Il est parti et m'a brisé le coeur. Je croyais ne plus jamais le revoir. Et voilà qu'il réapparaît tout d'un coup et met ma vie sens dessus dessous. Quel culot! Pourrai-je lui résister? Je ne sais pas...
SASUKEXHINATA
Je sortis de ma voiture et me dirigeai vers le bâtiment 4-Sud pour mon cour de mathématiques, les yeux rivés au sol, les épaules courbées et le pas indécis. En chemin, un élève me reconnut.
-Hey, mais c’est Hinata la béquasse ! Salut, toi !
Et quand je ne répondis pas :
-Hé, je te parle ! Quoi, tu es devenue impolie maintenant ? C’est pas parce que t’as brisé le cœur d’un Uchiha que ça te donne le droit de faire ce que tu veux, tu sais ! Me cria-t-elle aux oreilles.
-Laisse-là tranquille ! Menaça Neji, derrière-moi.
La fille s’éloigna aussitôt, effrayée, en murmurant des excuses que je ne comprenais pas.
Neji me prit par l’épaule, et je n’osais pas le regarder.
-B-bonjour Neji. Dis-je faiblement.
-Salut, Hinata. Répondit-il, la voix triste.
Nous marchâmes en silence. Il m’accompagna à mon cours, comme il le faisait tous les lundis depuis cette soirée, depuis un mois.
Arrivée aux portes de la salle de classe, je me tournai vers lui, levant enfin mes yeux pour le regarder.
-Merci, Neji ! J’essayai de lui sourire, mais finis par faire une grimace.
Il hocha la tête et rebroussa chemin.
Je pris une grande inspiration, et entrai.
Comme tous les lundis, la salle était déjà pleine. Quand j’entrai, tous les élèves me fusillèrent du regard, et me suivirent des yeux jusqu’à ce que je fusse assise à la seule place libre : au fond de la classe, près du mur, à côté de Sasuke.
Celui-ci m’ignorait complètement, comme d’habitude.
Cette scène avait, j’en étais sûre, été orchestrée par Sakura.
Elle se délectait de ce qu’il m’arrivait. Et avait bien veillé à ce que tout le lycée me déteste, Hinata Hyuga, la peste qui avait brisé le cœur de Sasuke Uchiha, le martyre.
Je n’arrivais toujours pas à croire ce qu’il m’avait fait. Je savais que je ne représentais rien pour lui, alors je ne comprenais pas pourquoi il avait agi ainsi.
Bien entendu, cette histoire avait divisé notre groupe d’amis en trois : le camp de Sasuke, constitué de Sakura et de lui-même, le camp de ceux qui détestaient Sasuke, où il y avait Kiba, Shino, Neji, Tenten et Shikamaru, et il y avait les neutres : Naruto – il était furieux contre Sasuke mais il restait quand même son meilleur ami –, Ino – j’étais consciente de son ressentiment envers Sakura, mais elle restait son amie, tout comme Naruto d’ailleurs – , Choji, Lee, et… moi.
Je n’avais jamais réussi à le détester, aussi cruel fût-il. Le dicton disait vrai, l’amour rend aveugle, et stupide aussi. J’en étais consciente, mais je ne pouvais lutter.
En attendant, ce fut ma réputation qui en prenait un coup.
Cependant, curieusement, contrairement à ce à quoi je m’étais attendu, mon père ne semblait pas beaucoup s’en faire.
J’étais sûr que l’affaire lui était parvenue aux oreilles, mais il n’avait rien dit. Il continuait à me traiter comme il le faisait toujours, sans une once de colère en lui.
Quand le cours fut terminé, je ramassai mes affaires, me levai et me dirigeai vers la sortie, en évitant de justesse un sac qui avait été placé intentionnellement sur mon passage, pour me faire tomber. J’étais tombée dans le piège, le premier Lundi après le bal, toute la classe avait ri de moi…
En me rendant en cours de philosophie je vis une fille devant moi, qui offrait un paquet à un garçon.
-Joyeuse Saint Valentin une semaine en retard, mon cœur ! Lui dit-elle, toute heureuse.
Une grosse douleur survint à ma poitrine, quand je me remémorai la Saint Valentin que j’avais passée avec Sasuke.
