Fiction: Equipe quatre (terminée)

Pour les lecteurs des "Lettres d'Itachi"... Zéphyr, Perle et Takeshi… Les trois jeunes genins sont placés sous la direction de Maître Tenten et vont devoir faire équipe le temps d’une mission de routine. Mais attention, même une simple mission peut se révéler plus compliquée qu’il n’y paraît.
Version imprimable
Aller au
elane. (Masculin), le 24/10/2014
Le miroir de Zéphyr



Chapitre 7: Zéphyr



Takeshi sent une main le relever avec douceur et examiner son dos meurtri. En protégeant Perle, il s’est exposé aux éclats tranchants de son cauchemar brisé. Mais il ne regrette pas une seconde son geste et pense sincèrement qu’elle ne devrait pas mettre longtemps à ramener son frère.

Il ouvre lentement les yeux et la lumière est si violente que seul l’étonnement de voir son père à son chevet l’empêche de les refermer aussitôt. Oh, son père n’est pas seul et il allait devoir rapidement expliquer la situation.

Mais son père est là.

Et un bref instant, il avait vu ce qu’il pensait ne jamais voir sur ses traits aussi froids que parfaits.

Le soulagement.

- Ton miroir s’est brisé, dit Sasuke.

Ce n’est ni une question, ni une affirmation. Takeshi hoche la tête et se tourne vers Perle. Oubliant ses bras déchiquetés et les plaies profondes dans sa paume, il pose sa main sur celle de son équipière qui serre convulsivement les débris de son propre cauchemar.

Ramène-le vite, cet idiot !

En relevant la tête, il se perd dans les yeux rougeoyant de l’Uchiha.

Combien de temps ?

Une seconde ? Une minute ? Une heure ?

- Quand je suis entré dans le genjutsu, dit Sasuke, je me suis moi aussi fait prendre dans mes propres souvenirs. J’ai réussi à m’en échapper lorsque j’ai pris conscience que ce n’était qu’une scène de mon passé qui se jouait à nouveau dans ma tête. J’ai crié et lorsque mon miroir s’est brisé, des éclats sont entrés dans les vôtres.

Les yeux de Takeshi s’agrandissent :

- Je les ai vu ! Des fragments qui étincelaient brièvement avant de se fondre dans les airs. C’est en les regardant que l’idée que tout cela n’était pas normal a commencé à faire son chemin dans mon esprit !

Sasuke plante son regard dans le sien et à cet instant, malgré les traits impassibles de son visage, Takeshi sait qu’il lui sourit :

- Tu as fait ce qu’il fallait, dit Sasuke.

Il avait fait plus pour Perle qu’il n’en avait fait lui-même, pense Sasuke, et lui avait montré qu’il n’avait pas été complètement inutile.

En esquissant un léger sourire amusé, il se dit que ce garçon avait peut-être gagné le droit de tenter sa chance avec sa filleule.



Z…E…P…H…Y…R

Perle observe l’arène du haut des gradins. Son frère, debout, près des tribunes sur sa droite ne détache pas les yeux des deux genins qui s’avancent et elle réprime difficilement un tremblement lorsqu’elle se rend compte que la petite fille aux cheveux blonds qui s’avance n’est autre que…

- Perle, murmure son frère.

L’examen chunin.

Le duel contre ce ninja de Konoha qui lui avait permis de rencontrer son frère dans l’arène. Soudain, les pensées de son frère commencent à s’insinuer dans les siennes. Secouant la tête en tentant vainement de s’en débarrasser, elle essaye de parler mais aucun mot ne sort de sa gorge nouée.

Désemparée, elle se laisse lentement submerger.

Perle… J’ai beau savoir que ton adversaire n’a aucune chance face à toi, je ne peux m’empêcher de trembler en pensant à tout ce qui pourrait mal tourner. T’as intérêt à écourter au plus vite mon angoisse petite sœur parce que j’ai horreur de ça.

- Cinq minutes…

Perle se retourne voyant avec surprise son Maître prononcer sa sentence d’une voix assurée.

