Fiction: Un prisonnier oublié

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Il n’y avait pas eu un jour sans qu’Akujo ne songe au problème Naruto Uzumaki.

Elle n’avait pas su comment débuter ses recherches au début. Elle avait donc réfléchi à l’ensemble des possibilités qui s’offraient à elle, désireuse de s’aventurer sur toutes les pistes envisageables et de n’écarter aucune option. Elle avait parlé avec sa demi-sœur, Mayu Uchiwa, des mystères qui entouraient la personne de l’hôte du Kyuubi, mais cette dernière s’était vue beaucoup moins passionnée qu’elle sur le sujet. Quand elle lui avait raconté la réaction de leur père, elle avait même refusé d’en entendre à nouveau parler, ne désirant pas s’impliquer dans les plans tordus qui cogitaient à l’intérieur de l’esprit de la Princesse de Sang. Elle lui avait finalement conseillé d’abandonner ses réflexions sur cet ennemi inconnu, donc forcément pitoyable, mais n’avait su la convaincre.

Un soir, elle en avait également discuté très brièvement avec Itachi, le plus âgé des garçons Uchiwa. Le jeune homme n’avait pas vraiment réagi, semblant peu intéressé également, et l’avait abandonné sur place après une remarque énigmatique…

« Ne joue pas avec le feu, Akujo… » avait-il dit mystérieusement, croisant de son œil gauche le regard de son ainé, l’autre étant dissimulé derrière une de ses mèches sombres.



Akujo n’arrivait pas à s’enlever de la tête le nom du jinchuriki oublié. Elle le tournait et le retournait dans tous les sens, comme si une fois qu’elle aurait trouvé la solution, elle serait enfin pleine et satisfaite. Jamais une question ne l’avait taraudée à ce point. D’ailleurs, jamais une question n’était restée à ce point sans réponse.

Elle avait en premier lieu tenu à voyager jusqu’aux territoires des autres Seigneurs de Guerre. Elle avait donc entrepris une ballade de routine, comme elle l’avait si bien décrit à son père, puis était partie rejoindre les Terres Mouillées, et plus précisément la capitale où avait été construit le palais du Seigneur de Guerre Madara Uchiwa.



La rencontre avait été brève et inutile, comme elle l’avait d’ailleurs escompté. Madara avait refusé toute discussion sur le sujet, comme son père, mais n’avait pour sa part pas laissé transparaitre la moindre émotion à l’entente du nom perdu. Néanmoins, elle avait deviné que le maître des Terres Mouillées gardait secret de nombreuses informations à ce sujet.

Le doyen des Seigneurs de Guerre l’avait ensuite congédié avec toute la délicatesse qu’il pouvait montrer, et l’avait laissé libre de vaquer sur son territoire comme bon lui semblait.



Akujo n’appréciait pas particulièrement Madara, mais elle devait avouer que son indifférence ennuyante avait du bon parfois. Le vieil Uchiwa se fichait de ce qu’elle faisait tant qu’elle le laissait tranquille, et n’avait donc vu aucun problème à ce qu’elle consulte sa bibliothèque personnelle.

En quelques semaines, elle avait pu trouver quelques écrits qui abordaient depuis une autre approche le sujet qui l’intéressait. Rien qui ne parlait directement de Naruto Uzumaki bien sûr, mais elle avait tout de même trouvé certaines informations utiles.

Apparemment, Madara avait autrefois eu un rival, un certain Hashirama Senju qui avait été le premier Hokage du Pays du Feu. Outre les passages purement politiques sur la création de Konoha, elle avait tout de suite repéré un point qui avait accaparé son attention au plus haut degré. Sa femme, descendante d’un clan célèbre à l’époque, avait été une certaine Mito Uzumaki, originaire du Pays des Tourbillons qui avait été rayé de la carte. Si l’information avait apporté un véritable bond d’adrénaline à la jeune femme, elle avait cependant rapidement déchanté.

Le clan Uzumaki avait été exterminé durant les Grandes Guerres qui avaient précédé l’ère de la Paix Éternelle, et il n’en restait donc aucun survivant aux dernières nouvelles. Elle n’avait donc pas la moindre chance si elle devait commencer par là.

Puis, elle avait trouvé d’autres informations encore plus intéressantes qui soulignaient l’apparition de Kyuubi dans le village de Konoha en fouinant dans la suite du dossier. Apparemment, le monstre avait rapidement été maitrisé avant d’être scellé en Naruto Uzumaki par le Hokage de cette époque, Minato Namikaze. Cependant, là encore, elle n’avait pu trouver d’autres pistes, si ce n’était l’année de naissance de l’hôte du Kyuubi. S’il n’avait pas été sacrifié pour le Juubi, il aurait dû avoir approximativement l’âge de son père.



Peut-être son père l’avait-il connu personnellement… bien que rien d’autre que leurs âges proches ne le suggérait, ainsi que le fait qu’ils aient vécu leur enfance au même endroit. Elle savait que son père avait brillé durant ses études au Pays du Feu. Itachi avait éliminé les traîtres qui avaient voulu ternir l’honneur des Uchiwa en obéissant à l’autorité du clan Senju et de ses alliés, et avait laissé pour seul survivant son petit frère. Ce dernier avait poursuivi son parcours dans les écoles shinobis de Konoha, puis avait déserté la feuille au tout début de son adolescence, en quête de la force et de la liberté que lui interdisait son village.

Elle avait tenté de fouiller un peu plus encore, particulièrement dans tout se qui se rattachait à Konoha, mais elle n’avait rien pu trouver qui se rapportait à Naruto Uzumaki. Il avait été un étudiant à Konoha, mais il n’était même pas précisé s’il y avait été ninja.

