Fiction: Les Enfants d'Orochimaru (version 2.0)

La réécriture d'une fanfiction ancienne. Une jeune femme arrive à Konoha, dans un état lamentable... Sauvée par Minato, elle devra rendre des comptes au village. De qui est-elle enceinte ? Quel avenir, pour ces jumeaux maléfiques ? Hebi et Fushi, héritiers d'un homme haï, devront lutter pour obtenir respect, reconnaissance... Et amour du village.
Version imprimable
Aller au
Me-and-orochi (Féminin), le 25/05/2014
Et hop, troisième chapitre :) la réécriture avance à grand pas.
En espérant que cela vous plaira ;)




Chapitre 3: Le lourd poids du regret



Bureau du hokage, plus tard.

« Minato, j'espère que tu as une bonne raison de venir me trouver à une heure pareille.»

Le Troisième était assis derrière son bureau, l'air encore ensommeillé. Un appel l'avait réveillé en sursaut quelques minutes auparavant, et il avait à peine eu le temps d'enfiler un kimono à la hâte avant de rejoindre son bureau. Or, si Sarutobi avait la réputation d'être un homme affable et sage, il était comme les autres : il avait horreur d'être éveillé en pleine nuit. Face à lui, Minato, haletant, s'approcha du bureau pour prendre la parole.

« Nous avons reçu un appel de l'hôpital. La kunoichi du pays de la foudre a accouché.

- Ce type de nouvelle pouvait attendre demain, non ?

- Non, hokage-sama. C'est la débandade à l'hôpital. Personne ne veut s'approcher de la chambre. Lorsque les infirmières m'ont appelé, elles étaient dans tous leurs états. Elles refusent d'entrer dans la chambre de la mère. Quand je leur ai demandé de m'expliquer pourquoi, elles ont obstinément refusé de me répondre. Je pense que c'est important. Suffisamment pour que je vous réveille, pardonnez-moi.

- Tu n'as pas réussi à leur faire dire ce qui ne va pas ?

- Non. Mais…

- Mais ? »

Minato déglutit péniblement, visiblement mal à l'aise, et poursuivit :

« Les infirmières n'ont pas donné de détails. Elles m'ont dit qu'elles voulaient que nous venions voir les enfants immédiatement. Elles semblaient affolées et ne veulent pas d'eux à l'hôpital. »

- Tu as bien fait de me réveiller. Ces femmes-là ne sont pas du genre à croire aux superstitions. Il y a forcément une raison justifiant leurs inquiétudes.

- Je ne sais pas. Mais… Hokage-sama… »

Minato hésita, mais termina sa phrase.

« Je crois que nos craintes à propos de cette fille étaient fondées. »

Alarmé, Sarutobi se leva d'un bond. Si ce que Minato supposait était vrai, il faudrait convoquer le conseil du village sur l'heure. Mais avant d'alarmer la population, il lui fallait absolument voir ce qui faisait si peur aux infirmières de ses yeux. Avec appréhension, il quitta son bureau, suivi de près par Minato, le regard terriblement anxieux.

Minato n'avait pas menti. Une tension forte régnait à l'intérieur de l'hôpital, comme si un démon se cachait à l'interstice de chaque porte. Les femmes avaient le regard fuyant, et pressaient le pas dans les couloirs en murmurant des paroles inaudibles. Cette agitation silencieuse ne rassura pas l'hokage, bien au contraire il y avait un problème. Un vrai problème. Kyôkan, cette jeune inconnue affaiblie par une longue route, avait engendré quelque chose d'anormal. Durant tout le temps que dura la marche jusqu'à la porte de la jeune femme, Sarutobi se surprit à prier. Prier pour que ses pensées soient erronées.

La chambre avait bel et bien été désertée par les infirmières. Seule dans son lit d'hôpital, Kyôkan regardait à la fenêtre, dans l'attente d'une réponse. Elle savait qu'elle aurait des ennuis avec ce qu'elle ramenait au village. Mais elle voulait les voir vivre. A tout prix. Même si pour cela, il lui faudrait affronter la colère de l'homme qui se tenait dans l'encadrement de la porte, un sourire poli mais faux vissé sur le visage.