[i]-Qu’est-ce que tu fais là ? J’avais annulé notre sortie, tu te rappelles ? Lui demandai-je, surprise.
Il haussa les épaules, en entrant dans ma chambre, les bras encombrés de plusieurs paquets.
-Un petit rhume et une petite fièvre ne m’empêcheront pas de te voir. Me dit-il nonchalamment.
Je souris, touchée par sa réponse. Mais mon inquiétude ne s’effaça pas, en le voyant grimper dans mon lit, mettre ma boîte de mouchoirs sur la table de chevet et s’installer à côté de moi.
Je le regardai, incertaine.
-C’est plutôt un gros, gros rhume, et une petite fièvre… Bougonnai-je.
-Eh bah, je prendrai des médoc’, comme toi !
Je roulai des yeux.
-C’est la Saint Valentin, Hinata ! J’allais pas rester chez moi un soir de Saint Valentin, alors que je ne suis plus célibataire !
Je ne pus retenir mon sourire, qui était le signe qu’il avait gagné.
Mes yeux se posèrent sur les paquets qu’il avait apportés.
-C’est quoi tout ça ?
Il sortit le contenu du premier. Je vis plusieurs CD de film.
-Que des films à l’eau de rose. Me dit-il. Tu adores ce genre de truc, n’est-ce pas ?
Je restai là, interdite.
-Mais… Toi, tu n’aimes pas ça…
-J’y survivrai, t’inquiète. Me rassura-t-il, en embrassant ma tête.
-Choisis-en un.
Le choix était vaste ! Roméo et Juliette, Titanic, Orgueil et Préjugés, She’s the Man, L’homme qui murmure aux oreilles des chevaux, Sissi l’impératrice, Happiness Therapy, The Proposal, Take me home, Dear John, A Walk to remember, la Saga Twilight et The lucky one.
Après dix minutes où j’hésitai et Sasuke me regardait patiemment choisir, mon choix se posa sur The Proposal.
Il était en train de mettre le CD dans le lecteur quand j’ouvris le deuxième paquet.
-Du pop-corn ? C’est cool ! M’exclamai-je.
-Euh… non, ça c’est pour moi. Ouvre l’autre paquet.
Je m’exécutai, et trouvai une boîte de chocolat rocher, en très grande quantité.
Mes yeux s’illuminèrent. Je raffolais du chocolat.
J’en pris un pour goûter. C’était le plus délicieux de tous les chocolats que j’ai jamais mangés. Il était croquant à l’extérieur, et avait un cœur fondant qui coulait avec une fluidité inégalée en bouche. Et le dosage du sucre était parfait.
-Miam ! Tu l’as acheté où ? Demandai-je, encore en extase après ce que je venais de manger.
-… C’est moi qui l’ai fait…
Mes yeux s’agrandirent. Ma bouche s’ouvrit en grand.
-Tu… tu as…
Il avait l’air très amusé de ma réaction.
Il hocha la tête.
-Mais… q-quand ?
-J’avais commencé la semaine dernière, et j’ai fini avant-hier. Il y a eu quelques ratés… Bref, tu as l’air d’aimer… Constatait-il en souriant.
-C’est délicieux ! Attends, c’est toi qui as goûté pour le dosage du sucre ?
-Oui. Itachi n’était pas souvent à la maison.
-… Mais tu détestes tout ce qui est sucré…
-… C’était pas la mer à boire, non plus, tu sais ! Me répondit-il.
Je me jetais dans ses bras. Il rit.
-Y’a pas de quoi !
Je me tournai vers mon ours en peluche, sur mon bureau.
-T’as vu ça, nounours, Sasuke m’a fait du chocolat ! M’exclamai-je.
Je me retournai vers mon petit-ami qui me regardait tendrement.
-… Mais je croyais que tu détestais la Saint-Valentin…
Il acquiesça.
-C’est vrai… Mais toi tu l’adores, j’allais pas t’en priver. Me dit-il en souriant.
A cet instant-là, je retombais complètement amoureuse de lui.
-Bon, on le regarde ce film ?
