Pour les lecteurs des "Lettres d'Itachi"...
Zéphyr, Perle et Takeshi… Les trois jeunes genins sont placés sous la direction de Maître Tenten et vont devoir faire équipe le temps d’une mission de routine. Mais attention, même une simple mission peut se révéler plus compliquée qu’il n’y paraît.
elane. (Masculin), le 23/11/2014 Dernier chapitre...
J'espère que cette petite histoire vous a plu.
Chapitre 9: Epilogue
Clan Hyuga
Une semaine plus tard
Takeshi pose une main sur la pierre grise et froide qui se dresse devant lui. A sa droite, Maître Neji et Aigle sur sa gauche attendent patiemment qu’il prenne la parole. Il leur avait demandé de venir avec un air si déterminé qu’ils n’avaient pu faire autrement que d’accepter. Aigle détaille le nom sur la pierre, ce nom qu’elle connaît déjà grâce aux récits grandioses de son Chef. Il y a une telle admiration dans le ton de Chance quand elle parle du grand Aki Hyuga qu’elle ne peut faire autrement que de se moquer gentiment quand elle se lance dans une de ses anecdotes farfelues…
D’un certain côté, l’admiration de Chance pour un Hyuga, qui plus est un Hyuga de la branche basse la rend fière d’appartenir à son Clan et de sa maîtrise du byakugan. Mais elle n’a jamais pu se détacher de la petite pointe de jalousie et de regret qu’elle ressent à chacun des récits des exploits que Chance raconte sur son ancien capitaine. Se mesurer à un souvenir est impossible. Et une fois, une seule fois, elle aurait aimé que son chef parle d’elle avec la même fierté qu’elle en a pour ce Aki Hyuga.
Elle voit son cousin aussi perplexe qu’elle attendre patiemment que Takeshi prenne la parole. Le jeune garçon s’incline respectueusement devant la tombe et se met enfin à parler :
- Mon père m’a toujours dit que son petit frère était le plus puissant, le plus fort et le plus noble des hommes du Clan.
Aigle remarque du coin de l’œil que son cousin avait dû lui aussi bénéficier des histoires de Chance car il n’est non seulement pas surpris mais elle distingue la même lueur aux ternes reflets dans ses grands yeux clairs que celle qui brille dans les siens.
- Mais il a tort.
Aussi bien Neji qu’Aigle, d’ordinaire imperturbables étouffent un sursaut de surprise.
- Pour ne pas succomber à la haine et à la colère de cette marque qu’on lui a imposée, il a fui.
Takeshi se tourne vers ses deux cousins en tournant son regard vers cette marque, dissimulée derrière leur bandeau frontal.
- Vous vous êtes montrés bien plus forts que lui. Vous avez su surmonter cette malédiction que le Clan vous a imposée et vous êtes capables de me regarder sans cette haine et cette colère que le frère de mon père a fuie. Je veux montrer le même courage que vous et…
Aigle et Neji échangent un regard. Cette haine, ils l’avaient cruellement ressentie. Et ils l’avaient surmonté, lentement, au prix fort. D’un geste lent, Takeshi lève une main vers le front d’Aigle qui se penche. Il hésite une seconde en effleurant du doigt l’acier froid mais Aigle ne le repousse pas. Doucement, d’une main tremblante, il détache le bandeau, refoulant difficilement ses larmes devant cette marque maudite qu’il trace du bout des doigts.
- … être capable de la regarder sans trembler. Non pour vous demander pardon, je ne suis pas sûr d’en avoir le droit. Mais pour vous dire qu’à partir d’aujourd’hui, je ne sais ni comment, ni si j’en serai capable mais je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que cette aberration disparaisse un jour.
Le père de Takeshi, observant la scène à bonne distance hoche la tête gravement. Son fils avait fait preuve de plus de courage qu’il n’en avait jamais montré lui-même. Il se tourne vers Yoshiko.
- J’appuierai votre demande auprès du Conseil, dit-il.
- Comme vous l’avez toujours fait, dit Chance, comme vous avez appuyé mon frère par le passé.
