Il est parti et m'a brisé le coeur. Je croyais ne plus jamais le revoir. Et voilà qu'il réapparaît tout d'un coup et met ma vie sens dessus dessous. Quel culot! Pourrai-je lui résister? Je ne sais pas...
SASUKEXHINATA
-Ca fait trois jours maintenant que tu te terres chez toi ! Tu penses pas que ça suffit ? Me demanda Kiba.
Nous étions dans ma chambre, Kiba, Shino et moi. J’étais dans mon lit – il n’était que sept heures du matin, Shino était assis sur une chaise près de moi et Kiba arpentait la pièce comme un lion en cage.
-C’est pas parce qu’il est revenu que tu dois te cacher !
En entendant l’allusion à Sasuke, je me tendis aussitôt.
C’était officiel, à présent. Les frères Uchihas étaient de retour en ville. Et c’était permanent.
Après ma rencontre assez bouleversante avec lui, Shino me ramena chez moi. Et il contacta Kiba, qui me trouva une excuse auprès des invités et surtout d’Ino.
En apprenant la nouvelle, heureusement, celle-ci fut compréhensive.
Je ne m’étais toujours pas remise de cet incident…
-Il y a plein de choses à faire dans cette maison, Kiba ! Je peux jouer du piano, il y a une piscine chauffée, et même une grande bibliothèque. Je ne les ai pas tous lus, tu sais !
-Tu penses berner qui, là, dis-moi ? Me demanda-t-il, de plus en plus en colère.
Mais je ne pliai pas. Il était hors de question que je sorte. Pas maintenant.
En sentant la tension monter, Shino décida d’intervenir.
-Kiba, tu pourrais aller nous chercher un truc à boire s’il te plaît ?
Outré, Kiba poussa un cri qui ressemblait au grognement d’Akamaru.
-Pour qui tu me prends, ta bonne ? Cria-t-il.
-S’il te plaît ! Dit fermement Shino.
En comprenant qu’il souhaitait me parler seul à seul, il quitta la pièce en bougonnant.
Je pris une grande inspiration, me préparant à une leçon de sa part. Mais, à ma grande surprise, il n’en fit rien.
Silencieusement, il quitta sa chaise et se plaça sur le bord de mon lit.
-Comment tu vas, Hinata ?
Je fus surprise de sa question.
Shino n’était pas aussi proche de moi que Kiba ; mais il y avait des moments où j’avais l’impression qu’il était le seul à me comprendre. Cet instant-là en faisait partie. Il était l’une des deux seules personnes auxquelles j’ai dit ce qu’il s’est réellement passé avec Sasuke à la plage. Je savais qu’il était assez calme pour pouvoir encaisser. J’étais consciente de son amitié pour moi, et je devinais qu’il était furieux contre Sasuke, mais contenait sa rage. Il était de ces forces tranquilles sur qui je pouvais me reposer à tout moment, et je l’adorais, en partie pour ça.
La deuxième personne n’était pas Kiba. Il avait tendance à s’emporter facilement et j’ai préféré rester vague quand je lui ai raconté ce qu’il s’était passé.
-Je me sens… Je soupirai, sans pouvoir continuer…
-Ils reviennent définitivement en ville. Me dit-il.
-Oui, je sais, j’ai vu l’interview d’Itachi à la télé, hier.
-Et Sasuke va réintégrer le lycée.
-…Je ne suis pas surprise. Répondis-je.
Et sans dire un mot de plus, il me prit la main. Je ne m’étais pas rendue compte que j’avais serré les poings, jusqu’à ce qu’il me le fasse remarquer…
Shino était très silencieux, comme moi quand je n’étais pas avec Kiba. Et en ces moments-là, je lui en étais grandement reconnaissante.
Après quelques minutes, Kiba revint avec trois verres d’eau, toujours assez boudeur.
Et c’est là que Shino me mit au pied du mur.