Je hochai la tête et m’éloignai de lui pour m’installer de l’autre côté du lit. Je ne voulais pas lui transmettre davantage de virus. Mais il ne l’entendait pas ainsi. Il me prit par la hanche, et me plaça sur son torse, de façon à ce que je sois face à la télévision. Puis il mit la boîte de chocolat dans mes mains.
-T’es bien installée, là ?
Je ne pouvais mentir.
-Oui.
-Super !
Et il démarra le film. [/i]
Je sortis du bâtiment, et vis une BMW rouge foncer vers le parking, clairement en excès de vitesse.
Et cela me rappela une anecdote assez originale à propos de lui et moi.
[i]-Oh Mon Dieu ! Sasuke ! On va mourir ! M’écriai-je.
-Y’a aucun doute là-dessus si tu continues comme ça ! Cria-t-il en retour.
Il m’apprenait à conduire. Bien sûr, lui-même n’avait pas encore son permis, mais il était déjà capable de gagner une course automobile, Uchiha qu’il était.
Nous avions choisi le parking du centre commercial pour nous entraîner. Grâce à Dieu, il était désert…
J’étais en train de paniquer. Les effets que je sentais-là ne ressemblaient en rien à ceux de mon jeu, à la maison ! N’était-ce pas le but de ces jeux ? Nous préparer à la vraie conduite ? Les menteurs de programmeurs !
J’évitai de justesse un mur et faillis aussitôt en percuter un autre.
A ce stade, je criais comme une malade mentale et m’étais même mise à fermer les yeux ; décision idiote, je le reconnus.
-C’est bon, Hinata, arrête la voiture ! M’ordonna Sasuke, un peu paniqué aussi.
J’appuyai sur la pédale du frein, et la voiture s’arrêta brusquement, Sasuke avait failli se cogner contre la boîte à gants.
J’étais essoufflée, et je tremblais de partout.
Sasuke se tourna vers moi.
-Ça va ?
Je hochai la tête, encore sous le choc.
-Il faut que je sorte ! Répondis-je.
Et c’est-ce que je fis. Je claquai la porte derrière moi, et fis quelque pas, avant de m’accroupir, de mettre mes bras autour de mes jambes et d’enfoncer ma tête dans mes genoux.
Je commençais à désespérer. Cela faisait cinq heures que nous étions là, et je n’arrivais toujours pas à avoir le contrôle de la fichue voiture… Sasuke devait être déçu de moi…
Je l’entendis descendre de la voiture, puis s’asseoir à même le sol à côté de moi.
Il mit sa main sur mon épaule.
-Je suis bonne à rien, hein ! Murmurai-je, en le regardant.
Il secoua la tête.
-Moi, je pense que t’as juste pas confiance en toi. Ecoute, c’est pas comme dans un jeu ! T’as pas besoin d’aller vite ! M’expliqua-t-il pour la troisième fois ce jour-là.
-Oui, je t’ai entendu, mais c’est mon pied ! Il veut pas faire ce que je lui dis !
Me plaignais-je.
Il rit doucement.
-Te moque pas de moi ! Je suis en grande difficulté, là ! Lui lançai-je, moi-même amusée par la situation.
-Ok ok. Si on essayait autre chose alors ? Me proposa-t-il.
Je haussai un sourcil.
-Je crois pas que ce soit une bonne idée. Dis-je avant d’éclater de rire.
Nous étions tous les deux sur le siège conducteur. J’étais sur ses genoux. Et mes pieds étaient sur les siens.
-Depuis quand j’ai de mauvaises idées, moi ? Me demanda-t-il.
-Eh bien, voyons voir. Le jour où tu m’as emmenée en pique-nique au bord de la chute d’eau, et qu’il s’est mis à pleuvoir et qu’on n’avait même pas apporté de parapluie… Oh, il y aussi le jour où tu m’as traînée dans les bois pour une randonnée. On s’est fait piquer par un moustique et on a attrapé le paludisme. Sans parler de la fois où-
-Très bien, j’ai compris. Bougonna-t-il. Mais celle-là, c’en est une bonne, crois-moi.
-Et comment c’est possible, dis-moi ? Demandai-je sceptique.
-Tu vas comprendre ce que le mot « doucement » veut dire, en sentant mes pieds bouger.
