Fiction: Comme une tornade

Sakura Haruno, dix-sept ans. Ou comment se retrouver embarquée dans une tornade avec Karin et Sasuke.
Classé: -12D | Drame / Humour / Romance | Mots: 34355 | Comments: 36 | Favs: 12
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hane-chan (Féminin), le 26/09/2013
Une fic qui m'est venue en plein cours de S.V.T
Je pense qu'elle sera plutôt longue.

En espérant que ça vous plaira !




Chapitre 2: Rajoutons-en une couche



Respire, respire, respire. Oh mon dieu je vais crever ! Pourquoi ça n'arrive qu'à moi ? Allez, tout va bien. Respire. Oh. Mon. Dieu. Allez, courage. Tout va bien. Inspire profondément, et expire lentement. Vous vous demandez Mais qu'est-ce qu'elle raconte encore comme connerie ? n'est-ce pas ? Vous ne voyez vraiment pas ? J'ai vraiment besoin de vous faire un dessin ? Non ? Un petit récapitulatif peut-être ? Soit, mais ne vous plaignez pas après ça. J'irai droit au but, je n'ai pas de temps à perdre. Il faut que je sorte de là le plus vite possible.

- Sakura ?

Je me retournai brusquement vers Sasuke. Je l'aurais presque oublié celui-là. C'est vrai que j'étais avec lui, quand l'ascenseur s'est mis en branle. Et oui, je viens de réaliser le rêve de toutes les filles : me retrouver enfermée dans un espace restreint seule avec Sasuke Uchiwa, le plus beau mec de tous les temps et dont le regard glacial vous transperce de part en part pour finalement vous électriser. Mais désolée de vous décevoir, la réalité est beaucoup moins jolie que la fiction. Pas de preux chevalier...

- Sakura ?

Pas de prince charmant volant à votre secours, pas de...

- Hé, Sakura, réponds-moi !

Secouée comme un prunier par le bel étalon avec une délicatesse infinie - pas la peine de s'étouffer, c'était de l'ironie - je commençai à retrouver mes esprits pour me rendre compte que j'avais complètement perdu les pédales. Mon corps entier était secoué de violents tremblements, provoqués par des sanglots hystériques, tandis que je m'accrochais aux bras de Sasuke comme à une bouée. Vraiment pathétique, n'est-ce pas ? Sasuke soupira, mais ne tenta pas de desserrer mes mains cramponnées à lui, ni même de me faire taire. Il resta là, juste là, à côté de moi, jusqu'à ce que mes sanglots se calment et que mes larmes se tarissent.

- Eh ben, il exagérait pas Shikamaru, quand il disait que tu disjonctais dans les ascenseurs !

Sa remarque me fit rire et Sasuke arbora un magnifique sourire victorieux. J'étais redevenue moi-même, il savait qu'il avait gagné. Trois secondes plus tard, son sourire se fit plus incertain et ses premiers mots plus hésitants.

- Dis Sakura, tu pourrais me prêter ton portable ? J'ai plus de batteries sur le mien...

Déconfite, je fixai mon camarade provisoire de guerre, perdant mon dernier espoir de sortir en vie de cette machine infernale.

- Euh, Sasuke, ma mère a dû te raconter la dispute entre mon père et moi, n'est-ce pas ?
- À propos de ta couleur de cheveux ? Ouais, j'arrivais plus à m'en sortir...

Ah oui, j'ai oublié de vous dire ; ma mère, non contente d'être mariée et d'avoir une fille, ne peut s'empêcher de jeter un œil aux deux dieux de notre immeuble, j'ai nommé Sasuke et son grand-frère Itachi ! Je ne sais pas depuis combien de temps elle nous fait une petite fixette sur eux, mais dès qu'en en attrape un, il peut avoir rendez-vous avec le président des Etats-Unis, elle s'en fout royalement !

- Eh bien... Mon père m'a confisqué mon téléphone portable ! déclarai-je tout azimut.

