Il fout sa vie en l'air à un rythme effréné, comme s'il cherchait à accélérer chaque seconde qui le rapproche de sa fin. Il tutoie la mort, fume, se drogue, boit, baise, tout l'indiffère, le monde défile devant ses yeux qui semblent avoir tout vu. Elle est jeune et méfiante, farouche comme un animal blessé, elle se bat pour garder une place dans ce monde cruel et leurs deux regards se défient. C'est à celui des deux qui attirera l'autre dans sa lutte.
Sasori/Aiko (OC).
Akai-Tanuki (Féminin), le 22/12/2015 BOUM ! Nouveau chapitre !
J'ai été complètement bloquée depuis les dernières vacances, impossible d'écrire une ligne, rien de ce que je pondais ne me plaisait et je commençait à désespérer. EL est vraiment un projet qui me tient à cœur et j'ai envie de le mener à bien pour une fois ...
Je reviens donc en force avec mes petits personnages adorés, en espérant que ce chapitre vous plaise, à vos claviers ! ;)
Enjoy <3
Chapitre 6: Aiko
Quand j’émerge ce matin-là, la chambre est encore plongée dans l’obscurité la plus totale, et pas un mouvement n’émane de la petite colline formée par ma sœur sous sa couette. Je cherche mon portable à tâtons pour regarder l’heure : six heures deux. Autrement dit, très, très tôt. Trop tôt. J’étouffe un gémissement en enfouissant ma tête dans mon oreiller ; je suis parfaitement réveillée, impossible de replonger dans les bras de Morphée, maintenant. Je reste un petit moment ainsi, avant de me résigner à m’asseoir, frottant mes yeux embrumés d’un geste las. Je déteste me réveiller aux aurores, j’ai la sensation d’avoir raté ma nuit. Malgré tout, je glisse à bas de mon lit, enfonçant mes orteils dans le tapis. L’air est glacial sur mes jambes nues, j’attrape donc de grosses chaussettes, des leggings et un sweat moelleux avant de me glisser en dehors de la chambre.
En prenant soin de refermer la porte sans un bruit, j’aperçois du coin de l’œil une silhouette féminine aux longs cheveux bruns traverser le couloir, un tas de vêtements dans les bras. En y regardant de plus près, je reconnais Tenten, tout juste vêtue d’un sweat de mec, noir et trop grand pour elle, orné d’une main de Mickey faisant un geste obscène. Qu’est-ce qu’elle peut bien fabriquer dans le couloir à six heures du matin, habillée d’un vêtement masculin, et transportant une pile de fringues ?
Je n’ai pas le temps d’y réfléchir davantage, elle a déjà disparu dans sa chambre, et un grognement de mon estomac achève de détourner mon attention, c’est donc tout naturellement que je prends la direction du réfectoire. Les couloirs de l’hôtel sont déserts ; forcément, tous les gens avec un minimum d’intelligence dorment encore à cette heure-là. Je retiens un soupir de frustration à la pensée de ma grasse matinée foirée en descendant les escaliers.
Le réfectoire est également vide, si on fait abstraction de deux ou trois personnes qui déjeunent en silence. C’est bien l’un des seuls points positifs trouvables au fait de m’être levée si tôt, personne pour venir me déranger, au moins. Je traverse la file du self, attrapant au passage un plateau, des couverts et un verre, et m’arrête devant la serveuse. C’est une belle femme d’âge mur, aux traits remarquablement frais et délicats, blonde et mince, avec une énorme poitrine où est épinglé son nom « Tsunade », et sur laquelle il est impossible de ne pas loucher. Un peu impressionnée, par la taille de ses seins d’une part, et par la prestance qu’elle dégage d’autre part, je peine à la regarder dans les yeux, qu’elle a par ailleurs noisette. Elle me rassure bien vite d’un sourire jovial et me dit d’un ton maternel :
- Dis donc, c’est rare de voir des jeunes de ton âge debout à cette heure … Qu’est-ce qui te ferait plaisir, ma belle ?
- J’aimerais bien un croissant, s’il vous plait, je réponds doucement.
- C’est tout ? Tu n’es pourtant pas bien grosse, tu pourrais manger plus ! plaisante-t-elle en me tendant mon croissant sans se départir de son sourire, que je lui rends.
Je la remercie, me sers un verre de jus de pomme et une tasse de café au lait, et m’apprête à aller m’asseoir, mais ce que j’aperçois me stoppe : à une dizaine de mètres de moi sont attablés Hinata et Gaara, discutant paisiblement autour de leur petit déjeuner. Qu’est-ce qu’ils foutent là ?
