Fiction: Pandora's Blood

Trois ans plus tôt, une organisation vampirique nommée Purgatoire a pris le contrôle du monde lors d'un génocide tristement baptisé « Apocalypse ». Sakura fut alors engagée comme Traqueuse pour la Guardia, redoutable milice du pouvoir. Pourtant, aujourd'hui, elle se retrouve sur les traces d'une mystérieuse prophétie aux côtés de son pire ennemi et néanmoins meilleur allié. Tous deux devront faire front face au Purgatoire et à l'obscur passé liant leurs deux mondes, mais aussi leurs deux vies.
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Lia chan (Féminin), le 30/10/2013
L'idée de cette fanfiction mais venue après la lecture de "Nightmare" d'Elrewin qui m'a inspiré le theme.
C'est une de mes fic les plus élaborées dans le sens où les recherches et les documentations annexes ont été minutieuses avant même l'écrit du premier chapitre.
Bien entendu, un peu de romance est au rendez-vous mais je tiens à préciser que j'ai une sainte horreur du guimauve...
Brefouille ! J'espère que cette histoire vous plaira et je vous souhaite dors et déjà une bonne lecture !




Chapitre 1: Dies Irae



Le fin gravier crissait régulièrement au rythme des pas qui le foulaient tranquillement. Les rangées groupées et symétriques de sépultures semblaient laisser place à l’intrus comme des soldats muets et glacés. Les allées, une fois minutieusement explorées, redevenaient mornes et sombres, condamnées à l’inconnue jusqu’à la prochaine fois où on les contemplerait.
Ce n’était pas les stèles de marbre récentes, ni les vieilles croix de bois abandonnées et pourrissantes qui était objet d’attention. Seules étaient balayées du regard les pierres de grès mat usées par l’érosion, celles qui semblaient avoir poussées là et qui partageaient, avec la terre et la végétation alentours, le déferlement des années. Comme pour marquer leur appartenance au sol, la mousse venait entraver les dalles, noircies par le temps, de ses chaînes végétales.
Ce fut une énième tombe souillée qui attira enfin complètement l’attention qui passait les sépultures au peigne fin depuis près de deux heures. S’accroupissant en grimaçant, le visiteur essuya difficilement la crasse et le lichen moisissant incrustés dans les sillons des lettres et chiffres centenaires, semblant tendre peu à peu à camoufler l’identité du défunt. Ses yeux se plissèrent pour déchiffrer les écritures partiellement effacées par les âges avant que son regard ne laisse passer une subtile étincelle.

Uchiha Sasuke
1685-1712

Un rictus railleur étira faiblement les fines lèvres de la jeune femme.

- Je t’ai trouvé.
- J’ai toujours détesté les sépultures. Essayer de retenir la mémoire d’un mort indéfiniment… Je trouve ça si vain et inutile. Même la nature accepte et permet l’effacement de l’existence. résonna une voix grave et profonde dans son dos.

La jeune inconnue se releva doucement, fixant toujours l’identité du mort avec attention.

- En même temps, l’existence n’est pas sensée traverser les âges indéfiniment, n’est-ce pas ? Sasuke… Finit-elle en se retournant calmement vers son interlocuteur.

L’homme était nonchalamment posé sur une haute tombe comme s’il ne s’agissait que d’un vulgaire fauteuil, jaugeant l’intruse de son regard abyssal et brillant. Une légère exclamation moqueuse passa ses lèvres.

- Cette règle ne vaut que pour la race humaine…
- Effectivement, vu comme ça…
- Puis-je vous demander ce que vous faites ici mademoiselle ?
- Ne te fous pas de moi, tu le sais très bien. gronda la jeune femme.

Son sourire s’agrandit.

- Petite fille prétentieuse et inconsciente… Tu oses t’aventurer ici malgré le danger.
- Je n’ai pas peur.

Le brun haussa un sourcil avant de gagner une expression ennuyée.

- Menteuse, je sens d’ici la tension de tes muscles et les battements affolés de ton cœur.
- Simple excitation. Se défendit-elle.

Il se leva tranquillement surplombant majestueusement son hôte.

- Que ferais-tu si je t’attaquais ici et maintenant ?
- Je te tuerais avant de mettre fin à mes jours.
- Tu as été bien formatée… Mais je sens autre chose en toi. Serait-ce des sentiments ?

