Fiction: Comme une tornade

Sakura Haruno, dix-sept ans. Ou comment se retrouver embarquée dans une tornade avec Karin et Sasuke.
Classé: -12D | Drame / Humour / Romance | Mots: 34355 | Comments: 36 | Favs: 12
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hane-chan (Féminin), le 13/03/2015
Une fic qui m'est venue en plein cours de S.V.T
Je pense qu'elle sera plutôt longue.




Chapitre 12: Bal de Noël ou Halloween ?



Karin était affublée d'une magnifique robe noire, suivant parfaitement ses courbes - la nature est décidément injuste - au décolleté plongeant et fendue sur le côté. Elle avait troqué ses habituelles lunettes noires à monture épaisse pour des lentilles, ses éternels yeux rehaussés de khôl et de mascara pétillant de paillettes bronze, ce qui la faisait outrageusement ressembler à Tayuya, la flutiste surdouée et super canon du groupe Oto, groupe que je vénère plus que ne pourraient le faire des satanistes en plein sacrifice au nom de Lucifer. Pour le coup, j'étais verte de jalousie. Vous savez, cet espèce de vert éclatant de l'herbe face à la grisaille étalée à la truelle partout dans le ciel et sur les murs les jours de beau temps... Mais elle se contenta de sourire, d'un sourire Colgate ne montrant ni mépris, ni moquerie, ni animosité, ni rien d'autre de méchant. Ouah !

Bref, revenons à nos moutons, et à notre vénéré bal. Nous avions, par je ne sais quel miracle, réussi à faire taire Shika qui ne cessait de ronchonner depuis le coffre, camouflé par la plage arrière au cas où ces messieurs les policiers se décideraient à faire leur boulot, et surveiller le trafic. Ino se retrouva devant, manipulant son joli petit monde pour laisser Mademoiselle et Monsieur ensemble, prétextant se sentir mal sans pouvoir regarder la route - mon œil oui ! Elle était bien allée derrière quand Itachi et moi étions venus la chercher à la gare ! - m'empêchant de parler au grand frère Uchiwa, pour que j'aie une raison d'être intime avec lui lors du bal dixit la blondasse. Je la tuerai un jour. Vraiment. Je commence déjà à planifier les détails purement techniques, comme l'emplacement du meurtre, l'arme du crime et comment éviter toute effusion de sang ou quelconque autre preuve me trahissant. Merci, les séries TV.

Mais bien sûr, puisque visiblement je porte la poisse en moi comme une peau d'ours sur un ours - logique, me dira-t-on - tout ne se passa pas comme prévu. Les galères commencèrent dès notre arrivée lorsque Yahiko, tombeur de ces dames et accessoirement pion de notre lycée, faisant ce soir office de videur, contrôla notre passage. Terriblement sexy avec tous ces piercings, son regard envoûtant et son air distant, il était communément appelé Pain pour toutes les peines de cœur qu'il avait pu infliger aux petites midinettes venues déclarer leur amour inconditionnel pour lui, persuadées que tout se passerait comme dans leurs rêves les plus fous. Bizarrement, c'était le seul à être un temps soit peu aimable avec moi. Pitié ou compassion ? Je me pose encore la question.

- Désolé Haruno mais tes deux collègues ne sont pas inscrits sur la liste des élèves, et sans accompagnateur, je ne peux pas leur laisser passer la porte.

Je me décomposai sur place. L'âme d'Ino sembla s'échapper de son corps, et Shikamaru nous flanqua de son éternelle rengaine : Galère !

- Si ce n'est que ça... Il suffit juste que vous échangiez de partenaire. C'est juste pour la paperasse, vous savez.
- Alors je me mets avec Sasuke et Shika avec Karin ! décréta Ino, toute pimpante, et déjà remise de ses émotions.

Bien sûr cette situation ne convenait absolument pas à Karin qui s'énerva sur le pauvre Shikamaru, qui n'avait rien demandé, plutôt que de s'attaquer frontalement à une Ino écervelée dont elle ne tenait vraisemblablement pas à se mettre à dos.

- Hé, Mollasson, pourquoi tu ne te mets pas avec Pinky ? Sasuke est mon petit ami quand même.
- Moi aussi je préférerais être avec Sakura plutôt qu'avec toi, Femme, mais vois-tu, ni Itachi ni Ino ne sont inscrits dans ton bahut alors on revient à la case départ. Accepte le destin et fais pas chier. Ça ne t'empêchera pas d'être avec ton Sasuke pour le bal.

