Fiction: Comme une tornade

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Je tombai des nues.

Une seconde auparavant, j'étais prête à tout pour m'excuser une bonne fois pour toute auprès de Sasuke. Et maintenant... Pourquoi, pourquoi, pourquoi ? Pourquoi c'était Mademoiselle qui avait ouvert la porte ? Que faisait-elle ici ? Oh monde cruel ! J'allais mourir. C'en était fini de moi. Elle allait me pourrir la vie jusqu'à la fin des temps et plus encore, quand elle comprendrait que j'étais la voisine de Sasuke. De son chien de garde. Elle allait ruiner ma vie, balancer à Naruto que j'étais qu'une pauvre fille sans amis dans mon bahut, que je passais mon temps à parler comme une charretière, que j'étais la honte de ma classe. Elle trouverait le moyen de me faire perdre mes rares amis, de me discréditer auprès de toute la ville pour m'empêcher d'achever mes études, de trouver un travail. Enfin, je sais pas, moi ! Mais elle allait faire de ma vie un enfer.

Quoi, comment ça j'exagère ? Comment ça je suis parano ? Mais vous avez vu la tête que fait Karin ?! Cette tête de trois pieds de long ? Elle est encore sous le coup de la surprise, mais quand son cerveau magique va se remettre en marche...

- Sakura ?

Tiens ? Pas de Pinky, pas de Ma jolie ? Pas de moqueries ? Elle était sacrément sous le choc, là ! Peut-être autant que moi, voire même plus...

J'aperçus Sasuke derrière elle, assis sur une chaise, sa magnifique silhouette raide et son visage de dieu grec arborant une expression éberluée que je ne lui avais jamais connue. Vite, vite, dis quelque chose, Sakura !

- E-Euh... Est-ce qu'Itachi est là ?

Noooooon ! Mais pourquoi j'ai dit ça, moi ? Abrutie congénitale, vas ! Jamais ils vont gober ça ! Stupide gamine au cerveau ramollo ! À croire que ma couleur de cheveux a déteint sur mes cellules grises...

Les yeux de Karin devinrent aussi ronds et aussi gros que des boules de billard, et je ne parlais même pas de ceux de Sasuke... Je me sentis rougir jusqu'à la racine de mes cheveux. Mais qu'est-ce qu'il m'avait pris de sortir une excuse pareille ?!

- I-Itachi ? souffla-t-elle, comme si elle ne voyait pas du tout de qui je parlais.

Mon dieu ! On a perdu Karin ! On lui a déconnecté le cerveau, brûlé ses connections nerveuses, fait un court-circuit, je sais pas, mais en tout cas c'est pas elle, là !

- Il est dans sa chambre.

Je me tournai vers Sasuke, qui ne semblait toujours pas s'être remis de ma visite surprise qu'il croyait être pour son frère. Était-il conscient que j'avais menti ? Son visage était tellement lisse d'émotion, si l'on escomptait l'étonnement, que j'en avais pas la moindre idée.

- Je peux ?
- Hm. Ouais.

Je me hâtai de traverser la pièce. Arrivée devant la porte de la chambre d'Itachi, je m'arrêtai un instant, sans trop savoir que faire. J'avais déjà l'impression d'avoir fait la plus grosse connerie qu'il soit, mais si en plus le frère de Sasuke m'envoyait bouler ? Je passerais vraiment pour la reine des abruties... Puissance mille. Non, dix mille, même ! En fait, j'osais même pas imaginer. Mais dans quel merdier m'étais-je fourrée ?!

La porte s'ouvrit à la volée et je sursautai, comme prise en flagrant délit. Itachi me fixait de son regard doux de grand-frère, et j'eus l'impression d'être devenue un marshmallow ambulant.

- Sakura ! Je me disais que je t'avais entendue... Qu'est-ce que tu attends, entre !
- Merci... Et désolée de te déranger.

Il me relança le même sourire qui vous fait complètement fondre que le matin, et voyant que je ne bougeais pas, m'entraîna jusqu'à son canapé. Ça faisait si longtemps que j'étais pas venue ici ! Au moins deux ans. Voire même plus.

À cette époque-là, Itachi était mon professeur particulier. J'étais tellement nulle en cours que je ne m'en sortais plus toute seule, et ma mère, qui avait appris par ses petites manigances qu'Itachi cherchait à se faire un peu d'argent de poche à côté de ses études - qu'il avait repris depuis peu, Sasuke étant devenu assez grand pour se débrouiller tout seul - finit par lui demander s'il voulait bien m'expliquer ce que je ne comprenais pas. Il s'était avéré que ma décrépitude mentale était tellement avancée qu'il avait dû reprendre toutes mes bases, dans toutes les matières. Un travail long et fastidieux qu'il avait toujours exécuté avec patience et bonne humeur, et je ne lui en serais jamais assez reconnaissante, surtout pour le peu qu'il était payé.

- Qu'est-ce qui t'amène ici ?

