Fiction: Un prisonnier oublié

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Akujo Uchiwa n’avait jamais été curieuse très longtemps.

Quand elle voulait apprendre quelque chose sur l’Histoire, il lui suffisait de rejoindre la grande bibliothèque de la capitale du Royaume de l’Ouest. Les meilleurs érudits avaient participé à sa formation, se succédant les uns aux autres pour parfaire ses compétences. Elle connaissait des sujets aussi sombres que méconnus, dans des domaines aussi vastes que variés. Tout ce qu’il y avait d’utile ou d’inutile à savoir pour elle, elle le connaissait.

Ses compétences en matière d’arts shinobis lui avaient valu le surnom de Princesse de Sang chez le peuple inférieur. Elle maîtrisait le Mangekyou Sharingan depuis son plus jeune âge, connaissait plusieurs milliers de techniques.

Elle avait également le savoir sur l’être humain, connaissant le moindre de ses recoins, de ses faiblesses ou de ses points vitaux. La torture n’était pas un sujet inconnu à son répertoire, et elle n’avait qu’à ordonner pour que des cobayes lui soient aussitôt amenés.

Et elle était encore dans la fleur de l’âge, allant à peine sur ses vingt ans. Parfaite en tout point, sa beauté envoutait les foules. Son regard écarlate imposait obéissance et terreur. Les hommes rampaient au sol pour avoir la chance d’apercevoir un instant le reflet de sa chevelure noire comme la nuit. Les statues à son effigie se vendaient à prix d’or. Les tableaux à son image étaient la panacée pour les collectionneurs.

Elle avait hérité de la beauté et du sang les plus purs qui soient, fille du Seigneur de Guerre et maître du Royaume de l’Ouest Sasuke Uchiwa.





Après une époque où les cycles de guerre et de paix éphémère se chevauchaient, les trois Seigneurs de Guerre avaient établi l’ère de la Paix Éternelle dans le monde shinobi. Les conflits avaient été étouffés, les querelles résolues de manière pacifique, les famines éradiquées, les rêves réalisés.

Tout ça grâce au plan Œil de Lune qui avait changé la face du monde, l’éclairant d’une lumière presque divine. Se dressant contre la guerre qui faisait rage, les trois Seigneurs de Guerre avaient accomplis de véritables miracles. Les noms des trois héros du clan Uchiwa étaient chantés, repris, mis en poésie, psalmodiés. Madara, Obito et Sasuke Uchiwa étaient les héros de la Paix Éternelle qui avait vu le jour vingt années plus tôt.

Les Seigneurs de Guerre avaient dompté les bijuus et pardonné leurs opposants, les laissant vivre malgré leurs actes passés. Grâce au plus puissant Genjutsu qui n’avait jamais été créé, ils avaient apporté la paix et la joie. Les légendes à leurs sujets étaient foison.



Assise à la table de sa bibliothèque personnelle, Akujo referma le livre qu’elle avait sous ses yeux. L’écrit légendaire « Œil de Lune ». La frustration habitait ses prunelles sombres comme une nuit sans étoiles. C’était bien la première fois de toute son existence qu’elle se trouvait dans une telle impasse, incapable de répondre aux questions qui s’imposaient.

Uzumaki Naruto…

Elle n’avait rien pu trouver sur lui, alors qu’il était évident qu’il avait été un fervent opposant à la Paix Éternelle qui s’était imposée vingt ans plus tôt. Ses maigres connaissances à son sujet reposaient sur une légende et sur le seul écrit qui avait été rédigé pour narrer le plan Œil de Lune.

« Jinchuriki de Kyuubi, élément de la création du Juubi qui fut scellé au centre de la Lune » était la seule phrase à son sujet dans les dizaines de milliers d’ouvrage qu’elle avait pu consulter.



Tous les réceptacles qui avaient été sacrifié pour l’avènement du Juubi avaient une histoire consignée dans plusieurs centaines de textes.

Il y avait eu le traître Sabaku No Gaara, hôte de l’Ichibi, qui avait été un partisan des plus actifs de l’opposition. Ses capacités étaient décrites, son parcours ponctué par la folie raconté… il avait été dépossédé puis mort une première fois, avant qu’il ne sacrifie la vie d’une de ses servantes pour continuer à exister. Il avait été l’un des cinq Kages qui avaient tenté de s’opposer à la Paix.