- Quatre, rétorque son parrain.

Non mais dites-moi que je rêve ! pense Zéphyr en voyant Maîttre Neji se tourner vers l’Uchiha avant d’hocher la tête d’un air convaincu.

Puis il voit Gaï se lancer dans un de ses discours enflammés sur la fougue de la jeunesse. Il ne l’écoute pas vraiment mais sourit bêtement devant l’enthousiasme de son parrain auquel il n’a jamais su résister et manque de sursauter quand il voit son Maître s’approcher.

Zéphyr oublie un instant le duel qui va se jouer et la foule qui attend avec impatience les premiers coups. Perle se perd dans une multitude de souvenirs qu’elle a bien du mal à démêler les uns des autres. Ses entraînements avec ses équipiers, ses nombreuses frasques et toutes les fois où Akiko lui avaient cloué le bec d’un mot… Son Maître, toujours souriante et prête à leur montrer une nouvelle technique ou sa dernière arme avec un enthousiasme digne de Maître Gaï.

Une véritable équipe.

Perle, soufflée par le tourbillon enivrant des pensées de son frère, les voit s’exprimer dans ces deux simples mots :

- Maître Tenten.
- Zéphyr, tu sais ce que cela veut dire si ta sœur gagne?
- Si… Son adversaire a dû montrer toutes ses cartes dans son dernier duel alors que ma sœur n’a dévoilé que ses techniques les plus simples. Elle a encore un jutsu en réserve qu’elle n’a montré à personne d’autre qu’à moi. Et comme elle sait que je serai son prochain adversaire, elle n’a plus aucune raison de le garder secret. Maître Neji et Reflet se trompent. Le combat durera encore moins longtemps qu’ils ne le croient.

Perle constate que malgré ses paroles sincères, la crainte de la voir combattre est toujours présente dans son cœur lorsqu’il pose son regard sur elle. Elle ne savait pas que son frère était capable de cacher aussi bien ses sentiments. Mais cette peur qui vit dans son cœur lorsqu’il s’apprête à la regarder se battre, elle ne la connait que trop. C’était la même qui étreignait son cœur à chacun des combats que son frère avait livré dans cette arène.

Lorsqu’elle se regarde avancer face à son adversaire, elle se reconnait à peine. Surréaliste !

- Abandonne, ça t’évitera de perdre ton temps et le mien, dit-elle à son adversaire.

Mon Dieu ! A-t-elle l’air aussi arrogante que ça !

Son frère hausse les épaules et lève les yeux au ciel.

Bien sûr, pense Zéphyr, ce n’est pas faux mais Perle manquera toujours d’un certain sens de la mesure ! Mais cela le fait plus sourire qu’autre chose et voir son adversaire lui lancer un regard outré vaut le détour.

Il sent Maître Neji et Reflet déclencher leurs pupilles et sait que son père a déjà dégagé son bandeau frontal. Mais lui n’a pas besoin d’un sharingan ou d’un byakugan pour savoir que ce n’est qu’un clone. Le genin en colère se précipite et frappe. Les clones de sa sœur sont bien plus dangereux que les siens. En disparaissant, ils envoient une décharge d’électricité puissante capable d’étourdir suffisamment longtemps pour lui permettre de frapper.

Mais son adversaire ne se laisse pas abuser si facilement et esquive d’un bond sur le côté. Zéphyr sait que c’est exactement ce qu’attend sa sœur.

Il a déjà perdu et il ne le sait même pas.

Sous ses yeux, il se retourne en un battement de cœur agrippe le bras de sa sœur et l’envoie contre les remparts qui entoure le champ de bataille. Il a beau savoir que cela fait partie de son plan, il grimace en voyant qu’elle joue un peu trop bien son rôle en peinant à se relever.

Son adversaire sort un parchemin et fait apparaître une énorme quantité d’eau. Exactement ce que cherche Perle, lui donner l’illusion qu’il contrôle la situation et elle l’a suffisamment énervé pour qu’il ait envie d’achever son combat au plus vite avec sa meilleure technique qu’il leur avait dévoilé lors du duel précédent.