- Une aide bien inutile, j’en ai peur. Mais quand je regarde mon fils, je me dis qu’il pourrait bien réussir là où j’ai échoué.
Chance se dit de la même façon que Naruto pourrait bien réussir là où son frère avait échoué, ou elle avait échoué. Et pour la première fois depuis longtemps, elle se surprend à rêver.
Terrain d’entraînement numéro trois
Perle, épuisée, s’empresse d’enlever ces satanés bracelets qui meurtrissaient ses chevilles et se laisse choir lamentablement sur le sol. Se battre sur l’eau semble si simple quand elle regarde ses équipiers s’entraîner. Alors pourquoi a-t-elle l’impression que plus elle s’entraine, plus ses chevilles deviennent lourdes et ses pas maladroits. Ces bracelets qui ne semblent pas gêner le moins du monde ses équipiers entravent chacun de ses mouvements…
Comment ?
Elle se tourne vers ses équipiers qui ne prêtent guère attention à elle. Elle doit savoir…
- Comment ?
Yoshiaki se tourne de mauvaise grâce vers elle et lui retourne un « Comment quoi » agressif et Hayashi baisse la tête.
- Comment vous faîtes ? reprend calmement Perle. A chaque minute, les bracelets s’alourdissent, au bout d’une heure, je peux à peine penser à autre chose qu’à leur poids qui m’entraîne vers le bas. Alors que vous arrivez sans peine à les oublier !
- Si tu nous invites à manger, on te donne notre truc, dit Yoshiaki qui ignore superbement l’air outré de son équipier.
Perle fronce les sourcils… Après tout pourquoi pas.
- Ramen ?
Yoshiaki prend les devants sur son équipier qui s’apprêtait à riposter :
- Ichiraku ?
- Evidemment, rétorque immédiatement Perle en haussant les épaules devant l’évidence.
- Marché conclu !
Une fois attablés au comptoir devant trois bols fumant, les trois genins entament avec entrain leurs ramens. Perle est surprise de voir à quel point elle est affamée et partager ce repas, même s’il est à ses frais, avec son équipe n’est pas des plus désagréables. Elle connait bien l’Ichiraku, mais elle y va toujours avec son frère, son oncle Naru ou ses parents.
Relevant la tête de son plat, elle se dit qu’il serait peut-être temps d’en savoir plus :
- Alors, comment ?
Yoshiaki termine rapidement son bol, tout sourire et lui dit :
- On triche.
- Quoi !
- Les bracelets, ils s’adaptent à leurs porteurs. Ils t’aident si tu ne maîtrises pas complètement tes pas sur l’eau et se mettent à t’entraver dès que tu es à l’aise…
Les yeux de Perle s’agrandissent sous la révélation :
- Mais pourquoi ne pas me l’avoir dit plutôt ! C’est…
- Parce que le but de l’exercice ce n’était pas d’apprendre à se battre sur l’eau, dit Hayashi.
- Tu devais juste nous demander, termine Yoshiaki.
Le véritable but…
Les souvenirs qu’elle avait vu à travers les yeux de son frère lui reviennent en mémoire. Même elle c’était trouvée arrogante. Et si son frère c’était plus amusé qu’autre chose de sa réplique, elle avait dû apparaître particulièrement insupportable aux yeux de tous… Surtout de ses équipiers.
A cet instant, le patron dépose à nouveau trois bols plein devant les trois équipiers et Perle s’apprête à protester.
- C’est tout offert. Vous pourrez remercier votre Maitre plus tard.
Perle constate que ni Yoshiaki ni Hayashi ne sont surpris. Avec Maitre Neji, ils avaient tout prévus. Depuis le début.
Faire réellement partie d’une équipe.
Même si cela doit lui coûter plus cher que quelques bols de ramen… Oui, cela en vaut définitivement la peine. S’armant de tout son courage, elle s’apprête à prendre la parole sans trop savoir ce qu’elle s’apprête à dire :
- Je…
- Mange, dit Yoshiaki d’un ton sans réplique.
Perle obéit sans demander son reste, consciente qu’il a déjà accepté ses excuses tacites et n’en attend pas plus. Reconnaissante, elle engloutit son deuxième bol de ramen à toute vitesse et se relève lorsqu’elle entend fuser le rire de ses équipiers. Perplexe, elle les dévisage en haussant les sourcils.
