Fiction: Hoshi

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Dans une grande chambre au troisième étage d'un grand immeuble de Tokyo, dans l'immense lit qui trône au centre de la pièce, une jeune femme se retourne en grognant légèrement pour tenter d'échapper au rayon de lumière qui s'est infiltré dans la pièce. Et qui lui tombe sur les yeux évidemment. Elle finit par ouvrir ces derniers, révélant des prunelles mauves. Elle étire ses bras au-dessus de sa tête, cognant ses doigts contre la tête de lit, "Comme tous les matins, soupire-t-elle", et tâte la place à côté d'elle. Une petite moue apparaît sur ses lèvres pulpeuses quand elle se rend compte qu'elle est froide, et sûrement depuis un moment. Elle rejette la couette bleue et s'assoit en faisant craquer son dos. Puis elle entreprend de se lever en déposant doucement ses pieds sur le parquet, qui craque légèrement quand elle se met debout. Elle tire sur le bas de la chemise qui lui sert de pyjama afin de couvrir ses fesses, uniquement couvertes d'un boxer. Puis elle se décide à sortir enfin. Elle traverse un long couloir clair dont l'un des murs est une grande baie vitrée.L'autre est blanc et ponctué de quelques tableaux colorés. Le couloir débouche sur une grande cuisine aux tons rouge et noir.

-Suishi ? Demande-t-elle doucement

Pas de réponse. Elle soupire de dépit et s'avance vers le frigo. Alors qu'elle s’apprête à l'ouvrir, ses yeux se pose sur un mémo scotché contre la surface en aluminium. Un sourire étend ses lèvre à sa lecture.

"Ma petite étoile,
J’espère que tu ne t'es pas levé trop tard aujourd'hui, ton patron voulait ton article pour 10h si je me souviens bien non ?
Tu étais tellement mignonne ce matin, plongée dans tes rêves, que je n'ai pas eu le courage de te réveiller.
Ne m'en veux pas.
Auquel cas je me ferais pardonner à midi. Je pensais d'ailleurs qu'on pourrait se retrouver au petit italien que tu apprécies beaucoup.
Mais on pourra toujours décider çà tout a l'heure.
Maintenant je dois y aller mon étoile
On se voit à midi.

Ton beau blond, Suishi

P.S : Je t'aime Hoshi"

La jeune Hoshi émet un petit rire en caressant le papier vert du bout des doigts. Puis, comme lui a fait remarquer Suishi, l'article n'attend pas ! L'horloge numérique la fait paniquer un peu. Il ne reste qu'une demi-heure pour le terminer. Elle va chercher l'ordinateur portable posé sur le bureau de la chambre et revient dans la cuisine pour petit-déjeuner en même temps qu'elle travaille. Elle se sert un café et se beurre des tartines pendant que l'appareil démarre. Son fond d'écran apparaît, la révélant avec Suishi, dans le parc où il l'avait demandé en mariage. L'homme est plutôt grand, et ses cheveux blond en bataille assez courts. Il fixe la demoiselle de ses yeux verts, lesquels expriment tout son amour pour elle. Une de ses mains joue avec les longs cheveux noirs de Hoshi, alors que l'autre est posée sur sa taille. Hoshi rêvasse un peu en repensant à cette fabuleuse journée. Qu'est-ce que son fiancé lui manque à cet instant même ! Elle a maintenant juste hâte d’être à midi.

Elle ouvre enfin le fichier de son article et commence une relecture rapide. "IMITER LES NINJAS, UN NOUVEAU SPORT EN VOGUE", un titre très évocateur pour la suite de son petit reportage sur la nouvelle tendance sportive du moment. Un soudain mal de tête la prend. Un de ces mal de tête à s'en cogner le front contre un mur. Elle grimace devant la douleur en posant ses doigt sur ses tempes. Elle n'était absolument pas du genre à être sujette de migraine. Des images très confuses se mélangent dans sa tête, mais une ressort particulièrement nettement. Un homme se tient en face d'elle. Les contour sont flous, mais Hoshi arrive à distinguer sa chevelure grise-blanche malgré qu'il semble être dans la trentaine. Un bandeau étrange lui couvre l’œil gauche, mais une douceur infinie se lit dans sa prunelle droite. Malgré le masque qui lui couvre la bouche et le nez, Hoshi sait qu'il lui parle, alors, intérieurement, elle tend l'oreille. "Sois prudente mon étoile. Je t'aime". Et il lui dépose un baiser sur le front, et ce contact l’électrise
Elle ouvre de grands yeux, et louche sur les touches du clavier contre lesquelles elle s'est évanouie. Car oui, Hoshi s'en rend compte maintenant, mais cette migraine l'a faite s'évanouir. Et cet homme... Elle ne le connaît absolument pas ! Pourtant, tout son corps lui crie le contraire. Elle relève la tête et observe sur son écran un longue série de caractères sortis d'on ne sais où, et qui n'ont aucun sens. Elle les efface et termine son article rapidement. Elle l'envoie ensuite à sa boite et se décide à prendre un long bain pour se remettre de ses émotions. Hoshi récupère dans son armoire un tee-shirt violet classique, un pantalon noir et des sous-vêtements de la même couleurs qu'elle va déposer dans la salle de bain. Elle fait couler l'eau dans la baignoire, et part débarrasser son petit-déjeuner en attendant qu'elle se remplisse. Une fois cela fait, Hoshi retourne dans la salle d'eau, se déshabille et se glisse dans l'eau brûlante avec un soupir d'aise. Dieu ce qu'elle aime les bains! Elle programme une alarme, histoire de ne pas être en retard pour son rendez-vous avec Suishi, puis elle ferme les yeux et se laisse bercer par la chaleur qui l'entoure.

