Fiction: La disparition

Le capitaine Shikamaru est le policier le plus brillant de son service quoiqu'un brin arrogant. Pourtant, cette fois-ci le crime qu'il va découvrir risque bien d'attiser sa curiosité... Non seulement tous les corps ont disparu, mais également personne n'a rien vu, ni rien entendu. Shikamaru peut-il seulement imaginer l'horrible affaire qui se trame ?
Classé: -12D | Mystère / Suspens / Tragédie | Mots: 2746 | Comments: 0 | Favs: 4
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naruto_best (Masculin), le 02/09/2014
Me revoilà ! Après mon ancienne fanfiction qui se passait sur une île, on retrouve le capitaine Shikamaru (attention il ne s'agit pas du même personnage que dans "Un Paradis Ensanglanté", il s'agit simplement d'un petit clin d'oeil à mon ancienne fanfiction aujourd'hui terminée).

Donc cette fois-ci, je quitte un peu les sentiers du fantastiques pour entreprendre une enquête policière. Elle sera bien plus courte que mon ancienne (je ne prévois que six ou sept chapitres). Bon enquête !




Chapitre 1: Les murs ont des yeux



Il faisait froid en cette doucereuse matinée d’octobre. Le capitaine Shikamaru tirait avidement sur sa cigarette afin de combler l’ennui qui l’envahissait, on l’avait encore contacté pour un énième meurtre sordide. Pourtant, cette fois-ci, son supérieur lui avait promis que ce cas différait radicalement de tout ce qu’ils avaient pu connaître en dix ans de carrière. Le capitaine attendait depuis maintenant une bonne vingtaine de minutes devant une maison d’un quartier chic. Il tentait maintenant de se réchauffer en frottant ses avant-bras avec ses mains, mais l’air glacial commençait à lui mordre les joues et ses oreilles le brûlait aussi fort qu’un tison ardent. Pourtant, il savait pertinemment qu’en rentrant dans l’immeuble qui lui faisait face il parviendrait à apaiser le froid, mais il avait encore cinq minutes d’avance et le capitaine n’était pas le genre d’employés à offrir gracieusement de son temps au système, ça non ! Quitte à ce que ses semelles gèlent sur place. La cigarette qu’il fumait s’écrasa sur le sol et une bouffée de fumée à la fois chargée de tabac et d’humidité commença à s’élever avant de doucement tomber au sol. Bien que le nuage évanescent s’était lentement diffusé dans l’air, il l’avait nettement aperçu se déformer et s’aplatir mollement au sol, ce qui l’avait légèrement amusé. Enfin, les jambes raides, le regard fatigué, Shikamaru bougea lentement en se balançant, à le voir on aurait cru voir un navire chaviré. Soudain, une main amicale lui tapa dans le dos :

- Ne le faite pas bouger, c’est le naufrage ! Haha pas vrai Shikamaru ?

L’inspecteur Chôza était un petit homme rondouillard, au physique vilain et à l’intelligence plus que limitée. Chôza était le genre d’inspecteur à considérer sa chaise comme un objet divin. Le terrain ça n’était décidément pas sa tasse de café, aussi Shikamaru ne put s’empêcher de sourire lorsque son collègue lui cita le vers de Rimbaud, inconscient même de la portée des mots qu’il usitait. Ce qui l’amusait encore plus, c’était sa démarche maladroite et la manière dont il posait ses mains sur ses hanches, le tout donnant l’étrange sensation que ses jambes ne se pliaient point et étaient formées de rondins de bois rigides. Après de vulgaires salutations mutuelles les deux hommes rentrèrent dans l’immeuble.

C’était un édifice bâti sur au moins cinq étages dans un quartier où le capitaine savait pertinemment qu’il ne pourrait jamais détenir le moindre bien immobilier. Aussi, à la vue des marches de marbre luisant qui creusaient dans la bâtisse un véritablement serpent rocheux, le capitaine dû s’accrocher à la rambarde sculptée tant le vertige le pris. L’inspecteur Chôza fut aussitôt découragé sans même savoir à quel l’étage il devait se rendre et prétexta de garder l’entrée pour rester assis en bas, la sueur déjà perlant à son front. Shikamaru avait pour sa part observé les boîtes aux lettres pour savoir où monter. Sur une petite plaque dorée figurait l’inscription :

- Dr Yakushi et sa famille – Troisième étage.

