Fiction: La fille aux cheveux roses

Shikamaru, solitaire et paresseux, au comportement fuyant, ne profite pas de la vie. Encore une fois, il sait qu'aujourd'hui sera l'exacte réplique d'hier et du jour qui le précède, la prévisibilité envahit son quotidien, mais c'est sans compter la fille aux cheveux roses.
Classé: -16D | Drame / Romance / Suspens | Mots: 5023 | Comments: 2 | Favs: 2
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coockieta (Féminin), le 25/12/2014
Voici la suite, j'espère avoir des commentaires plus constructifs que ceux que j'ai reçus pour mes écrits jusqu'à présent sur ce site...



Chapitre 2: Nouveau visage



Avant,
SAKURA ou «Le remède à l'ennui, c'est la curiosité. La curiosité, elle, est sans remède. - Inconnu»

À l’extérieur, il faisait un temps de chien. Bien qu’étant toujours en été, la froideur de l’automne s’était déjà bien installée, ce qui provoquait le mécontentement d’un bon nombre d’adorateurs de la saison chaude. Des galons d’eau paraissaient tomber du haut du ciel, le bruit de leurs éclats était noyé par le grondement fugace du tonnerre. La mauvaise météo annoncée pour la journée rendait les gens particulièrement maussades, ce qui exaspérait grandement Shikamaru Nara, las d’entendre les gens autour de lui se plaindre pour quelque chose d’aussi futile.

Il n’écoutait que d’une oreille peu attentive les propos sans intérêt de son enseignant, qui ne daignait même pas de donner le cours prévu à l’horaire. Celui-ci ayant plutôt préféré s’éloigner du sujet de manière radicale avait entrepris, dès son entrée dans la classe, de parler des coupures de budget qu’avait une nouvelle fois subies l’établissement scolaire. Cela lui paraissait être un centre d’intérêt plus primordial que l’enseignement de la matière qui se retrouverait à l’examen dans un futur pas si lointain que ça. Le professeur portait une chemise dont les boutons retenaient de peine et de misère son ventre proéminent en place dans le morceau de vêtement et dont le crâne déjà bien dégarni brillait sous l’éclairage violent de la salle de classe. Malgré son âge plutôt avancé, il s’époumonait et s’excitait devant l’audience peu attentive, créant des auréoles de sueurs sous ses aisselles. Shikamaru se demandait bien pourquoi un personnage aussi grotesque que lui avait, dans le passé, souhaité devenir enseignant s’il n’était même pas capable de transmettre aux élèves les connaissances qu’il avait acquises en cours de route. D’ailleurs, les étudiants, ça ne les dérangeait pas plus que ça que le professeur ne donne pas la théorie du jour, car ça leur donnait l’occasion de discuter entre eux sans que le sexagénaire les ramène à l’ordre pour une fois, puisqu’il était bien trop occupé à radoter sans personne ne lui portant attention. Shikamaru non plus n’était pas incommodé en outres mesures du changement de programme au cours, car il n’avait aucune difficulté académique dans ce cours-ci, malgré son cruel manque de motivation. Puis cela lui laissait amplement le temps de terminer la nuit de sommeil réparatrice qu’il avait jugée bien trop courte lorsqu’il avait été tiré du sommeil par son réveille-matin trop bruyant, peu enthousiaste à l’idée d’aller à l’école.

Alors qu’il allait enfin fermer les paupières pour s’abandonner dans les bras de Morphée, il entendit un cognement à peine perceptible à la porte. Le professeur arbora un air franchement dérangé et marcha d’un pas lourd en direction de celui ou celle qui avait osé l’interrompre lors de son monologue. Le vieil homme prit une expression désagréable en ouvrant la porte et dès l’ouverture de cette dernière entreprit de sermonner l’inconnu. Shikamaru les entendit discuter à voix basse, mais ne put saisir leurs paroles. Lorsque l’enseignant s’effaça pour laisser pénétrer cette personne dans la salle de classe, les étudiants la dévorèrent des yeux dès qu’elle fut dans leur champ de vision. Déjà, des chuchotements emplis de curiosité et d’une soif de potins à raconter aux autres après le cours parcouraient la classe désireuse d’en apprendre davantage sur le motif expliquant le retard de cette personne.