- C’est la première fois que je vois une fille manger aussi vite, s’exclame Hayashi qui a à peine entamé son plat.
- Sûr, acquiesce Yoshiaki. Mais avec l’entraînement que t’as avec Naruto et ton frère, je suppose que c’est pas étonnant.
- Oh, croyez-moi, c’est pas eux qui mangent le plus vite, répond Perle.
- Je les ai déjà vu engloutir des ramens plus vite qu’il est humainement possible de l’imaginer, dit Yoshiaki, j’ai du mal à croire que quelqu’un puisse les concurrencer !
Perle observe ses équipiers avec un petit sourire en coin et leur demande de s’approcher.
- Vous avez déjà vu mon père manger…
Hayashi et Yoshiaki réfléchissent une seconde, perplexes. Cela avait bien dû leur arriver une fois ou deux…
- Et vous avez déjà vu son visage ?
Appartement d’Eclat
Les trois membres de l’équipe de Chance se penchent sur la table où Océan a étalé un parchemin empli de signes compliqués.
- C’est Ana qui m’a montré cette technique. Cela devrait nous permettre de tout entendre.
Eclat et Aigle s’échangent un regard amusé. La complicité entre Océan et la petite sœur de Celn devient chaque jour un peu plus évidente et si une de leur mission a de près ou de loin un lien avec Suna, Ana n’est jamais bien loin. Mais autant ils adorent se lancer des piques dès que l’occasion se présente ou tenter de prendre en défaut leur Maître, autant l’idée de se moquer d’Océan sur quelque sujet que ce soit leur apparaît des plus incongrues.
Les trois jeunes junins se concertent une seconde. Depuis plusieurs semaines, quelque chose leur échappe. Leur Maître est des plus distantes. Il y avait eu cette blessure inexpliquée. Sa nervosité et son départ précipité en plein milieu d’une mission. Elle réagissait à peine à chacune des réflexions moqueuses d’Aigle Et bien qu’ils n’en n’ont pas vraiment parlés, ils savent que chacun d’entre eux avaient déjà été poussé dans leurs retranchements par l’Hokage qui leur avait demandé à tour de rôle pour qu’ils assument la charge d’une équipe.
Et enfin cette convocation de l’Hokage.
Pour leur Maître et elle seule.
Les relations entre leur Maître et Tsunade ont toujours été chaotiques. Mais jamais encore, ils n’ont encore jamais vu Chance se rendre à une convocation ainsi. Ils n’auraient su dire si elle était soulagée, effrayée ou impatiente.
Soudain les inscriptions s’animent et Océan, concentré sur le jutsu que lui a enseigné Ana fait un signe et ils reconnaissent sans peine la voix de leur chef :
- Maître Hokage.
Les trois équipiers partagent un même sourire en devinant la petite pointe d’insolence sous-jacente.
- Nous avons intercepté l’homme qui a mené l’opération. Il n’y a plus aucun danger pour Perle et Zéphyr, ni pour Takeshi.
Les trois membres de l’équipe huit réagissent plus au soulagement évident qui transpercent les mots de leur chef que son bref rapport. Leur Chef n’avait jamais su faire autrement que bref. Quelqu’un s’en était pris aux enfants et au cousin d’Aigle. Le même mouvement de dégoût et de colère secoue les trois équipiers. Voilà qui explique bien des choses sur le comportement de Chance. Takeshi, le timide Hyuga et les jumeaux, si différents l’un de l’autre. Perle, d’ordinaire si calme mais capable de se passionner pour une de ses parties de shogi avec Aigle ou de s’énerver dans la seconde contre les idioties de son frère. Zéphyr quant à lui avait réussi quelques exploits dont le plus incroyable avait déclenché la seule et unique crise de fou rire irrépressible répertoriée de la jeune Hyuga. Même Aigle avait acquiescé sur ce point. Juste avant de leur ordonner de ne plus jamais reparler de cet incident. Jamais.