Au fond, peut-être que sa sœur avait raison. Peut-être que Naruto Uzumaki n’avait été qu’un être à l’existence pitoyable qui ne méritait même pas d’être connu dans l’Histoire.



Il y avait également eu un fait étrange durant son séjour sur les Terres Mouillées. Madara Uchiwa, qui d’ordinaire ne quittait jamais sa demeure, avait disparu pendant près de deux jours entiers pour revenir comme si de rien n’était. Personne n’avait trouvé cela anormal que le doyen des Seigneurs de Guerre abandonne son palais sans prévenir quelqu’un, mais apparemment, cela se répétait chaque année d’après ce qu’avait pu entendre la Princesse de Sang. De toutes manières, elle savait qu’elle n’obtiendrait rien du vieil homme si elle lui demandait. Et si ce dernier ne voulait pas faire savoir où il était allé, il n’y avait aucune chance pour qu’elle puisse le découvrir.











Une semaine déjà que l’homme attendait sans bouger. Il secoua la tête.

Non, bien plus en fait. Près de vingt années qu’il patientait. Vingt longues années pour échafauder et préparer un plan, restant dans l’ombre à attendre son heure. Vingt années durant lesquelles l’illusion du Mugen Tsukuyomi avait asservi le monde, procurant à chaque instant un peu plus de pouvoir aux Seigneurs de Guerre.

Vingt années… plus de la moitié de sa vie.



Immobile, le ninja observait les Geôles des Tréfonds depuis le ciel, porté par ce qui semblait être un nuage de sable. Madara avait quitté l’île sans le remarquer… sans remarquer l’œil qui le suivait.

Il ne comptait plus le nombre de fois où il était venu ici ces dernières années, retenant l’envie irrépressible qui lui dictait de détruire l’île dans son intégralité. Il avait observé le doyen des Seigneurs de Guerre tellement de fois dans l’ombre, le suivant sans que ce dernier ne le remarque…

Après tout, pourquoi ferait-il attention ? N’avait-il pas le monde entier à ses pieds, parfaitement fidèle à lui ?



Le nuage de sable descendit pour atteindre le niveau du sol sans pour autant disparaitre, le faisant léviter à quelques centimètres au-dessus des roches grises, seules occupantes de l’île macabre. La raison était simple.

La moitié inférieure de son corps était inexistante. Ses deux jambes s’arrêtaient au niveau du haut de ses cuisses et un short noir assez court dissimulait les moignons sous ses plis. Son regard émeraude était froid comme la glace, impassible, mais tout sur son visage reflétait un fragile espoir.

Quelques rides ornaient ses traits, preuve que l’homme allait dans la quarantaine. Ses cheveux roux étaient longs et désordonnés, cascadant jusqu’au milieu de son dos dans une confusion totale. Comme si l’homme n’avait que faire de son apparence, uniquement focalisé sur ses pensées. Sur son front, le tatouage amour était gravé à l’encre écarlate.



Le nuage de sable le fit léviter jusqu’à l’apporter devant la porte de garde, seule entrée de la prison destinée à un seul et unique détenu. Il fit jaillir un parchemin et l’enroula autour de sa main droite. Un chakra qui n’était pas le sien filtra au travers du sceau, puis il le manipula de sorte à reproduire parfaitement les mouvements et les flux qu’il avait vu faire à maintes et maintes reprises.

Après quelques minutes, la porte s’ouvrit pour le laisser entrer. Une fois à l’intérieur, cette dernière se referma d’elle-même et disparut, semblant se fondre dans le mur.



Le deuxième obstacle était plus dur que le premier, puisqu’il s’agissait d’une énigme pour savoir où se situait la porte qui le mènerait à celui qu’il cherchait. En effet, la pièce où était prisonnier le détenu des Geôles des Tréfonds était mobile dans le temps et son entrée ne pouvait être trouvée par une simple observation. Néanmoins, le shinobi savait où chercher.

Voilà plus de dix ans déjà qu’il espionnait Madara, et il l’avait observé sans interruption grâce à son troisième œil pour pouvoir deviner où se situait la porte dérobée.

Elle bougeait en fait au même rythme que les phases de la lune. Tout droit quand elle était pleine, sur le mur gauche quand elle était dans son premier quartier, sur le mur droit quand elle était dans son dernier quartier.

Une des raisons pour laquelle il avait dû attendre quelques jours avant de venir, la porte ne pouvant être ouverte que durant quatre phases particulières de la lune.

Aujourd’hui, c’était la nouvelle lune…

Silencieux, le ninja fit pivoter le nuage de sable qui le transportait et retourna sur ses propres pas, à l’endroit même où il venait d’entrer et où désormais, seul se tenait un mur de pierre.

Il tendit sa main toujours ornée du parchemin et une porte apparut devant lui avant de s’ouvrir sur un couloir que seule l’obscurité habitait. Sans hésitation, il pénétra à l’intérieur, laissant l’entrée se refermer derrière lui.

Jusque là, tout allait bien.



L’homme aux cheveux roux avança à un rythme lent dans l’obscurité, faisant léviter son nuage de sable dans la direction qu’il voulait. Après quelques couloirs, il arriva devant une porte où trois trous se présentaient. Il déglutit. La phase la plus délicate arrivait…

D’une main, il ouvrit sa veste et saisit de l’autre un bocal où reposait un œil plongé dans du formol. La pupille du Mangekyou Sharingan brillait d’une faible lumière à l’intérieur du récipient.

Il approcha le pot et le présenta devant la première ouverture. À son grand soulagement, la porte réagit et une lumière jaune éclaira le couloir où il se trouvait.

Puis, il posa sa main toujours enveloppée du sceau dans la deuxième ouverture, qui réagit elle aussi dans un bref éclat. Finalement, il invoqua depuis un parchemin une minuscule boule de feu incandescente à la couleur bleue claire.