« Les nouvelles vont vite. Bonsoir messieurs. » salua-t-elle sans esquisser le moindre sourire.

D'un faible signe de main, elle leur montra deux petits lits à côté du sien.

Lorsque le Troisième se pencha sur les deux berceaux, il pâlit. Il se redressa avec peine, en titubant, et s'appuya au mur, la respiration courte.

Les deux enfants étaient très beaux. Cela n'était pas le véritable problème. Ils étaient jumeaux, un garçon et une fille. L'une dormait à poings fermés, et ce fut sans conteste le regard de l'autre qui avait fait cet effet à Sarutobi. Leur peau blanche comme du lait reflétait la lumière de la lune, en contraste avec de courts cheveux d'un noir de jais. Et si on ne pouvait voir les yeux de la petite, ceux du garçon, en revanche, brillaient d'un éclat que la Troisième connaissait bien. De petites marques violettes entouraient son regard reptilien. Ses yeux turquoise avaient la pupille effilée comme celle d'un chat. Lorsque Minato jeta un œil à son tour, il eut le même mouvement de recul. Oui, ils avaient vus juste. Ils auraient préféré se tromper. Mais comment ne pas condamner dès la naissance des nourrissons avec une telle apparence ? Sous le regard plein de chagrin de la jeune mère, Sarutobi poussa un soupir. Il faudrait réunir le conseil. Et vite.

Il sortit dans le couloir sans un mot, suivi par le jeune homme blond, incapable de dire le moindre mot.

« Minato, va réveiller le conseil. Je demande une séance exceptionnelle, et immédiate. Il nous faut annoncer la nouvelle. Je n'aurais jamais cru cela possible. »

Il marqua une pause, cherchant les mots décrivant ce qu'il venait de voir.

« Il nous faut dire au conseil que nous accueillons entre nos murs les enfants d'Orochimaru. »


du conseil, six heures du matin :


Il y avait plusieurs personnes dans la salle du conseil. Plusieurs personnes qui, manifestement, appréciaient moyennement, à l'image du Troisième, d'être réveillés si tôt pour une séance exceptionnelle du conseil. Parmi eux, se trouvaient les deux conseillers Homura et Kohal, dont l'âge avancé ne permettait que moyennement la fantaisie de se lever à cinq heures du matin. Tous deux n'étaient déjà pas de nature loquace, mais au saut du lit, ils étaient d'autant plus infects. Ils représentaient cependant les vétérans du village : leur présence demeurait nécessaire, autour de la table.

Près d'eux, à moitié endormie, la tête dans une main, se trouvait Tsunade. La jeune blonde à forte poitrine avait encore la marque de l'oreiller sur la joue, et un filet de bave séché courait sur son menton. La petite fille du premier hokage n'était pas un exemple en matière de délicatesse et de subtilité (un coup de poing de sa part vous brisait au minimum deux côtes) mais elle ne semblait que peu disposée à participer à la conversation. Pour autant, elle et son compère, Jiraya, assis à côté d'elle, avaient fait partie de l'équipe d'Orochimaru au temps où celui-ci se trouvait encore à Konoha : leur présence était donc, également indispensable.

Le conseil se composait, évidemment, des deux hokage de Konoha, assis tous deux face à face en bout de table. Le silence était pesant dans la grande pièce les quatre principales personnes convoquées ignoraient encore pourquoi on les avait faits lever si tôt. Ce fut Sarutobi qui brisa le silence.

« Vous vous doutez bien que je n'ai fait venir aucun d'entre vous par hasard. L'heure est grave, Minato et moi avons besoin de vos avis pour prendre une décision à propos d'un sujet… épineux.

- Assez pour nous faire lever si tôt? grommela Tsunade d'une voix endormie.

- Oui, Tsunade. Tu n'es sans doute pas sans savoir que Minato a trouvé une jeune femme dans la forêt, hier après midi, n'est-ce pas ?

- Une femme enceinte à moitié morte dans un sous-bois, si mes souvenirs sont exacts.