- Bien, répond Tsunade. Mais ce n’est pas uniquement pour ça que je t’ai convoqué. Le conseil se réunira demain avec les Hyuga.
- Une réunion inutile, vous le savez tout aussi bien que moi. Ils ne sont pas prêts à abandonner leurs traditions, aussi inhumaines soient-elles, si facilement.
Océan et Eclat se forcent à ne pas jeter un œil au bandeau frontal de leur équipière. Malgré les années, ils ne l’ont jamais vu de leurs yeux cette maudite marque. Mais l’amertume et la colère qui s’abritent dans les profondeurs de ses yeux clairs se sont estompées avec les années sans jamais disparaître complètement.
- Tu as déjà obtenu le soutien de deux des membres les plus influents du Clan, dit Tsunade. Cette fois-là sera peut-être différente.
- Peut-être, reprend Yoshiko sans y croire une seconde.
- Et peut-être devrais-tu considérer de nouveau mon offre ?
- Je vous ai déjà donné ma condition, dit Yoshiko d’une voix sans appel.
- Pourquoi êtes-vous si entêtés tous les deux ? Et ton équipe ne vaut pas mieux. Impossible de leur faire entendre raison et de leur faire prendre en charge leur propre équipe. Il serait dommage de te séparer de ton stratège mais Océan et Eclat ont l’étoffe de grands capitaines.
- Vous avez raison. J’ai parfois du mal à voir à quel point ils ont grandi.
La fierté qui se dégage de ces quelques mots fait baisser nerveusement la tête des membres de l’équipe huit qui sont plus habitués aux remarques faussement moqueuses de leur Chef qu’au moindre compliment.
- Je leur parlerai, reprend-elle. Mais ce choix leur appartient et je ne ferai rien pour l’influencer. Je n’ai pas besoin de vous rappeler notre accord.
Tsunade marmonne quelques paroles incompréhensibles et les trois équipiers se lancent un regard en coin. Ils ne savent pas quelle offre Tsunade a pu faire à leur Maître ni quelle était exactement ses conditions… Mais Chance n’a jamais eu de mal à obtenir ce qu’elle voulait. Et rien au monde ne pourrait les forcer à quitter l’équipe huit.
- Si les Hyuga acceptent, tu ne pourras plus refuser.
- Pourquoi vous obstiner à demander à Kakashi et à moi une chose que nous ne souhaitons pas alors qu’il y a quelqu’un qui attend avec impatience le jour où le conseil ouvrira les yeux !
- Si ça ne tenait qu’à moi, ce serait déjà fait depuis longtemps, dit Tsunade. Le Conseil n’est pas encore prêt. Ils le trouvent trop jeune et imprévisible.
- Trop jeune ! Mon frère était plus jeune encore. Et il n’est pas plus incontrôlable que ne l’était mon frère ou moi.
- Sur ce point, nous sommes d’accords, rétorque Tsunade d’un ton mordant.
- Je viendrais à la réunion et ferais tout pour qu’elle se déroule le mieux possible. Mais en échange, dites bien au conseil que s’il se décide enfin à devenir raisonnable, Kakashi et moi sommes prêts à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour l’aider au mieux dans sa tâche.
- Je n’en doute pas, dit Tsunade. Mais je ne peux pas contrer l’avis du conseil aussi facilement.
- Mon frère lui-même n’a jamais réussi à les faire plier, dit Chance avec amertume.
- Quoi qu’il en soit, que cette réunion aboutisse ou non, ton équipe devra être mise au courant.
Les trois équipiers de Chance tendent l’oreille. Quelle était donc cette proposition de Tsunade que leur chef tient tant à refuser ?
- Inutile, dit Yoshiko.
Frustrés au plus haut point par la sentence de leur chef, les trois junins tendent l’oreille espérant obtenir quelques précisions de la bouche même de Tsunade.
- J’ai plus de chance d’arriver à convaincre Kakashi d’arriver à l’heure à un rendez-vous que de forcer les Hyuga à accepter ma condition, continue Yoshiko. Ou d’empêcher mon équipe d’écouter aux portes…
Aigle, Océan et Eclat observent le dispositif d’Ana disparaître dans un sifflement discret et sursautent en entendant trois coups brefs contre la porte.