Je danse d’un pied sur l’autre, les phalanges crispées sur les rebords de mon plateau. Je meurs d’envie d’être seule, déjeuner avec d’autres êtres humains à six heures du matin me paraît insurmontable ; et Hinata et Gaara sont bien les dernières personnes avec qui j’ai envie de passer du temps. Pas que j’aie quoi que ce soit contre eux, mais Gaara est super creepy, et la timidité d’Hinata me met mal à l’aise. J’ignore si j’ai le droit de prendre une autre table que celle qui nous est assignée, mais tant pis, personne ne me surveille de toute façon. Je m’installe donc à la table la plus proche de moi et m’apprête à mordre dans mon croissant, quand une voix suave à l’haleine chargée d’une vague odeur de cigarette se fait entendre à mon oreille :
- Alors, on ne mange pas avec ses petits camarades ?
Je retiens à grand peine l’envie de lancer ma tasse de café brûlant à la figure de Sasori, et déguste ma bouchée de croissant en prenant tout mon temps, avant de déglutir et de lâcher finalement :
- Non.
Je m’obstine à ne pas regarder dans sa direction, mais il tire la chaise à côté de moi et s’assoit, une main soutenant sa joue.
- Tu es censée t’asseoir à la table habituelle, tu sais, me fait-il remarquer d’un ton doucereux, en m’observant par-dessous ses cils.
- Le réfectoire est presque vide, dis-je simplement en m’efforçant de garder mon calme.
- Cela dit, je comprends que tu n’aies pas envie de t’approcher de M. Flippant, enchaîne-t-il avec un léger rire. La petite Hyûga ferait mieux d’être aussi prudente que toi, il pourrait bien lui arriver des bricoles si elle continue de traîner avec lui …
Cette perspective a l’air de l’amuser. Ce type me donne envie de gerber. Aucune considération pour les autres … Mais sa remarque pique ma curiosité malgré tout. J’adopte une attitude plus détendue et concède à le regarder dans les yeux, essayant de ne pas paraître trop agressive :
- Qu’est-ce que tu entends par là ?
- Oh rien, chantonne-t-il. Fais attention, c’est tout.
Putain. Qu’est-ce qu’il peut m’énerver ! Ça le tuerait de me dire ce qu’il sait ? Et quand bien même il ne pourrait pas, il n’aurait pas dû laisser entendre que Gaara était dangereux. On dirait que tout ce qu’il fait, tout ce qu’il dit est étudié pour me mettre les nerfs en pelote. C’est crispant.
- Et pourquoi est-ce que je t’écouterais ? je réplique, avec un sourire forcé.
Il hausse un sourcil.
- Parce que tu es intelligente, et que tu te doutes que je ne te dirais pas ce genre de choses sans raison.
- Et pourquoi pas ? dis-je, moqueuse. Peut-être que tu veux simplement me tenir éloignée de lui parce que tu as peur de la concurrence.
Il éclate d’un rire clair, et me répond sur le même ton :
- Et pourquoi est-ce que je devrais me sentir menacé ?
Je jette un coup d’œil à Gaara, et réplique en hésitant légèrement :
- Peut-être … Que je le trouve plus mignon que toi, ou quelque chose du genre.
À peine cette phrase a-t-elle franchi mes lèvres, que je m’aperçois que mon argument est stupide et puéril, digne d’une gamine pré-pubère. Je me sens rougir, honteuse, et un sourire à la fois ironique et amusé étire la commissure gauche de ses lèvres. Je ne peux m’empêcher de remarquer la fossette qui apparaît au creux de sa joue.
- T’en fais pas pour ça, princesse, je ne manque pas de confiance en moi à ce point-là.
Et, sur ces mots, il se lève sans me laisser le temps d’ajouter quoi que ce soit.
Je termine mon petit-déjeuner en silence, dans la lune. Le visage de Sasori flotte dans mes pensées comme un nuage de fumée. Les sentiments qu’il m’inspire me troublent, d’une façon très désagréable. La façon dont son regard me transperce me déstabilise, on dirait qu’il fouille mon esprit, et qu’il sait tout, qu’il a tout vu, tout entendu, tout vécu. Et du fond de mon cœur, je ne peux pas m’empêcher de le mépriser. Je déteste son attitude confiante, ses sourires en coin, ses haussements de sourcils ironiques, et ses intonations mielleuses et hypocrites. Mais d’un autre côté, j’ai envie de savoir ce qui se trame sous ces cheveux en bataille, de connaître son passé, son présent, et son futur. J’ai envie de le passer au crible comme il le fait avec moi, de cerner ses faiblesses, et le rendre vulnérable. J’ai envie d’effacer ce sourire dégoulinant d’autosatisfaction de son beau visage.