-Il faut lui dire, Hinata.
Au départ, je ne comprenais pas ce qu’il faisait, ou plutôt pourquoi il le faisait. L’espace d’un instant, j’étais en colère contre lui, mais ensuite, je devais avouer que maintenant que Sasuke était de retour, Kiba devait savoir.
En prenant alors une grande inspiration – chose que je faisais trop souvent ces temps-ci, je le priai de s’asseoir sur le lit. Il s’exécuta.
-Avant de te dire ce qu’il se passe, promets-moi de ne rien faire de stupide !
-C’est si grave que ça ? Me demanda-t-il sérieusement.
Je hochai la tête.
Il y réfléchit pendant quelques secondes, et finit par promettre.
Et j’entamai mon histoire.
Vers la fin de celle-ci, Kiba était aussi rouge que les tatouages en formes de canines sur ses joues.
Il fulminait et je dus lui prendre la main pour lui rappeler sa promesse pour l’empêcher de détaler vers le manoir des Uchiha et d’essayer d’étriper mon ex.
-Non mais comment il ose ! S’écria-t-il. Le fils de-
-Kiba ! M’exclamai-je avec Shino.
Il essaya de se calmer en respirant profondément. Et au bout d’une minute, me demanda doucement :
-Pourquoi tu m’as pas dit tout ça ? Pourquoi Shino a su et pas moi ? Je voyais qu’il était vexé, et je n’avais d’autre choix que de lui dire la vérité pour qu’il ne m’en veuille pas pour toujours.
-Parce que tu réagis au quart de tour quand on te dit quelque chose. Si je t’avais dit ce qu’il s’est passé à cette époque, tu aurais explosé.
-C’est vrai. Mais c’est justifié ! Tu es ma meilleure amie, Hinata ! Je ne supporte pas qu’on te fasse du mal !
-Et je le sais très bien ! Lui dis-je en serrant ma poigne sur sa main. Et je t’en suis reconnaissante pour ça !
-Alors pourquoi tu m’l’as pas dit ? Cette fois-ci, il était vraiment blessé.
-Parce qu’à cette époque, j’étais complètement détruite. Et je le suis encore, en quelque sorte… Mais il était parti, et je pensais que j’allais plus jamais le revoir. Si je te l’avais dis, tu aurais réagis exactement comme tu réagis maintenant, et ça ne m’aurait pas du tout aidée ! J’étais furieuse contre lui, j’avais le cœur brisé, et je n’avais vraiment pas besoin que tu remues le couteau dans la plaie. J’avais besoin qu’on me soutienne, tu vois ! Pas qu’on soit aussi en colère que moi. Et j’avais peur de ne pas avoir eu la force de te pardonner pour en vouloir à un « fantôme » au lieu de me réconforter. Je suis vraiment désolée de ne pas t’avoir tout dit, mais maintenant, tu sais pourquoi j’ai fait ça.
Il semblait avoir compris, il s’était calmé. Et après quelques instants, il me prit dans ses bras. J’étais reconnaissante qu’il réagisse ainsi.
Shino nous regardait avec un sourire en coin, et je le lui rendis.
-Nous l’empêcherons de t’approcher Hinata. Me dit-il.
Je restai perplexe.
-Vous ne pourrez pas me protéger indéfiniment, vous savez ! Un jour ou l’autre, aucun de vous ne sera avec moi, et j’aurai à l’affronter toute seule !
-T’es prête pour ça ? S’enquit Kiba.
Je baissai la tête.
Je ne pouvais pas lui répondre. Moi-même je ne connaissais pas la réponse.
-Jusqu’à ce que tu le sois, nous, on sera là ! Me rassura Kiba.
Je ne les ai jamais aimés aussi fort qu’à ce moment là.
Ils me laissèrent deux heures plus tard. Kiba ne semblait pas vouloir partir, mais Shino avait deviné que j’avais besoin d’être seule et entraîna Kiba avec lui.