Océan se dit que le rare spectacle de ses deux équipiers acquiesçant sur quoi que ce soit a quelque chose de particulièrement effrayant. Eclat se lève en baissant la tête, comme un enfant pris en faute et ouvre la porte.
- Maître…
Yoshiko s’avance en dévisageant ses trois équipiers comme si elles les voyaient pour la première fois. Elle tire une chaise près de la table et prend place.
- Je crois qu’il faut qu’on parle.
Eclat s’approche prudemment, s’attendant à être sermonné durement d’un instant à l’autre.
- J’ai quitté précipitamment la mission parce qu’un nukenin de Kumo a pris pour cible Zéphyr, son équipier et Perle. Mais je pense que vous avez déjà entendu cette partie. Ils vont bien, rassurez-vous, et j’ai laissé l’homme responsable de toute cette opération aux bons soins de Gorgo.
Les trois équipiers de Yoshiko étouffent un mouvement de recul au même instant avant de se reprendre. Si quelqu’un mérite un tel traitement, c’est bien cet homme.
- Mais cela ne change rien au fait que ce qu’a dit Tsunade est vrai. Vous avez chacun prouvé votre valeur en tant que shinobi, vous avez atteint le même grade que moi et vous avez tous les droits de réclamer la direction d’une équipe.
Chance se tourne vers Eclat :
- Tu as depuis longtemps dépassé toutes mes espérances, tu possèdes une résistance presque aussi grande que celle de Vert et une loyauté envers tes équipiers digne des plus grands. Tu as amplement gagné le droit de martyriser à ton tour des Newbies un peu trop sûrs d’eux.
D’un geste, elle prend l’une des mains d’Eclat et y dépose délicatement un petit paquet qu’il observe incrédule. Encouragé d’un regard par son Maître, il l’ouvre et prend dans sa paume les deux clochettes d’argent que Yoshiko avait utilisé le jour de leur premier test en tant que genin.
Puis elle regarde Océan et lui tend à son tour un présent enveloppé dans un papier doré. Curieux, il l’ouvre et découvre un pendentif d’argent finement ciselé représentant le symbole de la pièce la plus importante du shogi, le roi :
- Océan, tu as toujours été le cœur de cette équipe. Tes capacités en genjutsu dépassent de loin les miennes et tu as toujours eu ce don en toi, celui de canaliser tes équipiers, de leur montrer une direction. Même lorsqu’il n’y en a pas. Toi seul sais apaiser d’un mot les querelles de tes équipiers. Crois-moi, tu peux prendre en charge n’importe quelle équipe, tu as fait tes preuves.
Et enfin, elle se tourne vers Aigle, cherchant ses mots devant les grands yeux clairs de la jeune Hyuga. Elle prend ses mains, y déposant son présent que la jeune Hyuga ouvre d’une main tremblante. Deux photos encadrées.
- Je ne t’ai appris qu’une chose, dit Chance, parce que tu avais déjà tout le reste en toi. Et je suis fière d’avoir su t’ouvrir les yeux.
La première lui arrache un sourire amusé. Son équipe pendant une mission au pays des Rivières. Leur première véritable mission hors de Konoha. Océan, au centre de l’image dégage cette aura sereine qui émane de lui en toute circonstance, Eclat, les yeux pétillant de malice fixe l’objectif tout en la forçant à apparaître sur la photo, la tirant par le bras. Et en arrière-plan, Chance garde un œil attentif et bienveillant sur ses jeunes genins.
Juste après leur premier examen chunin.
Une véritable équipe.
Curieuse, elle détaille la seconde photo sur lesquels ses deux équipiers se penchent avec empressement. Une équipe en tenue de junin. Pas n’importe laquelle.
Elle reconnait sans peine Vert et sa tenue extravagante qui tire par le bras, aidé par un junin aux cheveux d’or, un Neige récalcitrant. A leur côté, Chance, portant un masque lui dissimulant une grande partie du visage mais son regard clair et ses cheveux blonds ne trompent personne.