Il entame à une vitesse folle les mudras et Perle fait de même avec un petit sourire qui n’a rien de rassurant.

Dragon des mers

Le monstre aux écailles translucides se lève des eaux lorsque que Perle achève sa technique à une telle vitesse qu’il voit à peine ses mains bouger.

Dragon des éclairs

De ses paumes tendues partent des milliers d’éclairs déchirant qui se tordent dans tous les sens faisant naître un dragon qui scintille d’un bleu électrique qui se jette sur sa proie. Le genin se fige. Même si sa créature l’emporte sur celle de Perle, l’électricité contenue dans son corps passerait dans l’eau et il est déjà trempé.

Sans réfléchir, il fuit maladroitement le déluge qui s’annonce pour éviter la décharge mais Perle est déjà là. Elle surgit dans son dos et l’assomme d’un coup sec sur la nuque.

Zéphyr regarde discrètement sa montre et soupire.

Trois minutes.

Il se tourne discrètement vers l’Uchiha et Maître Neji qui regardent sa sœur comme deux parfaits abrutis pendant un quart de seconde. Il faudra qu’il pense à la remercier pour le spectacle inestimable. Tout de même, utiliser une telle technique uniquement pour faire une simple diversion, Perle dans toute sa splendeur !

- Zéphyr.

Il sursaute quand il sent son père apparaître dans son dos.

- Depuis combien de temps…
- Elle s’entraîne à cette technique depuis un an. Je le savais mais elle ne m’en a parlé que depuis une semaine.

Le garçon aux cheveux d’argent se ferme. Sa sœur avait attendu de la maîtriser complètement avant de lui en parler. De même qu’il sait qu’elle avait commencé à travailler le chidori et qu’elle ne lui en parlerait que lorsqu’elle serait en mesure de l’utiliser parfaitement.

Il remarque sans peine la lueur de fierté qui brille dans les yeux de son père, de son parrain, de son Maître. Et cette fois, c’est toute la foule qui acclame sa sœur, charmée par cette miniature vivante du Quatrième qui élimine un à un tous ses adversaires si facilement.

Zéphyr baisse la tête.

Tous le connaissent pour ses bêtises et les colères qu’il déclenche chez sa mère. Idiot, c’est le premier mot qui traverse l’esprit de tous ceux qui le connaissent lorsqu’ils posent leurs yeux sur lui. Et il avait tout fait pour le mériter. Alors que sa sœur, elle, n’attire que l’admiration et le respect. A l’académie, elle excellait dans presque tous les domaines et bien malgré lui, il suivait tant bien que mal ses traces. Et déjà à l’époque, il sentait le besoin de se distinguer par ses nombreuses frasques. Une façon bien à lui de faire oublier l’écart qui se creusait doucement mais sûrement entre eux.

L’illusion parfaite.

Jusqu’à aujourd’hui.

Mais lorsqu’il se retrouverait face à sa sœur dans l’arène, elle se briserait aussi vite qu’il était capable d’échafauder un plan tordu pour une de ses bêtises.

Et elle s’effondrerait devant tout Konoha. Devant tous ceux qui comptent dans sa vie. Sa famille, son parrain, son Maître, ses équipiers, les équipes de ses parents…

Oh, il ne doute pas de donner du fil à retordre à sa sœur. Mais cela ne changerait pas l’issue d’une confrontation entre eux.

Il ne lui en veut pas. Même lorsqu’elle se montre insupportable, arrogante et suffisante. C’est sa sœur. Non seulement il ne pouvait résister bien longtemps à son regard clair... Mais elle beaucoup ressemble trop à leur mère quand elle est en colère !

La seule chose dont il a peur, c’est de décevoir. Et cette sensation qui le prend aux tripes le paralyse.

Perle tremble en observant les réactions de son frère. Elle tente de l’arrêter, de lui parler sans y parvenir.

- Pourquoi tu trembles, idiot !