Je me remis à rire.
-Hinata, sois sérieuse une minute, tu veux ? Me réprimanda-t-il.
Je me concentrai aussitôt.
-Oui, désolée.
Et étonnamment, cela marchait.
Ce fut ainsi que j’appris à conduire. [/i]
Le cours de philosophie montait peu à peu en rang dans ma liste de mes cinq matières préférées. Et Anko est devenue mon professeur favori. Je devais m’y attendre. Je ne pouvais décemment pas continuer à détester quelqu’un avec pratiquement la même personnalité que Naruto, ils étaient des spécimens trop rares pour qu’on en détestât un seul d’entre eux…
-Hinata ! M’appela Kiba, une fois le cours terminé.
-Oui ?
-Dis, tu peux venir chez moi ce soir ? J’ai un truc à te dire.
Je fronçais les sourcils.
-A propos de quoi ?
-Je t’en parlerai ce soir, d’accord ?
Je soupirai. J’avais prévu de rentrer et me sentir misérable toute seule chez moi, ce soir…
-D’accord.
Je sortis pour retrouver mon coin repas habituel : le gymnase.
Malgré que les trois « camps » ne déjeunaient plus à la même table, – les neutres changeaient souvent de tables— j’étais toujours incapable de rester dans la même pièce que lui sans y être obligée.
J’étais donc en chemin vers le gymnase quand je croisai des élèves de seconde, Konohamaru Sarutobi et son ami Udon. Je me souvins que ce dernier adulait Sasuke à cause de son intelligence hors norme… Ils me saluèrent de la tête avant de continuer leur route.
[i ]J’étais devant la porte de la chambre de Sasuke. Et je ne pouvais pas toquer, trop inquiète qu’il me hurle dessus.
Il était furieux contre moi. Ce jour-là, on lui avait proposé de suivre le programme conçu pour les enfants surdoués, créé par l’université de Konoha. Cela lui aurait permis d’y entrer deux ans plus tard au lieu de trois.
Il avait refusé, et je n’avais pas arrêté de lui en parler durant la journée, essayant de le convaincre d’accepter leur offre. J’avais abordé le sujet une fois de trop, et il s’en était allé, sans dire un mot, le visage fermé.
Je levai la main pour frapper, la tins ainsi pendant quelques secondes avant de la baisser. Frustrée, je tournai le dos à la stupide porte et pris une grande inspiration.
Et je décidai d’avoir une conversation avec le mur en face de moi, pour répéter ce que j’allais lui dire.
-Ecoute, Sasuke. Je sais que tu es en colère contre moi, et je peux très bien vivre avec ça ! J’ai juste besoin que tu m’écoutes, et après je partirai. Triste, dépressive même, mais je partirai. Je marmonnais la dernière phrase.
Je soupirai.
-Je comprends ton point de vue, crois-moi. Tu as peur d’être extraordinaire et de la pression que ça engendre ? Très bien. Mais tu vois, si on te donne cette opportunité, c’est que tu es déjà extraordinaire ! C’est un truc de dingue qui n’arrive qu’une fois dans une vie, tu peux pas dire non sans y avoir bien réfléchi ! Je sais que tu veux pas changer ton quotidien, mais c’est l’évolution et c’est bien ! En tout cas, c’est mieux que d’être banale comme moi, c’est sûr. Dis-je en baissant la tête vers la fin de mon monologue.
Je levai ensuite la tête vers le mur et pris mon air le plus menaçant.
-Alors penses-y avant de gâcher ton avenir. Finis-je.
-Bien ! Maintenant, redis-moi tout ça en face.
Je fis un bond. Et me tournai vers lui, les yeux grands.
Je n’avais pas entendu la porte s’ouvrir.
Il me regardait, comme fatigué.
Je respirai un grand coup, puis le regardai.
-S-Sasuke, écoute !
-En fait, je crois que t’avais dit « Ecoute, Sasuke ».
Se moquait-il de moi ?
Je le fusillai du regard.
-Bon ! Dis-je en jetant mes bras dans l’air. Tu as déjà tout entendu, j’ai rien d’autre à ajouter.
Je me préparai à partir, quand il me rattrapa par la main.