Et derrière eux, le regard vif, attentif et alerte, Le Doc veille. A son sourire en coin, Aigle devine sans peine que la situation l’amuse.
Son rôle.
- Quelles que soit ta décision, je l’approuverai, dit Chance avant de partir.
Avant de disparaître, Océan la retient :
- Maitre, quelle est cette offre dont parlait l’Hokage ?
- Rien qui ne vous concerne, dit Chance, rien qui n’arrivera jamais.
Il y avait autant d’amertume que de soulagement dans ces mots.
Océan et Eclat la regarde partir perplexes avant de se tourner vers Aigle qui semble avoir compris le sens caché derrière ces mots sibyllins. Elle avait compris ce qu’était sa condition et elle se souvenait mot pour mot de ce qu’elle lui avait confié sur son frère, le quatrième. Mettre bout à bout les éléments les uns derrière les autres n’était pas si difficile pour son esprit affuté.
- Notre Maître va peut-être gagner un nouveau surnom très bientôt, dit Aigle.
- Un nouveau surnom, répète Océan surpris.
- De quoi tu parles ? demande Eclat.
Aigle savoure un instant l’attention que lui accordent ses équipiers. C’est la chose qui allait lui manquer le plus lorsqu’ils seraient chacun en charge de leur propre équipe. Car, de la même façon que ses plans s’agençaient lentement dans sa tête, elle sait qu’Océan et Eclat se laisseront tenter par la proposition de Tsunade. De même qu’elle ne quitterait pas son Maître, où qu’elle aille.
- Sixième, murmure Aigle.
Océan et Eclat se rapprochent d’elle, comme s’ils ne pouvaient avoir réellement entendu ce mot dans la bouche de la jeune Hyuga. Puis le blond de l’équipe se met à rire :
- Tu n’es pas sérieuse ! Maître Yoshiko, Hokage ! Elle a déjà du mal à se faire obéir par sa propre équipe, alors par tout un Village ! D’un autre côté, je donnerai cher pour voir la tête des vieux schnoks du conseil si Maître Yoshiko devient Hokage !
Pris d’un fou rire incontrôlable, il repense à la première fois où ils avaient vu leur Maître. La façon dont elle les avait appelé Newbies et dont elle ne manquait pas une occasion de les tourner en dérision avec son petit sourire insolent, de ce mystère qui entourait son surnom, son passé et qu’ils avaient cherchés à démêler par eux-mêmes…
Il repense au jour où elle leur avait attribué leur surnoms et à cette fiche d’inscription qu’elle avait rempli pour leur premier examen chunin sous les noms d’Aigle, Océan et Eclat, au changement radical qu’elle avait provoqué chez leur stratège, la façon dont elle n’avait jamais hésité à mettre sa vie en jeu pour lui, pour eux, à cette sensation qu’il éprouvait à chaque mission avec son chef, son équipe.
De cette unique certitude à laquelle son cœur s’accrochait sans regret. Quelle que soit la mission, quelle que soit l’enjeu, il était heureux de l’affronter avec son équipe et son Chef.
Ensemble.
Lorsqu’il relève la tête, son fou-rire disparaît dans un souffle et en croisant le regard d’Océan, il sait qu’ils pensent exactement la même chose.
Ils ont la même envie, celle de devenir à leur tour ce Chef à qui on peut confier sa vie, ses doutes et ses rêves. Et ils savent que leur Maître ne serait peut-être pas le plus conventionnel des choix pour succéder à Tsunade. Mais un bon choix. Définitivement un bon choix.
- Elle a dit que cela n’arriverait pas. Pourquoi ? demande calmement Océan.
Aigle a depuis longtemps compris qu’elle était cette condition dont leur Maître avait parlée à Tsunade. Et elle sait que comme son frère avant elle, elle ne pourrait faire plier son clan devant son unique exigence.
Son visage se ferme.
- Je ne sais pas.
Ni Océan ni Eclat ne sont dupes une seconde. La seule chose qui puisse troubler ainsi la Hyuga ainsi concerne son Clan. Et elle leur parlera quand elle se sentirait prête.
Un jour peut-être.
