Fiction: Candidate passionnée et obstinée

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Sakura passa ses trois dernières semaines à régler les affaires courantes et à préparer sa succession. Elle ne revit pas Sasuke, ce qui lui permit de retrouver pleinement son calme. Vu de loin, il avait repris les proportions normales d'un homme séduisant, certes, mais qui serait bientôt son patron, ce qui ne laissait subsister aucune ambiguïté sur le caractère de leurs relations.

Le soir, elle s'installait confortablement chez elle pour lire les dossiers qu'il avait apportés. Certains n'avaient rien d'enthousiasmant parce que ils traitent de droit ou de finances. La partie architecturale, au contraire la fascinait. Elle voyait déjà les bâtiments s'élever dans le ciel d'Hartford, leurs hautes silhouettes de verre et d'acier se refléter dans les eaux de la rivière. Elle fermait les yeux et ils prenaient alors vie, tels d'immenses vaisseaux majestueux scintillant dans la lumière éclatante du soleil ou argentée du clair de lune.

Dans ces moments-là, son cœur se mettait à battre plus fort et elle pensait au rêve brisé de son père.

- Nous réussirons, papa, dit-elle tout fort un soir, en serrant les dossiers cotre son cœur, des larmes plein les yeux. Ton idée va vivre, je te le promets. Ce sera si beau que tu seras enfin fier, je te le jure !

Lorsque la sonnerie du téléphone retentit, Sakura sursauta et prit le combiné entre ses mains.

- Allô ? lança-t-elle le souffle court.

- Sakura, qu'est-ce que j'apprends ? demanda sa mère, tout excitée. Tu vas travailler avec Sasuke Uchiwa ?

Sakura refoula ses larmes et se cala contre les coussins avec un soupir.

- Décidément, on ne peut rien te cacher.

- C'était donc cela, le repas de l'autre soir. Il n'y avait pas d'histoire d'amour dans l'air, alors ?

Avait-elle décelée une pointe de déception dans la voix de sa mère ?

- C'était cela, maman. Désolée de ne pouvoir te fournir une histoire croustillante. Je ne te ressemble pas.

- C'était il y a dix ans. Pour l'amour du ciel, oublions le passé. Tu me manques, ma chérie. Je voudrais tant faire la paix avec toi.

- Tu aurais dû y penser bien avant, rétorqua Sakura d'une voix glaciale, le regard fixé sur le portrait de son père.

Elle avait besoin de se donner la force de résister à sa mère. Elle ne voulait pas être tentée de tout pardonner.

- Oh, Sakura, soupira Yukina, j'aimerais tant que tu réfléchisses ! Je sais que tu aimais ton père et que je t'ai fait beaucoup de mal en le quittant. Mais ne pourrais-tu pas essayer de comprendre mon point de vue ?

- C'est fait maman. Tu étais très malheureuse avec papa et tu as entrevu la chance de ta vie. Tu l'as laissé à ses rêves brisés et tu es partie vers ta somptueuse maison, tes voitures, tes domestiques, les soirées chics et les belles robes. Et tu crois que je ne pense pas à ton point de vue ? Je n'ai pas pensé à grand-chose depuis dix ans.

- Tu as raison sur un point, Sakura. J'étais malheureuse avec ton père.

Sakura se mordit la lèvre. Quelque chose dans le ton de sa mère la faisait douter de ses convictions. Peut-être existait-il des choses qu'elle ne savait pas et qu'elle aurait dû lui laisser expliquer.

Elle se ressaisit aussitôt. Balivernes ! Elle avait eu dix ans pour s'expliquer mais elle n'avait pas pris la peine de le faire. Pourquoi aujourd'hui ? Parce qu'elle avait choisi de travailler pour Sasuke ? Son ascension vers les hautes sphères du pouvoir donnait à sa mère l'envie de se réconcilier. Comme s'est touchant !

- Désolé maman, dit Sakura. Je n'ai plus envie de parler de tout cela.

- Il faudra bien que nous en parlions un jour !

