Fiction: Comme une tornade

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Je ne voulais pas ouvrir les yeux. J'avais un mal de crâne atroce, et je ne voulais pas chasser l'image de ce nouvel an. Je n'arrivai pas à décider si j'en garderais un merveilleux souvenir ou au contraire, s'il s'ajouterait à ma liste noire des jours à proscrire. Mais rien que pour avoir vu Karin, la parfaite petite déléguée avec un contrôle tout aussi parfait d'elle-même bourrée à n'en plus tenir debout et être malade comme un chien, je devais dire que ça valait le coup de l'avoir invitée. Et puis elle était partie se coucher... et Sasuke m'avait embrassée. Je ne savais toujours pas par quel miracle - ou punition divine - cela avait bien pu se produire, mais les faits étaient là. Seulement, était-ce la vérité, ou avais-je juste pris mes désirs pour la réalité, complètement dans le cirage par la dose d'alcool dans mon sang ? Un vague souvenir d'une discussion importante avec lui me titillait la mémoire sans parvenir à refaire surface. Quelque chose me disait que ça avait un rapport avec Naruto, mais je n'étais sûre de rien.

J'avais l'impression d'être entourée de bras aimants, forts et protecteurs, et je m'imaginais aisément Sasuke devenu tendre après s'être laissé aller face à moi. Mon cerveau dérailla, et Mademoiselle me sauta à la gorge mentalement. OK, ce n'était pas plausible du tout. Et puis soudain, l'appréhension. Et si c'était Itachi ? Et si, complètement murgée, je m'étais libérée de mes dernières barrières mentales - bien maigres vous l'auriez avoué - pour céder à mon attirance inconsidérée pour le grand frère Uchiwa et me jeter à son cou ? J'ouvris les yeux d'un coup, boostée par l'adrénaline qui courrait dans mes veines à m'en faire palpiter le cœur si fort que je crus qu'il allait me lâcher. J'étais bien dans les bras de quelqu'un, mais ce n'était ni Sasuke ni Itachi. Ça aurait pu être un bon point si ça avait été Naruto ou Shika, parce que jamais il ne se serait passé quoi que ce soit avec eux, mais non. Seulement ce n'était pas Kiba non plus, qui dormait un peu plus loin aux côtés de la belle aux bois dormants. La princesse. Dont le cousin était ni plus ni moins en train de me serrer dans ses bras. Qu'est-ce que putain de quoi ?

Sasuke passa soudain la tête par la porte entrebâillée, les yeux comme des soucoupes, et referma la porte en bafouillant une excuse bidon. Paniquée, me demandant encore par quelle opération du saint esprit j'avais bien pu me retrouver là alors que je n'avais pas le moindre souvenir d'avoir parlé à Neji de toute la soirée, je me mis à sommer Sasuke de revenir sur le champ en croisant les doigts pour qu'aucun des trois autres squatteurs de la chambre de mes parents ne se réveillent. Finalement Monsieur revînt, et je réussis à lui faire comprendre - gros yeux outrés/choqués à l'appui - que je n'étais pas dans cette étrange situation de mon plein gré, ou tout du moins que je n'avais foutrement pas la moindre idée de ce que je fichais là, et, plus que tout, que je ne savais pas comment m'en sortir sans que Gravure de Mode n'ouvre ses yeux de belle endormie sur moi ; et ses bras qui resserraient de plus en plus leur prise sur ma taille.

Sasuke se pinça l'arrête du nez, et je ne sus si c'était dû à l'agacement ou au rire qui semblait pointer le bout de son nez.

- Te fous pas de ma gueule et viens m'aider ! persiflai-je, pressée par le temps, et le soleil qui commençait à filtrer par la fenêtre au risque de réveiller tout ce beau monde.
- Tu verrais ta tête Sakura !

L'amusement de Sasuke aurait dû m'émerveiller, en bonne abrutie amoureuse que j'étais, mais je ne trouvai pas spécialement la situation drôle pour le moment. Aussi, tentant le tout pour le tout, je jouai la carte de la menace, sans savoir si ça allait marcher. Après tout, le chantage ne marcherait que s'il m'avait vraiment embrassée hier soir.

- Ouais ben là Sakura elle te dit que si tu viens pas l'aider tout de suite, elle va apprécier ta tête quand elle racontera à tout le monde ce qu'il s'est passé hier dans la cuisine !