Le plus agaçant dans tout ça, est sûrement l’attirance que je ne peux malgré tout m’empêcher d’éprouver. Ma peau tressaille quand il m’effleure, j’ai la chair de poule, je me sens rougir et je perds mes moyens, et il y a comme une flamme qui s’allume au creux de mon ventre lorsqu’un filet de fumée franchit ses lèvres pleines, son regard d’or en fusion planté dans le mien. Pour ma défense, il faut dire que ce crétin est odieusement séduisant. Malgré tout, j’aimerais que mon corps suive mon esprit, et qu’il cesse de réagir de cette façon à son contact, parce que cela ne mènera nulle part.
Je suis tirée de mes pensées par Hinata et Gaara qui ont fini de déjeuner et qui débarrassent leur plateau, manifestement plongés dans une grande conversation –si tant est qu’on peut appeler ça une conversation, puisque c’est la belle brune qui en assure les trois quarts. Je les suis du regard tandis qu’ils quittent le réfectoire sans cesser de discuter. Gaara la fixe avec intensité, les pupilles dilatées de convoitise, dans un mélange de fascination et d’admiration presque religieuse. Elle n’a pas l’air de le remarquer, et parle avec animation tout en marchant, ses épais cheveux de jais tanguant dans son dos.
Je sais par Hanabi qu’Hinata est d’une nature timide presque maladive, alors je suis plutôt surprise de la voir bavarder avec une telle assurance. J’imagine que le mutisme de Gaara doit l’encourager, après tout, ne pas se faire interrompre chaque fois qu’on ouvre la bouche doit aider à s’exprimer … J’ai cru comprendre que leur liberté d’expression n’était pas vraiment une priorité pour leur père, et qu’Hinata était d’un tempérament trop doux pour s’affirmer comme sa petite sœur le fait. L’attention que Gaara lui porte doit sans doute lui faire du bien, la valoriser ; j’espère seulement que Sasori se trompe, et qu’il ne va rien lui arriver. Elle est ce genre de personne bien trop gentille à qui la vie ne fait jamais de cadeau.
Je m’extrais une bonne fois pour toutes de mes réflexions et débarrasse mon plateau à mon tour avant de rejoindre la salle commune, où j’ai l’agréable surprise de trouver Neji allongé de tout son long sur un canapé.
- Salut ! dis-je avec entrain en me frayant une place sur les trois centimètres carrés du canapé qu’il n’occupe pas.
- ‘Lut, marmonne-t-il en baillant, repliant ses longues jambes contre son torse tel un chat roulé en boule.
- Ben alors, le petit Neji n’a pas fait sa nuit ? je raille en m’installant plus confortablement maintenant qu’il m’a libéré un peu d’espace.
- Écoute je sais pas ce qui s’est passé mais il y avait un de ces boucans dans la chambre d’à côté, c’était horrible, ça m’a empêché de dormir la moitié de la nuit … grogne-t-il, se passant une main sur le visage.
- Quel genre de bruit ? je m’étonne. L’hôtel est plutôt silencieux d’habitude …
- Je sais pas trop, on aurait dit un lit qui grinçait, mais de manière répétée et …
Il s’interrompt soudainement, l’air mi-horrifié, mi-riant. Nos regards se croisent, et je comprends soudainement ce qu’il a en tête.
- Non, tu penses quand même pas ..., je commence, et je sens malgré moi un sourire se former sur mes lèvres.
- Si, je crois bien que c’était ça, dit-il en tentant de rester sérieux malgré le gloussement que je sens dans sa voix. Quelqu’un était en train de se faire une petite partie de jambes en l’air dans la chambre voisine, tranquille …
- Mais qui ça peut bien être ? je demande, hilare.
- Il va falloir que je mène mon enquête pour savoir qui occupe la chambre à côté de la mienne … Bien sûr ça n’a pas du tout dérangé Shikamaru, il dormait comme un bébé, lui … Je sais pas comment il faisait, parce qu’honnêtement ça avait l’air assez violent !