- C'est exact. Elle a accouché cette nuit. »

Jiraya, qui jouait depuis un moment avec ses cheveux blancs, poussa un soupir d'ennui. Il était dans le même état que Tsunade, voire pire : la veille, il avait bu assez pour voir son sang se transformer en saké.

« Oui bon, et alors ? Ne me dites pas que vous nous avez faits lever pour une bête histoire de gonzesse qui accouche, ou sinon je m'en vais. »

Le Troisième poussa un soupir. Il fallait qu'il passe par là de toute manière. Si les autres étaient sceptiques, Minato, lui, sortit de sa poche deux clichés pris une heure plus tôt. Il les déposa au centre de la table avec précaution, et invita d'un geste la petite assemblée à se pencher sur les photographies.

« Voici les enfants. »

Les quatre intéressés se penchèrent un peu en avant de manière à observer les deux petits visages figés sur le papier glacé. Et leur mouvement de recul fut similaire à celui qu'avait eu le Troisième, quelques heures plus tôt. Ils prirent tous la parole sans véritablement d'ordre à quatre, ils créèrent une cacophonie insupportable autour des photos des jumeaux, tant leur surprise (et leur scepticisme) était grand.

« Qu'est-ce que…?

- Mais on dirait…

- C'est une plaisanterie ! Ce sont des clichés d'Orochimaru à l'état de bébé, oui, et alors ? Si c'est une blague, hokage-sama, elle est vraiment de très mauvais goût, s'énerva Homura en reposant l'un des deux clichés sur la table.

- Maitre Homura, intervint Minato avec déférence, veuillez noter qu'il y a deux enfants sur cette photo. Orochimaru n'a pas de famille. Ce n'est pas lui, mais bel et bien les enfants nés de l'étrangère de Kumo no Kuni. Il faut vous rendre à l'évidence, nous faisons face à un problème de taille. »

Il y eut une pause. Puis, Jiraya brisa le silence ahuri qui régnait dans la pièce.

« Ça veut dire que ces enfants…

- Oui, poursuivit Minato, la descendance directe d'Orochimaru. Kyôkan n'a pas voulu nous révéler le nom du père, lorsque nous l'avons rencontrée. Nous avons compris pourquoi en voyant ces enfants. Il n'y a pas le moindre doute possible. Elle nous a donné la confirmation de la paternité d'Orochimaru, mais… »

Il y eut un bruit de chaises assourdissant, suivi d'un éclat de rire gras et énorme. Tsunade, en proie à un fou-rire incontrôlable, était tombée de son siège et riait, allongée à même le sol, cognant des poings par terre à en faire trembler le bâtiment. Pendant un instant on entendit plus que son gros rire résonner dans la salle, en total paradoxe avec le silence pesant qui régnait quelques minutes plus tôt, à la découverte des visages de ces étranges jumeaux. Jiraya se mit à rire à son tour, comme contaminé par les éclats de voix de sa camarade, qui en avait du mal à trouver sa respiration. Les autres se regardèrent avec surprise : les deux hokage avaient prévu toutes les réactions possibles et imaginables, sauf celle-ci.

' « HAHAHAHAHAHA! Orochimaru, papa ! Non, c'est pas possible ! Avec une tête pareille, il a réussi ! Je paierais des milliers, juste pour voir sa tronche quand il l'apprendra !

- Il n'en saura rien. »

C'était Jiraya qui avait prononcé ces mots. Maitrisant quelques spasmes de rire incontrôlés, il se redressa sur sa chaise de manière à ce que l'assemblée le regarde. Malgré l'envie de rire causée par la chute de Tsunade, il s'efforça de se donner une contenance pour parler sérieusement, et de préférence, sagement.

« Il faut prendre une décision au sujet de ces enfants. Pour ma part…

- Il faut mettre à mort ces enfants, coupa le vieil homme, assis à droite. »

Il y eut un silence interloqué, silence durant lequel Tsunade se rassit sur sa chaise alors que le petit groupe observait le vétéran avec une surprise non feinte.

« Tu es sérieux, Homura ?