Les yeux entrouverts, il vit une tâche rosée évoluer devant lui. Indifférent, Shikamaru ne porta pas plus attention que ça à la retardataire et referma ses paupières lourdes de fatigue. Il dormit tout le cours durant et se réveilla en sursaut lorsque la cloche signala la fin du cours, annonçant par le fait même le déjeuner. Les écoliers affamés se précipitèrent vers la sortie de la salle pour se précipiter à la cafétéria. Ce n’était qu’une question de temps avant qu’elle ne grouille d’étudiants turbulents. Pas encore totalement éveillé, ce ne fut que lorsque le professeur le pria de quitter la salle qu’il réalisa que tous les autres élèves étaient déjà sortis avant lui. Trainant les pieds, il se dirigea vers la salle de casiers et jeta son matériel scolaire dans son casier bien assez bordélique déjà. Il prit son manteau et se dirigea avec empressement vers la sortie, un paquet de cigarette en main, avide de calme et de silence.

Désireux d’obtenir la quiétude dont il n’avait pu bénéficier le matin même, il se posta sous un arbre, à l’abri de la pluie qui continuait de tomber, où il savait que nul n’irait l’importuner et alluma l’extrémité de la cigarette qu’il avait précédemment sortie de son paquet à l’aide de ses dents. Il en tira une brève bouffée pour enflammer le tabac et commença à en inhaler la fumée addictive, sentant ses muscles relâcher la quantité de stress qu’il avait accumulée cet avant-midi et se détendre. Il se sentait bien. Enfin. Les moments durant lesquels il fumait une cigarette étaient sans doute les meilleurs de son existence monotone. Et encore meilleurs étaient ceux lorsqu’il fumait du cannabis. Pourtant, sur le territoire de l’école, c’était trop périlleux et il ne pouvait risquer de se faire prendre sur le fait par un quelconque surveillant avide d’abuser de son autorité inexistante. Il ne désirait qu’une chose : rentrer chez lui afin de relaxer comme il se doit, confiné dans sa chambre, seul.

Mais encore là, il aurait à supporter les cris incessants de ses parents qui jamais n’arrêtaient de se disputer pour un rien. Ne réalisaient-ils donc pas à quel point leurs éternelles disputes étaient perturbantes pour lui? À quel point celles-ci le navraient? Sans doute pas, ils étaient totalement incapables de voir plus loin que le bout de leur nez et d’essayer de le comprendre. Shikamaru n’existait pas à leurs yeux; il n’était là qu’en tant que faire-valoir auprès de leurs amis lorsqu’il était temps de louer les bons résultats scolaires qu’il obtenait perpétuellement, sans effort. Hormis cela, ils n’étaient jamais là pour le soutenir comme le feraient de vrais parents; ils ne faisaient que lui manquer de respect et osaient même le lui exiger en retour; il ne pouvait jamais dire ce qu’il pensait réellement, car ils déformeraient ses paroles et n’entendraient que ce qu’ils désiraient; ils l’insultaient comme bon leur semblait. La plupart du temps, l’adolescent fuyait ses géniteurs et ne pipait mot en leur présence. Il ne répondait que par des monosyllabes aux questions qu’ils lui posaient et les ignorait.

Ils n’avaient guère songé à l’aviser de leur déménagement, pas même pour connaître son opinion à ce sujet. Ses parents avaient attendu à la dernière minute pour l’avertir de ce changement, car cela l’empêcherait d’essayer de les convaincre de changer d’avis, tout étant déjà planifié depuis très longtemps. Rien ne pouvant être annulé. Encore une fois, sa façon de penser ne leur importait pas le moins du monde, Shikamaru n’avait jamais son mot à dire à propos des décisions familiales, qu’elles l’affectent directement ou non. L’adolescent devait s’adapter aux choix de ses géniteurs qui dénotaient l’absence de réflexion et la sottise. Il ne devait tolérer leur manque de compréhension que quelques années encore, puis enfin, il serait libre.

En levant les yeux, il réalisa qu’on le regardait et fut troublé par l’apparence de son observatrice quand il la détailla. Son visage ne lui semblait pas inconnu, et il se souvint soudain que c’était elle qui était arrivée en retard lors de la matinée.

