Fiction: La liste

Quel après, après s'être appartenu? Quatre ans de vie commune qui prennent fin en une après-midi, le temps d'un déménagement, le temps de faire la liste de ce qui va lui manquer chez elle.
Classé: -12D | Romance | Mots: 1798 | Comments: 2 | Favs: 1
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temapower (Féminin), le 07/06/2015
Il y a autant de ruptures différentes que de couples sur cette Terre, et cette règle de déroge pas à Konoha.
Il s'agit d'un One Shot que j'ai surtout écris pour faire mon "deuil" d'un couple qui n'a finalement pas fini ensemble et pour leur donner la possibilité de se quitter dans les règles de l'art.

Si vous avez lu mon précédent OS "Mes chers parents je pars", celui-ci prend place bien avant mais dans la même time line.

Merci de me lire et ENJOY^^




Chapitre 1: La liste



En cette fin d’après midi il ne pleut pas. Il ne pleut pas et ça l’enrage, parce qu’il faudrait qu’il pleuve des trombes d’eau, que des seaux entiers se déversent du ciel et inondent les rues, emportant tout sur leur passage. Que le tonnerre fasse vibrer les vitres, que les éclairs s’abattent sur les cimes des arbres, les fendent en deux dans un craquement sinistre. Il faudrait qu’un vent aux relents mythiques fassent s’envoler toutes les tuiles des toits et que finalement la nuit tombe, une nuit où aucune lune ne brillerait dans le noir d’encre du ciel. Mais il ne pleut pas, les rayons du soleil illuminent le parquet ciré de son appartement et dehors, un oiseau pousse le vice jusqu’à entonner un gazouillis plein de candeur.

Naruto a ramassé le dernier carton et a laissé la porte entre-ouverte derrière lui, comme si le fait de fermer cette porte déchire définitivement l’air si pesant de cette fin d’après-midi. Un poids lui tombe au fond de l’estomac à l’idée que même cet abruti soit capable de sentir la lourdeur de la situation. Après tout, il n’était pas le seul à se mouvoir dans la pièce dans un silence presque religieux cet après-midi. Shikamaru lui avait serré la main sans croiser son regard, semblant songer qu’il n’avait pas tout perdu dans l’histoire mais incapable de mettre à l’oral cette pensée. Naruto et Hinata étaient arrivés peu après, Naruto avait tenté une blague mais ne l’avait pas terminé et pour une fois il n’y était pour rien. Et puis Choji avait refusé de monter les escaliers jusqu’à l’appartement, se contentant de rattraper les cartons que Naruto lui envoyait depuis le balcon.

Il avait la sensation d’être un paria, un lépreux à éviter ou à ménager et il ne savait pas ce qui l’enrageait le plus entre les deux solutions. Akamaru était resté assis dans un coin de du salon, refusant de lever le nez sur la triste pièce qui se jouait sous ses yeux. S’il ne pouvait rien y faire, alors il n’y ferait rien et Kiba n’avait qu’à se débrouiller avec ses histoires humaines.

Sakura venait de sortir de la cuisine, portant une casserole et deux louches dans les bras. Elle lui adressa un bref regard et sourit, d’un sourire triste et résigné. Elle s’arrêta, sur le point de dire quelque chose, mais y renonça et disparu elle aussi derrière son coéquipier. Il poussa un long soupir, passa sa main dans ses cheveux et se balança sur ses talons pendant quelques secondes, incertain de ce que le protocole demandait désormais.

Finalement, semblant rassembler tout le courage du monde, il s’avança dans la cuisine et s’appuya contre le mur, les bras croisés sur son torse, un léger sourire un brin désolé au coin des lèvres. Désolé, pour lui ou pour elle il n’était pas complètement sûr, mais désolé il l’était sans aucun doute.

- Tu as pris la machine à café ?

S’il avait fait la liste de ce qu’il aurait dû dire à ce moment là, il aurait placé cette phrase au dernier rang. Mais il n’avait pas fait et il sentit son cœur se serrer en la voyant se retourner, une expression froissée sur le visage. Il devait y avoir un sourire désolé, ce fameux sourire désolé !, sur ses lèvres et il vit ses sourcils retomber et son expression reprendre cette teinte d’inconsolable tristesse qu’elle avait depuis une semaine.