Konoha, Terrain d’entraînement trois
Un mois plus tard
Aigle relève la tête une seconde, surprise par la précision du coup de la petite tête blonde qui l’entraîne dans un combat compliqué sur l’échiquier. Et encore une fois, la similitude de son style et de celui de sa mère lui saute aux yeux.
Un instant, la jeune Hyuga pense à Eclat tout sourire supervisant l’entrainement de ses trois genins. De même qu’Océan, ils avaient chacun pris la direction d’une équipe. Si ses anciens équipiers ont chacun leur manière bien à eux de diriger une équipe, ils partagent tous les deux la même prédilection pour le mot Newbie. Ils avaient même demandé l’aide de son Chef pour trouver des surnoms à leur équipe. Des surnoms élégants particulièrement bien choisis qu’Océan a depuis longtemps attribués à son équipe alors qu’Eclat savoure encore la sonorité du mot Newbie qui l’amuse au plus haut point. Elle doit bien admettre que la réaction des Newbies envers l’attitude un peu moqueuse d’Eclat est un spectacle dont elle ne se lasse pas. Tsunade les avaient bien choisi car ils ont du répondant à revendre ces trois gamins ! Par contre, les jeunes recrues d’Océan n’ont qu’admiration pour leur Maître. Il avait réussi à attirer son attention et gagner son respect alors qu’elle n’était qu’une petite idiote, aussi arrogante que solitaire. Elle n’a jamais eu aucun doute sur ses capacités à diriger qui que ce soit.
- ZEPHYR !
Perle, sagement assise face à Aigle, complètement absorbée par l’échiquier relève à peine les yeux en entendant le nom de son frère crié dans tout Konoha. Cependant, elle doit admettre qu’entendre Vert crier ainsi après son frère est étonnant.
Soudain elle voit débouler son frère suivi de son équipier ! Les yeux grands ouverts, elle se demande comment son frère a bien pu entraîner le paisible Takeshi dans ses idioties. Sans trop réfléchir à la raison de son geste, elle arrête la course du jeune Hyuga d’un regard et lui intime l’ordre tacite de se cacher et laisse son frère courir plus vite que le vent.
Se replongeant dans la partie, elle attend calmement le parrain de son frère qui ne devrait pas tarder. Perdue dans ses réflexions sur son prochain coup, elle voit Aigle relever la tête, se raidir, ses grands yeux écarquillés par la surprise, tremblant de tous ses membres… Avant d’exploser de rire sans plus aucune retenue.
- Perle ! s’écrit Gaï.
La jeune genin relève la tête et observe sans en croire ses yeux le spectacle qui s’offre à ses yeux.
- Où est ton frère ?
Maître Gaï, qui se tient sous ses yeux, porte bien sa combinaison habituelle… Mais pour une raison que seuls Zéphyr et Takeshi doivent connaître, celle-ci a troqué son vert habituel contre un rose bonbon encore plus ridicule ! Une chose qu’elle pensait difficilement réalisable…
Perle est trop choquée pour répondre mais pas assez pour ne pas montrer du doigt la direction opposée à celle que son frère vient de prendre. Et lorsque Vert disparait dans un tourbillon rose, Perle pense que si sa mère pouvait le voir à cet instant, Vert hériterait sûrement d’un nouveau surnom dans la seconde. Aigle encore trop secouée par cette vision laisse volontiers sa place à son cousin.
Perle replace les pièces pour une nouvelle partie et Takeshi s’installe timidement.
- Je me demande bien ce qu’a fait mon frère pour t’entraîner dans ses bêtises, dit Perle.
- Il m’a dit que ça te ferait rire, dit Takeshi.
En repensant à la vision du parrain de son frère tout de rose vêtu et entraînée par les éclats qu’Aigle essaie maladroitement de contenir depuis cette apparition, Perle laisse échapper un petit rire cristallin. Et lorsqu’elle fait son premier mouvement, elle se reprend :
- Si je gagne, tu me dis la vérité, dit-elle.
- Et si je gagne ? demande Takeshi, étonné par son audace.
- On en refait une, dit-elle avec un grand sourire.
Aucun sens de la négociation, pense ironiquement Takeshi.