Et c’est ainsi que je me retrouvais toute seule, ruminant dans ma chambre, repensant à tout ce qui venait de se passer.
Plus je méditais là-dessus, plus je réalisais que je n’aurais pas dû être aussi surprise de le voir revenir à Konoha, pas après le drame que son frère et lui ont vécu, six mois plus tôt.
Une nuit, le jet privé des Uchiha transportait toute la famille de Kumo vers Suna. Il n’est jamais arrivé à destination. Le crash se produisit à quelques dizaines de kilomètres de la ville d’Oto. On ne sait pas encore si c’était dû à une erreur technique où à un acte terroriste, l’enquête était toujours en cours. Néanmoins, les parents de Sasuke n’y ont pas survécu. Et les deux frères ont été portés disparus pendant trois jours, à l’issue desquels ils ont été retrouvés par une jeune fille dans la banlieue Est d’Oto, sales et couverts de bleus.
Après cette catastrophe, il n’était pas étonnant qu’ils cherchent à retrouver des repères, et que l’endroit idéal soit leur ville natale.
Itachi , du haut de ses vingt-six ans, avait pris les rênes de la firme familiale, un mois après la tragédie. Et je pouvais constater que son talent faisait très peur à mon père. Je ne l’avais jamais vu autant travailler de ma vie.
Malgré cette conclusion, je ne me sentais toujours pas mieux. Quoi que je puisse dire, si son retour me provoquait autant de trouble, il était évident que j’étais encore amoureuse de lui. Et pas qu’un peu. Le pire, c’est que je savais désormais qu’il ne serait jamais réciproque. Etais-je condamnée à n’aimer que ceux qui ne m’aimaient pas ? Cette question m’emplit de terreur.
Mes pensées furent interrompues par la sonnerie de mon téléphone.
C’était Shikamaru qui m’appelait. Je me dépêchais de répondre.
-Allô ?
-Je suis désolé d’avoir pris autant de temps pour te contacter, mais j’étais à un safari avec Temari et il n’y avait pas de réseau.
Entendre sa voix me fit verser des larmes.
-C’est pas grave ! Tu t’amuses bien ?
Il y eut un silence.
-Je n’appelle pas pour qu’on parle de moi, Hinata. Comment tu vas ?
Shikamaru était la deuxième personne à savoir. Une nuit, lors d’une fête que donnait Ino, je m’étais réfugiée dans une des nombreuses chambres de la maison pour pleurer. Cela faisait trois semaines que Sasuke était parti. La blessure ne cicatrisait pas encore. Et Shikamaru me surprit dans cet état. Il avait deviné ce qu’il n’allait pas, et resta avec moi toute la soirée, sans demander quoi que ce soit. Finalement, je ne tenais plus, et me confiai à lui. Il m’écouta, et me prit dans ses bras quand je finis mon récit et me remis à pleurer.
Ce fut le début de notre amitié. On s’est beaucoup rapproché depuis. Je n’avais plus de secret pour lui, et il se confiait à moi, de temps en temps. Il était très secret, comme garçon.
Quoi qu’il en soit, nous tenions beaucoup l’un à l’autre. Et il s’est trouvé petit à petit une place permanente dans mon cercle de meilleurs amis.
-Je ne sais pas, Shikamaru. Franchement, j’suis perdue.
-J’ai appris qu’il va revenir au lycée.
-Oui, Shino me l’a dit.
-Tu es prête à l’affronter ?
-Je ne sais pas.
Silence.
-Je vais écourter mon séjour et venir te voir dès que j’arrive.
La culpabilité m’envahit.
-Non, je t’en prie. Reste là-bas ! Je sais à quel point c’est dur pour toi de ne pouvoir voir Temari que tous les trois mois ! Je vais pas non plus te priver de ces deux semaines avec elle ! … Ecoute, Kiba et Shino sont avec moi, ça va aller.
