Fiction: Equipe quatre (terminée)

Pour les lecteurs des "Lettres d'Itachi"... Zéphyr, Perle et Takeshi… Les trois jeunes genins sont placés sous la direction de Maître Tenten et vont devoir faire équipe le temps d’une mission de routine. Mais attention, même une simple mission peut se révéler plus compliquée qu’il n’y paraît.
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elane. (Masculin), le 01/11/2014
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Chapitre 8: Souvenir



Konoha, deux jours plus tard

Les jumeaux sont assis à quelques pas l'un de l'autre, sur la falaise des Hokages, les jambes dans le vide. En silence, ils contemplent le Village qui s'anime à mesure que les rayons du soleil éclairent la scène dans des teintes chaudes et lumineuses.

Conscients des enjeux de cette soit disant mission et de l'emprise qu'ils avaient bien malgré eux sur leurs parents, ils se sentent perdus et vulnérables. Soudain, ils esquissent le même mouvement de recul en voyant leur mère apparaître dans un éclair blanc et prendre place entre eux. D'un geste, elle leur fait signe de s'approcher et ils prennent place à ses côtés, sans un bruit, encore incapables de mettre un mot sur le malaise qui les submerge. Yoshiko prend la main de sa fille dans sa paume et pose sa main gauche sur le bras de son fils. Elle resserre l'étreinte de ses doigts en murmurant un mot que les jumeaux ne peuvent entendre.

Une décharge de chakra doré les envahit et sans qu'ils s'en rendent compte, ils se font aspirer dans un tourbillon enivrant qui les attirent à une vitesse vertigineuse, piégés dans un corps, étranger et pourtant familier, prisonnier d'un esprit aussi vif que mordant qui s'agite dans tous les sens.

Un souvenir.

Ils assistent impuissants à une scène du passé de leur mère.

La première et seule pensée propre qui traverse l'esprit de Perle au moment où sa mère voit son reflet un bref instant dans la psyché de sa chambre, c'est à quel point elles se ressemblent. Et dans la même seconde, Zéphyr s'étonne de ne pas trouver plus déroutant de se retrouver dans la tête d'une fille de treize ans…

Puis, incapables de maintenir leurs pensées assez alertes pour se dissocier de la foule de contradictions et de sentiments qui traversent la tête de Yoshiko, ils plongent et s'oublient dans cette fenêtre ouverte qui leur tend les bras.

J'ai presque peur de ce regard que me renvoie la glace. Cette dernière mission, celle qui m'a enfin permis de passerjunin n'a pas été de tout repos. Ma veste de chunin est en lambeau et si la plupart de mes bandages sont encore bien en place, le sang a filtré à travers les couches de tissus. Il faut que j'ai l'air un minimum présentable ! Sinon Minato ne tardera à pas à le remarquer et à m'envoyer illico à l'hôpital. Encore… Ce lieu me donne la chair de poule rien que d'y penser. Mais j'arriverai à faire illusion pendant assez longtemps pour que nous puissions passer un peu de temps ensemble. Nous nous voyons si peu, toujours entre deux missions, en coup de vent…

Il faut mieux que je me débarrasse de ma tenue en loques pour mettre des habits assez amples pour me permettre de dissimuler plus facilement les bandages qui me donne plus l'aspect d'une momie en vadrouille que d'une fille de treize ans et je dois m'assurer après deux trois pas que je peux encore marcher sans avoir trop l'impression de me tordre de douleur.

Une démonstration qui n'est pas des plus convaincantes.

Cet uniforme, je ne le mettrais plus.

Je vais enfin intégrer l'ANBU et suivre les traces de mon grand frère. Suivre ses traces… Si on peut dire. Avec un certain retard. Pardon un immense retard. A mon âge, Minato était déjà un vrai génie, un prodige digne de tous les éloges et aimé de tous à côté duquel je fais plus office de pâle copie que de successeur prometteur.

Je suis pathétique. Il y a une seconde, j'étais impatiente de voir mon frère pour qu'il fête avec moi mon grade de juninet mon entrée dans l'ANBU… Et à cet instant, je me demande bien de quoi il pourrait bien être fier en me voyant. En deux ans, j'ai échappé de justesse à deux tentatives d'enlèvement qui n'avaient eu qu'un seul but atteindre Minato. Et à chaque fois, je me suis montrée impuissante, trop faible pour faire quoi que ce soit d'autre que d'attendre que mon grand frère arrive à la rescousse.

La douleur qui vrille mon estomac à cet instant n'est rien à côté du dégoût que je ressens. Je suis l'unique faiblesse de mon frère et j'enrage de n'être qu'un poids mort pour lui.

On frappe à la porte.