Rouge de honte, je baissai la tête comme une gamine qui vient de faire une bêtise et qu'on prend sur le fait. Sasuke se détacha de moi dans un soupir pour s'adosser contre la paroi de l'ascenseur. Je triturai un instant mes doigts, gênée, avant de me laisser aller à l'imiter, et glisser jusqu'à me retrouver assise. De toute façon, on en aurait encore pour un bon moment, avant que quelqu'un ne se rende compte que l'ascenseur était en panne : celui-ci avait été construit sur l'aile nord du bâtiment, un peu en retrait des habitations.

- Tu penses qu'on devrait appeler à l'aide ? demandai-je plus par besoin d'être rassurée que par réelle proposition.
- Ca servirait à rien.
- Alors qu'est-ce qu'on fait ?

Je croisai le regard vide de toute émotion de Sasuke avant de sentir un frisson me parcourir l'échine et de détourner les yeux, déstabilisée. J'avais l'impression de plonger dans un abime, un puits sans fin, obscur et sans lumière, et que si j'y restais plus longtemps, j'atteindrais le point de non-retour. C'était à la fois grisant et complètement effrayant.

- On attend. Tout simplement.

Le son de sa voix me fit de nouveau sursauter. Ah, vous, ne vous moquez pas, qu'est-ce que vous auriez fait à ma place ? Quoique je ne veux pas le savoir... On ne sait jamais avec vous, retors comme vous êtes... En attendant, qu'est-ce que j'allais bien pouvoir faire pendant tout ce temps ? Je n'avais rien pour m'occuper, j'étais bloquée avec un muet dans une pièce aussi exigüe qu'un mouchoir de poche, et en prime d'ici quelques minutes je risquais de refaire une crise - et de ressembler à une autruche paniquée. Me levant à nouveau, je me mis à faire les cent pas, comme un lion en cage - ce que j'étais peut-être au final. Sûr qu'après ça jamais plus je ne verrais le zoo de la même manière !

Les minutes s'égrenaient, lentes et cruelles, sans que je ne puisse faire quoi que ce soit. Ma montre semblait me narguer et le temps s'étirer à l'infini. Je désespérais de revoir la lumière du jour. Je me mis à marmonner, ruminant mon mal, maudissant la Terre entière, avant de me mettre à marcher en rond, m'asseoir, me relever, et recommencer dans un cycle sans fin.

- STOP ! Tu me donnes mal au crâne...
- Désolée.

Nerveuse, je ne parvenais pas à rester immobile. Vous savez, cette impression d'être oppressée, que l'on vous compresse la cage thoracique et que l'on vous vole tout votre air ? Non ? En tout cas, c'était exactement comment je me sentais. Tordant mes mains pour éviter qu'elles n'agissent de leur propre volonté, je tentais de retrouver mon souffle. J'avais des fourmis dans les jambes et l'impression désagréable qu'elles pouvaient me lâcher à tout moment.

Au bout de plusieurs minutes de silence, alors que ma montre m'indiquait qu'une heure était déjà passée, Sasuke me lança :

- Alors comme ça, je ne suis qu'un vulgaire sac à mains ?
- NON ! m'exclamai-je soudain avant de baragouiner. Euh... C'est-à-dire que... Le feu de l'action ! Enfin... C'est que... Tu vois ?

Un rire clair s'échappa de la gorge de Sasuke tandis que je m'évertuais à me justifier pour la scène du jour-même. Rouge comme une pivoine, continuant de bafouiller, je détournai les yeux des siens, incapable de soutenir son regard alors qu'il se foutait ouvertement de ma gueule. Décidément, je ne me lassais pas du son de son rire... Et pas de commentaire je vous prie ! Ce n'est tout de même pas ma faute si j'étais subjuguée par la fonte des glaces... Quoi, comment ça mon jeu de mots est nul ? Qu'est-ce que vous...

