Fiction: Everyone Leaves

Il fout sa vie en l'air à un rythme effréné, comme s'il cherchait à accélérer chaque seconde qui le rapproche de sa fin. Il tutoie la mort, fume, se drogue, boit, baise, tout l'indiffère, le monde défile devant ses yeux qui semblent avoir tout vu. Elle est jeune et méfiante, farouche comme un animal blessé, elle se bat pour garder une place dans ce monde cruel et leurs deux regards se défient. C'est à celui des deux qui attirera l'autre dans sa lutte. Sasori/Aiko (OC).
Classé: -12I | Général / Romance | Mots: 26627 | Comments: 11 | Favs: 9
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Akai-Tanuki (Féminin), le 15/08/2015
Chapitre 5 bouclé, en une journée en plus ! J'étais au taquet x)
Il est très long, sur Word il doit bien faire neuf pages écrites en police onze ... xD J'espère que ça ne dérangera pas la lecture, j'ai essayé de l'aérer un maximum pour que les blocs de texte ne soient pas trop lourds :')
Quand je commence à écrire du point de vue de Sasori, je ne peux plus m'arrêter !
Enfin bref, je vous laisse avec le chapitre ;)
Enjoy <3




Chapitre 5: Sasori



Cinq jours ont passé depuis l’arrivée des adolescents, et nous sommes à présent le samedi seize Décembre, dix-huit heures quarante, environ. Depuis le cinéma, nous avons eu à subir une visite du Louvres sur deux jours (le musée est tellement grand qu’il était impossible de tout faire découvrir aux gamins en une seule journée), et une virée au théâtre qui m’a semblé représenter les plus longues heures de toute ma vie. C’était atrocement ennuyeux, et le week-end est arrivé à point nommé tel un héros en pleine apocalypse – bon, d’accord, j’exagère un peu.

Les affinités sont à présent clairement définies au sein du séjour : Tenten et Kiba ne se lâchent pas, une sorte de lien fraternel s’est lié entre eux et ils sont toujours ensemble pour mettre le bordel, de temps en temps ralliés par Hanabi, qui entraîne avec elle Aiko et Neji. De son côté, Konan jongle entre notre groupe –celui des animateurs– et celui qu’elle forme avec Hinata, Temari et Shikamaru, soit les plus matures d’entre eux, d’après ce que j’ai pu observer. Gaara quant à lui, reste dans le sillage de sa sœur, sombre et silencieux, comme à son habitude. On peut le voir de temps à autre décrocher quelques mots lorsqu’Hinata lui adresse la parole de sa voix douce, mais c’est tout. Drôle de gosse, mais si j’en crois son dossier, il a de bonnes raisons de se taire ; j’ai aperçu quelques informations le concernant le jour de leur arrivée, et il y avait de quoi s’inquiéter.

La pensée des documents sagement rangés dans le bureau de Pain fait son chemin dans mon esprit. Pourquoi n’y ai-je pas pensé plus tôt ? Si je veux en savoir plus à propos d’Aiko, pourquoi ne pas simplement consulter son dossier ? Je me retiens de me frapper le front avec le plat de la main. Quel con je fais, parfois …
Je me lève donc et file en direction des bureaux. Arrivé devant celui du rouquin, j’hésite un bref instant à la pensée qu’il est peut-être occupé, puis hausse les épaules et toque. « Entrez », fait sa voix froide, et je m’exécute. Refermant la porte derrière moi, j’observe les lieux. Le bureau est étroit, tout en longueur, et le sol est recouvert de lino gris ; les murs sont blancs, et une fenêtre sur celui du fond donne sur un petit jardin. Je ris intérieurement à la pensée que Pain aurait peut-être préféré une vue sur le parking. Les seuls objets trouvables ici sont une grande plante en pot posée près de porte, et une corbeille à papier à côté du bureau. J’ai l’impression d’être en prison. Je déglutis en m’asseyant en face de Pain, qui me fixe de son regard métallique.

- Qu’y a-t-il, Sasori ? me demande-t-il finalement.

Je me balance un peu sur ma chaise.

- J’aurais aimé consulter les dossiers des gamins encore une fois, je marmonne, les yeux posés sur la surface gris béton du bureau.
- Et pourquoi donc ? Ce n’est pas toi qui assures les séances médicales, que je sache ? réplique-t-il d’une voix polie.
- Non, mais … Enfin, je veux dire … Ça me permettrait de mieux comprendre leurs réactions, et tout ça, je me justifie piteusement, les joues rosissant.

Voilà sans doute pourquoi je n’ai pas songé plus tôt à demander les dossiers à Pain. Lorsqu’il endosse son rôle de chef comme maintenant, il est l’une des rares personnes qui réussissent à m’impressionner. J’ai l’impression d’être un gosse pris sur le fait, et c’est assez désagréable, je dois dire.

- Par exemple, je reprends d’une voix plus forte en me redressant, le gamin Sabaku ; il ne parle à personne ou presque, reste dans son coin ou dans les pattes de sa sœur, renfermé sur lui-même … Et ce n’est pas là le but du programme Akatsuki, pas vrai ? Nous voulons au contraire que les adolescents s’ouvrent les uns aux autres, n’est-ce pas ?

Pain me fixe longuement, les doigts croisés sous son menton. Je le laisse réfléchir à ce que je viens de dire en me laissant aller contre le dossier de ma chaise, soutenant à moitié son regard.
Il attrape son trousseau de clefs et introduit la plus petite dans la serrure d’un des tiroirs de son bureau. Il en sort une liasse de documents, que je reconnais pour les avoir eus entre les mains une semaine plus tôt. Pain cherche celui de Gaara pendant quelques instants et le parcourt rapidement des yeux, avant de les relever vers moi.

- Gaara, dit-il lentement, est en effet un cas des plus … Particuliers. Et il serait sans doute sage que vous sachiez à quoi vous en tenir avec lui, j’en conviens. Mais je pense qu’il serait plus intelligent de faire partager cette information à tous les animateurs en même temps. Dis-le aux autres, réunion ce soir, vingt-trois heures trente à la salle commune, nous en profiterons pour faire le point sur cette semaine.

Je hoche la tête, espérant intérieurement qu’il ne nous communiquera pas seulement les informations concernant Gaara … Je comprends que notre entrevue est terminée en le voyant se replonger dans les papiers qu’il remplissait avant mon arrivée. Je me lève et quitte la pièce en faisant attention de refermer soigneusement la porte derrière moi. Non, Pain ne me fait pas peur … Il m’intimide légèrement par moments, c’est tout.
Au détour d’un couloir, j’entends quelques bribes d’une conversation, animée par deux voix que je reconnais très vite :

- … Du coup, je me demande vraiment ce qu’il a dans la tête, il est tellement mystérieux ! fait celle, pétillante et enjouée, de Konan.
- Oh tu sais, on se pose tous la question, personne ne sait jamais vraiment ce qu’il pense, rit la voix un peu nasillarde de Deidara.

J’hésite durant une poignée de secondes entre tourner les talons dans l’espoir qu’ils n’aient pas remarqué ma présence, et au contraire m’approcher pour en savoir plus, mais il est déjà trop tard et leurs regards se tournent vers moi.

- Tiens, Sasori ! Viens, on va pas te bouffer ! m’interpelle la jeune femme.

Je m’exécute docilement et, une fois devant elle, la regarde d’un air interrogateur.

- Tu viens du bureau de Pain, pas vrai ? me demande-t-elle d’un ton pressé.
- Euh … Oui, en effet, je confirme en haussant un sourcil.
- Tu le connais bien, non ?
- Pas vraiment mieux que Deidara ou les autres, dis-je en me tournant vers ce dernier, qui hausse les épaules et me déclare :
- Je ne sais pas, Sasori, on s’est dit qu’entre mecs froids et indifférents vous deviez vous comprendre, qu’il y avait un genre de connexion mystique entre vous, tu vois …

Je me retiens à grand peine de lever les yeux au ciel.

- N’importe quoi, je soupire. Enfin bref, pourquoi vous me parlez de Pain, tous les deux ?