M'obligeant à revenir bien vite au présent, je clopine jusqu'à l'entrée.

Et là, surprise ! L'apparition sur le seuil de sa porte me laisse un temps sans voix. Le jeune garçon au regard sombre et aux cheveux argentés retenu par son bandeau frontal me détaille avec un peu trop d'application. Il a déjà deviné les blessures qui se cachent derrière le tissu ample. Autant dire que l'hôpital me tend déjà les bras !

- Mon frère n'est pas là.

- Je sais, il est en train de faire son rapport à l'Hokage. Il ne devrait pas tarder. Je suis venu te voir. Je voulais te féliciter pour ton passage au grade de junin, dit-il en me tendant un petit paquet.

Fixant le présent avec un air ahuri, je sursaute en entendant Kakashi :

- Oh, c'est pas grand-chose, juste ma façon de te remercier de m'avoir aidé pour cette technique… Même si je n'y arriverai sûrement jamais, j'ai beaucoup appris.

D'un geste prudent, je le prends comme s'il pouvait m'exploser dans les mains.

- Je t'ai à peine donné deux trois consignes…

Et je n'ai pas été très tendre ! Et je viens d'apprendre une chose que j'étais loin de soupçonner, Neige est peut-êtrearrogant, mais il n'est pas rancunier. D'un geste, il me salue et s'apprête déjà à partir.

- Attends, rentre.

Hésitant, il franchit le pas de la porte et je lui propose une tasse de thé qu'il accepte poliment. Je viens de me rendre compte qu'il ne porte pas son masque et constate à nouveau à quel point son surnom de Neige que je n'ai pas encore osé lui donner de vive voix lui convient admirablement bien. Aussi beau que froid…

Et face à ce regard noir, je n'ose déchirer le papier pour découvrir ce cadeau que je ne mérite pas vraiment.

- Toi aussi, tu vas passer junin dans quelques jours. Du coup, je te propose de l'ouvrir le jour où j'aurais moi aussi quelque chose à t'offrir en échange. Et…

- Et quoi ?

- J'ai pas l'impression de mériter quoi que ce soit, à vrai dire.

- Je comprends, dit-il.

Alors là, je tombe des nues… Il comprend. A son regard, je sais qu'il ne ment pas. Mais à vrai dire, c'est pas si étonnant. Son père était un ninja de légende, plus puissant que les sanins eux-mêmes. Du coup, on a dû lui aussi lui opposer sans cesse la comparaison peu flatteuse entre ses capacités et celles de son père.

- Mais si tu ne considères pas ce que tu as fait digne d'éloges, qu'est-ce que je devrais penser de moi-même…

Oh, Neige… Si jamais un jour t'as un doute sur tes capacités, t'as qu'à laisser traîner une oreille dans cette maison les rares jours où j'arrive à capter mon frère assez longtemps pour qu'on puisse aligner deux mots. Il n'a d'yeux que pour toi et tes nooombreux exploits ! Et non, je ne suis pas jalouse. Un peu quand même… Enfin pas trop !

- Et puis mince, dis-je en déchirant le papier, je suis trop curieuse !

J'ouvre le présent avec la même curiosité qu'un enfant face à ses cadeaux d'anniversaire et contemple le souffle coupé le masque blanc de félin qu'un trait noir, fin et élégant traverse de part en part.

- J'ai appris que tu allais intégrer l'ANBU, j'ai pensé qu'il te conviendrait assez bien.

Il est bien trop beau pour moi !

- Il est magnifique, dit une voix dans mon dos.

Nous nous retournons d'un même sursaut sur mon frère qui vient d'apparaître sur le pas de la porte.

- Maître…

- Grand frère !

Je souris, en observant, comme toujours avec une certaine perplexité, à quel point sa seule présence me fait oublier toutes les noirceurs qui encombrent mon cœur. Un seul de ses regards, un seul mot de sa part et je suis de nouveau la petite fille qui courrait vers lui à chacun de ses retours de mission, à chacune de ces petites contrariétés qui jalonnent notre vie de leur ombre de doutes et de tourments.

- J'ai moi aussi un cadeau pour toi, Yoshiko.

Il me tend son présent dont la forme en longueur ne laisse que peu de suspens quant au contenu du paquet. Je découvre avec empressement le fourreau rouge du katana que portait mon frère quand il était ANBU.

- C'est papa qui me l'avait offert le jour où je suis passé ANBU, dit Minato. Je tiens à ce qu'il te revienne.

Je reconnais sans peine les sceaux gravés par mon frère sur le côté. Je le dégaine d'un geste et en apprécie le poids et la finesse de la lame.

- Grand frère, je te promets que je serai assez forte pour ne plus jamais être un poids pour toi, que…

- Yoshiko, mais qu'est-ce que tu racontes !