Il hésitait quelque peu.
-T’en es sûre ?
-Oui, j’en suis sûre. Le rassurai-je.
Il soupira. –D’accord. On se voit à la rentrée, alors !
-Oui !
-Tu m’appelles si ça ne va pas, hein !
-Oui, promis ! Passe de bonne fête de fin d’année Shika !
-Toi aussi, Hina !
Et je raccrochai.
Il me manquait terriblement, et si j’étais égoïste, j’aurais accepté qu’il revienne sur le champ. Mais je ne pouvais pas m’amener à le séparer de sa copine aussi prématurément. Il avait droit à son bonheur, lui aussi !
Mon téléphone sonna à nouveau. Cette fois-ci, c’était Tenten.
-Allô ?
-Hinata ? Salut !
Je sentais que sa voix était tendue. Et je devinais pourquoi.
-Tenten, tu savais que Sasuke allait venir.
Ce n’était pas une question. Je la connaissais trop bien pour qu’elle arrive à me leurrer.
Elle hésita quelques instants, puis avoua la vérité.
-Oui… oui, je savais.
-Et qui d’autre était au courant ?
-Hinata-
-Qui d’autre, Tenten.
Je me sentais trahie. C’était donc pour ça qu’elle insistait pour que je mette cette robe ! Mais qu’est ce qu’elle s’imaginait ? Que j’allais me jeter dans ses bras une fois que je l’aurais vu ? … D’un autre côté, je ne lui ai rien dit à propos de ma rupture alors…
-Kiba et Naruto savaient.
Je ne dis rien pendant quelques secondes. J’avalais la pilule.
C’était donc pour ça qu’ils étaient si étranges cette nuit-là !
Je respirai profondément – encore.
-Ecoute Tenten, je ne me remettrai pas avec lui. Dis-je fermement, en ignorant la dague que je sentais me venir en plein cœur.
-Et pourquoi ça ? Tu ne lui as même pas laissé s’expliquer-
-Non, Tenten ! Pour une fois, respecte ma décision, s’il te plaît !
Je savais qu’elle était en train de faire sa moue boudeuse d’enfant gâté non satisfait, mais ça ne marchait pas avec moi.
-Très bien. Bougonna-t-elle. Mais tu vas venir à la soirée du réveillon ce soir, non ? S’enquit-elle, reprenant du poil de la bête.
-Sasuke sera là ? J’essayais toujours de ravaler les flots de larmes que son nom provoquait chez moi.
-…Oui. Avoua-t-elle.
-Je ne suis pas prête à le voir, Tenten ! Et dis ça à tous les autres.
Elle grogna de mécontentement.
-Ce sera toujours comme ça alors ? S’il vient, tu viens pas ? Il fait partie de notre groupe, Hinata !
J’avais tellement envie de lui rétorquer « Et il m’a brisée, Tenten ! » Mais je me retins. Alors, je décidai de jouer la carte du compromis.
-Donne-moi du temps. C’est tout ce que je demande.
-Combien de temps ?
-Le temps qu’il me faut ! Répondis-je plutôt sèchement. Je commençais à me lasser de tout cela.
Elle parut résignée.
-D’accord. Bonne année, Hinata. Tenta-t-elle. Elle savait qu’elle avait franchi une ligne.
-Bonne année Tenten. Répondis-je simplement. Et je raccrochai.
Mon réveil sonna. Six heures trente du matin. Je n’ai pas dormi de la nuit, trop anxieuse à propos de ce qu’il allait se passer aujourd’hui pour trouver le sommeil. C’était la rentrée des classes. Finalement, j’étais restée cloîtrée chez moi pour le restant des vacances, n’ayant pas réuni assez de courage pour pouvoir sortir et affronter le monde. C’était la première fois que je ne voyais pas Tenten pendant un laps de temps aussi long. Elle n’était pas venue me voir, sans doute vexée par la manière dont je l’ai traitée… Mais j’avais d’autres préoccupations.
