Fiction: A l'aube (terminée)

Aux premières lueurs de l'aube, elle écrira la dernière page du très long livre de sa vie. Mais avant d'en écrire le premier mot, elle doit finir le chapitre précédent.
Général / Drame | Mots: 1417 | Comments: 0
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Seldin (Féminin), le 01/02/2016
Voici un autre One-shot sur un personnage dont on parle assez peu dans le manga mais que j'apprécie beaucoup!
Bonne lecture ! On se retrouve en bas !




Chapitre 1: One -shot



La vieille femme se brosse les cheveux devant son miroir. Ils sont si longs qu'ils lui tombent au-delà de ses genoux. Leur couleur rouge est restée quasiment intacte malgré les nombreuses années qui ont passé, seules quelques mèches blanches strient cette superbe chevelure. Ce n'était pas pour rien que son village d'origine était surnommé « Chôju no Sato », le Village de la Longévité.
Elle touche son reflet dans le miroir, ses rides profondes qui creusent des plis sur sa peau. Son défunt mari bien-aimé l'aurait-il reconnu ? Tant d'années depuis son décès... Une éternité. Bienheureusement, cette lancinante attente de plusieurs décennies prendra fin dès demain, au premières lueurs de l'aube.
La vieille femme est lasse de vivre, son existence a été si longue et si riche en événements en tout genres. Elle a traversé tant de guerres et de deuils... Mais son chemin a aussi été tapissé de bien des fleurs ! Désormais, elle n'aspire plus qu'au repos.
Elle laisse ses yeux voleter sur les murs de sa chambre et ses pensées divaguer. Des parchemins précieux décorés d'élégantes calligraphies côtoient les vieux dessins enfantins de ses petits-enfants presque tous morts aujourd'hui.

Elle entend soudain des pas précipités dans l'escalier. Un poids s'abat sur ses épaules rendues fragiles par les années. Son seul regret, la seule et unique chose pour laquelle elle voudrait continuer à vivre accourait à toutes jambes.
« -Obaa-chan ! » Une petite tornade rouge lui saute dans les bras.
Son arrière-petite-fille bien aimée, Kushina.
Les joues de la petite fille sont trempées de larmes, sa respiration est rapide, elle a dû courir pour venir.
« -C'est vrai ce qu'a dit le Sandaime ? Qu'on va t'enlever le démon qui est scellé en toi demain ? Et que tu vas mourir ? »Sa détresse est palpable, on pourrait presque la toucher.
« -Oui Kushina. Non, attends ! Laisses moi expliquer. »
La petite fille qui s’apprêtait à parler referme la bouche, l'air fâché.
« -Ma chérie, je suis très âgée tu sais. Je suis la doyenne du Pays du Feu, j'ai connu le grand-père du Seigneur Féodal actuel. J'ai vécu mon temps. Tout le monde doit mourir un jour Ku-chan, nul n'échappe à la loi du dieu Shinigami. Pour moi, ce temps est arrivé. Tu sais, même si on me laissait le démon, je ne vivrai pas plus d'un ou deux ans. »

Les larmes reviennent dans les grands yeux bleus de la petite fille.
« -C'est pas juste ! J'ai que toi, qu'est-ce que je vais faire toute seule ? Shinigami peut pas faire une exception ? » Sa voix est étranglée par le chagrin.
La vieille femme soupire doucement, elle cherche les mots justes.
« -Non Ku-chan, il ne peut pas. Viens près de moi. » Dès que la petite fille s'installe sur le tabouret de la coiffeuse, la vieille femme la prend dans ses bras. Elle serre la chair de sa chair tout contre son cœur, de toutes ses forces.
« -La vie est semblable à une rivière ma chérie. Elle ne cesse jamais d'être en mouvement et on ne peut espérer en stopper la course. Certaines gouttes évaporent, d'autres s'échouent sur la berge. Mais de nouvelles gouttes viennent les remplacer amenées par la pluie. »
Elles restent ainsi enlacées pendant de longues minutes qui leur paraissent trop courtes à toutes les deux.
« -Dis moi Obaa-chan, le démon, on va le sceller en moi, hein ? » Sa voix n'était plus qu'un murmure.
« -Tu as toujours été perspicace ma chérie, peut-être trop pour ton bonheur. Oui, c'est vrai. C'est pour faire de ton la nouvelle Jinchûriki du démon qu'on t'a fait venir d'Uzushio il y a deux ans.
J'étais si heureuse de ta venue, j'avais hâte de connaître ma plus jeune descendante. Tu me ressembles tant ma chérie... Tes longs cheveux rouges, tes grands yeux bleus, ta volonté de fer, ton caractère indomptable... Je t'ai aimée dès que je t'ai vu. Je t'ai d'abord souhaité un autre destin que celui qui s'étend devant toi mais j'ai appris à ta connaître et je me suis mis à penser que tu seras capable d'accéder au bonheur malgré le monstre de haine qui sommeillera dans ton ventre. »