Zéphyr et Perle se retournent sur la jeune fille aux cheveux noirs. Un bref instant, Zéphyr regrette les petites lunettes rondes qu’elle porte pour dissimuler ses yeux d’améthyste veinés d’or en pensant que sa fascination pour les regards différents est définitivement un trait familial.

- Chayah.
- Me dis pas que c’est Perle qui te fait peur, Zéphyr.

Zéphyr reprend rapidement son air habituel d’insouciance. Mais il n’est pas capable de lancer ses bravades habituelles face à la fille de Lune qui se met à rire.

- Ben ça alors. Quelque chose qui fait peur au grand Zéphyr et qui n’est autre que sa petite sœur !

Toi aussi, elle te fait peur quand elle est en colère, pense Zéphyr qui se garde bien de répondre.

- Chayah.

Zéphyr se retient de rire devant la fillette qui se tourne avec un grand sourire angélique sur les lèvres. A chaque fois, le spectacle le rend des plus perplexes car Chayah ne joue pas la comédie. La seule présence de la mère d’Océan a toujours eu un effet des plus étonnants. Cette femme a un don car lui aussi doit bien admettre qu’il fait toujours l’effort de bien se tenir quand elle est en face de lui.

- Nyah ! dit Chayah dont le visage s’illumine.

Zéphyr remarque avec amusement que la mère d’Océan affiche un sourire aussi radieux que celui de Chayah. Puis elle se tourne vers lui.

- Ta sœur m’a fait tellement peur. Presque autant que lorsque j’ai assisté aux combats de mon fils. Heureusement qu’il ne s’est pas éternisé…
- Oh Perle est comme maman, elle ne donne pas dans le superflu.
- Qu’est-ce que tu insinues par-là ! s’exclame sa mère qui n’était que deux rangées au-dessus et n’avait pas perdu une miette de la conversation.
- Avoue qu’il n’a pas tort, ajoute son père.

Yoshiko fixe Kakashi d’un regard noir avant d’éclater d’un rire nerveux qui dissimule assez mal sa tension.

Zéphyr se tourne vers Chayah. Un court instant, il hésite. Il pourrait lui demander l’issue du combat. Mais il se ravise en baissant les yeux. Il n’a pas besoin d’une phrase sibylline pour lui démontrer ce qu’il sait déjà.

Il ne lui reste que bien trop peu de temps pour le gaspiller aussi inutilement avant que le rideau ne tombe et que l’illusion qu’il avait créé depuis tant d’années ne s’évanouisse sous les yeux de tous. Et lorsqu’il entend la voix de son Maître, secondée par son parrain vanter ses qualités et ses chances dans ce combat face à sa sœur, son cœur se serre.

Il est loin de mériter de tels éloges et ils en auraient malheureusement bientôt une preuve accablante sous les yeux. Il quitte les tribunes d’un pas lent, sachant que déjà sa sœur l’attend déjà aux pieds de l’arène.

Levant les yeux, il voit les lettres d’or s’étaler aux yeux de tous.

Perle HATAKE vs Zéphyr HATAKE

S’armant de son plus franc sourire, il compte bien en profiter jusqu’à la dernière seconde de son rôle dans cette pièce qu’il joue avec tant d’application depuis tant d’années.

Perle tente de lui agripper le bras, de le sortir de ses souvenirs qui emprisonnent son esprit. Mais son bras sans force ne fait qu’effleurer la main de son frère et ses mots se terrent dans sa gorge.

Zéphyr entame lentement la lente descente qui le mènera devant sa sœur.

A cet instant, cette peur qui l’avait envahie lui paraît presque ridicule pour être aussitôt balayée par une vérité bien plus fondamentale et effrayante. L’acier de ses kunaï qui se presse contre sa cuisse lui semble déplacé. A chaque pas, son cœur s’accélère et un vent glacé tempête dans son esprit.

Tête baissée, il fixe le sol. Il entend les pas lents de sa sœur se diriger vers lui.

Maintenant, il sait.

Ce n’est pas la peur de voir l’illusion qu’il avait créée s’effondrer ou même celle de décevoir qui fait trembler ses mains et trouble sa vue.