Elle grinça des dents.

- Je suis chasseuse, il n’y a pas de place pour les sentiments.
- Faux, tant que tu es humaine les sentiments feront partie intégrante de ta vie, que ce soit l’amour… ou la haine. Termina-t-il en un chuchotement à son oreille.

Les yeux verts de la jeune femme s’écarquillèrent de surprise. Elle se retourna rapidement en un mouvement ample et habile, assénant un coup de poignard dans le vide alors qu’elle bondissait en arrière pour se retrouver hors de portée de son ennemi.

- Tu n’es pas très rapide ! Railla-t-il, esquivant l’attaque bien trop facilement.

Maintenant une bonne distance entre eux, les deux individus se jaugèrent avec attention.

- Moi, je peux effacer les sentiments comme s’il ne s’agissait que d’une vulgaire trace d’encre sur ma peau. Mais ce ne serait pas amusant.

Elle fronça les sourcils.

- Amusant ?
- Ressentir la rage d’un combat, la frustration d’un échec ou l’excitation d’une victoire. Crois-tu que l’on puisse vivre trois-cents ans sans rien sentir ? Ce serait d’un ennui…

- Balivernes. Asséna-t-elle.

La voix placide et grave de l’homme se fit plus froide et sérieuse.

- Seuls ceux qui risquent de perdre une chose en apprécient la subtile valeur. Vous autres, pauvres créatures stupides, tentez par tous les moyens de rester aveugle à vos ressenti sans cerner leur potentiel.
- Quel potentiel ?
- Savoir ressentir, c’est aussi savoir sentir… La peur, l’angoisse, la haine, l’amour… Savoir en user pour arriver à ses fins est
considérablement attrayant. Mais quand on ne sait pas comment faire, on préfère traiter tout ça comme des entraves mortelles.

Il se retrouva en une demi-seconde à un mètre d’elle.

- Je vais te dire ce qui est mortel, c’est d’ignorer ce qui peut te sauver la vie.

L’instant d’après elle le vit fondre sur elle et eu juste le temps de parer le coup de kunai avec sa propre arme. Sasuke bondit en arrière mettant à nouveau de la distance entre eux.

- Tu vois ? Ta peur t’as poussée à te protéger…
- Arrête de jouer ! ragea la jeune femme à bout de nerfs.

A nouveau il fut derrière elle, entravant sa main armée d’une poigne de fer et l’autre de son bras qui enserrait son abdomen, menaçant ses côtes d’une douloureuse fracture ou pire encore.

- Et là… qu’est-ce que tu ressens ? Murmura-t-il sensuellement à son oreille.

Sa bouche prit la relève de son souffle en caressant doucement la peau fine recouvrant la jugulaire de la jeune femme. Si les caresses étaient douces, elle ne s’y trompait pourtant pas. Derrière la chair tendre de ces lèvres se cachait l’arme la plus dangereuse qu’il puisse exister en ce monde, des crocs de bête, acérés et mortels. Des Canines de vampire.

- Alors ? Quand partons-nous, Mademoiselle Haruno ?

***

- Sakura… Sakura…

Le brun soupira et donna un puissant coup de pied dans le sac de couchage qui accueillait le corps roulé en boule de sa partenaire de voyage. Le duvet remua vivement le temps que son occupante s’en extirpe.

- Non mais ça va pas la tête ?! rugit la jeune femme échevelée par ses longues heures de sommeil.
- Enfin…
- Tu ne pouvais pas me réveiller calmement comme tout le monde ? maugréa-t-elle en se relevant avant d’épousseter ses vêtements.
- Je ne suis pas tout le monde. Et puis je déteste quand tu recases notre rencontre.
- Je… Je ne rêvais pas du tout de ça !
- A d’autre, tes fonctions vitales réagissaient exactement comme ce jour-là… avec le même timing.

Sakura s’empourpra légèrement de gêne avant de froncer les sourcils et de s’enfoncer dans les bois en grognant.

- Si j’étais toi, je n’irais pas par là…
- Je me fous de ton avis !

