Fiction: Le Tournoi des Sceaux

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3. Un Verre de Trop

« Wouaah ! Mais c'est génial ! » s'exclama Naruto en pénétrant dans la chambre.

Les autorités du village de la Cascade avaient aménagé un quartier spécialement en l'honneur des participants au tournoi. Un délégué du nom de Sato avait guidé les quatre équipes dans leurs demeures respectives, et celles-ci s'avérèrent pour le moins luxueuses ; elles étaient composées de trois chambres spacieuses et d'autant de salles de bain. Naruto se mit de paire avec Shikamaru, Kakashi et Sasuke prirent la seconde chambre, et laissèrent les deux filles ensemble.

Après seulement une minute, Naruto n'y tenait plus.

« Maître Kakashi, s'il vous plaît ! Juste un petit tour !

— Naruto, il est deux heures du matin, soupira Sakura, les yeux lourds de fatigue. Tu pourras te balader dans le village à loisir avant la cérémonie d'ouverture demain.

— Je ne vais pas pouvoir m'endormir avec toute cette frustration ! »

Kakashi restait dubitatif. Quelque chose semblait le préoccuper. Sasuke apparut dans l'encadrement de la porte et intervint :

« Vous feriez mieux de le laisser partir, maître. Il va être insupportable demain si on ne satisfait son petit caprice. »

Naruto lui jeta un regard noir, puis se détourna vers la fenêtre, le regard perdu dans la ville plongée dans la torpeur. Le village de la Cascade était environ cinq fois plus petit que Konoha, mais paraissait cent fois plus mystérieux pour le jeune blond. Et de savoir que des dizaines de ninjas, tous plus puissants les uns que les autres, se préparaient actuellement psychologiquement aux combats qui feraient rage le lendemain...

« Je reviens tout de suite ! » s'écria-t-il.

Il s'élança dans la pièce, et avant que quiconque n'ait le temps de réagir, il avait déjà quitté l'hôtel.


Il se laissa aller au hasard des ruelles. Tout le quartier était endormi. Au détour d'un croisement, il lui sembla flairer une odeur de ramen qui lui mit l'eau à la bouche. Il suivit les effluves, guidé par son odorat, et alors qu'il touchait au but, percuta quelqu'un et s'écrasa, la face sur les pavés.

« Je suis désolé ! »

C'était une voix de jeune garçon. Naruto, en se frottant le nez, leva lentement les yeux et détailla l'autre du regard. Le garçon ne paraissait pas plus vieux que lui, et avait des cheveux turquoise en pagaille, et des yeux de la même couleur incroyable. Il était pâle et de musculature saillante ; malgré sa courte taille, il dégageait une impression de force.

Naruto mit quelques secondes à se rendre compte que le garçon lui tendait la main, et la saisit enfin, puis se releva.

« Tu t'es fait mal ?

— Non, non » bredouilla Naruto, encore un peu sonné.

Il jeta un coup d’œil pour voir d'où venait le garçon ; manifestement, il sortait d'une artère parallèle à celle qu'avait empruntée Naruto pour parvenir au restaurant de ramen. Serait-il...

« Par hasard, tu ne participerais pas au tournoi ? demanda Naruto.

— Oh, si ! »

Les yeux du garçon s'étaient illuminés. Il tendit de nouveau la main.

« Je suis Buntaro Yamaguchi, des Bateliers de Taki. Et tu es...

— Naruto Uzumaki ! Je viens de Konoha !

— Eh bien, quelle énergie... mais que fais-tu dehors à une heure pareille ? Je pensais ne croiser personne...

— Nous venons d'arriver, et je n'arrivais pas à tenir en place ! Et j'ai senti l'odeur des ramens, alors...

— Oh, tu aimes les ramens ! fit Buntaro. C'est mon plat préféré. Tu dois avoir faim, après un aussi long trajet ?

— Est-ce que tu es en train de me proposer un ramen ? » s'écria joyeusement Naruto.

Buntaro acquiesça et lui fit signe de le suivre. Il se déplaçait furtivement dans les boyaux, semblant connaître parfaitement son chemin. Depuis combien de temps était-il là ? Naruto pensait que toutes les équipes étaient arrivées dans la journée. Il remarqua le bandeau ninja de Taki sur l'épaule de Buntaro. Il représentait un éclair inversé, et brillait à la lueur de la lune. Naruto tenta de rassembler ses quelques connaissances sur ce village, et se frappa le front avec la paume de la main.

« Suis-je bête ! Le village de Taki ! Alors tu es un natif du village de la Cascade ?

— Oui, répondit Buntaro avec un sourire. J'ai toujours vécu ici, alors je connais le centre du village comme ma poche. Je jouais souvent à cache-cache ici, il y a quelques années. J'imagine que ça doit être la même chose pour toi, à Konoha.

— Ça... »

Penaud, Naruto baissa les yeux tout en marchant.

« Qu'y a-t-il ? s'enquit Buntaro, soudain inquiet.

— J'ai rarement eu l'occasion de jouer avec les autres enfants... à dire vrai, je n'avais pas vraiment d'amis.

— Oh, c'est triste... Mais assez parlé du passé ! Voici le restaurant. »

Naruto resta bouche bée devant le restaurant : c'était une réplique quasi exacte d'Ichiraku, seuls les tenanciers, un vieil homme bedonnant et un jeune garçon maigre comme un clou, semblaient différer du restaurant de Konoha. Ce qui semblait être le chef ronflait sur un sofa, au fond de la pièce, tandis que le jeune homme somnolait, accoudé au comptoir. Un filet de bave coulait lentement de sa bouche.

« Joben ! » lança Buntaro.

Le jeune homme se réveilla en sursaut, et manqua de tomber de sa chaise. Il dévisagea tour à tour Naruto, puis Buntaro, avant de répondre.

« Ah, c'est toi... Tu ne devrais pas dormir, à une heure pareille ? Je te rappelle que les éliminatoires commencent demain.

— Je le sais mieux que toi, imbécile. Mais j'avais besoin de me vider l'esprit de la pression du tournoi. Les autorités de Taki nous mettent tellement de pression... Et je suis tombé sur ce type, qui se trouve être un ninja de Konoha qui participe au tournoi. »

Joben scruta Naruto en fronçant les sourcils. Quelque chose semblait le déranger.

« Je pensais qu'il n'y avait que toi pour être assez taré pour venir bouffer des ramens à trois heures du matin la veille du début du tournoi...

— Un double miso pour moi ! le coupa Buntaro. Qu'est-ce que tu prendras, Naruto ?

— Euh, la même chose ! »

Naruto s'installa aux côtés du shinobi de Taki.

« Joben est membre de l'équipe des Bateliers, expliqua Buntaro. Nous sommes amis depuis bien longtemps, cela aurait été absurde de ne pas le sélectionner dans mon équipe, même s'il n'est pas le meilleur Genin de Taki. Notre complicité compensera nos lacunes en Ninjutsu, j'espère. Connais-tu bien les shinobis qui combattront à tes côtés ? »

Naruto haussa les épaules.

« Certains mieux que d'autres.

— Naturellement. »

Joben arriva avec de petites coupes de saké. Il en posa une devant Buntaro, qui la but d'un trait.

« Offertes par la maison » murmura le garçon de cuisine, avant de disparaître de nouveau.

Les ramens au miso arrivèrent quelques instants plus tard. Affamé, Naruto ne se fit pas prier pour dévorer son repas, et pendant quelques minutes les deux shinobis ne dirent pas un mot. Ce fut Naruto qui brisa le silence le premier.

« Tu as dit que tu avais sélectionné les membres de ton équipe ? Tu es leader ?

— En effet. Dans la majorité des cas, c'est un Jounin qui est leader, mais le maître qui nous a entraînés, Joben et moi, est un saoulard. Je n'ai aucune confiance en lui, alors j'ai préféré composer ma propre équipe.

— Et c'est toi qui élabores les stratégies ? »

Buntaro acquiesça de nouveau. Plus la conversation avançait et plus Naruto était impressionné. Buntaro ne devait guère être plus âgé que lui, mais il était déjà son propre leader et dirigeait des équipes, alors qu'il n'était même pas Jounin. Un caractère si volontaire sur le champ de bataille ne pouvait être qu'une constante menace.

Les deux garçons discutèrent encore pendant plus d'une heure de tout et de rien, d'une conversation animée et arrosée de saké. Ils quittèrent le restaurant vers quatre heures et demi du matin, et sur le chemin du retour, Naruto se perdit dans les ruelles et s'évanouit, le cerveau embrumé par l'alcool, en plein milieu d'un carrefour.

***

Naruto se réveilla, allongé dans un lit, les oreilles bourdonnant et le sang tambourinant contre ses tempes. Il se redressa avec difficulté, comme englué dans de la tourbe, et soupira doucement, comme pour évacuer la douleur. Il jeta un coup d’œil autour de lui. Au vu de la lumière du soleil qui entrait par la fenêtre, il devait être midi passé. Bougre, le tirage au sort de la phase éliminatoire n'était-il pas censé être à treize heures ? Les rencontres avaient peut-être même déjà commencé...

Reprenant ses esprits, il songea que son équipe l'aurait forcément réveillé s'ils avaient eu à combattre. Il se leva de son lit, encore un peu engourdi, et parcourut l'appartement en titubant. A première vue, il lui sembla vide, mais après une meilleure inspection, il découvrit Shikamaru qui dormait, les pieds dans le lit mais la tête sur le sol. Le jeune Genin ronflait bruyamment. Cela arracha un sourire à Naruto, qui se sentit rassuré. Les quatre autres s'étaient-ils rendus au centre du village pour le tirage ? Il n'y avait qu'un moyen de le savoir.

Luttant contre la gueule de bois, il enfila une veste et sortit de l'appartement. Le village semblait beaucoup plus petit et moins menaçant de jour. Le ciel était gris, et une brise douce soufflait dans les ruelles. Naruto s'orienta comme il put parmi les avenues, et déboucha finalement, un peu par hasard, sur une place gigantesque bondée de monde. Il chercha des yeux Kakashi, Sasuke, Sakura et Hinata dans l'assemblée, mais ne trouva que des visages qui se ressemblaient tous, des silhouettes similaires, des dizaines et des dizaines de ninjas qui regardaient tous dans la même direction. Alors Naruto suivit leur regard.

Sur une estrade, un homme minuscule, monté sur un tabouret, plongeait la main dans une gigantesque boîte en plastique transparente et circulaire. Il en tira un papier, qui semblait être le dernier, et le brandit à l'assistance tout en s'écriant :
« Et pour affronter les Veilleurs de Tsume no Sato, nous auront donc pour ce tour éliminatoire l'équipe des Vagabonds de Konoha ! Que les meilleurs gagnent ! »




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