Lentement, il lève la tête vers Perle. Et il n’est pas surpris de distinguer la même lueur qui brille dans ses yeux clairs. Ils ont beau être jumeaux, ils ne se ressemblent en rien. Mais à cet instant, ils n’ont jamais été aussi proches, aussi semblables. Pas besoin de mots entre eux pour savoir qu’ils se comprennent.

Rien ni personne au monde ne pourrait les forcer à se battre sérieusement l’un contre l’autre. Aucune règle, aucune loi, personne… Encore moins un examen.

Le silence de la foule qui attend avec impatience que le combat s’engage l’enivre. Il allait faire la seule chose pour laquelle il a réellement un don. Et pour la première fois de sa vie, il allait la partager avec sa sœur.

Surprendre.

Dans un même élan, tels les deux pendants d’une même pièce, ils lèvent le bras. Son cœur bat au même rythme entêtant que celui de Perle et le même petit sourire s’épanouit dans un souffle sur leurs lèvres. Jamais encore le lien qui les unit, cette connexion si fragile et forte à la fois n’a été si tangible.

Et lorsqu’il lève les yeux, une pluie d’éclats bruts se déversent sur eux, telle une pluie lumineuse tombant d’un ciel sans nuage, disparaissant dans un éclair fragile avant même d’atteindre le sol.

Zéphyr…

En baissant la tête, il voit l’arène, les gradins et sa sœur qui lui faisait place disparaître dans un nuage vaporeux.

Zéphyr !

Il n’a pas rêvé. C’est bien la voix de sa sœur qui l’interpelle.

Ce ne sont que des souvenirs !

Il sent une pression à peine plus grande que celle d’un papillon qui se poserait sur sa main et il voit pour la première fois la main blanche de sa sœur qui entoure son poignet.

- Perle !
- Couche-toi !

Dans un fracas assourdissant de verre brisé, le décor où prenait vie ses souvenirs éclate et il sent le poids de sa sœur s’affaisser sur lui. Désarçonné, il la voit se relever en grimaçant de douleur et contemple le miroir brisé à ses pieds dans ce décors désolé et sombre qui l’entoure.

- Tu étais perdu dans tes souvenirs, dit Perle.
- Et tu es venue me chercher, dit Zéphyr.

Perle acquiesce en lui montrant le dernier éclat de son propre miroir. Gênée par ce qu’elle venait de découvrir et de la façon dont elle s’était bien malgré elle immiscée dans les pensées de son frère, elle baisse la tête.

- Merci, dit Zéphyr.

Perle relève la tête bien vite, surprise par la sincérité désarmante qui émane de son frère. Il ne lui en veut pas, bien au contraire. Si la situation avait été inversée… Elle ne préfère pas trop se pencher sur cette hypothèse, le temps lui est compté.

- Ce jour-là, tu avais tort, dit Perle.

Nullement offensé par la tournure abrupte des phrases de sa sœur dont il a l’habitude, Zéphyr attend patiemment la suite sans chercher à la presser.

Tu l’as dit toi-même, tu n’as pas besoin d’un byakugan ou d’un sharingan pour deviner la moindre de mes tactiques, pense Perle. Et tu arriveras toujours à faire cette chose pour laquelle tu as le plus grand des talents, me surprendre.

- C’est moi qui n’avais aucune chance contre toi, termine Perle.

La douleur la transperçant de part en part, Perle reprend lentement conscience. A peine a-t-elle ouvert un œil, qu’elle a le souffle coupé sous l’étreinte de sa mère qui la serre dans ses bras. Encore incapable de prononcer le moindre mot, elle se laisse manipuler comme une poupée de chiffon par Sakura qui examine son dos et voit à travers le voile des cheveux blonds de sa mère, son père et son parrain qui affichent un air si soulagé qu’elle doute un instant de mériter une telle attention de leur part.

Lorsqu’enfin sa mère la libère, Perle se tourne vers Takeshi. Elle acquiesce d’un hochement de tête et à sa demande tacite. Son frère ne tarderait pas à se sortir de ce genjutsu. A vrai dire, il s’en était sorti seul, il n’avait pas eu besoin de son aide.