Sous son regard adouci, la porte s’ouvrit pour le laisser entrer dans une salle plongée dans l’obscurité.

L’homme leva les yeux sur l’être qui reposait nu et endormi à l’intérieur du bloc de glace, tenu prisonnier par des chaînes et enveloppé de multiples sceaux. Une larme silencieuse roula le long de sa joue à sa vue. Son esprit encore focalisé sur ce qu’il devait faire, il essuya d’un revers de la main la perle salée et laissa le sable le déposer au sol.

Maintenant, il allait devoir improviser…

Son sable jaillit pour plonger la pièce sous une mer arénacée. Instantanément, la silhouette de l’homme fut engloutie par l’océan de poussière, ce dernier conservant son regard implacable.











Kakashi observait d’un regard neutre la pièce où il était. Son seul œil visible ne reflétait qu’ennuie et paresse, l’autre partie de son visage restant dissimulée derrière le masque noir qui lui couvrait la peau. Les rides avaient gagné ses traits, mais il gardait la forme et son physique était encore svelte et musclé. Ses cheveux blancs n’étaient désormais plus un simple effet de style, ayant poussés de quelques centimètres à peine depuis le succès du plan de l’Œil de Lune. Dans la poche de sa veste de jônin, toujours la même, reposait l’un des derniers exemplaires des Icha Icha Tactics, les pages jaunies et la couverture usée par le temps.

Le Ninja Copieur n’était plus que l’ombre de lui-même, forcé de servir Obito Uchiwa contre son gré depuis vingt ans. Son Sharingan lui avait été retiré et désormais, un œil de verre remplaçait son globe oculaire. À la surprise des Seigneurs de Guerre, il n’avait pas été victime du Genjutsu et avait conservé son indépendance, cela étant probablement dû à sa familiarisation avec la pupille du clan de l’éventail. Après une brève tentative de révolte qui s’était soldée par un cuisant échec, il avait rendu les armes et avait servi son ancien coéquipier.



Comme il l’avait rêvé, Obito Uchiwa avait pu faire revivre le corps de Rin grâce au Rinnegan du Juubi, puis avait fait d’elle sa femme sous l’illusion. Kakashi avait bien remarqué que le Seigneur de Guerre éprouvait un véritable amour pour sa coéquipière, qu’elle lui rendait un peu plus chaque jour passé sous le Genjutsu. Tenant le rôle de garde du corps pour le héros de l’Œil de Lune, l’accompagnant dans tous ses déplacements, il devait avouer qu’Obito n’avait pas eu la carrure d’un dictateur pour lui.

Bien sûr, il devait obéir au moindre de ses ordres, mais ces derniers se révélaient rares. Rin, bien qu’envoutée, avait gardé son caractère indulgent et bienveillant, adoucissant l’humeur de son époux.



Le Ninja Copieur savait également que le Royaume des Terres Supérieures que dirigeait Obito était le plus prospère de tous. Son territoire s’étendait du Pays de la Foudre jusqu’au Pays des Rizières, englobant le Pays de la Cascade et celui de la Neige, et comprenait également la moitié supérieure du Pays du Feu. Son économie était florissante et son commerce rayonnant. Les gens y avaient également gardé une certaine forme d’autonomie, libres de choisir leurs femmes ou d’avoir des enfants, alors qu’il savait que ces deux points étaient contrôlés dans les autres Royaumes.

Le Seigneur de Guerre avait soigné son visage et effacé les cicatrices qui le marquaient après sa victoire vingt ans plus tôt. Son apparence était celle d’un véritable héritier du clan de l’éventail, les cheveux coupés courts et l’allure resplendissante. Bien que dépassant la cinquantaine, l’Uchiwa avait gardé une touche de jeunesse dans ses traits.



Parfois, Kakashi pensait que la situation était peut-être mieux ainsi. Rin était heureuse et en vie. Les gens n’avaient plus peur des guerres ou des menaces qui pouvaient survenir, éradiquées avant même de naître par les Seigneurs de Guerre.

Pourtant, son ancienne vie lui manquait. Il regrettait le temps où il pouvait aller librement à travers le continent, où il n’était pas obligé d’arriver toujours à l’heure sans en craindre les conséquences. Il regrettait le temps où il pouvait approvisionner chaque mois sa collection des Icha Icha Tactics. Ici, il n’avait plus besoin de réfléchir, entrainé dans un rythme morne et quotidien.

Il soupira légèrement sous l’œil d’Obito qui, plus loin, l’observait en sirotant un verre d’alcool fort.



Rin vint rejoindre le Seigneur de Guerre et encercla de ses bras minces le dos du maître des Terres Supérieures. Remarquant Kakashi un peu plus bas, elle lui adressa un tendre sourire et disparut, entrainant Obito dans une autre pièce.



Le Ninja Copieur n’avait pas bronché. Dans un geste lent, il saisit le livre dans sa poche et commença à lire la première page. Il n’avait même pas besoin de poser les yeux sur les mots pour pouvoir poursuivre sa lecture, récitant presque par cœur chaque ligne qu’il avait ressassée un nombre incalculable de fois.



Il sursauta presque sur place en voyant jaillir Obito de sa chambre avec une telle précipitation qu’il en avait oublié de mettre une chemise. Dans son regard où brillait le Mangekyou Sharingan, Kakashi y décela la couleur de la peur mêlée à de l’appréhension et… une émotion indéfinissable qu’il ne lui connaissait pas.











Itachi et Izuna Uchiwa s’affrontaient dans un combat en un contre un dans la cour du palais de leur père, Sasuke Uchiwa. Izuna avait déjà dévoilé son Mangekyou Sharingan et l’armure de Susanoo l’entourait, la technique faisant apparaître pour le jeune héritier le buste d’un être humain à la large cage thoracique. Devant lui, Itachi esquivait quelques attaques rapides de son adversaire et répondait par un feu aussi noir que la nuit, les flammes d’Amaterasu qui naissaient sous son propre Mangekyou Sharingan dévorant à grande vitesse la protection de son demi-frère. Contrairement à son opposant, seul son œil gauche était visible, l’autre restant dissimulé sous une mèche de ses cheveux.