- Pourquoi ? Tu n'avais pas l'air pressé jusqu'ici

- Pourquoi ? répéta sa mère, tristement. Je vais te le dire. Je vieillis Sakura. J'ai besoin de ma fille, de petits-enfants. Tu es tout ce que j'ai.

De nouveau, Sakura sentit ses convictions flancher devant la sincérité de sa mère. Ce qui était si simple, trop simple, devenait soudain terriblement compliquer. La gorge nouée, elle réitéra sa question.

- Pourquoi ne pas avoir pensé à tout cela, maman ?

- Je l'ai fait tant et tant de fois ! J'espérais que tu me pardonnerais et que tu reviendrais vers moi. Mais tu me ressembles, tu es têtue.

Sakura regardait tristement les croquis d'architecture éparpillés sur le lit.

- Tu sais maman, j'ai toujours pensé que si tu avais mis autant d'énergie à aider papa qu'à le combattre, il aurait réussi tout comme Hiashi.

- Ma chérie, j'avais vraiment confiance en ton père lorsque nous nous sommes mariés. Il avait tant de rêves et de projets merveilleux ! Peu à peu, les années passant, j'ai compris que j'avais épousé un rêveur uniquement, et que je ne lui convenais pas. Il avait besoin de quelqu'un de plus doux, de moins ambitieux que moi. Je l'admets, je suis une forte femme, qui pousse toujours les autres vers l'avant. Au lieu de l'aider, je lui faisais du mal. Lorsque j'ai rencontré Hiashi, j'ai vu en lui tout ce que je croyais avoir vu en ton père et je suis tombée amoureuse. Est-ce que cela, au moins, tu peux le comprendre ?

Tomber amoureuse ? Sakura songea immédiatement à Sasuke et sentit un pincement au cœur. Mais ce n'était pas son cas. Elle était simplement attirée par lui.

- Je ne sais pas, maman, dit-elle très vite. Les choses sont un peu confuses dans ma tête. Donne-moi le temps de m'y retrouver.

- Tout le temps que tu voudras, répondit Yukina d'une voix optimiste. Oh, Sakura, si tu pouvais me pardonner ! Je t'aime, ma chérie. Tu me manques terriblement.

Sakra tenta de parler mais elle avait une énorme boule dans la gorge. Des larmes emplirent soudain ses yeux, la faisant se sentir fragile, vulnérable. Quelque chose n'allait plus… Jamais, elle n'avait éprouvé ce genre d'émotion face à se mère.

- Maman, je dois te quitter… parvient-elle à balbutier.

- Pui, bien sûr, ma chérie. Nous nous téléphonerons bientôt, tu veux ?

- Oui.

Ce fut tout ce que Sakura put dire avant de raccrocher et d'éclater en sanglots.

Elle pleura jusqu'à l'épuisement, comprenant soudain combien sa mère lui avait manqué. Elle s'était convaincu que non, se coupant totalement d'elle. Quelle idiote ! Comment avait-elle pu prétendre, toutes ces années, n'avoir besoin de personne, surtout depuis la mort de son père ? La déclaration d'amour de sa mère avait touché son cœur devenu dur comme la pierre depuis longtemps. Soudain, elle prenait conscience de sa stupidité, de son entêtement, de la froide indifférence qu'elle avait toujours opposé à ses prières.

Pourtant, l'orgueil restait le plus fort. Elle ne pouvait pas rappeler sa mère et lui dire ce qu'elle venait de découvrir si brutalement. Dix années de comportement ne pouvaient se changer du jour au lendemain. Il lui fallait du temps pour réfléchir et reconsidérer ce qui lui avait paru évident et qui ne l'était plus.

Sakura laissa son regard errer sur les croquis d'architecture éparpillés sur le lit. Cette nouvelle prise de conscience au sujet de sa mère soulevait d'autres questions. Pourquoi voulait-elle à ce point travailler avec Sasuke ? Pour se faire un nom ? Pour voir enfin se réaliser les rêves de son père ? Ou tentait-elle seulement de se venger de sa mère en lui montrant qu'elle pouvait réussir seule, ce que Yukina Haruno n'avait pas été capable de faire ?
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Ce fut bientôt le premier jour de travail de Sakura. Dans le hall de l'immense bâtiment, elle se retrouva mêlée à la cohorte des employés qui se pressaient vers les différents ascenseurs de l'immeuble.

Sakura était seule dans l'ascenseur, heureusement. Elle en profita pour vérifier se tenue, son maquillage. Bon, tout allait bien. Elle se sentait sûre d'elle, à l'aise dans son nouveau rôle. Lorsque l'ascenseur s'immobilisa et s'ouvrit, elle inspira profondément et sortit.

Elle arriva devant une porte en verre portant le nom de la société inscrit en lettre d'or. Derrière le lourd bureau se trouvait la même réceptionniste qui l'avait accueillie un mois plus tôt. Elle leva les yeux et lui sourit.

- Bienvenue parmi nous, mademoiselle Haruno. Nous sommes enchantés de vous accueillir ce matin.

Sakura sourit en retour, cherchant rapidement des yeux le petit bristol avec le nom.

- Merci, madame Chyô. Je suis heureuse d'être ici.

- Avant toute chose, vous devez vous présenter au bureau du personnel. Mlle Yuhi vous y attend. Elle vous conduira ensuite chez Mr Uchiwa.

Sakura se moquait éperdument de Mlle Yuhi et des formalités. Elle voulait gagner son bureau et se mettre tout de suite au travail.

Et puis, restait une petite appréhension : celle de revoir Sasuke. Comment réagirait-elle ? Sakura oublia momentanément la question tandis qu'on lui faisait signer des papiers et remplir des formulaires. Elle écouta patiemment les explications sur la politique de l'entreprise, acquiesçant ça et là avec un sourire imperturbable. Il lui faut également se soumettre aux présentations tandis qu'on lui faisait faire le tour des bureaux.

Plus la visite avançait, plus elle devenait nerveuse, ne sachant comment allait se passer ce travail, côte à côte avec Sasuke. Mon Dieu, pourquoi avait-elle accepté ? Brusquement, elle regrettait d'avoir quitté son poste. Au moins, elle y était tranquille.

Lorsqu'elle se retrouva finalement devant la porte du bureau de Tsunade, elle était en proie au doute à l'appréhension. Non, elle n'aurait jamais dû accepte ce poste. Elle se sentait déplacée, ici. Sasuke avait raison, elle n'avait ni le recul ni l'expérience nécessaires.

Sakura avait les mains moites. Elle les essuya sur sa jupe et ouvrit la porte. Tsunade leva le nez de son travail.

- Vous voilà enfin ! lança-t-elle sèchement.

- Oui. M. Uchiwa m'attend ?

- Bien sûr ! Mais il est au téléphone en ce moment. Vous allez devoir l'attendre.

Sakura esquissa un sourire forcé. Tsunade avait vraiment le don de tout rendre difficile. Elle était aussi aimable qu'une prison. Pour quelqu'un qui avait besoin d'encouragement, Sakura était servie !

Tsunade leva de nouveau les yeux, vers le téléphone cette fois, où le voyant lumineux s'était éteint.

- Ah, il a fini. Monsieur Uchiwa ? ajouta-t-elle en pressant le bouton de l'interphone. Elle est ici, oui. Je vous l'envoie immédiatement.

Sakura n'avait pas bougé. La secrétaire lui désigna la porte du bureau.

- Eh bien, qu'attendez-vous ? Une escorte peut-être ?

La jeune femme réprima une furieuse envie de l'envoyer promener. Il lui faudrait bien apprendre à vivre avec ce dragon. Visiblement, Sasuke Uchiwa l'appréciait. Alors…

Sakura s'avança vers la porte et frappa timidement. La voix calme de Sasuke lui répondit aussitôt d'entrer. Mais il lui sembla soudain que ses jambes se dérobaient sous elle. La tête lui tournait. Etait-ce la perspective de ce nouveau poste ou celle de revoir Sasuke qui la mettrait dans un tel état ?