Elle continua son chemin, laissant son acolyte au campement. Elle évitait habilement les racines et souches pourrissantes, avançant rapidement dans la forêt sombre qu’ils devaient traverser dans leur périple.

- Non mais quel naze ! Vampire… tu parles ! Juste une grosse brute sans cervelle ! Aucun soupçon de délicatesse ! Non mais quel con ! Qu’est-ce que j’ai été m’enticher d’un mec pareil, franchement ! La prochaine fois, je…

Un craquement de bois mort stoppa son monologue enragé. Elle se figea, tous les sens en alerte, concentrée, à l’affut du moindre mouvement. Sa main se porta doucement au fourreau de son poignard pour l’en sortir dans un sifflement métallique aiguisé. Le fourré face à elle s’ébroua et Sakura se mit en garde. Une seconde plus tard, ce fut pourtant sur sa gauche qu’une branche craqua. Interloquée, elle se retourna vers le bruit sec, se retrouvant face à face avec un énorme puma pas franchement amical.

- Merde… Mais qu’est-ce que tu viens foutre ici toi ?

Elle recula d’un pas lorsque le fauve se jeta sur elle sachant que si elle le touchait, lui non plus ne louperait pas sa cible. Ce fut au dernier moment qu’elle se sentit tirée brusquement en arrière, échappant aux griffes du prédateur de justesse. La seconde d’après, elle assistait à l’exécution de l’animal par Sasuke. Un craquement affreux retentit contre les troncs abimés et le corps de la bête s’affaissa mollement tandis que le brun lâchait sont énorme tête. L’homme ne s’attarda pas plus longtemps et passa calmement à côté de la jeune femme pour rejoindre le campement.

- Tu me remercieras plus tard. Lui murmura-t-il à l’oreille d’une voix rauque.

Sakura fulminait. Pourquoi n’avait-elle pas tout simplement écouté cet enfoiré aux sens sur-développés ! Oui, elle allait devoir le remercier, comme à chaque fois qu’il la sauvait d’ailleurs, de moins en moins souvent heureusement… Sakura progressait dans son entrainement. Les enseignements de la Guardia lui avaient appris à se battre, à réfléchir rapidement, à développer nombre de facultés, mais sur le terrain, c’était une toute autre histoire. Sur le terrain, le meilleur professeur qu’une chasseuse pouvait avoir était bien… la plus puissante de ses proies. Elle avait eu de la chance de ne jamais croiser un Érudit, avant Sasuke.

Arrivée au campement, stressée par son manque de méditation et énervée de devoir à nouveau la vie au jeune homme, Sakura alla tout de même s’installer entre les jambes de son acolyte, tranquillement assis contre un arbre. Il la toisa d’un regard intense et assoiffé, ses pupilles dilatées faisaient ressortir le rouge éphémère de ses iris qui ne se départairnt pas de l’éclat d’envie qui les faisait briller.
Une fois installée, la jeune femme attrapa sa chevelure mi-longue pour l’écarter de son épaule gauche et pencha la tête sur la droite avant de fermer les yeux.

- Ouvre-les. ordonna-t-il.
- Quoi ?
- Ouvre-les. Je veux les voir se fermer de plaisir…

Bien que gêné, elle obtempéra. La seconde d’après, elle sentait les crocs acérés du brun s’enfoncer dans sa gorge, faisant légèrement et douloureusement rouler sa jugulaire avant de la percer.

Se faire mordre par un vampire était une chose particulièrement déroutante. Il y avait, bien sûr, la douleur de la morsure, mais ce n’était pas tout… Le venin qui infectait la plaie rendait l’aspiration du sang… excitante, tel un puissant aphrodisiaque qui se diffuserait du cou pour ensuite gagner tout le corps, veine par veine, capillaire par capillaire. Des caresses internes qui faisaient vibrer de plaisir les proies de ses êtres nocturnes. C’était pour cette raison qu’ils se nourrissaient en priorité du genre opposé. Sakura ne faisait pas exception à la règle et elle détestait être ainsi à la merci des jeux et de la luxure de Sasuke.