-Attends, ne pars pas. Me dit-il tout bas.
Je me tournai vers lui et essayai de le regarder aussi indifféremment que possible.
-Entre, je dois t’expliquer des trucs. Me demanda-t-il doucement.
Il employait encore ce ton qui me rendait impossible de lui refuser quoi que ce soit.
-Je déteste quand tu fais ça ! Lui dis-je en le frappant doucement sur le torse.
-Je sais, mais t’allais partir, j’avais pas le choix ! Défendit-il.
J’entrai dans sa chambre et m’assis sur son lit.
-Ok, j’t’écoute.
-La seule chose qui me fait peur dans ma vie, c’est l’inconnu. Et laisse-moi te dire que je sais exactement ce qui va suivre si j’accepte d’entrer dans ce programme. Mon père va me mettre plus de pression, en me rappelant sans cesse toutes les prouesses qu’Itachi, le fils parfait, a accomplies, et en me défiant à chaque minute de la journée, ou en me disait que finalement, je ne suis pas assez doué pour ça. Il ne va pas rater une seule occasion de m’humilier, Hinata ! Nos relations sont déjà assez tendues comme ça. Toi plus que quiconque devrais comprendre ça… Murmura-t-il.
-… Donc, tes parents ne sont pas au courant ?
-…Non, ils sont sensés savoir que si j’accepte…
Je ne dis rien.
-Et en plus, si je dis oui, on se verra de moins en moins…
J’écarquillai les yeux.
-… Attends, tu as fait ça… en partie… à cause de moi ?
J’allais me sentir coupable pour le restant de mes jours.
-… C’est pas comme si c’était le seul moyen pour aller à la fac. Je peux y entrer dans trois ans, comme tout le monde. Dit-il en esquivant ma question.
-Oh, et une dernière chose. Lança-t-il en s’asseyant près de moi, nos visages à quelques centimètres l’un de l’autre.
-Quoi ?
-Je ne veux plus t’entendre dire que tu es banale. Parce que y’a personne d’aussi têtue et désintéressée que toi, j’t’assure, j’ai rencontré beaucoup de gens dans ma vie ! Me dit-il en souriant.
Je souris ! Pouvais-je encore tomber plus amoureuse de lui ? Cela m’étonnait.
-Entendu. Murmurai-je en rougissant. Alors, on est plus fâché ?
-… On est plus fâché.
Et il pencha la tête pour m’embrasser. [/i ]
Tous ces souvenirs, ainsi que d’autres, je me les suis repassés des centaines de fois dans ma tête, des mois après notre rupture. Et depuis qu’il était revenu, ils ne cessaient de revenir me hanter.
C’était surtout à cause d’eux que je n’arrivais pas à le haïr. Et je le devais, selon mes amis.
Le problème, c’était que pendant le temps que nous étions ensemble, il n’avait cessé de me pousser vers le haut. Avec lui, j’ai gagné en confiance, et en intelligence également. C’est principalement grâce à lui que je ne suis plus aussi timide, que mes bégayements ne me suivent plus partout où j’allais, et que je suis redevenue l’héritière de l’entreprise de mon père.
[i ]J’entrai en trombe dans le manoir, le visage mouillé de larmes.
-Hinata ! M’appela Itachi. Qu’est-ce qu’il t’est arrivé ?
J’ignorai sa question.
-Où est Sasuke ?
-… Il est avec Naruto. Ils font du skate.
-…
-Tu veux que je l’appelle ?
J’acquiesçai de la tête, trop bouleversée pour parler.
Dix minutes plus tard, Sasuke était rentré. Il me trouva dans le salon.
Il s’approcha de moi, inquiet.
-Hinata, qu’est-ce que-
Je me jetai dans ses bras, sans le laisser finir sa phrase.
Il me serra fort contre lui, attendant que mes sanglots s’arrêtent.
Quand j’eus fini, il reformula sa question.
-Qu’est ce qu’il s’est passé ?
-… Mon père me déteste, Sasuke ! Je sais plus quoi faire pour qu’il m’accepte, ou reconnaisse au moins les efforts que je fais pour mériter d’être sa fille !
La tristesse ainsi que la colère s’affichèrent sur son visage.