- C’est juste que tu ne bois pas de café… Ajouta-t-il.

Il se demanda sérieusement ce qu’il avait dans la tête et résolu de ne plus rien dire s’il n’était pas capable de dire des choses intelligentes, il devrait peut être apprendre le langage des signes.

- Tu sais Kiba, je crois que c’est ça qui va le plus me manquer, ton absolue incapacité à ressentir l’humeur du moment.
- Tu as fais la liste de ce qui allait te manquer ?
- Non.
- Moi oui.

Elle le regarda avec du trouble dans les yeux, de la surprise même.

- Tu veux que je te la lise ?
- Pas vraiment.

Il regarda le plafond et poussa un autre soupir, détestant l’ensemble de ce qui les avait mené jusque dans cette cuisine, autour de leur ancienne table à la toile cirée usée par le temps. Il aurait pu simplement continuer à faire semblant, à ne rien remarquer, à ne rien dire. Il aurait certainement pu continuer à vivre comme cela, cuisiner avec elle, critiquer les films qu’elle choisissait, attendre qu’elle rentre en faisant comme s’il s’en fichait et faire l’amour quand ils finissaient un entrainement. Il l’aimait et il aurait sûrement pu faire semblant. Mais pas elle.

- Tu vas aller chez Sakura ?
- Oui.
- Et après ?
- Ça ne te regarde plus vraiment non ?
- Non.

Voilà. Quatre ans de vie commune, huit anniversaires, deux déménagements, une nuit aux urgences, sept plaintes de voisin pour tapage nocturne, une vitre cassée, onze infestation de puces, trente sept toilettages, mille deux cent repas mexicains, quatre cent trois bouteilles de vin, deux tests de grossesse négatifs, une coupe de cheveux expérimentale, onze mille quatre cent trente trois tasses de café, trois voyages, deux montages de bibliothèque, quatre ficus et un cactus. Quatre ans de vie commune qui prenaient fin aujourd'hui, à l’instant, dans cette cuisine, autour d’une table recouverte d’une vieille nappe en toile cirée.

Elle pleurait et il avait envie de la prendre dans ses bras mais il savait qu’il en avait perdu le droit il y avait maintenant cinq jours, cent vingt heures, sept mille deux cents minutes, quatre cent trente deux milles secondes. Ici, dans cette cuisine, quand il lui avait dit qu’elle ne l’aimait pas. Elle avait simplement posé son verre et s’était levée. Elle aurait pu nier, elle aurait pu crier, frapper, rire même ! Mais elle s’était simplement levée, muette, et avait quitté la cuisine en silence. Et tout avait été dit, en ces quelques mots qui résumaient l’ensemble de ce qui n’allait pas, de ce qui n’allait plus, entre eux.

- Tu veux garder la nappe ? Demanda-t-elle.
- Quoi ?
- La nappe, tu veux la garder ?
- Ça m’est égal, tu la veux ?
- Pas vraiment.
- Alors laisse-la.

Quatre ans qui s’étaient réduits à l’accumulation de biens matériels, de biens que ni l’un ni l’autre ne voulaient récupérer. Elle, écrasée sous le poids de la culpabilité de n’avoir pas réussi à l’aimer. Lui, écrasé sous le poids de la culpabilité de le lui avoir fait remarquer. Et la machine à café ne reposerait plus sur la nappe en toile cirée aux violettes passées.

- Lis-la moi.

Elle avait tiré le tabouret vert, celui qui avait le pied grinçant et qu’il fallait qu’il répare depuis quatre ans, et s’était assise. Il sorti prestement une feuille pliée de sa poche et s’assit face à elle. Elle regardait ses mains, jouant avec un bracelet en plastique qu’il lui avait offert deux ans auparavant, à une fête foraine, durant une mission.

- Le bruit du sèche cheveux à trois heures du matin, la manière dont tu ouvres les pistaches, tes tasses de thé refroidies qui trainent partout, ton short délavé qui te tombe des fesses, les tâches de vernis à ongle sur le bord du lavabo, les éponges qui sèchent sur le bord de la fenêtre, la terre sur le tapis après une séance de rempotage, tes éclats de rire pendant les films d’horreur, ton pesto de tomate et ta manie de ranger les bouteilles de lait vide dans le frigidaire.

Elle pleurait et riait en même temps, les mains serrées contre sa bouche et encore une fois, il maudit ces quatre cents trente deux milles secondes qui paralysaient ses bras le long de son corps, fatalistes.

- Et puis nos jeux à boire, le fait que tu puisses mettre tes jambes derrière ta tête, nos séances d’espionnage des voisins sur le balcon, nos paris sur les positions sexuelles de Naruto et Hinata, les jeudi soirs tout nu, faire exploser des fruits dans le micro onde, nos débats sur les chats, qui, je le maintiens, sont des créatures démoniaques et ta manie d’inviter nos mères à manger. Et toi Ino, putain, toi. Terriblement et toujours toi.

- Toi aussi.

Elle s’était levée et était venue le serrer contre elle et enfin, ses bras moribonds, avaient pu se refermer sur elle et sentir une dernière fois la douceur de sa peau et tout ce que cette fille était. Doucement, il avait desserré son étreinte, elle s’était mise sur la pointe des pieds et l’avait embrassé furtivement. Puis, sans un regard en arrière, avait disparu. Et il avait entendu la porte se fermer.

Akamaru dormait dans une tâche de soleil, la tête posée sur le balcon pour profiter du peu de fraicheur de la journée. Il se laissa tomber derrière lui et enfouit son visage dans les poils drus de son ami, étouffant ses pleurs dans cette fourrure qui n’avait rien de la douceur des cheveux d’Ino. Il lui sembla que le temps avait enfin repris sa course, que la bulle dans laquelle il s’était trouvé prisonnier avait enfin éclaté. Et il se retrouvait là, prostré sur le sol, le visage baigné de larmes.

- Il n’a pas encore sauté.
- Shino…

Il s’essuya prestement les yeux pendant qu’Akamaru se relevait, lui donnant un coup de tête sous la mâchoire et allait s’asseoir à l’ombre de la bibliothèque. Il renifla et tourna le dos à ses coéquipiers, allant s’accouder à la balustrade de son balcon, regardant dehors le ballet ralenti de la ville accablée de chaleur.
Hinata alla poser des sacs à la cuisine et Shino vint s’appuyer à côté de lui, regardant au loin la falaise des Hokage.

- Tu as bien fait.
- Bizarre, j’ai plutôt l’impression d’avoir fait la plus grosse connerie de ma vie.
- Ça ne veut pas dire que tu as tord de la faire.

Il tourna le regard vers son meilleurs ami et cru apercevoir un sourir subtile sur son visage. Hinata venait de revenir sur le balcon et s’était assise par terre, les pieds battants dans le vide, la tête appuyée contre les barreaux qui couraient le long du balcon. Il soupira et fit de même, tirant avec lui Shino.

- J’ai déposé des réserves à la cuisine.
- Merci Hina.
- Et Shino reste avec toi ce soir, si tu le veux.
- C’est vrai ?
- Hun.

Le soleil brillait encore haut dans le ciel mais il semblait que des nuages s’accumulaient au loin, quelque chose d’électrique flottait dans l’air. Peut être que, ce soir, la lourdeur de cette journée se déchirerait enfin dans un orage apocalyptique. Un coup de vent, si subite qu’éphémère, balaya l’appartement et, de la fenêtre ouverte, il vit un papier un brin chiffonné s’envoler et virevolter dans les airs avant de disparaître à l’angle de la rue. Et il se dit que le monde tournait à nouveau.




Voilà. 10 ans de Kiba/Ino qui se termine pour moi.

Merci infiniment de m'avoir lue et n'hésitez pas à laisser un commentaire!

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