Elle ferma enfin les yeux dans un soupir tandis que son corps se laissait suavement aller contre celui de l’Uchiwa. La respiration de la jeune femme s’approfondit alors que les mains du brun se faisaient baladeuses. Elle haïssait ne pouvoir lutter contre les réactions de son corps, elle haïssait aimer et vouloir servir de vulgaire pantin pendant que Sasuke s’abreuvait
Et puis tout s’arrêta, comme d’habitude. Repus, Sasuke se releva, laissant le corps pantelant et fatigué de la jeune femme essoufflée s’étaler sur le sol. La vision de Sakura se troubla, elle ne décela encore une fois que le sourire vainqueur et moqueur du vampire avant que le manque de sang ne la face sombrer dans l’inconscience.

***

Sakura se réveilla au beau milieu de la nuit, frigorifiée. Elle était seule au milieu du campement, Sasuke avait dû aller chercher une autre proie … Il aimait batifoler avec vampire ou humaine… Mais elle était différente. Elle était son ennemi et à ce titre, ne servait que de garde manger. Tous les gestes osés du brun n’étaient là que pour l’avilir, l’enrager… C’était son jeu.
Surtout que Sakura n’était pas une chasseuse ordinaire. Le terme exact de sa condition était Traqueur. Elle ne se contentait pas de faire le tour des sanctuaires, des cimetières ou des vieux rads où les vampires se retrouvaient le plus souvent. Non, elle était affiliée aux profils les plus recherchés, les plus dangereux, les plus puissants, ceux du bingo-book de la Guardia. Elle « traquait » littéralement ses cibles durant des mois, des années, pour les éliminer. Sasuke était lui aussi répertorié dans ce fameux bingo-book, comme la plus part des Erudits d’ailleurs... Cette appellation désignait les vampires de plus de deux-cents ans, les anciens, des maîtres de leur espèce.

Alors pourquoi se retrouvait-elle à bivouaquer à travers le monde en compagnie de l’ennemi, loin du QG de la Guardia ? Pourquoi avait-elle mis en stand-by ses fonctions de traqueur depuis près d’un an ?

Depuis l’Apocalypse, la jeune femme avait fait beaucoup de chemin. Ses rêveries adolescentes devant le nom d’Uchiwa Sasuke sur ces parchemins d’archives étaient devenues une obsession poignante, une petite réserve d’espoir dans un monde chaotique.
Oui, chaotique… En quelques mois, le monde avait sombré dans une ère de terreur et d’horreur inégalable. Une puissante organisation, le Purgatoire avait rapidement fait mains mise sur les plus grandes nations du monde et avait débuté une grande opération nommée Dies Irae et dont le monde actuel portait encore le nom. Une terrible razzia s’était organisée, un génocide sans précédent… Les armées du Purgatoire abattaient hommes, femmes et enfants sans remords, sans sommations.

Réinstaurer la hiérarchie entre vampires et hommes… Voilà ce qu’étaient les ambitions de l’organisation. Les opposants étaient anéantis, tout simplement, et la terre était devenue un vaste terrain de chasse où la loi du plus fort régnait en maître, où tuer ou être tué était la devise du monde. La première vague de carnage, la plus meurtrière, fut nommée Apocalypse et laissa une profonde cicatrice dans l’histoire de l’humanité, une cicatrice qui suintait encore aujourd’hui.

La Guardia avait été créée pour réfréner la population vampirique qui c’était mise à abuser de sa puissance prédatrice. Des règles avaient fini par être instaurées :
- Un vampire ne pouvait rester nomade plus de cent ans.
- Un vampire devait intégrer un clan structuré et officiel au bout de cent-cinquante ans.
- Le quota de proie par individu est de quatre par semaine.
- Les génocides perpétrés sur les humains seront punis de mort.
- Les tueries abusives non déclarées sous vingt-quatre heures seront punies de mort.
- Les rassemblements de vampires en dehors des clans déclarés et légaux sont interdits sous peine de mort.

Les vampires du bingo-book dérogeaient au vu et su de tous à ce règlement.

Sakura faisait partie de la Guardia depuis ses dix-sept ans, depuis la mort de ceux qu’elle aimait. Elle connaissait très peu de gens de sa génération qui avait encore leurs parents, leurs frères, leurs sœurs… L’Apocalypse avait fait trop de victimes pour avoir laissé ne serait-ce qu’une famille intacte. Les hommes de la Guardia étaient le plus souvent solitaire, près à être formaté à souhait, ils étaient, pour la plus part, des survivants, fait prisonniers puis réquisitionnés au service du Purgatoire.

Elle était à leur service depuis maintenant trois… presque quatre ans. Elle avait vu des choses horribles, innommables… Elle connaissait le goût du sang, les relents de la peur, la mort sous d’innombrables aspects… et ce monde lui réservait encore bien des immondices. Elle avait tout plaqué en retrouvant la piste de Sasuke Uchiwa, en consultant de vieux papiers à moitié brûlés. Ce nom était tout ce qu’elle avait, il engendrait en elle un sentiment d’espoir, de réconfort et de détermination qui ne collait pourtant absolument pas au personnage de Sasuke.

Ce jour-là, dans ce cimetière, Sasuke s’était adressé à Sakura comme si elle savait exactement où elle devait aller, comme s’il n’avait qu’à la suivre… Pourtant, la vérité était que c’était Sakura qui suivait Sasuke, aveuglement, sans savoir vraiment où ils allaient… Elle ne possédait que le début d’une vieille prophétie en grec ancien qu’il refusait de lui traduire. La jeune femme ne savait pas vraiment ce que cherchait le brun et comment il avait tout su d’elle d’un regard, mais il était son seul repère et un précieux allié.

Un craquement se fit entendre à quatre mètres vers le sud.

- Je sais que c’est toi Sasuke… Tu pues le sang et l’alcool à dix mètres.

L’homme sortit enfin de l’ombre, calmement pour rejoindre le campement.

- Dommage… Tu aurais pu te mettre une nouvelle fois en position délicate. J’ai encore faim.
- Tu as largement outre passé les lois du Dies Irae Sasuke…
- Je t’en prie Sakura ! Ça fait trois-cents ans que je viole ces jeunes lois, je fais partie du Bingo-book de la Guardia depuis sa création alors un peu plus ou un peu moins…
- Tu ne comprends pas. soupira-t-elle.
- Quoi ? Ton âme de Traqueur te pousse à m’arrêter ? Viens, je t’attends.
- Ne me pousse pas à bout. Tu sais très bien que si l’on est arrêté…
- Tu as sciemment déserté ton poste pour sympathiser avec l’ennemi, tu connais tout le fonctionnement de la Guardia et une bonne partie du QG du Purgatoire. Crois-moi, à côté de ça, mes petites incartades ne pèsent pas plus lourd qu’une plume d’oie. l’interrompit-il d’une voix morne.

Il se laissa tomber sur son sac de couchage et se mit à fixer la jeune femme sans ciller.

- N’insiste pas Sasuke, c’est non ! Je ne me suis même pas encore remise de ta dernière fringale !
- Ce que ton organisme peut être lent… grogna-t-il.

Elle le fusilla du regard. Elle détestait son arrogance, la façon dont il la rabaissait… Elle était peut-être humaine, elle n’avait peut-être que vingt et un ans mais elle était tout de même plus résistante qu’une simple civil. Elle avait tout plaqué, elle s’était mise en danger pour le suivre. Aujourd’hui, c’était lui ou la mort et il le savait, il en profitait avidement. Elle se leva pour aller s’installer contre lui en dégageant sa gorge…

- Alors vas-y, aspire ce qui reste. Après tout, ça te fera quoi de me tuer hein ? Je ne suis qu’une pauvre petite chasseuse lente, faible, inutile et qui ne peux même pas combler toutes tes envies !
- Sakura… Arrête ça immédiatement. Lui ordonna-t-il froidement.
- Quoi ? J’ai raison, non ? Ça fait huit mois qu’on voyage ensemble sans même savoir pourquoi on s’encombre l’un de l’autre ! Je ne sais même pas où je vais ! Mais toi, Sasuke… Toi tu peux très bien voyager tout seul. Alors va te chercher un autre garde-manger et débarrasse-toi de moi.
- Eloigne-toi Sakura.
- Tu peux me répondre, tu sais.

Le brun l’attrapa par le bras pour l’écarter d’un geste brusque qui aurait pu lui briser les os. Elle se réceptionna rapidement tandis qu’il se levait lentement, soutenant son regard noir de ses yeux froids et inquisiteurs.