Assise sur un banc légèrement à l’écart, un énorme ours en peluche entre les bras, Mayu Uchiwa observait distraitement ses deux demi-frères livrer bataille. Sa chevelure noire descendait au niveau de ses épaules à l’exception de deux mèches qui cascadaient jusqu’au milieu de son dos. Son visage encore un peu rondouillard était négligemment posé sur la tête de son teddy-bear et ses yeux émettaient un faible éclat sombre, recouverts par une couche d’un blanc translucide.



Parmi ses demi-frères, Itachi était son favori et son préféré. Pas qu’elle n’aimait pas Izuna, mais Itachi avait toujours eu quelque chose en plus. Elle avait plus de facilité à lui parler. Elle se sentait bien en sa présence. Et il avait simplement beaucoup plus de classe qu’Izuna.

Son visage était bien sûr d’une beauté rare, mais une chaleur réconfortante brillait également au fond de son regard, et il était bien le seul dans le clan de l’éventail à dégager ce sentiment. Peut-être était-ce pour cela qu’il avait toujours été le préféré de leur père.

Là où la chevelure d’Izuna était d’un noir uni, coupée court, deux mèches d’un rose foncé au milieu de ses cheveux sombres donnaient une allure à part à Itachi. La coiffure naturelle aux deux couleurs de l’ainé lui accordait également un air plus abordable, plus relaxant.



-Katon, Ryuuka no jutsu ! [Élément de Feu, le souffle du dragon], Annonça Izuna en expectorant une très large flamme orange à travers les brèches de son Susanoo, affaibli par le feu noir.



L’attaque engloba la totalité de la surface de combat, son champ d’action s’étalant sur plusieurs dizaines de mètres. Une partie fut annihilée par les flammes noires, mais la déflagration continua de se propager en ligne droite.

D’un geste, Itachi s’enfonça sous terre avec une technique Dôton pour esquiver, laissant le feu le dépasser.

Mayu observa d’un regard morne l’attaque Katon qui fusait dans sa direction. Elle se leva lentement sans pour autant lâcher son teddy-bear et commença une rotation sur elle-même.



-Kaiten ! Articula-t-elle simplement d’une voix désabusée, ennuyée.



Un tourbillon de chakra l’entoura et rejeta les flammes autour d’elle. Elle stoppa sa rotation après quelques secondes et se replaça tranquillement sur la seule partie du banc derrière elle qui avait été épargnée par les flammes. Plus loin, Itachi venait de jaillir de sous terre pour commencer un duel en Taijutsu avec son jeune demi-frère.

Elle soupira, reprenant son regard lassé.

D’après son père, personne encore n’avait déjà concilié les gênes Hyuuga et Uchiwa ensemble, et il avait trouvé bon d’essayer. Il avait même avoué avoir été fier du résultat, mais que cela n’était pas une raison pour que sa fille se relâche.

Mayu reposa la tête sur son ours en peluche et commença distraitement à faire glisser ses doigts dans la fourrure synthétique.



De toute manière, tous les gênes étaient insignifiants face à ceux des Uchiwa, et ceux des Hyuuga ne faisaient pas exception. Mayu n’avait jamais connu sa mère et n’avait jamais eu envie de la rencontrer. Elle ne pouvait ressentir que de la pitié pour ceux qui n’étaient pas pourvus comme elle du Sharingan, et sa mère n’échappait pas à la règle.

Le clan de l’éventail dominait le monde et personne ne pouvait s’opposer à lui. Les compétences de ses demi-frères et de sa demi-sœur étaient considérées comme normales au sein de leur famille, même si les deux sœurs se détachaient un peu du lot, alors qu’on les vénérait pour leur puissance sur toutes les Terres des Trois Royaumes.

Il était même difficile d’imaginer que des dizaines d’années plus tôt, les Uchiwa n’avaient pas été les maîtres. Cela semblait si irréalisable…





Soudain, un lien sembla se couper dans l’esprit de Mayu Uchiwa qui vacilla presque, les jambes chancelantes pour une raison qu’elle ignorait. Sur le champ de bataille, ses deux demi-frères s’écroulèrent en même temps qu’elle, comme si quelque chose venait de se briser au plus profond de leur être. Ils se relevèrent après quelques secondes, chacun d’entre eux cherchant à déterminer si son adversaire venait de faire appel à un quelconque Genjutsu. Mais de toute évidence, cela n’avait pas été le cas.

Après une minute de silence, les deux garçons héritiers du Sharingan se rapprochèrent de leur jeune demi-sœur en constatant qu’elle aussi avait été victime de cet étrange vertige. Tous les trois affichaient un regard perdu, désemparé, comme si on venait de leur ôter un bien important. Mais ils ne savaient pas quoi.



Sous leurs yeux ébahis, leur père se matérialisa alors devant eux, le visage tendu comme aucun d’entre eux ne le connaissait. Sur son dos était présent un habit qu’il ne mettait normalement que lors des réunions exceptionnelles avec les deux autres Seigneurs de Guerre. Un vêtement qui imposait la puissance, l’autorité et le respect.

Tout le peuple se prosternait devant ce vêtement, symbole de pouvoir.

Un manteau noir parsemé de larges nuages rouges.



-Restez ici et ne quittez pas le palais ! Ordonna d’une voix encore plus froide qu’à l’accoutumée Sasuke Uchiwa à l’attention de ses trois enfants. Essayez de contacter votre demi-sœur qui n’est pas là, mais surtout, ne sortez pas d’ici !