Minato s'approche de moi et comme toujours, il suffit qu'il plonge son regard clair dans le mien pour que j'en oublie jusqu'au mot que je m'apprêtais à prononcer et me prend brutalement dans ses bras. J'en laisse tomber le katana sur le sol sans trop savoir comment réagir. Mon frère me libère brusquement et me fixe d'un regard sévère :

- Je t'interdis de penser de telles bêtises !

Je détourne la tête parce que je sais que je suis incapable de lui dire en face ce que j'ai à dire.

- Tu n'as plus besoin de me protéger avec des belles paroles, Minato. Deux fois, on a essayé de t'atteindre à travers moi, deux fois où j'étais trop faible pour pouvoir me défendre, deux fois où ma faiblesse t'a mis en danger. Je ferais tout pour que ça n'arrive plus !

Minato me force à lui faire face et me fixe avec une telle intensité que j'ai du mal à ne pas baisser les yeux :

- Petite sœur, tu es une idiote, dit-il avec un sourire désarmant. C'est moi qui devrais être atrocement blessé par le fait qu'on ait cherché à te faire du mal pour m'atteindre, pas l'inverse ! Et si tu as été la cible de ces deux attaques, c'est pas parce que tu es ma faiblesse, c'est parce que tu es ma force, Yoshiko.

Il passe sa main dans mes cheveux avec un petit sourire :

- Et crois-moi Yoshiko, tu n'es pas ni faible ni impuissante ! Cesses de comparer des choses qui ne peuvent pas l'être. Chaque génération est évaluée avec des références et des conditions différentes, mais il y a une chose immuable et qui ne changera jamais… Chaque nouvelle génération surpasse la précédente. Tu maîtrises déjà mes meilleures techniques et toi, comme Kakashi, tu ne mettras pas longtemps à me dépasser. De même qu'un jour, vos propres élèves, vos propres enfants vous surpasseront.

Minato se tourne vers Kakashi qui lui aussi a bien du mal à soutenir son regard avant de reporter à nouveau toute son attention sur moi.

- Mais crois-moi, tu ne seras jamais assez forte pour que je ne m'inquiète pas. Parce que c'est mon rôle de grand frère de trembler pour sa petite sœur.




Perle et Zéphyr se libèrent doucement de l'emprise des souvenirs de leur mère, le souffle court. Yoshiko ouvre les bras et les jumeaux se pressent contre elle en souriant.

- Tu crois qu'Oncle Minato le savait déjà ? dit avec un petit sourire moqueur Zéphyr.

- Déjà quoi ? demande Yoshiko.

- Que « vos enfants » seraient réellement vos enfants !

Yoshiko éclate de rire devant l'impertinence de son fils. Qui sait ? Peut-être avait-il vu plus loin que cette rivalité naissante et leurs moqueries incessantes ? Minato…

- Papa était venu te faire un cadeau alors qu'il savait que ton frère n'était pas là et sans son masque ! ajoute Perle qui au grand étonnement de son frère se prend au jeu.

- Son masque lui avait été arraché pendant sa mission, dit Yoshiko.

- Papa porte toujours deux masques, ajoute Zéphyr, croyez-moi, je suis bien placé pour le savoir !

Perle et Yoshiko se lancent un regard en coin, préférant ne pas en savoir plus…

- Oh, il n'a commencé à mettre deux masques que bien plus tard, dit Yoshiko. Je n'ai jamais vraiment su pourquoi mais ça amusait particulièrement Le Doc.

- Et tu le trouvais beau, ajoute Zéphyr.

- Et arrogant ! ajoute Chance avec un grand sourire. Tu n'as pas idée à quel point !

- Oh, si j'en ai une petite idée, dit-il en glissant un œil vers sa sœur qui ignore superbement l'allusion.

- Oncle Naru ressemble énormément à son père, dit Perle. Et pas que physiquement.

- Minato, dit Yoshiko…

Les deux jumeaux tressautent lorsqu'un voile noir obscurcit le regard clair de leur mère à la simple évocation de son frère et n'osent imaginer la douleur qu'ils pourraient ressentir s'ils étaient eux aussi séparés par le destin.

- … serait terriblement fier de son fils, Au moins autant que votre père et moi sommes fiers de vous.

Perle et Zéphyr partagent un regard complice, un peu gêné. Et Perle rompt le silence doucement.

- Moi aussi, dit Perle.

Yoshiko attend patiemment que sa fille parle, sachant que l'explication viendrait d'elle-même.

- Il suffit d'un mot, d'un regard de ta part pour que toutes ces ombres qui hantent mon cœur disparaissent dans un souffle.





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