Shikamaru arpenta donc les quelques marches qui le séparait de l’appartement avec fermeté et bien que le vertige disparut, il eut à plusieurs reprises le tournis si bien qu’il fut contraint de s’arrêter pour se calmer à chaque palier que contenait le monstrueux colimaçon. Il fut très étonné de se voir si mal à la simple ascension d’un immeuble, c’était quelque chose de curieux. Il envisagea de trouver une cause dans la géométrie hypnotique de l’escalier ou bien encore dans la dimension des marches. En effet, cela peut sembler anodin, mais en montant l’escalier Shikamaru constata qu’on ne savait jamais si un pas ou deux suffirait pour atteindre la marche suivante. Aussi, la cadence de ses pas était chaotique, parfois montant cinq marches avec la même jambe avant de brusquement changer de pied, le manquant de faire tomber une ou deux fois. Ce petit état de fait en aurait fait sourire plus d’un, pourtant : est heureux qui n’a jamais eu à monter un escalier mal conçu ! Pendant ses poses, Shikamaru en profitait pour observer son collègue qui vu d'en haut, ressemblait de plus en plus à une grosse boule noire. À en croire ses yeux, lorsque son collègue bougeait, car cela lui arrivait de temps en temps, il aurait juré le voir rouler sur lui-même. Ne sachant si son état maladif était la cause de cet illusion, il émit un léger rire qui mourut aussi vite qu’il naquit :

- Il y a décidément quelque chose qui ne tourne pas rond ici…

Il arriva enfin au troisième étage, où soufflant avec peine, il se cambra et fit craquer son dos douloureux. Au passage, il crut remarquer une vieille femme à l’étage supérieur qui le fixait, lorsqu’il tourna la tête pour croiser son regard, il ne vit rien, mais il lui sembla entendre le crochet d’une porte qu’on fermait précipitamment. L’appartement était entrouvert, mais sans un mince cordon de sécurité bariolé, tout laissait croire que quelqu’un avait simplement omis de fermer sa porte en sortant chercher son pain. Le capitaine entra en signalant sa présence et son chef vint se présenter à lui aussitôt :

- Vous êtes enfin là ? Croyez-en mon expérience cette fois-ci votre soif de mystère aura de quoi s’abreuver pour les quelques années qui viennent. Une enquête comme celle-là ça ne se croise qu’une fois dans sa carrière. Mais dites-moi, n’avez-vous pas croisé Chôza ?

- Si d’ailleurs…Il a décidé de garder l’entrée pour éviter que la presse ne vienne.

Je ne sais pas pourquoi, mais aussitôt l’image d’un bulldog couché sur une chaise longue lisant du Rimbaud le livre à l’envers me traversa l’esprit sans pour autant m’égayer.

- Très bien, bonne initiative ! S’il continue comme ça il pourra très certainement diriger le service dans peu d’années.

- Il est clair qu’il a tout d’un meneur d’hommes.

Je n’enlisais pas plus la discussion sachant pertinemment que j’avais déjà été passablement hypocrite pour remplir mes engagements sociaux envers mes congénères. Je regardais à nouveau la figure carré de mon chef et lui demandais de me dire tout ce qu’il avait pu apprendre sur cette affaire.

- Nous sommes dans l’appartement du Dr.Yakushi Kabuto. Il vit avec une dénommée Sakura Haruno, ce sont ses proches qui ont donné l’alerte craignant qu’il ne soit arrivé un fort grand malheur à cette dernière puisqu’elle ne les avait pas appelé comme à son habitude. Mme Haruno a eu deux enfants avec son mari, une fille de trois mois et un garçon de six ans. La police s’est rendu au domicile et à constater leur malheureuse…disparition.

- Pourquoi donc m’avoir appelé s’il ne s’agit que d’une vulgaire disparition ? Grommelais-je un brin déçu.

- Car il y a tout lieu de penser mon cher, que crime il y a eu. Prenez ne serait-ce que la peine d’entrée et vous comprendrez.