Sans un mot de plus, il s’évanouit dans une nuée de corbeaux, sa présence disparaissant totalement des sens des trois héritiers du Sharingan. Soit il venait de se téléporter à plusieurs centaines de kilomètres d’ici, chose impossible en un laps de temps aussi court, soit il cherchait volontairement à camoufler sa présence. Et cela, ils n’avaient jamais vu leur père agir de la sorte. Puisqu’aucun danger n’était présent à l’extérieur, les Seigneurs de Guerre déployaient toujours une puissante énergie lorsqu’ils se déplaçaient, et ce afin d’avertir le peuple inférieur et l’informer qu’il devait s’agenouiller en les voyant.

Et il n’y avait aucun danger au dehors… non ?











Madara s’était instantanément précipité en direction des Geôles des Tréfonds, abandonnant toutes les activités qui l’occupaient. Une ligne de feu s’était tracée dans son sillage. Sous chacun de ses pas, l’herbe s’était immédiatement vue réduite en cendres incandescentes. Quand il avait commencé à bondir entre les îles du Pays de l’Eau, éradiquant tous les obstacles qui lui barraient la route dans un océan de flammes, un nuage de vapeur avait succédé à son passage.

Une colère sourde et grave déformait les traits de son visage.

Le Mangekyou Sharingan apparut dans la pupille du Seigneur de Guerre et carbonisa en un instant un rocher qui l’empêchait de foncer en ligne droite. Il s’agenouilla en apercevant son objectif et bondit en un éclair pour atterrir sur l’île où se dressaient les Geôles des Tréfonds. La carapace du Susanoo se matérialisa autour de lui pour amortir son impact avec le sol.

Ses yeux flamboyaient des pires sentiments qui pouvaient exister.



Il arriva sur la grande porte d’entrée de la prison en une fraction de seconde et la découpa proprement en deux avec un coup d’épée de Susanoo. La rage lui brûlait les entrailles. Il entra à l’intérieur de la cour et dû se calmer quelques secondes pour réfléchir à où se trouvaient la salle du détenu.

Il se retourna et franchit la faible distance, revenant sur ces pas. Il se plaça devant le mur de pierre qui avait remplacé la brèche qu’il avait ouverte en détruisant la porte. Il tâta la paroi pour faire apparaître l’entrée qu’il cherchait et la brûla en un éclair pour se précipiter à l’intérieur des couloirs.

Toujours en pleine course, il déploya à nouveau Susanoo pour faire voler en éclat la dernière porte qui s’opposait à son but, la carbonisant illico.



Le feu bouillonnant autour de lui, il pénétra dans la chambre noire. Les chaînes qui pendaient depuis les huit coins de la pièce étaient brisées, étendues au sol. La salle était elle-même totalement vide.

Ses traits se tordirent dans un rictus démoniaque et la température augmenta drastiquement dans la pièce avant que tout n’explose. En un instant, les Geôles des Tréfonds volèrent en éclats, ne laissant derrière elles qu’un immense cratère au milieu duquel se tenait Madara Uchiwa, haletant. L’île toute entière avait été balayée.

Une silhouette atterrit depuis le ciel pour se positionner aux côtés du doyen des Seigneurs de Guerre, craignant de comprendre ce qu’il s’était passé.



-Il a disparu ! Hurla d’une voix cinglante Madara en frappant l’air du poing.



Au loin, une déflagration scinda la mer en deux. Dans le ciel, la fine couche nuageuse s’éloignait en cercles concentriques, l’épicentre à la verticale même du lieu où se tenait le maitre des Terres Mouillées.

Obito Uchiwa s’était douté de la situation bien sûr, mais il n’avait pu empêcher le rictus de rage d’envahir ses traits. Paré de son ancien manteau d’Akatsuki, il observait silencieusement le sol de roche brisée, tentant d’y trouver un quelconque indice. Mais il ne restait qu’un immense champ de poussière…



-Comment ? Interrogea d’une voix courroucée une troisième personne en se matérialisant aux côtés des deux Seigneurs de Guerre, le Mangekyou Sharingan Éternel brûlant au fond de ses prunelles.



Sasuke Uchiwa transpirait de colère, mais ce n’était rien face à la rage qui animait Madara. Son regard était taillé dans le marbre, rouge écarlate.

Le maître des Terres d’Ouest se plaça à droite d’Obito, observant du coin de l’œil les ruines fumantes qui retombaient sur le sol. Lui aussi arborait son manteau noir bordé de nuages rouges, preuve de la gravité de la situation. Seul Madara n’affichait qu’un vêtement ample et d’une couleur unie vert sombre, carbonisé par endroit. De toute évidence, le dirigeant de Kiri s’était précipité à la seconde même où il avait senti le problème.

Le doyen Uchiwa haleta quelques secondes encore, laissant la colère et l’adrénaline diminuer dans son esprit. Sa respiration se fit plus calme et régulière et son rythme cardiaque revint à la normale. Seuls demeuraient ses yeux injectés de sang, exsudant de haine.



-Il a eu un complice, articula Madara. Il était impossible pour lui de sortir seul…

Il se tut quelques secondes et fronça les sourcils, méditatif.

Il y a quelqu’un qui n’a pas été victime du Mugen Tsukuyomi… Quelqu’un d’assez puissant pour entrer dans les Geôles des Tréfonds et en sortir.



-Hatake Kakashi était avec moi, indiqua platement Obito qui savait que le Ninja Copieur pouvait représenter un suspect de premier choix.



-Quelqu’un qui est passé à travers les mailles du filet depuis vingt ans dans ce cas, avança d’un ton neutre le plus jeune des Seigneurs de Guerre.

Il garda le silence puis reprit la parole d’une voix beaucoup plus grave.

Qu’en est-il du Genjutsu ?



Obito se contracta, sentant approcher un sujet tumultueux.

Madara prit son temps avant de répondre, réajustant sa tunique qui présentait de nombreuses brûlures. Il expira un instant et son Sharingan disparut de son regard, ses yeux redevenant d’un noir profond.



-Nous avons un certain délai avant que l’illusion ne commence à s’effriter, informa le doyen du clan Uchiwa. J’avais déjà pris des précautions en récoltant l’énergie de Kyuubi, mais cela ne durera pas éternellement.

Il laissa un léger silence et répondit finalement à la question muette de ses deux confrères.

Je dirai qu’il nous reste environ une ou deux années avant que l’énergie du Démon Renard ne vienne à manquer…



…Et donc que le Mugen Tsukuyomi ne s’évanouisse comme un rêve, complétèrent mentalement ses deux interlocuteurs. Oui, c’était exactement ça… Comme un rêve.











-Où est votre Seigneur ? Interrogea Akujo Uchiwa d’une voix condescendante en arrivant devant les quartiers privés de Madara Uchiwa.



Mei Terumi arqua un sourcil devant l’héritière du clan de l’éventail. Elle coula un regard à son confère un peu plus loin qui s’occupaient d’un dossier à son bureau, dans la salle du Conseil des Terres Mouillées. Répondant d’un balancement de tête, l’ancien Yondaime Raikage A confirma la pensée de la dernière des Mizukages.



-Il est absent, maîtresse, articula d’une voix neutre la femme à la longue chevelure cuivrée.



Après la Guerre de l’Œil de Lune, A et Mei avaient été les deux seuls survivants parmi les Kages. Tsunade avait perdu la vie contre Madara et Oonoki n’avait pas tardé à la suivre contre le Juubi, se sacrifiant pour bloquer une bombe de chakra. Puis, Gaara avait été écrasé par une attaque du démon aux dix queues, et seule la partie inférieure de son corps avait pu être retrouvée après une déflagration du bijuu ultime.

Quand le Mugen Tsukuyomi s’était abattu, les deux Kages à l’article de la mort avaient été soignés grâce au pouvoir du Juubi puis asservis aux ordres des Seigneurs de Guerre. Ils constituaient à eux deux la garde personnelle de Madara, bien que depuis l’avènement de la Paix Éternelle, aucune menace ne pesait sur le doyen Uchiwa. La majeure partie du temps, ils s’occupaient donc des affaires purement politiques, économiques et sociales des Terres Mouillées. La Salle du Conseil avait été aménagée pour leurs fonctions dans le palais du Seigneur de Guerre et Madara leur déléguait toutes les tâches que lui-même rechignait à faire. Et aujourd’hui comme depuis vingt ans, servitude et obéissance étaient les deux seuls concepts qui les reliaient à leur ancien ennemi.

Mei avait pris quelques rides sans pour autant perdre de sa beauté fatale d’antan. Ses cheveux auburn, exagérément long, lui cascadait jusqu’au bas du dos. Un haut moulant bleu pâle et une longue robe blanche lui couvraient le corps. Des collants noirs remontaient le long de ses jambes et son visage avait un charme mature. Des rumeurs couraient qu’elle était, ou avait été, une des nombreuses maîtresses de Madara.

A, contrairement à elle, avait beaucoup changé physiquement. Ses muscles avaient fondu, bien qu’il ait conservé une silhouette robuste et puissante, et ses tresses blondes avaient virées au blanc et lui touchaient désormais le milieu du dos. Des vêtements amples gris lui dissimulaient les bras et le corps, seuls ses mains et son cou dépassant de l’habit. Il paraissait beaucoup moins impressionnant qu’avant du fait de son manque de peau découverte.



Akujo garda son masque d’Uchiwa, parfaitement neutre, bien qu’une légère contrariété avait envahi ses pensées. Quelques heures plus tôt, prise de vertiges, elle avait perçu la présence de Madara s’éloigner mais n’avait pu dans sa condition déterminer sa destination. Pour la première fois, elle avait eu l’impression d’être dans un parfait état de faiblesse, et ce pour une raison inconnue. Ce moment de fatigue s’était depuis dissipé, et bien que ses interlocuteurs n’avaient rien remarqué, elle sentait que Madara avait des informations à ce sujet. Peut-être avait-il lui aussi ressenti ce… vide. Est-ce que cela n’avait touché que les Uchiwa ?



-Vous n’avez pas une idée de l’endroit où il se trouve ? Interrogea la Princesse de Sang.



Elle coula un regard à la femme mature devant elle qui fit non de la tête. D’après les rumeurs, Mei Terumi était une grande ninja, de même que son confrère qui siégeait un peu plus loin, plongé dans un rapport. Akujo pouvait bien sûr sentir la puissance des deux gardes personnels de Madara, mais elle se demandait s’ils seraient de taille à vaincre un Uchiwa…

Elle balança la tête sur le côté, consciente de l’absurdité de ses pensées. Au mieux, ils pouvaient espérer tenir tête à sa plus jeune sœur Mayu Uchiwa du fait de son jeune âge, et encore… aujourd’hui, personne ne pouvait rivaliser avec un Uchiwa de sang pur dans la force de l’âge.

Néanmoins, elle devait admettre que l’aura qui entourait les deux anciens Kages n’était en rien comparable aux personnes non Uchiwa qu’elle avait pu croiser jusqu’à aujourd’hui. L’atmosphère qu’ils dégageaient transpirait de puissance et d’expérience. Ils étaient probablement parmi les plus puissants shinobis de l’Ancien Temps… d’anciens leadeurs de l’armée rebelle, certes, mais de puissants shinobis.