- Sarutobi, tu les as vus toi-même, non ? Ils sont dangereux. S'ils sont de la même tempe que leur père, nous avons du souci à nous… »

Jiraya le coupa.

« Vous ne songez tout de même pas sérieusement que nous allons vous laisser assassiner impunément des nourrissons innocents, Homura ? Ces enfants n'ont que quelques heures. Il est inconcevable de les envoyer à la mort alors que leur seul tort est d'exister.
Tsunade essuya ses dernières larmes de rire, et se dressa à son tour pour appuyer les paroles de son ami.

« Je ne le dis pas souvent, mais Jiraya a raison. Ce serait injuste.

- Vous avez connu leur père, vous savez de quoi il est capable, intervint Kohal, la seconde conseillère. Si nous les laissons dans la nature, ils risquent de causer des dommages incommensurables.

- On ne peut pas juger un enfant simplement à cause des erreurs de son père, bon sang !

- Ces gosses doivent mourir. Pour le bien du village, trancha une vieille conseillère, assise un peu en retrait. »

Tsunade et Jiraya regardèrent un moment les deux Hokage. Ceux-ci semblaient en proie à un cruel dilemme. Obéir aux vétérans, ou écouter les jeunes, qui parlaient d'avantage avec leur cœur qu'avec leur raison ? Pour autant, ils étaient d'accord sur un point : hors de question de tuer ainsi des innocents. Mais pour le reste…

« Sarutobi-sensei, dit Jiraya avec colère, vous n'allez pas écouter ces vieux fous !

- Et le respect de tes supérieurs, espèce d'insolent ? s'écria Homura. Nous décidons de ce qui est bon pour le village ! »

Hors de lui, Jiraya se leva avec brusquerie et d'un geste, empoigna le vieux conseiller par le col. Le vieillard se laissa faire, fronçant les sourcils pour ne pas montrer sa crainte il jeta au jeune jounin aux cheveux blancs un regard de pur défi. Cela n'empêcha pas à Jiraya de laisser éclater sa fureur.

« Je vais vous le montrer, mon respect, vieux débris !

- Jiraya, ça suffit, le coupa Sarutobi, sans lever les yeux vers lui. C'est une réunion, pas un de tes bars où les bagarres sont légions. Repose maître Homura, et présente tes excuses. »

Jiraya considéra un moment son sensei, puis reposa le vieux conseiller sur sa chaise avec brusquerie, en poussant un grognement.

« Excusez-moi, sensei. »

Le Quatrième, silencieux depuis un moment, prit à son tour la parole d'une voix forte et assurée.

« Pour ma part, je suis d'accord avec Tsunade et Jiraiya. Pas question de tuer les enfants juste parce que ce sont les enfants d'un criminel.

- J'approuve ta décision, dit Sarutobi en se redressant à son tour. Cependant, nous ne pouvons pas les laisser sans surveillance. Aussi longtemps qu'ils demeureront dans le village, il leur faudra un tuteur en plus de leur mère, qui rédigera des rapports pour vérifier leur bonne foi et l'avancée de leur apprentissage. Kyôkan sera obligée d'accepter, si elle veut toujours profiter du droit d'asile que nous lui accordons. »

Il y eut des murmures de contestation, mais personne ne protesta à voix hautes. Si Homura et Kohal parlaient dans leur barbe de « intolérable » et de « bannir ces monstres du village » ils ne prirent pas le risque de se soulever contre deux Hokage en même temps.

« Je propose mon ancien élève, Genma, dit Tsunade. Il est Chunin depuis deux ans. C'est un jeune homme compétent. Il a suffisamment de patience pour mener à bien cette mission, au moins jusqu'à ce que nous soyons assurés de la bonne foi de Kyôkan et de ses enfants. Car je suppose qu'elle aussi sera placée sous surveillance ?

- C'est primordial. Nous ne pouvons pas nous permettre de lui accorder une confiance aveugle en si peu de temps. Par ailleurs, si elle a eu des enfants avec Orochimaru et qu'elle l'a fréquenté pendant un an et demi… leurs relations doivent être assez proches. Je ne veux pas découvrir qu'elle a trahi le village pour son compte. Elle n'a pas le choix. A-t-on l'approbation de la majorité du conseil ? »

Tsunade, Jiraya, Minato et quelques autres conseillers levèrent la main en signe d'assentiment il demeura quelques réfractaires, qui ne faisaient pas la majorité. Beaucoup fusillaient Homura et Kohal du regard, pour avoir osé dire à voix haute qu'il faudrait tuer des enfants à peine sortis du berceau. A la vue de ces votes, le Quatrième sourit de contentement.

- Fort bien. Dans ce cas, le conseil est clos. Sandaime, si vous voulez bien….

- Bien entendu, dit le Troisième avec un sourire. Je déclare cette séance extraordinaire close. Vous pouvez rentrer chez vous. C'est toi, Minato, qui ira prévenir Kyôkan des mesures prises à son encontre, et à celle de ses enfants.

Les conseillers se levèrent en remerciant Sarutobi d'un signe de tête nonchalant, et sortirent. Alors que tous retournaient se coucher, Minato, lui, prit la direction de l'hôpital. Il était temps de tout annoncer à la jeune maman, même si ce genre de restrictions n'allaient pas vraiment lui plaire…

**Flash-back**


La jeune apprentie d'Orochimaru, Anko, avançait timidement sous la lumière agressive des torches, dans le repère de l'île de Kikaijima. Elle n'aimait pas cet endroit. Elle avait suivi son sensei, par fidélité, mais ignorait si la décision qu'elle avait prise était la bonne. Depuis longtemps elle connaissait le penchant qu'avait son maitre pour les expériences étranges à vrai dire, elle n'y avait jamais vraiment regardé de trop près. Pour elle, rester éloignée de ce qu'Orochimaru faisait était un pas vers plus de sécurité pour autant, elle souffrait de voir si peu d'attention qu'avait son professeur envers elle. Profiter de ses enseignements était primordial, elle le savait mais ces derniers temps, il y avaient peu de choses qui sortait Orochimaru de son laboratoire.

A part elle. Cette fille qui avait brisé sa prison. La plupart du temps, elle restait dans une chambre qui lui était réservée, mais parfois Anko la voyait marcher dans les couloirs pour rejoindre le laboratoire… Ou tourner dans le couloir, en direction des appartements de son sensei. Pour elle, c'était une chose inconcevable que de lire de l'attachement dans les yeux de son maître malgré cela, il lui était difficile d'ignorer à quel point le regard du serpent avait changé. Oh, ce n'était pas un changement énorme, mais la nouvelle lueur qui s'allumait dans le regard d'Orochimaru était visible, lorsque la fille se trouvait dans la même pièce que lui.

Alors qu'elle se dirigeait vers le laboratoire principal pour trouver son sensei, elle perçut des bruits étouffés provenant du hall principal, celui comportant les cobayes les plus importants. Elle s'approcha de la porte, le plus silencieusement possible, et observa par le trou de la serrure.

Orochimaru était là. Il était toujours là. Il était très inhabituel que son maître sorte du repère, ou même qu'il aille se reposer. Sa vie semblait entièrement dépendre de ce qui se trouvait dans cette pièce or là, elle fut surprise de ne pas le voir affairé devant ses multitudes de flacons, posés sur la table près des cuves.

Non, au lieu de cela, il s'était penché vers elle. Elle, qui pleurait. Anko en ignorait la raison. La tête entre les mains, ses longs cheveux châtain entourant son visage, la fille pleurait à grands sanglots, apparemment incapable de s'arrêter ne serais-ce que pour respirer. Anko éprouva une bouffée de compassion à son égard, même si elle n'avait jamais vraiment eu l'occasion de lui parler elle savait combien son maître pouvait être cruel, parfois.

« Tu ne peux pas… tu ne peux pas me demander ça, non, tu ne peux pas ! » parvint à articuler Kyôkan entre deux sanglots. Anko rapprocha un peu plus son œil de la serrure. Faire quoi ? A qui ? Et surtout, pourquoi ?