Je perdis mon sourire et mon sentiment de nostalgie disparut instantanément pour laisser place à une gêne totale. J'avais pas pensé à ça, moi ! Je parie que vous allez me dire de lui demander de m'aider à nouveau en cours, surtout au vu de mes résultats en maths, mais j'ai pas vraiment envie. J'aurais honte. C'est comme si je lui avouais qu'il avait échoué dans son rôle de professeur. Même si le niveau en maths de terminale scientifique n'a rien à voir ni avec le collège, ni avec la seconde, je peux pas lui faire ça. C'est quand même grâce à lui, au moins en partie, que j'ai décidé de devenir médecin. Ne me demandez pas comment j'ai fait le rapport entre Itachi et médecine, mais dans ma tête il s'est fait. Sûrement parce qu'un jour Itachi m'a avoué que ses parents auraient pu survivre, si les médecins qui les avaient pris en charge avaient été plus compétents. C'est la seule fois où je l'ai vu avec autant de tristesse dans les yeux.

- Ben, vu qu'on s'est croisés ce matin... J-je me suis dit que... Je pourrais venir prendre de tes nouvelles... improvisai-je en me rendant compte que ce n'était pas si faux que ça.

Il m'ébouriffa à nouveau les cheveux.

- C'est vrai que ça fait longtemps.

Ses yeux se perdirent dans le vague, et il étouffa un rire.

- J'ai oublié de te dire ce matin... Ta mère m'avait parlé de ta nouvelle couleur de cheveux.

Oh non ! Pourquoi la conversation venait toujours sur ce sujet-là ? Je me cachai le visage dans mes mains, gênée au plus haut point. S'il savait déjà, il aurait pu s'abstenir d'en parler... C'est vrai, quoi, de nos jours, une teinture de couleur vive, c'est plus aussi rare, non ?

- Mais elle avait oublié de mentionner que ça t'allait bien.

Je m'étouffai avec ma salive. Au summum du classe, hein ? Mais vraiment, là, ce compliment-là je m'y attendais pas du tout. Autant de la part de Naruto, ça se comprenait, mais d'Itachi... Il me tapota le dos, le temps que je finisse de cracher mes poumons, et même s'il se gardait bien de rire, je ne loupai pas son sourire narquois. Finalement, les Uchiwa, c'est tous les mêmes !

- Dis plutôt qu'elle a passé son temps à raconter en long, en large et en travers toute l'horreur de la situation !
- Je mentirai si je disais le contraire... On sait comment est ta mère, on ne la refera pas. Si tu te décidais à porter un collier en forme de tête de mort, je suis sûr qu'elle se mettrait à penser que tu vas finir suicidaire.
- Il faut toujours qu'elle exagère ! ruminai-je.
- C'est normal, elle se fait du souci pour toi.

Itachi était sérieux dans sa dernière phrase. Et pourtant, je ne pus m'empêcher de glousser. Je n'arrivais pas à imaginer les choses du point de vue trop bienveillant de mon voisin. Ma mère cherchait juste quelqu'un avec qui raconter le grand mélodrame de sa vie, surtout s'il s'agissait d'un beau jeune homme.

- Au fait, je ne t'ai rien proposé, tu veux boire quelque chose ou manger un morceau ?

Mon estomac approuva bruyamment, et je rougis à en ressembler à une tomate trop mure. Itachi rigola. Pourquoi mon ventre avait toujours le timing parfait ? À croire que c'était fait exprès... Merde, quoi ! À force les gens vont penser que je suis une espèce de goinfre qui pense qu'à manger ! C'est quoi cet estomac capricieux ?!

- Suis-moi, on va voir ce qu'il y a pour toi !

Priant pour que Monsieur et Mademoiselle ne soient plus là, je me rendis dans la cuisine où m'attendait déjà mon hôte. Quelques gâteaux et du thé sur un plateau, nous migrâmes vers la pièce à vivre, faisant accessoirement office d'entrée, pour y découvrir Karin et Sasuke assis devant un film dans les bras l'un de l'autre. Je freinais de toutes mes forces, risquant de percuter mon ancien professeur, de peur qu'ils ne nous aperçoivent. C'était la première fois que je voyais une marque de tendresse entre les deux. Itachi me dévisagea, puis, compréhensif, se redirigea vers la cuisine où nous installâmes sur la minuscule table. Le couple ne nous percuta même pas.

Le couple... Bizarrement, c'était la première fois que je les voyais réellement comme un couple à part entière. En général, ils étaient toujours fourrés ensemble, mais tellement distants ! La crise de larmes me frôlait. Itachi attrapa ma main et serra mes doigts, comme pour me transmettre sa sollicitude. Pendant un instant, je me laissai aller. Après tout, Itachi était là pour essuyer mes larmes. Et puis, c'est pas comme si je n'avais pas déjà été assez pathétique comme ça. Alors au point où j'en étais...

- Si je t'avais eu comme grand frère, j'aurais été la plus heureuse du monde, lui murmurai-je.

Quand je rentrai finalement chez moi, Shikamaru m'attendait encore.

- Alors, ces excuses ?
- Ça a capoté, annonçai-je simplement.

Shikamaru me regarda, fronçant les sourcils.

- Comment ça se fait ?
- Karin était là.

Il n'eut pas l'air plus surpris que ça. À vrai dire, il ne réagit même pas. C'est là que ça fit tilt dans mon esprit. Et autant dire que j'étais en colère. Sacrément en colère.

- Espèce d'abruti ! Tu le savais ! C'est pour ça que tu m'y a envoyée ! Ça c'est vraiment pas cool... C'est la pire blague qu'on m'ait jamais faite !
- Et qu'est-ce que tu as fait ? demanda-t-il comme si je ne venais pas de l'insulter.
- À ton avis ?! J'ai fui !



Un chapitre plein de rebondissements !
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