Silencieuse devant le regard ébène de l’héritière Uchiwa, Mei Terumi baissa les yeux, comme un reflexe qu’elle avait acquis en présence de son Seigneur. Du coin de l’œil, elle vit un dossier contenant plusieurs dizaines de feuilles dans la main de son interlocutrice et ne put empêcher la surprise d’envahir ses traits.



Son mouvement ne passa pas inaperçu à Akujo. Cette dernière analysa pendant une dizaine de secondes l’expression de la Mizukage, son regard oscillant entre le dossier qu’elle tenait et le visage de la garde du corps. Malgré elle, l’étonnement puis un début d’espoir naquis au coin de ses lèvres.

D’un geste lent, elle leva le document pour le placer devant les yeux de son interlocutrice et remarqua que plus loin, A aussi avait écarquillé les yeux en croisant le nom inscrit sur la page de couverture.



-Vous avez connu Uzumaki Naruto, fit-elle simplement.

Ce n’était pas une question. Devant le regard inquisiteur, Mei ne put qu’acquiescer.

Que savez-vous sur lui ?



Akujo arqua un sourcil en constatant qu’un mélange d’hésitation et de peur s’était emparé de la Mizukage. Perplexe, elle observa la chevelure auburn se hérisser, les doigts de l’ancienne dirigeante de Kiri tremblants. Normalement, sous l’influence de l’illusion, personne n’osait ne pas répondre à la Princesse de Sang.



-Mon… mon Seigneur nous a interdit d’en parler, souffla finalement la garde du corps en coulant un petit regard à son confrère qui avait lâché son dossier, pleinement concentré sur l’échange.



L’Uchiwa se mordit la lèvre. Alors comme son père, Madara également ne souhaitait pas divulguer la moindre information sur Uzumaki Naruto. Voilà qui était problématique…

Depuis vingt ans, le Mugen Tsukuyomi avait asservi le monde et l’illusion produite par le Juubi avait eu trois effets majeurs.

Le premier était une obéissance et une soumission totale devant les Seigneurs de Guerre de la part de tous ceux qui n’appartenait pas à la lignée directe des Uchiwa et qui ne possédaient pas le Sharingan. Chacun de leurs dires était comme un ordre à l’encontre duquel ils ne pouvaient aller. Si un Seigneur de Guerre demandait à un de ses sujets de mourir sous ses yeux, la personne désignée prenait alors la première arme qui lui passait sous la main et la plongeait au plus profond de son cœur sans la moindre hésitation. Par défaut, elle pouvait même se mordre la langue si aucune arme n’était à sa portée. Sasuke avait étendu cette autorité à chacun de ses enfants et Akujo avait elle aussi le droit de vie et de mort sur qui elle voulait.

Plus subtil, le deuxième effet était que, même si un Seigneur de Guerre l’ordonnait, un non Uchiwa ne pouvait porter atteinte à un Uchiwa hors du cadre de l’entraînement. Par défaut, toute personne devait sacrifier sa vie, même en l’absence d’ordre, pour protéger celle d’un Uchiwa.

Le dernier effet était quant à lui purement esthétique. La pupille du Mangekyou Sharingan éclairait désormais la surface de la Lune dont la lumière émise avait légèrement virée au rouge. Ainsi, les soirs de ciel dégagé, tout le monde pouvait voir l’astre céleste qui les observait de sa pupille écarlate.



Suite à la première règle du Mugen Tsukuyomi, des paradoxes pouvaient se générer lorsque deux Uchiwa ordonnaient une chose opposée à une même personne. D’expérience, Akujo savait que l’autorité d’un Seigneur de Guerre prévalait sur la sienne. Elle n’avait éprouvé cela qu’avec son père, mais elle se doutait qu’elle obtiendrait le même résultat en allant à l’encontre des ordres d’Obito ou de Madara Uchiwa. Même si ces ordres se résumaient à « mange ta soupe » et « ne mange pas ta soupe ».

Durant d’autres tests avec Itachi, elle avait également remarqué que c’était elle qui gagnait la plupart du temps à se faire obéir, mais ce n’était pas une généralité. Le fait qu’elle était plus puissante que son demi-frère jouait en sa faveur, mais dans de rares cas, il semblait que l’avis du sujet intervenait également. Quand elle avait ordonné la mort et Itachi la survie d’une même personne, cette dernière était en effet restée en vie.

La puissance de l’Uchiwa déterminait donc l’importance de l’autorité qu’il pouvait exercer. Et Madara était réputé pour être le premier en termes de pouvoir parmi les Seigneurs de Guerre.

C’était pour cela qu’elle ne s’attendait pas du tout à ce que Mei reprenne la parole et lui réponde sur le sujet de Naruto Uzumaki.



-Il était un ninja de Konoha dans l’armée rebelle avec nous, murmura doucement la Mizukage. Il a été le dernier jinchuriki…



Bien que son visage laissait transparaître son étonnement à la soudaine prise de parole de la garde du corps, Akujo trouva vite moyen de se reprendre.



-La seule information dans les livres à son sujet est son statut d’hôte du Kyuubi, déclara la Uchiwa. Est-ce parce qu’il était faible ? Ou parce qu’il s’est caché durant toute la guerre ?



Un léger sourire étira très brièvement les lèvres de Mei Terumi. Pendant un instant, Akujo se surprit à déceler au fond du regard de son interlocutrice une émotion qu’elle n’avait jamais vue auparavant chez quelqu’un du Peuple Inférieur.



-Naruto Uzumaki n’était pas faible. Il a été notre espoir jusqu’au bout, alors que tout semblait déjà perdu, souffla tendrement l’ombre de l’eau. Il est resté tout au long de la guerre sur le champ de bataille face aux Seigneurs de Guerre… Il était le seul à pouvoir leur tenir tête. Il était beaucoup plus fort que nous, les Kages.