-Ah non c'est pas vrai ! S'écrie-t-elle en pressant ses poings contre son front.

Cette fois-ci, la douleur lui arrache un gémissement, alors que l'image d'un homme entièrement vêtu de vert et gesticulant s'impose dans son esprit. A y regarder de plus près, il semble plutôt en plein entraînement, et donne des séries de coups dans le vide. Sa coupe au bol et ses énormes sourcils la font un peu grimacer de dégoût. Mais elle semble pourtant le connaître... Elle en a l'impression en tout cas. Lui aussi lui parle, et ses phrases sont ponctuées d'inspirations et d'expirations fortes : "Allons Hoshi... Tu connais mon bon vieux rival ! Mais ne t'inquiètes pas petite étoile, il t'aime. Tout comme moi". Et comme le gris avant lui, le brun lui pose doucement ses lèvres sur son front.

Hoshi étouffe, elle tente de respirer, mais l'eau envahit ses poumons. Elle se redresse dans sa baignoire en crachant ce liquide qui a faillit la tuer. Elle sort en hâte et s'enroule dans une serviette. Puis elle se laisse tomber au sol. Elle ne sait plus quoi faire, ni où elle en est. Qui sont ces hommes a la fin ?! Il semble y avoir un lien entre elle et eux, alors pourquoi ne s'en rappelle-t-elle pas ? Son téléphone sonne, la tirant de ses pensées. Son alarme ! Est-elle restée plus d'une heure la tête sous l'eau ? Cette perspective l'effraye. Elle se sèche et s'habille, puis entreprend de coiffer ses longs cheveux noirs qui lui arrivent à peine au-dessus des fesses. Elle se fait une longue natte qui lui servira à les boucler, elle n'a pas le cœur à faire quelque chose de sophistiqué. Elle se maquille légèrement et défait sa tresse. Ses cheveux forment maintenant des grosses boucles qui rebondissent dans son dos à chacun de ses mouvements.
Hoshi attrape son manteau et son sac dans l'entrée, enfile une paire de botte qui lui montent jusqu'au genoux et quitte son appartement pour rejoindre son fiancé. Elle arrive au restaurant trois rues plus loin et s’arrête devant la vitrine. La porte s'ouvre sur une famille qui sort, et l'odeur de la nourriture se dissipe dans la rue, faisant saliver la jeune femme. Hoshi jette un coup d’œil à sa montre et soupire, un peu inquiète. Il est presque midi trente et Suishi n'est toujours pas la... Pourtant il n'est jamais en retard ! Elle est soudain enlacée par derrière alors qu'à son oreille, un souffle murmure :

-Mon étoile !
-Suishi ! Tu m'as fais peur, idiot.

Il rit et l'embrasse amoureusement. Puis il l’entraîne dans le restaurant. Ils s'installent à une table sur la terrasse, Hoshi commande un risotto maison, celui qui la fait craquer, tandis que Suishi prend un classique tagliatelle au saumon. Le tout accompagné d'un petit vin français. Alors que les plats sont placés devant eux, la jeune femme change de sujet de conversation.

-Dis moi Suishi...
-Oui ma petite étoile ?
-A propos... D'il y a quatre ans...
-Écoute Hoshi... Tu sortais d'un accident terrible et tu as eu une vie à refaire.
-Mais justement Suishi ! Je ne sais même pas si j'avais une vie avant, je ne me souviens de rien. Juste de toi à mon réveil.
-Ça aurait pu être n'importe qui à l'époque, murmure-t-il en lui prenant la main. J'ai juste eu de la chance d'être assigné à ton chevet. J'étais un bénévole, et même sans te connaître, en m'occupant de toi presque tous les jours, je suis tombé sous ton charme. J'étais fou de joie le jour où tu as ouverts les yeux. Même si tu ne répondais, tu me laissais toujours venir te voir et te faire la conversation, le soir où tu m'as fait entendre ta voix pour la première fois, j'ai compris que j'étais amoureux. Je me suis promis de te rendre heureuse, peu importe comment.

Hoshi essuie une larme au coin de son œil, sourit à son compagnon en serrant ses doigt plus fort.

-Rassurée mon étoile ?
-Depuis ce matin j'ai.... Des espèces de migraines, et des souvenirs étranges...
-Des souvenirs ? Quels genres ?
-Je ne sais pas vraiment... Des hommes... Qui semblaient bien me connaître, et qui disaient m'aimer...

Suishi reste bouche bée à cette révélation. Après quatre ans, son étoile retrouvait la mémoire !

-C'est formidable Hoshi ! Je...
-Ne sais pas quoi ajouter, enchaîne Hoshi avec un sourire amusé. Ne t'inquiètes pas mon cœur, c'est toi que j'aime. Ces hommes m'attendaient peut-être, mais c'est avec toi que je reste.

Le blond se lève et la serre contre lui, sous les rires des autres clients. Avec un raclement de gorge gêné, ils se rassoient et terminent leurs plats. Ils sortent une heure plus tard, et se séparent encore une demi-heure après. Suishi prend la direction de son cabinet d'avocat, alors que Hoshi rentre à l'appartement préparer son prochain article. L’après-midi passe, et il est presque dix-huit heure lorsque Suishi rentre. Après une soirée de discussion et un repas silencieux, le couple décide d'aller se coucher. Dans le lit, Suishi se rapproche de sa fiancée, l'embrassant dans le cou et lui caressant la hanche.

-Non, souffle-t-elle en le repoussant doucement. J'ai encore l'image de ces deux hommes en tête alors... Pas ce soir.
-Je comprends petite étoile.

Il la serre contre lui et lui embrasse le front. Ils s'endorment après quelques minutes.

"Joyeux anniversaire !!"
Un gâteau trône sur la table. Le gris et le brun l'observe avec un immense sourire alors qu'elle souffle les vingt-cinq bougies. Le gris s'approche d'elle et lui tend une petite boite.
"-J'avais dis pas de cadeaux ! S'exclame Hoshi
-Ouvre avant de râler"
A l’intérieur de la boite, Hoshi découvre une clé. Elle fixe l'homme en face d'elle avec de grands yeux ronds.
"-C'est...?
-Je me disais que... Commence-t-il en se frottant la pommette du bout de l'index et en regardant le sol. Ça va faire plus d'un an et demi que l'on est ensemble, je me disais qu'on pouvait peut-être passer ce pas là...
-Oh Kakashi ! S'exclame-t-elle en lui sautant au cou."
Derrière la demoiselle, le brun effectue une sorte de danse de la victoire qui nargue le dénommé Kakashi en sous-entendant "Je te l'avais dis !". Hoshi se recule, baisse le masque de Kakashi, et embrasse doucement les lèvres qu'il découvre.

La scène laisse place à une autre, beaucoup plus austère.

"Je sais que ce n'est pas facile pour toi Hoshi...
-Je dois certainement dire adieu à deux hommes que j'aime plus que tout, bien sur que c'est dur ! Crie-t-elle"
L'homme contre lequel elle s'emporte est un vieillard au visage ridé et a la calvitie très visible. Sur le bureau, posé juste devant lui, se trouve un espèce de chapeau à la forme assez étrange. Comme une espèce de losange dont le centre serait surélever. L'un des coins est rouge, et le symbole du feu est inscrit dessus. L'homme tire une longue bouffée sur sa pipe et continue comme si la jeune femme ne l'avait jamais interrompue :
"... Cependant tu es la seule à avoir la capacité requise pour effectuer cette mission. Il est vrai, je dois l'admettre, qu'il y ai la possibilité que tu ne reviennes jamais-Mais tu es brillante, je sais que tu trouveras un moyen de le faire-, et cette chose qui est apparue pourrait être dangereuse pour le village. Si tu ne le fais pas pour lui, fais le pour eux Hoshi."
La demoiselle baisse les yeux sur ses sandales avant d’acquiescer. Elle quitte le bureau et fond en larmes dans le couloir. Au fond d'elle, elle sait qu'elle ne les reverra jamais.

Une caresse sur sa joue et un souffle à son oreille la ramène sur terre, même si elle commence par penser qu'il s'agit du vent. Des sanglots montent à ses oreilles, et elle se réveille complètement en réalisant qu'il s'agit des siens. Elle ouvre les yeux sur le visage inquiet de Suishi, qui lui essuie les tempes et la berce doucement.

-Ne crains rien mon étoile. Je veille sur toi.

Elle acquiesce doucement en tentant de se calmer.

-Encore un souvenir ?
-Oui...

La conversation s’arrête là. Suishi la berce jusqu'à ce qu'elle se rendorme, et veille sur elle encore un moment près.
Une brise légère caresse les jambes de Hoshi, qui fronce les sourcils dans son sommeil. Au bout de la troisième fois cependant, celle-ci ouvre les yeux, et observe longuement la tache de ciel qui s'étend au-dessus d'elle Elle .tourne la tête, et découvre la forêt autour d'elle.

-C'est une blague ? Questionne-t-elle dans le vide.

Elle tente de se lever, mais son corps est étrangement alourdi, et son esprit s'embrume. "Je ne vais quand même pas m'évanouir dans un endroit pareil ?"

Avant de sombrer dans l'inconscience, elle voit une ombre se pencher au-dessus d'elle, verte et gesticulante. Elle distingue la coupe au bol et les gros sourcils de l'homme, qui la prend dans ses bras en murmurant :

-Tu nous es enfin revenue petite étoile !
-Gaï, souffle Hoshi.

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