- Je n’ai pas envie de m’encombrer d’un boulet pire que toi, tu m’es utile.
- Trop d’honneur ! Cracha-t-elle.

L’instant d’après il avait disparu, surement assoiffé par la proximité et la tentation qu’elle avait créée pendant quelques minutes. Si Sakura pouvait avoir un impact sur l’Uchiwa… c’était bien celui de la faim et elle aimait le lui rappeler, quoi qu’il lui en coûte.
Sasuke, quant à lui, rejoignait rapidement le petit village qu’il avait déjà visité plus tôt. Sa gorge le brûlait atrocement. Il pesta contre son acolyte. Imprudente, stupide… Elle avait bien failli y passer encore une fois. Heureusement, ses trois-cents ans lui avaient octroyé une bonne maîtrise.

Il soupira. Devoir se coltiner une plaie pareille était parfois bien difficile, mais il en avait besoin. Ses projets réclamaient peut-être quelqu’un de plus ancré dans la Guardia, quelqu’un qui connaissait mieux le Purgatoire, mais Sakura possédait ce qui faisait la différence…
Il atterrit à l’entrée du village et parcouru calmement les ruelles. Toutes personnes qu’il croisait aggravaient encore un peu plus sa faim… Il ne pourrait rien y faire, se contenir lui était devenu impossible à présent, sa prochaine proie allait forcément y passer. Lui et Sakura devraient reprendre la route avant que les villageois ne découvrent le cadavre, ce serait juste, mais ils n’avaient pas vraiment le choix.

- Bonjour… Vous venez d’arriver en ville ?

La petite brunette qui lui faisait face devait à peine avoir la vingtaine, certainement plus jeune que Sakura. Elle avait un aspect de petite brebis fragile. Quand on savait qu’il était le loup… Cette comparaison le fit doucement sourire. Malgré la connaissance que les hommes avaient des vampires, qui aurait pu se méfier de lui ? Lui qui ressemblait plus à l’ange qu’au démon ? Lui qui paraissait si calme et placide là où les siens semblaient nerveux et avides ?

Lorsqu’ils étaient tiraillés par la faim, les yeux de ses semblables brillaient de soif et d’envie, une lueur de folie sourde ou d’empressement bien visible tintait leurs pupilles, mettant n’importe qui en garde. Ils tremblaient presque, leurs gestes étaient maladroits, secs et leur voix vibrait par à-coup. Mais lui avait bien trop d’expérience et d’années pour ressembler à cette vision pathétique du vampire affamé. Et puis il était un Uchiwa. Ces yeux ne reflétaient que ce qu’il avait envie d’y laisser voir. Le plus souvent, c’était du néant. Il était calme, paisible et sa voix profonde laissait passer les sons graves et habiles de la séduction. Oui, ces trois-cents années lui conféraient une discrétion auprès des humains qui lui était parfois bien utile. Il était bien le loup déguisé en agneau.

- Effectivement mademoiselle, sauriez-vous où je pourrais trouver un endroit où me reposer pour la nuit ?

Et puis il avait gardé de sa vie passée, les manières et paroles de l’aristocratie et de la noblesse du dix-septième siècle.

- L’auberge est au complet ce soir, mais je propose le gite et le couvert lorsqu’il le faut, comme beaucoup d’autre foyer d’ailleurs.
- Je ne voudrais pas abuser de votre gentillesse…
- Ne vous en faites pas pour ça ! J’adore recevoir ! Et puis ce n’est pas comme au siècle dernier où l’on devait faire à manger à la main.

Il était bien d’accord… Les avancées technologiques de l’histoire étaient une véritable aubaine.

- Vous avez raison… Et bien, je pense que je peux accepter une si charmante invitation.

L’affaire était dans le sac. Cette jeune femme ne soufflerait pas ses prochaines bougies, ce ne serait ni la première ni la dernière malheureusement… Mais tant que sa Pandore restait en vie…





Voici pour ce premier chapitre !
Je remercie Satsuki-chaan, auteur et bêta-lectrice du site Fanfiction.net, pour la correction de ce chapitre et ceux qui viendront par la suite !
J'attend d'ores et déjà vos remarques, anecdotes, conseils, etc... ! N'hésitez pas, je ne mord pas et j'adore papoter avec les lecteurs !




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