La petite fille enfouit son visage dans le cou de son arrière-grand-mère et inhale son parfum si particulier, si rassurant. Ses épaules frêles sont secouées par des sanglots. Ses parents l'avaient laissé partir en sachant qu'on allait sceller un monstre en elle... Elle qui ne ressent que de l'indifférence à leur égard sent son cœur se teinter d'un relent de haine. Kushina secoue la tête, ses parents avaient fait abstraction de leurs émotions comme des shinobis dignes de ce nom, elle se devait d'être digne d'eux, de leur clan.
« -Ça va faire mal ? »
« -Non, pas du tout. Tu vas sentir une autre conscience que la tienne entrer en toi, petit à petit. Ce sera rapide, tu verras. »
Le silence les enveloppe de sa quiétude, la petite fille s'endort dans les bras de son aïeule.
La vieille femme se lève en tenant la petite dans ses bras et va s'installer dans son lit. Ce petit bout de femme la bouleverse complètement. La vieille femme regrette tant de ne pas pouvoir rester pour la voir devenir adulte, tomber amoureuse, se marier, avoir des enfants à son tour... Elle ne doute pas une seule seconde que Kushina y parviendra. Cette gamine a une volonté capable de faire plier les montagnes, elle saura s'imposer et s'épanouir.

La nuit s'écoule ainsi, paisiblement. Une demi-heure avant l'aube, l'aïeule réveille Kushina. La petite ouvre brusquement les yeux, paniquée.
« -Quoi, qu'est-ce qu'il y a ? C'est déjà l'heure ? »
« -Presque ma chérie, presque. Je t'ai réveillée un peu avant l'heure. Je voulais te parler encore un peu... J'ai tant à de dire et si peu de temps ! Ku-chan, tu dois comprendre que le démon Kyûbi qu'on va sceller en toi a besoin de ton aide. »
La petite fille écarquille les yeux, estomaquée. Son seul et unique parent proche d'elle qui s'apprête à mourir use ses dernières minutes pour plaider la cause d'un démon monstrueux !
« -Je sais ce que tu penses Ku-chan. Je pensais comme toi quand j'ai scellé Kyûbi en moi mais j'ai appris à le connaître au fil du temps... Il souffre terriblement, il est tellement seul...
Tu dois le remplir d'amour, de joie, de bonheur. C'est ta meilleure chance d'y accéder toi aussi. Souviens-toi de ceci ma chérie, nul n'est bon ou mauvais mais chacun est un savant mélange des deux. »
Les yeux de la petite fille cherchent l'horloge. Plus que dix minutes. Dix petites, minuscules minutes avant de perdre l'être qui compte le plus pour elle. Dix minutes avant de perdre définitivement son innocence et de quitter à jamais le monde de l'enfance sans espoir de retour.

« -S'il te plaît Obaa-chan, chantes moi la berceuse que tu chantais à maman quand elle était petite. »
Avec un sourire à la fois mélancolique et attendri, la vieille femme chante, tentant de faire transparaître tout l'amour qui se trouve en elle à travers chacun de ses mots. Elle serre encore une fois son arrière petite-fille contre son cœur et la berce tout doucement en chantant.
Une fois la berceuse achevée, les deux Uzumaki se lèvent sans un mot. La plus âgée guide la petite fille vers le Palais du Hokage. Une escouade d'ANBU les guide jusque dans les entrailles du bâtiment. L'aïeule s'arrête, se met à genoux et serre une dernière fois sa chair contre son sein. Aucun mot n'est dit, aucune larme n'est versée. Tout a déjà été dit, tout a déjà été pleuré.

La vieille femme suit deux ANBU et entre dans une salle protégée par tout les fûins imaginables.
Allongée sur la table d'opération, elle tente d'ignorer la douleur atroce qui lui déchiquette le corps tout entier. Elle sent les mains du Sandaime sur son ventre, ce cher Sarutobi, le disciple de cet obstiné de Tobirama, feu son beau-frère.
La vieille femme se concentre sur son époux, le seul homme qu'elle n'ait jamais aimé. Elle le revoit avec autant d'exactitude que s'il était mort la veille : ses longs cheveux noirs, ses yeux charbonneux... et son sourire. Tant de souvenirs l'assaillent en même temps ! Leur première rencontre, leur premier baiser, leur mariage, leurs enfants...
En proie à la douleur la plus horrible que l'on puisse concevoir, l'aïeule sourit.
« -J'arrive Hashirama ! Ton attente touche à sa fin... Et moi aussi. En fin de compte, la mort n'est qu'une grande aventure de plus.*»
Avec une dernière de pensée de gratitude pour toutes les personnes qui ont croisé son chemin, avec une dernière pensée d'amour et d'espoir pour Kushina, la vieille femme expire.

Ainsi meurt Uzumaki Mito.



* Les fans de Harry Potter auront reconnu la réplique d'Albus Dumbledore dans la tome 1!
Merci à vous d'avoir lu ce One-shot ! Laissez un commentaire pour que sache ce que vous en avez pensé!




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