Et nous partons tous les deux dans un fou-rire incontrôlable en nous imaginant à voix haute les deux tourtereaux en train de s’envoyer joyeusement en l’air pendant que Shikamaru roupille paisiblement de l’autre côté du mur, le pouce dans la bouche. J’adore Neji. Il a beau être sérieux, il peut être tellement drôle quand il le veut !
Soudain, j’ai le souvenir de Tenten traversant le couloir ce matin qui me revient en mémoire. Elle ne portait qu’un sweat masculin et transportait une pile de vêtements … Je m’apprête à faire partager ma découverte à Neji, mais je me ravise. Je sais que Tenten lui plaît, même s’il ne dit rien à ce sujet, c’est assez évident. La manière dont il se comporte avec elle ne ment pas … Je pensais pourtant que c’était réciproque, elle avait l’air de bien l’aimer d’après ce que j’avais pu voir. Mais tout cela n’est qu’hypothèses, et j’ai mieux à penser.
La matinée ainsi que tout le reste de la journée se déroule sans accroc ; c’en est presque monotone. À vrai dire, nous passons tout notre temps dans la salle commune, pour la plupart roulés en boule sur les canapés. Certains, comme Shikamaru, ont préféré se retrancher dans un bouquin sans doute pour fuir les conversations ; d’autres s’affrontent à des jeux de société où à la console. Quant à moi, je somnole à demi, un écouteur dans l’oreille, l’autre suivant de manière distraite Hanabi qui me parle du dernier film qu’elle a vu.
C’est après le repas, vers vingt heure trente, que Pain vient troubler notre tranquillité en faisant irruption dans la salle commune. Son intervention est si inattendue que toutes les discussions s’interrompent, et tous les regards se tournent d’un même ensemble vers lui.
- Bonsoir, toussote-t-il, visiblement surpris par le silence de plomb qui s’est abattu sur la salle.
- Bonsoir, murmurent les quelques rares qui ne sont pas complètement apathiques.
- Oui, bon, alors, j’ai quelque chose à vous proposer, reprend Pain. Ça va probablement vous surprendre, mais je pense que ça va vous plaire …
- Bon, c’est quoi ? râle Kiba, impatient.
- Eh bien, nous avons eu l’idée de vous emmener … En boîte de nuit, lâche-t-il finalement.
L’annonce du rouquin réveille tout le monde. Quelques exclamations surexcitées fusent, tandis que certains semblent se renfoncer dans leurs sièges comme pour y disparaître. Constatant nos réactions, Pain complète :
- Bien sûr, c’est une proposition parfaitement ouverte. Ceux qui ne désirent pas venir ne sont absolument pas obligés. Pour ceux qui voudront, ce sera par contre encadré, vous ne serez pas livrés à vous-même ; nous sommes responsables de vous, quand même. Alors, qui est partant ?
Hanabi sautille sur le canapé en tendant son bras si haut qu’il me semble qu’elle va se déboîter l’épaule. Kiba lève également la main, une expression satisfaite sur le visage, et Tenten l’imite, une étrange lueur dans les yeux. Je remarque du coin de l’œil que Neji l’a suivie. Voyant que mes amis y vont tous, je me décide à lever la main à mon tour.
- Tu y vas, toi ? fait la voix de Konan.
Je tourne les yeux vers elle. Son regard caramel est braqué sur Pain, et elle a un demi-sourire sur les lèvres. Il reste parfaitement froid et stoïque lorsqu’il répond :
- Oui, j’en serai.
- Alors, je viens aussi, dit-elle en lui décochant un sourire qui dévoile sa dentition parfaite.
Il esquisse à peine un rictus, mais elle a l’air satisfaite.
- Bien, c’est tout ? Les autres, vous restez ici ?
Ceux qui n’ont pas levé la main hochent la tête.
- O.K., fait Pain. Bon, ceux qui viennent, vous avez jusqu’à vingt-deux heures pour vous préparer. Je sais que ça fait court pour certains mais il va falloir vous débrouiller, sinon on part sans vous. Kisame, Deidara, Hidan, Sasori et moi-même serons de la partie. À toute à l’heure.
Il quitte la pièce, et ceux qui partent ce soir se lèvent d’un bond. Konan et moi filons vers notre chambre sans attendre les autres ; si nous voulons être prêtes à temps, nous n’avons pas le choix.
Je profite du fait que ma sœur prend sa douche pour choisir mes affaires. Une robe patineuse noire avec de grosses bretelles et un décolleté en forme de cœur me semble parfaite pour l’occasion. Je l’assortis avec des bottines en cuir à talons épais, au style très rock, des collants semi-opaques, un perfecto sur le dos et un choker autour du cou. Mes cheveux et le rouge à lèvres bordeaux que je compte porter amèneront suffisamment de couleur comme ça.