Karin le regarda des yeux ronds comme des billes, et Sasuke esquissa un sourire amusé qu'il n'effaça pas assez vite pour m'échapper. J'eus subitement envie de me mettre à sauter partout en gueulant Yes ! Bien joué Shika ! T'as réussi à rabattre son caquet ! mais je me contentai de me mordre la lèvre pour ne pas éclater de rire. Ino tapa son meilleur ami avant de le sermonner comme une mère réprimanderait son enfant impoli.

- Voyons, Shika ! Sois galant et tends-lui ton bras.

En gentil toutou bien dressé, Molasson s'exécuta. Ne criez pas tout de suite au plagiat, bande d'ingrats ! J'avoue que Karin l'avait bien trouvé ce surnom-là ! J'ai le droit de lui emprunter, non ? Elle n'a pas mis Tout droit réservé à Mademoiselle . Toujours est-il que les deux Uchiwa, en parfaits gentlemen, même si Sasuke fit la grimace, imitèrent Shika. Yahiko nous laissa finalement passer, le regard blasé, ignorant les complaintes des autres couples derrière nous qui s'impatientaient. Tant pis pour eux après tout. Moi j'y suis. Même si je sens que je vais regretter au cours de la soirée. Hé, j'ai quand même eu droit à un compliment de la part de la Rousse ! Bon OK ça ressemblait plus à un " C'est que t'es presque pas moche comme ça ! " mais vu qu'il n'y avait ni ton ironique dans sa phrase ni de Ma jolie ou Pinky, j'ai laissé couler. Je suis même allée jusqu'à lui renvoyer la pareille ! Mon dieu ce bal est pire qu'un zombie me bouffant le cerveau. Vous vous rendez compte que je n'ai pas encore eu une seule envie de meurtre depuis qu'elle est là ?

Après une dernière vérification auprès d'Ino - " Mais non Saku' tu ne marches pas comme un canard ! " ou " Allez t'inquiète pas on voit pas ta culotte ! " - nous rentrâmes enfin dans le gymnase. Et franchement ils avaient envoyé la sauce. Tout était dans les tons rose pâle, argenté et blanc, dégoulinant de romantisme à t'en faire vomir les trippes - pauvres gars, on aurait plus dit un bal de saint Valentin que de Noël ; même les sapins étaient blancs aux guirlandes roses et grises - mais étonnamment ça donnait plus un côté classe qu'une parodie des bisnounours. Ça sentait malgré tout le comité de réalisation plein de groupies en manque d'histoires d'amour comme dans les mangas ! et perdues dans leurs fantasmes sur Monsieur, Pain, ou je ne sais quel autre canon inaccessible. Je vis naître en moi un étrange sentiment de proximité avec ces pauvres filles à m'en donner la nausée et chier des arc-en-ciel. Nyan Cat, je sais que tu es pas loin, mais t'approche pas trop ! Les licornes c'est suffisant.

En parlant de licornes, un espèce d'OVNI s'approcha de nous, et je m'agrippai au bras d'Itachi comme à une bouée de sauvetage. Sur le coup je ne la reconnus pas, avec son attirail de Miranda la bonne fée, son petit chapeau pointu plus proche de la corne de Charlie et ses deux comparses. Et puis soudain une mèche bleue s'échappa sur son front et je m'étranglai : c'était Konan, la punk de la classe, et accessoirement ce qui devait se rapprocher le plus d'une meilleure amie pour Karin. Merde qu'avait-elle fait ?! Hé Halloween c'est passé ! Elle avait même laissé tomber son maquillage et vernis noir et bleu pour une couleur plus claire et sobre et enlevé ses piercings - à croire qu'elle fait un concours avec Yahiko !

- Tu me le paieras, sale Rousse bigleuse !

Karin explosa de rire.

- Moi aussi je t'aime ma chérie. Oh et puis arrête ça te va bien !
- C'est ça ! Te fous pas de ma gueule. Je me sens comme une omelette à la banane !

Gros silence, suivi d'un fou rire général. Dans mon fort intérieur, à moins que ce soit vous, une voix me soufflait que Konan et moi, ça pourrait être comme un McFlurry : elle le caramel et moi la glace, mélange parfait. Mais dans l'histoire, Karin, c'est un peu les morceaux de cacahuète : quand tu croques dedans, tu te pètes une dent.

- Quand on le voit, ça fait bizarre, ça a l'air bon, c'est pas franchement mauvais mais ça se marie pas bien, et au final c'est pas terrible.
- Oh, pauvre chou ! T'en fais une belle omelette, la preuve : t'es bien secouée !

Après cette magnifique sortie - ah vous voyez que mon cerveau a pris froid avec une tenue aussi légère : je complimente Karin ! - nous nous dispatchèrent tous dans notre coin. Enfin Shika se traîna vers le premier banc venu, décoré de roses blanches je vous prie, et Ino soupira, déjà lessivée de la tâche ardue qui l'attendait : motiver le pauvre Métamorph pour qu'il accepte de danser avec elle dans la soirée. Hé, me dévisagez pas comme ça ! J'ai peut-être un peu trop joué à Pokémon ces derniers temps, mais vous ne trouvez pas que la ressemblance entre ce truc gélatineux tout rose et flasque et notre cher Shikamaru avachi sur un banc comme s'il comptait fusionner avec est frappante ? Non ? Mais vous êtes bigleux ma parole !

Pour revenir à mon propos, notre joli petit groupe, soudé jusqu'alors, s'éclata d'un seul coup comme un ballon de baudruche trop gonflé. Eh oui, une bonne entente entre Mademoiselle et moi, ça ne pouvait pas durer aussi longtemps. Pas que nous nous soyons disputées, non, juste séparées. Et ça c'est fort. Mais bon je suppose qu'elle ne voulait pas qu'un scandale éclate et vienne ruiner son bal qu'elle attendait depuis des mois. J'aurais jamais cru que sous cette tignasse rousse se cachait le cerveau d'une petite princesse de Walt Disney. Comme quoi...

- Tu veux boire quelque chose ?

Je me tournai vers Itachi, qui en homme respectable - et super canon - s'occupait de sa cavalière - moi en l'occurrence, petit sourire moqueur en coin vers les grognasses affamées au bras d'une belle brochette de thons, grands, petits, gros, lunetteux, boutonneux, et j'en passe des vertes et des pas mûres. OK, je suis méchante, mais pour une fois qu'il m'arrive quelque chose de bien dans ma vie, laissez-moi en profiter un minimum ! Bref, j'acquiesçai, et regrettai tout aussi vite : il m'abandonna un instant pour chercher de quoi me désaltérer, intervalle de temps court mais qui me parût relativement long compte tenu du fait que je me retrouvais toute seule comme une cruche en plein milieu de la salle. J'aurais pu rejoindre Ino et Shika, mais à l'idée-même de les entendre se chamailler pour que l'un bouge son cul et l'autre ferme sa gueule, j'abandonnai. Karin et Sasuke, même pas la peine d'y penser, je n'avais aucune envie de m'afficher avec eux, de tenir la chandelle, et de supporter leur vision plus que nécessaire. Dans un coin, une chaise m'accueillit, bienheureuse, et je soupirai avec la grâce d'un sumo qui tombe à terre. Bien vite rejointe par un spécimen roux troué de partout qui m'imita.

- T'as fini ton boulot ?
- Hum, ouais, j'ai passé le relais à Tenten. Accueillir des couples dégoulinants d'amour ça va cinq minutes mais après ça fout la gerbe.

Je me détournai de Yahiko pour lui cacher mon sourire. Cette phrase, je me serais tellement imaginée la dire !

- Alors comme ça tu connais Itachi ! me balança-t-il.

Je fis volte-face, ouvris la bouche, la refermai, la rouvris et la refermai avec la nette impression d'être un poisson. Après un instant de bug monumental, je lui renvoyai sa question. Il me jeta un regard en biais, pétillant de malice - merde on dirait que je parle d'une fille - relevant les coins de sa bouche et dévoilant ses dents parfaitement blanches. Un verre apparut dans mon champ de vision, et je l'attrapai par réflexe, prenant à peine conscience du retour d'Itachi.

- Drague pas ma voisine, toi ! s'esclaffa-t-il avant de se tourner vers moi. On était à la fac ensemble l'an dernier. Avant que ce type n'abandonne parce qu'il avait plus assez d'argent et de motivation.
- Hé me saque pas auprès des élèves Ita' ! J'aurais plus d'autorité après !
- Bof, comme si t'avais souvent des trucs à me reprocher.

Et puis soudain, je repensai à toutes les fois où il avait dû hausser le ton pour nous séparer, Karin et moi, quand on se prenait le bec. Oh mon dieu ! Faites qu'il garde ça pour lui ! Mais il se contenta de sourire, et de se relever, marmonnant comme quoi il fallait qu'il y retourne. Ouf, l'honneur est sauf !

La musique changea subitement, les lumières s'éteignirent presque, laissant le gymnase dans une sorte de demie pénombre entrecoupée par le passage de spots lents à lumière tamisée, et le premier slow fut lancé. Pas de discours de dirlo - à moins qu'on l'ait déjà loupé - pas de préambule, rien. La piste de danse fut dégagée, complètement déserte ; personne n'osait se lancer. Et puis Itachi me tendit sa main, que je dévisageai comme si elle allait prendre feu d'une minute à l'autre, et sans que je ne comprenne comment, j'étais déjà en train de le suivre. J'étais désespérée : tous le monde nous fixait, et j'étais sûre que toute ma génération se demandait ce que foutait une glandue comme moi avec un canon pareil - frère de Monsieur son excellence, qui, d'ailleurs, me fixait avec son éternel regard vide et froid. Ouh, il ne m'avait pas manqué celui-là ! De regard, hein ! Ino riait sous cape, et Karin, bah, elle s'en foutait. Ou rageait de ne pas avoir été la première à se rendre sur la piste, puisque trois secondes plus tard, elle traînait Sasuke à sa suite. Bien vite imitée par une volée de couples. Je profitai de la cohue pour chuchoter à l'oreille d'Itachi :

- C'est à peine si j'arrive à marcher avec ces après-ski et tu veux me faire danser ? Je sais même pas danser...

Il me renvoya un sourire éclatant, brillant de pureté, un brin moqueur, avant de me répondre avec aplomb que je devais lui faire confiance, et que ce n'était qu'un slow. Danse qui consistait à se balancer d'un pied sur l'autre en tournicotant à vitesse d'escargot, accrochée à son partenaire comme un mollusque à son rocher. Certes, je pouvais m'en sortir. Allez, Sakura, du nerf ! Rouge écrevisse, le coeur battant la chamade, j'entourai finalement mes bras autour du cou d'Itachi dont les mains reposaient déjà sur ma taille. Deux réflexions se jetèrent à ma figure en même temps, mais, puisque le slow est une danse calme et silencieuse, j'eus tout le temps d'analyser celles-ci. De un, cette position était étrangement plus confortable perchée sur mes talons que si j'avais été à plat, ce qui amena une autre réflexion tout aussi inutile : comment font les couples avec une différence de taille flagrante ? La fille doit se tuer les bras et le mec la nuque ! Et de deux, la chaleur des mains d'Itachi se transmettait à mes hanches, ce qui en soit était tout à fait agréable, et d'autant plus gênant et perturbant. En un sens, ces trois minutes de " danse " furent les trois plus longues minutes de toute ma vie.

Mon calvaire finit par prendre fin et après avoir fini ma coupe de champagne - où est-ce qu'ils ont dégoté un budget pareil ? Et depuis quand le lycée sert du champagne à des mineurs ? - je m'échappai en catimini dans les toilettes. Les vestiaires avaient aussi eu droit pour l'occasion à un petit relooking : sapin de Noël, guirlandes, couronnes de houx, draps pour recouvrir les bancs. Ça aurait pu être mignon, et ça devait sûrement l'être, mais pousser le vice jusqu'à peinturlurer des petites étoiles dorées sur les murs me donnait juste une atroce envie de vomir des papillons. J'aurais voulu me plonger la tête entière sous l'eau froide, mais si je ruinais les deux heures de torture que j'avais subies pour que miss Ino soit satisfaite de ma coiffure et de mon maquillage, je n'étais pas sûre d'y survivre. Je me contentai de m'éventer comme une forcenée, à deux doigts de faire une syncope, ou de péter une énorme crise de nerfs. J'étais au bord des larmes, sans raison, et ça me mettait hors de moi. Je n'étais pas sûre de comprendre ce qui était en train de se passer, ou pas sûre de vouloir comprendre.

Itachi me faisait de l'effet. Beaucoup d'effet. Beaucoup trop.



Ah ce chapitre m'aura fait de la résistance ! J'ai galéré à écrire le début, mais au bout d'un moment la suite est venue d'elle-même et j'ai pu clôturer celui-ci. J'avoue, je n'avais pas tout à fait prévu que les événements prennent cette tournure-là en l'écrivant, mais bon au final je suis assez satisfaite, et peut-être même plus que si j'avais persévéré avec mon idée initiale.

En tout cas j'espère qu'il vous aura plu, et si vous avez déniché les petits (ou gros) clins d’œil par-ci par-là, qu'ils vous auront fait marrer.




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