J’avançais donc en direction d’une pièce d’où semblait émerger l’ensemble des voix. L’appartement était grandiose et luxueux, comme le laissait présager l’immeuble qui l’hébergeait. Il était clair que le Docteur Yakushi gagnait bien sa vie et il était presque trivial de suspecter un mobile d’ordre pécunier. Dans le grand salon, je ne fus pas attirer par la grande baie vitrée avec sa vue imprenable sur la ville. Dans une vaste bibliothèque figurait de somptueux ouvrages des plus grands auteurs de tout temps. Disséminés de façon anarchique figurait de petits portraits de toute la famille. Au centre, un cadre simple mais brillant m'attira aussitôt. On y voyait le portrait d'une femme aux longs cheveux d'or qui virevoltaient dans un air ensoleillé par son sourire divin. Les yeux en amande effilée étaient sertis par les paillettes d'un somptueux phare à paupière prune qui cernait agréablement son regard pour le soutenir. Sa robe blanche d'un grand couturier laissait deviner les formes de sa poitrine généreuse et se terminait par deux jambes aussi lisses que la soie. Un instant mon cœur eut un soubresaut et je crus réellement devenir amoureux. Enfin, je reposai le cadre que j'avais pris sans m'en rendre compte dans les mains et quittai le salon en plongeant mon regard à travers la baie. Je passais brièvement devant deux chambres d’enfants qui aiguillèrent mon attention sans que j’en su l’origine. L’une d’elle, celle de l’aîné, n’avait rien de particulier, mais la couverture était relevée de telle sorte qu’elle indiquait qu’on avait pris l’enfant alors même qu’il dormait, l’enfant ne s’était pas levé de lui-même il avait glissé vers le haut, comme aspiré par une force inconnue. En continuant, la seconde chambre m’intrigua encore plus, la chambre du nouveau-né était incroyablement sombre, les rideaux étaient tirés et en ce matin d’octobre, aucun rayon de lumière n’y pénétrait. Il me fallut insérer ma tête dans cette pièce pour que mes yeux, s’habituant au noir, me dévoilent un décor aussi angoissant que chaleureux. Plusieurs poupées dans une étagère semblaient nous regarder avec insistance, non qu’elle ne fasse individuellement peur, car la peur est d’une violence tout autre, mais cette meute de chiffons bourrés de ouate avait tout de même le prodigieux pouvoir de mettre mal à l’aise et d’oppresser les sentiments les plus heureux qui submergent en de rares occasions un cœur. Le berceau était quant à lui bien simple, toutefois les barreaux me rappelèrent curieusement ceux d’une mince prison, où les mains d’un bébé pourraient si accrocher mais non s’y glisser. Au-dessus du landau, tournait un mobile aux formes aléatoires et la couleur bleue nocturne ne permettait pas clairement de l’identifier, toutefois le mouvement était quant à lui bien visible, mais il paraissait menaçant et procurait l'horrible sensation que le plafond était vivant et se mouvait. Je pris la liberté de poser mon doigt sur l’interrupteur et fit gicler la lumière dans cette pièce. Tout redevint normal et l’atmosphère me sembla même apaisante. J’éteignais la lumière et avançais à reculons, me dirigeant encore troublé vers la dernière pièce qui regorgeait en son sein un tableau d’horreur difficile à concevoir pour qui n’a pas vu l’enfer de Dante.

En passant le seuil, je compris aussitôt pourquoi il était maintenant certain qu’un crime avait été commis. La chambre était en bonne état et hormis le terrible liquide pourpre qui badigeonnait le mur et les draps, rien n’indiquait qu'une agression avait eu lieu. Le sang sur le lit formait une grosse flaque dont une partie avait traversé le matelas et coulait maintenant sur le plancher ébène, alors que l’autre partie était restée piéger dans les draps et avait maintenant coagulé pour ne former plus qu’un gros grumeau écœurant. Le mur lui aussi était couvert de sang, ce n’était pas de simples et classiques éclaboussures striées comme le fond les armes blanches par exemple, c’était grossier, large, une traînée épaisse qui avait maintenant un peu coulée. On aurait pu croire que la maison elle-même avait saigné…

Je me dirigeais vers la sortie quand j’entendus au loin :

- Madame vous ne pouvez pas entrer !

Une femme aussitôt cria en gémissant et poussant parfois quelques râles douloureux. J’allais à sa rencontre et lui demandait qui elle était.

- Je suis…Je suis la mère de Sakura. Elle est morte c’est ça ? Aaah…

Et fit sitôt un malaise. Je sortis de l’appartement, mais au lieu de descendre je montai d’un étage, certain que les cris allaient appâter la vieille dame. Je la vis comme à sa position antérieure, par chance elle ne m’avait pas vu venir ce qui me permis d’engager la discussion rapidement :

- Bonjour, lui dis-je.

Elle parut un brin décontenancée et regarda sa porte restée ouverte de crainte que j’y entre.

- Bonjour Monsieur, me dit-elle fébrilement au bout d’un court instant.

- Vous savez ce qu’il s’est passé, je me trompe ?

Elle baissa le regard et avala sa salive comme prête à prononcer un long discours.

- Pas vraiment, les rumeurs vont bon train...Madame Haruno est morte…

Nous n’avions pas retrouvé de corps, mais il était évident qu’au vue de la quantité de sang présent dans la chambre parentale, celui qui avait perdu ce sang était effectivement mort. Ce qui m’échappait pour l’instant c’était pourquoi tout le monde pensait que la victime était la femme et non le mari. Pour ma part, j’attendais les analyses de sang pour nous révéler l’identité de la victime.

- Avez-vous entendu quelque chose de particulier dans les jours qui précédaient ?

- Monsieur, je vais être d’une sincérité désobligeante… Je n’ai absolument rien entendu qui puisse présager une telle histoire.

- À la violence du meurtre, la victime a pourtant dû crier.

Elle eut un léger mouvement du corps à la fois mélange d’étonnement et de peur. Sa bouche desséchée s’ouvrit légèrement et émis un long sifflement semblable à celui d'un serpent :

- C'est que... Je ne quitte que rarement mon appartement, mais je n’ai plus l’oreille d’antan il est possible qu’un bruit suspect m’est échappé.

Bien décidé à connaître la famille, j'en profitais pour me renseigner à leur sujet :

- Oh et bien, Mr. Yakushi et sa famille ont emménagé il y a maintenant bien trois ans. Je le sais car je suis la plus vieille propriétaire de l’immeuble. Ayant en de rares occasions parlé avec lui, il m’apprit qu’il était fameux médecin, cardiologue je crois. Sa femme était un magnifique fruit tout juste cueilli, alors que ce vieux croûton n’était déjà plus mangeable…

À la vue de mon regard elle sentit que ses paroles étaient déplacées.

- Enfin ce que je veux dire c’est que leur couple faisait jaser…Ils avaient eu deux enfants certes, mais rarement on voyait Monsieur avec eux. Parfois le dimanche, il les emmenait au parc et semblait le plus heureux des hommes. Mais, le reste de la semaine, il se faisait très absent. Partant tôt et rentrant tard, il était commun de ne pas le voir le soir venu. Sa femme ne s’en attristait nullement, elle restait chez elle et s’occupait des enfants. Quand elle en avait le temps elle s’offrait quelques petits plaisirs qui ne passaient jamais inaperçus. Un jour que je lui parlais de l’absence de son compagnon, elle me confia comme on confit à sa grand-mère qu’elle ne blâmait pas son mari. Ce dernier était hypocondriaque, il avait constamment peur lorsque ses enfants tombaient brusquement malades et restait travailler tard dans la nuit. Il semblait que ce lieu aseptisé où flotte l’odeur de désinfectant le rassurait quelques peu. Vous entendez ça ? Il avait moins peur de tomber malade à son travail que chez lui !

En secret, je pensais que cet homme avait bien raison, mais ne voulant interrompre la vieille dame qui parlait maintenant à foison comme si son moteur était maintenant rodé, je me taisais.

- Je suis gêné d’avoir à dire ça…Mais un jour que je la quittais elle me dit d’un sourire sublime :

- De toute façon je comble mon ennui avec mes amants…

- Dans sa bouche, croyez-moi cela n’avait rien d’outrageant. D’ailleurs, je n’ai jamais su si elle l’avait dit sur un ton de plaisanterie…

Je ris et affirmai :

- Quand aurait-elle eu le temps de le tromper ?

- Mais tout le temps mon cher ! Outre son travail, son mari avait un loisir plutôt chronovore si vous me permettez ce terme. Il adorait naviguer et partait souvent à la mer avec son voilier La Blonde Muse.

- Pourquoi donc restait-elle avec lui si elle n'était pas heureuse ?

- Qui a dit qu'elle ne l'était point ? Elle devait faire parti de ses êtres qui convoitent avidement le luxe et qui ne peuvent plus se passer d'une parure de diamants une fois les petites perles entre leurs mains. Elle aimait l'argent ! Vous comprenez c'est un accord tacite dans notre société, les plus belles femmes ne se laissent pas posséder gratuitement, il faut les chérir, les payer. Le mariage fait figure de dot et lorsqu'elle devienne par chance veuves elles s'empressent de trouver un nouveau mari... Quelle malheur que ce désir de l'argent. Ceux qui dilapident l'argent sont également ceux qui trépassent le plus vite. À croire qu'un ineffable lien de cause à effet existe entre l'argent et la longévité...Si la vie est une chandelle, l'argent nous la brûle par les deux bouts.

Je saluais la vieille dame qui donnait l’impression d’avoir rendu un fier service à la patrie. Je descendais le chaotique escalier toujours sans savoir de quelle jambe prendre chaque marche et repartais en direction du bureau où nous devions interroger la mère évanouie et attendre les résultats du laboratoire.




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