Il y avait le deuxième traître, Bee et hôte de l’Hachibi, frère d’un des cinq Kages et qui avait lui aussi joué un grand rôle dans les rangs ennemis. Il avait tenté jusqu’à sa mort de contrer le plan des Seigneurs de Guerre.

Il y avait les Six Valeureux, réceptacles des autres bijuus qui avaient donné avec fierté leur existence pour la création du Juubi. Ils avaient renoncé sans hésitation à la vie pour permettre l’avènement de la Paix Éternelle.
Tous avaient leur histoire, leurs techniques, leur parcours et leurs prouesses relatés dans plusieurs dizaines de livres.

Mais pas Uzumaki Naruto.



Akujo repoussa avec violence la chaise où elle était assise, commençant à faire les cent pas entre les étagères de sa bibliothèque où des milliers d’ouvrages s’amoncelaient. La pupille du Sharingan éclairait son regard teinté d’une colère sourde, à peine refoulée.

Malgré près de deux ans de recherches intensives sur le sujet, de multiples interrogatoires sous la torture ou encore le déchiffrage des livres des Temps Anciens, elle n’avait rien pu trouver. Pas la moindre piste, comme si tout ce qui se rapportait à Uzumaki Naruto avait été réduit en cendre puis enterré à des kilomètres sous terre.

À ce stade, elle n’avait vu qu’une unique personne susceptible de l’aider, à savoir son propre père qui, disait-on, avait le savoir sur tout ce qui existait.



Sasuke Uchiwa était un des trois Seigneurs de Guerre, héritier du plus grand clan qui n’ait jamais foulé le sol de cette planète. Après leur victoire, les trois héros s’étaient partagés le monde en trois pays qu’ils dirigeaient chacun d’une main de fer, manipulant l’illusion sur leurs sujets pour qu’ils obéissent au moindre de leurs désirs.

Le plus jeune des Seigneurs de Guerre avait pris possession des Terres d’Ouest. Son territoire s’étendait sur ce qui avait autrefois porté le nom de Pays de la Terre et Pays du Vent, ainsi que sur les terres des Pays de l’Herbe et des Oiseaux. Une gigantesque capitale avait été bâtie en moins de deux ans au centre des Terres d’Ouest depuis laquelle il dirigeait son Royaume. Il avait donné naissance à quatre héritiers, chacun ayant été éduqué en tant que véritable prodige, à l’image de leur Père.

Akujo était l’ainée et avait deux demi-frères et une demi-sœur, chacun d’une mère différente. La plus jeune, Mayu Uchiwa, arrivait sur ses onze ans et était une prodige encore plus prometteuse que ses deux frères ainés, bien qu’en dessous du niveau d’Akujo. Itachi Uchiwa était le plus âgé des deux demi-frères avec dix-huit ans au compteur. Et bien qu’étant légèrement inférieur en potentiel devant ses deux sœurs, il rivalisait sans mal face aux plus forts des sujets de son Père. Il avait pris le nom d’un des héros qui avait soutenu le plan Œil de Lune, frère de leur père et qui avait perdu la vie dans une terrible bataille face aux forces ennemis. L’Histoire racontait que ces derniers s’étaient mis à plus de dix contre lui pour parvenir à l’éliminer de manière lâche et honteuse. De plus, son père Sasuke, bien qu’étant de nature implacable et inflexible, avait toujours eu un faible pour son héritier portant le nom de son défunt frère, faisant parfois preuve d’une certaine tendresse à son égard. Finalement, le dernier de la fratrie portait le nom d’Izuna Uchiwa, du même nom que le défunt frère du Seigneur de Guerre Madara Uchiwa qui s’était autrefois sacrifié pour permettre à ce dernier d’acquérir la forme ultime du Mangekyou Sharingan.



Le clan Uchiwa était aujourd’hui le maître, dominant tous ses sujets avec une autorité impitoyable. Ses membres étaient les seuls qui échappaient à l’illusion du Juubi, libres de tout mouvement, et pouvaient se faire obéir par n’importe qui.

Parmi les Seigneurs de Guerre, Sasuke Uchiwa avait été le seul à donner naissance à des héritiers. D’un naturel froid et sanguinaire, il dirigeait pourtant son territoire avec calme et efficacité, le positionnant en première position au niveau économique et social parmi les Trois Royaumes, et ce malgré sa réputation de plus faible des trois Seigneurs de Guerre.

Akujo ne l’avait jamais vu faire preuve du moindre remord. Elle ne l’avait jamais vu montré sa surprise, sa colère ou sa peur. Elle avait toujours vu son Père comme une seconde divinité, un être supérieur inaccessible et implacable.

Du moins, jusqu’au jour où elle était allée lui parler de l’hôte du Kyuubi.



Quand elle l’avait abordé, son Père était en plein entraînement avec plusieurs de ses sujets, les écrasant sans mal malgré leur niveau élevé. Sans laisser transparaitre la moindre hésitation, il avait brisé les bras de chacun de ses adversaires en une fraction de seconde quand il l’avait vu approcher, puis avait congédié ces derniers. Après quelques instants, il l’avait invité à le rejoindre en s’épongeant le visage même si aucune goutte de sueur n’avait humidifié sa peau ivoirienne.

Akujo, habituée à outrepasser les détails pour arriver directement à l’essentiel, l’avait alors questionné sur la vie de Naruto Uzumaki.



Jamais elle n’avait vu le visage de son père se tordre à ce point. Ses traits s’étaient déformés en un mélange abominable de terreur, de haine et d’un sentiment encore plus indescriptible. Cela n’avait duré qu’une fraction de seconde, mais l’image était restée dans l’esprit de la jeune Uchiwa, imprimée avec une clarté photographique.

Sasuke, après avoir repris un air encore plus glacial qu’à l’accoutumée, l’avait ensuite renvoyé sans ménagement en la défendant de remettre ce sujet sur la table. À la fois déçue, frustrée et surprise, Akujo avait obéi sans un mot à ses ordres et n’avait plus jamais abordé ce sujet devant lui.



Mais sa curiosité n’en avait été que renforcée. Pour la première fois, son père avait laissé transparaitre devant elle un signe de faiblesse alors qu’elle l’avait toujours vu parfait. Lui qui était un Seigneur de Guerre sans pitié avait flanché à la simple entente de son nom…

À partir de ce jour, elle s’était alors fait une promesse silencieuse ; Découvrir par tous les moyens possibles qui avait été Naruto Uzumaki, jinchuriki de Kyuubi et celui qui avait été le dernier à s’opposer aux Seigneurs de Guerre.

Pour la première fois, un sentiment d’excitation semblable à aucun autre s’était emparé d’elle jusqu’au plus profond de son être.











Les Geôles des Tréfonds étaient à la fois réputées et inconnues dans l’intégralité des Trois Royaumes. Après l’accomplissement du plan Œil de Lune, toutes les prisons avaient été fermées, les barrières levées et les chaines brisées. Personne ne pouvant s’opposer à l’illusion du Mugen Tsukuyomi, les prisonniers n’avaient plus de raison d’être et les cellules avaient donc été fermées les unes après les autres.

Pourtant, les Geôles des Tréfonds étaient restés actives. Perdues au milieu des mers du Pays de l’Eau sur une île escarpée, la gigantesque prison se dressait tel un rempart face aux vagues et aux vents. Il n’y avait ni eau ni nourriture sur l’île, et quelques ossements d’oiseaux ou d’anciens prisonniers pourrissaient entre les rochers. Les arbres étaient morts depuis longtemps, les troncs les plus gros ayant adoptés une couleur d’un blanc éclatant, nettoyés par le sel et l’eau.

L’île était aux teintes grises-blanches et le soleil frappait d’une lumière blafarde sur chaque rocher et chaque mur des Geôles des Tréfonds. Un paysage de mort et de désolation.



Madara Uchiwa était le dirigeant des Terres Mouillées. Son Royaume s’étendait depuis ce qui avait autrefois été le pays de l’Eau jusqu’au Pays de la Pluie, occupant au passage la moitié inférieure de l’ancien Pays du Feu, la Pays de l’Océan, celui de la Rivière ainsi que celui du Thé.

Sa puissance était réputée pour être la plus grande parmi les Seigneurs de Guerre. Ramené à la vie grâce aux pouvoirs du Rinnegan du Juubi avant que ce dernier ne soit scellé sur la Lune, il était le doyen des Trois Héros Uchiwa du plan Œil de Lune et son apparence était celle d’un vieil homme de soixante ans, bien que resplendissant de pouvoir.

Solitaire, il avait fait construire un palais sur l’ancien village de Kiri, à l’écart du continent où certains de ses sujets lui obéissaient au doigt et à l’œil. Il dirigeait tout depuis sa demeure et ne sortait qu’en de très rares occasions. Son Royaume était le moins avancé parmi les trois, vieux et fatigué, mais contrairement à ses confrères, il avait laissé de nombreuses libertés à ses sujets pour qu’ils puissent gérer d’eux-mêmes leur existence. Le Maître des Terres Mouillées n’avait simplement pas envie de s’occuper de chaque détail de son personnel. Son territoire était le plus peuplé, mais il possédait une avancée politique et économique dérisoire par rapport à ceux des deux autres Royaumes. Néanmoins, tout le monde y vivait sans mal, pas riches mais pas pauvres non plus. Une certaine forme de liberté avait occupé le peuple des Terres Mouillées, bien que l’obéissance à leur souverain demeurait implacable dans leurs esprits.



Madara, d’ordinaire, ne sortait jamais de son palais. Cependant, il lui arrivait de faire des exceptions, et ainsi chaque année, toujours à la même date, il se rendait aux Geôles des Tréfonds.

Aucun gardien n’habitait sur l’île de mort, nul ne pouvant survivre assez longtemps sous un climat aussi aride. Une énorme porte était la seule voie d’accès pour entrer à l’intérieur du bâtiment. Le sol lui-même était scellé de sorte qu’on ne puisse y accéder par voie souterraine, et une barrière d’énergie entourait les murs et le ciel au dessus de l’infrastructure.



D’une démarche impériale, le doyen des Seigneurs de Guerre arriva au devant de la porte blindée qui ouvrait l’intérieur. Il concentra son chakra et le fit circuler dans un labyrinthe de canaux, lui imposant le rythme et le chemin qu’il devait prendre. Après quelques minutes, la porte se débloqua et s’ouvrit en son centre, dévoilant l’entrée d’une cour déserte.

Sans broncher, Madara avança vers la droite pour traverser la cour et arriva devant un mur de roche, entre deux portes en bois. Il posa sa main sur la paroi et une porte se matérialisa avant de s’ouvrir dans ce qui était autrefois une cloison de pierre. Sans un mot, l’Uchiwa poursuivit son avancé et arriva face à une porte où trois trous se présentaient sur sa façade. Il présenta son œil droit devant le premier trou, puis fit apparaitre le Mangekyou Sharingan. Quand son Dôjutsu s’activa, une brève lumière éclaira la pièce.

Il continua et se présenta devant le second trou pour y poser sa main, qui s’illumina elle aussi. Finalement, il s’approcha du troisième et expectora une faible flamme qui brûla d’une lumière bleue claire.



Dans un bruit sourd, la porte d’acier se déroba pour laisser la voie libre au Seigneur de Guerre.

L’obscurité régnait dans la pièce, comme coupée du monde extérieur. Seule une lumière de couleur améthyste éclairait les murs de roche noire. La salle en elle-même ne devait pas faire plus de trois mètres de large pour quatre de long.

Des chaînes reliaient les huit coins de la chambre à un bloc de glace qui lévitait à quelques mètres du sol, suspendu par les liens d’acier. Prisonnier à l’intérieur du cristal transparent reposait un corps aux yeux clos. Le chakra améthyste suintait depuis la silhouette et s’écoulait le long des chaînes. De multiples runes étaient inscrites sur la surface gelée ainsi que sur la peau même de la personne endormie, totalement nue. Une longue tignasse blonde faisait figure d’auréole à l’homme grâce au froid qui figeait chacune de ses longues mèches. Son visage était à la fois fin et sauvage. Des muscles parfaitement proportionnés se dessinaient sur tout son corps. Sa peau était légèrement halée, comme si son propriétaire n’avait jamais été prisonnier ici.

Enfermé à l’intérieur du cristal, l’homme ne devait pas dépasser les vingt ans.



Madara avança d’un pas, prenant soin d’éviter au passage l’énergie qui filtrait autour du bloc de glace. Il leva le bras et posa calmement ses cinq doigts, tous tendus, sur la surface gelée. Un léger rictus étira ses lèvres, comme s’il vivait un moment bienheureux.



-Bien le bonjour, Naruto Uzumaki, souffla d’une voix polaire le Seigneur de Guerre.



Voilà. Si vous avez des impressions, n'hésitez pas à me les communiquer. Si vous voulez la suite ou pas... une histoire qui, je trouve, a un sacré potentiel, mais j'aimerai recevoir vos ressentiments avant de publier la suite (qui est réfléchie et déjà entamée d'ailleurs).

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