Des cernes ornaient mes yeux, je faisais peur à voir, et je devais trouver un moyen pour être présentable.
C’était à cet instant que je me souvins de la boîte de maquillage qu’Ino m’avait faite envoyer pour mon anniversaire. Je la remerciai intérieurement et me mis au travail.
Une fois bien habillée, je me dirigeai vers la voiture qui nous conduirait, ma sœur et moi, au lycée. Depuis mes seize ans, j’ai reçu une Ferrari, pour justement ne plus « profiter » du chauffeur, mais suite à mon insomnie, je doutais de mes capacités à conduire.
Je décidai de sauter le petit déjeuner, mon estomac était noué. Et je me demandai même si j’arriverais à avaler quoi que ce soit à midi.
Tout cela ne présageait rien de bon pour ma séance de sport l’après-midi.
A huit heures moins quart, la voiture me déposait devant le lycée.
C’était un édifice de style ancien, qui me donnait toujours l’impression de plus être un palais qu’autre chose. Ce lycée était destiné aux enfants de l’aristocratie de Konoha. Les frais de scolarités n’étaient pas donnés, et l’école disposait de tout pour que les élèves ne manquent de rien dans le domaine : grande bibliothèque, laboratoires en tous genres, terrains de sports, piscine, club culturels et autres. Le confort qu’on avait ici atteignait son paroxysme.
Je pénétrais les couloirs en tournant la tête dans toutes les directions pour le voir. Je ne savais plus, à ce stade, si c’était de l’espoir ou de la peur… Probablement un peu des deux. Et le pire, c’est que ni Kiba, ni Shino, ni Shikamaru, ni Neji n’étaient à portée de vue.
Et la sonnerie retentit.
Je me hâtai vers la salle de classe. J’avais cours de mathématiques en première heure, et aucun de mes camarades n’était avec moi.
A mon arrivée, toutes les places étaient prises, sauf celle au fond de la classe, près du mur.
Je me figeai en voyant qui était mon voisin de table… Je ne pouvais pas plus mal tomber.
Il m’avait vu entrer, et me dévisageait de son regard impénétrable.
Je déglutis difficilement, mes genoux tremblaient, mais je n’avais pas d’autre choix que de m’asseoir à côté de lui.
-Bonjour. Me dit-il.
Mon cœur en fit un bond. Son ton n’était ni condescendant, ni haineux. Juste neutre.
-B-bonjour. Répondis-je d’une toute petite voix. Stupide bégaiement !
Je m’assis maladroitement, et Iruka-sensei, le professeur fit son entrée.
J’eus beaucoup de mal à me concentrer. Oubliez ça. Je n’étais pas du tout concentrée ! Son odeur – qui n’a pas changé, soit dit en passant, me faisait toujours le même effet.
-Concentre-toi, Hinata. Me dit-il, tout bas pour que personne d’autre ne l’entende.
Et la seule chose que je pus retenir, c’était qu’à quel point le son de sa voix prononçant mon nom m’avait manqué.
Arrête, HInata ! Il ne t’aime pas, tous ces mois passés ensemble ne signifient rien pour lui .Me dit une voix intérieure.
En me rappelant ce petit détail, les larmes me montèrent aux yeux ! J’étais en colère contre moi-même de réagir encore ainsi alors qu’il ne voulait plus de moi… qu’il n’avait jamais voulu de moi.
Ce fut les deux plus longues heures de toute ma vie. Je n’avais rien suivi du cours, heureusement que l’on ne ma posé aucune question, et ma gorge me faisait très mal à force de contenir mes sanglots.
J’accueillis la sonnerie comme une bénédiction, et détalai le plus possible. Comment était-ce possible d’aimer une personne qui vous a fait tellement de mal, à en perdre la raison ?
J’avais besoin d’air, je suis sortie dans la cour. En franchissant la porte, j’aperçus Kiba. Il se dirigeait vers le prochain cours avec Ino à ses bras.