J’émis un rire sans joie.
-Je suis passée d’une moyenne de 82/100 à 95/100, et tout ce qu’il trouve à me dire, c’est que c’est loin d’être suffisant. Je sais plus quoi faire !
Je me pris la tête entre les mains.
Il ne dit rien, pendant un moment. Puis, mis son doigt sous mon menton pour me faire relever la tête.
-D’accord, attends là.
Et il partit en direction de leur bibliothèque.
Il revint avec plusieurs livres très épais dans les bras.
-C’est quoi ? Demandai-je, la voix faible.
-On va montrer à ton exigeant de père que tu es plus que capable de diriger sa foutue entreprise, en te faisant obtenir la note maximale en gestion et management anticipés.
J’ouvris grand la bouche.
-Sasuke, je ne pense pas que-
-Mais si, tu en es capable. T’as juste pas assez confiance en toi pour le faire. Et c’est pour ça que je suis là, pour t’aider.
Il me sourit de ce sourire rassurant qui me faisait toujours croire que je pouvais déplacer des montagnes.
On s’assit au milieu du salon, et il ouvrit le premier livre de la pile.
-Commençons avec le management. Lis, et si tu comprends pas, demande-moi.
-… Tu les as déjà tous lus ?
-Mouais… mon père m’avait puni une fois parce que je ne voulais pas aller à l’école. J’étais dans ma phase rebelle, à cette époque .J’ai dû les lire en une semaine…
Cela me tira un faible sourire. Puis, déterminée, j’effaçai mes larmes et me mis au travail. Sasuke était là, alors tout allait bien. [/i ]
Je l’ai finalement eue, la note maximale. Mais Sasuke n’était plus là pour le voir. Et je n’ai pas eu l’occasion de le remercier…
C’était le dernier vrai bon moment que j’ai passé avec lui. Trois mois avant la fin, il se mit à m’éviter sans raison. Il annulait chacun de nos rendez-vous, ne me tenait plus la main en public… C’était à peine s’il me regardait.
Un soir, un mois avant notre rupture, j’étais en route vers ma voiture pour le rejoindre au parc, quand je l’aperçus assis sur un banc du bahut. Il me donnait le dos, mais j’étais sûre que c’était lui. Quand soudain, mon téléphone vibra. C’était lui qui m’envoyait un message me disant qu’il était coincé chez lui et qu’il devait aider son frère pour quelque chose. Et dix secondes plus tard, je vis Sakura s’approcher de lui, puis ils partirent ensemble.
Mais j’avais tellement peur de le perdre que je ne lui en avais pas parlé.
Cela ne servit à rien, je le perdis quand même.
Après le cours d’éducation physique – aussi intense que d’habitude –, Gai-sensei m’informa que la directrice voulait me voir dans son bureau.
J’étais assez nerveuse. C’était la première fois que j’étais convoquée.
Je frappai à la porte.
-Entrez !
C’était alors vrai ce que l’on racontait… Sa voix était aussi terrifiante que le grognement d’un ours…
Je déglutis, et ouvris la porte.
-Bonsoir, Tsunade-sama.
-Hinata. Assieds-toi.
Je m’installai en face de son bureau.
-Bon, je t’ai fait venir parce que j’ai reçu des plaintes à ton encontre.
Je relevai brusquement la tête.
-Je vous demande pardon ?
Qu’avais-je bien pu faire ?
-Tu m’as bien entendu. La commission culturelle s’est plainte de la tension que tu as provoquée en son sein.
Ah. C’était donc cela.
-La commission ou la présidente ? Me risquai-je à demander.
-Cela a-t-il de l’importance ? Le résultat est le même.
Je me mordis les lèvres pour m’empêcher de crier ma colère. Comment Sakura a-t-elle pu me faire ça ?
-…Et quelle est ma sanction ?
-Ton expulsion définitive de la commission.
J’écarquillai les yeux.
-Quoi ?
-Cela ne s’affichera pas sur ton CV. C’est comme si tu n’avais jamais fait partie de ce comité.
- M-mais mon admission à l’université de Konoha dépend en partie de mon appartenance à ce groupe !
-Tu aurais dû y penser plus tôt avant de jouer avec le feu en allant draguer un Uchiha. Me dit-elle calmement.
-…
Comment pouvais-je répondre à cela ? Lui dire la vérité était exclus, personne ne me croirait, de toute façon.
Je ravalai alors ma salive, difficilement, et me ressaisis.
-A-t-on fini ? Demandai-je poliment.
-… Oui, tu peux disposer.
Je hochai la tête et me dirigeais vers ma voiture.
Une fois arrivée au parking, j’aperçus Sasuke près de mon véhicule. Je remarquai qu’il avait un œil au beurre noir.
Je vis rouge.
Je marchai à toute vitesse et ne m’arrêtai pas une fois à sa hauteur.
-Hinata-
-Oh ! Tu me parles, maintenant ? Quelle belle surprise ! Dis-je ironiquement.
-Ecoute-
-Non ! Je ne veux plus rien entendre de toi ! Criai-je.
-…
-Tu viens d’amincir mes chances d’aller à l’université, tu savais, ça ?
-Quoi ?
-On m’a virée de la commission culturelle !
-Et quel rapport ça a avec moi ?
Je roulai des yeux en souriant ironiquement.
-Mais tout a à voir avec toi, Sasuke ! Si t’avais pas chanté cette chanson cette nuit-là, rien de tout ça ne serait arrivé !
Je secouai la tête.
-Tu sais, je comprends que tu ne m’aimes pas. Je t’assure, je comprends. Mais me faire porter le chapeau pour notre rupture-
-Mais c’est toi qui as rompu avec moi, Hinata !
-Uniquement parce que je venais d’apprendre que nous deux, c’était pas du sérieux pour toi !
Il ne put répondre.
-Tu as dépassé les bornes Sasuke ! Et je te félicite, tu as réussi à me rendre furieuse contre toi. Finis-je tout bas.
Nous nous dévisageâmes pendant quelques secondes, avant que je ne détourne les yeux et repris ma route vers ma voiture.
Avant d’y monter, je lui lançai :
-Et je te conseille de rester loin de moi, si tu ne veux pas avoir l’autre œil au beurre noir. J’ai pris des cours d’autodéfense quand t’es parti.
Je démarrai ma voiture et le laissai là.
Ce fut là que je me rappelai de mon rendez-vous avec Kiba… Je soupirai de fatigue. Je voulais juste rentrer chez moi…
Je me garai devant l’adorable maison des Inuzuka. Et aperçut que les voitures de Neji, Shikamaru et Shino étaient également là. Que se passait-il ?
-C’est quoi ça ? Demandai-je, surprise de les voir tous dans le salon. Je commençais à être fatiguée de toutes ces magouilles.
Ils avaient tous les quatre quelques bleus, ici et là sur leurs visages.
-Tout ça doit finir, Hinata. Commença Shikamaru.
-Quoi donc ?
-Bouge-toi les fesses ! S’exclama Kiba. Tu le laisses te bousiller ta réputation sans te battre ! Tu le laisses gagner.
Je ne répondis pas, en colère.
-Il a raison, tu sais ! Intervint Shino.
-… Vous vous êtes battus avec lui ?
Je constatai qu’ils ont eu du mal à le toucher, même à quatre. Sasuke savait se défendre, il était ceinture noire en karaté.
-Quelqu’un doit bien te défendre. Répondit Neji.
Je soupirai, exaspérée.
-Ecoutez. J’apprécie le geste, vraiment. Mais vous ne savez pas ce que c’est ! Je suis lente à la détente. Je viens juste de me rendre compte que j’étais furax contre lui. Il me faut un peu de temps pour digérer tout ça et agir en conséquence… J’ai pas eu l’éducation émotionnelle requise pour démarrer au quart de tour comme vous le faites ! Alors, merci, mais n’essayez pas de me presser, ça n’aide pas ! Arrêtez de vous mêler de tout, je vous en prie !
Je m’apprêtai à partir, lasse.
-Hinata ! Appela Neji.
-Tout le monde n’est pas un génie comme vous ! Lançai-je de la porte que je claquai rageusement.
Je sortis à toute vitesse de la maison, encore furieuse suite aux récents événements.
Je devais rentrer chez moi.