Mais déjà Orochimaru tentait d'attraper l'une des mains de Kyôkan. Elle le repoussa. Une première fois. Puis une seconde, et finalement, parvint à redresser la tête, dévoilant son visage baigné de larmes brûlantes. Anko cherchait une réponse elle n'allait pas tarder à en recevoir. Orochimaru se pencha un peu plus vers la jeune femme à genoux sur le sol. Sa voix était étrangement calme, et malgré la froideur habituelle de son ton, étrangement douce, aussi.

« Tu ne comprends pas. C'est toi qui ne peux pas me demander une chose pareille. J'ai des priorités. Je t'ai avertie, souvent, mais tu n'as pas voulu m'écouter.

- Je t'en prie, je t'en supplie…

- Ma décision est sans appel, Kyôkan. Je refuse de m'encombrer de cela. Je n'aime pas quand tu pleures, mais je ne changerai pas d'avis parce que tu verses quelques larmes.

Le chagrin de Kyôkan sembla se métamorphoser en une colère sourde. Elle releva la tête, et considéra le jeune homme avec défi, le regard brûlant de chagrin et de haine.

« Cela ne signifie donc rien pour toi ? Tout ce que nous vivons depuis un an… ça ne veut rien dire ?!

- Cela n'a rien à voir, et tu le sais très bien. Je t'ai dit que j'étais un homme… Compliqué. Non ?

- Mais… Mais… »

Anko retint de s'étrangler lorsque Kyôkan éclata en sanglots de nouveau. Qu'avait-elle pu lui demander pour pleurer autant devant un refus ?

« Mais Orochimaru, après un an, après tout ça, tu ne peux pas me le demander ! Tu ne peux pas me demander d'avorter ! »

L'enfant se retint de crier. Impossible. Elle ? Enceinte ? De… Non, c'était tout bonnement inconcevable. Elle connaissait le caractère de son maître sur le bout des ongles. Il était tout bonnement inconcevable que son sensei ait partagé une telle intimité avec quelqu'un. Elle mentait. C'était une évidence.

Mais alors pourquoi pleurait-elle autant, si elle ne disait pas la vérité ?

Le regard de son maitre se fit plus dur. Il attrapa fermement la main de sa compagne, et rapprocha son visage du sien, une sévérité nouvelle dans le regard. Un regard qui imposait la crainte, et le respect.

« Je ne veux plus entendre parler de ça, tu m'entends ? Demain, je dirai à Amachi de t'opérer et de t'enlever ça.

- Ce n'est pas une tumeur !

- Oh, si. C'en est une. C'est un frein à mon ascension, à tout ce que je désire et ce que j'ai de plus cher, tu comprends ? Alors la conversation est close. Tu vas faire ce que je te dis. Et sans me défier.

- Je croyais que je faisais partie de ce que tu avais de plus cher, Orochimaru. Visiblement, j'ai fait une erreur, n'est-ce pas ? »

Une larme roula sur la joue d'Anko. Si elle connaissait mal Kyôkan, elle ne pouvait que comprendre son chagrin, et son indignation. La petite genin avait toujours su que son maître était un monstre. Elle avait espéré qu'au contact d'une femme, il se serait radouci. Cela s'était produit le premier mois… Mais il avait rapidement retrouvé sa morgue habituelle, sans se départir un seul instant de son but : ce qu'il recherchait avidement au travers de ses bocaux et de ses expériences. L'amour d'une femme était sans nul doute, pour lui, un bonus mais en aucun cas il était question de faire passer cette affection avant son but premier. Et il le montrait encore une fois, alors qu'il jetait à sa compagne un regard sévère.

« Non, tu n'as pas fait d'erreur en pensant cela. Mais il faut que tu te rendes compte d'une chose. C'est nouveau pour moi, d'accord ? Un an ne suffit pas pour que je m'adapte.

- Tu mens.

- Non. Pas à toi. Je refuse d'avoir une famille, ou quoi que ce soit qui m'empêche de faire ce que je veux. A mes côtés, tu ne me freines pas. Mais avec un enfant…

- C'est de l'égoïsme ! »

Orochimaru ricana.