Sans réfléchir, je courus vers lui et me jetai dans ses bras, en éclatant en sanglots.
Ino haleta de surprise. Mais je n’arrivais pas à m’en soucier.
Doucement, les bras de Kiba se resserrèrent autour de moi, et je l’entendis murmurer à Ino de partir devant.
Nous restâmes là, pendant un moment sans dire quoi que ce soit.
Une fois que je me suis calmée, je me défis de son étreinte, et le regardai dans les yeux, forçant un petit sourire. Il me le rendit, forcé également.
-Allez viens, on va être en retard. Dit-il doucement. Je ne regrettai pas de lui avoir dit ce qu’il se passait.
Nous avions cours de philosophie. Et heureusement, Kiba et Shino étaient avec moi. En entrant dans la salle, je vis que Shino nous avait gardé des places, près de la fenêtre, et je me sentis comme un assoiffé dans le désert, apercevant un oasis.
Je m’assis à côté de lui, tandis que Kiba se mit devant, près d’Ino. Je l’aperçus jeter un regard furieux à Sasuke, qui était assis de l’autre côté de la classe. Moi, je n’osai le regarder ! Son regard vide me faisait trop mal. Il me faisait trop mal.
-Tu vas bien Hina ? Me demanda doucement Ino, l’air inquiet. Elle fixait une zone en-dessous de mes yeux.
C’est là que je me rendis compte de la bêtise que j’avais faite en pleurant. Le fond de teint avait coulé…
-Oui ! Mentis-je, je suis juste un peu fatiguée.
Elle ne paraissait pas convaincue, mais n’eut pas le temps de rétorquer. Anko-sensei, le prof de philo entra.
-Bonjours mes chers élèves ! Cria-t-elle. J’espère que vous vous êtes bien amusé en vacances. Parce qu’à partir de maintenant, CA VA ETRE UNE VRAIE TUERIE !!!!
J’entendis plusieurs râlements, mais moi, je lui étais reconnaissante, pour une fois, d’être aussi bruyante.
J’avais du mal à la supporter, auparavant. Sa personnalité exubérante, ainsi que ses explications aussi longues que compliquées me posaient toujours problème. Mais aujourd’hui grâce à ma dépression, les charabias qui requéraient toute mon attention, m’apparaissaient clairs comme de l’eau de roche. Et je fus extrêmement contente de l’avoir comme professeur. Je chérissais déjà les deux heures à venir.
A la fin des cours, Shino me retint.
-Tu as dormi hier ?
Pourquoi lisait-il en moi comme dans un livre ouvert ?
-Non, avouai-je.
-Et tu n’as pas mangé non plus, ce matin, je suppose.
Ces dons de télépathies commençaient sérieusement à m’effrayer.
-Non…
-Et comment penses-tu passer le cours de sport tout à l’heure ?
Il était vraiment inquiet pour moi…
-Je trouverai une solution. J’suis pas si fatiguée que ça, tu sais !
Il me dévisagea derrière ses lunettes.
-Dès que tu te sens mal, tu me le dis, compris ? Ca n’a tué personne de rater une séance d’EPS.
-Promis.
En levant la tête, je vis Kiba et Sasuke se défier du regard ! Je n’ai jamais vu le regard de Kiba aussi froid et haineux. J’avais peur, l’espace d’un instant. Mais ils se détournèrent l’un de l’autre bien assez tôt. Je respirai à nouveau…
En me rendant à la cafétéria, je fus interpellée par Sakura Haruno.
-Réunion de la commission culturelle cet après-m’, à seize heures. Me dit-elle froidement. Sois pas en retard.
Sur ce, elle s’en alla.
Cette fille me détestait. Et je ne l’appréciais guère non plus. Mais nous appartenions au même groupe d’amis et à la même commission culturelle, alors nous étions forcées de nous supporter.
Il fut un temps où nous étions très proches. A l’âge de onze ans. Mais la jalousie me rattrapa bien vite, quand je réalisai que Naruto n’avait d’yeux que pour elle. Et qui l’en blâmerai ? Sakura était très jolie. Ses cheveux roses qui détonaient avec ses yeux vers attiraient inévitablement le regard. Et son beau visage ainsi que ses formes généreuses s’ajoutaient à son charme. Couronnez cela d’une intelligence hors du commun, et vous auriez la femme parfaite ! Comment pouvais-je rivaliser ? Vous ne trouveriez pas plus banale que moi… A bien y réfléchir, ce n’était pas du tout étonnant que Sasuke ait dit à ses parents qu’il était avec elle au lieu d’avec moi…
Je secouai vivement la tête, refusant de succomber aux larmes…
Quand je me suis mise avec Sasuke, son « grand amour », elle commençait à me haïr…
Arrêtant mes pensées lugubres, je me rendis à la cafétéria. En entrant, je ne vis que lui, comme par hasard. Il était assis avec Kiba et les autres. Et toute force m’a ainsi abandonnée.
Comme la dernière fois, je fuis. Je courus vers le dernier étage du bâtiment 2-Ouest, adjacent à celui qui abritait la cafétéria. La pièce était réservée aux enseignants, mais étant une privilégiée grâce à la fortune de mon père, j’avais le droit d’y aller. En temps normal, j’aurais détesté cette discrimination. Mais je ne vivais pas dans un temps normal.
J’étais à bout de souffle en entrant dans la pièce. Heureusement, elle était vide.
C’était une grande salle aux baies vitrées qui donnaient une vue stratégique sur tout le lycée, outre le panorama splendide qu’elle offrait. Mais je n’avais pas le cœur à admirer tout cela, je m’affalai sur un des nombreux canapés et me pris le visage entre mes mains.
Je n’entendis pas la porte qui s’ouvrit.
-Tu penses me fuir pendant combien de temps ?
Je sursautai, pour me retrouver face à face avec celui qui hantait mon esprit.
-Qu’est-ce que tu fais là ? Demandai-je tout bas.
-Tu me parles enfin, remarqua-t-il. Je commençais à penser que tu étais devenue muette.
-S-sasuke, qu’est-ce que tu fais là ? Répétai-je, maudissant mon bégaiement.
Ses traits parurent s’adoucir quand je prononçais son prénom, mais je décidai que la fatigue me faisait avoir des hallucinations.
Il s’assit à côté de moi, et je dus user de toute la force qu’il me restait pour ne pas fuir à nouveau.
-J’t’ai vue sortir de la cafétéria et j’t’ai suivie. Me répondit-il, comme si c’était normal.
-Tu m’as vue ?
Cela m’étonnait un peu.
-J’ai une vision particulièrement bonne, tu te rappelles ?
-La mienne est meilleure. Ne pus-je m’empêcher de répondre, avec défiance.
Il eut un sourire en coin, et mon cœur rata un battement.
-Tu n’as pas changé. Me dit-il.
Je ne pus répondre… Et je me rendis compte que je commençais à trop agir comme si tout allait bien…
-Je dois y aller. Lui dis-je brusquement.
-Tu n’as même pas encore mangé.
Serait-ce de l’inquiétude que je décelais dans sa voix ? Impossible.
-Je mangerai plus tard.
-Hinata-
-Tu ne peux pas débarquer comme ça et t’attendre à ce que je sois tout miel avec toi, S-sasuke ! Le coupai-je doucement. Je ne peux pas faire ça.
Il ne répondit pas, et je m’en allais, me remettant à courir.
Cette fois-ci, je trouvai refuge dans le gymnase de l’école, à l’autre bout du domaine. J’étais cachée sous les escaliers, mangeant mon déjeuner, forçant la barrière de ma gorge serrée.