Le cri le plus terrifiant et le plus dévastateur d'oreilles de tous les temps qui franchit mes lèvres fut accompagné d'un magnifique Oh merde... d'une classe infinie par le dieu grec à trois pas de moi. L'ascenseur fit une embardée, vacillant, et je m'écroulai à genoux. Retenant mon envie de pleurer - ou de vomir je ne savais pas - je levai les yeux vers mon camarade. Et après ça, il ne comprenait pas ma peur des ascenseurs ? La lumière se mit à clignoter, menaçante, avant de tout bêtement s'éteindre, comme pour mieux me narguer. Je criai à nouveau. La panique me gagnait, et la précipitation avec. Il fallait que je sorte. À tout prix. Oh Mon Dieu.

Je n'avais jamais eu peur du noir. Mais éclipser la lumière alors que je me trouvais dans une pièce minuscule avec aucun moyen de m'échapper, ça relevait de la cruauté pure. Ou d'un destin particulièrement joueur. Le sol se mit à trembler - ou peut-être était-ce moi - et je me recroquevillai sur moi-même. Si je ne touchais pas les murs, peut-être parviendrai-je à me convaincre que j'avais beaucoup d'espace autour de moi. On a bien le droit d'espérer, non ?

Je crois que Sasuke m'appela, mais à cet instant, je n'entendais plus rien. Mes oreilles s'étaient mises à bourdonner - non pas à cause de mon cri trop aigu - et je me sentais toute cotonneuse, ramollie jusqu'au cerveau. C'était une impression étrange, et très désagréable. Enormément, même. Comme si j'allais m'évanouir d'une seconde à l'autre, mais que mon corps luttait du mieux qu'il pouvait, cellule par cellule. Je me sentais complètement désarticulée - défragmentée. Je tremblais tellement que j'aurais vraiment eu tous mes os séparés qu'ils auraient valdingué dans tous les sens pour rebondir contre les murs.

On avait déconnecté mon cerveau. Je n'arrivais à me concentrer sur rien, comme si on avait annihilé ma capacité de réflexion, détruit le moindre embryon de pensée subsistant dans les confins de mon esprit rongé par la panique. Mon corps me semblait bouillir et brûler, ressentant avec une acuité nouvelle le moindre souffle d'air, le moindre mouvement. J'avais envie de me recroqueviller sur moi-moi, à n'être plus qu'une simple molécule, juste un atome, un simple résidu, et disparaître de ce monde ; et de hurler à m'en décrocher les poumons dans le même temps. J'étais ici. Mais j'errais là-bas. Je. N'étais. Plus. Rien.

Mes yeux me brûlaient et me démangeaient. Plus rien n'existait autour de moi. J'étais tout, j'étais rien. Fascinant, déstabilisant. Je voguais, me laissant porter par les flots. J'étais. Ailleurs. Les nuages me regardaient en riant, et les corbeaux nageaient à mes côtés. Il neigeait des feuilles mortes et ma peau s'effritait. Tout mon être semblait imbibé d'eau et faire le moindre pas me paraissait un effort incommensurable. J'étais. Ailleurs. Une particule dans l'air, se laissant porter par les vents. Les animaux parlaient entre eux, promenant leur humain de compagnie. J'étais. Invisible. Un grondement sourd s'éleva soudain, et il me surprit comme s'il venait du plus profond de mon être. Mes cellules vibraient, dans une parfaite harmonie cassante, effrayante. Le monde s'auréola de noir, comme une tache sur une peinture, m'enveloppant. Et tout se déchira.

- Bordel ! Sakura !

C'est à peine si je reconnus Shikamaru de l'autre côté du monde, tant l'attrait de la lumière me sembla fort. Et je m'élançai pour le rejoindre ; trop sonnée pour me rendre compte de mon état de détresse.




Un chapitre totalement centré sur l'ascenseur, dont je suis peut-être un peu moins satisfaite que le premier, mais qui me semblait essentiel pour la suite.

N'hésitez pas à me faire partager vos avis, questions et réactions dans les commentaires !




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