale journée.

Un vieil homme à la peau tanné la sortit de son état mi-amorphe, mi-lamantin en s’asseyant à sa gauche. Elle dû replier à regret ses jambes pour laisser une mère et son petit traverser le wagon du métro. Le vieil homme tentait de lire son petit livre de poche sur la Seconde Guerre mondiale alors qu’inlassablement la jeune fille s’entêtait à lire encore et encore les noms des stations de métro. Il fallait qu’elle rentre vite chez elle, sinon elle craquerait devant tout le monde. Et Dieu qu’elle l’avait déjà fait, pleurer à chaudes larmes devant une foule. Mais ce n’est pas l’habitude qui la fera perdre cette honte soudaine qui la prenait à chaque fois, et qui lui faisait alors redoubler ses pleurs.

À la station « Picasso », le vieil homme partit. Un autre homme vint alors s’affaler contre elle. Tenten n’avait vu qu’une masse noire, sombre, se faufiler à travers la foule, sans se soucier si une personne plus âgée, ou enceinte avait des vues sur la place vacante.
Elle ne fit d’abord pas attention. Dans les espaces publiques, on ne regarde pas les autres, on les évite. On entre dans une sphère d’isolement, ce qui permet à tous de pouvoir vivre sans voir la famine, la pauvreté, la saleté qui entache cette si belle ville.
Mais après quelques minutes, les sursauts à travers les couches de vêtements de l’homme la tirèrent une nouvelle fois de sa rêverie solitaire. L’homme semblait lui aussi en proie à des pleurs. Ses longs cheveux sombres glissaient sur ses épaules, pointaient mollement vers le sol du wagon, et caressants ses paumes blanches, croisées sur ses genoux. Sa tête penchée en avant lui donnait l’air de porter tout le poids du monde. Des épaules si larges, mais un état si déplorable. Tenten se dit qu’elle n’était sûrement pas la seul à avoir passer une mauvaise journée.

Doucement, les stations défilèrent, et le wagon de tête se vida tranquillement. Tenten descendait au terminus. L’homme à côté d’elle aussi, sûrement.
À l’annonce de cette dite-station, la jeune fille se leva et sentit l’homme à sa gauche perdre l’équilibre lorsque Tenten se leva, le faisant perdre son appui précaire. Il s’était assoupi. Il releva sa tête, qu’il avait fixée vers le sol pendant près de trente-cinq minutes, pour enfin dévoiler à Tenten des prunelles d’un blanc profond. Il paraissait surpris. Ses fins sourcils se froncèrent légèrement et sa bouche se marqua. Quelque chose de divin émanait de ses traits. Pour une raison inexplicable, la jeune fille s’attacha de suite à cet homme. À cette démarcation nette entre la noirceur de ses cheveux, et le blanc de sa peau, de ses yeux. Entre cette tristesse infinie dans ses prunelles, et les jointures tranchantes de ses mains.

Par une inspiration inattendue, ces mots sortirent de sa bouche.

« Voulez-vous prendre un thé ? »



Depuis toute petite sa mère lui avait répétée. Non, Tenten, on ne parle pas aux inconnus dans la rue. Oui, mais peut-on les inviter ? Ce n’est pas de sa faute si sa mère n’avait pas été assez précise. Tenten aime la précision. Presque autant que boire un thé, calée dans un plaid, en tailleur dans son salon. Avec un inconnu tout fraichement pêché dans le métro dans le fauteuil d’en face.

Assis droit, il tenait la tasse transparente avec délicatesse. Son manteau noir posé sur une chaise dans la cuisine, il portait un pull noir épais qui tranchait encore et toujours avec sa peau translucide, à l’image de la tasse. Il avait hoché de la tête dans le métro, sans prononcer un mot, puis avait suivi docilement la jeune fille chez elle.

Tenten avait parfois des idées improbables, mais ne s’en voulait pour le moins du monde. Elle avait la sensation que cet homme s’accordait parfaitement avec son univers. Dans ce fauteuil moutarde, à coté de la table vintage et de ses poèmes chinois derrière, entassés, serrés sur une pauvre étagère. À travers la vapeur produite par le thé, il lui demanda soudainement :

-Vous être peintre ?

Décidemment rêveuse ce jour-ci, Tenten faillit renverser du liquide brûlant sur ses jambes nues avant de répondre hâtivement.

- Ah ça ?

Elle dirigea son regard vers une série de tableaux jonchant le sol de sa chambre dont la porte était restée ouverte. Preuve d’une retardataire endurcie.

- J’aurais aimé répondit-elle avec un sourire amer. Mais ce n’est qu’un passe-temps. Je travaille dans l’édition.

Il arqua un sourcil mais ne sembla pas être quelqu’un de très bavard. Tant mieux, le silence était aussi quelque chose que Tenten appréciait énormément. Mais que peu de personnes ne comprenaient. Tenten aimait le silence, mais était aussi très curieuse. Après plusieurs minutes, le jeune homme décida de répondre à ce regard ambré, posé sur lui, lui réchauffant presque sa peau glacée.

- Je suis photographe. Et j’aime beaucoup vos peintures.

Si il tentait de la séduire, c’était tout gagné. Tenten répondit par un sourire, accompagné d’un hochement de tête. Oui, quelqu’un qui comprenait son art. Elle ne pouvait que l’apprécier.

Elle se leva, emportant avec elle sa tasse vide et faisant tomber silencieusement son plaid sur le parquet. Elle prit également la tasse de son invité et posa le tout dans l’évier. Quand elle se retourna, elle vit l’homme debout dans le séjour. Il s’apprêtait à partir. Ayant remarqué son amorce de départ, il la rejoint dans la cuisine américaine, près de la porte d’entrée.

- Je m’appelle Neiji Hyuga, commença t-il, son long manteau noir posé sur son avant bras. Je vous remercie pour ce moment.

Il s’interrompit après quelques secondes.

- Vraiment. Merci.

Ses yeux vides la transpercèrent de toutes parts. Déstabilisée, elle ne sut répondre que par son nom. Tenten. Juste Tenten.

Il lui avait souri. Un sourire discret, léger, mais un sourire dont on se souvient toute sa vie.




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