Lui parler m’avait fait tellement de bien ! J’étais à deux doigts de lui pardonner ce qu’il m’avait fait et à lui demander de me reprendre. Heureusement, la raison reprit le dessus.
Je me haïssais d’être aussi faible, et ne pouvais m’empêcher de pleurer à nouveau.
Soudain, j’entendis des pas venant dans ma direction, et priai pour que ce ne soit pas lui. Et c’était Shikamaru, à mon grand soulagement.
-Tu comptes te cacher là encore longtemps ? Me demanda-t-il.
J’effaçai vite fait mon visage pour le regarder. Shikamaru me donnait toujours l’envie de me battre et d’être forte.
-Tu as des cernes sous les yeux. Dit-il en s’asseyant près de moi.
-J’ai pas réussi à dormir hier soir…
Il siffla d’agacement.
-Ne le laisse pas t’atteindre si facilement, Hina.
-Je fais tout ce que je peux, tu sais ! Marmonnai-je.
-Je sais. Mais essaye encore.
Je ne pus me fâcher conter lui. Il avait raison, comme toujours.
-Tiens. Il me tendit une plaquette de pilules. Ce sont des pilules énergisantes, j’avais plus ou moins deviné que tu serais dans cet état aujourd’hui. M’expliqua-t-il.
-… Merci.
J’en pris deux.
-Et je te remplacerai pour la réunion de la commission de ce soir, si tu veux. Rentre te reposer, tu ressemble à une mort-vivante.
Je souris légèrement, et hochai la tête.
-Merci encore, Shika. Dis-je en reposant ma tête sur ses épaules.
Je m’écroulai littéralement sur mon lit. Je n’avais jamais été aussi contente d’être chez moi.
Le cours de sport était terrible. Gaï-sensei, le seul professeur pire qu’Anko-sensei, nous avait fait faire dix tours de pistes, des pompes, des flexions et des abdominaux pendant deux heures non-stop. J’avais failli m’évanouir vers la fin. Et je tenais uniquement grâce aux pilules énergisantes.
A mon grand soulagement, Sasuke n’était pas dans le même cours. Un ascenseur émotionnel m’aurait sûrement été fatal.
Shino m’avait ramenée chez moi.
Ce fut ainsi que je terminai à plat ventre sur mon lit, trop fatiguée pour me mettre sous les couvertures, m’endormant en me souvenant d’un moment passé avec lui.
J’essayai tant bien que mal de contenir mon rire.
-Sasuke, arrête de faire la tête ! Naruto ne pensait sûrement pas à mal.
-Je sais. Seul un idiot pourrait faire une chose pareille… N’empêche, ça m’énerve. Bougonna-t-il dans sa barbe.
Nous étions dans ma chambre, étendus sur mon lit, ma tête sur sa poitrine, son bras autour de ma taille.
A sa réponse, je ne pus que rire.
-Et ça t’amuse ? S’indigna-t-il.
-Avoue que c’est quand même drôle ! Rétorquai-je, pas plus inquiète que ça face à sa colère.
-Mon meilleur ami a offert à ma petite amie une chemise de nuit ! Pourquoi ça serait drôle ?
-C’est drôle parce que tu es jaloux. Le taquinai-je.
-Même pas ! Fit-il en détournant la tête. Je pus quand même voir ses joues roses.
-Mais si !
-Même pas !
-Mais si !
Et soudain, il me poussa sur le dos, se mis au-dessus de moi et me dévisagea. Ma respiration s’arrêta net. Et, sans préavis, il me chatouilla, le sournois .
Je criai et riait en même temps, le suppliant de cesser la torture. Au bout d’une minute, il eut enfin pitié et cessa tout.
Il m’embrassa sur la joue et me murmura à l’oreille avec sa voix si délicieusement grave :
-Promets-moi de ne jamais mettre ce machin.
Je ne pus que hocher ma tête en signe d’acquiescement.