Une fois Konan sortie de la salle de bain, je saute dans la douche et la prends en un quart d’heure chrono. Cheveux ondulés, maquillage appliqué et tenue enfilée, je suis prête. Konan m’attend, assise sur le lit. Elle porte une robe moulante d’un rouge foncé, des escarpins noirs et un long manteau de la même couleur. Elle a bouclé ses cheveux et son maquillage doré fait ressortir la couleur de ses yeux ; bien évidemment, elle est magnifique. Nous descendons précautionneusement, attentives à ne pas nous tordre une cheville dans l’escalier.
Les autres nous attendent dans le hall. Les garçons sont presque tous en noir et blanc, certains portent une chemise, mais la plupart ont l’air d’avoir simplement enfilé le premier t-shirt qui leur est passé sous la main. Les filles en revanche, ont fait comme nous. Les fines lèvres d’Hanabi sont peintes en rouge vif, ce qui contraste avec sa robe lolita, noire et lacée sur le devant. Tenten a préféré une robe blanche, très simple, qui fait ressortir son teint mat. Ses longs cheveux parfaitement lisses cascadent jusqu’à ses hanches.
- Tout le monde est là, on peut y aller ? demande Pain d’une voix un peu lasse, plutôt élégant dans sa chemise à carreaux rouges.
Nous acquiesçons, et le groupe se met en route en direction de la discothèque.
L’ambiance est lourde à l’intérieur. La musique pulse à mes oreilles en un rythme saccadé et familier, si fort que le son résonne jusque dans ma boîte crânienne. Nous sommes onze en tout, six adolescents et cinq adultes, et les consignes sont strictes. Ne pas boire d’alcool à moins d’être majeur, rester au minimum à deux et ne pas trop s’éloigner de l’animateur chargé de notre surveillance. Konan s’est bien sûr fait une joie de se précipiter sur la piste de danse, Deidara sur les talons. Kiba est parti en chasse, et profite de la promiscuité pour se coller contre la jeune fille avec qui il discute, et à qui ça n’a pas l’air de déplaire. Hanabi, assise à côté de moi sur un canapé, l’observe les traits crispés, les poings serrés sur sa jupe. Tenten, plus pétillante que jamais, vient de traîner sur la piste de danse un Neji déboussolé par les sourires sponsorisés Colgate qu’elle lui décoche. Je m’amuse à le regarder quelques instants, persuadée qu’il va être aussi maladroit que Bambi marchant sur la glace pour la première fois, mais je suis surprise : les premiers instants passés, il reprend ses esprits et se révèle très bon danseur. Tenten le fixe, le regard flamboyant, et je détourne les yeux.
Mon attention se porte sur le bar. Hidan et Kisame observent avec intérêt Pain qui ingurgite cul sec un mojito. Ils ont l’air d’avoir parié quelque chose, car ils semblent railler le rouquin qui, irrité, en commande un autre. Et dire qu’ils sont censés être les adultes responsables dans l’histoire … J’esquisse un mini-sourire à cette pensée.
Un garçon de dix-sept ou dix-huit ans vient se poster devant notre banquette. Il est plutôt mignon, a un sourire aux dents pointues, des cheveux lisses, mi-longs et décolorés, et d’étranges yeux d’un bleu sombre, tirant sur le violet ; un peu semblables aux miens. Il porte un jean délavé et un débardeur qui dévoile ses bras fins et musclés. De la sueur perle sur sa peau, mais il ne semble pas avoir bu –il sirote une brique de jus de raisin– et il n’a pas l’air méchant.
- Vous ne dansez pas ? demande-t-il en se passant une main dans les cheveux, son regard faisant des allers-retours entre moi et Hanabi.
Cette dernière lance un dernier regard rageur en direction de Kiba qui embrasse à présent à pleine bouche la fille avec qui il dansait. Hanabi serre les dents, les joues rouges, et je sais pertinemment que ce n’est pas la chaleur qui lui fait cet effet. Elle respire la jalousie à des kilomètres de distance.
- Si, moi je vais aller danser un peu, dit-elle en déplaçant son regard sur le garçon, qui lui offre sa main pour l’aider à se lever.
Elle la saisit et il la tire vers lui de manière à la remettre debout. Elle lui sourit à contrecœur. Elle a l’air d’avoir mordu dans un citron, mais le jeune homme ne semble pas s’en formaliser.
- Je m’appelle Suigetsu, se présente-il entre deux gorgées de jus de raisin, la main de la brunette toujours dans la sienne.
- Moi, c’est Hanabi, réplique mon amie avec un sourire plus sincère.
Et ils disparaissent tous deux dans la foule. Je soupire et reporte mon regard sur Kiba et sa conquête. Celle-ci a les cheveux teints en rouge, raides comme des barreaux de prison, qui lui tombent en bas des reins. Sa coupe de cheveux est assez atypique, elle a tout le côté droit dégradé et hérissé en pointes. Je ne distingue pas la couleur de ses yeux, mais elle a des lunettes. Elle porte une robe gris métallisé, moulante mais pas vulgaire, et des talons noirs. Au moins, elle n’a pas l’air d’une traînée ; Kiba ne s’est pas attaqué à la pire fille de la boîte.
Je ne reste pas seule très longtemps. Je sens un poids qui se laisse tomber à côté de moi sur le canapé, et je n’ai même pas besoin de tourner les yeux vers lui pour savoir de qui il s’agit. Je le fais pourtant, malgré moi.
Sasori est avachi à mes côtés, ses cheveux auburn complètement en bataille. Il n’a bien sûr fait aucun effort vestimentaire et porte ses éternelles rangers, un pantalon noir huilé agrémenté d’une chaîne, et un t-shirt noir arborant le logo de Nirvana. Il a des gants de motard aux mains, un sourire débile sur les lèvres, les joues rougies et l’air passablement éméché. Pour une fois, pas de cigarette visible entre ses doigts. Juste un verre dont la couleur et l’odeur me renseignent instantanément sur son contenu. De la vodka. Ben voyons.
- Tu t’amuses bien ? me demande-t-il d’une voix rauque et plutôt claire, ce qui est surprenant au vu de son état.
- Probablement pas de la même manière que toi, mais oui, je m’amuse, je fais sans le regarder.
- De quelle manière alors ?
Il est près, bien trop près de moi ; sa bouche est à quelques centimètres de mon oreille. Je sais que c’est la seule solution pour que je puisse entendre sa voix par-dessus la musique, mais c’est plus fort que moi, j’ai un mouvement de recul. Son haleine est chargée d’alcool et il ne semble pas vraiment attirant dans cet état.
- J’observe les gens, et ça me suffit, dis-je simplement en me décalant à l’autre bout de la banquette.
Contrairement à ce que je pensais, il ne tente pas de se rapprocher de moi. Il se contente de me scruter d’un regard intense, la tête légèrement penchée sur le côté, comme si je représentais une énigme qu’il ne parvenait pas à élucider. Son éternel sourire ironique flotte sur ses lèvres ; en y regardant de plus près, il n’a pas l’air si bourré que ça. Je suppose qu’il lui en faut bien plus pour être réellement saoul.
- Sasori, est-ce que tu te sens ivre ? je m’entends demander sans pouvoir réellement contrôler les mots qui franchissent mes lèvres.
Un léger rire secoue sa poitrine. Sa tête roule sur ses épaules et sa nuque émet un petit craquement. Il reste ainsi, les yeux clos durant quelques instants, avant qu’il ne pose de nouveau son regard sur moi :
- « Les drogues finissent par me faire autant d’effet qu’un déca’ », dit-il, un sourire en coin.
Je reconnais la citation. Elle vient d’une chanson de The Weeknd, « The Hills ». Chanson que j’apprécie beaucoup au demeurant. Je souris légèrement à mon tour tandis que mes yeux accrochent ceux de Sasori, et l’espace d’un instant, j’entrevois son calvaire entre ses cils si vertigineusement longs.
Il ne peut pas se saouler. Il ne peut pas réellement planer, ni se détendre lorsqu’il fume. Plus rien ne lui fait réellement d’effet, parce qu’il ne se sent pas suffisamment concerné par la vie pour apprécier le goût de ses dangers.
- Comme ça doit être frustrant d’être toi, Sasori, dis-je encore une fois sans pouvoir le contrôler.
- Tu serais tellement parfaite si tu la fermais un peu plus souvent, répond-il en buvant une gorgée de vodka.
Sa réplique me donne envie de rire. J’ai visé juste.
Voilà voilà, j'espère que ça vous a plu ! Pas grand chose à dire pour cette fois, j'attends juste vos retours ^-^
Je vous lèche affectueusement la joue <3
Myaki