Il s’aperçu bien vite de la grande beauté dont l’inconnue jouissait; dégringolant le long de son dos sa longue chevelure rosée captait immédiatement l’attention des autres, sa peau d’allure porcelainée faisait ressortir ses grands yeux verts qui pétillaient d’un air malicieux. C’était l’une de ces filles que l’on remarquait forcément, et ce, à cause de son apparence.

Pendant quelques instants, leurs regards se croisèrent et un long frisson parcouru l’échine du brun tandis que les prunelles émeraude se posaient intensément sur lui. Il y avait quelque chose d’envoûtant dans ces deux billes verdâtres, et Shikamaru n’arrivait pas à mettre le doigt dessus. Cette vue sur les miroirs de l’âme de la nouvelle venue déconcerta Shikamaru, qui, perdu dans sa contemplation, n’avait même pas remarqué qu’elle s’était avancée vers lui et avait pris place à sa droite sur l’herbe mouillée. Sa cigarette encore fumante positionnée entre son majeur et son index, sa main détendue tournée vers le bas, il continua à fumer malgré l’importune à ses côtés. Il ne lui adressa pas la parole, se contentant de faire comme si elle n’était pas là quand il sentait son regard sur lui. Elle ne partait toujours pas et cela agaçait sérieusement le brun, qui ne souhaitait rien de plus que de profiter d’un moment dans la solitude avant de replonger dans la cacophonie qui caractérisait si bien son école. Sa cigarette terminée, Shikamaru écrasa le mégot sur le sol jusqu’à ce qu’il s’éteignit et le projeta quelques mètres plus loin.

«Que me veux-tu?»

Seul le silence sembla lui répondit, car la bouche de la jeune fille restait désespérément close. Elle ne le regardait même pas, même si c’était elle qui avait d’abord osé interrompre son unique moment de paix quotidien. Ses yeux semblaient vides, elle semblait totalement déconnectée de la réalité. Comme si son esprit était totalement ailleurs et que son enveloppe charnelle n’avait pas été en mesure de le suivre dans ce périple mental. Shikamaru agita sa main devant ses yeux afin d’obtenir son attention, ce qui fit en sorte qu’elle sortit de cette transe dans laquelle elle s’était plongée. Un sourire énigmatique étira ses lèvres rosées et elle lui souffla :

«Je souhaitais seulement t’inviter à une fête. Celle que j’organise ce soir en l’honneur de cette nouvelle année pleine de promesses qui ne fait que commencer.»

Devant son absence de réaction à l’entente de la nouvelle, elle poursuivit, loin d’être décontenancée par son mutisme :

«Je me disais que ça te permettrait de faire connaissance avec de nouvelles personnes et de sortir un peu de cette bulle dans laquelle tu sembles t’être cloîtré. Ça te ferait du bien, j’imagine.»

Elle sortit une feuille chiffonnée de sa poche et le lui tendit. Le brun le prit et le considéra un instant : une adresse était écrite sur celle-ci. La sienne sans aucun doute.

«C’est toi qui voit. C’est ton choix si tu veux rester seul indéfiniment.»

Et elle partit, sans un regard pour lui, laissant derrière elle une bouffée d’air parfumé en guise d’au revoir. Elle se hâta jusqu’à l’établissement scolaire, se couvrant la tête avec sa veste, voulant réduire autant que possible les dommages que lui ferait subir la pluie impitoyable ayant redoublé d’ardeur depuis le début de la conversation, si seulement on pouvait appeler ce dialogue à sens unique ainsi. Shikamaru, encore vaguement confus par cette approche singulière, fixait le bout de papier qu’elle lui avait donnée sans pourtant pouvoir détacher son regard de ce dernier. La jeune fille avait signé son nom au bas de la note, détail qu’il n’avait pas remarqué au premier coup d’œil. Sakura. Alors c’était donc son prénom. Il songea que la signification de celui-ci lui convenait étrangement bien étant donné la couleur inhabituelle qui teintait sa chevelure.

Cette fille aux cheveux roses allait définitivement le mener à sa perte. Mais rien de ce qu’il aurait pu faire n’aurait permis de l’éviter, ou du moins, il en pensait ainsi désormais.



Désolée de l'attente interminable. C'est que j'ai une vie et que j'écris d'autres textes en même temps. Pardonnez-moi de faire autre chose que de me consacrer à une banale fanfiction sur Internet...



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