Fiction: Les Enfants d'Orochimaru (version 2.0)

La réécriture d'une fanfiction ancienne. Une jeune femme arrive à Konoha, dans un état lamentable... Sauvée par Minato, elle devra rendre des comptes au village. De qui est-elle enceinte ? Quel avenir, pour ces jumeaux maléfiques ? Hebi et Fushi, héritiers d'un homme haï, devront lutter pour obtenir respect, reconnaissance... Et amour du village.
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Me-and-orochi (Féminin), le 31/05/2014
Bonsoir à tous ! C'est un plaisir pour moi de vous refaire partager une fiction (encore présente dans mon recueil) dont l'écriture m'a pris environ quatre ans et qui s'est achevée il y a trois ans. Mal écrite, j'ai décidé de la refaire maintenant que je me suis faite la main sur les forums rpg... Et j'espère de tout coeur que vous apprécierez !

Attention cependant ! Ma fiction ne suit que le début du manga. Ensuite, ça part un peu dans tous les sens ;)




Chapitre 4: Hebi et Fushi



Quinze ans plus tard, à Konoha.

Le terrain vague près de la maison de Kyôkan avait toujours paru paisible aux yeux des habitants du village. On avait cherché à y construire des maisons, mais rapidement on avait constaté que le sol demeurait trop caillouteux. Le terrain avait donc été laissé à l'abandon, au profit des gamins qui appréciaient le côté désert de ce coin tranquille. Mais la présence des enfants joueurs avait été bien vite remplacée par un théâtre de batailles sauvages, quelques années après la naissance des enfants d'Orochimaru. Les jumeaux, leur coéquipière et leur sensei s'entrainaient en ce lieu, pour profiter de ce grand terrain, propice aux longs entrainements loin des regards de curieux.

Cet après midi là, les quatre compères s'y trouvaient. Si un combat rude s'était engagé entre deux adolescents de quinze ans aux cheveux d'un noir de jais, les deux autres n'observaient que d'un œil distrait la bagarre qui se poursuivait depuis plus d'une heure. Enfin, il s'acheva lorsque la jeune fille fut jetée dans un buisson d'herbe sèche, de l'autre côté du terrain vague. Son frère, un grand jeune homme aux longs cheveux brillants, l'observa d'un air dédaigneux.

Une jeune fille aux cheveux noirs fut, une fois de plus, balancée dans un buisson, de l'autre côté du terrain d'entraînement, par son frère qui la regardait d'un air dédaigneux. Il poussa un soupir profondément agacé.

- Hebi, quand cesseras-tu de faire l'idiote?

- Pardon, Fushi, souffla la jeune fille en remettant en ordre ses beaux cheveux coupés courts. J'ai trébuché…

- C'est bien ça le problème, tu trébuches tout le temps. Allez, relève-toi immédiatement.

Hebi se leva péniblement, alors qu'un hématome énorme apparaissait sur son œil gauche. Une autre fille les regardait faire, appuyée contre un arbre. Petite, blonde, elle semblait étrangement effacée et insignifiante près des deux jeunes gens qui se disputaient à côté d'elle. Elle les observait avec détachement elle avait l'habitude de ce genre de chamailleries quotidiennes.

- Fushi, haleta Hebi, on peut stopper l'entraînement ?

L'intéressé fronça les sourcils et s'énerva.

- Anko-sensei ne nous a pas arrêtés!

- Normal, coupa la jeune fille en retrait. Elle dort.

Leur sensei était en effet étendue sur le sol et ronflait paisiblement. Elle avait abandonné depuis longtemps l'idée de superviser les entraînements d'Hebi et Fushi, et appréciait de buller tranquillement à l'ombre d'un arbuste pendant que les jumeaux luttaient avec acharnement.

Fushi tourna la tête en direction de la petite blonde, et s'avança vers elle.

- On t'a sonnée, Kira? lui jeta-t-il, en proie à une de ses sempiternelles sautes d'humeur.

- Désolée, rougit Kira qui, curieusement, se mit à trouver ses pieds très intéressants.

Fushi soupira. Il tordit machinalement sa queue de cheval en marmonnant:

- Qu'est-ce que j'ai bien pu faire pour mériter ça…

Hebi se pencha à côté d'Anko. Elle lui toucha la joue timidement, penchée au-dessus d'elle.

- Anko-sensei…

L'intéressée se réveilla en sursaut en poussant un grognement ressemblant à :

- Qui-que-quoi-dont-où?

- Pouvons-nous stopper l'entraînement, Anko-sensei ?

- Quelle heure est-il?

- 15 heures. Nous travaillons depuis midi.

Anko se leva d'un bond.

« Mais pourquoi n'avez-vous pas stoppé au bout d'une heure ?!

- Vous aviez dit que vous nous arrêteriez, siffla Fushi d'un air suffisant.

- Ah, désolée. Je me suis endormie.

- On a cru remarquer », lâcha Kira avec un petit sourire.

Fushi leva ses beaux yeux de serpent au ciel.

« Sensei, pourquoi se fatigue-t-on à s'entraîner? On est assez doués non ? Il serait peut-être temps de nous donner quelques missions !

- Fushi, arrête un peu ! s'énerva Hebi. Ta mauvaise humeur commence à nous courir sur le système ! »

Fushi se tourna vers Hebi, manifestement contrarié de constater qu'il n'avait ni le monopole de la parole, ni celui de la pensée. Agacé, le jeune homme s'approcha de sa sœur, et pointa son doigt sur sa poitrine avec un regard sévère.

« Je fais ce que je veux.

- Justement, non. Nous sommes sous l'autorité d'Anko-sensei », répondit la jeune femme sans se démonter, en retirant le doigt pale de son frère de son torse avec lenteur.

Celui-ci lui adressa un signe grossier du doigt avec un regard furieux. Car s'il y avait bel et bien une chose que Fushi ne supportait pas, c'était bel et bien d'être défié, et par sa propre sœur de surcroit.

Hebi marqua une pause. Elle fixa son frère droit dans les yeux, puis d'une voix lente, elle lui jeta :

« Refais ça, un peu, pour voir. »

Fushi ouvrit la bouche pour répliquer, mais il la referma bien vite en apercevant un pan de la peau de sa sœur prendre une jolie teinte lilas. Si Fushi ne se laissait pas faire, il n'en était pour autant pas suicidaire. Il savait que cette couleur était synonyme de gros ennuis : sa mère devenait violette lorsqu'elle se mettait en colère, et mieux valait ne pas rester dans les parages à ce moment-là.

Ce fut Anko qui mit fin au litige en se plaçant entre les deux jumeaux, prêts à se taper dessus.

« Ne recommencez pas vous deux. On va rentrer, vous vous êtes suffisamment entraînés pour aujourd'hui, d'accord ? Kira, tu peux t'en aller. »

La jeune fille opina d'un signe de tête avec un sourire.

- Merci, Anko-sensei.

- Fushi, Hebi. On rentre.

- Mais…!

- Pas de discussions ! Vous en avez assez fait pour aujourd'hui, inutile de vous entretuer. »

Il n'y avait pas la moindre discussion possible Hebi et Fushi savaient pertinemment qu'avec Anko, répliquer était une cause perdue. Ils suivirent donc la jeune femme, bon gré mal gré, tandis que leur coéquipière partait dans la direction opposée. Le fait qu'Anko les fasse travailler dans ce terrain vague avait au moins un avantage, ou même deux : cela évitait le regard des curieux, déjà bien trop insistants habituellement au goût des genins, et c'était seulement à deux pas de la maison dans laquelle ils vivaient avec leur mère et leur tuteur.

Kyôkan et Genma se trouvaient d'ailleurs dans la maison, lorsque les jumeaux rentrèrent de l'entrainement, le visage légèrement boudeur. Kyôkan sourit à leur venue, malgré les expressions sans joie que ses enfants affichaient.

« Ah, vous voilà !

- Salut, maman ! dit Hebi. Salut, Genma !

- 'Jour », lâcha Fushi en montant immédiatement à l'étage.

Kyôkan leva les yeux au ciel avec un sourire entendu. Si Fushi passait un peu de temps avec eux, ce n'était généralement pas pour discuter, mais pour râler à propos d'un sujet ou d'un autre. S'il montait dans sa chambre, c'était bon signe, très bon signe. Il était d'une humeur relativement bonne. La jeune femme se tourna donc vers sa fille, qui elle appréciait de s'attarder un tantinet dans le salon.

« Alors, cet entraînement?

- Crevant, dit Hebi avec un sourire. Comme d'habitude, je me suis faite battre à plate couture.

- Tu exagères, répliqua Anko en baillant. Je trouve que tu t'en sors bien, même si ton frère a beaucoup de talent, c'est indéniable. Fais-moi confiance, tu le battras, un jour. »

Kyôkan sourit.

« Je suis très fière de vous deux, de toute manière. Tu as prévu quelque chose, cet après midi ?

- Oui, je vais aller faire un petit tour dehors avec les autres équipes. Il parait que Kiba a innové une nouvelle technique, il voulait la montrer à tout le monde. On doit se rejoindre dans le parc dans… »

La jeune fille jeta un œil à la montre brillant à son poignet, et poussa une exclamation.

« Oh non, je suis en retard ! Désolée maman, je dois filer. »

Sans plus de cérémonie, la jeune femme attrapa une veste et, après avoir déposé un baiser sur la joue de sa mère, passa la porte d'entrée en courant.

Lorsqu'elle disparut, Anko se laissa tomber sur une chaise, une main sur le front.

« Incorrigibles… Ils sont incorrigibles.

- Que s'est-il passé cette fois ?

- Comme d'habitude. Ils ont encore failli se battre. »

Kyôkan poussa un soupir contrit.

« Fushi a encore cherché à avoir raison ?

- Comme d'habitude, sauf que ta fille ne s'est pas laissée faire. Je pense qu'elle en a assez de vivre sous la coupe de Fushi.

- Tu exagères. Mon fils est un peu caractériel, mais de là à...

Genma, qui s'était tu jusque là, interrompit la jeune femme en lui coupant vivement la parole.

« Non Kyôkan, nous te l'avons déjà dit et tu ne peux pas nier l'évidence. Si ta fille a hérité de ton caractère ce n'est pas le cas de Fushi. Il ressemble à son père presque trait pour trait. »

Mais l'intéressée répliqua tout aussi vivement.

« Tu ne peux pas juger mon fils seulement parce qu'il est un peu solitaire ! J'en ai assez qu'on porte un regard sur eux à chaque pas qu'ils font. Comment veux-tu qu'ils aient une vie normale si vous les surveillez nuit et jour ?

- C'est la mission que le Troisième m'a confié, et tu le sais très bien. Ta propre surveillance a été stoppée deux ans après ton arrivée, qui sait ? Peut-être que Sarutobi-sama acceptera de lever la surveillance sur tes jumeaux dans quelques temps.

- Ne me prends pas pour une idiote. Ça fait quinze ans que ça dure, je sais très bien qu'ils n'auront jamais la paix, ici. Même eux commencent à se douter de quelque chose. »

Anko se leva, et adressa un sourire à la maitresse de maison.

« Justement, Kyôkan, cela fait trois ans que je harcèle Sandaime pour qu'il donne son accord à propos de l'examen. Il se trouve que j'ai l'autorisation de les inscrire pour la prochaine session. »

Kyôkan sursauta en entendant cette nouvelle.

« Tu charries ! Quand as-tu eu l'autorisation ?

- Ce matin, en allant déposer mon rapport au bureau du hokage. Je les ais inscrits ensuite, mais je ne leur en ai pas encore parlé. Je pense que je leur dirai ça demain. Kira sera contente, elle en a assez d'être freinée par la surveillance, et d'en faire les frais.

- Tu les as inscrits ? Tu les as vraiment inscrits ?!

- Tes enfants ont le niveau pour passer cet examen, depuis au bas mot deux ans. »

Kyôkan, folle de joie, sauta dans les bras d'Anko en riant. Toute rancœur oubliée, toute tension effacée, Genma se joignit à cette liesse collective avec un grand sourire.

« C'est merveilleux ! Vraiment merveilleux ! »

Ce fut ce moment-là que Fushi choisit pour dévaler les escaliers, son katana à la main. Il jeta un regard méprisant en direction des trois sourires pointés dans sa direction, poussa un petit reniflement dédaigneux, avant de consentir, enfin, à ouvrir la bouche.

- Je sors.

Et avec son air toujours aussi aimable, il claqua la porte derrière lui.

Kyôkan ouvrit des yeux ronds en entendant les deux mots prononcés par son fils. Ce fut Genma qui prit la parole en riant, les bras croisés, en mâchonnant une brindille qui tremblota sous le coup de son rire.

« Il sort ? Incroyable ! »

C'était effectivement incroyable. Que Fushi décide de sortir était une nouveauté la plupart du temps, il restait cloîtré dans sa chambre, et ne prenait l'air uniquement lorsqu'il fallait élaborer de nouvelles techniques dans le terrain vague, ou à la bibliothèque. Fushi décida pourtant de changer ses habitudes, en allant prendre un peu de soleil. Comme d'habitude, les gens changèrent de trottoir en le croisant. Le jeune homme commençait à avoir l'habitude ce genre de comportement et des chuchotis, sans forcément qu'il en comprenne la raison. Depuis le temps, il en avait déduit que ses yeux et que son apparence effrayait les badauds. Il haussa les épaules, jeta un regard noir à une femme qui avait sursauté en le croisant, et se dirigea d'un pas tranquille vers le parc, avec la ferme intention d'aller faire une bonne sieste.

Il avait horreur de sortir, mais là, il avait besoin de prendre l'air. Sa chambre sentait la souris brûlée. Passionné de médecine et de chimie, Fushi venait en effet de tester des produits sur ce rongeur et l'avait malencontreusement fait exploser.

C'était était un garçon maniaque, froid et cruel. Jamais personne, même pas sa mère, n'était entré dans sa chambre depuis ses huit ans. Il l'avait depuis longtemps munie de pièges multiples et il y faisait des expériences douteuses, visant un seul but : combattre et tuer rapidement et sans bruit. À quinze ans, ce jeune garçon ambitieux voyait déjà tracé un illustre avenir.

Il n'avait qu'une crainte: la mort. Il était prêt à tout pour pouvoir échapper à ce destin que tout le monde aurait à faire face un jour.

« Mourir est injuste », avait-il dit un jour à sa mère, qui avait soudainement blêmi sans qu'il n'ait jamais vraiment su pourquoi.

C'était un garçon très doué. Il possédait en plus un atout que n'avait pas sa sœur : celui de pouvoir allonger sa langue et son cou à sa guise. Il en abusait sans vergogne pendant les combats et il adorait dégoûter Hebi dès que l'occasion se présentait. Lors des repas, pendant les entraînements, et même le soir, lorsqu'il pénétrait dans sa chambre pour lui faire peur.

Il avait toujours eu de l'avance sur sa sœur, et ne l'aimait pas spécialement pour lui, Hebi était une personne exaspérante, gonflée de bonne humeur comme une baudruche, presque ridicule, qui partageait sa maison et sa mère en temps que colocataire.

De même, Fushi n'avait jamais vraiment eu d'amis. Il n'en voulait pas. S'attacher, c'était la mort, il le savait très bien Il adorait être seul, en savourant ces instants de paix où il pouvait, à sa guise, réfléchir à son merveilleux avenir.

Le reste du temps qu'il ne passait pas dans sa chambre ou aux entraînements, il le dépensait à la bibliothèque. Là, il y étudiait des rouleaux de jutsus si épais qu'ils auraient pu décourager les plus studieux.

Mais ses pas ne le conduisirent pas à la bibliothèque cet après midi là. Il préféra s'étendre dans l'herbe, au bord du point d'eau, au milieu du parc du village. Mais au moment où il fermait les yeux, sous la chaleur éclatante du soleil, des éclats de voix vinrent troubler le calme de la fin d'après midi. Esquissant une grimace, Fushi se redressa, et regarda autour de lui, avec un mauvais pressentiment et il ne s'était pas trompé. Sa sœur était là, de l'autre côté du point d'eau, accompagnée d'autres Genins.

Il soupira en se laissant lourdement retomber dans l'herbe.

« Pas moyen d'avoir la paix… »

Hebi, sans voir que son frère était avachi à une trentaine de mètres d'elle, s'avança dans l'herbe, près du plan d'eau et s'assit lourdement sur le sol à son tour. Elle redressa une mèche de ses cheveux courts avec un petit sourire.

« - Je ne sais pas vous, mais moi je suis épuisée.

- Comme nous tous, dit Kiba en s'asseyant à son tour.

- Flemmard », grogna Shino.

Hinata les imita, suivie par Neji et Tenten. Neji, un jeune homme brun aux yeux pâles, visiblement d'humeur maussade, croisa les bras sans rien dire. Les jeunes gens étaient tranquillement assis dans l'herbe, et profitaient de la chaleur, et de la tranquillité qui régnait sur Konoha. Ils avaient peu de temps libre à partager. Mais Hebi avait constaté avec ravissement que son bon caractère lui avait permis depuis longtemps de ne jamais être mise à l'écart.

Elle cala un petit brun d'herbe entre ses dents, et s'allongea avec un sourire apaisé.

« C'est étonnant de voir que tu t'es entraînée presque toute la journée et que tu arrives encore à sourire », lâcha Neji avec une moue.

« Je préfère sourire que tirer la gueule comme mon frère le fait toute la journée. »

Des deux enfants de Kyôkan, Hebi était sans conteste celle qui avait le meilleur caractère. Peu importait l'heure ou le moment, elle avait toujours un beau sourire aux lèvres, un sourire que son frère détestait. Il la traitait de niaise à chaque fois que l'occasion se présentait.

Mais la jeune femme n'avait rien d'une simplette. Elle était extravertie, ouverte et agréable. Son apparence, tout le monde s'en fichait. Beaucoup de filles enviaient ses yeux de chat. Cela la faisait rire. Elle n'avait jamais vu personne avec un regard comme le sien y compris son frère, qui, malgré ses pupilles effilées, possédait des yeux bleu turquoise, seul héritage apparent de sa mère. Hebi avait hérité de son sourire mais son corps, d'un blanc pâle, ses cheveux, aussi noirs qu'une aile de corbeau et ses yeux d'un vert d'eau, ne tenaient certainement pas de sa mère, la Griffe de Konoha.

Hebi avait longtemps vécu les vexations de son frère. Car si l'enfant n'avait que rarement créé des soucis, Fushi lui, en avait fait voir de toutes les couleurs à sa sœur jumelle. Il avait brûlé nombre de ses cadeaux, et avait même, un jour, provoqué une explosion qui avait soufflé sa chambre, réduisant le peu de ses possessions en poussière. Ce fut la seule fois où l'enfant eut le dessus sur son frère il fallut deux personnes pour l'empêcher de l'étrangler.

Fushi ne le savait pas, mais Hebi adorait son frère, son petit regard dédaigneux et son rire pseudo-diabolique qu'il s'entraînait à faire devant la glace, dans la salle de bain. Elle ne le craignait pas. Elle savait depuis longtemps soutenir son air arrogant, chose qui horripilait son frère, bien entendu. Mais elle savait que pour se faire apprécier en retour, il fallait garder ses distances. Fushi n'aimait pas ceux qui le collaient.

Pour se différencier de son frère et parce qu'elle ne supportait pas les mèches tombantes, elle s'était fait couper les cheveux courts en laissant une frange courir sur son front un peu trop grand. À la sortie du coiffeur, sa mère n'avait cessé de grogner, qualifiant cet acte d' « hérésie absolue ».

« Tu rêves, Hebi ?

- Non, dit-elle, je me demandais si, comme vous, Anko-sensei allait nous faire passer l'examen Chunin.

- Je suis sûre que oui, dit Hinata. Tu es bien plus douée que moi.

- Je ne sais pas. Je suis plus vieille que vous, j'aurais dû le passer depuis longtemps. Anko-sensei ne devait pas nous juger suffisamment forts.

- Je ne pense pas que la force soit la cause de ce temps perdu, tu sais, répliqua Shino, le visage toujours dissimulé en partie par le col de son blouson. Il doit y avoir autre chose.

- A quoi penses-tu ? »

Mais leur discussion fut interrompue par Kiba, qui avait relevé la tête et aperçu Fushi, étendu un peu plus loin.

« Tiens, Hebi, ton frère est de sortie. »

Incrédule, la jeune fille reconnut son jumeau, qui, le regard obstinément fixé en hauteur, regardait le ciel d'un air songeur.

« Mais qu'est-ce qu'il fout là ? Il déteste sortir !

- C'est vrai qu'on ne le voit pas souvent dehors, reprit Neji. Dis-moi, Hebi, c'est quoi son problème?

- De quoi parles-tu?

- Il ne parle jamais à personne. Il ne sort avec personne, n'a aucun ami…

- C'est son caractère. Personne ne peut le supporter plus de cinq minutes.

- Mais pourquoi ?

- Parce qu'il est égoïste, tout simplement. Mais il a l'air très heureux comme ça, alors pourquoi s'en faire ?

- Il risque d'être déçu, s'il voulait être tout seul, constata Tenten en le montrant du doigt. Regarde qui arrive. »

Hebi mit sa main en visière, et observa la scène qui se déroulait sous ses yeux. Trois Genins arrivaient vers Fushi. Une jeune fille aux longs cheveux rose, un petit blond braillard et un grand brun à l'air suffisant.

Très vite, la petite bande de visiteurs se divisa. Seul le brun choisit de rester auprès de Fushi, qui se redressa avec un grognement sonore. Les deux autres atteignirent la hauteur du petit groupe, en cercle dans l'herbe, et salués par Hebi.

« Naruto, Sakura ! ça va ?

- Tu vas bien, Hebi ? »

La réaction d'Hinata fut instantanée : elle se cacha derrière ses bras, alors que son visage prenait la couleur d'une tomate bien mûre.

« Naruto-kun… »

Hebi, elle fronça les sourcils.

« Que fait Sasuke avec mon frère ?

- Oh, je ne sais pas. Il voulait lui parler, alors il nous a virés. Comme d'habitude », grogna Naruto en s'asseyant près de sa camarade.

Hebi se prit la tête entre les mains, visiblement très agacée au regard de ce qui se déroulait sous ses yeux.

« Misère… »

De l'autre côté du point d'eau, on assista à une scène peu commune. Sasuke se planta en face de Fushi, les bras obstinément croisés, sans dire le moindre mot. Il y eut un moment de silence avant que son interlocuteur se lève. Fushi le toisa un moment, le regard noir, puis parla.

« Qu'est-ce que tu me veux ?

- Je suis Sasuke Uchiwa. Je voulais te parler.

- Je sais qui tu es. Ton nom est assez célèbre, mais je t'imaginais… plus grand. Pourquoi veux-tu me parler ?

- Parce que tu me ressembles. »

Pour une fois, le visage de Fushi exprima autre chose que de la suffisance. Il haussa un sourcil, très étonné par la déclaration du blanc-bec qui se tenait bien droit face à lui.

« Curieux, dit-il avec un air suffisant, je ne vois pourtant aucune différence.

- Pas physiquement…

- Je sais, je ne suis pas idiot, imbécile !

- Ne m'insulte pas, sinon…

- Sinon quoi ? »

Un silence pesant survint alors, durant tout le temps où les deux genins se livrèrent à une véritable bataille silencieuse, en se fusillant du regard. Fushi connaissait peu Sasuke Uchiwa, comme il connaissait peu le reste de la petite bande à Hebi qui les observait, en retrait. Et il s'en contrefichait complètement. L'important pour lui demeurait de faire son petit bonhomme de chemin comme il l'entendait en supprimant les gêneurs susceptibles de lui barrer le passage.

Un sourire narquois se dessina lentement sur son visage.

« En admettant qu'on se ressemble, et alors ? En quoi cela devrait-il m'intéresser, nabot ?

- Il se trouve que j'ai moi-même quelques petits talents.

- Tes yeux, oui, je sais. Et après ?

- On pourrait bosser ensemble ?

- Je travaille en solo. »

Mais Sasuke ne se démonta pas pour autant. Il resta calmement planté là, attendant sans doute de convaincre Fushi d'une manière… ou d'une autre.

« Tu sais qu'à deux, on travaille deux fois plus vite.

- Ou deux fois plus lentement…

- Je suis fort. Laisse-moi te le prouver. »

Sasuke lui tendit une main, que Fushi ne serra pas. Il lui jeta une moue presque dégoûtée en guise de réponse. Puis il croisa à nouveau les bras, refermant son visage.

« Je prendrai le temps d'y réfléchir. Mais je ne te promets rien.

- Parfait. Je n'en attendais pas moins de toi.

Mais alors que le jeune Uchiwa s'apprêtait à quitter le parc, une jeune voix l'arrêta derechef, derrière lui. Une voix absolument furieuse.

« Hé ! Uchiwa ! »

Sasuke se retourna. Hebi, flanquée de Kiba et de Neji, s'approchait d'eux à grands pas. Hebi ne souriait plus du tout. Elle savait que Sasuke avait une réputation de jeune garçon ombrageux et étrange, dévoré par la vengeance. Il était hors de question qu'il fréquente son frère. Un taré dans la nature, c'était déjà amplement suffisant. Alors s'ils décidaient de se regrouper…

Mais le genin ne se laissa pas démonter. Il se retourna, le regard provocateur.

« La petite sœur ! Tu as quelque chose à me demander, simplette ?

- Ne t'approche pas de mon frère, cracha l'intéressée, le regard flamboyant.

Sasuke eut un petit rire.

- Oh, et je suppose que c'est toi qui va m'en empêcher ? T'es quoi ? Son garde du corps ?

- Tire-toi. Tout de suite.

- Hebi, arrête ce cinéma tout de suite, intervint Fushi. Retourne avec tes potes et fous moi la paix. Je ne t'ai rien demandé, d'accord ? »

Hebi se tourna vers son frère, la peau désormais légèrement rose. Non, pas cette fois.

« Toi, ferme-la. Quand il s'agit de te foutre dans le pétrin, tu es le premier, hein ? »

La peau d'Hebi commença à se violacer. Les yeux flamboyants, elle se tourna vers Sasuke et parvint à articuler quelques mots, légèrement assourdis par un grondement de colère qui n'avait rien d'humain.

« Dégage. Dégage avant que je m'énerve.

- Tu crois sérieusement que tu m'effraies, Hebi ? » répliqua le jeune garçon sans bouger d'un millimètre.

Hebi respirait difficilement, alors qu'elle essayait de repousser cette fureur qu'elle tenait de sa mère. Peine perdue quelques poils noirs naissaient déjà sur ses avants bras. Hinata, l'air effrayée, pointa du doigt les petites oreilles en pointes et couvertes de fourrure qui commençaient à apparaître sur le crâne de son amie.

- File, gronda-t-elle. File, si tu tiens à la vie. Je ne plaisante pas, tire-toi !

Mais Sasuke ne bougea pas. Grossière erreur. Tout le monde, excepté Fushi et lui, recula d'une vingtaine de pas.

- Hebi, ça suffit, jeta Fushi, qui ne semblait pas se rendre compte de la situation.

Mais la colère de la jumelle explosa comme une bombe. À présent entièrement transformée, elle se jeta sur Sasuke, qui évita un coup de griffe de justesse. Elle redoubla de force, à coups de griffes et à coups de dents, tant et si bien qu'elle toucha le jeune homme en plein visage. Du sang gicla, mais Sasuke parvint à surmonter la douleur pour attraper un kunai.

Ce fut à ce moment-là que Fushi comprit la gravité de la situation. Vif et agile, il repoussa Sasuke d'un geste du bras, et accusa un coup de griffe sur le coude, là où se trouvait l'œil du genin brun quelques secondes auparavant. Hebi poussa un sifflement de fureur, et s'envola, grondant et crachant. Fushi, planté au sol, lui adressa un geste puéril en pointant un doigt vers le sol comme on appellerait un animal domestique.

- Hebi, descends !

Mais il n'y avait rien à faire. A ce stade de la transformation, il était impossible pour Hebi de faire la différence entre ami et ennemi. Aussi, elle se jeta sur son frère avec un feulement furieux, alors que Fushi dégainait son katana avec rapidité, dans l'optique de stopper les coups de sa jumelle.

S'ensuivit un tourbillon de griffes, de cheveux, de dents, de langues et de poussière. On ne savait pas qui avait le dessus, tant le combat était acharné et violent. Bientôt, du sang vint se mêler à la terre, en éclaboussures impressionnantes dessinant sur le sable des figures carmins. Hinata en détourna les yeux. Les autres, le souffle coupé, se demandaient s'ils n'allaient pas s'entretuer, mais aucun ne fit un pas pour les séparer, de peur d'y perdre un membre. Même Sasuke Uchiwa avait perdu sa suffisance, fasciné par ce combat sanglant entre les deux jumeaux.

Mais un cri déchirant stoppa net le combat.

- Mon dieu ! HEBI ! FUSHI ! NON !

Le groupe de Genins vit avec stupeur Anko et Genma se précipiter dans la mêlée et tenter de séparer les deux jumeaux en furie. Genma reçut un bon coup de crocs au bras, tandis qu'Anko accusa un coup de poing en pleine figure. Mais tant bien que mal, il parvinrent à les séparer, à grands renforts de coups de pieds et de mains.

Lorsque la poussière due à la bataille s'estompa, on put distinguer nettement les dégâts. Car des dégâts, il y avait.

Fushi présentait deux morsures béantes sur le bras gauche et la jambe droite ainsi que des plaies profondes au visage et au ventre qui saignaient abondamment. Sa langue avait été entaillée et une longue estafilade courait le long de son dos. Il semblait cependant ne pas souffrir. Il se contenta de jeter aux deux Jounins un regard furibond.

Mais c'était Hebi la plus blessée. Son frère, pour se défendre, l'avait carrément attaquée à coups de kunai. Elle en avait un, enfoncé dans son ventre. Un coup lui avait presque fait perdre un œil, la touchant à l'arcade sourcilière. Elle avait une oreille arrachée et une trace de morsure à l'épaule gauche. Ses vêtements, tachés de sang, n'étaient plus que des lambeaux indescriptibles. Ayant retrouvé son calme et sa forme normale, elle cria de souffrance, lorsqu'elle prit conscience de la gravité de ses blessures.

Un moment de silence tendu plana, avant qu'Anko laisse libre cours à sa colère.

- IMMONDES PETITS CRETINS ! VOUS ÊTES FRÈRE ET SŒUR, C'EST COMME ÇA QUE VOUS LE PROUVEZ ? VOUS ETES PITOYABLES ! JE N'AI JAMAIS VU UNE CHOSE PAREILLE DE TOUTE MA VIE !

Genma, lui, préféra laisser Anko se défouler pour s'occuper des blessures des deux jeunes gens. Fushi sembla sur le point de répliquer, mais un seul regard du Jounin l'en dissuada.
- Anko, dit-il soudainement, Kyôkan et Hokage-sama doivent être au courant de cela.
La Jounin blêmit. Toute colère s'estompa, laissant place à une sorte d'angoisse muette.

- Quoi ? Mais…

- Ces blessures sont graves. On ne peut pas les cacher. Hokage-sama savait que ça allait finir par arriver.

- Mais que va-t-il advenir d'eux ?

Une simple dispute se transformait en drame ? songea Hebi, rongée par le remords. Tremblante, le corps criblé de blessures douloureuses, elle écouta la conversation d'une oreille discrète, tout en tentant de calmer les sanglots qui grossissaient dans sa gorge.
- Anko, j'adore ces enfants autant que toi, tu le sais. Mais il faut le faire.

Anko soupira, et fit un signe fatigué du bras, comme pour montrer qu'elle abandonnait toute discussion.

- Après tout, ça leur donnera une leçon.

Elle se tourna lentement vers les jumeaux, une lueur brûlante de rancœur dans le regard. Des années et des années de travail… Pour en arriver là. Exactement au point de départ. Quel avenir auraient ces enfants s'ils continuaient sur cette voie ?

- Levez-vous et suivez-moi.

- Je vais chercher Kyôkan, dit Genma avant de s'éloigner.

Anko jeta un regard furibond autour d'elle et s'adressa finalement aux genins, rassemblés tout autour de la scène dramatique qui s'était déroulée quelques minutes plus tôt.

- Rentrez chez vous. Le spectacle est terminé. Hebi, je t'ai dit de te lever !

- Je… ne peux pas.

Hebi tremblait de plus en plus. Chaque mouvement était une torture impossible de bouger la moindre parcelle de son corps sans étouffer un cri de douleur. Elle se trouva même incapable de retirer le kunai, toujours profondément fiché dans son ventre. Un gémissement de douleur s'échappa de ses lèvres, tandis qu'elle jetait à Anko un regard plein de souffrance et de remords.

Anko, trop en colère, n'avait fait que peu de cas des horribles blessures de la jeune fille. Elle lui jeta un regard horrifié avant de s'accroupir vers Hebi, une main légère sur son épaule.
- Je n'ai aucun talent en médecine… Mais je vais voir ce que je peux faire.
D'un geste sec, elle arracha le kunai, ce qui eut pour conséquence de faire hurler la genin de souffrance, et de projeter une nouvelle gerbe de sang autour d'elle.

Par la suite, Anko la souleva délicatement et fit signe à Fushi de la suivre. Les Genins s'écartèrent, encore choqués par la violence du combat.

Dans les bras d'Anko, Hebi laissa libre cours à ses larmes. Elle tourna la tête vers le groupe de Genin, cherchant quelqu'un des yeux. Quand elle le trouva, elle se mit à hurler à pleins poumons.

- TOUT ÇA, C'EST DE TA FAUTE ! TA FAUTE, SASUKE UCHIWA !

L'intéressé détourna les yeux de ce regard flamboyant, presque honteux. Si Sasuke était un jeune garçon égoïste, il n'en était pas moins attaché aux valeurs de son clan or, ce qui venait de se produire allait totalement à l'encontre de ce que ses parents lui avaient enseigné. En regardant partir l'adolescente, qui ne cessa de l'invectiver jusqu'à l'entrée du bureau du Troisième, il ressentit un léger pincement au cœur. Il n'avait sans doute pas encore conscience que ce qu'il venait de provoquer risquait d'avoir des conséquences terribles sur l'avenir des jumeaux. En tout cas, une chose était sûre : il était temps de ravaler son orgueil pour aller présenter ses excuses, en bonne et due forme, à la jeune fille qu'il avait sous-estimée.

Énormément sous-estimée.



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