La commissure droite des lèvres de Deidara se relève en un sourire malicieux, et il me semble que les joues de Konan sont un peu plus colorées qu’à l’ordinaire. Se pourrait-il qu’il se passe quelque chose entre la belle jeune femme et notre rouquin autoritaire ? Un léger pincement de jalousie se fait sentir dans ma poitrine à cette pensée. Il l’aurait conquise en une semaine alors qu’un froid polaire règne entre Aiko et moi malgré tous mes efforts pour me rapprocher d’elle ? Pain n’a jamais été un séducteur, pourtant, c’est mon rôle habituellement …
Deidara donne un petit coup de coude dans les côtes de Konan, qui lui lance un regard courroucé.

- Allez, tu peux lui dire, il se moquera pas de toi, glousse le blond.

La rougeur s’accentue sur le visage de Konan.

- Je …, commence-t-elle dans un murmure. Elle déglutit, avant de reprendre : Pain me plaît beaucoup … Et j’ai l’impression qu’il m’aime bien aussi, mais il est tellement imprévisible et lunatique, je ne sais vraiment pas à quoi m’en tenir avec lui. Du coup, je me disais que si tu étais particulièrement proche de lui, il t’aurait peut-être parlé un peu de moi …

Elle se tait précipitamment, le visage à présent écarlate, sous les gloussements de poulet de Deidara, qu’il tente de masquer par une toux exagérée. Je sens naître malgré moi un sourire amusé sur mes lèvres devant la gêne de Konan.

- Eh bien, dis-je sans me départir de mon sourire, il n’a rien dit –mais ne t’alarme pas, il ne dit jamais grand-chose–, mais le premier jour où tu nous as rejoints dans la salle commune, il te fixait avec une de ces insistances … Je me suis demandé comment tu faisais pour ne rien remarquer.
- Oh, je l’avais vu, dit-elle avec un petit air satisfait. Mais j’ai préféré faire comme si de rien n’était, réagir aurait été inutile.
- Et puis, peu de gens lui tiennent tête alors je crois que quand ça arrive, surtout venant d’une jolie fille, ça éveille son intérêt … j’ajoute, l’air de rien.

Elle me remercie d’un sourire à fossettes, ses joues ayant retrouvé leur couleur habituelle.

- Ah, ça tu peux le dire, renchérit Deidara en gloussant de plus belle. Personne ne s’oppose jamais à lui, surtout pas toi, Sasori … Il s’aplatit comme une crêpe dès que Pain montre le moindre signe d’autorité, indique-t-il à l’attention de Konan.

Cette fois, c’est à mon tour de rougir légèrement.

- Arrête de dire des conneries, je marmonne, sous le regard de ce crétin de blondinet, hilare.
- Mais c’est la vérité, il te fait complètement flipper, le rouquin, se marre-t-il.
- Pas du tout !

Konan observe nos chamailleries d’un air amusé. Bon sang, qu’est-ce que Deidara peut se montrer agaçant quand il veut !
Tous trois de retour à la salle commune, nous la trouvons étrangement silencieuse, et pour cause : Tenten est en pleine partie d’échecs avec Shikamaru, et tous les autres sont réunis en cercle autour d’eux, l’air absolument fasciné. Kisame se lève en nous apercevant :

- Ah, vous êtes là, je peux enfin prendre ma pause !

Il passe devant nous à la vitesse de l’éclair et nous adresse un petit signe de main avant de disparaître dans le hall. Deidara et Konan prennent place dans le cercle, quant à moi, je préfère rester debout, adossé au cadre de la porte.
Je ne connais strictement rien aux échecs, mais il n’est pas difficile de déterminer qui des deux est en tête. Tenten se mordille l’ongle du pouce, les traits crispés, le regard détaillant le plateau de jeu à la recherche d’une issue, sous le celui, parfaitement calme, de Shikamaru. Celui-ci a une jambe tendue au sol et une pliée, le coude négligemment posé sur son genou. Comme à son arrivée, il mâchouille distraitement une cigarette éteinte, les yeux mi-clos, l’air paisible. Son expression n’est pas triomphale, simplement assurée : il va gagner, et il le sait, voilà tout. Un regard attentif est posé sur lui, celui de Temari, assise en tailleurs à ses côtés, qui l’observe avec un mélange d’admiration et d’affection que je pourrais presque trouver touchant.

Tenten est bien moins calme : sa bouche se tord en une moue contrariée, ses fins sourcils bruns sont si froncés qu’ils forment un pli entre eux, et elle mordille sa lèvre inférieure, inlassablement. Ses doigts tapotent impatiemment la surface du plateau, avant de saisir un pion et de le déplacer d’un air résolu. Je devine qu’elle a joué ce coup en sachant pertinemment qu’elle va perdre ; mais au moins, elle perdra avec dignité.
Shikamaru bouge une pièce à son tour, juste avant de déclarer tranquillement :

- Échec et mat.
- Félicitations, dit-elle d’un ton fier.

Elle esquisse un sourire forcé, et le brun le lui renvoie, plus sincèrement cependant. Le petit attroupement ne tarde pas à se démanteler, et chacun reprend sa place dans son groupe d’amis. Aiko, Hanabi, Tenten et Neji sont installés à quelques mètres de moi, si bien que j’entends parfaitement leur conversation.

- J'suis dégoûtée, pleurniche Tenten. Il m’a complètement démontée ! Il carbure à quoi, ce type ? L’énergie nucléaire ?

Neji pose une main sur son épaule et lui adresse des paroles de réconfort, avec certes une légère raideur, mais son regard est sincère, et ses lèvres sourient quelque peu. Tenten lui renvoie un sourire reconnaissant, et l’embrasse sur la joue, ce qui fait apparaître deux tâches roses sur le visage habituellement très pâle du garçon.

- Tu sais que la phrase « Il m’a démontée » peut-être bizarrement interprétée si on ne connait pas le contexte ? fait remarquer Kiba en apparaissant brusquement dans leur dos.

La brune sursaute et lui assène un coup de poing dans le bras.

- Tu m’as fait peur, bouffon !
- Oh mon dieu, je souffre, vite à l’aide, une infirmière ! gémit Kiba en roulant comiquement sur le sol et en se tenant le bras avec exagération.
- Tout de suite, monsieur, minaude Hanabi.

Elle profite alors que le jeune homme soit à terre pour s’asseoir violemment à califourchon sur son ventre, manquant de lui faire cracher ses poumons.

- Argh, c’est encore pire comme ça ! J’exige une infirmière compétente ! hurle le brun, à l’agonie, sous les rires de ses amis.

Je ne peux m’empêcher moi-même d’avoir un sourire amusé. Au moins, ceux-là ne sont pas venus ici pour rien : ils ont réellement l’air de se sentir bien, et c’est précisément le but du programme Akatsuki.

Après le repas, chacun vaque à ses occupations jusqu’à l’heure du couvre-feu, où tous les adolescents remontent dans leur chambre. Je suis Tenten du regard tandis qu’elle monte les marches des escaliers quatre à quatre ; va-t-elle réellement dormir cette fois, ou sera-t-elle rattrapée par ses tendances insomniaques ? Plusieurs fois cette semaine, je l’ai croisée dans les couloirs après le couvre-feu, et ai discuté avec elle dans ma chambre parfois durant des heures. C’est une fille intéressante, très intelligente et pleine de vie, bien que cette image joyeuse se dissipe de temps à autres, laissant entrevoir une personnalité plus éteinte, et une souffrance interne qu’elle s’efforce d’enfouir. J’ignore ce qui l’a provoquée, et j’avoue que cela pique ma curiosité. D’autant que physiquement, elle exerce sur moi une attirance indéniable. Elle ne repousse jamais mes avances, se contente de me fixer avec une expression indéchiffrable ou de me filer entre les doigts comme de l’eau. Mais je sais qu’elle ne fuira pas éternellement. Là n’est pas son but.

Au complet dans la salle commune, notre petite bande attend Pain, pour la réunion qu’il a demandée. Il ne tarde pas à arriver, une pile de dossiers à la main.

- Salut, lance-t-il pour attirer l’attention de ceux qui regardaient ailleurs.

Tous les yeux se tournent automatiquement vers lui, et il se laisse tomber dans un fauteuil.

- Bon, soupire-t-il en jetant un vague coup d’œil à ses dossiers. Je vous ai réunis pour vous parler des enfants et des raisons pour lesquelles ils ont été envoyés ici. Je n’évoquerai pas chaque cas devant tout le monde car seuls ceux d’entre vous qui sont en charge des séances de thérapie ont besoin de connaître toutes les informations, et encore, seulement celles concernant les adolescents avec qui ils dialogueront. Secret professionnel, vous comprenez … Ils doivent pouvoir nous faire confiance, inutile de divulguer toute leur vie privée entre nous.

Devant nos mines un peu perdues, il éclaircit d’un ton impatient :

- Je veux dire par là que, par exemple, Itachi ne connaîtra que les informations concernant le ou les adolescents dont il assurera les séances. Cependant, il y a certains cas que j’estime devoir vous communiquer à tous, pour votre sécurité et la leur.
- Mais pourquoi est-ce qu’on ne peut pas tout savoir sur tout le monde ? râle Hidan. Ce serait plus simple, non ?
- Au contraire, Hidan, réplique Pain en dardant sur lui son regard gris métal. Si vous étiez au courant de tout, les informations se mélangeraient dans vos têtes, vous en oublieriez la moitié, et elles ne vous seraient pour la plupart d’aucune utilité. Il vaut mieux réduire au minimum syndical vos connaissances à ce sujet.

Hidan grogne, mais n’ajoute rien. Le silence revient, et Pain reprend :

- Bien. Les cas qu’il vous est impératif de connaître sont les suivants. Tout d’abord, Inuzuka Kiba : il est atteint de DAAH, autrement dit de Déficit de l’Attention Avec Hyperactivité. Il n’est pas dangereux, mais très impulsif et il est important de ne pas le lâcher des yeux lorsque vous êtes en sortie. Il pourrait se perdre ou avoir un accident en un clin d’œil. Pour sa sécurité, surveillez-le bien. Pour celle des autres aussi, car il est mentionné dans son dossier qu’il est un peu bagarreur sur les bords. Veillez à ce qu’il garde son calme autant que possible, dans toutes les circonstances où vous pourrez intervenir.

Nous acquiesçons tous les uns après les autres, ça nous semble clair et logique.

- Ensuite, poursuit Pain, vient le plus perturbé des cas que nous aurons à traiter ici. Pour être honnête, je suis légèrement inquiet au sujet de celui qui devra se charger de ses séances de thérapie, et lorsque son tour viendra, je m’entretiendrai auparavant avec celui qui s’en occupera pour être bien certain que la situation ne dérape pas.
- Viens en au fait, bougonne Hidan.
- J’y arrive, un peu de patience, soupire Pain. Il s’agit de Sabaku Gaara. Il souffre d’un trouble de la personnalité, appelé trouble borderline. Cette maladie cause une impulsivité accrue, des sautes d’humeur fréquentes, des changements radicaux de comportement et, dans son cas, des phases de violence excessives. Les borderline se laissent plus facilement et plus profondément atteindre par les émotions qu’une personne normale.

Je triture nerveusement mon briquet dans ma poche. Quand je disais qu’on animait une colonie de vacances pour freaks …

- Il a été expulsé de plusieurs établissements pour des altercations avec des élèves qui ont mal tourné, au point de ne plus être accepté nulle part et de suivre des cours par correspondance. Vous comprendrez donc aisément que sa sœur Temari l’ait accompagné ici. Son trouble n’est pas à prendre à la légère. Il peut sembler très calme comme ça, très effacé, au point qu’il se fait vite oublier, mais gardez bien cela en tête : Gaara est instable, il souffre d’une maladie sérieuse et peut être atteint de comportements violents. Il est dangereux, pour lui et pour les autres. Il prend des médicaments, et sa sœur veille sur lui, mais gardez-le tout de même à l’œil. On ne sait jamais.
- Et tu as attendu une semaine pour nous prévenir de ce léger détail ? s’offusque Itachi. T’es complètement irresponsable, ou quoi ?

Pain n’a pas souvent l’air gêné, mais en cet instant, c’est bien le cas. Il détourne les yeux, mal-à-l’aise, tel un gamin pris la main dans le sac.

- Je tenais à voir s’il se comporterait normalement avec les autres …
- … Ou s’il pèterait un plomb et en tuerait un ou deux ? ironise Itachi. C’est vrai que c’est intelligent, comme idée.
- C’est bon Ita, tout s’est bien passé, détend-toi, tente Deidara pour l’apaiser, mais cela ne semble avoir aucun effet sur Itachi, qui reste furieux et se renfonce dans son fauteuil, les bras croisés.
- Enfin, reprend finalement Pain après un petit silence, sachez simplement que Tenten Morino est en plein milieu d’une dépression et qu’elle a tenté de se suicider il y a un mois.

J’ouvre la bouche, puis la referme. Tenten, dépressive et suicidaire ? Je n’aurais jamais imaginé que son mal-être était profond à ce point. Cette révélation ne fait malheureusement que renforcer mes interrogations. Pourquoi va-t-elle si mal ? Je me doute que Pain n’ajoutera rien de plus au sujet de sa vie, et je recommence de plus belle à jouer avec mon briquet. Toujours pas d’information sur Aiko. Il faut croire que son cas n’est pas des plus notoires ; et j’en ressens une vague déception, comme si je m’étais attendu à un passé lourd et hanté.

Pendant que les autres font le point sur les sorties et les séances médicales écoulées depuis le début de la semaine (Konan, Temari, Hanabi et Shikamaru sont déjà passés à ce que j’aime appeler l’Interrogatoire), mes pensées divaguent. Comment agir avec Tenten à présent que je sais tout cela sur elle ? Est-ce que je dois aborder le sujet, ou au contraire, faire comme si de rien n’était ? Après de longues réflexions (interrompues un instant par Zetsu qui demande pourquoi personne n’est passé en thérapie ce soir, et Pain qui lui répond que le week-end, tout le monde a la paix), je finis par conclure que je dois agir comme avant et faire comme si je ne savais rien. Ainsi, j’en apprendrai plus sur elle, et ne prendrai pas le risque de la voix s’éloigner. Pas que je sois attaché à elle, ni qu’elle m’intéresse outre mesure, mais elle est distrayante et sa compagnie est agréable. Et puis, je n’abandonne toujours pas mon désir de la mettre dans mon lit …

Il est minuit passé lorsque je regagne ma chambre, et c’est presque sans surprise que j’y trouve Tenten, allongée sur mon lit, une clope allumée aux lèvres.

- Fais gaffe à pas l’avaler, je lui indique d’un air amusé en retirant mes chaussures, mes chaussettes et mon sweat.
- Tu t’inquiètes pour moi, monsieur le strip-teaseur ? réplique-t-elle d’un ton moqueur, en exhalant un nuage de fumée.
- Pas vraiment, dis-je. À vrai dire, je m’inquiète plutôt pour mes draps. Évite d’y foutre le feu …

Elle rit et je m’installe à ses côtés sur mon lit, torse nu. Son regard me détaille de haut en bas, je le sens qui s’attarde sur mes abdos avec une vague lueur de convoitise. Je retiens un sourire satisfait, et lui vole sa clope –ma clope, puisqu’elle provient de mon paquet– avant de la porter à mes lèvres et d’inspirer une bouffée de fumée, que je relâche avec un soupir de contentement, les yeux clos.

- Quand tu fumes, t’as l’air d’être le mec le plus heureux du monde, me fait-elle remarquer.

Je rouvre les yeux et les tourne vers elle.

- C’est parce que je sais que chaque cigarette augmente mes chances de chopper un cancer, dis-je avec le plus grand sérieux.

Elle me fixe de longs instants, l’expression indéchiffrable. Ses traits sont fermés, seuls ses yeux vivent encore, animés d’une lueur aussi vacillante et ardente que la flamme d’une bougie. Ses yeux glissent vers ma bouche, et elle saisit ma clope avant de l’écraser dans le cendrier posé sur ma table de nuit. Puis elle se tourne vers moi, et sans le moindre signe avant-coureur, elle m’embrasse.
Ses lèvres sont sucrées, un peu sèches, un peu gercées, et elle m’embrasse avec la fougue d’une lionne fondant sur une proie. Ça n’a rien de tendre, c’est violent et brûlant, sa façon d’embrasser est tout simplement bandante. Lorsqu’elle me relâche, nos regards se croisent, et je laisse tomber avec un petit sourire en coin :

- J’ai envie d’une douche bien chaude … Qui m’aime me suive.

Je me lève, et lorsque je prends la direction de la salle de bain, je constate au glissement de ses pieds sur le parquet qu’elle m’a emboîté le pas.

***

Je me réveille comme souvent avec la chaleur d’un corps nu pressé contre le mien. Le soleil matinal filtre à travers les stores et garde ma chambre plongée dans le noir, tout en me permettant de distinguer les principales formes de ce qui s’y trouve ; en l’occurrence, une fille. J’écarte légèrement la couette qui nous recouvre pour caresser ses courbes du regard. Elle se tient dos à moi, et une cascade de cheveux bruns et lisses est éparpillée sur l’oreiller. Elle a la peau veloutée, une odeur de pêche, la taille marquée, le ventre plat mais pas musclé, de petites jambes aux chevilles délicates, aux mollets galbés et aux cuisses potelées, comme une enfant. Ses formes sont discrètes, mais pas négligeables. Elle est jolie, d’une beauté candide et charmante. Je me redresse sur un coude et pose un doigt sur son épaule, le fait glisser avec langueur le long de son bras, puis de ses côtes, de son flanc, c’est d’ailleurs ce qui la réveille –elle est chatouilleuse–, de sa hanche pour finalement poser carrément la main sur ses fesses, un petit sourire au coin des lèvres.

- Salut, je lui souffle à l’oreille.

Elle émerge lentement du sommeil, bâille discrètement, tourne un regard vitreux vers moi.

- Salut, me renvoie-t-elle d’une voix rauque, que je trouve séduisante.

Nos visages sont si proches que nous louchons presque l’un sur l’autre –très sexy. Nos nez se touchent. Je tourne la tête et l’embrasse dans le cou. Elle frémit, se redresse d’un coup, s’assoit au bord du lit, se penche pour ramasser son boxer noir et l’enfile. Tout aussi brusquement, elle se lève et se lance dans la quête périlleuse qu’est la recherche de son soutien-gorge. J’observe son petit manège en silence, allongé sur le côté, appuyé sur mon coude, avec la couette qui s’arrête juste en bas de mon torse. Elle s’agite, se cogne, jure entre ses dents, allume la lumière (ce qui me fait battre des cils un instant, ébloui), se baisse, se relève, furète, les sourcils froncés. Mille tourments défilent à la seconde dans ses grands yeux bruns. Elle respire la culpabilité à des kilomètres à la ronde.
Elle a enfin déniché son sous-vêtement –noir lui aussi. Elle va l’enfiler devant mon miroir en pied, me laissant tout le loisir de contempler à la fois sa chute de reins et sa poitrine ronde et ferme. Il n’y a pas à dire, Tenten est une belle prise ; elle n’est pas très grande, n’a pas un corps de mannequin mais ses rondeurs enfantines me plaisent bien, à moi.
Tandis qu’elle termine d’agrafer son soutien-gorge, elle lâche soudainement :

- J’ai un mec.

Ah.
Je hausse un sourcil, sans pour autant me départir de mon habituel sourire narquois.

- Et tu as couché avec moi, c’est ennuyeux, je concède d’une voix traînante.
- Il s’appelle Saï, continue-t-elle sans se soucier de savoir si je l’écoute ou non. On est dans le même lycée. Il parle peu, mais sourit beaucoup. En fait, il sourit tout le temps, mais jamais franchement. Il ne révèle jamais le fond de sa pensé, mais il est franc. Trop franc. À la fois hypocrite et sans aucun tact. C’est assez crispant, comme paradoxe. Mais sinon, il est gentil, hein. Enfin je crois. À vrai dire, je ne sais plus bien pourquoi je l’ai aimé –ni si c’est encore le cas, d’ailleurs. (Elle darde sur moi un regard intense. Là, c’est le moment où elle va m’annoncer que notre nuit torride l’a faite tomber éperdument amoureuse de moi.) Et puis j’ai rencontré Neji.