Perplexe, Akujo l’invita à continuer. Qu’il ait été quelqu’un de plus fort qu’un Kage était une chose… elle-même savait qu’elle pourrait battre les deux gardes du corps de Madara, même si ils se mettaient tous les deux contre elle. Mais que quelqu’un ait pu tenir tête aux Seigneurs de Guerre… C’était tout simplement impensable.

Mei reprit la parole après un léger silence.



-Après presqu’un mois de conflit, Uzumaki Naruto était seul contre les Seigneurs de Guerre montés sur le Juubi. Il leur a tenu tête pendant trois jours et trois nuits avant de tomber, termina finalement la Mizukage.











Il sentait son esprit perdre de sa léthargie pour une raison qui lui était inconnue. Son corps lui paraissait à la fois étranger et parfaitement à sa mesure. Ses pensées se mêlaient sans logique, repassant devant ses yeux clos avec un rythme saccadé. Des images défilaient, mais il était incapable de dire ce qu’elles représentaient. Il sentait le vent sur sa peau, et en même temps, une agréable chaleur. Son cerveau fonctionnait à plein régime. Sa perception de la réalité semblait à la fois si claire et si trouble. Le monde lui tendait les mains et en même temps, s’éloignait peu à peu de lui.

Il n’avait pas mal. Au contraire. Il se sentait parfaitement en forme, remonté par une incroyable énergie. Était-ce vraiment lui ?



Ses paupières papillonnèrent quelques instants. L’endroit était sombre et pourtant, le peu de lumière qui y régnait lui agressait les yeux. Son corps se mettait en mouvement comme s’il ne s’était jamais reposé. Ses muscles étaient relâchés, mais il les sentait battre sous chaque parcelle de sa peau, prêts à déplacer des montagnes.

Après quelques minutes, il ouvrit ses yeux d’un bleu azuré. Derrière sa nuque, il remarqua que ce qui lui avait paru être un oreiller était en fait une très longue chevelure blonde hérissée qui, debout, devait lui atteindre le bas du dos.

Sans esquisser le moindre geste, il écouta sa respiration, lente et régulière. Son souffle était chaud et sec. Sa peau hâlée… Comme dans ses souvenirs qui s’imbriquaient un à un dans son esprit.



Il esquissa un sursaut, sa mémoire le percutant à la manière d’un cheval en plein galop. D’un geste brusque, il prit appuie sur le sol dur pour se mettre en position assise. Malgré quelques vertiges qui se dissipèrent rapidement, il parvint à se lever, les jambes chancelantes.

Il porta sa main devant ses yeux, tentant de comprendre se qu’il se passait.

La Guerre entre l’Alliance et l’Akatsuki… la présence d’Obito… de Madara… l’apparition du Juubi… de Sasuke… Ses compagnons qui tombaient les uns après les autres… La mort de Tsunade... du Tsuchikage… de Neji… de Chôji… de Shikamaru… de ninjas sans noms à sa mémoire… la capture de Bee… la défaite de l’Alliance… Le pacte avec Kyuubi… Le dernier combat…

Et finalement le noir total. Plus rien à part les ténèbres.



Naruto porta sa main droite à son visage et caressa doucement ses joues. Les cicatrices de Kyuubi avaient disparu et sa peau était lisse, dénuée de la moindre imperfection. Sur son ventre nu, le sceau du démon s’était effacé, comme dans ses derniers souvenirs. Son esprit était celui d’un adulte, ses sens aiguisés au-delà des possibilités de l’être humain. Malgré l’absence presque totale de lumière, il voyait parfaitement chaque recoin de la pièce dans laquelle il était. Il sentait la vie des êtres l’entourant, percevant chacune de leur respiration sans la moindre difficulté grâce à l’énergie naturelle qui s’accumulait instinctivement en lui. Pourtant en mode ermite alors qu’il n’avait même pas songé à l’atteindre, aucun changement n’était venu perturber son apparence physique. Pas de cernes, pas de variation dans ses pupilles… Juste la puissance à l’état pure.

Alors que, au-dehors, il paraissait extrêmement paisible.



Quand il affina un peu sa perception, il remarqua un chakra à la fois familier et nouveau qui s’approchait de lui. Se retournant lentement, il observa de son regard azuré la poignée de porte s’ouvrir à quelques mètres plus loin. Le pan en bois s’écarta pour laisser entrer une silhouette dépourvue de jambes. Son chakra la transportait, manipulant le sable pour la faire léviter à un peu plus d’un mètre du sol.

Naruto observa longuement l’homme qui venait d’apparaître sans réagir. Ses très longs cheveux roux lui étaient familiers et, intérieurement, il savait déjà de qui il s’agissait. Mais il avait besoin de le confirmer… d’être sûr.

C’était bien le même regard émeraude. C’était bien le même visage, bien que plus vieux et plus marqué par le temps. C’était bien la même sensation. C’était bien la même aura qui l’entourait. Le même chakra...



L’homme fit léviter son nuage de sable pour se placer à quelques centimètres à peine de l’Uzumaki. D’un geste posé, le visage serein bien que brillant d’une nouvelle lumière, il approcha sa main pour caresser la joue du nouveau réveillé. Il souffla son nom dans un chuchotement, auquel Naruto répondit en murmurant le sien, de la même voix calme.



-Gaara…



Et voilà ! Je dois dire que j'avance un peu à tâtons dans cette histoire, mais j'espère que vous accrochez toujours. N'hésitez pas à me dire si des points vous semble obscurs, mal expliqués... ou bien, sait-on jamais.
De nombreuses questions se posent dans ce chapitre, mais normalement, tout devrait être expliqué par la suite : la condition de Naruto, de Gaara...
On a au passage un début d'idée pour les mères des rejetons Uchiwa, un sujet qui semble être dans l'esprit de pas mal de personnes.
Su

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