La tête qu'il tira à ce moment-là aurait pu rentrer dans le Guinness Book des pires têtes d'enterrement, la mine déconfite au possible, blanche comme un cachet d'aspirine. Pire que Blanche Neige. Il s'approcha finalement pour évaluer la situation, mais son expression me laissait présager qu'il n'avait pas trouvé de faille dans la position de défense de Neji. Il sembla soudain avoir une illumination, mais me regarda de travers.

- J'ai une idée, mais il y a de grandes chances que ça ne te plaise pas.
- C'est efficace ?
- À 95% de chances.
- Balance toujours, on sait jamais.
- Ça risque de mouiller.

Je m'apprêtai à répliquer, mais la belle endormie remua légèrement, pour venir se nicher un peu plus dans mon cou, à mon grand désespoir. Sasuke esquissa un sourire, mais je lui décochai un regard noir, le dissuadant de se moquer.

- Tu connais le coup du sceau d'eau ? T'inquiètes pas qu'avec ça il va se dégager illico-presto, et toi tu pourras te dégager de là ni vu ni connu. T'auras qu'à filer sous la douche en quatrième vitesse pour te changer et te réchauffer, et tout le monde n'y verra que du feu.

Trois minutes plus tard, le lit de mes parents était inondé. Neji se releva brutalement, sursautant violemment, se demandant sûrement où il avait atterri et qu'est-ce qui lui était tombé dessus ; et je courus à la suite de Sasuke, tous deux explosés de rire.

Je pris la plus longue douche de tous les temps, me fichant bien de laisser de l'eau chaude pour les autres : il y avait l'appartement de Shika et de Sasuke, tout ne devait pas être qu'à mes frais, et j'avais grand besoin de faire le point dans ma tête et tenter de refaire le fil de ma soirée. J'avais de gros trous noirs, même sur des moments que je savais antérieurs à ma prise d'alcool, et cela me perturbait au plus haut point. J'étais incapable de me souvenir de comment Sasuke en était venu à m'embrasser, incapable de savoir comment j'avais fini dans le lit avec Neji, incapable de me rappeler ne serait-ce que du repas ni à quel moment j'avais surpris Hinata et Kiba se bécoter dans la chambre de mes parents.

Oh ! J'avais oublié un petit détail. Il faudrait sûrement que je mette les draps à laver et que je vérifie qu'il ne reste pas de détritus hautement toxiques de type capote usagée. J'étais peut-être vierge, mais ce n'était pas forcément le cas de tous. À vrai dire, et ma réflexion me fit mal, je me demandais si je n'étais pas la seule de la soirée. Je sais que Shika a perdu sa virginité avec une fille du nom de Temari en vacances au Maroc et que Naruto et Hinata l'ont déjà fait. Kiba, je n'en ai pas la moindre idée, mais il passe son temps à se vanter d'avoir toujours une troupe de groupies autour de lui - parce que son chien Akamaru les fait toutes craquer. Itachi, vu son âge, son physique et son assurance, ça ne m'étonnerait pas qu'il ait une sacrée expérience en la matière - il est temps d'arrêter la machine imagination maintenant - et en y réfléchissant, avec le recul ça m'étonnerait fort que Karin et Sasuke ne soient pas déjà passés à l'acte. Ino, je sais qu'elle n'est plus vierge, elle m'a déjà tout raconté en long, en large et en travers, les détails croustillants dont je me serais bien passés en prime. Pas besoin de préciser que c'était avec Chôji. Et Neji, bah je suppose que quand on a une tête et un corps de gravure de mode... Voilà quoi.

Je sortis de la douche encore plus en nage que je ne l'étais au départ, flageolante, fiévreuse. Pour tomber nez à nez avec un Neji à la chemise ouverte, le torse dégoulinant, un sèche-cheveux à la main. Le rouge me monta aux joues, et je baissais les yeux sur mon corps qu'aucune serviette ne cachait. Je poussai un cri et me réfugiai derrière le rideau de douche, sûre d'être rouge du cou jusqu'aux oreilles. Neji avait lui aussi pris une jolie teinte pourpre, et la porte s'ouvrit à la volée sur un Sasuke paniqué, puis gêné, puis rouge à son tour. Karin, Ino et Shika arrivèrent derrière, et je vous jure que c'était le moment le plus embarrassant de toute ma vie, après l'incident des pompiers dans l'immeuble de Naruto. Le rideau, blanc, trempé, collait à ma peau. Vous imaginez les dégâts.

- Je... Je vais me sécher les cheveux dans le salon...

Et sa voix mourut aussitôt. Les garçons se défilèrent très vite, Ino me regarda malicieusement, le regard pétillant qui me disait qu'elle était en train d'avoir le plus gros fou rire intérieur de toute sa vie, et Karin soupira, hésitant entre rattraper son mec qui m'avait vue nue et devait avoir tout un tas d'images pas très catholiques de mes piètres formes, et rester pour me convaincre que ce qui venait de se passer n'était pas grand chose, et que ça passerait avec le temps. Le gros problème restait la notion du temps en question. Enfin, après une longue délibération interne, elle me demanda où je rangeais mes fringues.

- Qu'est-ce que tu veux ?
- Les trucs les plus larges et anti-féminins que tu puisses trouver.

Elle acquiesça, mais Ino secoua la tête. La connaissant, je la voyais me déballer son discours prêt à être réchauffé sur mon sens immonde de la mode, mais visiblement, les circonstances atténuantes de la scène qui venait de se dérouler jouèrent en ma faveur, puisqu'elle se contenta de s'asseoir sur le rabat de la cuvette des toilettes.

Naruto se réveilla comme une fleur, débarquant dans le salon où nous étions tous en cercle autour de la table sans plus oser parler. Il nous dévisagea, interloqué, avant de fixer le sweat que je portais.

- Oh, le pull que tu m'as volé en troisième ! Il te va encore ?
- Non, non, tu vois pas que je suis devenue si grosse que je déborde de tous les côtés ? Bah oui, abruti, bien sûr qu'il me va encore, c'est du XL !

Petit rire étouffé de Karin.

- Enfin je sais pas, je voulais pas te vexer. Je voulais pas dire que t'avais grossi !
- Ben voyons, rattrape-toi !
- Non c'est juste que... Bah, Saku' t'es une fille. Et depuis la troisième, ton corps a changé. Enfin tu vois quoi...

Il dessina dans l'air la silhouette d'une fille aux gros seins et à la taille fine, et soudain presque tous les visages face à lui devinrent écrevisses. S'il y en avait bien qui savaient que j'étais une fille, ils étaient tous réunis dans cette pièce ! Mortifiée, je me planquai dans mes mains, faisant signe à Naruto de cesser, et que j'avais plus que compris.

Heureusement, Hinata et Kiba débarquèrent et détournèrent l'attention. Mais je sus rien qu'à leur expression qu'il était impératif que je change les draps. Et à mon humble avis, je n'étais pas la seule à le penser. Rien qu'à cause du gloussement de fan hystérique d'Ino.

Le petit-déjeuner passé, les conversations reprirent plus normalement, l'incident plus ou moins enterré très profondément dans l'esprit de chacun. Ino me rejoignit sur le balcon, et je l'apostrophai.

- Il est où Itachi ?
- Tu te souviens plus ? Il avait une after avec ses potes de la fac. Ma pauvre, t'étais tellement beurrée que t'as fait n'importe quoi !

Sakura attaque Gros Yeux, Ino esquive.

- Bah tu vois, ma mémoire est pire que du gruyère. Mais si tu voulais bien m'éclairer, ça serait vraiment génial. Digne d'une amie, tu vois le genre ?

Karin arriva à ce moment-là, et s'appuya contre la balustrade.

- J'étais pas beaucoup mieux que toi, mais mes souvenirs tiennent à peu près la route. Et Ino a raison, c'était... folklorique !

Je m'attendais au pire.

- Tu as harcelé Itachi pour qu'il te donne des cours de maths. Et de physique et de sciences naturelles aussi. Et si tu veux mon avis, vu comment tu as prononcé ça, c'était à double sens.

Oh mon dieu. Parfois, je hais VRAIMENT les hormones.



Un chapitre qui laisse dans le flou tout un tas de questions soulevées au chapitre précédent, et qui en plus, en amène d'autres.
Sakura prend de plus en plus conscience de son corps et des hormones qui la travaillent, et son statut de vierge au milieu de tous ces mâles alpha l'émoustille. C'est très drôle à écrire ! Et à lire ?

Alors, à votre avis, comment Sakura s'est retrouvée à dormir dans les bras de Neji ? Comment va réagir Itachi face aux avances plus ou moins claires de son ancienne élève ? Va-t-elle laisser tomber Sasuke ? Et Kiba et Hinata vont-ils se mettre ensemble ? Qu'est-ce qui relie Sasuke et Naruto ?

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