- Qu'attendez-vous ? intervint Tsunade. Le déluge ?

Sakura tourna vers elle un visage stupéfait.

- Oh, dit-elle avec un petit rire nerveux. Je suppose que je peux entrer, c'est cela ?

- Je suppose que oui. Il est très impatient de vous voir. Il ne tient plus en place depuis ce matin. Toutes les deux secondes, il m'appelle : « Où est Sakura, elle est arrivée ? » A votre place, je ne le ferais pas attendre davantage.

Interloquée par ce qu'elle venait d'apprendre, Sakura tourna le loquet de la porte pour entrer lorsqu'on l'ouvrit brusquement de l'intérieur. Elle se trouva catapultée dans le bureau de Sasuke et atterrit directement dans ses bras. Il claqua la porte et l'instant d'après, il l'embrassait passionnément.

Sakura referma les bras autour de son cou, lui rendant son baiser avec la même fougue. Les yeux fermés de plaisir, le corps pressé contre le sien, elle buvait à ses lèvres comme on boit à la source après une traversée de désert.

Sasuke fut le premier à reprendre ses esprits. Il se redressa et la fixa, interdit :

- Nom de nom, que sommes-nous en train de faire ?

Sakura secoua la tête, incapable de dire un mot. Soudain, tout lui revenait en mémoire : la douceur de ses mains sur sa peau lorsqu'il l'avait massée, leur chaleur, le trouble merveilleux de son baiser… Et voilà qu'elle se retrouvait dans ses bras. Pouvait-on imaginer pire manière d'inaugurer sa première journée ?

- Je vais vous dire ce que nous faisons, poursuivit Sasuke en posant les mains sur ses épaules et en l'éloignant de lui. Nous oublions que nous sommes dans un bureau et que nous avons du travail.

Sakura ne savait plus où se mettre. Elle était devenue écarlate.

- Je savais que c'était une erreur. Nous ne pourrons jamais travailler ensemble. Je démissionne.

Elle se détournait déjà, prête à partir, lorsque Sasuke la retint d'une main.

- Il n'en est pas question. Vous ne pouvez pas démissionner alors que vous n'avez même pas commencé dans ce poste ! C'est une logique que vous comprenez j'espère ?

Sakura hocha la tête.

- Auriez-vous perdu l'usage de la parole ?

- Pas… pas du tout, réussit-elle à articuler, vexée.

- Votre bureau se trouve par ici, annonça-t-il en indiquant une porte ouverte. Il communique avec le mien, comme vous mouvez le constater.

Sakura acquiesça d'un nouveau signe de tête. Sasuke poussa un soupir excédé.

- Mademoiselle Sakura, gagnez votre bureau et ressaisissez-vous, pour l'amour du ciel. Vous venez de prendre vos nouvelles fonctions.

Elle le fixa un instant et commença à se détendre. Sasuke Uchiwa aurait pu profiter de la situation. Au lieu de cela, il se contentait de la secouer, de l'obliger à réagir et à oublier ce qui venait de se passer. Très bien ! C'était exactement ce qu'elle allait faire.

- Je dois avouer, monsieur Uchiwa, dit-elle en se retournant au seuil de son bureau, que votre accueil était un peu trop enthousiaste.

Un sourire effleura un instant les lèvres de Sasuke et disparut.

- Croyez-moi, mademoiselle Sakura, cela ne se reproduira plus.

- J'ose l'espérer, rétorqua Sakura sèchement.

Puis elle disparut dans son bureau et claqua la porte derrière elle. C'était une sortie plutôt réussie. Quelques minutes plus tard, elle commença à se sentir tout à fait à l'aise dans son nouveau bureau, prête à travailler.



Voilä voilà ! De retour pour un nouveau chapitre (écrit depuis longtemps je l'avoue mais pas publié). J'espère que ça vous a plu !

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