« Mais enfin, tu t'attendais à quoi en t'offrant à moi, Kyôkan ? »

C'en était trop. Sans doute avait-il prononcé la phrase à ne pas dire en tout cas, Anko aperçut par le trou de la serrure la jeune femme se redresser, le port altier, la tête haute, elle toisa Orochimaru en pleurant. Mais son regard s'était fait plus farouche, plus dur.

« Si tu refuses de m'accorder une famille, je m'en irai.

- Tu n'oseras jamais. »

Orochimaru lui jeta un regard plein de défi.

« Tu n'es rien sans moi. »

Il l'attrapa soudainement par la taille, et d'un geste aussi vif que brutal, enroula ses bras autour d'elle.

« Tu ne pourras jamais te passer de ça, Kyôkan. Avoue-le.

- Je… »

Il ne la laissa pas terminer. En un instant, il avait posé ses lèvres sur les siennes. Il l'embrassa avec une fougue presque gênante, forçant l'enfant qui les observait à détourner le regard. Cela dura longtemps. Il sembla que Kyôkan faiblissait sous la pression de ce baiser mais bien vite, elle le repoussa d'un geste virulent des bras. Non. Pas cette fois.

« Es-tu sûr de ce que tu me refuses, Orochimaru ? »

L'intéressé lui jeta un regard sévère.

« Oui. J'en suis sûr. Mais tu ferais une énorme erreur en partant.

- Je suis prête à prendre le risque. »

La jeune femme s'immobilisa. Elle l'observa un long moment, en silence. Kyôkan détailla de mémoire les moindres parcelles du visage de son compagnon. Sa rivière de cheveux noirs. Ses yeux reptiliens d'un vert d'eau. Son sourire froid, qu'elle avait toujours à la fois haï et profondément désiré. Orochimaru sembla retenir sa respiration, le temps de cette lente observation. Il comprit à cet instant qu'elle partirait réellement.

« Ne fais pas ça. »

Mais Kyôkan secoua la tête de droite à gauche.

« Tu ne m'en laisses pas le choix. »

Elle fit un pas en avant, se retourna. Il ne chercha pas à la retenir. Dans ses yeux, Anko discerna une lueur nouvelle. De la peur. De la surprise. Et quelque chose qui semblait s'assimiler à du chagrin. Mais il n'esquissa pas le moindre geste, lorsque Kyôkan marcha à grand pas vers une porte dérobée, au fond de la salle.

Plusieurs minutes après son départ, Orochimaru était resté là, pantelant, sans vraiment comprendre comment les choses avaient pu arriver aussi vite. Anko, derrière la porte, jubila silencieusement.

Pour la première fois de sa vie, son maître subissait, en silence, le lourd poids du regret.

**End**


Ce fut la dernière fois qu'elle le vit.

Kyôkan, le visage éclairé par un rayon de lune, serra un peu plus fort son fils entre ses bras frêles. Assise sur le rebord de la fenêtre, elle observa le ciel, pensive.

Tout ça, c'était de sa faute, à lui. Entièrement. Pour autant, devant le regard de l'enfant qui l'observait attentivement, comment en vouloir à qui que ce soit ? La visite de Minato, quelques minutes plus tôt, avait éveillé en elle le cruel sentiment de trahison, et d'abandon.

Elle se leva, posa l'enfant dans son berceau, non sans lui jeter un dernier regard attendri. Il lui faudrait vivre dans la surveillance constante. Elle en était capable. Mais eux ? Debout dans la pièce, la jeune femme laissa ses larmes couler encore une fois. C'était injuste. Terriblement injuste. D'un geste ample, elle attrapa le kimono rapiécé qui pendait près de son lit d'hôpital, et fouilla dans sa poche intérieure.

Elle eut un faible sourire au regard de la photographie, qu'elle déplia en tremblant.

Une nouvelle vie allait commencer. Pour elle, et pour les deux petits êtres qui dormaient paisiblement, sans se douter un seul instant que leur apparence à elle seule forgerait, plus tard, leur destin.



Chapitres: 1 2 [ 3 ] 4 Chapitre Suivante »



Veuillez vous identifier ou vous inscrire:
Pseudo: Mot de Passe: