hane-chan (Féminin), le 23/11/2013 Une fic qui m'est venue en plein cours de S.V.T
Je pense qu'elle sera plutôt longue.
Bonne lecture !
Chapitre 5: Ruminations
Je pleurais comme une madeleine. Shikamaru soupira un Galère ! mais ne fit aucun commentaire. Se décalant, il ouvrit la porte de l'appartement en grand, me laissant entrer. Je m'affalai sur le canapé en cuire comme une grosse truie à l'agonie, continuant de vider mes glandes lacrymales, sans pouvoir m'arrêter. Classe, n'est-ce pas ?
- T'as de la chance que mes vieux soient absents... Allez, dis-moi ce qui ne va pas.
Je levai la tête vers lui, reniflant avec toute la grâce et l'élégance dont je disposais à cet instant. Autant dire, pas grand chose.
- Shikabaru... T'es vraibent un chic type.
Il me tendit un kleenex, et je me mouchai allègrement avec la discrétion d'une bouteille de verre qui se fracasse sur le sol.
- S-Sasuke... Il veut plus me voir ! J-j'ai vraiment été conne !
- Reprends ton calme, et explique-moi tout depuis le début. Qu'est-ce qu'il s'est passé exactement ?
- Je... Je voulais m'excuser pour l'ascenseur, et je... J'ai dit des trucs affreux ! Je regrette tellement !
Hoquetant, je m'arrêtai un instant, cherchant à remettre les mots dans le bon ordre. Tout était confus dans ma tête et je ne savais pas trop comment j'étais venue à me confier à mon voisin de palier, meilleur ami dudit concerné. Mais Shikamaru n'irait pas gueuler sur tous les toits. Et puis je savais des choses sur lui qu'il préférait qu'on ignore, et jamais je ne l'avais trahi, alors il me devait bien ça. Au moins.
- J'ai parlé de Karin et tout... Et il l'a mal pris... Et il m'en veut ! Pour résumer... J-je lui ai dit que sa copine était une connasse qui passait son temps à me pourrir la vie et que je comprends pas pourquoi il est avec elle... Et il a pris sa défense...! Oh mon dieu qu'est-ce que j'ai fait ?
Shikamaru me regarda avec pitié et compassion et je ne sus que dire de plus. Je me sentis soudain comme une coquille vide dont une énorme vague avait emporté la partie vivante de moi. C'était vraiment une sensation étrange et désagréable.
- Il te manque, Sasuke ?
- Ben... C-C'était celui qui se rapprochait le plus d'un ami au lycée...
Shikamaru me rendit un sourire énigmatique en réponse. Puis, après un silence qui me sembla durer une éternité, entrecoupé par mes sanglots mal étouffés, il finit par me dire :
- Bien joué Sakura, tu es amoureuse !
L'idée me sembla si incongrue que j'éclatai de rire. C'était incontrôlable. Improbable. Inconcevable. Et soudain tous les souvenirs que j'avais de lui me sautèrent à la figure. Mon rire s'étrangla. J'avais toujours regardé Sasuke de loin, depuis que lui et son frère avaient emménagé au douzième étage de notre immeuble. J'étais curieuse, je ne comprenais pas pourquoi ils n'étaient que tous les deux, si jeunes alors, et sans la moindre présence de parents à leurs côtés. Et d'aussi loin que je me souvienne j'avais toujours trouvé Sasuke beau à se pâmer et carrément classe. C'était plus fort que moi. Dès qu'il se trouvait dans un rayon de moins de 500 mètres, mon corps réagissait instinctivement. Je me sentais attirée comme par un aimant, des papillons dans le ventre et une curieuse envie de le toucher me brûlait les doigts à en devenir irrésistible.
Et puis par le biais des investigations de ma mère, j'avais fini par apprendre qu'ils étaient orphelins, que leurs parents avaient tragiquement disparu dans un accident de voiture ; et qu'Itachi avait dû mettre ses études de côté pour s'occuper de son petit-frère. Pleine de sollicitude, je m'étais demandée ce que ça me ferait si du jour au lendemain je perdais mes parents, avec juste mon cousin pour s'occuper de moi. J'en avais pleuré des jours entiers, et je m'étais dit que Sasuke devait bien se sentir seul. Mais sa froideur - sa carapace - à chaque fois que je tentais de l'approcher m'avait fait renoncer. Parce que dans un éclair de lucidité je m'étais rendue compte que je devais juste être chiante. Personne n'a envie de parler des proches qu'il vient de perdre à un inconnu, d'autant lorsqu'on n'a pas encore fait son deuil.
- Tu... Tu crois vraiment que je suis amoureuse de lui ?
Shikamaru acquiesça simplement, me laissant digérer l'information. J'avais vraiment l'impression d'être un ordinateur buggé, qui aurait planté en plein milieu de la sauvegarde d'un fichier. Ce moment d'incertitude durant lequel on fixe l'écran en se demandant s'il va tout effacer et s'il va falloir tout recommencer, ou si l'ordinateur va être clément et enregistrer ce que l'on vient de faire. Et je parie que ça vous est déjà arrivé !
- Oh mon dieu, je suis amoureuse d'un mec casé ! m'exclamai-je en regardant Shikamaru avec effroi.
Ce fut ma seule réaction à cet instant-là. J'étais amoureuse du chien-chien de Mademoiselle. Je ne parvenais toujours pas à y croire. J'accusai le coup, pas sûre de pouvoir m'en remettre. Vous savez, un peu comme si on vous apprenait du jour au lendemain que le père noël existe et qu'en plus c'est votre grand-père ? Enfin... Un truc tellement énorme qu'on a du mal à l'avaler, quitte à croire - ou à préférer croire - que c'est faux. Certes, mon exemple est plutôt mal choisi, mais bon, c'est pour montrer l'aberration de la situation.
Je ne parvenais toujours pas à l'accepter. Il faut dire que je n'avais jamais été amoureuse. Quelques coups de cœur par-ci par-là, mais jamais rien de bien sérieux. Et j'avais toujours pensé que pour Sasuke c'était pareil - ou j'avais fini par m'en convaincre, je ne sais pas trop. Je me sentais aspirée par une tornade, quelque chose de si énorme que vous ne prenez pas réellement conscience de ce qu'il se passe vraiment, que vous avez du mal à accepter que ce n'est pas juste un rêve. Vous subissez, sans vous rendre compte que vous êtes plus qu'une simple spectatrice. Une étrange sensation de détachement s'empare de vous, et vous ne savez plus le sens même des mots que vous prononcez.
- Tu sais Sakura, ce n'est pas le fait d'aimer quelqu'un en couple le plus dur. Ce qui te tue, c'est la distance que cela met, cet obstacle infranchissable. C'est l'espoir que leur bonheur se brise, et qu'il te revienne. C'est quand tu te rends compte du salopard que t'es devenu.
Shikamaru prononça ça à demi-mots, plus pour lui que réellement pour moi. Gênée, je me tortillai sur place, avec l'impression dérangeante d'avoir entendu quelque chose de trop intime. J'avais oublié que je n'étais pas la seule dans cette situation. J'ouvris la bouche et la refermai subitement. Qu'est-ce qu'on était censé dire dans ce genre de situation ? Je me mordis la lèvre avant de me lancer, avec l'impression de baragouiner des idioties brassées et rebrassées.
- Je suis désolée pour Ino. J'étais persuadée que vous finiriez ensemble. Je ne... Jamais j'aurais deviné que...
- C'est bon t'inquiètes. C'est pas à toi de t'excuser de toute façon. C'est pas comme si c'était de ta faute.
- Hum.
- Et sinon, qu'est-ce que tu comptes faire ? changea-t-il soudain de sujet.
Je pris une profonde inspiration avant de répondre sincèrement :
- Je sais pas. Sûrement tenter de m'excuser encore et encore, jusqu'à ce qu'il accepte de me pardonner.
Shikamaru eut un sourire doux.
- Bien parlé. Te laisse pas abattre.
Je souris à mon tour, mais n'ajoutai rien, devinant aisément la fin de sa phrase - Pas comme je l'ai fait moi.
Je mangeai finalement chez Shikamaru, profitant de l'absence de ses parents pour ne pas avoir à affronter les miens, qui devineraient directement que quelque chose n'allait pas, ou qui, au contraire, ne verraient rien - une fois de plus. La soirée passa vite, sur une note plus légère, et le lendemain je me sentais de nouveau d'attaque. Toute la journée, j'ignorais les piques acerbes de Mademoiselle, décidée à me montrer plus adulte que tous ces enfantillages, et surtout déstabilisée par l'absence de son petit-ami.
- Ton mec n'est pas avec toi ? demandai-je finalement sans même me rendre compte de mes mots ; et choquée par mon absence totale d'agressivité, comme si je faisais une simple constatation.
Karin me regarda un instant, déroutée par ma neutralité, et je pus lire toute son incrédulité durant celui-ci. Elle hésita visiblement à se confier à moi, avant de reprendre son masque fier et supérieur.
- Il ne voulait pas voir ta face toute rose.
Et elle s'en alla, sans s'apercevoir de l'effet de ses mots sur moi - ou justement trop consciente de ce dernier. Elle avait visé dans le mile, sans même le savoir, et pour une fois j'aurais préféré qu'elle me balance une de ses habituelles inepties farfelues ; par exemple une moquerie sur l'absence de Naruto à mes côtés en contre-partie. Peut-être l'avais-je blessée aussi ; et je secouai la tête la seconde suivant cette pensée idiote. La vérité c'est que je ne voulais pas reconnaître qu'elle n'avait énoncé qu'un fait réel. C'était... Douloureux. Amer.
Je me sentis soudain mal, comme si je tombais dans un puits sans fond, ou comme si j'étais déjà au fond, minuscule particule observant le monde par l'orifice lointain de sa prison. Ensevelie. Étouffée. Une crise de claustrophobie me menaçait sévèrement, et la tête me tournait. Il fallait que j'aille prendre l'air. Sur le champ. Et la jeune fille sérieuse que j'étais - pas de commentaires je vous prie - sécha pour la première fois de sa vie ; à cause d'un putain de mec à la con qui la rendait chèvre, et de sa copine qui la faisait tourner en bourrique.
Un chapitre encore plus court que le précédent... Mais j'ai pas réussi à faire plus long >.<
La révélation du siècle ! Sakura est amoureuse de Sasuke...
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