Raté. Ça en deviendrait presque intéressant.

- Neji est … Enfin, je ne vais pas m’étendre sur le sujet, parce que je me doute que tu t’en soucies à peu près autant que de moi (C’est bien, elle est intelligente. Je profite de son récit pour enfiler un caleçon), mais il est vraiment fascinant. Et c’est un garçon formidable. Et je crois que je serais au moins mille fois mieux avec lui qu’avec Saï.

Elle se laisse lourdement tomber sur le lit, et me regarde d’un air perdu.

- Qu’est-ce que je devrais faire, d’après toi ?

Je hausse les épaules.

- Plaque ton mec. Par SMS, même si c’est lâche –de toute façon, tu es trop loin pour le faire en face- ou au pire, appelle-le. Dis-lui que tu ne ressens plus la même chose qu’avant, enfin ce que tu veux. Annonce-le à Neji. Tape-le toi. Faites des gosses. Soyez heureux.

Elle lâche un petit rire.

- Je crois que tu as raison. Parfois, il vaut mieux aller droit au but …
- Mais, si Neji t’attire tant, pourquoi c’est dans mon lit que tu te trouves en ce moment ? je demande, perplexe.

Elle me regarde avec de grands yeux, l’air presque innocent.

- Tu étais là, sexy, accessible, tu me draguais, j’avais besoin de réconfort, je ne voulais pas précipiter les choses avec lui, et puis tu avais l’air d’être le genre de mec qui se tape une nouvelle fille tous les deux jours, alors je me suis dit « Pourquoi pas moi ? ».

Mon sourire en coin s’élargit, creusant une fossette dans ma joue gauche.

- Je vois. Tu sais quoi ? Je t’aime bien. En plus d’être un bon coup, t’es mignonne, marrante, et tu te prends pas la tête. Et ça, c’est cool.

Je suis rarement aussi sympa avec les filles, surtout celles avec qui je viens de coucher ; mais elle est d’un naturel rare et agréable, et c’est ce qu’elle a besoin d’entendre. Elle me décoche un grand sourire, qui révèle ses dents blanches et alignées, s’étire d’un bout à l’autre de son visage, plisse ses paupières et fait pétiller ses yeux. Elle est d’autant plus jolie ainsi, avec ses cheveux décoiffés par le sommeil et nos activités nocturnes, et vêtue en tout et pour tout de ses sous-vêtements noirs, basiques, pas particulièrement sexy, mais pas laids non plus, et qui la mettent parfaitement en valeur, elle et sa rafraichissante simplicité. Elle saute sur ses pieds.

- Ça te dérange si je t’emprunte un sweat ? me demande-t-elle en fouillant d’ores et déjà dans les tiroirs de ma commode.

Je lui fais signe que non et ajoute qu’il s’appelle « Reviens ». Elle en prend un noir (de toute façon, c’est à quelques exceptions près la seule couleur trouvable dans mes affaires) décoré d’un gant de Mickey faisant un doigt d’honneur.

- Il est rigolo, celui-là, dit-elle en souriant bêtement.

Elle l’enfile, sautille jusqu’à mon lit, ramasse ses habits éparpillés au sol, se redresse avec son tas de vêtements dans les bras et dépose un baiser sur ma joue. Elle prend ensuite la direction de la porte, qu’elle ouvre, et avant de s’engouffrer dans le couloir, elle me lance :

- Merci pour cette nuit, et … Pour tout. Si tu veux, on remettra ça …

Je lui adresse un clin d’œil, et elle rit avant de refermer la porte derrière elle.
« Difficile de croire que cette nana-là a tenté de se suicider un mois plus tôt », je songe en m’allongeant sur le dos, les bras croisés derrière la tête, le regard fixé sur le plafond.



Voilà voilà, j'attends vos avis, dites moi ce que vous en pensez et surtout, si vous relevez des incohérences, ou que vous ne comprenez pas quelque chose, n'hésitez pas à m'en faire part je réponds aux MP et aux commentaires ;)
Plein de bisous baveux <3
Myaki




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