Comme toujours, pense Perle, tout le monde retient son souffle en attendant que tu veuilles bien ouvrir un œil, petit frère. Mais cette fois, seul un petit sourire impatient et amusé effleure ses lèvres lorsqu’elle se tourne vers Zéphyr.

Ne tarde pas trop.



Le lendemain, Perle et Takeshi, bien qu’encore mal en point, sont déjà prêts à reprendre la route. Mais Chance a insisté pour rester une journée de plus sur place. Les trois genins, encore secoués par l’épreuve qu’ils venaient de traverser se retrouvent à partager la même chambre où leur trois lits sont alignés, les uns à côté des autres.

Au petit matin, Takeshi, premier levé, se redresse sur son lit, contemple les premiers rayons de l’aube filtrant à travers les lourds panneaux de bois qui ferment la grande fenêtre de la pièce. Il sourit en constatant que les jumeaux se sont instinctivement rapprochés l’un de l’autre, la main de Zéphyr se tend vers sa sœur qui lui prend le bras.

Il s’apprête à sortir sans un bruit quand il voit Zéphyr ouvrir un œil et le retenir d’un seul regard.

Dans un même mouvement, les deux jumeaux se redressent à leur tour.

- Takeshi, dit Perle. C’est grâce à toi si…
- Pas vraiment, lui répond-il. Quand ton parrain a pénétré dans le genjutsu, il s’est lui aussi fait prendre dans le miroir et lorsqu’il a réussi à s’en échapper des éclats sont entrés dans nos propres miroirs. C’est lorsque j’ai commencé à les remarquer, de brefs éclats lumineux, qui étincelaient avant de se fondre dans l’air que j’ai compris. Sans eux, je ne m’en serai jamais sorti.
- Des éclats, dit Zéphyr, il y en avait dans nos trois miroirs. Et pourtant, c’est toi qui t’en es sorti en premier et qui nous a aidés. Perle a raison, c’est grâce à toi si nous nous en sommes sortis. Merci.

Mais Perle perdue dans ses pensées ne l’écoute plus vraiment. Son parrain… Il était entré dans le genjutsu. Sa mère lui a déjà raconté toute son histoire et elle frémit en pensant à ce que le miroir avait dû lui faire revivre et aux risques qu’il avait pris. D’un geste, elle se lève, agrippe brusquement les mains de Takeshi, le remercie et sort aussi vite qu’elle le peut. Zéphyr, à la fois amusé de voir à quel point les joues de son équipier peuvent passer aussi facilement du blanc au cramoisi et désolé de voir que sa sœur n’ait encore rien vu, tente de réconforter son équipier.

- Elle finira bien par ouvrir les yeux un jour, dit-il.

Enfin, vu comment elle ressemble à maman pense-t-il, c’est pas encore gagné ! Il préfère cependant ne pas en rajouter devant l’air affreusement gêné de Takeshi.

Puis il observe son équipier comme s’il ne l’avait encore jamais vu… Un byakugan, comment avait-il pu oublier pareil détail. Etre capable de tout voir… Voilà qui pourrait élever d’un cran tous ses plans tordus, donner une nouvelle dimension à toutes ses futures bêtises.

Le petit sourire qu’il dévoile à son équipier le rend particulièrement mal à l’aise.



Perle ne met pas longtemps à retrouver son parrain. Rien de plus simple, Il suffit de trouver un endroit calme, à l’écart, un lieu qui lui corresponde en quelque sorte. Assis sur les marches du perron de l’auberge, seul, il regarde Perle prendre place sans un bruit à ses côtés.

- Tu devrais te reposer, dit-il.

Perle sait que son parrain n’attend pas vraiment de réponse et sourit. Dans un silence apaisant, ils savourent leur soulagement réciproque en contemplant le soleil qui se lève à l’horizon.





Chapitres: 1 2 3 4 5 6 [ 7 ] 8 9 Chapitre Suivante »



Veuillez vous identifier ou vous inscrire:
Pseudo: Mot de Passe: