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Fiction: Une nuit

J’espère qu'il vous plaira !
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cedro (Masculin), le 23/03/2015
Le soleil est déjà couché lorsque Katsuyu se réveille. Ses paupières s’ouvrent avec difficulté



Chapitre 1: Obscur



Elle ne va pas bien.

Sa peau la picote. Sa tête la lance. Ses yeux la grattent. Ses cheveux sont trempés de sueur. Elle s’assoit, lentement, comme si elle avait peur que son corps ne puisse supporter des gestes trop brusques. Elle lance un regard perdu autour d’elle.

Il ne fait pas assez clair.

Elle distingue le bout de son lit. Elle ne voit pas la porte, sur le mur qui lui fait face. Elle ne la regarde plus, de toute façon. Elle a arrêté il y a bien longtemps. Le jour ou elle a compris que les personnes qui passaient par là n’étaient pas des amis. Ni des sauveurs. Personne ne viendrait la sortir d’ici.

Elle déplie une jambe, s’approche du bord du matelas. Elle tend son pied jusqu’à sentir le sol glacé contre ses orteils, l’éloigne vivement. Puis le pose à plat. Frissonne, mais ne le retire pas. Elle descend son autre jambe, se retrouve debout, chancelante. Elle regarde un peu plus loin.

Il ne fait pas assez clair.

Les rares rayons de lune qui parviennent à se frayer un chemin à travers l’épaisse couche de crasse qui recouvre sa vitre éclairent à peine la pièce. Ils tombent sur la petite cage.

La petite cage sale. La petite cage vide. La petite cage morte.

Elle s’approche, ses pieds glissent sur la pierre poussiéreuse. Elle caresse un barreau du bout du doigt.
Petit oiseau lui manque. Petit oiseau est le seul dont elle se souvienne vraiment. Elle s’en souvient mieux que d’elle-même. Petit oiseau était son seul ami. Le seul qui ne l’ai jamais abandonné.

Une petite araignée se balade dans le fond de la petite cage. Elle tisse sa toile, grimpe dans le nid de Petit oiseau.

Prise d’un soudain regain d’énergie, elle fait un grand geste pour la chasser. Personne n’a le droit de prendre la place de Petit oiseau.

L’araignée tombe, s’enfuit sous une commode sculptée. Elle y jette un regard.

Il fait sombre.

Un miroir brisé repose sur le vieux bois. Des dizaines de flacons dont elle a sans doute connu un jour l’utilité sont alignés sur les bords. Une dernière tentative de ses parents pour la faire paraître normale.

Ses parents.

Elle fronce les sourcils. Pendant un moment, ces mots ont presque eu une signification. Deux visages sont apparus devant ses yeux. Un homme au visage sévère, une femme blonde. Elle cligne des yeux et ils ont disparus.

Elle tourne sur elle-même, son regard tombe sur la fenêtre. Un souvenir resurgit. Le soleil qui chauffe son visage, le vent qui agite ses cheveux, le bruit de jeux d’enfants. Elle cligne des yeux et la sensation a disparue.

Elle chancelle, ses pieds la portent jusqu’à l’ouverture. Elle tend la main, mais les barreaux bloquent le passage jusqu’à la vitre. Les mêmes barreaux que ceux de Petit oiseau. Elle est prisonnière, elle le sait. Comme Petit oiseau l’était. Et il est mort. Et elle va mourir aussi, elle le sait.

Elle se détourne de la fenêtre, chancelle à nouveau.

Elle a froid.

Autrefois sa chemise blanche recouvrait ses jambes nues, elle était tellement longue qu’elle traînait sur le sol. Autrefois il y a des années. Autrefois il y a plusieurs mois. Autrefois quelques jours auparavant, ou quelques minutes peut-être, elle ne sait plus. Autrefois, elle lui faisait comme une traîne de robe de mariée.

Mariée.

Un mot qui envahissait ses rêves de petite fille. Ses rêves d’autrefois, à l’époque ou sa chemise caressait la pierre à ses pieds.

Autrefois, comme l’époque où sa fenêtre était ouverte.
Autrefois, comme l’époque où Petit oiseau la réveillait en chantant le matin.
Autrefois, comme l’époque ou elle attendait impatiemment sa lettre de Konoha.

Elle fronce les sourcils. Elle a oublié ce que désigne ce nom, mais il est resté gravé dans sa mémoire.

Autrefois. Tout dans sa chambre est autrefois. Elle est autrefois. Plus rien ne subsiste, aujourd’hui, à part sa folie, sa maladie, son oubli. Sa solitude.

Elle a mal.

Sa peau brûle. Sa tête joue de la batterie. Ses yeux piquent.

Elle se rattrape à la table de nuit pour éviter de tomber sur le sol. Elle tremble. Elle parcourt la pièce des yeux.

Il fait noir.

La lune commence à s’effacer dans le ciel, les étoiles deviennent pales. Ce n’est pas le jour qui se lève. C’est seulement la lumière qui s’enfuit.

Elle distingue à peine les murs sales. Elle voit tout juste la chaise qui fait face au bureau. Forme informe au milieu de la pièce.

Elle plaque sa main contre la pierre, suit son trajet, butte contre quelque chose. Le mur du fond. Tout près de la porte.

Elle voit quelque chose. Elle touche.

Un lavabo. Un robinet froid, rouillé. Lentement, comme si elle prenait le temps de se souvenir des gestes à accomplir, elle tourne. Quelques gouttes d’eau stagnante s’écrasent sur le fond recouvert de toiles d’araignées. Un filet d’eau s’échappe. Elle met ses doigts dessous. C’est froid, humide. Elle ferme le robinet.

Elle reprend son chemin le long du mur. Sa maigre hanche le frôle.

Elle sent quelque chose, s’arrête. Une gravure. Elle hésite, repousse une épaisse couche de poussière, dérange des petites bêtes.

Des mots.

Des mots sont gravés dans la pierre.

Elle fronce les sourcils, fait un effort pour se souvenir.
D’un doigt, elle suit le tracé des lettres.

Katsuyu

Elle recule brusquement, comme si les mots l’avaient frappée, comme si elle s’était brûlée.

Katsuyu.

Des images, des sons et des couleurs oubliées resurgissent d’un coup.

Katsuyu.

Un mot qui rime avec Autrefois. Encore un.

Katsuyu.

Elle souffre.

Katsuyu.

Sa peau est en feu.

Katsuyu.

Sa tête explose.

Katsuyu.

Ses yeux pleurs.

Katsuyu.

C’est comme une voix qui l’appelle, un doux sifflement qui l’envoute.

Katsuyu.

Elle se souvient. Elle voit Gamabunta, Manda, Papa, Maman. Katsuyu.

Elle fait un pas en arrière. Trébuche. Tombe.

Elle ouvre doucement les yeux.

Il fait noir. Trop noir.

La lune a disparue. Les étoiles se sont effacées. La lumière est partie. Elle l’a abandonnée, à son tour.

Il fait noir.

Katsuyu n’a jamais aimé le noir.

Elle se traîne sur le sol glacé, s’accroche pour avancer, enfonce autant qu’elle le peut ses ongles dans la pierre. Elle rampe lamentablement jusqu’à son lit, s’accroche au pied en bois.

Elle pousse sur ses pieds nus, se hisse, s’agrippe au drap blanc, se laisse tomber sur le matelas.

Elle souffre.

Elle tremble.

Elle se replie sur elle-même, serre ses genoux secoués de soubresauts contre sa poitrine.

Elle se souvient. Un peu.

Quelques mots, quelques sons, quelques couleurs.
Quelques images.

Son père qui embrasse sa mère.

Sa mère penchée au dessus d’un chaudron.

Ses frères qui se chamaillent.

Gamabunta qui reçoit sa lettre.

Manda qui tire une grosse valise noire le long d’un quai.
Ils agitent la main. Montent dans une locomotive rouge. Disparaissent.

Elle veut aller avec eux. Mais elle ne peut pas. Elle est trop jeune.

Elle ira.

Plus tard.

L’aube se lève. Un soleil couleur sang qui monte dans le ciel, qui répand le liquide rouge tout autour de lui, tachant les cimes des arbres les plus hauts et noyant les oiseaux.

Katsuyu sent ses paupières lourdes se fermer.

Sa peau est douce.

Sa tête a cessé son tintamarre.

Ses yeux sont secs.

Elle tombe, tombe délicatement dans le sommeil.

Le soleil sera déjà couché lorsqu’elle se réveillera.



bisou!!!



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